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TUNISIE - HOMMAGE À CHOKRI BELAÏD

dimanche 10 février 2013


CHOKRI BELAID : LES MOTS D’UN HOMME AVANT SON MEURTRE ;


HOMMAGE DE HAMMA HAMMAMI, porte-parole du “FRONT POPULAIRE TUNISIEN” à CHOKRI BELAÏD - VIDÉO



L’APPEL À UN DIALOGUE NATIONAL DE CHOKRI BELAÏD - écrit par CHÉRIF FERJANI - maghrebemergent - le 08 FÉVRIER 2013 -“ POUR QUE LA MORT DE CHOKRI BELAÏD SAUVE LA TUNISIE”



L’UGTT SERA-T-ELLE ÉCOUTÉE : APPEL À UNE BASE DE DIALOGUE ET D’ACTION CONSENSUELLE - L’INITIATIVE DE L’UGTT SUR LE LANCEMENT D’UN CONSEIL DE DIALOGUE NATIONAL ;


MENACES SUR LA RÉVOLUTION - par M. Saadoune - le Quotidien d’Oran - éditorial - le 7 février 2013 ;


LETTRE À MES FRÈRES TUNISIENS - Jeudi 7 février 2013 - chiricahua.over-blog.



CHOKRI BELAÏD : LA VOIX QUI DÉRANGE - El Watan - Mourad Sellami - le 08 février 2013.


CHOKRI BELAID
LES MOTS D’UN HOMME AVANT SON MEURTRE

ce document audiovisuel a une profondeur historique sur les culture et civilisation arabes et tunisiennes

http://www.youtube.com/watch?v=bAlG1UWCvXs&list=PLXLvo-fYZAMj-QWuaeBSl03BjgxeLkks2&index=1

Invité le soir du 23 janvier 2013 [1] au plateau de Nessma TV, feu Chokri Belaid prononce cet inoubliable réquisitoire, énergique et accablant, contre "les ennemis jurés de l’intelligence tunisienne."

Le présent document audio-visuel du plus haut intérêt mérite d’être consulté et partagé sur les réseaux sociaux, les blogs et tout ce qui s’apparente aux pages de contre-pouvoir médiatique par tous les défenseurs de la démocratie et du progrès.

A. Amri
12 février 2013

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HOMMAGE DE HAMMA HAMMAMI,
porte-parole du “FRONT POPULAIRE TUNISIEN”
à CHOKRI BELAÏD

{{{samedi 9 février 2013 {Accès au discours :} VIDÉO www.assawra.info/chokri.htm}}}

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L’APPEL À UN DIALOGUE NATIONAL DE CHOKRI BELAÏD

ÉCRIT PAR CHÉRIF FERJANI
le 08 FÉVRIER 2013

maghrebemergent :
POUR QUE LA MORT DE CHOKRI BELAÏD SAUVE LA TUNISIE

Dans ce texte écrit au lendemain de l’assassinat du leader de la gauche tunisienne Chokri Belaïd, mercredi 6 février, et que nous publions ici avec l’aimable autorisation de son auteur, le politologue Chérif Ferjani* revient sur le parcours de son ancien élève et compagnon de combat politique en formulant le vœu que « sa mort soit le début de la fin politique de ceux qui représentent le principal obstacle à la réussite de la transition démocratique » à savoir, pour lui, le parti Ennahda et son chef Rachid Ghannouchi.

Chokri Belaïd a été lâchement assassiné devant chez lui au matin du mercredi 6 février 2013, au lendemain d’une émission télévisée où il avait dénoncé la violence politique en appelant à une rencontre de dialogue national pour y mettre fin. Comme à son habitude, il avait identifié clairement les responsables de cette violence : les ligues dites de "protection de la révolution", les groupes armés salafistes qui agissent impunément, le parti hégémonique au pouvoir, son aile radicale et son chef Rachid Ghannouchi.

Chokri Belaïd avait rappelé les propos de celui-ci qualifiant les salafistes de ses « enfants qui lui rappellent (sa) jeunesse », et les ligues criminelles de "conscience de la révolution". Il avait également rappelé, dans cette émission, la déclaration du bureau politique d’Ennahda (son conseil de consultation, Choura), demandant la fin de l’injustice contre ses militants et les membres des ligues de "protection de la révolution" arrêtés suite à l’assassinat du militant de Nida Tounes à Tataouine, Lotfi Naggadh, qualifié par un élu d’Ennahda à l’ANC d’"acte révolutionnaire" !

