UN ÉCRIVAIN EST « CORRIGÉ  » PAR SON ÉDITEUR ?

Un internaute nous écrit:
A Alger, jeudi dernier vers midi, entre un café et la radio El Bahdja, la rue Zabana a été animée par un événement insolite.

Des badauds étaient agglutinés autour d’un homme étalé sur le trottoir, le visage tuméfié, ses habits défaits, complètement groggy. A chacun de poser des questions. Que s’était-il passé ?

Avant de connaître les raisons de cet incident, les pompiers arrivent, dispersent les gens, embarquent l’inconnu pour l’hôpital où le quidam est admis pour fracture du nez et commotion.

C’est à ce moment là seulement que les gens ont appris que l’écrivain Abderrahmane Zakad, âgé de 73 ans, venait d’être tabassé par son éditeur. Et savez-vous pourquoi ? C’est au sujet d’un contentieux concernant son livre …. «Le Terroriste».

On comprend pourquoi les intellectuels fuient et que Malek Haddad a brisé son crayon.

LETTRE DE ABDERRAHMANE ZAKAD

À MADAME LA MINISTRE DE LA CULTURE

Abderrahmane Zakad

70, lot Saidoune – Kouba, Alger.

À Madame la ministre de la Culture

Les Anassers – Alger.

Objet : Agression sur un écrivain par son éditeur.

Les éditions Millefeuilles ont édité mon livre «Le Terroriste» avec le soutien du ministère de la Culture. Le livre est sorti en janvier 2009.

Durant toute l’année 2009, malgré plusieurs demandes tant verbales qu’écrites faites aux éditions Millefeuilles pour qu’ils exécutent les termes du contrat, je n’ai reçu aucune réponse. (Pièces jointes). Le mépris total envers un auteur.

J’ai donc décidé de demander conseil au directeur du livre du ministère de la culture. Reçu en audience et lui exposant rapidement et verbalement le sujet, monsieur le directeur du livre du ministère de la culture, m’a orienté en me disant de saisir par écrit l’ ONDA ainsi que son département.

J’ai donc saisi l’ONDA avec copie à l’éditeur.

C’est à ce moment là, et à ce moment seulement, quand l’éditeur a su que j’ai saisi l’ONDA et le Ministère, qu’il a daigné me recevoir pour me réprimander et me frapper.

Et c’est ainsi que le jeudi 4 février, en lui rendant visite suite à sa convocation, il m’accule en m’insultant et en me reprochant d’en avoir parlé à l’ONDA et au ministère.

Bastonné et avili, je me retrouve jeté dans la rue Zabana, évanoui, le visage ensanglanté, le nez cassé, pendant près d’une heure, étalé sur le trottoir jusqu’à l’arrivée des pompiers qui m’ont acheminé vers l’hôpital. (Ci-joint dossier médical).

Madame la ministre, je ne vous ajouterai pas plus, sinon que….

Quand un homme de 72 ans

Se fait mordre par plus jeune

Quand un écrivain se fait battre

Insulter et avilir par son éditeur

Quand devant tous ces écarts

Nulle réaction n’est à espérer

Il faut comprendre pourquoi

Malek Haddad à brisé son crayon

Que les intellectuels fuient

… et que tous les écrivains doutent et se morfondent.

Je vous prie, Madame la ministre, d’accepter mes respects.
Abderrahmane ZAKAD

Alger le 7 février 2010

Copie :

  • Directeur du livre
  • ONDA
  • Éditeur

millefeuilles.jpg

DE NOMBREUX MESSAGES SONT PARVENUS AU SITE

DONT NOUS DONNONS CI-DESSOUS QUELQUES EXTRAITS

Retransmis par de nombreux amis sur Internet, le message de Abderrahmane ZAKAT est repris ci dessous:

Salut,

Jeudi à midi , je me suis fait tabassé par sid ali sekhri.

Je me suis retrouvé jeté sur le trottoir, évanoui , le visage ensanglanté, le nez cassé. Les pompiers sont venus et m’ont transporté à l’hopital. Je dois subir une intervention chirurgicale –

Les gens de la librairie Socrate sont au courant.

Que s’est-il passé?

