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L’AMÉRIQUE ET LA PAIX DANS LE MONDE OU L’UTILISATION DE L’ISLAM POUR DÉSTABILISER LA CHINE !

par Khelifa MAHIEDDINE, le 27 octobre 2009, El Watan

mardi 27 octobre 2009

Alors que l’élection de Barack Hussein Obama a suscité un réel « espoir de paix » dans le monde, largement repris en écho par les médias de la communauté internationale, rares étaient les observateurs qui mettaient en doute cet optimisme béat.
 [1]

En fait, il n’y a que la Russie et la Chine qui se sont abstenues de faire des commentaires élogieux à son égard.

Par expérience, ils savent que le nouveau président a été désigné pour appliquer le programme des forces occultes qui l’ont porté, à coups de centaines de millions de dollars, à la tête de « l’empire le plus puissant depuis l’empire Romain ». [2]

Pour mieux faire passer leur programme de déstabilisation de l’Asie, par talibans et Al Qaîda interposés, les décideurs du Complexe militaro- industriel vont se servir de la misère des communautés musulmanes du Pakistan et de l’Inde, ainsi que des frustrations de la Chine pour entraver et freiner l’ascension de ce grand pays qu’ils ont déjà classé comme « puissance rivale ».

Conscients de ce que « les Etats-Unis sont la seule superpuissance au monde, combinant une puissance militaire dominante, un leadership technologique mondial et la plus grande économie du monde », [3]
les think tanks du Complexe veulent préserver cette avance, estimant qu’« à l’heure actuelle, les Etats-Unis ne sont confrontés à aucun rival global. L’objectif d’une stratégie américaine ambitieuse devrait être de préserver et d’étendre cette position avantageuse aussi loin que possible dans le futur ». [4]

Pour pérenniser leur domination sur le monde, les Etats-Unis ont mis au point une nouvelle stratégie, dénommée « Programme pour un nouveau siècle américain » dans lequel ils s’inquiètent du « déclin de la puissance des Etats-Unis et des problèmes que cela créerait dans l’exercice de leur leadership mondial… ». [5]

C’est ce qui explique les sommes colossales misées par le Complexe militaro-industriel pour faire élire un Noir, d’origine musulmane, dans le but de donner du crédit au semblant de changement de leur politique au Moyen-Orient et surtout mettre en application leur stratégie visant à déstabiliser, au moyen de l’Islam, le Pakistan et l’Afghanistan afin de créer une forte zone de turbulences qui s’étendra, par vagues successives, à l’Inde avec comme objectif majeur, la Chine.

L’Afghanistan : la déstabilisation permanente

Entre le départ des Soviétiques d’Afghanistan en février 1989 et l’installation de la République islamique en avril 1992, les Américains, tout en laissant les Afghans se dépêtrer dans leurs divisions, après s’en être servi pour abattre l’ours soviétique, envoyaient une mission composée du Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif accompagné de son chef d’état-major et du prince Turki El Fayçal, chef des services de renseignement saoudien et protecteur, avec les Américains, d’Oussama Ben Laden. Tout en étant à l’origine de la déstabilisation de ce pays, les Américains font mine de s’y intéresser en jetant un leurre : du fait de sa proximité avec la mer Caspienne, l’Afghanistan sera, disent-ils, la « seule route possible » du gazoduc de ce « nouvel eldorado » des hydrocarbures. D’où la prétendue nécessité de stabiliser ce pays.

En janvier 1995, alors que la guerre fait rage, de nouveaux acteurs apparaissent, inventés de toutes pièces par l’ISI pakistanais, à l’instigation de la CIA et financés par l’Arabie Saoudite : les talibans. [6]

Lorsqu’en septembre 1996 les talibans prennent Kaboul, Michael Bearden, ancien responsable de la CIA dans ce pays, déclare : « Ces gars ne sont pas les pires, des jeunes gens un peu fougueux, mais c’était mieux que la guerre civile… ». [7]

