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CÔTE D’IVOIRE, LE BAL NÉOCOLONIAL SE CONFIRME

par Ahmed Halfaoui, Les Débats, le 7 avril 2011.

jeudi 7 avril 2011

La démocratie est bien partie en Afrique. Nicolas Sarkozy y travaille, avec la complicité de la « communauté internationale » et le soutien d’une gauche qui renoue avec son passé colonialiste.

Comme en Libye, en Côte d’Ivoire les « démocrates », cooptés par l’Occident, bénéficient d’un couloir de feu vers le pouvoir, jonché de cadavres de sous-hommes.
Au moins 2 307 civils tués et des milliers autres blessés, lundi, par les bombardements aériens des forces françaises et de l’Onuci.

L’argument qui autorise les massacres, les victimes collatérales et les destructions, tel que brandi par la France et l’ONU, est la « protection des civils », même s’il est toujours utilisé contre un seul camp, laissant l’autre, celui des « démocrates », se faire autant de civils qu’il veut.
Les troupes d’Alassane Ouattara ne s’en sont pas privées, dans leur avancée sous la protection et avec l’aide des forces onusiennes et françaises. Au service du président certifié par l’ONU, des chefs de guerre sanguinaires, à la tête de soldats sans salaires qui se payent sur leurs victimes.
On le sait, depuis qu’à Duékoué l’armée de Ouattara a laissé derrière elle, selon Caritas et d’autres ONG, entre 800 et 1 000 morts civils.
Avec la bénédiction de la force brutale, il va diriger tout le pays. Au prix d’un bain de sang où, selon le politologue Michel Galy, « l’armée française court le risque de se voir qualifiée juridiquement de complice de crimes de guerre ».

Pendant que les « socialistes », par la voix du chef de file de leurs députés, bafouillent une position où ils ne font que s’interroger : « C’est vrai que la situation est grave, maintenant, fallait-il intervenir comme la France l’a fait ? Nous nous interrogeons, nous sommes réservés. »

Alors que, bien plus que pour la résolution 1973 (Libye), la résolution 1975 de l’ONU donne mandat à l’ONUCI (et non à Sarkozy) d’empêcher les deux camps à faire usage d’armes lourdes, et non d’attaquer l’armée ivoirienne et d’ouvrir la voie d’Abidjan aux rebelles de Ouattara.
Encore une raison d’observer le ridicule des décisions onusiennes et le cynisme des puissants.

Dans l’opinion, à l’inverse, on trouve un autre jugement. À une question posée aux téléspectateurs de la chaîne parlementaire française (LCP) après un débat, « Alassane Ouattara est-il légitime pour gouverner la Côte d’Ivoir ? »
La réponse est « non » à 82%.

Selon la remarque du blogueur sur Médiapart, qui rapporte cette information, « l’auditoire de cette chaîne n’est quand même pas majoritairement composé de maoïstes et de trotskistes ».
Ce qui dénote du délire solitaire du petit chef de guerre et de la distance qui sépare, de plus en plus, la classe politique « majoritaire » et alternante des Français qui se reconnaissent de moins en moins en elle.
Ce qui augure que la recolonisation « démocratisante » en marche, en sus des résistances qu’elle va rencontrer sur la terre africaine, malgré les relais et les supplétifs qu’elle a recrutés et qui lui servent de têtes de pont, aura certainement fort à faire dans ses propres bases.

En attendant, aux Etats-Unis, le sénateur Jim Inhofe (R-Okla.), membre de la commission sénatoriale des services armés (SASC) et du comité chargé des relations étrangères du Sénat (SFR), a déclaré qu’Alassane Ouattara était « illégitime pour diriger la Côte d’Ivoire » et que « les États-Unis doivent changer leur position en Côte d’Ivoire ».

On est curieux de voir les contorsions du petit chef de la Françafrique en cas de revirement étatsunien.

Par Ahmed Halfaoui


Voir en ligne : http://www.lesdebats.com/editions/0...

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