Accueil > NATION-ALGERIE > MALGRÉ LES CACIQUES ET LE « VOTE MILITAIRE », TAM... RÊVE DU CHANGEMENT - ET (...)

MALGRÉ LES CACIQUES ET LE « VOTE MILITAIRE », TAM... RÊVE DU CHANGEMENT - ET SI LA TACTIQUE DU POUVOIR S’ETAIT RETOURNÉE CONTRE LUI ?

vendredi 11 mai 2012

Au delà des résultats chiffrés des élections législatives, il est important de scruter les évolutions en profondeur dans la société civile et le champ politique, à contre-courant de la chape antidémocratique des appareils du pouvoir et des pratiques politiciennes du plus grand nombre de partis.

L’article de Adlene Meddi, sur Tamanrasset, est l’une des illustrations des courants invisibles mais vivaces qui parcourent et façonnent une Algérie en gestation, tels que les évoque l’éditorial de Salima Ghezali dans La Nation en ligne de cette semaine.
Aux projets et acteurs politiques émergents d’accompagner dans l’action unie ces mouvements tectoniques.

Malgré les caciques et le « vote militaire », Tam rêve du changement

Et si la tactique du pouvoir s’était retournée contre lui ? À 2000 km plein sud des décisions centralisées d’Alger, la société civile de Tamanrasset a trouvé, dans la multiplication des partis, une brèche pour tenter de casser le monopole des féodalités politiques régnantes depuis des décennies. La mobilisation autour de listes inédites renseigne sur une possible fin de règne du trio FLN-RND-MSP.

« Même si on n’obtient rien au niveau des résultats des élections, la mentalité des gens aura changé, et c’est déjà ça de gagné, lance Hadjira Gheriani, dont le mari, Arqoubi Amghir, préside l’unique liste indépendante de Tamanrasset. Nous, nous parlons de programme, nous avons été l’une des rares listes à imprimer et à distribuer un programme sous forme de dépliants, et cela a plu aux gens. »
Du coup, la liste indépendante n’a pas eu de difficultés à rassembler les 2000 signatures requises. « Les gens nous ont aidés et ramené de la nourriture lors des meetings », témoigne Hadjira. « Dès qu’on parle partis politiques, les gens passent leur chemin en refusant de nous parler parce qu’ils nous assimilent aux ‘‘grands partis’’qui ont verrouillé durant des années la représentation populaire, témoigne un candidat novice de Tamanrasset.

Ces ‘‘grands partis’’ ont fait beaucoup de mal à l’action politique sincère parce qu’ils avaient longtemps misé sur les divisions tribales et régionales et, une fois, arrivés au Parlement à Alger, ils ne représentaient que leurs intérêts et ceux de leurs chefs dans la capitale. »
« Tout ce qui reste aux partis prépondérants, c’est de convoquer les fameuses “réalisations’’, à commencer par le transfert d’eau d’In Salah :
“Nous vous avons ramené de l’eau de 700 km de là’’, claironnent-ils, appuie un fonctionnaire de Kabylie habitant Tamanrasset depuis une dizaine d’années, mais cette eau-là ne sert même pas à faire du thé comme ironisent mes amis d’ici. »
« Pire encore, le RND, le FLN et cette drôle d’Alliance verte continuent à mener le même jeu malsain des supposées divisions raciales ou tribales dans un contexte tendu et aggravé par les événements du si proche Nord-Mali », ajoute le fonctionnaire.

« Des politiciens d’ici ont toujours tenté de diviser les gens pour leur propre calcul électoral ou même matériel », assène Boudjemâa Blaou, 29 ans, tête de liste du PRA.
« Nous sommes jeunes, diplômés, représentant plusieurs régions de la wilaya et nous avons des camarades femmes aussi. Notre programme insiste aussi sur la lutte contre le racisme et le régionalisme : Tamanrasset n’appartient pas qu’à ses enfants, des Algériens des 48 wilayas ont construit Tam, des étrangers aussi ! Il nous faut sortir de ces vieux schémas. Les gens ne croient plus les “grands partis’’ et leur recette », ajoute Blaou.

« Ici, on vote pour les gens »

« Nous n’étions pas tentés par la politique, nous sommes un groupe de jeunes qui transmettions les problèmes des citoyens aux autorités locales. Mais ces dernières ne nous reconnaissaient pas comme interlocuteurs valables, elles ne veulent parler qu’à des partis, pas à la société civile. Alors, nous nous sommes engagés dans cette liste », explique Blaou, également journaliste à la station locale de la télévision et qui vise aussi les prochaines élections locales.
« Je prévois une importante participation aux législatives, assure l’ancien sénateur de Tam, Othman Benmessaoud. Le grand nombre de candidats et de listes (32 listes à la place d’une dizaine lors des dernières législatives) a ouvert de nouvelles perspectives. Il y a aussi beaucoup de jeunes parmi les candidats et ici, à Tamanrasset, on vote pour les gens pas pour les partis. »

« Oui, on est optimistes pour ces élections parce que les candidats ont donné un souffle nouveau, un nouveau visage à Tamanrasset, à l’image de la tête de liste d’El Infitah, une femme, Zohra Benmessaoud, une première à Tamanrasset. Mais l’administration restera-t-elle neutre jusqu’au bout ?
J’en doute »
, nuance un membre de la commission de surveillance de wilaya.
À Outoul (voir reportage), les premiers électeurs venus en masse au bureau de vote itinérant étaient des militaires, en civil, réveillés très tôt pour l’occasion. « Ce “vote militaire’’ est vraiment inquiétant : si jamais les gens d’ici arrivent à connaître le pourcentage de militaires qui votent dans la wilaya, il y aura du grabuge. Les gens ne comprendront pas pourquoi des électeurs venus d’ailleurs votent pour des représentants des habitants d’ici », chuchote un fonctionnaire de la wilaya. Combien sont-ils ces militaires injectés dans le corps électoral ?

« Secret d’Etat », répond le fonctionnaire. « Quoi qu’il en soit, ces législatives ne sont qu’un déclencheur, nous continuerons à militer sur le terrain, à sensibiliser les citoyens parce qu’il reste beaucoup à faire dans tous les secteurs : emploi, santé, logement », s’enthousiasme Boudjemâa Blaou, tout en se démenant pour trouver plus de carburant pour les véhicules devant suivre les bureaux itinérants.

La bataille autour des cinq sièges à l’APN s’annonce décisive.
L’après-élections aussi.

Adlène Meddi

Du même auteur, l’article suivant http://www.elwatan.com/edito/le-fis-a-defaut-20-01-2012-155569_171.php

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Lien hypertexte

    (Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)