Même le vice-président de la firme Unocal, Chris Taggart, qualifie leur avance de « développement positif ». [8]
Donnant plus de consistance au leurre du « projet de gazoduc », cette firme ouvre un centre de formation à l’université d’Omaha pour former 137 Afghans aux techniques de construction de gazodusc. Mais ce prétendu projet est aussitôt enterré par Washington pour faire perdurer la déstabilisation de l’Afghanistan par l’envoi de Ben Laden qui était au Soudan, « à la recherche d’un refuge »... En fait, « lorsqu’en mars 1996 le Soudan proposa de livrer Ben Laden à Washington, Madeleine Albright prétexta une tension avec le Soudan pour fermer l’ambassade US à Khartoum ». [9]

La proposition soudanaise dura jusqu’au 19 mai 1996, date à laquelle Ben Laden quitta le Soudan pour l’Afghanistan. En écho à la manœuvre, le sous-secrétaire d’Etat américain, Scrobe Talbott, dévoile le véritable projet d’avenir réservé à ce pays, le 21 juillet 1997 : « La région (l’Afghanistan) pourrait devenir une pépinière de terroristes, un berceau de l’extrémisme politique et religieux et le théâtre d’une véritable guerre. »  [10]

John O’Neil, L’homme qui en savait trop !

Les ingrédients pour le lancement, le 22 février 1998, du Front international islamique par Ben Laden, sont mis en place. Ce dernier, pour se rendre plus crédible, émet une « fetwa » autorisant les attentats anti-américains.
Le 8 août 1998, des engins explosifs détruisent les ambassades de Dar Essalem et de Nairobi, consacrant ainsi le classement de Ben Laden comme ennemi public n° 1.
Pour lui (leur) permettre de bien (lui) préparer ses caches, les Etats-Unis attendront plus de six mois avant de lancer un mandat d’arrêt international.

Le leurre du « projet de gazoduc » n’avait plus lieu d’être… Washington va même jusqu’à manipuler le Conseil de sécurité de l’ONU pour faire voter, le 15 septembre 1999, une résolution « exigeant des talibans l’extradition de Ben Laden… ».

Mais les talibans restent, et pour cause, des interlocuteurs pour les Etats-Unis, puisqu’ils permettent à Abderrahmane Zahid, ministre adjoint des Affaires étrangères taliban de donner, le 27 septembre, une conférence à Washington dans les locaux du Middle East Institute. En fait, chaque négociation devient le prétexte pour pousser à une radicalisation des talibans, manipulés et manipulables à souhait. Ce qui poussa le diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, à démissionner pour ne pas devenir complice de la manœuvre, mais n’empêcha pas les Etats-Unis de faire semblant de continuer à « réclamer Ben Laden », en proposant aux talibans, en contrepartie, un autre leurre : un « plan sérieux de reconstruction ».

Ce nouveau leurre devint l’excuse tout trouvée pour que le Département d’Etat bloque l’enquête du Fédéral bureau of investigation (FBI) sur d’éventuelles implications de « Ben Laden et de ses complices talibans » dans l’attentat du mois d’octobre 2000, contre le navire de guerre Américain USS-Cole, à Aden, au Yémen. En fait, se rendant compte que l’agent du FBI, John O’Neil, surnommé « M. Ben Laden », avance bien dans son enquête et risque de comprendre le pourquoi du comment de cet attentat et découvrir les vrais commanditaires, Washington le fait expulser du Yémen le 5 juillet 2001. En savait-il trop ? Comme par hasard, on lui offre, fin août 2001, après sa démission provoquée du FBI, les fonctions de chef de la sécurité du World Trade Center, pour être sûr qu’il y laisserait les secrets dont il avait eu connaissance. En effet, de part la fonction dont il était nouvellement investi, il ne pouvait y échapper : John O’Neil devait y laisser la vie le 11 septembre. [11]

