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FARDEHEB : ÉCHOS D ’UNE COMMÉMORATION

jeudi 4 octobre 2012



"...LA LUTTE DE MON PÈRE, HIER, POUR SON PAYS, EST PORTÉE AUJOURD’HUI PAR DE NOUVELLES GÉNÉRATIONS" - Amel Fardeheb - Oran - le 27 septembre 2012



COMME LE « i » - Poème de Fateh AGRANE - lu le 26 septembre 2012 à Oran - pour rendre hommage à la mémoire de Abderrahmane FARDEHEB


À la famille FARDEHEB - message de OUAFI Mohamed reçu à socialgerie



HOMMAGE À ’ABDERRAHMANE FARDEHEB, MON AMI, MON CAMARADE - MESSAOUD BENYOUCEF - ancien professeur de philosophie - écrivain, dramaturge - mis en ligne http://chiricahua.over-blog.com.


CONTRIBUTION À LA RÉFLEXION SUR DES PROBLÈMES CRUCIAUX DE L’ECONOMIE ALGÉRIENNE - en hommage au regretté Professeur Abderrahmane Fardeheb de l’Université d’Oran - par Abdelatif Rebah
- le 23 septembre 2012



HOMMAGE À ABDERRAHMANE FARDEHEB - POUR TOUS LES DAHMANE - Arab - septembre 2012


autres messages reçus à socialgerie :

LES GRANDS HOMMES NE MEURENT JAMAIS - message de Meriem Zenati

évènement « HOMMAGE à CHEB HASNI » - message de kardenote du 28 septembre 2012


articles précédemment mis en ligne par socialgerie


HONNEUR À FEU ABDERRAHMANEFARDEHEB :
MESSAGE DE SADEK HADJERES - article 930, mis en ligne le jeudi 27 septembre 2012.

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26 SEPTEMBRE - ORAN :
HOMMAGE à ABDERRAHMANE FARDEHEB
brève 555, mise en ligne le 23 septembre 2012
Invitation - Programme - Biographie - Bibliographie.

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HOMMAGE À FEU ABDERRAHMANE FARDEHEB :
CHANGEMENT DU LIEU DE COMMÉMORATION - article 929, mis en ligne le 26 septembre 2012.

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HOMMAGE AU CAMARADE ABDERRAHMANE FARDEHEB
article 573 mis en ligne le 26 septembre 2011
repris par Le Soir d’Algérie le 26 septembre 2012
Sa femme ZOULIKHA et sa fille AMEL rendent hommage au mari et compagnon, au père, à notre camarade FAREDEHEB assassiné par la main intégriste islamiste un matin du 26 septembre 1994

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24 MARS - MARSEILLE : RENCONTRE "AJOUAD ALGÉRIE MÉMOIRES" - brève 486, mise en ligne le 21 mars 2012

http://elajouad.blogspot.com/2011/03/manifeste-ajouad-algerie-memoires.html


"...LA LUTTE DE MON PÈRE, HIER, POUR SON PAYS, EST PORTÉE AUJOURD’HUI PAR DE NOUVELLES GÉNÉRATIONS"

Amel Fardeheb
Oran - le 27 septembre 2012

Je suis heureuse de me retrouver parmi vous aujourd’hui, même si ça ne se passe pas tout à fait comme prévu. L’hommage à mon père assassiné le 26 septembre 1994 devait avoir lieu à l’ENSET lorsqu’hier, à la dernière minute nous avons appris que l’accès nous a été refusé.

Il aurait été tout à fait normal et logique que cet hommage se tienne au sein de l’université que mon père devait rejoindre comme tous les matins, lorsqu’il a été assassiné. Pourtant, de telles commémorations pour des universitaires, ont déjà eu lieu au sein de la même institution.

Je me rends compte, à présent, qu’un hommage à Abderrahmane Fardeheb, a été jugé inacceptable au sein de l’université. Pourquoi une telle réaction ?

18 ans après son assassinat, alors qu’il gît dans sa tombe, il continue à déranger. Rien donc n’aura changé et la lutte de mon père, hier, pour son pays, est portée aujourd’hui par de nouvelles générations, elle reste absolument actuelle.

