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L’ ETAT ALGÉRIEN EST-IL UN ETAT ANTI IMPÉRIALISTE ?

vendredi 1er novembre 2013

Voici un extrait d’un article en anglais de Hamza Hamouchène, qu’il est possible de lire dans sa version intégrale en cliquant sur le lien :

http://www.etatdexception.net/?p=6055

Les premiers signes de relance de la diplomatie algérienne en direction de l’environement africain, sont-ils un signe de meilleure vision et prise en compte plus autonome des intérêts nationaux et de la souveraineté algérienne, face aux visées tellement évidentes de l’impérialisme et de ses satellites réactionnaires ?


par Hamza Hamouchene
29 octobre 2013

L’anti-impérialisme et la lutte démocratique

La bourgeoisie compradore

."...L’analyse ci-dessus suggère que la bourgeoisie anti-nationale, stérile et improductive, a obtenu la mainmise dans la gestion des affaires de l’Etat en orientant ses choix économiques, quoique avec une certaine résistance de la part d’une bourgeoisie nationale quasi-inexistante (modification de la loi anti-nationale et sans vergogne Khelil de 2006 sur les hydrocarbures, après qu’Hugo Chavez ait fait pression contre elle). Il suffit de regarder la nature improductive de l’économie algérienne, avec la prépondérance des activités de commerce d’import-import et la désindustrialisation, pour se rendre compte que cette bourgeoisie a un caractère qui est essentiellement rentier, commercial et spéculatif. Elle n’est également intéressée qu’à exporter ses propres bénéfices à l’étranger, les thésaurisant dans des paradis fiscaux ou les investissant dans des secteurs / actifs non productifs, tels que les restaurants, les hôtels et les propriétés. (Sur la manière dont cette bourgeoisie s’efforce de vendre l’économie de la façon la plus anti-nationale qui soit, voir le livre de Hocine Belalloufi : La démocratie en Algérie, Réforme ou révolution ?).

Cette bourgeoisie compradore ne produit pas, mais consomme plutôt ce qu’elle importe et compromet gravement les services publics essentiels, tels que la santé et l’éducation, qui se dégradent d’année en année. L’oligarchie quasi-mafieuse est néolibérale par religion, et n’a aucun égard pour l’avenir du pays et de sa population. Elle est parasitaire et rapace en tant qu’elle s’attaque à l’économe et maintient une corruption endémique (responsable d’une série récente d’importants scandales de corruption, qui a touché des secteurs importants de l’économie, y compris le plus stratégique de tous : le secteur de l’énergie). Elle est entièrement subordonnée au système international de domination économique, politique et militaire, et représente donc le véritable agent de l’impérialisme et son accessoire utile.

Non à une ingérence impérialiste, non au statu quo

Ce régime largement compradore est la plus grande menace à la souveraineté de la nation et doit à coup sûr être renversé. Cependant, il est nécessaire de s’assurer que cette chute se produise dans un contexte national et ne conduira pas à l’instauration d’un autre régime soumis à l’impérialisme. C’est une tâche extrêmement difficile pour l’opposition démocratique, et nécessite une bonne compréhension de l’impérialisme et de son fonctionnement pour éviter de devenir un instrument de déstabilisation du pays en faveur de l’impérialisme. Cependant, une vigilance absolue à l’endroit des desseins impérialistes ne doit pas conduire à accepter ou à défendre le statu quo et la stabilité feinte, à savoir le soutien à un régime qui prive son propre peuple du droit à l’autodétermination. Cette prudence ne doit pas conduire à renoncer à la lutte pour la démocratie et l’hégémonie des masses opprimées.
Une position anti-impérialiste étroite et simpliste, basée sur une vision manichéenne du monde – entre un Nord impérialiste et un Sud globalement anti-impérialiste – ne doit pas nous aveugler. Ce point de vue ne tient pas compte des réalités sur le terrain, où des régimes corrompus et autoritaires – dont la plupart sont des clients des puissances occidentales – qui étouffent le peuple. Ce point de vue dilue aussi avec son désagréable manque de nuance l’importance de bâtir de solides Etats démocratiques, et conforte certaines classes compradores parasites, qui se posent en tant que super-patriotes. Malheureusement, ce point de vue est renforcé par ce qui s’est produit lors de l’inspirant « Printemps arabe », surtout après son détournement par l’intervention occidentale en Libye et la guerre par procuration en Syrie.