« Organiser les situations » par l’utilisation de l’Islam

Pour les décideurs du Complexe, « la perspective est que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… » ;
 [12]
aussi, estiment-ils nécessaire « d’accroître la puissance militaire des Etats-Unis en Asie orientale » qu’ils considèrent comme « la clé pour faire face à l’accession de la Chine au statut de grande puissance ».
Ils sont convaincus qu’« aucune stratégie américaine ne peut empêcher les Chinois de défier le leadership régional américain ». (*)
Aussi, est-il conseillé dans cette étude de « sécuriser et étendre les zones de paix démocratiques, dissuader la montée de la concurrence d’une nouvelle grande puissance, défendre les régions-clés, exploiter la transformation de la guerre par les nouvelles technologies ». (*)

En fait de transformation de la guerre et de nouvelles technologies, les stratèges du Pentagone comptent organiser les situations par islamistes interposés et manipulés par leur relais local qu’est l’ISI Pakistanais. Cette nouvelle stratégie consiste à « organiser les situations pour préserver la domination géopolitique des Etats-Unis en s’appuyant sur les fondations indiscutables d’une prééminence militaire des USA ». (*)

Dans son « projet pour le nouveau siècle américain », le complexe s’est donné pour objectif de reconstruire les défenses de l’Amérique avec pour stratégie de « préserver et accroître la position (des USA) comme seule superpuissance militaire prééminente, pour une durée à venir aussi longue que possible », (*)
en se donnant pour mission de redéployer les forces des USA pour répondre aux « réalités stratégiques du XXIe siècle en déployant des forces en Europe, au Moyen-Orient et surtout en Asie orientale, devenu le nouveau centre d’intérêt stratégique ». (*)
Et les analystes de cette stratégie de mettre en garde les décideurs du Complexe : « Si nous ne prenons pas nos responsabilités, nous susciterons des défis envers nos intérêts fondamentaux.
L’histoire du XXe siècle doit nous enseigner qu’il est important d’organiser les situations avant que les crises ne surviennent et de faire face aux menaces avant qu’elles ne deviennent extrêmes. L’histoire du XXe siècle doit nous inciter à prendre fait et cause pour la domination américaine ». (*)
« L’inquiétude croissante » que manifestent les think tanks face à « l’ascension de la Chine en tant que puissance peut créer une dynamique qui peut menacer la capacité de l’Amérique à exercer sa puissance dominatrice… » (*).
Voulant régenter toute la planète, ils estiment que « la prépondérance de la puissance américaine est si grande et ses intérêts globaux si larges qu’ils ne peuvent pas prétendre être indifférents à l’issue politique dans les Balkans, dans le Golfe persique ou même lorsqu’ils déploient des forces en Afrique » (*).

Semer les « chaos constructifs »

Après avoir organisé les situations en Palestine, par un blocage systématique de toute initiative de paix et le maintien d’un abcès permanent par le soutien inconditionnel de la politique annexionniste de l’Etat d’Israël,
créé les conditions à même d’attiser le feu dans les Balkans jusqu’à l’implosion de la Yougoslavie,
mis en place le « chaos constructif » en Irak pour avoir la mainmise et le contrôle sur l’un des plus grands gisements de pétrole de la planète,
encouragé les « révolutions oranges » d’Ukraine et de Géorgie en les poussant à demander leur intégration à l’OTAN pour affaiblir la Russie,
utilisé l’Afghanistan et le Pakistan pour en faire les principaux leviers de leur politique de déstabilisation de l’Asie,
poussé à l’établissement, en Somalie, d’un foyer permanent de tension dans la région stratégique qu’est la Corne de l’Afrique,
essayé à maintes reprises de déstabiliser le Liban, par Israël interposé, ou par centaines de millions de dollars, en jouant sur les « rivalités » inter communautaires chiites/sunnites/chrétiens,
favorisé la prétendue « rivalité » entre Perses et Arabes pour créer un foyer de tension propre à inciter des achats d’armement de la part des monarchies pétrolières, en brandissant le danger d’un Iran nucléaire,
ils utilisent, à présent, un bon Noir américain d’origine musulmane, pour faire les yeux doux au monde musulman et s’en servir dans leurs desseins machiavéliques de domination du monde.

