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DEUX PRIX NOBEL

mardi 16 octobre 2012


L’EUROPE REÇOIT LE PRIX NOBEL DE LA PAIX AVEC 60 ANS DE RETARD
- herodote.net éditorial - 12 octobre 2012.


L’UNION EUROPÉENNE NOBEL 2012 - BORÉACTU - Dessins de Presse/actu - boreactu.over-blog.com.


MO YAN, UN PRIX NOBEL AUX DEUX VISAGES - par Martine Bulard - Monde Diplomatique - blogs - 12 octobre 2012.


L’EUROPE REÇOIT LE PRIX NOBEL DE LA PAIX AVEC 60 ANS DE RETARD

herodote.net
éditorial
12 octobre 2012

Le 12 octobre 2012, l’Union européenne a reçu le Prix Nobel de la Paix « pour avoir contribué pendant plus de six décennies à promouvoir la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l’homme en Europe ».

C’est la première fois qu’un Prix Nobel est remis à une puissance étatique. Cet honneur est-il justifié ? Vient-il à son heure ? Notre éditorialiste Joseph Savès répond...

En décernant son prix, le jury d’Oslo avalise l’idée selon laquelle l’Union européenne a empêché le retour de la guerre sur le Vieux Continent, entre l’Allemagne et ses voisins.

Cette idée est une construction a posteriori qui fait fi de la réalité historique. Sans remettre en question l’idéal généreux de Jean Monnet, à l’origine du projet européen, qui n’est pas sans rappeler lUnion latine (1865) et le traité de libre-échange (1860) de Michel Chevalier et Richard Cobden, ne lui attribuons pas des mérites qu’il n’a pas. Pour nous en convaincre, regardons les faits.

Le projet européen, une arme dans la guerre froide

Le projet européen est amorcé avec la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA en 1950, soit cinq ans après la chute du nazisme.

Mais dès 1946, Churchill, qui a quitté le pouvoir, réclame à Zurich la création des États-Unis d’Europe sur la base d’une réconciliation franco-(ouest) allemande. Il s’agit dans son esprit d’unir le camp occidental face à la menace que fait peser l’Union soviétique. C’est que, selon la formule du « Vieux Lion », un « rideau de fer » s’est abattu sur l’Europe. On est entré dans la « guerre froide ».

L’année suivante, les Américains sont alertés par la guerre civile qui menace de faire tomber la Grèce (déjà !) dans le camp adverse et lancent le plan Marshall en vue d’accélérer la reconstruction de l’Europe.

En 1948, la tension monte brusquement quand Staline ordonne le blocus de Berlin-Ouest, une enclave occidentale dans la zone d’occupation soviétique. Le bras de fer tourne à l’avantage des États-Unis grâce à un gigantesque pont aérien, onze mois durant. Mais dès lors, la division de l’Allemagne en deux États rivaux devient inéluctable. Ce sera chose faite en 1949.

La même année 1949, la situation internationale devient proprement explosive. Les Soviétiques se dotent de la bombe atomique tandis que leurs alliés chinois prennent le pouvoir à Pékin. La Corée du sud pro-occidentale vit sous la menace d’une invasion, qui surviendra en juin 1950. Aux États-Unis, le sénateur Joseph MacCarthy se lance dans une croisade anticommuniste. Le monde vit dans la crainte d’une troisième guerre mondiale qui mettrait aux prises les deux grands vainqueurs de la précédente, à coup de bombes nucléaires.

Heureusement, le plan Marshall et le travail des Européens commencent à porter leurs fruits. En France, le rationnement est abrogé. Paris et Rome concluent le 26 mars 1949 une union douanière. D’aucuns imaginent de rapprocher le couple franco-italien du Benelux, union douanière entre la Belgique, les Pays-Bas (Nederland) et le Luxembourg établie le 5 septembre 1944.

Jean Monnet, de son côté, propose une union douanière à Londres et Paris en vue de fluidifier les échanges intra-européens et de remédier aux goulets d’étranglement, en particulier dans le charbon et l’acier, qui sont à cette époque les deux piliers de l’économie. Soucieux d’indépendance, les Britanniques la rejettent. Mais une nouvelle opportunité se dégage outre-Rhin avec la naissance officielle, le 21 septembre 1949, de la République fédérale allemande (RFA) et l’accession à la chancellerie de Konrad Adenauer, un chrétien-démocrate rhénan, libéral et pro-occidental.