Ce refus et ce rejet est pour nous une autre blessure. Pas une seconde mort car il ne s’agit que d’une décision arbitraire à laquelle nous sommes habitués ; une hogra qui nourrit encore plus ma colère.
Comme le disait un ami hier soir, nous devions, sa famille, ses amis, ses anciens étudiants nous retrouver à l’ENSET, deux petites heures, le temps d’une évocation intime, le temps de retracer son parcours d’homme universitaire, de chercheur, d’homme de sciences et de savoir. Rien de plus. Sans aucune arrière pensée, ni ambition politique. Ainsi, l’argument avancé pour nous interdire la cérémonie à l’université est d’autant inacceptable. Plus que jamais, ce refus injuste doit nous pousser, et c’est là notre devoir, à lutter contre l’amnésie collective qui nous menace, et à ne pas oublier toutes ces femmes et tous ces hommes qui rêvaient d’une Algérie meilleure, moderne, et qui ont été assassinés. Il est important de préserver cette mémoire, de la protéger et de la nourrir. Aujourd’hui, tout tend à l’effacer et la piétiner. Le déni de mémoire les assassine et les enterre une seconde fois.

Je vous avoue que cet hommage, le premier à Oran, chez lui, nous l’attendions depuis longtemps ma mère, mon frère et moi-même.

En 1997, l’université de Grenoble avait déjà honoré le mémoire de mon père à la faculté des sciences économiques où il avait soutenu sa thèse de doctorat d’Etat sous la direction de Gérard De Bernis. Une salle de cours y porte, depuis, le nom Abderrahmane FARDEHEB.

En ce jour anniversaire, dans la ville qu’il aimait tant, ses amis et anciens étudiants, lui rendent cet hommage.

Je voudrais souligner que la qualité première de mon père était sa foi en la jeunesse de son pays, en ses étudiants au service desquels il avait mis tout son savoir et son énergie. Dire aussi que, humaniste convaincu, il se battait pour un idéal de paix, de fraternité et pour une Algérie démocratique où règneraient la prospérité, l’équité et la justice .

C’est pour tout cela qu’il est mort.

Je suis très émue mais heureuse de vous revoir tous ici présents. Le temps a fait que nos chemins se sont séparés hélas. J’ai perdu de vue certains, et c’est à présent l’occasion de nous rassembler et de nous retrouver tous, pour honorer la mémoire d’un Homme, mon père qui a été le frère, l’ami, le collègue, le camarade, le voisin de chacun d’entre vous.

Je finirais en remerciant Adnan, à l’origine de cette commémoration en lui demandant de nous pardonner pour tous les tracas que nous lui aurions causés. Un grand merci à Fatma et à Malik qui m’ont soutenue dans les pires moments d’incertitude et sans qui cette rencontre n’aurait pas eu lieu.

Un grand merci à tous les intervenants présents ce jour :
Hassan Remaoun, Makhlouf Amer, Benabbou Senouci, Abdellilah Radia et Kader, Kateb Said, Fatma Boufenik, Raja Alloula, Zine Sebbagh.

Merci à ceux qui n’ont pu être présents, et qui ont participé par leurs témoignages et textes : Sadek Hadjeres, Abdelatif Rebah, Arab Izerrouken, Mohamed Ghalem et Fouad Hakiki. Des textes qui relatent un long parcours de mon père, aussi bien dans sa vie universitaire, syndicale que politique.

Merci à l’association "le petit lecteur" de nous avoir accueillis, et ma gratitude à vous tous qui êtes présents.

Amel Fardeheb.

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POÈME DE FATEH AGRANE
lu le 26 septembre 2012
à Oran
pour rendre hommage à la mémoire

de ABDERRAHMANE FARDEHEB

Émouvant moment ou la vie d’un humble et grand homme a
été revisitée !
Celle de mon camarade Abderrahmane Fardeheb
Avec qui j’ai partagé un idéal de luttes et de combats
et pour lequel j’ai
tenu en cette journée du 26 septembre à lire un poème à sa mémoire
je le remets pour ceux et celles qui n’étaient pas présents
Fateh Agrane

Comme le « i »

Je t’aime comme le « i »
Fier droit résolu
Et si la tête vacille
Tu seras en moi enfoui
Et qu’on t’enlevât le tronc
Alors point, Je te suis !