Chokri était mon élève en cours de philosophie au Lycée de Ouardia, au début des années 1980. Nous étions plus des amis qu’élève et professeur, même s’il a toujours tenu, jusqu’à la veille de sa mort tragique, à s’adresser à moi en disant "mon professeur". Je l’ai retrouvé à Paris, dans les années 1990, lors des manifestations dénonçant les politiques répressives du régime de Ben Ali. Puis nous nous sommes revus ces deux dernières années dans les manifestations et les réunions pour la poursuite des objectifs de la révolution et la résistance à l’orientation antidémocratique prise par la transition depuis les élections du 23 octobre 2013.

L’APPEL À UN DIALOGUE NATIONAL DE CHOKRI BELAÏD

Notre dernière rencontre a eu lieu en octobre 2012 au procès du doyen Habib Khazdaghli dont il était l’un des avocats. Je l’ai eu au téléphone à deux reprises la veille de sa disparition et nous devions nous voir le 6 février 2013 à 17 heures avec Hamma Hammami pour discuter de la situation dans le pays et de la position du Front Populaire. Il m’a parlé des menaces dont il était l’objet et de l’attaque qui avait visé la réunion de son parti au Kef le week-end dernier. Il m’a dit qu’il était contre la violence mais que si les forces de sécurité n’assument pas leur rôle pour protéger les citoyens contre les hordes cherchant à terroriser la population et les opposants, il était prêt à rendre coup pour coup !

Son dernier message était l’appel à un dialogue national pour mettre fin à la violence politique... qui vient de l’emporter à l’âge de 48 ans.
Espérons qu’il n’est pas mort pour rien et que sa fin tragique sera un choc salutaire pour toutes les forces politiques et l’ensemble des acteurs qui tiennent à la réussite de la transition démocratique.

Les premières réactions semblent indiquer que les choses évoluent dans ce sens.
Les expressions organisées de la société civile et les partis de l’opposition démocratique se sont retrouvés autour du “Front Populaire”, dont Chokri Belaïd était l’un des leaders les plus appréciés, pour prendre des décisions allant dans ce sens : organisation de funérailles nationales le jour de son inhumation, grève générale le même jour, suspension de la participation des députés de l’opposition démocratique jusqu’à la démission du gouvernement, réunion d’un congrès de salut national pour établir des orientations politiques, sociales et économiques répondant aux aspirations qui ont porté la révolution, et d’un calendrier clair pour la fin de la transition, mise en place d’une coordination regroupant des représentants de tous les partis, des syndicats et des expressions organisées de la société civile partageant ces objectifs.

OPPOSITION ENTRE LES PARTISANS DE JÉBALI ET DE GHANOUCHI

Le chef du gouvernement a, de son côté, déclaré, la formation d’un gouvernement de technocrates dont aucun membre, y compris lui-même ne se présenterait aux prochaines élections, en précisant : « Je n’ai consulté aucun parti, n’obéissant qu’à ma conscience et à mon sens du devoir national ».
Ce gouvernement devra gérer les affaires du pays, réaliser autant que possible les objectifs de la révolution, jusqu’aux prochaines élections qu’il souhaite avoir lieu dans les plus brefs délais. Cette décision va à l’encontre des positions défendues par son parti et équivaut à un acte de démission de celui-ci. Rachid Ghannouchi, qui déclarait juste avant le discours de H. Jébali qu’il n’était plus question de parler d’un remaniement ministériel, aurait réagi à ce discours en traitant le chef du gouvernement de "traître" … avant de prendre l’avion pour Londres ! Il faut que les organisations humanitaires demandent, comme elles l’avaient fait contre les ministres de Ben Ali impliqués dans la torture des islamistes, son arrestation et des poursuites judiciaires contre lui pour incitation au meurtre et à la guerre civile dans le pays ! Il est devenu l’homme le plus dangereux pour la paix civile et le principal obstacle à l’aboutissement de la transition démocratique !

