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TRIBUNES - OPINIONS - ACTIVITÉS - MARS 2011

lundi 14 mars 2011



“LE VÉRITABLE ENJEU DES ÉVOLUTIONS POLITIQUES EN COURS DANS LE MONDE ARABE”, par Nadji SAFIR, le 22 mars 2011.


LES ALGERIENS QUI MARCHENT ET QUI NE MARCHENT PAS, LE « PEUPLE INTROUVABLE » DE LA CNCD, par M. Bouhamidi, le 10 mars 2011.


LA DÉMOCRATIE ET LES PAUVRES OU LA DÉMOCRATIE DES PAUVRES, par Ahmed Halfaoui, le 16 mars 2011.


QUI SE SOUCIE DU WISCONSIN ?, par Christian Bouchet, le 21 février 2011.


BUSH EN IRAK, C’ ÉTAIT FORMIDABLE. VOUS EN REPRENDREZ BIEN UN PEU EN LIBYE ? Michel Collon, le 1er mars 2011.


LE VÉRITABLE ENJEU
DES ÉVOLUTIONS POLITIQUES EN COURS
DANS LE MONDE ARABE

Les évolutions politiques actuellement en cours dans de nombreux pays arabes et fondamentalement caractérisables par l’expression de revendications démocratiques, au delà de leur évaluation immédiate telle que saisie par les impératifs de l’actualité – ainsi que par maintes considérations plus ou moins teintées de curiosité néo-orientaliste - doivent avant tout être réinscrites et analysées dans une approche historique prenant en charge les logiques internes des sociétés arabes, telles qu’elles ont été forgées dans la « longue durée ».

un déficit systémique de créativité

Envisagées sous cet angle, elles posent toutes, en dernière analyse, la question des capacités de nos sociétés à formuler et mettre en œuvre un projet de modernité, comme enjeu nécessairement complexe et absolument décisif pour leur avenir dans le cadre des profonds bouleversements que connaît le monde. En effet, le Monde Arabe, indéniablement doté d’une profonde unité culturelle comme l’a prouvé la large et rapide diffusion au sein des différentes sociétés des revendications ayant fondé la contestation politique des régimes en place – à partir du foyer initial tunisien - est toujours en attente d’un projet de cette nature.
Au moins depuis l’épisode historique de la « Nahda » au XIX° siècle qui, malgré la pertinence de l’essentiel de ses questionnements fondateurs, n’a pas su produire, en raison de nombreuses pesanteurs dogmatiques, les réponses tant attendues qui devaient conduire la région à un repositionnement international plus favorable dans un contexte alors marqué par la domination exercée sur le reste du monde par les puissances européennes.

Certes, au cours du XX° siècle, le Monde Arabe a pu se libérer des liens de domination coloniale directe, même s’il demeure actuellement encore confronté au défi complexe de la question palestinienne, mais il reste caractérisé par de graves déficits et dysfonctionnements dans des domaines essentiels - à commencer par celui de l’expression démocratique - et qui permettent de le caractériser comme un espace structurellement en crise.
Allant dans ce sens, depuis de nombreuses années, les publications de toutes natures s’amoncellent qui ne cessent de mettre en évidence l’extrême acuité des problèmes posés ; à commencer par les divers Rapports sur le Développement Humain dans le Monde Arabe publiés par le Programme des Nations Unies pour le Développement dont la lucidité et le courage sont à saluer.
Par leur gravité, les blocages identifiés compromettent tant le positionnement actuel que, probablement surtout, les perspectives de la région dans un nouveau contexte mondial largement dominé par la nouvelle « grande transformation » que constitue l’irréversible émergence de l’Asie. Dont il faut bien être conscient qu’elle fait directement peser sur la région une sérieuse menace d’aggravation du processus de déclin qui la concerne et qui est déjà particulièrement sensible au sein même du Monde Musulman.

En fait, l’examen sur une longue période des performances économiques du Monde Arabe montre clairement que l’on est en présence d’une régression systématique et durable eu égard aux évolutions en cours à l’échelle mondiale.
Ainsi – à partir des travaux d’Angus Maddison sur l’évolution de l’économie mondiale - le Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de l’Egypte exprimé en pourcentage par rapport à celui des Etats-Unis ne fait que diminuer régulièrement, passant de 125 en 1000, à 119 en 1500, à 90 en 1700, à 27 en 1870 et 11 en 2006. Tout comme, sur la même période, le PIB par habitant de trois pays arabes (Egypte, Irak et Maroc) exprimé en pourcentage par rapport à celui des pays d’Europe occidentale passe de 121,9 en 1000, à 59,7 en 1500, à 46,0 en 1700, à 30,3 en 1870 et 13,5 en 2006.
Enfin, concernant 8 pays (Jordanie, Irak, Syrie, Liban, Palestine, Egypte, Tunisie, Maroc) le calcul a été fait de l’évolution du PIB/habitant en pourcentage par rapport à une moyenne mondiale établie à 100 et la même observation se dégage : celle d’une diminution régulière : 47% en 1820, 25,1% en 1950 et 16,9% en 2006. Actuellement regroupant sensiblement 5% de la population mondiale, le Monde Arabe a un PIB représentant environ 2,5% du PIB mondial, modeste puisque de l’ordre de celui de l’Espagne ; en outre, en termes de composition sectorielle, il est assuré pour environ 35% par les seuls hydrocarbures. Il est donc clair que, considérée sur la « longue durée », la position relative de la région dans l’économie mondiale n’a cessé régulièrement de se dégrader et ne se maintient que grâce aux ressources rentières liées à la valorisation des hydrocarbures sur le marché mondial.

