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STÉPHANE HESSEL S’EN EST ALLÉ

mercredi 27 février 2013

Assawra
mercredi 27 février 2013
par La Rédaction
Avec les agences de presse

Stéphane Hessel, l’auteur de "Indignez-vous" est mort dans la nuit de mardi à mercredi, a-t-on appris auprès de son épouse Christiane Hessel-Chabry.

L’écrivain, résistant, diplomate, ambassadeur et militant politique français avait 95 ans.

Stéphane Frédéric Hessel, né le 20 octobre 1917 à Berlin et mort le 27 février 20131, fut un diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français.

Né allemand, Stéphane Hessel arrive en France à l’âge de 8 ans. Naturalisé français en 1937, normalien, il rejoint les forces françaises libres en 1941 à Londres. Résistant, il est arrêté et déporté à Buchenwald puis à Dora et ne doit la vie qu’à une substitution d’identité avec un prisonnier mort du typhus et à son évasion.

Il entre au Quai d’Orsay en 1945 et fait une partie de sa carrière diplomatique auprès des Nations unies (dont le siège est à l’époque installé en France, à Paris au Palais de Chaillot) où il assiste comme témoin privilégié à la constitution de la charte des droits de l’homme et du citoyen. Homme de gauche et européen convaincu, il est ami de Pierre Mendès France et Michel Rocard.
Stéphane Hessel est connu du grand public pour ses prises de position concernant les droits de l’homme, le problème des « sans-papiers » et le conflit israélo-palestinien ainsi que pour son manifeste “Indignez-vous !” paru en 2010, au succès international.

Prises de position sur le conflit israélo-palestinien

En août 2006, Stéphane Hessel signe un appel contre les frappes israéliennes au Liban, paru dans Libération et L’Humanité.
Le 5 janvier 2009, Stéphane Hessel déclare à propos de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza : « En réalité, le mot qui s’applique – qui devrait s’appliquer – est celui de crime de guerre et même de crime contre l’humanité. Mais il faut prononcer ce mot avec précaution, surtout lorsqu’on est à Genève, le lieu où siège un haut commissaire pour les droits de l’homme, qui peut avoir là-dessus une opinion importante. Pour ma part, ayant été à Gaza, ayant vu les camps de réfugiés avec des milliers d’enfants, la façon dont ils sont bombardés m’apparaît comme un véritable crime contre l’humanité. »

Le 4 mars 2009 , Stéphane Hessel est membre du comité de parrainage du “Tribunal Russell sur la Palestine”. Il préside la conférence de presse organisée à l’occasion de son lancement. En novembre, il apporte son soutien à Salah Hamouri, un Franco-Palestinien emprisonné en Israël reconnu coupable, par la justice israélienne, d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et de complot d’assassinat.

Le 30 décembre 2009, Stéphane Hessel cite Israël dans une liste d’États « tyranniques », parmi la Chine, la Russie et l’Iran, avec lesquels le commerce ne doit pas primer sur les droits de l’Homme.
Le 15 juin 2010, il appelle à participer au “mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions contre Israël”, soulevant l’indignation du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme qui porte plainte pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence ». En octobre 2010, Pierre-André Taguieff, paraphrasant Voltaire, écrit sur son mur Facebook : « Un soir au fond du Sahel, un serpent piqua le vieil Hessel, que croyez-vous qu’il arriva, ce fut le serpent qui creva », puis supprime le commentaire quelques heures plus tard. Le ton des propos tenus par Taguieff entraîne une polémique publique, au cours de laquelle le politologue développe ses reproches envers Hessel et contre les positions de ce dernier à l’égard d’Israël, qu’il juge « extrémistes ».

Début janvier 2011, naît une polémique à propos de l’annulation d’une rencontre organisée à l’ENS avec Stéphane Hessel. Le CRIF demande, en janvier 2011, au ministre des universités, Valérie Pécresse, et au rectorat de Paris, d’empêcher la tenue à l’École normale supérieure, d’un colloque-débat auquel devait participer Stéphane Hessel mais aussi Leïla Shahid, Haneen Zoabi (députée arabe au parlement israélien), Michel Warschawski, Élisabeth Guigou, Gisèle Halimi et Benoist Hurel (secrétaire général adjoint du Syndicat de la magistrature), ce parce que son objet serait de promouvoir un boycott anti-israélien. Monique Canto-Sperber, directrice de l’ENS, annule ce débat le 12 janvier 2011, provoquant une polémique. Mediapart, en première ligne, dénonce les pressions revendiquées du CRIF et l’attitude de la direction de l’ENS : plusieurs personnalités, dont Alain Badiou, Jacques Rancière et Esther Benbassa dénoncent un acte de censure et une atteinte à la liberté d’expression. Pour sa part, niant toute influence extérieure dans sa décision, Monique Canto-Sperber a expliqué avoir annulé l’évènement dans la mesure où, d’après elle, au lieu d’une simple rencontre entre Stéphane Hessel, quelques normaliens et les élèves de l’école, il se préparait un meeting ouvert à un large public extérieur autour d’une association pro-palestinienne appelant au boycott des professeurs israéliens.
Un rassemblement « pour soutenir la liberté d’expression », auquel a participé Stéphane Hessel, a eu lieu place du Panthéon.
Au mois de mars 2011 des universitaires américains, canadiens et britanniques signent une pétition contre l’interdiction de la conférence de Stéphane Hessel.

