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Michel Collon, journaliste et écrivain : « L’EMPIRE EST EN GUERRE GLOBALE POUR LA SURVIE DE SON HÉGÉMONIE »

mardi 12 novembre 2013


Très utile mise en perspective historique contemporaine, pour ouvrir les yeux des patriotes et démocrates sincères qui croient qu’en quelques décennies l’impérialisme s’est évaporé par micacle et s’imaginent qu’en faisant l’autruche ils peuvent amadouer les impérialistes et les rendre plus "compréhensifs" envers les aspirations des peuples.


écrit par Mehdia Belkadi
le 12 Novembre 2013

Le monde unipolaire est en guerre globale contre le reste du monde afin d’assurer la survie, le plus longtemps possible, de son hégémonie en procédant à des guerres directes ou indirectes afin de monopoliser les richesses du monde, de contrôler les points de passage stratégiques et d’empêcher la création d’alliances stratégiques pouvant donner naissance à des forces qui lui sont rivales et qui pourraient rééquilibrer les rapports mondiaux.
C’est l’analyse, élaborée dimanche, par le journaliste et écrivain belge, Michel Collon, à l’occasion d’une conférence organisée par la libraire Omega et la Moubadara du 24 février ayant pour thème « Palestine, Liban, Libye, Syrie : à qui le tour ? Les nouvelles stratégies de Washington et Paris
pour recoloniser le Grand Moyen-Orient ».

Le journaliste, spécialisé dans la dénonciation des médias-mensonges et de la désinformation généralisée, explique qu’en 1990, avec la chute de l’Union soviétique qui pouvait jouer un contre-poids aux Etats-Unis, l’on assiste à « une nouvelle guerre de Cent Ans, à une recolonisation du monde ».
D’ailleurs, il revient sur le concept de l’impérialisme, un terme prohibé en Occident, et considère que s’il est nécessaire d’actualiser les moyens et les méthodes d’analyse de l’impérialisme, ce dernier ayant changé d’aspect, il n’en demeure pas moins que l’on ne peut pas ignorer l’histoire.
Il revient, à cet effet, sur le capitalisme des années 1940 à 1960 et rappelle que l’Europe, en pleine reconstruction après la guerre, a connu un certain progrès social.
Mais dans la quête d’un maximum de profit pour un minimum de coût, le capitalisme provoque lui-même la crise de 1965 : baisse des salaires, remise en question des acquis des travailleurs (considérés comme du profitariat) et annulation des allocations chômage.
Les petites et moyennes entreprises qui ne peuvent plus faire face à la rude concurrence – on ne peut pas maintenir à niveau égal des petits capitalismes sans l’apparition de monopoles - seront absorbées par les géantes multinationales, celles qui font les meilleurs taux de profits. Elles détiendront ainsi le monopole du marché, résume M. Collon.
Il explique que ce système injuste basé sur l’exploitation crée un fossé croissant entre les classes riches et les classes pauvres, dont le pouvoir d’achat ne cesse de baisser, d’où la nécessité pour les multinationales de trouver de nouveaux marchés et de transférer leurs bénéfices au Sud (les entreprises faisant plus de profits dans les pays du Sud que sur leur marché interne).

Grand échiquier

C’est pour cela qu’on procède à la guerre, « le moyen fondamental de maintenir ce système économique injuste ». Les guerres serviront au pillage des richesses et à la soumission des « désobéissants ».
Ainsi, dès la chute de l’Union soviétique, les Etats-Unis « foncent dans la guerre globale pour les richesses, avant que la Russie ne renaisse », a indiqué M. Collon, citant les déclarations et les travaux des deux stratèges américains, Kessinger et Brzeziński.
Ce dernier a d’ailleurs expliqué dans son livre, “Le Grand échiquier,” le projet de morcellement de la Russie en trois parties : celles qui regorgent de gaz et de pétrole seront évidemment séparées de la partie où se trouve Moscou. La tentative d’un coup d’Etat en vue de concrétiser le projet sera confrontée à une montée de la résistance, « pas toujours de forces sympathiques », précise le journaliste, afin de protéger leurs ressources et leur économie.

Mais, les ambitions de l’empire américain ne s’arrêtent pas là. Alors que George Bush annonçait l’entrée du monde dans une nouvelle ère où la paix régnera, les Etats-Unis attaquent l’Irak, dès la première année du monde unipolaire, sous le prétexte de son invasion du Koweït.
Michel Collon ne pourra pas s’empêcher de voir les vraies raisons derrière cette invasion : faire barrage aux intentions de Saddam Hussein de créer une alliance des pays du Moyen-Orient et un marché commun, et de faire profiter la population de l’argent du pétrole.
Le journaliste y voit également un avertissement aux non obéissants : la fin du rival russe ne signifie pas le rangement des armes. « Nous allons rendre l’Irak à l’âge de pierre, disait clairement Baker, c’est chose faite ! Mais les Irakiens peuvent voter maintenant », fait remarquer M. Collon, pour qui, le deuxième avertissement a eu lieu en 1993.

