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LA SCANDALEUSE DESTRUCTION DU "BOIS DES PINS" AU CENTRE D’ALGER

Article de Sadek HADIERES dans le Quotidien d’Oran (9 AoÛt 2011)

jeudi 11 août 2011

La presse a rendu compte des circonstances et de l’indignation qui, parmi les riverains et dans l’opinion a suivi le saccage d’un site forestier unique au centre d’Alger. Il ne s’agit pas d’un acte isolé mais d’une pratique couverte systématiquement par les autorités. Dès les années 60, le regretté M’hammed DJELLID avait dressé dans une publication du PAGS le tableau impressionnant du dépeçage du patrimoine immobilier d’Oran dans un reportage documenté "Oran, une ville qu’on désosse"

L’article ci-dessous expose certaines des implications fondamentales d’ agissements qui sont la caractéristique du régime. Elles éclairent une révolte qui gronde et la montée d’un mouvement de masse pacifique qui gagne en conscience politique malgré les embûches.

CONTRE LA HOGRA DE CLASSE ET LES HOLD-UP ANTINATIONAUX,

MONTÉE DES RÉSISTANCES CIVIQUES LÉGITIMES

par Sadek HADJERES, 6 août 2011

Ils aiment certainement les espaces verts pour leurs agréables et parfois pompeuses résidences, ceux qui ont inspiré, ont bénéficié ou été les complices de la destruction barbare du Bois des Pins d’Hydra.
Rien n’est trop cher pour leur confort privé et leur luxe ostentatoire : gazon entretenu, parterres fleuris bien arrosés, arbres à l’ombre bienfaisante et piscines rafraîchissantes par ces temps de Ramadan brûlant.

Une autre logique les inspire dès qu’il s’agit du Chaâb, de la Nature, de l’intérêt général et des Biens communs.

Ce qui les guide alors, ce n’est ni la logique d’une tradition islamique qui fait de la plantation d’un arbre un acte de foi bénéfique. Ni l’attachement à l’élan d’édification nationale qui, dans les premières années de l’indépendance, avait lancé les dizaines de milliers de jeunes et de soldats de l’ANP dans les campagnes de reboisement de l’Arbâtache et les chantiers de plantation d’un immense Barrage Vert censé arrêter la progression du désert.

La logique écologique, celle adoptée de plus en plus par les gens et les gouvernants raisonnables dans le monde entier, leur est tout aussi étrangère. Tout comme leur est étranger le respect des normes administratives en honneur dans les Etats de Droit dignes de ce nom ou encore le respect des procédures démocratiques, inscrites dans leurs propres textes de lois qu’ils s’évertuent à contourner et violer impunément.

Ne parlons pas de la logique de justice sociale. Elle aurait consisté pour le moins à prendre en compte le besoin d’oxygène et de mieux-être des habitants d’un quartier souffrant déjà des conditions d’un habitat précaire et surchargé, le besoin de loisirs de toute une population algéroise heureuse de goûter le plaisir rare d’un espace de détente au cœur de la capitale.

Il reste que l’agression la plus révoltante est celle perpétrée contre la dignité et la renommée nationales. Là où les grandes mégapoles du monde s’honorent de l’ouverture de nouveaux espaces verts, le « Nif » d’une catégorie d’Algériens, par ailleurs d’une arrogance sans pareille, patauge dans le béton et la spéculation immobilière. Un « exploit » qui va faire reculer une nouvelle fois l’Algérie dans son classement international pour les différentes rubriques du développement humain. Triste honneur pour notre Etat que celui de figurer sur le podium des recordmen de la corruption, de l’incompétence et des lourdeurs bureaucratiques

L’ensemble de ce que les Algériens et Algériennes vivent avec douleur, exprime malheureusement le fiasco d’un système. Illustré symboliquement par la photographie hideuse du vide laissé par la destruction d’un joyau naturel que la colonisation elle-même avait épargné. A deux pas des sièges d’institutions dont la devise officielle affichée reste comme par ironie « Par le Peuple et Pour le Peuple ».

C’est le fiasco d’un système que certains voudraient pieds et poings liés à l’ultralibéralisme mondial, dont les peuples et les gens sensés mesurent mieux aujourd’hui les tragiques performances.

Le pire est dans le suivisme, le mimétisme et la dépendance envers les moeurs « modernes » de prédation du capitalisme mondialisé. Elles se pratiquent chez nous dans leurs variantes sous-développées et sauvages, celles qui prétendent depuis trop longtemps n’avoir aucun compte à rendre aux citoyens, les premiers concernés, les premiers « ayant droit » aux fruits de l’Indépendance.
Sans autre stratégie que les emprunts anachroniques à ce qu’il y a de plus négatif dans les recettes du monde impérialiste, ce fiasco est celui d’un système qui selon l’analyse pertinente de Hadj Nacer, s’enferme et veut enfermer notre pays dans le cercle vicieux des échecs répétés.

MAIS IL Y A DU NOUVEAU !

