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ALGÉRIE - HISTOIRE CONTEMPORAINE

ALGER - 14, 15, 16 DÉCEMBRE : JOURNÉES D’ETUDE CHARLES-ROBERT AGERON

Malika Rahal, interview par Mélanie Matarese - El Watan - le 14 décembre 2012

vendredi 14 décembre 2012


Interview de Malika Rahal, historienne à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS par Mélanie Matarese - El Watan -le 14 décembre 2012.


PROGRAMME.




Malika Rahal. Historienne à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS) :

1962 continue de faire barrage au savoir historien.

interview de Mélanie Matarese
El Watan
le 14 décembre 2012

-Les journées Charles-Robert Ageron sont présentées comme un hommage à l’historien de « l’Algérie contemporaine », mais quand on regarde le programme, les interventions portent essentiellement sur la période coloniale et la guerre d’indépendance. Pouvez-vous nous donner une définition de ce qu’est l’histoire contemporaine ?

La question est intéressante, car elle pointe immédiatement un point sur lequel nous n’avons pas beaucoup avancé depuis le travail de Charles-Robert Ageron : aujourd’hui encore, dans une écrasante mesure, l’histoire contemporaine de l’Algérie vue par les historiens s’arrête à l’indépendance, et donc à la fin de la période coloniale. Et pourtant, de 1980 à 2000, Charles-Robert Ageron a été chercheur à l’Institut d’histoire du temps présent qui a pour vocation de travailler sur la période la plus récente de l’histoire contemporaine, celle pour laquelle les témoins sont encore vivants. Depuis plusieurs décennies, les historiens ont fait la preuve que les événements très proches appartiennent pleinement à leur domaine de recherche ; pourtant, en ce qui concerne l’Algérie, 1962 continue de « faire barrage » au savoir historien, et de ce point de vue, toute l’histoire du pays depuis l’indépendance demeure une terre inconnue.

-Pourquoi la décennie noire est-elle absente du débat historique et universitaire en Algérie ?

Elle est absente pour les raisons évoquées plus haut : parce que toute l’histoire du pays depuis l’indépendance est absente des départements d’histoire, et que cette absence n’est que très partiellement palliée par les autres disciplines (sciences politiques, droit, littérature, sociologie). Il y a des raisons évidentes à cela : la nécessité impérieuse, ressentie dès 1962, de décrire et comprendre la période coloniale, en particulier la guerre longue et cruelle qui a mené à l’indépendance ; mais aussi la nature du régime et son usage politique de l’histoire.

Il me semble qu’il faut ajouter à cela d’autres facteurs plus difficiles à saisir : le sentiment (ressenti aussi par les historiens) d’une histoire vécue toujours dans l’urgence ; urgence de l’édification d’un Etat dans l’enthousiasme socialiste, urgence des crises économiques, politiques et sociales des années 1980, puis urgence de la décennie noire des années 1990. Il me semble à ce propos que le pays sort tout juste d’une longue période d’après-guerre et n’a pas encore connu de temps calme permettant une démarche réflexive sur l’histoire récente. D’autant que cette décennie de violence civile, pour ne pas dire de guerre civile, fait écran au passé ; j’ai eu l’occasion de décrire comment elle avait coupé les liens entre les acteurs et leurs souvenirs d’avant, rendant toute forme de retour sur le passé difficile, voire impossible, pour de longues années.

-Aujourd’hui, on s’aperçoit que les chercheurs anglo-saxons travaillent sur des problématiques historiques et politiques beaucoup plus actuelles que les chercheurs français. Comment expliquez-vous cela ?

Je ne sais pas si leurs problématiques sont plus actuelles, ni même ce que ça voudrait dire, mais l’ouverture du champs de l’histoire contemporaine de l’Algérie à des historiens travaillant hors de France et hors d’Algérie est une excellente chose : dans le face-à-face franco-algérien - et j’utilise l’expression même s’il ne s’agit pas d’une opposition de deux points de vue antagonistes -, le renouvellement des approches aurait été plus lent. Les questions liées à la culture, aux langues, à la construction des identités nationales bénéficient considérablement d’autres regards - et je pense en particulier à ceux de Julia Clancy-Smith, Todd Shepard, et James McDougall - qui renouvellent d’ailleurs aussi bien l’histoire de l’Algérie que celle de la France.

Pour autant, le verrou de 1962 demeure solide : il est attaqué dans les travaux d’Amar Mohand Amer, historien au CRASC, qui a travaillé sur la crise de 1962 et prolonge actuellement ses recherches sur la période plus récente, de l’historienne britannique Natalya Vince (qui prépare un ouvrage sur les anciennes combattantes après l’indépendance), ou les miens. Plus récemment encore, des travaux de doctorants, comme celui en cours d’Ed McAllister, doctorant britannique, sur la mémoire de la période de la construction nationale des années 1960 et 1970 dans un quartier d’Alger, ouvrent de nouvelles pistes. Certains doctorants algériens ou non que j’ai croisés aux Archives nationales à Alger ont des sujets de thèse qui les conduiront naturellement à interroger l’histoire post-1962, en particulier les études locales (celle de Yasmina Saoudi sur la région de Mchedallah, ou celle d’Augustin Jomier sur le M’zab) ne demandent qu’à être prolongées après 1962, même si tous ne l’envisagent pas encore. Autrement dit, l’histoire du temps présent de l’Algérie mûrit lentement, mais elle mûrit enfin.

