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INDE : GRÈVE GÉNÉRALE

jeudi 28 février 2013


La plus grande grève de l’histoire de l’Inde 100 millions de travailleurs en grève contre la hausse des prix, la précarité et les privatisations.

Les deux journées de grève du 20 et 21 février convoquées par les onze centrales syndicales indiennes constituent non seulement la plus grande grève de l’histoire de l’Inde, ainsi que sans doute une des plus grandes de l’histoire du mouvement ouvrier.

Mercredi 27 Février 2013
La Nation

La première grève générale unitaire de 48 heures depuis l’indépendance a été un succès : plusieurs dizaines de millions de travailleurs ont arrêté le travail, 100 millions selon les syndicats, avec à leur tête deux syndicats de classe (CITU et AITUC) liés aux Partis communistes.

Tout le pays a été paralysé par le mouvement : le privé comme le public, la grande industrie comme le petit commerce, le secteur formel comme informel.

Parmi les secteurs les plus touchés, le secteur bancaire, menacé par un plan de privatisation, a connu une mobilisation historique. Selon le Syndicat indien des employés de banque, le secteur aurait répondu à 100% à la grève générale.

L’adhésion à la grève a été très forte dans les services, privés avec des taux records dans les assurances mais aussi dans le public avec plus de 6 millions de grévistes (entre 60 et 90% de grévistes) chez les fonctionnaires, notamment parmi le personnel enseignant.

Les services fondamentaux du pays ont été paralysés : les bureaux de poste et les établissements scolaires fermés, les transports publics totalement paralysés (exception faite de Delhi) tandis que les télécoms ont fonctionné au ralenti

Le mouvement a été massivement suivi dans l’industrie lourde avec une paralysie totale des mines de charbon et de fer, du secteur pétrolier, des ports industriels (6 des 9 ports fermés) ainsi que des usines sidérurgiques (entre 70 et 100%) et les industries stratégiques, défense et nucléaire.

La convergence des luttes a été au cœur du mouvement. Non seulement entre public et privé, mais aussi entre ouvriers et paysans – avec des occupations de terre par les travailleurs agricoles – et entre travailleurs précaires, au cœur du mouvement, et ceux en contrat plus stable.

Le mouvement a été suivi dans tout le pays. Certes, les Etats « rouges », bastions communistes, comme le Kerala et le Bengale occidental, malgré les pressions patronales, ont été à l’arrêt pendant les deux jours de grèves.

Toutefois, la vie s’est arrêtée également dans l’État le plus peuplé, l’Uttar Pradesh, tout comme la capitale New Delhi. Au nord de l’Inde, habituellement moins enclins aux mouvements sociaux, les Etats d’Haryana, du Pendjab et de Chattisgarh ont fonctionné également au ralenti

Une plate-forme unitaire de revendications
mais un rôle moteur des syndicats de classe
proche des communistes

Historique cette grève l’était également par son caractère unitaire, unie autour d’une une lutte commune contre la hausse des prix, contre le travail précaire et contre la libéralisation et la privatisation de l’économie.

Les onze centrales syndicales ont émis une liste de dix revendications centrées sur une intervention accrue de l’État dans l’économie : gel des prix, arrêt des privatisations des services publics et application du code du travail.

Le sort des travailleurs précaires du secteur informel a été souligné, avec la proposition d’un salaire minimum de 150 € par mois, l’égalisation des salaires et conditions avec les travailleurs sous contrat (comme transition vers la suppression des contrats précaires) et enfin la garantie de leur droit à la retraite et à la sécurité sociale.

Cette unité syndicale ne doit pas masquer le rôle moteur joué par les deux principaux syndicats de classe du pays, liés aux Partis communistes, la Centrale des syndicats indiens (CITU) et le Congrès des syndicats indien (AITUC) regroupant six millions de syndiqués.

L’affrontement a été rude avec les forces de la réaction. Dans l’Etat d’Haryana au nord, un syndicaliste de l’AITUC, Narender Singh, a été écrasé par un bus conduit par des briseurs de grève et qu’il tentait d’empêcher de sortir du dépôt.

Les dirigeants syndicaux des deux principales centrales syndicales du pays ont insisté sur la nécessité de continuer la lutte face aux contre-réformes du gouvernement de centre-gauche du Parti du Congrès :

« Si le gouvernement ne prend pas en compte nos revendications après la grève, alors nous intensifierons nos actions de protestation », a averti le secrétaire-général de l’AITUCGurudas Dasgupta.


La grève générale du 20-21 février était la quinzième grève générale depuis la grande grève de 1991 contre les réformes libérales imposées par le FMI. La première grève générale unitaire sur deux jours.

La première surtout à dépasser la barre des 100 millions de grévistes. La dernière grande grève générale en septembre 2012, déjà une des plus importantes de l’histoire du pays, avait mobilisé 50 millions de travailleurs.

En Inde, comme ailleurs, la lutte continue contre la précarisation du travail, la privatisation des services publics et les communistes en sont à l’avant-garde !

Article paru sur Solidarité International PCF le 23 février 2013.


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