******

_2_

Je t’aime comme le « i »
Soleil sur ma tète rêveuse
Et quand viendra la nuit
Ma barre s’allongera joyeuse
Pour couvrir de fruits
Tes branches, ô ! Frileuse

******

_3_

Je t’aime comme le pain
Ou des grains à moudre
Dans la bouche des gamins,
Comme l’éclair de foudre
De tous ceux qui ont faim
Et rêvent d’en découdre

******

_4_

Je t’aime comme ma mère
Qui porte pour nous un présent
Qu’elle a conservé en terre
Pour nous l’offrir chaque instant
Ouvre-le c’est dans sa chair
Un collier de balles luisant

******

_5_

Ouvre n’aient crainte pupilles
Avec balles il y a du corail
Et des émeraudes qui brillent
Une blanche robe à ta taille
Et des « Rdif * » aux chevilles
Ouvre et sois toujours mon « i »

******

_6_

Je t’aime comme mes filles
En strates barricades d’amour
Plante en la nuit ta vrille
Perce mon point du jour
Mes sources ne sont taries
Et mes terres sont labours !

******

_7_

Comme un « i » idéal rêve !
Sois barricade, sois grève
Sois résistante que j’aime
Sois à l’humain emblème
Je te porterai dans ma tête
Dans mes peines et mes fêtes !

******

_8_

Je t’aime comme un « i »
Qui casse mais ne plie
Comme ce défi plaisir
Dont je suis épris
À ne plus en finir
Pour pouvoir t’écrire !

Fateh Agrane, le 1er juin 2012

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À la famille FARDEHEB

message de OUAFI Mohamed
reçu à socialgerie

Quelle émouvante commémoration, et quel bel hommage, ce 26 septembre 2012, a reçu FARDEHEB Abderahmane.

Nous avons été pris dans un tourbillon d’émotions, de sentiments, de souvenirs pour tous ceux qui on été assassinés et de rage contre les forces des ténèbres, de l’obscurantisme, de l’arriération et du crime.

Quelle belle rencontre, si nécessaire et si attendue, qui a fait grandir l’espoir que ceux qui ont l’âge de Amel n’abandonneront jamais la voie de la justice, de la liberté et du progrès tracée par Aberahmane et ses camarades, ses amis, ses frères qui se sont sacrifiés pour le bonheur du peuple algérien.

Amel tu as été magnifique, tu as rayonné dans cette salle de petits lecteurs au mileu de livres et d’images qui traduisent qu’on continuera à lire l’histoire de ta famille.

Les idées de ton père resteront vivantes pour toute l’éternité, que la vie continue, que le combat continue et que l’espoir habite le coeur des vivants et l’esprit de ceux qui sont partis sans avoir le temps de nous embrasser.

Amel, tu as été courageuse, tu as l’âge de ma fille Khalida, et elle aurait pu être à ta place, tu as été merveilleurse.
Ton père est fier de toi, là où il est, et il dit à ses assassins et à leurs commanditaires, avec son sourire particulier : Je suis toujours vivant

À ton frère bonne réussite, à ta mère longue vie et à toi fleur éternelle, ton père est fier de toi comme nous le sommes.

OUAFI Mohamed

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HOMMAGE À ’ABDERRAHMANE FARDEHEB,
MON AMI, MON CAMARADE.

MESSAOUD BENYOUCEF
Ancien professeur de philosophie
Écrivain, dramaturge

http://chiricahua.over-blog.com

’Abderrahmane et moi avons été des compagnons de lutte au sein du syndicat des enseignants, la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture (FTEC), à la Ligue algérienne des droits de l’homme (LADH) et au Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS). Nous sommes devenus des amis.

J’ai connu ’Abderrahmane quand il était jeune assistant à l’université d’Oran. J’étais alors responsable fédéral de la FTEC. En cette qualité, j’ai été à l’origine de la création de la première section syndicale de l’université d’Oran, au début des années 70. C’est ’Abderrahmane qui a été la cheville ouvrière des préparatifs, longs et difficiles. Il a fallu vaincre l’opposition du rectorat et l’hostilité du FLN. Notre travail, subtilement combiné - moi de l’extérieur, lui de l’intérieur- porta finalement ses fruits : la section syndicale de l’université se mit en place et ’Abderrahmane en fut le premier secrétaire général.