Par ailleurs, sur la base des données fournies par le dernier rapport (2010) de l’UNESCO sur la science – dont le premier chapitre est très justement intitulé « le rôle croissant de la connaissance dans l’économie globale » – la production scientifique, en termes de nombre de publications, du Monde Arabe (13 574) est pratiquement de l’ordre de celle de la Belgique (13 773), légèrement supérieure à celle d’Israël (10 069) et nettement inférieure à celle de la Suède (16 068) ou de la Suisse (18 156). En termes de nombre de publications par million d’habitant, les pays arabes se situent à 41,23, alors que la moyenne mondiale est à 147,82. A titre indicatif, la performance de la Suisse est de 2 388,95, d’Israël de 1 459,28, du Canada de 1 323,37, des Etats-Unis de 1 022,75, de la Corée du sud de 682,94, du Japon de 585,70 et du Brésil de 139,31. Enfin, la Turquie avec 243,66 publications par million d’habitants et l’Iran avec 150,47 non seulement se situent au-dessus de la moyenne mondiale, mais ils obtiennent une performance, respectivement, près de 6 fois et près de 4 fois plus élevée que celle de la moyenne des pays arabes.

En réalité, sous quelque angle que l’on envisage les principaux problèmes que rencontre le Monde Arabe, il en est un qui y apparaît comme absolument incontournable : celui de la faiblesse de sa production, à la fois, de biens – à l’exception notable des hydrocarbures – de services et de connaissances.
Et ce, que ce soit par rapport aux pays économiquement les plus avancés ou bien même par rapport aux pays musulmans les plus dynamiques : Turquie, Iran, Indonésie, Malaisie, notamment.
Ainsi, en 2010, pour prendre l’exemple du pays arabe le plus important : l’Egypte, avec près de 80 millions d’habitants, a un PIB environ 3,40 fois inférieur à celui de la Turquie avec près de 73 millions d’habitants ; 217 pour 730 milliards de dollars ; soit, par habitant, un rapport de 1 à 3,70 en faveur de la Turquie. Les données – très nombreuses pour les domaines les plus significatifs - sont si éloquentes qu’on ne peut en conclure que la région est déconnectée des dynamiques à la base des productions matérielles et intellectuelles contemporaines les plus significatives.

En fait, l’épicentre de la grave crise qui ronge le Monde Arabe est un déficit systémique de créativité paraissant jusqu’ici durablement installé et que viennent, à point nommé, directement interpeler les évolutions politiques en cours. Entre autres, grâce au recours par certains de leurs acteurs les plus en vue - les jeunes cyber-activistes du « Web 2.0 » - aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et qui a mis au jour, avec une forte charge symbolique, de réels potentiels endogènes de transformation moderne des sociétés.
A cet égard, les véritables enjeux de ces évolutions vont tous s’articuler, en dernière analyse, autour des nouvelles capacités dont sauront se doter les sociétés arabes grâce aux nouveaux contextes démocratiques – si leurs acteurs arrivent effectivement à les faire émerger et à les consolider - afin de formuler un projet de modernité en prise réelle avec leurs problèmes actuels et, surtout, ouvert sur tous ceux qui les attendent dans un monde en bouleversement.
Encore faut-il être conscient que les lourdes hypothèques actuelles, dont les éléments constitutifs se sont accumulés et sédimentés pendant des siècles, dans des contextes d’autoritarisme et d’obscurantisme - se nourrissant mutuellement - et qui, par leur nature même, les ayant générées, ont donc désormais clairement montré leurs limites historiques, ne vont pas être levées du jour au lendemain.

rupture historique majeure

Ceci dit, quelle que soit, dans chacun des pays, en fonction de ses spécificités, l’issue « sur le terrain » des évolutions actuellement encours, il est clair que globalement, au niveau de la région, en termes, à la fois, de problématique culturelle et politique et de conscience historique, nous sommes en présence d’une rupture historique, absolument majeure, générant des acquis irréversibles et intervenue dans trois domaines décisifs.