Mélanie Matarese
El Watan
le 14 décembre 2012

sur le même sujet, lire aussi
Malika Rahal, « COMMENT FAIRE L’HISTOIRE DE L’ALGÉRIE INDÉPENDANTE ? », La Vie des idées, 13 mars 2012. ISSN : 2105-3030.
URL : http://www.laviedesidees.fr/Comment-faire-l-histoire-de-l.html

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14, 15, 16 DÉCEMBRE :
JOURNÉES D’ETUDE CHARLES-ROBERT AGERON
PROGRAMME


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PROGRAMME

1ère journée : Vendredi 14 décembre 2012

→ Matinée : 9h00 - 12h30

À partir de 8h00 : Accueil des participants et café
9h00 - 9h30 : Introduction générale des journées

Bipolarité de la société coloniale : études d’histoire sociale et de micro-histoire

Présidence : Daho Djerbal et Sylvie Thénault

9h30 - 10h30 : « L’anonymat et les conditions d’énonciations. Expériences des
femmes ‘indigènes’ algériennes entre 1830 et 1954 »
par Karima
Ramdani.

10h30 - 11h30 : « Retour sur la bipolarité coloniale – Des ‘Algériens musulmans’ employés aux PTT (1900-1939) » par Annick Lacroix.

11h30 - 12h30 : « Les élus à l’épreuve de la guerre d’Algérie : la fin d’un monde et le temps des incertitudes » par Tahar Ouhachi.

12h30 : Déjeuner

→ Après midi : 14h00 - 18h30

Présidence : Afaf Zekkour et Raphaëlle Branche

14h00 – 15h00 : « Charles-Robert Ageron et la question de l’esclavage dans l’Algérie contemporaine » par Raed Bader.

15h00 – 16h00 : « L’itinéraire de Mohammed el-Aziz Kessous (1903-1965) » par Haoua Ameur-Zaïmèche.

16h00 – 16h30 : Pause café

16h30 - 17h30 : « Etude du centre de colonisation Maillot dans la région de M’chedellah » par Yasmina Saoudi.

17h30 - 18h30 : « L’Algérie par le Sud. Réflexions sur les sources de l’histoire d’un groupe de ‘subalternes’, les Mozabites » par Augustin Jomier.

19h30 : Réception dînatoire de l’Institut Français d’Algérie et partenaires.


2ème journée : Samedi 15 décembre 2012

→ Matinée : 8h30 - 12h30


8h00 – 8h30 : Accueil et café

Militantismes politiques en Algérie,

Genèse et formation du nationalisme Algérien

Présidence : Malika Rahal et James McDougall

8h30 – 9h30 : « Ambiguïtés, tensions et paradoxes créateurs de sens : vers un renouvellement de l’approche historique du fait politique en situation coloniale ? Jeunes Algériens, Fédération d’élus et premiers partis politiques algériens (1880-1940) » par Julien Fromage.

9h30 - 10h30 : « Positions et revendications des anarchistes d’Algérie à travers l’étude du Flambeau, organe anarchiste d’Afrique du Nord (1923-1926) : militantisme, propagande envers la population colonisée et anticolonialisme libertaire » par Philippe Bouba.

10h30 - 11h00 : Pause café

11h00 - 12h00 : « Les frontières du messalisme de guerre : identité politique et charisme à l’épreuve de la situation révolutionnaire » par Nedjib Sidi Moussa.

12h00 – 13h00 : « La position des socialistes de l’est algérien au sujet de l’assimilation et de la naturalisation des Algériens entre 1919 et 1939 » par Ahmed Menghour.

13h00 : Déjeuner

→ Après-midi : 14h30 - 19h00

Outils et méthodes de la recherche historique, critique des sources et de l’historiographie traditionnelle (I)

Présidence : Isabelle Grangaud + Fatma Zohra Guechi + Fouad Soufi

14h30 - 15h30 : « Les sources orales et les sources écrites face à face dans l’écriture de l’histoire de l’Algérie contemporaine » par Athmane Zegueb

15h30 – 16h30 : « Sources orales : récits de témoins de la guerre de libération nationale » par Bennadji Djaria

16h30 – 17h00 : Pause café

17h00 - 18h00 : « L’événement à la source. L’impact du décret du 8 mars 1938 dans les revuesde l’Association des ‘Ulamâ’ Musulmans Algériens et les archives françaises » par Charlotte Courreye.

18h00 – 19h00 : « Pratiques de l’Etat colonial et réactions des populations ‘regroupées’ : la guerre d’indépendance au prisme des archives des Sections Administratives Spécialisées » par Fabien Sacriste.


3ème journée : Dimanche 16 décembre 2012

→ Matinée : 9h00 - 12h30


8h30 – 9h00 : Accueil et café

Outils et méthodes de la recherche historique, critique des sources et de l’historiographie traditionnelle (II)

Présidence : Isabelle Grangaud + Fatma Zohra Guechi + Fouad Soufi

9h00 - 10h00 : « Quelle trace du vécu par les Algériens des opérations de cantonnement (1846-1863) ? » par Didier Guignard.

10h00 - 11h00 : « Les étrangers dans la société coloniale : sources et méthodes pour l’étude des rapports sociaux en milieu urbain » par Hugo Vermeren.

11h00 - 11h30 : Pause café

11h30 - 12h30 : « En finir avec les ‘occasions manquées’ ? Retour sur une historiographie de l’Algérie contemporaine » par Claire Marynower.

12h30 : Déjeuner

→ Après midi : 14h - 16h30

Hommage à Charles-Robert Ageron

14h - 16h : Table ronde avec Fanny Colonna, Malika El Korso, Omar Carlier, les membres du comité scientifique et Mme Ageron ;
Animation de la table ronde : Fatma Zohra Guechi.

14h - 14h30 : « Charles-Robert Ageron, la Fédération des libéraux et le Journal l’Espoir Algérie. » Note par Omar Carlier.

16h - 16h30 : Clôture de la journée.

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Voir en ligne : http://www.journees-ageron.org/

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