La direction d’Ennahda a réagi au matin du 7 février, moins de 12 heures après la déclaration du Chef du gouvernement, en rejetant cette proposition et en disant que H. Jébali n’avait pas à la faire sans consulter au préalable les instances de son parti. Quels seront les développements de ce bras de fer entre H. Jébali et son parti ? H. Jébali sera-t-il suivi par d’autres dirigeants et par une partie de son mouvement ? Quelle sera l’attitude des autres composantes de la Troïka, des présidents de la République et de l’ANC et de l’opposition ?

Il me semble que l’opposition entre les partisans de H. Jébali et de R. Ghannouchi a atteint un point de non-retour qui peut s’avérer décisif pour l’avenir de la transition démocratique. L’opposition démocratique et les acteurs de la société civile doivent tout faire pour isoler R. Ghannouchi et ses partisans en trouvant un terrain d’entente avec la proposition de H. Jébali qui est allé au-delà de leurs demandes au sujet de la composition du gouvernement.
Ils doivent, en même temps, maintenir la pression pour les autres demandes concernant :

  1. un calendrier clair pour aller vers les prochaines élections ;
  2. l’accélération du travail de l’ANC ou sa dissolution ;
  3. la révision de toutes les nominations partisanes dans les administrations et les corps de l’Etat, dont celles des gouverneurs, des délégués, des membres des conseils municipaux, à la tête des médias publics, etc. ;
  4. la réunion d’un congrès national regroupant les partis et les acteurs de la société civile, dont les syndicats, pour déterminer la feuille de route pour la fin de la transition démocratique et veiller à son application ;
  5. la dissolution des ligues dites de "protection de la révolution" et de toutes les milices et groupes armés, l’arrestation des auteurs d’actes de violence pour les juger et sortir le pays de la violence politique dans laquelle ces groupes veulent le conduire.

Chokri Belaïd est tombé sous les balles des ennemis de la démocratie protégés et entretenus par l’aile dure d’Ennahda et en premier lieu, par R. Ghannouchi. Que sa mort soit le début de la fin politique de ceux qui représentent le principal obstacle à la réussite de la transition démocratique.


*Chérif Ferjani est professeur de civilisation arabe et de sciences politiques à “l’Université Lumière Lyon 2” et à “l’IEP” de Lyon,
chercheur au “GREMMO” (“Groupe – pluridisciplinaire – de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient”),
auteur de travaux concernant la laïcité, les droits humains et les faits islamiques dont
“Le politique et le religieux dans le champ islamique” (Fayard, 2005),
“Les voies de l’islam, approche laïque des faits islamiques” (CRDP de Franche Comté et CERF, 1996)
et “Islamisme, laïcité et droits de l’Homme”, (L’Harmattan, 1991).

Sources : maghrebemergent...

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L’UGTT SERA-T-ELLE ÉCOUTÉE

APPEL À UNE BASE DE DIALOGUE ET D’ACTION CONSENSUELLE

L’INITIATIVE DE L’UGTT
SUR LE LANCEMENT D’UN CONSEIL DE DIALOGUE NATIONAL

Partant de la conviction de la nécessité de conjuguer les efforts en vue de réaliser les objectifs de la Révolution et de parachever ses échéances, cherchant avant tout à contribuer au traitement de la situation économique, sociale et sécuritaire dans cette étape délicate qui dicte de faire face aux différents défis, eu égard à la situation prévalant dans le pays et caractérisée par une tension politique et l’absence de dialogue entre les différents protagonistes,

Appelant à un dialogue sérieux, structuré et permanent en vue de trouver un consensus sur les grandes questions suscitant les tiraillements entre les différents partenaires de la vie politique nationale

En se basant sur sa responsabilité nationale et son rôle historique L’UGTT fidèle à la ligne de ses leaders historiques, appelle à la création d’un conseil national qui instaurera un véritable dialogue en vue d’élaborer une approche consensuelle sur les grandes problématiques politiques, économiques, sociales que rencontre le pays et d’assurer une gestion de la période de transition sur la base des principes suivants :

1 – l’attachement au caractère civil de l’Etat, au régime républicain démocratique et aux acquis sociaux du peuple tunisien.