Monnet entreprend donc de bâtir avec la France, l’Italie, le Benelux et maintenant l’Allemagne fédérale un organisme supranational chargé de superviser et de répartir la production de charbon et d’acier. Ce sera la CECA.

Cette initiative est approuvée avec chaleur par le président américain Harry Truman qui y voit un renfort face à la menace soviétique. Elle bénéficie aussi du soutien de l’opinion publique, car depuis le début de la guerre froide, le projet d’unir les Européens de l’Ouest alimente toutes les conversations.

Néanmoins, pour ne pas froisser les nombreux sympathisants communistes ou gaullistes, Jean Monnet et Robert Schuman préfèrent souligner que l’Allemagne de l’Ouest, une fois engagée dans la CECA, n’aura plus ni l’envie ni la possibilité de relancer la guerre contre ses voisins. « La France accomplit le premier acte décisif de la construction européenne et y associe l’Allemagne », déclare Robert Schuman (*), ce qui rend « toute guerre entre la France et l’Allemagne non seulement impensable mais matériellement impossible ».

L’hypothèse d’une telle guerre est de toute façon devenue invraisemblable. Saignée à blanc, tourmentée par le souvenir des crimes nazis, avec un territoire occupé sans limite de durée par les vainqueurs, mutilée et divisée en deux États, l’Allemagne a été immunisée à jamais contre tout désir de revanche. Il n’empêche qu’à la suite de Monnet et Schuman, journalistes et hommes politiques reprendront régulièrement l’antienne d’un projet européen destiné à prévenir le retour de la guerre entre la France et l’Allemagne.

.../...

Un Prix Nobel trop tardif

Si le projet européen devait recevoir le Prix Nobel de la Paix, il eut fallu que ce soit au début des années 1950, en vue de soutenir ses promoteurs dans la deuxième étape de leur chemin, à savoir la création d’une Communauté Européenne de Défense (CED) par les six pays de la CECA.

En 1952 était signé le traité de défense commune. Mais il soulevait des réticences chez le chancelier Adenauer (« Mon pays a perdu suffisamment de sang ; il ne veut pas réarmer ») et, en France, l’opposition résolue des communistes (cela va de soi) et des gaullistes. Là-dessus survenaient la mort de Staline et la fin de la guerre de Corée. On se dit que la défense commune pouvait attendre. Sans doute faut-il le regretter car le projet européen eut alors pris une dimension politique et non plus seulement économique.

L’octroi du Prix Nobel de la Paix aujourd’hui, en 2012, vient à contretemps. Le projet européen, dévoyé et discrédité depuis vingt ans par une longue série d’erreurs et d’incompétences, a perdu la faveur de l’opinion. Des peuples s’appauvrissent et souffrent tandis que des provinces refusent toute forme de solidarité et manifestent leur volonté de sécession (Flandre, Catalogne...). À l’encontre de toutes les promesses, les écarts se creusent entre le Sud et le Nord.

Les grandes ambitions appartiennent au passé et l’Allemagne n’hésite pas à torpiller la dernière en date, le rapprochement des deux géants de l’aéronautique, AEDS et BAE, pour préserver quelques emplois chez elle. Qui plus est, l’Europe affiche ses divisions (guerre de Libye, entrée de la Palestine à l’UNESCO...) et s’efface de l’avant-scène diplomatique.

Il serait dommage en conséquence que le Prix Nobel de la Paix soit interprété comme un certificat de bonne conduite décerné aux dirigeants européens et les encourage dans les mauvaises pratiques de ces deux dernières décennies.

Joseph Savès


L’Europe, c’est la paix ! À voir…

Si l’Europe a connu la paix après la chute du nazisme, c’est en premier lieu parce que ses peuples étaient trop épuisés pour se relancer dans de folles aventures après une « guerre de Trente Ans » (1914-1945). Il en va ainsi de toutes les guerres, de la guerre du Péloponnèse à la guerre d’Indochine-Vietnam en passant par la guerre de Cent Ans qui est en fait la conjonction de deux épisodes guerriers (1337-1360 et 1415-1453). L’Histoire ne connaît pas de conflit qui ait duré au-delà d’une génération (environ un tiers de siècle).