« el karama qabl elkhobz » (« la dignité avant le pain »)

D’abord, parce que le cœur même de la revendication ne porte plus sur des questions matérielles liées à la seule répartition de la richesse nationale, comme l’exprimait admirablement, en arabe, une pancarte brandie par un manifestant dans les rues de Tunis : « el karama qabl elkhobz » (« la dignité avant le pain »).
D’ailleurs, cette notion de dignité revient de plus en plus dans tous les discours politiques liés aux évolutions en cours qui, en dernière analyse, rendent compte d’un besoin évident de reconnaissance sociale.
Allant dans ce sens, il apparaît clairement que, même dans les pays disposant de fortes ressources rentières et disposés à les utiliser pour contenir la contestation, celle-ci est très présente, exprimant avant tout une volonté de remise en cause des équilibres politiques.
En fait, les revendications politiques en cours avec tout ce que, directement, elles impliquent en termes de respect des droits de l’individu, dont l’émergence et la légitimité sont donc considérées comme une valeur centrale, constituent un véritable bouleversement dont les conséquences se répercutent nécessairement sur tous les rapports au sein même de la société ainsi que sur ceux qu’elle entretient avec l’état.
Or, les conséquences des changements en cours et à venir dans ces deux dimensions seront considérables par leur impact sur tous les équilibres de la société qui voit l’émergence de l’individu comme sujet historique y exprimer sa singularité, avec ses différentes composantes et donc avant tout avec son droit à la liberté.

le modèle du "zaim" assassiné

Ensuite, car il est désormais clair que les évènements en cours marquent bien la fin de parcours d’un véritable monstre qui n’a que trop hanté la conscience politique arabe : celui du zaïm (leader charismatique) qui, totalement mis à nu dans ses pires turpitudes, vient d’être symboliquement – en tant que modèle - assassiné. C’est un tournant politique majeur qui consacre la perte de légitimité sociale de pratiques autoritaristes et patrimonialistes – à commencer par les interminables mandats présidentiels successivement renouvelés – qui ont vidé de tout son sens le fonctionnement de l’état, transformé en un simple instrument d’accaparement des richesses par un individu, sa parentèle et sa clientèle.
En ayant clairement posé la question de la responsabilité directe des dirigeants arabes dans la dégradation de la situation intérieure de chaque pays, mais également dans celle de son positionnement international, ainsi que dans celle de toute la région en tant que telle, les évolutions actuelles ont ouvert la voie à de nouveaux modes d’exercice du pouvoir politique et de la prise de décision dans tous les domaines et à tous les niveaux.
Ils impliquent mérite, concertation et alternance et, en ce qui concerne le premier dirigeant du pays, qu’en tant que citoyen, il ne saurait, selon la formule latine, être plus qu’un « primus inter pares » (le premier parmi ses pairs) devant inscrire son action au service, avant tout, de la société.

mise à nu de blocages majeures de nos sociétés,
fondamentalement d’ordre "internes"
dans chacune de nos sociétés

Enfin, du fait que les contestations en concentrant tous leurs efforts contre les pouvoirs en place et en en démontrant toutes les faiblesses, voire les crimes, ont mis en évidence que les blocages majeurs de nos sociétés sont fondamentalement d’ordre interne.
Et de ce point de vue, ce sont clairement les perceptions trop souvent répandues et consistant à expliquer les problèmes majeurs des sociétés arabes en termes de « complot de l’extérieur » qui perdent leur crédibilité. Ces thèses « complotistes » - véritable syndrome de paresse et de paralysie intellectuelles - nous ont fait beaucoup de mal car détournant notre attention et nos efforts de ce qui se passe au sein même de nos sociétés et qui constitue, en réalité, la source principale des blocages que nous connaissons.
Bien sûr que les « complots » existent au sens où, depuis toujours, le dominant essaie de maintenir le dominé dans sa position d’infériorité et ce principe, plus que jamais en vigueur dans le monde d’aujourd’hui, a encore de beaux jours devant lui.
Mais il ne sert à rien de « crier au complot » tous azimuts si nous ne commençons pas d’abord par identifier et effectivement prendre en charge nos propres faiblesses internes qui, en dernière analyse, sont toujours les causes premières qui ont crée les conditions de base conduisant, en conséquence, à la domination que nous subissons.
Et qui ont ainsi permis aux « complots » extérieurs de réussir, souvent au-delà même de leurs espérances, car confortés dans leurs démarches par des sociétés en désarroi incapables d’analyser leurs propres faiblesses et, donc, encore moins en mesure d’y faire face.