Relations Nord-Sud

Stéphane Hessel est favorable au développement de l’aide des pays riches vers les pays pauvres et partage cette conception avec Laugier et Manuel Perez-Guerrero. C’est en ce sens qu’il a agi auprès de la CNUCED lors de son poste à Genève. Il souhaite une profonde réforme de la coopération et la création d’une agence d’aide au développement au service du ministère des affaires étrangères.

Il est cofondateur de l’association France-Algérie créée en 1963 et créateur du Guide du coopérant français en Algérie, mine de conseils utiles pour les jeunes du contingent effectuant leur service national dans le cadre de la coopération et pouvant être déroutés par des mœurs qu’ils ne connaissent alors que peu. Ce guide, mis à jour régulièrement, sera édité et remis à chaque coopérant jusqu’à la fin des années 1970.

Ses liens avec l’Afrique sont profonds. Il est ainsi invité à Ouagadougou par Blaise Compaoré en 1991 pour exposer à la commission charger d’élaborer la nouvelle constitution, les principes qu’elle doit suivre et il participe par deux fois à des missions de réconciliation au Burundi en 1993 et 1995.

Immigration

Issu lui-même de l’immigration, Stéphane Hessel est attaché au respect des droits de l’immigré. Il voit dans l’immigration une richesse potentielle pour la France. Il souhaite limiter l’immigration clandestine, favoriser et valoriser l’immigration officielle. Il est favorable au droit de vote des étrangers aux élections municipales.

En 1962, Stéphane Hessel crée l’Association de formation des travailleurs africains et malgaches (AFTAM), dont il devient le président (en 2008, l’AFTAM compte 22 000 lits d’hébergement).

En 1996, il est choisi comme médiateur dans l’affaire, qui eut un grand retentissement dans l’opinion publique, des « sans-papiers » des églises Saint-Ambroise puis Saint-Bernard, aventure dans laquelle il garde le sentiment amer d’avoir été joué, n’ayant pu obtenir qu’à peine 15 % des régularisations demandées.

Indignez-vous !

En 2010, Stéphane Hessel publie son manifeste “Indignez-vous !” dans lequel il encourage les générations montantes à conserver un pouvoir d’indignation. « La pire des attitudes est l’indifférence » écrit-il. Il y dénonce le système économique actuel fondé sur le profit individuel et propose un partage des richesses plus équitable. Il consacre également une grande partie du livre au conflit israélo-palestinien, prône l’insurrection pacifique et l’espérance.

Son livre vendu à plus de 4 millions d’exemplaires dans près de 100 pays est à l’origine des mouvements des indignés qui ont émergé en Espagne, Grèce et États-Unis. L’intérêt suscité par cet ouvrage et son retentissement amènent Stéphane Hessel à approfondir son propos dans deux publications complémentaires : “Engagez-vous !” et “Le Chemin de l’espérance.”

Œuvres de Stéphane Hessel

  • “Le Tourbillon de la vie, la véritable histoire de Jules et Jim” en collaboration avec Manfred Flügge et Ulrich Hessel, Paris, Albin Michel, 1994, (ISBN 978-2-226074-75-1)
  • “Danse avec le siècle” (autobiographie), Paris, Le Seuil, 1997.
  • “Dix pas dans le nouveau siècle” , Paris, Le Seuil, 2002.
  • “Ô ma mémoire : la poésie, ma nécessité” (88 poèmes commentés), Paris, Le Seuil, 2006 ; rééd. 2010.
  • “Citoyen sans frontières” , conversations avec Jean-Michel Helvig, Paris, Fayard, 2008.
  • Préface de Stéphane Hessel à l’ ouvrage de Robin Walter KZ Dora , volume 1, éditions Des ronds dans l’O, 2010 ; évoque la résistance déportée à Buchenwald et à Dora.
  • “Indignez-vous !” , Montpellier, Indigène éditions, collection « Ceux qui marchent contre le vent », 2010 (ISBN 978-2-911939-76-1).
  • “Engagez-vous !”, entretiens avec Gilles Vanderpooten, éditions de l’Aube, série « Conversation pour l’avenir », 2011.
  • “Le Chemin de l’espérance” , en collaboration avec Edgar Morin, Paris, Fayard, 2011.
  • Résistances , avec Aung San Suu Kyi, Don quichotte, 2011, (ISBN 2359490427)
  • “Vivez !” , entretiens avec Édouard de Hennezel et Patrice van Eersel, éditions Carnets Nord, 2012.
  • EXIGEZ ! Un désarmement nucléaire total , avec Albert Jacquard et l’Observatoire des armements, Stock, 2012.
  • “Tous comptes faits... ou presque” , Paris, Libella, 2012, (ISBN 9782266228527)

Voir en ligne : http://www.assawra.info/spip.php?ar...

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