En prévision de tels projets, ce programme prévoit « de réduire la fréquence de la présence des porte-avions en Méditerranée et dans le Golfe tout en augmentant la présence de l’US Navy dans le Pacifique (*) et d’améliorer les capacités de l’Air Force en Asie orientale pour mener des opérations de bombardiers à longue portée B2 et autres avions furtifs à partir de l’Australie (*), sachant qu’à l’heure actuelle ce type d’avions n’opèrent qu’à partir de la base aérienne de Whitman dans le Missouri.
L’US Force prépare le remplacement de sa flotte de F-15 et F-16 par le F-22, conçu dans le programme Joint Strike Fighter (JSF), qui a déjà coûté 223 milliards de dollars au contribuable américain et renverra le Rafale français au musée de l’aéronautique.
La marine ne sera pas en reste puisqu’il est projeté des ports d’attache semi permanents en Australie et aux Philippines.
Tous ces préparatifs sont mis en place dans « la perspective que l’Asie orientale deviendra une région de plus en plus importante, marquée par l’ascension de la puissance chinoise… » (*).
Ce qui a fait la force des Etats-Unis depuis le début du XXe siècle, ce sont l’audace et l’esprit de décision qui ont caractérisé ses dirigeants, et notamment ceux du Complexe militaro-industriel.

A chaque fois que le besoin s’en est fait sentir, ils n’ont pas hésité à créer les situations de manière à avoir plusieurs longueurs d’avance sur leurs rivaux, y compris leurs alliés conjoncturels (Europe et Israël).

A contrario, depuis les vingt dernières années, la Russie et la Chine sont confinées dans leurs retranchements et subissent les assauts sournois et répétés de l’empire.

Afin de contrecarrer et prévenir cette déstabilisation programmée, la Russie, qui compte plus de 15% de musulmans, a pris des mesures concrètes pour mettre en échec ce plan par l’adoption d’une politique plus volontariste avec le monde islamique [13], rappelant, par le biais de l’ancien président V. Poutine, que « la présence de l’islam sur le territoire russe était antérieure à celle du christianisme » [14] . En effet, historiquement, l’Islam s’est répandu en Russie dès la fin du VIIe siècle, alors que le christianisme n’a été adopté, comme religion officielle, que vers la fin du Xe siècle par le premier Etat russe.

Quant à la Chine, elle gagnerait à instaurer vis-à-vis de sa communauté musulmane une politique plus à même de contrer et prévenir ce plan machiavélique pour déjouer cet effet boule de billard, venant aujourd’hui du Pakistan et demain de l’Inde, dont la majeure partie de la communauté musulmane, [15]
marginalisée et victime de discrimination de la part du pouvoir indien, vit dans une très grande misère.

Khelifa Mahieddine

Avocat


Voir en ligne : http://www.elwatan.com/L-Amerique-e...


[1Voir un "Point de vue" du même auteur paru dans El Watan du 22 décembre 2008 :"De la case de l’oncle Tom à la case de l’oncle Sam"

[2Propos tenus par Henry Kissinger

[3Dans Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle

[4Idem

[5Idem

[6« Aux origines de la guerre antiterroriste » Pierre Abramovici. Le Monde Diplom. Janvier 2002

[7« Pièces à conviction » France 3, 18 octobre 2001 cité par Pierre Abramovici

[8Financial Times du 3 octobre 1996 cité par Pierre Abramovici

[9Dans La terreur fabriquée W. G Tarplay

[10Dans « Pièces à conviction » sus-cité.

[11Dans « Aux origines de la guerre anti terroriste » sus-cité.

[12Pour toutes les citations marquées (*) se référer à "Stratégie, forces et ressources pour un nouveau siècle américain", texte sus-cité

[13La Russie a obtenu le statut de membre observateur de l’Organisation de la Conférence islamique le 10 octobre 2003 grâce à l’appui de l’Arabie Saoudite et de l’Iran.

[14Déclaration de M. Poutine sur la chaîne El Jazeera le 16 octobre 2003.

[15En Inde, la communauté musulmane compte près de 160 millions d’habitants.

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