Les trois ruptures évoquées sont absolument décisives - surtout, de par leur combinaison et les effets de synergie dégagés - et marquent certainement un tournant important dans la conscience historique de la région qui, pour la première fois dans son histoire moderne, apparaît comme en mesure, à la fois, de saisir la nature des véritables enjeux auxquels elle est confrontée et de tenter d’y apporter une réponse. Celle-ci, pour être un tant soit peu crédible, doit passer par la remise en cause de beaucoup de nos certitudes et suppose avant tout un effort d’évaluation objective de notre patrimoine intellectuel dont bien des paradigmes doivent être revisités afin de pouvoir contribuer à la réponse exigée.
Notamment en leur faisant (re)trouver le fil de la rationalité qu’à un moment de son histoire le Monde Arabe avait su – en s’ouvrant au patrimoine universel de l’époque, notamment grec, mais aussi persan et indien – intelligemment tisser et transformer en l’une des assises de son expansion.
Aujourd’hui, dans les conditions d’un monde encore plus densément unifié que jamais et dans lequel repli sur soi signifie, plus que jamais, dessèchement et mort, la nature de la réponse demeure la même et, en tout état de cause, se situe d’abord au niveau intellectuel dans la perspective de la formulation d’un projet de modernité dont l’actualité est toujours aussi pressante.
Et qui, sous peine de nouvel échec aisément prévisible, ne doit surtout pas, une fois de plus, s’égarer dans les impasses de la « Nahda » du XIX° siècle et ce, grâce à la nécessaire (re)lecture critique de notre patrimoine intellectuel afin de réellement et urgemment l’adapter à tous les bouleversements du monde ; tant ceux en cours que ceux qui se préparent et qui, déjà nous interpellent.

Il est vain de passer son temps à s’interroger, voire à se lamenter sur les différents projets que les « autres » formulent sur notre propre sort

Grand Moyen-Orient, Union pour la Méditerranée et autre Partenariat Etats-Unis-Afrique du Nord pour les Opportunités Economiques – et qui, par définition même, très légitimement, ne peuvent procéder que de logiques conformes aux intérêts de leurs initiateurs, si nous ne sommes pas en mesure de définir et mettre en œuvre nos propres réponses.
S’il fallait s’en convaincre, le type de fonctionnement de la Ligue Arabe, de l’Union Africaine et, surtout plus près de nous, de l’Union du Maghreb Arabe est là pour établir les lourdes responsabilités des élites politiques en place en termes de déliquescence intellectuelle et politique, alors que, de toute évidence, aucun de nos états - à lui seul - n’a une chance de survie dans le monde qui s’annonce.

L’exemple emblématique des rapports entre les Etats-Unis et la Chine est là qui prouve que, dans la formation et la transformation des équilibres du monde, seuls comptent les véritables ressorts internes des sociétés.
En effet, dès 1949, les Etats-Unis n’ont cessé de tout faire pour contrer les intérêts de la République Populaire de Chine ; ce qui ne l’a pas du tout empêchée par des efforts constants de mobilisation de tous ses potentiels – surtout depuis les profondes réformes des années 1980 – d’être déjà devenue la deuxième économie mondiale. Plus même, puisqu’elle est actuellement engagée dans un processus de réémergence historique devant la conduire, à terme, à devenir la deuxième puissance globale appelée, d’une manière ou d’une autre, par une de ces innombrables ruses dont l’histoire a le secret, à coopérer avec l’ancien ennemi américain dans le cadre d’un « G2 » de fait, déjà structuré par de nouvelles contradictions en voie de formation.

Les évolutions politiques actuellement en cours dans le Monde Arabe, tout en visant à lever les blocages autoritaristes en présence, n’auront au final de véritable sens qu’en redonnant la possibilité à tous les potentiels de créativité de s’exprimer

afin de formuler le projet de modernité dont la région a toujours besoin et seul en mesure de ralentir sa marginalisation en cours et, à terme, s’il se confirme, de lui éviter le déclin qui la menace.
En effet, les nombreux potentiels qui y existent et ne demandent qu’à dépasser le stade de la virtualité peuvent contribuer à l’émergence d’une nouvelle phase historique pour la région et pour le monde.
Nouvelle et décisive rupture historique régionale, procédant de logiques intellectuelles et de dynamiques sociales endogènes, mais s’assignant nécessairement l’horizon de l’universalité, passera – t- elle à la postérité, un jour peut-être, par l’interactivité de ses processus, d’une certaine façon aussi, comme une « Nahda 2.0 » ?

par Nadji SAFIR, sociologue
(nadji.safir@gmail.com)

Sources :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2011/03/22/article.php?sid=114628&cid=2