2 – respect des droits de l’homme, garantie des libertés publiques et individuelles et consécration de la citoyenneté et de la justice afin de rompre avec le système autoritaire.

3 – rejet de la violence sous toutes ses formes et de l’extrémisme.

4 – tenir l’administration, les mosquées et les institutions économiques, éducatives et universitaires à l’écart de toute instrumentalisation à caractère politique.

5 – considérer les institutions de l’État comme le seul garant et responsable de l’application de la loi, de la protection des institutions et des biens des citoyens et du respect des droits et libertés

6 – mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement qui réduirait les disparités sociales et régionales et ferait face à la pauvreté en renforçant l’investissement et la culture de travail et de la production.

Le consensus sera fondé exclusivement sur :

  • Le dossier des blessés et les familles des martyrs de la révolution qui sera pris en charge par l’Etat avec le soutien de l’effort national.
  • La consécration de la transparence en matière d’emploi et de recrutement des diplômés en chômage.
  • La mise en place d’un calendrier qui fixe la date définitive de l’élaboration de la Constitution et celle des prochaines élections.
  • La composition de l’Instance supérieure indépendante des élections ainsi que la mise au point du prochain code électoral.
  • La composition de l’Instance supérieure indépendante de l’information.
  • La composition de l’Instance provisoire de la magistrature.
  • La composition de la commission d’enquête sur la corruption et la malversation ainsi que la commission de confiscation des biens spoliés.
  • L’instauration de l’Instance nationale de la justice transitionnelle fondée sur l’obligation de rendre des comptes puis la réconciliation.
  • La mise en œuvre d’un mécanisme relatif aux nominations administratives, aux désignations dans les hauts postes de manière à consacrer la neutralité de l’administration et à éviter qu’elle tombe sous la coupe du parti au pouvoir.
  • Le lancement de réformes urgentes du système bancaire propre à encourager l’investissement et la création de postes d’emploi.
  • La réforme du système sécuritaire et sa restructuration de manière à consacrer la sécurité républicaine.

Cette initiative vise à raffermir l’unité nationale, à protéger la transition démocratique et à assurer une gestion collégiale de la période de transition.

Cette démarche exige des mécanismes et des structures adéquats d’où l’appel de l’UGTT à la création d’un conseil national de dialogue pour gérer les conflits et parvenir à un consensus.

Ce cadre de dialogue et de consensus constitue une force de proposition qui ne remplacera en aucune manière les institutions constitutionnelles et législatives qui demeurent l’autorité de décision.

Le Secrétaire général de l’UGTT
Hassine Abassi
http://www.ugtt.org/

Sources :

UGTT

algérie infos
Tunisie- L’UGTT sera-t-elle enfin écoutée ? - Vendredi 8 février 2013 - blog algerieinfos

DR : Hassine Abbassi

Indépendante des partis politiques, l’UGTTprincipal artisan de la chute de Ben Ali s’efforce depuis l’automne dernier d’imposer aux partis une approche patriotique pour isoler la violence et sortir de l’impasse politique. Les partis « libéraux » d’opposition groupés autour d’Essebsi et Ennahda ont refusé, jusqu’ici, de participer au « dialogue national » initié par l’UGTT. Par contre, lors d’un meeting populaire organisé à Gafsa, début janvier, Hamma Hammami porte-parole du Front populaire, s’était déclaré favorable à l’initiative.

Depuis l’automne dernier, l’UGTT s’en tient à cette ligne de « dialogue national », pour sortir de la crise et de la violence et préparer sereinement les échéances electoral.
Voici le texte intégral des propositions de l’UGTT formulées il y a quelques mois par Hassine Abassi le secrétaire général de l’UGTT...
pour lire cliquer sur le lien

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MENACES SUR LA RÉVOLUTION
par M. Saadoune
Le Quotidien d’Oran - éditorial
le 7 février 2013

Qui a tué l’avocat Chokri Belaïd, figure de l’opposition de gauche ? Ceux qui sont dans une opposition frontale au mouvement Ennahda - et le défunt en faisait partie - ont immédiatement accusé le parti de Ghannouchi. Et il ne s’agit pas d’une simple accusation morale en direction d’un parti qui a la charge du gouvernement - et donc de la sécurité - mais d’une mise en cause en bonne et due forme. Cette accusation paraît trop facile car automatique et sans recul. Elle contribue directement à une stratégie de la tension destinée à entraver la transition politique vers un régime démocratique.