Ceux qui détruisent ou pillent les biens du peuple, le brutalisent et le répriment quand il proteste, n’ont pas l’air d’avoir saisi l’ampleur et l’avenir de la vague d’indignation et de changement qui, sous diverses formes et avec des résultats inégaux, est en train de remodeler le sud et l’Est de la Méditerranée.

Ils ne semblent pas avoir compris que leurs agissements sont les gouttes d’eau qui inéluctablement font et feront déborder le vase. Le mouvement entraîne de multiples et larges courants de l’opinion nationale, depuis les plus opprimés et déshérités jusqu’aux couches et catégories sociales les mieux nanties mais néanmoins lésées et révoltées par l’arbitraire et l’humiliation.

Ce qu’on a appelé le « printemps arabe » a confirmé qu’il ne suffit pas de s’indigner, en silence ou à haute voix. L’important est dans la mise en mouvement massive, vigilante, consciente, pacifique et coordonnée de la légitime protestation populaire.
Aux yeux d’un nombre croissant, la corde est usée de plusieurs modes de réaction et de protestation qui, quelle que soit leur spontanéité ou leur sincérité, ont plutôt fait le jeu du système qui les a souvent utilisés et manipulés.

Les citoyens et les acteurs politiques honnêtes ne font plus confiance à la violence armée, aux émeutes spontanées et sans perspective de changement politique démocratique, aux intrigues et tractations politiciennes, aux luttes de clans et illusoires approches par le « haut », aux mirages dangereux des confrontations identitaires hégémonistes. De réels changements dans les sphères institutionnelles ne deviennent possibles que si, à partir des problèmes vécus et rassembleurs, à partir des intérêts sociaux communs clairement identifiés, une mobilisation massive impose au système les changements profonds et durables souhaités.

Pour qui sait voir, les derniers mois ont montré que les tentatives de mobilisation subordonnées à des pures logiques de pouvoir ont été des feux de paille. Par contre, les mouvements de société initiés démocratiquement à la base (par les syndicats, associations déjà existantes ou nées dans l’action et appuyées par l’opinion et les cercles politiques acquis au réel progrès démocratique), n’ont cessé de gagner en conscience politique, en lien social, en organisation et efficacité.

Il est de la responsabilité normale des citoyens, des acteurs politiques, des hommes de pouvoir honnêtes, de converger dans l’action unitaire pour laver la honte infligée quotidiennement à notre peuple frustré dans ses profondes aspirations. Les objectifs communs, les motivations communes ne manquent pas, à commencer par l’exigence de transparence, de contrôle par le haut et par le bas, de sanction de toute anomalie et transgression en matière d’aménagement du territoire et des espaces publics.

Ainsi, en lieu et place des espaces désertifiés et bétonnés et malgré les graves problèmes mondiaux et régionaux actuels, pourraient pousser chez nous à la hauteur des efforts communs engagés dans notre pays et ailleurs, les premiers arbres puis les parcs et les forêts enracinées dans la liberté, la paix, la démocratie, le développement, la justice sociale et le mieux être.

SH, le 6 août 2011
Le Quotidien d’Oran


Mercredi 10 août 2011

BOIS DES PINS FAIT DES ÉMULES



Des femmes se battent contre la construction d’une tour à Blida

L’avenue Kritli-Mokhtar à Blida, route principale qui donne accès à l’autoroute Blida-Alger, a été fermée, hier, à la circulation par des femmes à l’aide de pierres et de parpaings, et ce, pour dénoncer le projet de construction d’une tour de 10 étages dans leur impasse.
Mais avant cette fermeture, une bataille rangée a opposé les riveraines de cette impasse à des personnes inconnues, venues à bord de cinq voitures, nous dit-on, pour arracher des arbres et démolir un mur en vue de la construction de la tour. Les habitantes de ce quartier se sont défendues contre la destruction de ce mur qui, pour elles, constitue la preuve que le terrain devant accentuer le projet se trouve dans une impasse. Et ce mur demeure la pierre d’achoppement avec le promoteur, nous fait-on savoir. N’était l’intervention de la police qui a arrêté les inconnus, la situation aurait tourné au drame. Des femmes de ce quartier ont été interpellées pour être auditionnées. Ces dernières, qui refusent qu’une tour de 10 étages soit construite dans leur impasse, ont usé de moyens juridiques pour arrêter le projet. Ainsi, elles ont obtenu gain de cause mais le promoteur, soutiennent-elles, n’en a pas fait cas et continue la construction. A noter que sur ce terrain était bâtie une villa que le promoteur avait achetée pour réaliser son projet.