Mille feuille a édité mon livre  » Le terroriste » –

Depuis un an , je lui écris pour qu’il me reçoive afin d’exécuter les termes du contrat d’édition. (avoir mes exemplaires + mes droits, que lui, a perçu par le ministère).

Aucune réponse , le mépris total.

Je m’adresse alors, au directeur du livre du ministère qui me recommande d’écrire à l’ONDA – Ce que j’ai fait –

L’éditeur me convoque jeudi et me reproche de m’être adressé à l’ONDA et au ministère. Bagarre, altercation , il m’engueule, me bouscule et me casse le nez et m’ensanglante le visage tout en me jetant sur le trottoir.

(Tous les documents médicaux hospitaliers sont à la disposition de quiconque – Plainte a été déposée)

Moi qui suis parti gaiement croyant percevoir de l’argent, j’ai reçu des gnons !

Voilà le visage de ceux qui décident de notre culture et des prix littéraires.

Sans haine, sans rancune et vive Nous.

Cordialement


Socialgerie a cherché à en savoir plus sur cet incroyable incident:

Témoignage et opinion d’un correspondant:

« …Dans tous les cas, le comportement de l’agresseur est à condamner énergiquement.
Abderahmane Zakkad est connu pour son patriotisme et son intégrité.

Ancien officier de l’ALN, puis de l’ANP, il vit « fièrement » et « uniquement » de sa pension de retraite.

À 73 ans, il ne rate aucune occasion pour clamer son Amour pour l’Algérie et sa Passion pour l’écriture.

Ses écrits sont un hymne pour la cause des démunis.

Le correspondant ajoute
:
L’auteur de l’agression n’est pas à son premier mépris pour les écrivains, il y a quelques mois, il a fait subir à Noria Adel un affront public au cours d’une séance de « vente dédicace ».

L’incident avait été repris à l’époque par El Watan. (il a été aussi repris sur le site « Sétif.info » qui consacre un dossier à l’affaire).

Il me fallait informer tous les patriotes qui croient aux idéaux de Justice et de Dignité Humaine …


Un autre internaute:

Je ne connais pas du tout Sid-Ali Sakhri…

(Mais) je connais Abderahmane Zakkad depuis plus de 30 ans. Je sais que c’est un acharné, un passionné de l’Algérie et de la Culture, un amoureux du verbe.

Un fou comme nous pouvons tous si désagréablement l’être pour les autres.

Parfois, nous pouvons pousser un peu trop loin notre lourd, mais de là à provoquer des coups de poings en guise de réponse, c’est se méprendre sur notre envie de tout dire.

Et c’est pour ça que cette agression, je l’ai reçue comme ayant été commise contre moi. …
Quelle qu’ait pu être la faute de Zakkad, rien ne peut excuser qu’il ait été tabassé.
L’éditeur s’est fait un nouvel ennemi…
Je n’irai jamais à cette librairie, moi qui me promettais d’y passer à la prochaine occasion.

Abderahmane, ton nez est cassé, ton nif est sauf.

F O.


Je te remercie de l’information et estime que tu as bien fait d’alerter sur ces moeurs préhistoriques chez des gens qu’on présume civilisés, de par leurs fonctions et leur érudition .

Je me demande si le phénomène n’est pas social plus qu’individuel. N’y aurait-il pas une catégorie de gens au comportement élitiste, au style « managérial » hautain, qui ont du dédain, voire plus, pour ceux restés proches du peuple et de la cause pour laquelle ils ont consacré leur jeunesse?

De la sorte, ils donnent l’impression que pour eux, l’Histoire, la culture et le talent se résumeraient à une opportunité de faire du pognon ou de se faire de la publicité.

Je ne m’explique pas autrement une lamentable affaire, un faux pas que le responsable gagnerait à regretter pour mettre en harmonie comportement et compétences professionnelles.

Dans tous les cas, la hogra sous n’importe quelle forme n’a jamais eu bonne audience chez nous et je suis heureux que des organes de presse aient réagi.

Le moins qu’on puisse dire c’est que les gens souhaieraient des excuses publiques, ce qui grandirait leur auteur victime d’un moment d’égarement.


Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.