Il est donc primordial de comprendre que l’autoritarisme et la corruption sont les jumeaux de toute entreprise néocoloniale, et sont des alliés objectifs de l’impérialisme (l’islam politique réactionnaire est un autre exemple). Les centres impériaux peuvent facilement gérer les régimes non démocratiques (comme ceux de Saddam Hussein, Kadhafi, Bachar Al Assad, et Bouteflika). Tant que ces régimes sont les vassaux des puissances impériales, ils peuvent réprimer et opprimer leur peuple à volonté, et quand ils ne sont plus utiles, ils sont abandonnés et remplacés (Saddam, Moubarak, Ben Ali, Kadhafi, Ali Saleh, et probablement Al Assad). Ce refus de la démocratie est donc très périlleux pour la souveraineté de la nation et son intégrité territoriale.

En outre, ces dictatures « patriotiques » servent les desseins impériaux visant à redessiner un grand Moyen-Orient, dans une stratégie d’affaiblissement des Etats-nations[8]. Avec la suprématie militaire occidentale et une propagande massive, nos dictateurs sont des éléments clés dans ce complot. Ils répriment leurs peuples, participent à des guerres par procuration pour l’empire (l’Irak contre l’Iran), et peuvent être utilisés à la fin comme justification d’une intervention / occupation directe. Le scénario irakien n’est pas quelque chose du passé ; il a été reproduit plutôt efficacement en Libye et est actuellement en cours en Syrie, mais en adoptant une approche différente. Il peut éventuellement être étendu à d’autres pays, dont l’Algérie, pour éradiquer complètement toute réticence à être dominé. Cela n’arrive pas qu’aux autres, alors comment pouvons-nous éviter la re-colonisation, la gestion directe de nos ressources énergétiques, le contrôle de notre territoire, ainsi que la subordination du pays à des intérêts qui ne sont pas les nôtres ?

Il n’y a pas de meilleure citation pour répondre à cette question, afin de souligner le danger extrême des systèmes dictatoriaux sur la sécurité nationale, et souligner la nécessité d’une cohésion nationale fondée sur la citoyenneté et la liberté, que ce que le défunt Abdelhamid Mehri, un intellectuel de la révolution algérienne, avait à dire à propos de l’Algérie dans le sillage des événements historiques en Tunisie et en Egypte en 2011 :
« Si vous ne voulez pas être changé par les autres, vous devez vous changer vous-mêmes. La démocratie n’est pas seulement un impératif éthique, c’est aussi un impératif de sécurité nationale. Par conséquent, la dictature et l’autoritarisme sont de vraies menaces existentielles, et des alliés objectifs de l’impérialisme. »

Cinquante ans après son indépendance, l’Algérie doit renouer avec ses idéaux révolutionnaires du passé, grâce à l’initiative d’une révolution démocratique pour mettre fin à la tyrannie et l’injustice, démanteler l’Etat compradore et installer un régime anti-impérialiste audacieux, qui va vraiment libérer le peuple et aussi s’efforcer de construire un ordre mondial multipolaire équitable. Cela peut être fait en transcendant les contraintes nationales et en établissant de solides alliances à travers le monde, en particulier avec le Sud, afin de faire lever, émerger, et accomplir la liberté de [from] la domination impérialiste.

Source : Jadaliyya.
Traduit de l’anglais par RC, pour Etat d’Exception.

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