Je me souviens de l’une des premières affaires qu’elle eut à affronter : l’enlèvement du fils de Monique Gadant, citoyenne française, professeur de philosophie à l’université d’Alger et, par ailleurs, compagne de ’Abdelhamid Benzine, l’un des dirigeants clandestins du PAGS. Ce rapt fut l’œuvre de la Sécurité militaire qui soumit l’adolescent de quinze ans à la torture dans le but d’obtenir des renseignements sur son beau-père. Les enseignants français de l’université d’Alger se mirent immédiatement en grève à l’appel de leur syndicat, le SNESUP ; leurs camarades d’Oran suivirent et sollicitèrent leurs collègues algériens pour un arrêt de travail concerté. C’était très risqué pour nous étant donné les enjeux politiques sous-jacents mais nous n’avons pas hésité une seule seconde à apporter notre soutien à nos camarades français, ’Abderrahmane, en engageant la section syndicale et moi, la Fédération.

J’entends encore les insultes et les menaces du recteur dans son bureau, où nous lui faisions face, mon ami et moi : tout juste s’il ne nous pas accusés d’être des « traîtres à la solde de l’ancienne puissance coloniale » ! L’épanchement nationaliste grotesque du recteur était, en réalité, un aveu : face à un homme -’Abderrahmane, car c’était lui le plus exposé de nous deux- qui avait eu le courage tranquille de dénoncer le rapt et la torture d’un adolescent de quinze ans et qui était à l’origine du premier arrêt de travail à l’université, le recteur -qui ne devait son poste qu’à sa servilité à l’égard du groupe d’Oujda- devait percevoir toute l’étendue de sa propre insignifiance.

Au comité d’Oran de la Ligue algérienne des droits de l’homme -formé au départ du quatuor Maître Mahi Gouadni, l’âme du comité et sa cheville ouvrière, Maître M’hamed Ferhat, ’Abdelkader ’Alloula et moi-, vint s’adjoindre ’Abderrahmane : il s’agissait de renforcer le comité pour pouvoir faire face aux tâches multiformes qui l’attendaient. ’Abderrahmane apporta le sérieux qu’il mettait à l’accomplissement de la tâche la plus humble, ainsi que son renom d’homme intègre.
Durant les journées d’octobre 1988 -le complot politicien durant lequel des centaines de jeunes ont été torturés ou tués par l’armée et les services de sécurité-, la SM rechercha deux membres de notre comité, ’Abderrahmane et ’Abdelkader ’Alloula : perquisitions chez eux, insultes, armes brandies. Heureusement, ’Abderrahmane était en France, participant à un colloque d’économistes dirigé par Paul Boccara, et ’Abdelkader était à l’abri. La veille, en effet, disposant d’une information vérifiée, j’avais prévenu tous les camarades d’avoir à se mettre en lieu sûr, ce que je fis moi-même. Quand ’Abderrahmane rentra de France, le comité de la ligue au grand complet l’attendait à l’aéroport d’Es-Sénia, afin de parer à toute éventualité.

En décembre 1990, quand se tint le premier congrès du PAGS, je faisais partie, avec ’Abderrahmane, de la délégation d’Oran. Nous avons demandé tous deux à travailler dans la commission politique, celle où allait se jouer le sort du congrès et celui du parti. En effet, durant la période préparatoire, les militants du parti eurent à connaître d’un projet de "résolution politique et idéologique" qui identifiait la contradiction principale comme étant celle qui opposait "l’Algérie moderne" à "l’Algérie archaïque". Le texte appelait à la constitution d’un "Front de l’Algérie moderne" qui se constituerait en opposition à celui de l’Algérie archaïque, c’est-à-dire le "Front islamique du salut" (FIS). Sur le plan économique le projet de plate-forme appelait de ses vœux un capitalisme moderne sous la conduite d’un État aux mains des seuls modernes. Ce texte, d’un simplisme effrayant et irresponsable -il appelait à rien moins qu’à casser un même pays et un même peuple en deux-, risquait d’abord de briser le parti lui-même. On s’apercevra, après coup, qu’il avait été effectivement élaboré dans ce but.