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LES ALGERIENS QUI MARCHENT ET QUI NE MARCHENT PAS

LE « PEUPLE INTROUVABLE » DE LA CNCD

La presse locale ultra libérale fera-t-elle école en matière de logique ? Il faut croire que oui !
D’un côté, elle porte à bout de bras les arguments de la CNCD selon lesquels l’échec des marches est dû à la peur des Algériens et à la présence policière. Elle titrait fièrement, en première page, l’injonction d’Obama et de Sarkozy de laisser marcher les marcheurs. Avec, en prime, la mise en forme nécessaire pour comprendre l’ingérence d’Obama et de Sarkozy comme une menace à l’endroit du pouvoir mais aussi comme une invitation à prendre courage, à marcher sans crainte. « Allez-y nous sommes là » !
Quel triomphalisme dans la mise en forme, dans l’explicite du texte et dans l’implicite de la maquette. Bref moment de triomphe mais vraiment trop bref, trop court, trop frustrant. D’autant plus frustrant que la conviction était là – quasi religieuse – que le peuple allait suivre ! Le peuple n’a pas suivi.
Dès les premiers échecs patents de ces marches, la CNCD et les journaux qui l’ont créée, portée, soutenue, inspirée ont avancé les arguments de la peur et du dispositif sécuritaire.
Les mêmes journaux avaient célébré l’audace des émeutiers de l’huile et du sucre face aux mêmes brigades antiémeutes qui n’avaient pas pu empêcher les manifestants de manifester et les casseurs de casser.
Peuple audacieux un jour, peuple apeuré le lendemain. Avons-nous affaire au même peuple jour après jour ? La question vaut son pesant de significations.
Car, au fond, si le lecteur a bonne mémoire, dès la fin des manifestations, des émeutes ou de la révolte du sucre, selon les différents vocables employés, la presse ultra libérale a, dans un bel ensemble, établi le constat que « les couches moyennes devaient prolonger les révoltes ».
Dit pratiquement dans les mêmes termes, tout à fait comme d’habitude, dans une pulsion de pensée unique et de langage unique. Le parti unique sous différents habits, c’est aussi cela le credo « démocratique » ailleurs dans le monde - allez cherchez une vraie différence entre Bush et Obama, à part l’élégance des propos - ou les gestions de droite et les gestions sociales-démocrates en Europe ?
Toute honte bue, cette thèse de relayer le mouvement de protestation de l’huile par une action politique des couches moyennes postule un ordre, une hiérarchie des rôles et des fonctions.
Le mouvement plébéien ayant accompli son rôle de casse et de création d’une tension devrait laisser la scène aux couches sociales investies en droit de penser à leur place.

Chacun son métier. Au peuple, le travail de terrassement politique, aux couches moyennes le rôle de direction. Ces analyses furent immédiatement traduites en termes politiques. Il fallait achever le travail commencé par les importateurs, maquillés ou non dans la mise en bouteille de l’huile, et les grossistes. La CNCD devait suppléer la faiblesse politique et sociale du candidat à une prise du pouvoir ordonnée et coordonnée par les grandes puissances pour évincer cette « génération de Novembre » qui bloque toute « normalisation » de ce pays.
La suite concrète de la CNCD est connue. L’échec de cette structure est si patent que les partis politiques et la CNCD - comme la presse qui l’inspire – sont obligés de reconnaître qu’ils n’ont pas fait le travail d’approche auprès des populations et des quartiers.
C’est exactement le reproche fait par les dissidents de cette structure qui soulignaient que le peuple ne pouvait adhérer à des marches qui ignoraient ses problèmes, ses préoccupations et ses revendications.

Politiquement, le langage des dissidents est, bien sûr, plus correct, plus proche des besoins militants mais en réalité il a mis du cosmétique sur une tentative de faire main basse sur la « représentation populaire » comme s’il était vrai et naturel que cette structure représentait le peuple.
Mais il ne faut pas croire que cette démarche des partis politiques de la CNCD est une évaluation critique de leur démarche et de leurs buts. La CNCD, aujourd’hui comme hier, veut le départ du système.

Que veut dire le mot système appliqué à la politique ? Rien, bien sûr, ce mot permet de rester justement dans une abstraction au-dessus de ce peuple invoqué par la CNCD et qui, une fois marche et manifeste et, une autre fois, a peur de se montrer.
Un confrère a cruellement souligné que les journaux et la CNCD se contorsionnaient à expliquer la peur des masses au moment même où ces mêmes masses faisaient grève, manifestaient, marchaient, y compris dans Alger.
La cerise sur la gâteau reste quand même cette grève des ouvriers de la SNVI qui réclament des managers et des gestionnaires compétents ; une grève pour que les mesures au profit du secteur d’Etat ne perdent pas tout bénéfice par le « savoir-faire » de managers et de Conseils de participants formatés au coulage des usines publiques et à leur bradage.

Le problème est que ces masses - étudiants, médicaux et paramédicaux, employés du Trésor, cheminots, etc. - se battaient et se battent toujours pour leurs intérêts de classe, pour leurs intérêts catégoriels, pour les intérêts que les réformes ont piétinés.
Et que les réformes ont piétiné quand les travailleurs étaient confrontés au dilemme de savoir s’il fallait se lever contre les réformes libérales au risque de donner un coup de main involontaire aux projets terroristes ?
Entre la mort lente par les réformes et la mort immédiate de l’État national né de sept ans de guerre, ils ont mis les intérêts de la nation au-dessus de leurs intérêts catégoriels.

Il restera difficile pour cette presse ultra libérale de comprendre ce que veut dire le sens patriotique.