M. B. Le Soir d’Algérie. 10 août 2011


LA TOILE DE FOND SUR LAQUELLE SE MULTIPLIENT LES SCANDALES DE LA GOUVERNANCE DÉSASTREUSE
DONT NOUS DONNE L’EXEMPLE LE MASSACRE DU BOIS DE PINS

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-les-predateurs-et-l-etat-le-deal-de-la-honte-81276740.html

Mercredi 10 août 2011

Les prédateurs et l’Etat : Le deal de la honte

Les « indiscrétions présidentielles » que nous livre aujourd’hui, à la une, Le Soir d’Algérie, un mois après les faits évoqués, donnent la mesure des contradictions véritablement antagonistes qui oppose toute volonté de changement - et nous en créditons aussi le chef de l’Etat-, aux mécanismes occultes de pouvoir, à travers lesquels se gère depuis des décennies, le deal de la honte conclu contre le peuple entre les prédateurs et les institutions décisives de la République, c’est-à-dire la présidence de la République et l’institution militaire.
En voulant se dédouaner à l’égard du vote scélérat de son assemblée nationale, Bouteflika met le doigt, espérons le délibérément, sur l’un des nœuds du malheur algérien.
S. A.

Importation de la friperie et revente des logements LSP

L’Executif corrige le parlement

« Quelle alliance ! Quelle alliance ! Quelle alliance ! » C’est Bouteflika qui parle... La scène a eu lieu au dernier Conseil des ministres, le 11 juillet dernier et c’est là que les membres du gouvernement découvrent, ébahis, toute la colère de Bouteflika contre les partis de l’Alliance et l’Assemblée.

« Pour un exploit, c’en est vraiment un ! Bravo ! Une alliance de la friperie. On aura vraiment tout vu », répétait, en hochant la tête et en dirigeant son regard foudroyant vers les deux des trois chefs des partis de l’Alliance assis à côté de lui, Ouyahia et Belkhadem. « Ça, c’est une alliance ! » insistera encore Bouteflika, répétant la phrase en arabe, chose qu’il ne fait que rarement dans les réunions officielles. Bouteflika, selon une source digne de foi, enchaînera aussitôt, comme pour montrer tout le mépris qu’il éprouve pour l’APN : « Vous voyez maintenant pourquoi j’ai toujours préféré légiférer par ordonnance ? ».

Il n’en dira pas plus et changera aussitôt de sujet, mais le message est passé. Fin juin, pour rappel, l’Assemblée de Abdelaziz Ziari a réussi enfin à faire parler d’elle en « osant » imposer un amendement. Et quel amendement ! Un lobby spécialisé dans l’importation de la friperie, sévissant particulièrement au niveau des wilayas frontalières dans l’est du pays, avait réussi en effet à introduire, dans la loi de finances complémentaire pour 2011, un article autorisant l’importation de ces produits usagés, pourtant prohibés depuis 2008.

Le ministre des Finances, Karim Djoudi, redoublera d’ingéniosité et mettra tout son savoir-faire ès sciences de la finance pour « piéger » à terme cet amendement. « Il avait réussi dans une première phase à introduire une modification faisant que l’importation de la friperie n’était autorisée que par voie maritime. Ce qui maintient l’interdiction au niveau de nos frontières, notamment à l’est d’où est introduit traditionnellement le gros de la marchandise », nous confie une source gouvernementale. « Mais là où Djoudi a réussi un coup de maître, c’est l’ajout consistant à préciser que ledit amendement devra faire l’objet, pour son application, d’un texte réglementaire. Et là, ils peuvent attendre », ajoutera notre source, ironique.

Tout est donc dans ce texte d’application, carte maîtresse entre les mains du gouvernement. Lors de l’examen de la loi de finances pour 2012, vendredi et samedi derniers, Ouyahia, sur instruction de Bouteflika, avait laissé donc l’amendement relatif à la friperie tel quel. « Pourquoi ? Pourquoi créer des vagues au sujet d’un amendement inapplicable de toutes les manières ? » justifie notre source. « Cela donnerait l’impression que l’exécutif méprise le Parlement. »

Or, le gouvernement ne s’encombra pas de scrupules de ce genre pour supprimer net, l’autre amendement, certes moins médiatisé mais tout autant indu qu’est celui relatif à l’incessibilité du logement social participatif (LSP). Largement soutenu par l’Etat, le LSP fera l’objet d’un assaut d’un lobby, quasiment le même que pour la friperie qui a « réussi » un amendement, lors de la même session parlementaire et sur la même LFC 2011. En vertu de cet amendement, quiconque pouvait soumettre à la vente un logement LSP pour peu qu’il rembourse les 700 000 DA représentant l’apport consenti par l’Etat en guise d’aide.

« Or, Ouyahia surprendra tout le monde lors de la dernière réunion en ordonnant tout simplement de supprimer cet amendement », nous confie encore notre source. « Le Premier ministre fera remarquer, à juste titre, que l’aide réelle de l’Etat excède largement les trois millions de dinars en prenant en compte les différentes exonérations fiscales dont bénéficie en amont et le bénéficiaire du logement et l’entrepreneur qui le construit. »
Les initiateurs de cet amendement reviendront-ils à la charge lors de la soumission de cette loi de finances au Parlement ?
Peu probable avec l’ire présidentielle évoquée plus haut et l’approche de la période tant attendue par tous, celle de la confection des listes de candidatures pour les législatives. Des listes, pour rappel, confectionnées par les chefs de parti justement…

Kamal Amarni. Le Soir d’Algérie. 10 août 2011



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