L’autre raison à la paix - la plus importante - tient à ce que le continent et l’Allemagne elle-même étaient pour moitié occupés par une puissance extérieure, l’Union soviétique, et pour l’autre moitié sous la protection d’une autre puissance extérieure, les États-Unis.

Cette situation de « guerre froide », lourde de tensions, de peurs et de menaces, avec le risque qu’éclate à tout moment une guerre nucléaire, a obligé les gouvernements européens à la plus extrême prudence. Mieux que ça, elle a poussé les Français, Allemands et autres Occidentaux à se rapprocher, moins par peur d’eux-mêmes que par peur de l’Union soviétique.

La « guerre froide » a enseigné la sagesse aux Européens et les a dissuadés de commettre quelque folie que ce soit. Tout a changé dès que la tension Est-Ouest s’est dissipée avec la chute du mur de Berlin. Il ne s’est écoulé que quelques mois entre la fin de cette paix armée sous protection étrangère et le retour de la guerre en Europe. L’avons-nous oublié ? Ce fut en Yougoslavie en 1991-1995.

La paix en Europe n’a ainsi duré que le temps de la « guerre froide » et ne doit rien à la construction européenne proprement dite.

Au demeurant, cette période de paix, qui s’est étendue de 1945 à 1991 (46 ans), n’est pas exceptionnelle. L’Europe en a connu une presque aussi longue de 1815 (Waterloo) à 1859 (Solferino) et une autre de 1870 (Sedan) à 1911 (guerres balkaniques). Encore ces deux périodes ne sont-elles séparées que par des conflits de faible intensité de sorte que l’on pourrait assimiler tout le XIXe siècle européen, de 1815 à 1914, à une longue période de paix.

Pour lire l’article en entier
cliquer sur le lien
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L’UNION EUROPÉENNE NOBEL 2012 :

UN SCANDALE !

Sources : BORÉACTU
Publié dans : Dessins de Presse/actu
http://boreactu.over-blog.com/categorie-12301549.html

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MO YAN, UN PRIX NOBEL AUX DEUX VISAGES

par Martine Bulard
Monde Diplomatique - blogs
vendredi 12 octobre 2012

Voilà enfin un prix Nobel qui fera plaisir aux autorités chinoises — ou qui, à tout le moins, ne les mettra pas en colère. L’écrivain Mo Yan n’est pas un suppôt du pouvoir, mais il ne figure pas non plus parmi les dissidents. Il vit en Chine, où tous ses livres sont publiés — ce qui est somme toute assez rare. Le précédent prix Nobel de littérature d’origine chinoise, Gao Xinjian, avait déjà pris la nationalité française quand il fut distingué en 2000, et il est toujours ignoré dans son ex-pays. Quant à l’autre prix Nobel — celui de la paix —, il fut attribué il y a deux ans au dissident Liu Xiaobo, toujours en prison pour délit d’opinion. Pékin était alors rentré dans une colère noire [1].

Cette fois, dès la nouvelle connue, l’agence officielle Xinhua a donné l’information et rendu hommage à l’écrivain, sans aucune réserve. Cela ne veut pas dire que Mo Yan n’a pas un regard critique sur la société et le pouvoir, mais il sait naviguer entre les interdits, cachant par la fable onirique, l’humour et un style débordant sa dénonciation des tares du système.

Il ne cause pas, mais il écrit

Né en 1955 dans une famille paysanne de la province de Shangdong (dans le nord-est de la Chine), Mo Yan, de son vrai nom Guan Moye, a connu, à l’instar de plupart des jeunes Chinois, les folies de la Révolution culturelle (à partir de 1966). C’est à cette époque, raconte-t-il volontiers, que ses parents lui ont appris à ne jamais parler à l’extérieur de la maison : trop dangereux. Ce conseil est d’ailleurs à l’origine de son pseudonyme d’auteur, puisque Mo Yan signifie « ne pas parler » en chinois. Il ne cause pas, mais il écrit — beaucoup, unissant « avec un réalisme hallucinatoire, imagination et réalité, perspective historique et sociale », comme l’a résumé l’Académie suédoise pour expliquer son choix.