Un titre phare de cette presse a publié un article au vitriol contre la poursuite de la grève des cheminots.
Il faudra rappeler à tous, y compris le pouvoir, le comportement héroïque des cheminots pendant les années terribles du terrorisme. Combien d’attentats ont visé le rail de Palestro à Aïn Defla ? Combien de cheminots morts ou marqués physiquement et nerveusement par le stress ?
Les dirigeants de ce « grand journal » qui a publié cet article imaginent-ils un instant que, par peur, les cheminots arrêtent le travail et suspendent le transport des carburants vers l’Ouest ou vers l’Est ?
Cette presse ne peut pas comprendre ce que veut dire le sens patriotique, ce que veut dire encadrer ses intérêts catégoriels dans l’intérêt général de la nation.
Pour quelles demandes locales les cheminots de la région d’Alger ont prolongé le mouvement ? On ne le sait pas.

À cette haine des cheminots s’ajoutent cette levée de boucliers et cette rage à l’occasion des mesures prises par le gouvernement en faveur de la jeunesse réduite aux seuls côtés de la création de petites et de microentreprises.
L’aspect le plus important de ces mesures a été volontairement ignoré : les milliards de dinars qui accompagnent les instructions pour les entreprises publiques d’investir, de créer de l’emploi et, dans l’immédiat, de recruter les jeunes diplômés.

La grève de la SNVI allait dans le même sens. Ces mesures ne doivent pas servir à ramener de vieux retraités convaincus de la vanité d’une industrie nationale mais servir à recruter des jeunes qui peuvent, à défaut d’autres choses, ramener leur sincérité.

Le peuple a marché. Même les gardes communaux ont marché. Ils ne furent pas dix mille ; peut-être mille ou mille cinq cent.
Mais le fait de gonfler le chiffre pour créer une atmosphère d’apocalypse montre à quel point leurs analyses sur l’échec de la CNCD relèvent du dépit.

Le peuple marche mais ne marche pas dans la bonne marche.
Il marche vers l’hôpital Mustapha, vers le ministère de l’Enseignement supérieur, vers l’Assemblée populaire nationale, il marche sur les rails pour arrêter les trains, il marche dans les grandes écoles et dans l’usine de véhicules industriels.
Mais il ne marche pas avec la CNCD.
Il ne marche pas avec l’ultra libéralisme qui a pris la démocratie pour cheval de Troie.

Biens sûr, cette profusion de marches populaires correspond aussi à un moment tactique important pour la classe ouvrière et pour les travailleurs en général.
Quand la CNCD croit que les révoltes du jasmin ou du Nil lui ont offert Bouteflika sur le plateau, la classe ouvrière, pourtant orpheline d’un grand parti ouvrier et d’un puissant mouvement syndical unitaire même dans la diversité, a compris que cette déstabilisation générale programmée en partie ou en totalité a pour but de mettre à niveau la prise en main des peuples arabes par des régimes mieux calibrés à leurs nouvelles caractéristiques.
Elle a compris qu’il s’agit d’une recolonisation du monde arabe et de l’Afrique par la fabrication de « leaders de droite » à des « révoltes de gauche » pour reprendre le vocabulaire de l’Occident.

L’affirmation de leurs revendications permet aux travailleurs de casser cette dynamique « naturelle » d’aller à plus de libéralisme pour régler les problèmes insoutenables de chômage, de mal-vivre, de dignité dans lesquels nous ont plongés les médications ultra libérales du sous-développement.

C’est une façon pour eux de dire que l’alternative n’est pas entre le libéralisme du pouvoir et l’ultra libéralisme d’une « opposition de la CNCD qui a décidé qu’elle représentait de facto un introuvable peuple insurgé.

Plus l’État tiendra compte des travailleurs et des besoins du peuple et plus il deviendra leur État, au moins en partie, et plus ils seront déterminés à le défendre.
Déjà ces grèves permettent au moins d’isoler les orientations compradores en son sein. Comment fera cette presse pour parler de cette marche du 19 mars initiée par des jeunes à partir de Facebook et dont les initiateurs ont barré d’une croix le leader qui attend de la CNCD qu’elle le mène au pouvoir avec la baraka active des ambassades de France et des Etats-Unis ?
Ce n’est pas que la classe ouvrière qui n’aime pas les décorés de l’ordre de la démocratie ultra libérale.
Même les jeunes ne l’aiment pas non plus.

Alors là, oui, il est urgent pour notre presse ultra libérale et ses stars du samedi de se demander : c’est quoi ce peuple ?

10-03-2011
Par Mohamed Bouhamidi

Cet article est aussi une réponse à l’appel au sang de l’édito de Liberté signé par Saïd Chekri de dimanche passé.
Pour ceux qui veulent lire cet édito voici le lien :
http://www.djazairess.com/fr/author?name=Sa%C3%AFd%20Chekri

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http://www.latribune-online.com/suplements/culturel/48630.html

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LA DÉMOCRATIE ET LES PAUVRES
OU LA DÉMOCRATIE DES PAUVRES

Au lieu de s’attarder sur l’insondable attitude de deux monarchies, pas démocratiques du tout, l’Arabie saoudite et les Emirats, avec leur soutien empressé aux insurgés libyens, agrémenté d’un soutien au roi du Bahreïn contre ses insurgés, il sera peut-être plus rentable de défricher le concept de démocratie qui fait débat concernant les « arabes ».