Le gouvernement dominé par Ennahda est comptable de la sécurité des citoyens et il est lourdement en défaillance. Mais l’accusation qui est portée contre le parti islamiste d’avoir fait assassiner Chokri Belaïd est aussi injuste que dangereuse. Elle vient conforter l’argumentaire simpliste des milieux qui travaillent à une confrontation idéologique allant jusqu’à la guerre civile. Jusque-là, malgré des graves difficultés, la transition tunisienne a connu des dérapages limités dans la violence. Il reste que l’activisme des salafistes djihadistes à l’extérieur, en Syrie principalement et récemment à Tiguentourine où ils étaient très nombreux au sein du groupe des assaillants, fait peser un grave risque sur le pays. Ces activistes d’une culture frustre constituent le vivier d’aventuriers aussi fanatisés qu’aisément manipulables et c’est une piste possible dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaïd.

L’autre piste est celle des hommes de l’ancien régime qui disposent de l’argent et de « l’ingénierie » pour manipuler des jeunes nervis qu’ils soient islamistes ou plus prosaïquement des délinquants. C’est à eux que pense probablement Moncef Marzouki en qualifiant l’assassinat de « message des ennemis de la révolution ». « Nous refusons cette lettre, nous refusons ce message et nous continuerons à démasquer les ennemis de la révolution », a-t-il déclaré. Rien n’est certain cependant sur les auteurs et les commanditaires de ce crime et les hypothèses sont plus grandes que les certitudes. Pour l’heure, l’affaire empoisonne un climat politique déjà très détestable. Il faudra que l’enquête se fasse correctement et vite pour démasquer les coupables et les traduire devant la justice.

En attendant, il faudra aux tunisiens beaucoup de volonté et d’effort politique pour éviter de tomber dans le piège de la tension et de la confrontation. C’est bien la plus grande menace qui guette la tunisie.
Le président tunisien qui se trouvait à Strasbourg et qui a décidé de renoncer à participer au sommet de l’Oci au caire pour revenir au pays a mis le doigt sur le risque majeur pour le pays.
« Cet odieux assassinat n’a pas d’autre objectif que d’opposer la composante laïque à la composante musulmane de la société pour susciter le chaos ».

Il s’agit bien pour la Tunisie de ne pas permettre aux assassins, quels qu’ils soient, d’atteindre ce funeste objectif.
Beaucoup travaillent à un scénario de confrontation entre islamistes et laïques pour le plus grand bénéfice des néo-fascistes et des nostalgiques de l’absolutisme.

Il reviendra aux forces démocratiques tunisiennes, celles qui sont au pouvoir comme celles qui sont dans l’opposition, d’étouffer dans l’œuf ceux qui veulent la guerre civile et cherchent a rendre désirables les temps humiliants de la dictature de Ben Ali.

Sources : Le Quotidien d’Oran

repris sous le titre : “Tunisie- Objectif : le chaos” le 7 février 2013 sur algerieinfos :

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LETTRE À MES FRÈRES TUNISIENS
Jeudi 7 février 2013
chiricahua.over-blog

L’assassinat de Choukri Belaïd, le dirigeant d’un parti tunisien

d’opposition de la gauche laïque et démocratique, a certainement ébranlé douloureusement la majorité des Algériens attachés à la liberté d’expression et de conscience. Ce meurtre odieux ne manquera pas, en effet, de réactiver chez eux les traumatismes terribles vécus durant les années 90 de sinistre mémoire. Je sais, pour l’avoir vécu, combien étaient terrifiants ces petits matins où, pas encore entièrement dépêtré des brumes du sommeil, il fallait descendre les escaliers de sa cité de banlieue pour aller à un travail sans joie, sachant qu’à chaque palier un tueur pouvait être embusqué qui mettrait fin à votre vie et plongerait votre petite famille dans la nuit du désespoir.