À la commission politique, ’Abderrahmane, Lakhdar Belhassine, Djamal Labidi et moi, nous sommes relayés pour attaquer et rejeter le projet de résolution ; la majorité des membres de la commission nous était acquise. C’est alors que deux membres de la direction du parti -’Abderrahmane Chergou et Hadj Bakhtaoui- firent irruption dans la salle, en compagnie d’autres militants ; ils tentèrent de faire pression sur la commission et menacèrent, en termes crus, Djamal Labidi. ’Abderrahmane, Benhassine et moi avons exprimé notre indignation contre ces méthodes dignes du FLN caporalisateur et avons menacé de quitter la salle pour en référer au congrès. Les deux membres de la direction battirent en retraite, suivis de leurs seconds couteaux. Le projet de résolution, dont on apprendra que Bakhtaoui était l’auteur, fut donc coulé.

Malheureusement, cela ne suffit pas à sauver notre formation politique qui éclatera peu après à l’initiative de Hachemi Cherif. Ce dernier, désigné « coordinateur » du parti, trahira les résolutions du congrès en prononçant la dissolution du PAGS et en concrétisant le projet insensé de "Front de l’Algérie Moderne" par la création du soi-disant Tahadi. La base du parti apprendra petit à petit les détails du complot qui a emporté le PAGS : Bakhtaoui, alias Francis, agent de la SM infiltré au plus haut niveau du parti, en était le maître d’œuvre ; il fut puissamment aidé par, au moins, deux membres de la direction, A. Chergou et C. Hachemi. Quant aux autres membres du Secrétariat, on ne sache pas que, hormis le Premier secrétaire, Sadek Hadjerès, isolé et neutralisé par les conspirateurs, il se soit trouvé quelqu’un pour tenter de s’opposer en quelque façon au complot et à ses auteurs.

Quant à nous, cher ’Abderrahmane, nous avons tenu notre rang dans l’honneur et le respect de la parole donnée, celle de l’engagement d’une vie.

Ami, combien j’admirais ton intégrité morale, ta générosité confondante, ta patience aux autres et ta modestie ; l’apanage des grands. J’admirais encore ton calme, ta sérénité, la solidité de tes convictions.
Et comme j’étais ému, moi fils de paysans pudibonds, devant ton amour si manifeste pour ta femme et tes enfants.
Comme je te faisais rire aux éclats et sans retenue avec mes expressions en arabe bédouin, celui de mes origines, toi le citadin policé et discret.

Les cerveaux tortueux et fourbes qui ont planifié ton assassinat et les mains lâches et viles qui l’ont exécuté sont les mêmes que ceux qui ont planifié et exécuté celui de ’Alloula. Avec toi et ’Abdelkader, nous avions deux djouads à Oran. Moi, qui ai eu la chance et le privilège de vous avoir eus tous deux pour amis, je ne me console pas de votre mort.

’Abderrahmane, mon ami, mon camarade, tu es dans mon cœur pour l’éternité.

MESSAOUD BENYOUCEF
Ancien professeur de philosophie
Écrivain, dramaturge

Sources
http://chiricahua.over-blog.com/article-hommage-a-abderrahmane-fardeheb-110577656.html

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en hommage au regretté Professeur Abderrahmane Fardeheb de l’Université d’Oran

CONTRIBUTION À LA RÉFLEXION SUR DES PROBLÈMES CRUCIAUX DE L’ECONOMIE ALGÉRIENNE

par Abdelatif Rebah,
le 23 septembre 2012

« Les collègues, amis et camarades du regretté Professeur Abderrahmane Fardeheb de l’Université d’Oran ont eu l’idée stimulante et combien prometteuse d’honorer sa mémoire en organisant cette rencontre dans ce lieu qui invite à la réflexion et à l’échange scientifiques. J’ai voulu m’associer à cet hommage par cette contribution à la réflexion sur des problèmes cruciaux de l’économie algérienne, aujourd’hui, au sujet desquels Abderrahmane Fardeheb aurait apporté de précieux éclairages et fourni de rigoureuses analyses ».

L’économie algérienne, 50 ans après l’indépendance : retour à la case départ ? Il y a cinquante ans, l’Algérie accédait à l’indépendance, confrontée (...)