En cherchant un peu, loin des philosophies et de leurs circonvolutions, on peut trouver un éclairage qui touche intimement les contours de la « démocratie » telle qu’elle peut être vécue dans des pays similaires à l’Algérie.

Le principe fondateur est que « la participation de la population au processus de décision est aujourd’hui considérée comme une des conditions de réussite des programmes de développement ».
Partant de là, une étude, qui repose sur un postulat dont on n’entend pas beaucoup parler, a été menée dans des pays africains entre 2001 et 2003.
Ce postulat veut que la « démocratie », que l’étude associe à l’économie de marché, rencontre des difficultés d’instauration à cause des réticences des pauvres.
Ceux-ci sont plus portés à considérer que l’État, malgré ses déficiences, est considéré comme plus susceptible d’assurer l’objectif d’équité que le marché.
Il en est de même pour ceux qui dénoncent les inégalités comme une forme d’injustice.
Mais, en réalité, les pauvres sont plutôt contre la libéralisation et non contre la démocratisation.

Les pauvres apparaissent, ainsi, comme plus pragmatiques par le contenu qu’ils mettent dans la démocratie. Elle signifie, pour eux, que l’Etat ne peut gagner la confiance des citoyens que s’il œuvre concrètement contre l’exclusion, les inégalités et la corruption.
Ce pourquoi ils rejettent le libéralisme dans lequel ils ne perçoivent que l’appauvrissement des plus faibles.

Ils doivent savoir de quoi ils parlent, pour vivre dans des pays où la richesse n’est pas assez abondante pour que des miettes arrivent en bas et atténuent la misère.

Donc, les pauvres nous apprennent que la « démocratie » n’est pas aussi simple à comprendre et que tout dépend du point de vue à partir duquel on l’aborde.
Ils disent clairement qu’ils ne veulent pas de ce qui leur est proposé, c’est-à-dire, pour paraphraser Jacques Higelin, une société qui serait un supermarché, et dont l’État serait un service des réclamations.
Dans le langage des « experts », on parle de libre-entreprise, de marché et d’État régulateur.
Finalement, rien n’est aussi absolu qu’il y paraît. C’est dire que tout doit être discuté sérieusement, que les slogans les plus répandus ne sont pas forcément ceux de tout le monde, qu’ils ne sont pas compris de la même façon et la « démocratie » est une chose suffisamment sérieuse pour qu’elle soit bien expliquée et non enfermée dans deux ou trois slogans, aussi clinquants soient-ils.

Chez les « arabes » cela va être assez difficile. Pas chez nous où nous avons tout expérimenté et, par-dessus tout, les recettes du Fonds Monétaire International (FMI) et celles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec le « retrait de l’État ».
Il suffit de donner la parole, sans oublier, surtout, ceux qui ont patiemment attendu que l’État soit remplacé par le marché et qui n’ont rien vu venir et qui ne connaissent que l’émeute pour s’inviter sur la scène, au contraire de ceux qui disposent, pour ce faire, de grands canaux nationaux et internationaux.

par Ahmed Halfaoui

http://www.lesdebats.com/editions/160311/les%20debats.htm

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QUI SE SOUCIE DU WISCONSIN ?
Éditorial

Christian Bouchet
Lundi, 21 Février 2011


Les médias qui ne nous cachent rien, actuellement, des troubles qui agitent le Maghreb sont étrangement bien silencieux en ce qui concerne la situation dans le Wisconsin, où des milliers d’Américains ont entrepris, devant le parlement de cet État, d’imiter les pratiques tunisiennes et égyptiennes pour faire chuter le gouverneur républicain Scott Walker.

Samedi 20 février, cela faisait six jours pleins qu’une foule, estimée à 70.000 personnes au moment de la plus grande affluence, assiégeait le capitole de Madison et rien ne laisse supposer que l’affaire doive se régler à très court terme.

Quel est la raison de cette colère populaire ? Une loi en discussion au Parlement, qui a toutes les chances d’être adoptées et qui réduirait de manière drastique les salaires et les droits des fonctionnaires de l’État.

Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler que les USA sont un État fédéral. À ce titre, si les salariés du privé sont protégés par des lois fédérales, et ont donc de ce fait les mêmes droits sur tout le territoire national, les fonctionnaires (à l’exception de ceux des agences fédérales) dépendent du bon vouloir des États, voire, pour certains, des comtés ou des villes, qui les emploient.

Aux midterms de novembre dernier ce sont les représentants du Parti républicain, option Tea Party (1), qui ont obtenu la majorité dans le Wisconsin.

En janvier, ces nouveaux élus ont voté une première loi afin de supprimer la quasi-totalité des impôts touchant les grandes entreprises, en particulier les multinationales, installées dans l’État. Il en a résulté un manque a gagner pour les finances publiques de 170 millions de dollars et, alors que le budget annuel du Wisconsin était depuis de nombreuses années en équilibre (celui de 2010 avait même été clos avec un léger excédent), des prévisions budgétaire en net déficit.