Sans doute sa première œuvre connue en France est-elle “le Clan du Sorgho” (traduit par Pascale Guinot et Sylvie Gentil, Actes Sud, 1993), porté à l’écran par le cinéaste Zhang Yimou sous le titre “Le Sorgho rouge.” Le film obtiendra un Ours d’or au festival de Berlin en 1988. Il y raconte à la fois l’émancipation d’une jeune fille (la jeune actrice Qong Li) contrainte de se marier à un vieux lépreux riche et le soulèvement d’un village lors de l’invasion japonaise à la fin des années 1930.

Ses premiers ennuis viendront quelques années plus tard, en 1995, avec la publication d’une vaste fresque intitulée “Beaux seins, belles fesses. Les enfants de la famille Shangguan” (traduction Noël et Liliane Dutrait, Seuil, 2005). Accroché au sein de sa mère auquel il voue un amour immodéré, le seul garçon d’une famille de neuf enfants nous fait vivre le quotidien d’un village de campagne aux prises avec l’invasion allemande, puis l’occupation japonaise, la guerre civile entre les troupes du Guomindang (qui s’enfuiront à Taïwan après leur défaite) et celles de Mao Zedong, et enfin les débuts du capitalisme débridé. Le pouvoir lui demandera alors de couper certains passages mettant sur le même pied troupes nationalistes et troupes communistes ou jugés trop érotiques. Il faudra attendre 2008 pour que le roman soit intégralement publié en chinois.

Des histoires d’enfants engloutis

S’il fait toujours appel aux légendes et à l’histoire, Mo Yan ne vit pas dans une bulle. Il dénonce les tares de la société chinoise contemporaine, et notamment la corruption des dirigeants, sans se départir de son humour, de ses inventions hallucinantes, de sa verve. A preuve, l’un de ses plus grands romans, “Le Pays de l’alcool” (Seuil, 2000) : une parodie de roman policier, sur fond de trafic d’enfants dans une ville minière sombre à souhait, tout juste égayée par un très sérieux laboratoire de recherche scientifique en vins et spiritueux. Une histoire abracadabrantesque où les cadres communistes s’empiffrent et s’enivrent à mort — condition indispensable de l’ascension au sein du Parti. On pourrait encore citer “Le Maître a de plus en plus d’humour” (Seuil, 2000), sur les activités saugrenues d’un vieux travailleur licencié d’un grand groupe, ou encore “Quarante et un coups de canon” (Seuil, 2008), sur l’argent-roi dans la Chine d’aujourd’hui...

Contesté chez les intellectuels chinois

Dans les milieux intellectuels chinois, Mo Yan ne fait pas l’unanimité. L’été dernier, il a fait l’objet d’attaques publiques pour avoir dans sa jeunesse recopié de sa main un discours de Mao Zedong. Il n’y avait pourtant là rien d’extraordinaire pour l’époque, surtout de la part d’un tout jeune écrivain attaché à l’armée (ce qu’il fut jusqu’en 1997).

« Il est quand même du côté du pouvoir », assure une personnalité du monde des arts de Shanghaï. Certains lui reprochent de ne pas utiliser sa notoriété pour protester contre la censure, même s’il a soutenu Gao Xinjiang lors de son couronnement par le prix Nobel de littérature. Lors d’une conférence de presse vendredi dernier, il a publiquement souhaité que le dissident Liu Xiabo puisse sortir de prison — propos non repris par la presse officielle. « Un écrivain doit exprimer ses critiques et son indignation à propos de la face sombre de la société et de la laideur de l’âme humaine, affirme-t-il. Certains le font en criant dans la rue, mais nous devons accepter que d’autres restent chez eux et utilisent la littérature pour faire connaître leur opinion [2]. »

Ses critiques sont dans ses livres. Et le seul titre que revendique Mo Yan est celui d’écrivain : « Je ne suis le porte-parole de personne. Je réclame l’indépendance de mes héros tout comme j’exige la mienne. [3] » Cela vaut à Pékin comme à Paris.

Sources  :
http://blog.mondediplo.net

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[1Lire le portrait de Liu Xiaobo dans « Chine, état critique », Manière de voir, n° 123, juin-juillet 2012, ainsi que « Liu Xiaobo, premier Prix Nobel chinois », Planète Asie, 12 octobre 2012.

[2Rapporté par Andrew Jacobs, « Novelist in China is awarded Nobel », International Herald Tribune, 12 octobre 2012.

[3Interview par Dominique Bari, L’Humanité, 18 mars 2004.

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