Ainsi ont été lâchement tués beaucoup de nos amis et camarades : le mode opératoire était le même ; aux premières heures du matin, le tueur est là qui attend à proximité du véhicule de la future victime. Il l’abat à bout portant d’une balle derrière la tête et s’enfuit à bord de la voiture, garée près de là, dans laquelle son complice l’attendait. Les assassins de Choukri Belaïd en ont pris de la graine. À la différence près qu’ils se seraient enfuis sur un deux-roues, scooter ou moto, à ce que l’on dit. Ce qui n’est pas sans rappeler les assassins italiens des années de plomb qui tuaient sur un deux-roues. Ceux-là, on le sait aujourd’hui, étaient manipulés par les services secrets italiens (SISMI) et yankees (CIA), dans le cadre de ce qui a été nommé « la stratégie de la tension ». Il s’agissait pour ses concepteurs d’enclencher un engrenage de violence terroriste telle que les deux partis dominant la vie politique italienne à l’époque (la Démocratie chrétienne et le Parti communiste) soient emportés par la tourmente et que l’aspiration à l’ordre soit telle que l’armée et ses services prendraient le pouvoir sans coup férir.

La situation qui prévalait en Algérie au début des années 90

était la suivante : le pouvoir dit du FLN, déchiré entre les factions, était entré dans une crise profonde et irréversible. Il a dû consentir à se dépouiller du monopole de la représentation politique et ouvrir le champ au pluralisme.
Très vite un parti islamique tentaculaire a surgi comme par enchantement, le Front islamique du salut (FIS).
En face de lui, il n’y avait qu’un seul parti politique véritable, celui qui venait de sortir de 25 ans de clandestinité, le Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), héritier du Parti communiste algérien (PCA).
Face à l’activisme du FIS -encouragé par une partie de l’armée- qui voulait tout le pouvoir tout de suite pour rétablir rien moins que le califat et qui mobilisait des foules impressionnantes, le PAGS se divisa entre, d’une part les partisans de la poursuite du travail politique et social « normal » parmi les masses populaires, sans se laisser impressionner par l’agitation du FIS, d’autre part ceux qui voulaient larguer toute préoccupation sociale et se préparer à mener une guerre idéologique contre le FIS, en ne se battant plus que pour la « modernité » et la « laïcité ». Ils proposaient même de saborder le parti et de former un front de l’Algérie moderne contre le front de l’Algérie archaïque (les islamistes).

La vérité -on le sait aujourd’hui de science sûre-, c’est que les promoteurs de la ligne anti-FIS au niveau de la direction exécutive du PAGS étaient des agents de la police politique, la Sécurité militaire. Ces derniers étaient des taupes dormantes de longue date dans les rouages du parti. Les conditions difficiles de la clandestinité autant que le système de cooptation expliquent -pour partie- cette infestation policière. Ils réussirent à gagner la majorité de la direction à leurs « thèses » en mettant en minorité puis en isolant le premier secrétaire qui refusait de les avaliser.
En l’absence de débats transparents qui auraient associé la base -ce dont les taupes ne voulaient à aucun prix- le parti finira par éclater.
Le PAGS neutralisé, libre cours sera alors donné à une campagne d’une incroyable violence verbale entre les islamistes et le parti politico-policier que la minorité du PAGS historique avait créé à la hâte.

À l’affrontement verbal succédera vite la violence meurtrière des balles.
À signaler, cependant, que parmi ceux qui tomberont, on compte de nombreuses personnalités qui prônaient le dialogue et la sagesse, à tout le moins la retenue.
Comme si les deux belligérants avaient un égal intérêt à supprimer toute autre voie que celle de la violence, dont ils prenaient bien garde, toutefois, de la revendiquer. Guerre de lâches.

À qui a profité la décennie algérienne sanglante ?

Au début des années 90, le pouvoir militaro-policier (qui s’abritait derrière le sigle FLN) était à bout de souffle, exsangue. 20 ans et 200 000 morts après, il s’est remis en selle, s’est refait une santé et nargue les Algériens -encore dans la sidération devant le déchaînement de violence sauvage auquel ils ont assisté-, avec sa morgue naturelle : ana raboukoumou el a’la : je suis votre dieu tout-puissant.
Les deux grands partis (PAGS et FIS), emportés par la tourmente, la caste militaro-compradore a conforté son assise économique et financière et plastronne en pillant sans vergogne les richesses nationales, tout en quémandant auprès de la « communauté internationale » -c’est-à-dire l’Occident- la palme « d’État antiterroriste » (car elle a une peur bleue du label de « rogue state » que pourrait lui décerner Rogue Sam, avec une pluie de missiles de croisière à la clé).

