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MONDIALISATION CAPITALISTE ET RÉVOLUTION SOCIALE AU 21ÈME SIÈCLE, DE LA FRANCE À L’ASIE LOINTAINE.

dimanche 19 septembre 2010

Parlons clair n°71
“commentaires”

De février 1848 à mai 1968, l’histoire de la nation française a été structurée par les luttes ouvrières. Commune de Paris, combats « républicains » pour la laïcité et le suffrage universel, conquêtes du Front Populaire, Résistance et progrès sociaux qui suivirent, sécurité sociale, retraites et nationalisations, tous ces acquis ont été arrachés d’ abord par une classe ouvrière en grandes entreprises, organisée, animée par des organisations révolutionnaires, syndicales et politiques, CGT et PCF : elles furent durant le vingtième siècle une école, un modèle pour des militants du monde entier, de l’ Algérien Messali Hadj aux Asiatiques Chou en Laï et Ho Chi Minh.
C’était le temps où la bourgeoisie française, investissant ses capitaux dans l’ hexagone et dans les chasses gardées coloniales, se targuait volontiers de nationalisme, et, veillant sur ses intérêts, se reconnaissait dans le gaullisme, antisoviétique et national. ’

Durant le dernier tiers du vingtième siècle, tout a basculé dans la stratégie du capitalisme. Les possédants français ont peu à peu investi leurs avoirs dans des trusts multinationaux, avides de profits aux quatre coins du globe, grâce aux lois du marché sans entraves, en liquidant frontières, protections douanières, taxations : ce fut le but exclusif de l’Europe supranationale, de l’ OMC, du FMI, voire quand il le faut, des bras armés pour punir tout peuple récalcitrant, OTAN, Alliance Atlantique ou Pacifique au service de l’ empire étasunien.

Cette nouvelle bourgeoisie française est mondialiste, « européenne », parce qu’elle a démantelé les industries françaises, détruit les concentrations ouvrières et déstabilisé de ce fait le mouvement révolutionnaire en France, et exporté ailleurs dans le monde ses capitaux et le travail industriel, à la recherche de profits plus élevés, grâce aux bas salaires. Ces « délocalisations » massives ont, en trente ans, fait de la France salariée un peuple soumis au chômage massif, à la précarité de l’ emploi et des salaires, à l’ endettement, un peuple muselé et incapable de défendre ses conquêtes sociales antérieures.
Avec la bourgeoisie sarkozienne au pouvoir, « mondialiste » par goût et par intérêt, le mouvement s’ accentue encore.
En 2009, plus de 250 000 postes de travail ont encore disparu en France, dont 168 000 dans l’ industrie : le chiffre le plus fort depuis 1945, au bout d’une longue série de déclins de la capacité productive de la France, dont plus de 70% des salariés sont maintenant « tertiaires ».

Les profits, eux, se portent bien (+2,7% en moyenne pour les entreprises cotées au CAC 40, souvent aidées par les finances publiques et en partie défiscalisées), et le déficit commercial continue de se creuser, pendant que Mme Lagarde et sa télévision claironnent quelques créations d’ emplois, en oubliant de préciser « sous-payés » et précaires.

  • Faudrait-il donc se résigner à une France définitivement livrée aux reculs sociaux, une société « tertiarisée » de commerciaux et gestionnaires du capital et des profits spéculatifs, qui ne produit plus rien et importe tout, des légumes aux vêtements ? Une société ravagée par le chômage et l’ insécurité de l’ emploi, par les idéologies réactionnaires et la xénophobie cultivées par le pouvoir sarkoziste ?
  • Bien sûr que non ! La classe ouvrière, déstabilisée, n’est pas morte, et le mouvement populaire pour défendre les retraites montre qu’en France aussi, la lutte est possible, et qu’elle paie.
  • Mais au-delà de ce court terme, la stratégie « mondialiste » de délocalisation porte en elle-même le futur mouvement révolutionnaire anticapitaliste, à l’ échelle du monde.
    Exporter des usines, des emplois industriels sous-payés en Roumanie, Tunisie, Thaïlande, ou en Inde, c’est, pour un profit immédiat, y créer une nouvelle classe ouvrière, qui sera un jour le terreau nourricier des luttes contre le capital. Certes, une fleur ne fait pas le printemps, mais elle l’ annonce, à l’ échelle de l’histoire.
    Les « spoliés de la terre » ont multiplié ces temps derniers les grèves, pacifiques ou brutales quand ce fut nécessaire, pour imposer une exploitation moins intense.
    Le Monde a relevé cet été une multitude de conflits sociaux en « pays émergents » : les ouvriers du textile au Bengladesh, dès juin, qui ont arraché le quasi doublement du salaire minimum, malgré une répression sans état d’ âme ; en Inde, notamment dans les usines du trust Hyundai, sud Coréen à l’ origine ; en Thaïlande, contre le trust Michelin, qui n’a plus guère de français que le nom et le siège social ; au Pakistan où firent grève en juillet les ouvriers chargés de démanteler les navires du reste du monde ; souvent, comme en juin en Algérie chez Arcelor-Mittal (capitaux français mondialisés et direction indienne), les salariés en lutte ne font plus guère confiance qu’à leurs représentants élus, au détriment du syndicat bureaucratisé, étatisé et réformiste.
    Un des épisodes les plus significatifs de cet éveil d’une classe ouvrière surexploitée nous est venu en juin 2010 de ce pays immense qu’est la Chine, déjà devenu la deuxième puissance industrielle du globe, grâce, il faut bien le dire, aux investissements des capitalistes occidentaux et aux salaires misérables des dizaines de millions de travailleurs « migrants ».
    Les ouvriers du trust Honda (capitaux japonais mondialisés) ont imposé 35% d’ augmentation des salaires, et ont servi d’ exempleà de multiples actions revendicatives ouvrières, entraînant des centaines de milliers de personnes (Foxconn, originaire de Taïwan, emploie en assemblage électronique 800 000 personnes en Chine, dont 400 000 dans les usines de Shenzhen).
    Au sein même du PC chinois, dans lequel les tendances nationalistes et pro capitalistes sont multiples, de nombreuses voix s’ élèvent pour dénoncer les inégalités sociales croissantes, et le risque d’ explosion sociale, au nom de l’ idéal communiste : premier résultat, les salaires minimaux de tout le pays ont été relevés de 10 à 20% en 2010. Ce n’est que le début d’une nouvelle étape de l’histoire chinoise : elle seront écrites, tôt ou tard, par la classe ouvrière, avec les syndicats et les organisations qui se disent progressistes, si elles se mettent en état d’ assurer cette étape révolutionnaire nécessaire au 21ème siècle.
    Sinon, en France comme en Algérie, en Chine comme au Bengladesh, l’histoire se fera sans eux, parfois même contre eux.
    Les communistes authentiques seront aux avant-gardes de ces futures révolutions ouvrières anticapitalistes.

FRANCIS ARZALIER


Voir en ligne : http://www.collectif-communiste-pol...