Un être normalement intelligent aurait vu le coup venir et n’aurait pas réduit de manière si importante les impôts sur les sociétés. À défaut, il aurait admis une erreur de calcul et serait revenu pour partie sur ses coupes fiscales. Le gouverneur Scott Walker a choisi, quant à lui, une toute autre voie : pour que le budget soit équilibré, il a décidé qu’il suffisait de faire baisser les dépenses de l’État en réduisant le coût de ses fonctionnaires. Cela non pas en baissant les salaires mais, ce qui en définitive revient au même, en transférant à leur charge la majeure partie de la retraite et de la sécurité sociale que payait jusqu’alors l’administration.

Les salaires de la fonction publique étant déjà peu élevé dans le Wisconsin, nombre de fonctionnaires (dont des enseignants du supérieur…) ont témoigné que la conséquence de cette réforme serait de ne plus leur permettre de vivre de leur salaire et qu’ils devraient donc exercer une autre profession en parallèle pour s’en sortir… Comme c’est le cas dans nombre de pays du tiers-monde.

De plus, tous les fonctionnaires ont été particulièrement sensibles qu’au niveau symbolique, Scott Walker, comme un vulgaire Ben Ali ou Moubarak, ait de plus annoncé qu’il avait placé la Garde nationale sur un pied d’alerte pour faire face à la résistance populaire. Or, la dernière fois que la Garde nationale avait été déployée au Wisconsin dans le cadre d’un conflit social date du … 1er mai 1886, lors du mouvement pour la journée de huit heures. Elle avait alors ouvert le feu sur des métallurgistes en grève faisant sept morts !

Il n’est pas réellement besoin de se demander pourquoi les grands médias ne nous parlent pas du Wisconsin alors qu’ils nous bassinent actuellement avec l’Algérie… Là-bas des Américains de souche rejettent le libéralisme et nous montrent ses méfaits, alors qu’à Alger des agents d’influence de l’Empire tentent d’instaurer un régime plus libéral et plus ouvert au Grand Occident(2). Il est bien pour big brother que nous ignorions la résistance des uns et que nous soyons informé positivement de l’action des autres…

Pourtant, il y a plus de risque que notre avenir, si nous ne réagissons pas à temps, ressemble plus à celui des fonctionnaires de Madison, qu’à celui des trabendistes d’Alger.


notes

1 – Rappelons, à ceux qui l’auraient oublié, qu’à cette date l’excellent Bruno Gollnisch s’est félicité des résultats de ce mouvement néo-con et n’a pas caché les affinités qu’il avait avec ses thèses…

2 - Saïd Sadi qui anime le Rassemblement pour la culture et la démocratie - qui est avec ses courroies de transmission (essentiellement La Coordination nationale pour la démocratie et le changement et la Ligue de défense des droits de l’Homme) – le deus ex machina des manifestations d’Alger est par exemple, comme par hasard, un ami proche de Bernard Henri Lévy…

page imprimée de voxnr.com : le site des résistants au nouvel ordre mondial

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BUSH EN IRAK, C’ ÉTAIT FORMIDABLE.
VOUS EN REPRENDREZ BIEN UN PEU EN LIBYE ? »->http://www.michelcollon.info/Bush-en-Irak-c-etait-formidable.html]

Michel Collon
1er mars 2011


L’Otan se déclare prête à intervenir en Libye. Nous voilà tout émus. Ainsi, ceux qui bombardent les civils en Afghanistan, veulent au contraire les protéger en Libye. Ceux qui n’ont pas levé le petit doigt quand Israël massacrait Gaza, se prennent tout à coup d’un amour immense pour les Arabes !

La larme à l’œil, Bernard-Henri Lévy appelle à nouveau à la guerre, comme il le fit contre l’Irak. Mais la guerre humanitaire n’existe pas. La guerre pour le pétrole, si. Henry Kissinger (chef de la diplomatie US sous Nixon) avoua, un jour de franchise : « Les grandes puissances n’ont pas de principes, seulement des intérêts. »

Même si on veut que ça cesse, les Libyens ne souffriront pas moins sous une occupation par les Etats-Unis. Bush l’a prouvé en Irak, Obama en Afghanistan. Drogues, violences, terreur…

Tout en soutenant les revendications légitimes des peuples, et en réprouvant toute violence dictatoriale, on se souviendra que toutes les guerres des USA ont été bâties sur des médiamensonges. Chaque info ou prétendue info sera donc analysée avec l’émotion de la solidarité, mais aussi avec la raison de l’expérience…

Si la guerre humanitaire existait, les USA et l’Europe seraient intervenues pour sauver Gaza.

Source : Michel Collon l’info
forum sur le site.

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Les cinq grands « principes de la propagande de guerre » : 1. Occulter les intérêts économiques. 2. Se présenter en humanitaire. 3. Occulter l’Histoire. 4. Diaboliser l’adversaire. 5. Monopoliser l’info....


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