HOMMAGE À ABDERRAHMANE FARDEHEB

POUR TOUS LES DAHMANE

Comme presque tous les jours, il s’est levé ce 26 septembre 1994 au petit matin. Accompagné de sa fille Amel, qui lui avait promis de réussir son bac, il s’est dirigé vers sa voiture garée dans le parking de la cité. Une cité quelconque. Sa voiture, si je ne m’abuse, était une « 4L » couleur crème. C’est dans cette cité banale presque laide qu’habitait, avec sa famille ; sa fille, son fils et Zoukka sa femme, sa compagne de toujours, le professeur Abderrahmane Fardeheb. On est là, vraiment, aux antipodes du cliché bien servi du taghout ».

Enseignant universitaire, Professeur d’économie, militant infatigable, Dahmane était proche des gens, des « petites gens », c’est à dire de toutes celles et de tous ceux qui n’ont que leur force de travail à mettre sur le marché de la « location/vente » ou – et ce n’est pas le pire, le pire est comme la visse sans fin - le trou noir de l’horizon bouché de leur vie de parias.

Modeste jusqu’au bout des ongles, optimiste jusqu’aux confins des sanglots, des cris et des gerçures que la misère et la souffrance enfantent après des viols répétés. Tenace, intransigeant jusqu’aux limites dessinées au scalpel sur son cortex par sa conscience et sa quête fantastique d’absolu. C’est que Dahmane, comme tous les quêteurs d’absolu, les rêveurs impénitents, celles et ceux qui sont prêts à « plaider coupables pour crime de rêver », était d’une honnêteté nue qui parfois, peut-être même souvent, probablement toujours se confond avec la naïveté puérile des petits mômes dormeurs qui sont en chacun de nous et qui se réveillent quand on s’abandonne à nous mêmes, quand on se fait face à face avec « notre autre ».

Dahmane, pour aller vite, fût, son existence durant, un homme entier, un juste.

Pour ne pas trop céder aux circonstances, au convenu et à ce qu’ils commandent, pour ne pas verser dans le dithyrambe, on n’éludera pas que l’intransigeance de Dahmane avait parfois l’heur d’indisposer et même d’irriter ses interlocuteurs quand des désaccords surgissaient. Mais peut-on seulement concevoir qu’un homme de tant de conviction et à ce point entier (et ça vaut, faut-il le souligner, autant sinon plus pour une femme) pût renoncer, pour le plaisir de faire plaisir, à défendre ses idées jusqu’à l’apnée ! D’ailleurs, et même si cela pouvait se décliner comme un défaut, eh bien, Dahmane n’avait que le défaut de sa qualité !

Je reviens … à cette funeste journée, celle du 26 septembre 1994, sur le parking de cette cité, quelconque, presque laide, des coups de feu ont été tirés, le Professeur, sous les yeux de sa fille, est tombé à terre. Il ne se relèvera plus, son corps ne se relèvera plus. Ses idées dans ce qu’elles ont d’essentiel et de fondamental, continuent lentement leur chemin. Demain, espiègles, cheminant à travers cette terre qui est la nôtre, cette terre qui nous possède à jamais, cette terre à laquelle, un jour, nous y retournerons tous, ses idées feront un bras d’honneur à la bêtise et à la haine.

En dépit des souffrances et de la douleur ressenties, en dépit des injustices vécues, des lâchetés indicibles, des compromissions, voire des trahisons …, en dépit des perspectives bouchées et des horizons encore bien obscurs, faut-il baisser les bras et céder au défaitisme ? Faut-il renoncer à la « philosophie de l’optimisme historique » ? En un mot comme en mille, faut-il être « optimiste pour le pessimisme » ?

Les sacrifices consentis par notre peuple, la présence, aujourd’hui, au centre de cette réunion, de feu notre ami, notre camarade, notre compagnon, notre professeur, feu Abderrahmane Fardeheb, est là pour nous le signifier avec force, ne sont pas, ne doivent pas, ne peuvent pas être et… ne seront jamais vains.