Gendarme du monde

La guerre en Yougoslavie, présentée comme une guerre religieuse ou nationaliste - des mensonges démentis par la réalité et l’histoire - estime M. Collon, est une attaque américaine contre l’Europe qui a pour but de s’attribuer le rôle de gendarme du monde, dont l’outil est l’OTAN.
L’intervenant cite le Secrétaire général de l’OTAN de l’époque,
M. Solana, repris dans son livre “Poker Liars,” qui déclare : « L’expérience acquise en Yougoslavie nous servira de modèle pour les prochaines opérations de l’OTAN. C’est un exercice qui nous permet de dire que nous sommes opérationnels. »

Ainsi, l’organisation « défensive » à la base qui n’a plus lieu d’exister en raison de la chute de l’URSS et du pacte de Varsovie se voit attribuer une nouvelle mission. Trois analystes américains écrivaient qu’il fallait « sortir l’OTAN de sa zone au risque de la voir perdre son boulot », cite M. Collon.
L’OTAN procède alors à l’application de sa mission.

La guerre en Yougoslavie aura également permis de diviser l’Europe et de l’empêcher de se doter d’une armée et d’accéder ainsi à son indépendance militaire.

Après les interventions au Caucase pour les ressources naturelles et pour lancer un avertissement à l’Asie centrale et à la Russie, commence la deuxième phase du rôle de l’OTAN dans le contrôle des différentes régions du monde.

D’abord, la guerre en Afghanistan qui intervient après la guerre en Irak, ce qui fait que l’Iran, qui se trouve exactement entre les deux pays, se retrouve entouré des forces atlantistes et américaines.
Pour M. Collon, cette intervention en Asie pour un prétexte bidon (les taliban étaient prêts à remettre Ben Laden au TPI) a pour but de contrer une alliance entre l’Iran, la Russie et la Chine, enthousiasmés, avec d’autres pays, dont l’Inde et le Japon, par l’Organisation de coopération de Shanghai.

Après l’Europe et l’Asie est venu le tour de l’Afrique et de la Méditerranée.
Le choix de la Libye n’est pas fortuit, explique M. Collon. En plus des réserves de pétrole, Kadhafi avait financé plusieurs plans de développement en Afrique et faisait bénéficier la population de l’argent du pétrole.

Déclin et rééquilibrage

Le journaliste précisera que des essais militaires ont été effectués au large au nord du Venezuela, un pays qui a, lui aussi, d’importantes réserves de pétrole, qui mène une politique très favorable au développement et dont les dirigeants sont considérés comme désobéissants.
Ainsi, en plus du pillage des richesses, les guerres impérialistes ont aussi pour but de contrer tout plan d’alliance ou d’intégration régionale, indique M. Collon.
Mais également de contrôler les points d’accès stratégiques, comme pour l’Océan Indien, à travers la Somalie et le projet du Grand Moyen-Orient, ce qui portera atteinte à la Chine, qui perd là un important point de passage.

Le journaliste belge souligne ainsi que ces guerres se font à deux niveaux : contre les peuples et les dirigeants désobéissants, mais aussi contre les adversaires et les rivaux.
Elles permettent à la fois de bénéficier du pillage des richesses et du contrôle des points d’accès, mais aussi d’en priver les adversaires, la hantise de l’empire.

M. Collon indique qu’en 1945, les Etats-Unis produisaient 50% de la technologie mondiale contre 20% aujourd’hui.
Des prédictions font état d’une baisse considérable dans une quinzaine d’années pour atteindre 11% seulement, ce qui les ramènera au même niveau que la Chine ou d’autres pays.

C’est cette crainte du déclin de l’empire et de l’émergence de nouvelles forces à même de rééquilibrer les rapports internationaux, comme c’est en train d’être fait en Amérique du Sud, ou comme le laisse entendre le veto sino-russe sur le dossier syrien, qui rend l’empire féroce, note M. Collon, et le pousse à recourir aux guerres directes et indirectes (déstabilisation, assassinats, coups d’Etat, guerre civile, etc. ), afin de défendre son monopole.



Voir en ligne : http://www.reporters.dz/index.php?o...

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