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IL Y A 53 ANS, SOUS LA GUILLOTINE

LE MESSAGE DE FERNAND IVETON A SES COMPATRIOTES

Il a donné sa vie pour l’Algérie, et le combat pour l’Algérie continue !

samedi 13 février 2010

Il fut guillotiné le 11 février 1957 par les colonialistes français, avec deux autres de ses compatriotes musulmans membres du FLN. Cet épisode de la guerre de libération avait déclenché une énorme émotion tant au sein du peuple algérien en lutte que dans l’opinion européenne et française dont les media alimentaient une haine féroce.

L’héroisme de ces camarades d’origine européenne était double : c’était celui de leurs autres frères et camarades musulmans avec lesquels ils communiaient et baignaient dans l’amour de leur pays et la ferveur patriotique. Mais aussi et de plus, le courage difficile, puisé dans leur idéal social, celui d’affronter et dépasser les préjugés et la haine de leur milieu d’origine.

La presse nationale (Liberté, Le Soir d’Algérie et d’autres...) avaient annoncé que les amis et proches du regretté Fernand Iveton se rassembleraient ce jeudi 11 février sur sa tombe du cimetière chrétien de Bologhine (ex Saint Eugène) à Alger. L’hommage rendu en cette occasion par les participants et par les organes de presse qui en ont rendu compte malgré le silence pitoyable des officiels encroûtés dans un sectarisme archaïque, est un signe émouvant que le sacrifice de ces patriotes et communistes algériens n’a pas été vain. L’Algérie déchirée et mise à mal par des décennies de démagogie, de chauvinismes meurtriers et de pillages économiques, s’éveille à la conscience des orientations démocratiques et solidaires qui la sortiront de l’abîme.

Outre le compte rendu significatif paru dans le quotidien Liberté du 13 de ce mois, les pages proposées en pièce jointe sont extraites de l’ouvrage "Des douars et des prisons", de Jacqueline Guerroudj, elle même condamnée à mort entre autres pour cet épisode.
Elle y retrace ces évènements en même temps que son itinéraire militant dans un style sobre et empreint de modestie.
J’aurai plus tard l’occasion de recouper et compléter un certain nombre d’informations qu’elle donne sur l’engagement clair et loyal des CDL.
D’ores et déjà je souligne la précision et la fiabilité de la relation qu’elle a livrée des épisodes vécus par Iveton et la pertinence d’un certain nombre de commentaires politiques qui les accompagnent, relatifs en particulier aux préjugés et difficultés rencontrées par les combattants communistes lors de leur intégration dans les rangs de l’ALN.

Elle avait à ce propos souhaité que des mises au point et rectificatifs soient apportés par leurs auteurs, notamment Yacef Saadi, aux assertions qui visaient à jeter le doute sur l’efficacité et la loyauté politique des groupes CDL.

Elle a eu en même temps le mérite de mettre en relief les qualités humaines de nombre d’autres militants et responsables FLN que ces combattants ont connus.

Au total, un témoignage et un ouvrage qui gagneraient à être réédités, enrichis de nouveaux apports, en l’honneur de ce que le peuple algérien a suscité d’abnégation et de sacrifices. En ne l’oubliant pas, les jeunes des années 2000 poursuivent le combat de Fernand et de ses frères et soeurs de lutte pour une vie dans la liberté, la paix, la dignité sociale et la plénitude des droits citoyens.

Sadek Hadjerès.

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FERNAND IVETON- Graphisme collage - H=65 L=55cm - 1996 - BOUTADJINE MUSTAPHA
" Né en 1926, ouvrier tourneur à Electricité et Gaz d’Algérie (EGA), il était militant du Parti communiste algérien de la cellule du port d’Alger. Membre des Combattants de la libération, il fut arrêté le 14 novembre 1956 et atrocement torturé. Condamné par le tribunal permanent des forces armées françaises, il fut guillotiné. Mitterand, alors ministre de la justice du gouvernement français, intervient auprès du président de la République française pour que la grâce lui soit refusée." W.S. -
(Collection privée de M. Claude Pellissier.)

Extraits de l’article de Liberté du 13 février 2010 :

L’émotion était palpable, jeudi, au cimetière chrétien de Bologhine où était commémoré, comme chaque 11 février, l’anniversaire de l’exécution de Fernand Iveton, le 53e du genre. Comme chaque année, c’est un nombre restreint de personnes qui ont tenu à marquer la commémoration de leur présence.
Elles ont tenu aussi à décrier le traitement réservé à la mémoire de ces hommes et femmes morts pour une Algérie libre et indépendante et dont le seul “crime” est d’avoir été chrétiens ou juifs. “Outre qu’ils sont considérés comme des chouhada de seconde zone, les autorités algériennes excellent pour cultiver la politique de l’amnésie”, lâche une des personnes présentes à cette commémoration.

Les présents n’ont pas caché leur indignation face à la position des autorités algériennes qui consiste à toujours “ignorer et renier” cette frange de combattants dans les rangs de l’Armée de libération nationale.
“Depuis quelques années, il y a de plus en plus d’anciens moudjahidine et ministres algériens qui, une fois à la retraite, osent enfin se faire des étiquettes et venir se recueillir sur la tombe du défunt”, a relevé une autre personne.

Quant aux habitués des lieux, ni la pluie ni le froid ne les ont découragés à répondre présent à cette cérémonie et à affirmer, encore une fois, que le sacrifice de Iveton n’est pas tombé dans les oubliettes.

Le président des ex-condamnés à mort, Mustapha Boudina, a tenu à dire un mot et rendre un vibrant hommage à ce héros et à ce qu’il représente.
“Notre frère et chahid Fernand a été un parmi les 210 guillotinés par l’armée coloniale. Cette cérémonie est pareille à celles célébrées chaque année pour d’autres martyrs, morts entre les mains des colons”.
“Aujourd’hui, nous nous inclinons avec émotion sur la mémoire d’un héros de la population. Iveton était une valeur de la dignité.
C’était un homme qui, à l’échelle individuelle, n’avait pas besoin de sacrifier sa vie, car il avait tout pour lui. Un travail, une carrière professionnelle réussie et une vie paisible. Mais Iveton avait aussi une conscience qui lui interdisait de vivre en témoin permanent et passif de la hogra et de l’exploitation de ses frères et sœurs algériens”
, a renchéri Abdelkrim Hassani, beau-frère du chahid Larbi Ben M’hidi.

Mustapha Fettal, qui était également condamné à mort, n’a pas caché sa colère et son amertume. D’une voix tremblante, il s’est écrié : “C’est malheureux de ne voir aucun officiel assister à de telles commémorations. Que ce soit Iveton ou Maillot, ce sont des Algériens d’origine européenne qui ont eu le courage de mourir pour leurs frères algériens.”

La cérémonie a vu la présence de la sœur d’un autre chahid, Maillot, de l’ex-Chef de gouvernement Ghozali, du Dr Chaulet ; des députés PT voulaient rencontrer des proches du chahid lesquels étaient malheureusement absents.


Voir en ligne : http://www.liberte-algerie.com/edit...

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