Mes chers frères Tunisiens,

Il est impensable, il est impossible que les clients et autres profiteurs -sans parler des agents actifs-du régime de Leila Trabelsi et de son mari, aient dit leur dernier mot.
L’épuration des services de sécurité n’ayant pas eu lieu, il est inévitable que des taupes de l’ancien régime se terrent encore dans des alvéoles secrètes, attendant le moment où elles pourraient frapper. Et elles frapperont de préférence par le truchement des nébuleuses djihadistes que les polices du monde entier manipulent sans désemparer, suivant en cela l’exemple du big brother yankee et celui de l’État sioniste paria.

Il serait moralement et politiquement meurtrier de s’abandonner à la surenchère verbale et de s’attaquer sans discernement au parti d’En-Nahdha et à ses dirigeants. C’est très exactement le piège que vous tendent ceux qui ont assassiné Belaïd.
Ne laissez pas le traquenard algérien (décrit supra) se refermer sur vous. Ceux qui appelleraient à un affrontement sans nuance avec l’islamisme (pris comme totalité abstraite) feraient preuve de pusillanimité dans l’analyse en même temps qu’ils commettraient une faute politique dont les conséquences seraient désastreuses pour le peuple tunisien.

Certes, il est juste d’exercer sur En-Nahdha une pression afin de l’amener à se démarquer catégoriquement des soi-disant djihadistes qui prospèrent sur ses marges. Mais une pression efficace ne peut provenir que de la base populaire, ce qui implique de ne jamais abandonner ce terrain aux seuls islamistes.

La répétition incantatoire des mots d’ordre de « modernité » et de « laïcité » ne fera pas avancer les choses d’un millimètre.
Pas plus que l’avenue Bourguiba ne remplacera le pays réel.

Avancer dans la contradiction, c’est être capable d’en tenir les deux termes ensemble sans jamais succomber à la tentation d’en supprimer un.

Chers frères,
En toute circonstance, n’oubliez pas que vous avez à votre disposition le contre-exemple algérien que je vous conjure de bien méditer.

À la mémoire de Khélifa Brahimi, Tunisien ayant vécu en Algérie, qui fut mon camarade de combat syndical et mon ami très cher.

Sources : chiricahua overblog

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CHOKRI BELAÏD : LA VOIX QUI DÉRANGE

El Watan
Mourad Sellami
le 08 février 2013

Avec l’assassinat, mercredi 6 février, de Chokri Belaïd, la violence politique en Tunisie a atteint un seuil dangereux. Mais pourquoi lui ? Pour répondre à cette question, il a fallu faire le tour de la classe politique, aussi bien sa famille, ses amis que ses détracteurs. En posant la question à son épouse Besma, elle répond fièrement : « C’est celui qui n’a pas peur de dire la vérité, même si elle dérange. » La veuve rappelle que « ce n’est pas par hasard que Chokri a été ciblé par des prêches incendiaires dans les mosquées de dirigeants islamistes comme Habib Ellouze » (membre de l’Assemblée nationale constituante et l’un des faucons d’Ennahda).

Des propos similaires sont repris par Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire (l’alliance de dix partis, dont celui des Patriotes démocrates dirigé par Chokri Belaïd). Hamma souligne que « Chokri dérange car la tonalité de ses propos atteint directement ses auditeurs ». Il explique que « l’aspect direct de ses discours est accessible à son public, notamment les classes laborieuses, dont il partage les soucis ». Hamma justifie la rancœur des islamistes radicaux à l’encontre du « martyr » par le fait que « cette même population soit la cible privilégiée pour l’embrigadement par ses adversaires djihadistes. D’où la gêne qu’il leur cause et la haine qu’ils ont contre lui ». Du côté de ses détracteurs, le membre du conseil de la choura d’Ennahda, Hichem Laâreyedh, dit « respecter ce leader de la vie politique tunisienne malgré les différences entre nos idéologies respectives ». Il considère que « sa mort est une perte pour la Tunisie ».