Il est vrai qu’on s’est quelque peu assoupi. Mais heureusement que se produit de temps à autre ce bruit sourd de l’absence qui nous rappelle, le temps d’une évocation, d’un hommage, à la plus basique de nos obligations. Pour nous appeler au plus sommaire de nos devoirs, le devoir de mémoire. Ne pas oublier ! Ne pas t’oublier, Si Abderrahmane ; non pas pour cultiver la haine, mais bien pour en prendre de la graine et faire en sorte que le drame vécu soit définitivement derrière nous.

Pour qu’enfin nous puissions dire avec la certitude d’être entendus et pour toujours :

« Plus jamais çà ! »

Arab - Septembre 2012

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LES GRANDS HOMMES NE MEURENT JAMAIS

message de Meriem Zenati
reçu à socialgerie
le 29 septembre 2012


J’ai lu l’hommage fait dans le Soir d’Algérie le 26 septembre 2012
à votre mari à votre père et cela m’a beaucoup ému et ne dites pas que sa mort est vaine car même si vous voyez que le pays coule mais si 50 ou 20 ou 10 ou 1 personne pense que Abderrahmane Fardeheb était un grand homme, il aura eu au moins ce mérite, il vivra toujours dans le cœur des gens et il est exceptionnel ne serait-ce qu’à travers vous en voyant ce qu’il a fait de ses enfants, de ce qu’il leur a inculqué.

Moi en parfaite inconnue je suis fière de cet homme qui avait un courage sans pareil Allah irahmou et Dieu le récompensera pour avoir été honnête.

M.Z.

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en réponse au message de Sadek Hadjerès
HONNEUR A FEU ABDERRAHMANE FARDEHEB

message de kardenote
reçu à socialgerie, le 28 septembre 2012

Je ne sais comment vous remercier de nous rappeler de cet anniversaire.

On vient de créer un événement « HOMMAGE à CHEB HASNI » sur Facebook

avec une petite video d´hommage à Cheb HASNI.

Nous y avons publié votre article

soyez les bien venus, venez nous rejoindre si vous voulez bien.

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FORUM SOCIALGERIE

FARDEHEB : ÉCHOS D ’UNE COMMÉMORATION

15 janvier 18:13, par Amel Fardeheb Dahane

20 ans...

le 12 Jan 2014

Très chers,

Tout d’abord je vous souhaite à tous une très belle année, quelle soit douce et prometteuse de jours meilleurs. Que la justice et la paix s’installent enfin sur cette terre qui n’en peut plus.

En septembre 2012, j’ai eu le bonheur de vivre un instant particulier, parmi et grâce à vous tous. L’hommage que nous avons rendu à mon père m’a profondément touchée, émue, et poussée à vouloir marquer cette année plus que les autres.

Nous souhaiterions, ma mère, mon frère Mourad et moi-même, que 2014, soit sous le signe de la mémoire fidèle que nous devons en hommage à Abderrahmane Fardeheb.

Je reviens vers vous cette fois encore, afin qu’ensemble, nous puissions organiser une autre journée en souvenir de ce qu’il fut . Que tous ceux qui ont partagé un bout de chemin avec lui et l’ont côtoyé puissent se joindre à nous afin d’évoquer son parcours d’universitaire et d’homme engagé.

J’ose espérer que son idéal de paix et de justice, ses travaux de recherche, ses combats et ses engagements n’ont pas été vains. Je souhaite, enfin, voir en ce 26 septembre 2014 une journée chaleureuse et vive de commémoration, de doux souvenirs et de mise en valeur de ses travaux.

Amicalement.

Amel Fardeheb Dahane.


FARDEHEB : ÉCHOS D ’UNE COMMÉMORATION

7 mars 2014 à 17h14min / wahr asmar — leith14@yahoo.fr

bonjour amel . il n’est jamais trop tard pour bien dire et faire . aussi meilleurs vœux pour 2014 . j’étais là en 2012 . fidèle je serais là en 2014 . respectueusement .


7 octobre 2012 à 21h55min / zoulikha Fardeheb — zokhaf@hotmail.com

Merci à vous tous pour ce souvenir douloureux mais réconfortant aussi. Un hommage à Abderrahmane Fardeheb à la hauteur de ce qu’il a été, de ce qu’il a réalisé et combattu. Ils ont tué l’homme mais pas ses idées. Zoulikha Fardeheb


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