Le parcours du militant

Le militant qu’est Chokri Belaïd est né le 26 novembre 1964 à Jebel Jeloud, dans les environs de Tunis. Son père est originaire de la zone de Sidi Abid, à Boussalem dans le gouvernorat de Jendouba, au nord-ouest de la Tunisie. Selon ceux qui l’ont connu, le jeune Chokri s’est imprégné de la pensée patriotique démocratique à partir du secondaire, quand il a commencé à fréquenter les cercles clandestins du mouvement. À l’université, qu’il a intégrée durant la deuxième moitié des années 1980, il brille grâce à ses qualités hors pair d’orateur et devient un virulent adversaire des islamistes qui commencent à élargir leur influence sur la sphère estudiantine, après des décennies de domination de la pensée de gauche.

En 1988, lors du 18e congrès extraordinaire de l’Union générale des étudiants de Tunisie, Chokri Belaïd est un candidat potentiel pour diriger cette organisation. Mais les tractations politiciennes lui préfèrent Samir Laâbidi, candidat indépendant et plus conciliant avec le pouvoir de Ben Ali en place. Quoi qu’il en soit, le leader Watad (patriotique démocratique) a marqué de son empreinte les trois années de sa mandature au bureau exécutif de l’organisation estudiantine. Par la suite, cet opposant radical a terminé son master de droit à Paris aux débuts des années 1990 pour accéder directement au barreau, sans passer par l’examen très sélectif du certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA).

De retour en Tunisie, il intègre le barreau et brille par ses plaidoiries dans les procès politiques, ce qui lui a valu pas mal de tracas avec le régime en place. Il fait l’objet d’un enlèvement, en compagnie de Me Abderraouf Ayadi, par les sbires du régime déchu, quelques jours avant le 14 janvier 2011. Après la chute de Ben Ali, l’avocat et militant démocratique poursuit son combat. Sa femme dit de lui qu’il n’avait jamais peur et qu’il croyait fermement aux ressources du peuple tunisien. « Il se savait menacé.
Pourtant, il poursuivait le combat avec la même ferveur », n’a-t-elle cessé de répéter depuis son assassinat. Humainement parlant, la veuve Besma dit que Chokri Belaïd était très proche de ses deux filles, de 7 et 9 ans, dont il suivait la scolarité.

Loin de tout machisme que laissent inspirer ses moustaches à la Staline, le défunt avait l’habitude d’aider son épouse en cuisine et ne rechignait pas aux tâches ménagères. De l’avis de tous, partisans et détracteurs, la Tunisie a perdu un combattant de la liberté.

Mourad Sellami

Sources El-Watan

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[1Le lundi 23 janvier 2013 a été marqué en Tunisie par une série d’agressions barbares ciblant des avocats, des journalistes et des universitaires venus soutenir en marge d’un procès inquisitoire contre une chaîne de télé la liberté de création et d’expression.
Ce jour-là, une foule d’islamistes embrigadés par les cheikhs du fascisme religieux s’est ameutée à Tunis autour du tribunal qui jugeait Nessma TV et son directeur -pour la diffusion de Persépolis.
Aux yeux des prisonniers de la pensée unique, ce film iranien est impie et le directeur de Nessma TV, "apologiste de l’art impie", mérite le bûcher.
Pour rappel, ce procès de la honte répondait à une poursuite judiciaire engagée par des soi-disant avocats, une centaine de ceux qui portent indûment la robe de la profession, d’obédience nahdhaouie. Il rappelle à juste titre la Hisba remise au goût du jour en Egypte, une censure religieuse draconienne dirigée contre tout ce qui s’appelle création artistique et littéraire, toute œuvre s’écartant des passages cloutés islamistes.
A leur sortie de l’audience, plus d’un de l’élite éclairée tunisienne engagée contre l’importation de la Hisba en Tunisie se sont vus conspuer, subir insultes et crachats, agresser physiquement, menacer de mort et de lynchage par la foule fanatisée, qui ressuscitait ce jour-là les tristement célèbres scènes de la sainte inquisition chrétienne du Moyen âge.

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