Accueil > GÉOPOLITIQUE INTERNATIONALE > MANDELA, CE SOURIRE QUI VENAIT DU PLUS PROFOND DE L’ÂME

MANDELA, CE SOURIRE QUI VENAIT DU PLUS PROFOND DE L’ÂME

vendredi 6 décembre 2013


TEXTE – HOMMAGE à NELSON MANDELA - lettre de MARWAN BARGHOUTI – Prison Hadarim, cellule n°28 à L’Humanité – le 6 décembre 2013 ;


MANDELA, CE SOURIRE QUI VENAIT DU PLUS PROFOND DE L’ÂME - le 6 décembre 2013 - Assawra - la Rédaction ;


QUAND NELSON MANDELA N’ÉTAIT QU’UN “TERRORISTE COMMUNISTE” - Assawra -la Rédaction - le 6 décembre 2013 - Monde Diplomatique avril 1986 ;


UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ - livre de NELSON MANDELA - téléchargement gratuit sur Internet - traduit en français - en vente en librairies ;


NELSON MANDELA, NOTRE FRÈRE, S’EST ÉTEINT ! - Assawra - la Rédaction - le 5 décembre 2013 ;


LE PARTI COMMUNISTE LIBANAIS SALUE MANDELA - CELUI QUI RESTERA LE SYMBOLE DE LA RÉSISTANCE - le 6 décembre 2013 ;


TEXTE – HOMMAGE à NELSON MANDELA
MARWAN BARGHOUTI – Prison Hadarim, cellule n°28
L’Humanité – le 6 décembre 2013

« Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages »

Durant toutes les longues années de mon combat j’ai eu l’occasion à maintes reprises de penser à vous, cher Nelson Mandela. Et encore plus depuis ma propre arrestation en 2002. Je songe à un homme qui a passé 27 ans dans une cellule, en s’efforçant de démontrer que la liberté était en lui avant qu’elle ne devienne une réalité dont son peuple allait s’emparer. Je songe à sa capacité à défier l’oppression et l’apartheid, mais aussi à rejeter la haine et à placer la justice au dessus de la vengeance.

Combien de fois avez-vous douté de la victoire au bout de ce combat ? Combien de fois vous êtes vous demandé vous-même si la justice pourrait s’imposer ? Combien de fois vous êtes vous interrogé sur le silence du monde ? Combien de fois vous êtes vous demandé si votre ennemi n’allait jamais pouvoir devenir votre partenaire ? A la fin vous ferez la preuve de cette volonté implacable qui fera de votre nom l’une des plus brillantes références pour la liberté.

Vous êtes beaucoup plus qu’une inspiration. Vous aviez bien compris le jour où vous êtes sorti de prison que vous n’étiez pas seulement en train d’écrire l’histoire mais que vous contribuiez au triomphe de la lumière sur la nuit. Et vous êtes alors resté humble. Et vous portiez une promesse bien au-delà des frontières de votre pays, la promesse que l’oppression et l’injustice seront vaincues et que sera ouverte la voie de la liberté et de la paix. Au fond de ma cellule, je me rappelle sans cesse cette démarche et je poursuis moi-même cette quête, et tous les sacrifices deviennent supportables dans la seule perspective qu’un jour le peuple palestinien puisse accéder aussi à la liberté, à l’indépendance et que ce pays puisse vivre finalement en paix.

Vous êtes devenu une icône. Ce qui a permis l’éclat de votre cause et son rayonnement sur la scène internationale. L’universalité pour contrer l’isolation. Vous êtes devenu un symbole pour tous ceux qui croient que les valeurs universelles sur lesquelles vous fondiez votre combat pouvaient rassembler, mobiliser, pousser à l’action. L’unité est la loi de la victoire pour les peuples opprimés. La cellule exigüe et les heures de travail forcé, la solitude et l’obscurité ne vous auront pas empêché de regarder au-delà de l’horizon et de faire partager votre vision. Votre pays est devenu un phare et nous, les palestiniens, nous hissons les voiles pour atteindre ses rivages.

Vous disiez : « Nous savons trop bien que notre liberté n’est pas complète car il lui manque la liberté des palestiniens. » Et depuis l’intérieur de ma cellule, je vous dis que notre liberté semble possible parce que vous avez atteint la votre. L’apartheid n’a pas survécu en Afrique du sud et l’apartheid ne survivra pas en Palestine. Nous avons eu le grand privilège d’accueillir en Palestine, il y a quelques mois, votre camarade et compagnon de lutte, Ahmed Kathrada, qui a lancé, à la suite de sa visite, la campagne internationale pour la libération des prisonniers palestiniens de leurs cellules où une part importante de l’histoire universelle s’écrit, démontrant que les liens avec vos combats sont éternels.

Votre capacité à constituer une figure unificatrice et à conduire le mouvement depuis l’intérieur de la prison, d’être confiant dans l’avenir de votre peuple alors que vous étiez vous-même privé de la capacité de choisir votre destin, constituent les marques d’un dirigeant exceptionnel et d’une véritable figure historique. Je salue le combattant de la liberté, le négociateur et faiseur de paix, le commandant militaire et l’inspirateur de la résistance pacifique, le militant infatigable et l’homme d’Etat.

Vous avez dédié votre vie à la cause de la liberté et de la dignité, de la justice et de la réconciliation, de la paix et de la coexistence. Beaucoup maintenant honorent votre lutte dans leurs discours. En Palestine nous promettons de poursuivre le combat pour nos valeurs communes, et d’honorer votre combat pas seulement par des mots, mais aussi en dédiant nos vies aux mêmes objectifs. La liberté, cher Madiba, l’emportera et vous y avez contribué au plus haut point en faisant de cette idée une certitude. Reposez en paix et Dieu bénisse votre âme insoumise.

Marwan Barghouti, Prison Hadarim, cellule n° 28

http://patrick-le-hyaric.fr/du-fond-de-sa-cellule-n28-notre-ami-marwan-barghouti-nous-adresse-specialement-un-texte-en-hommage-a-nelson-mandela/

haut


MANDELA, CE SOURIRE QUI VENAIT DU PLUS PROFOND DE L’ÂME

vendredi 6 décembre 2013
Assawra - la Rédaction

L’auteur de ce témoignage, Bryan Pearson, un Sud-Africain, a été correspondant de l’AFP en Afrique du Sud de 1990 à 1999. Il a, à ce titre, suivi le parcours de Nelson Mandela depuis sa sortie de prison jusqu’à son départ du pouvoir.

http://www.assawra.info/spip.php?article5438

Mais qu’est-ce qui rendait Mandela si spécial ?

À part, bien sûr, le fait d’avoir croupi vingt-sept ans dans les geôles de l’apartheid et d’en avoir émergé sans la moindre rancune.

À part son insistance pour que la "réconciliation" soit au centre d’une commission de vérité constituée pour soigner les plaies infligées à l’Afrique du Sud par des décennies de haine raciale.

À part son apparition sur le terrain de la finale de la Coupe du monde de rugby en 1995, un maillot des Springboks sur les épaules, courageux appel au pays pour qu’il s’unisse derrière une équipe sud-africaine composée en grande majorité de Blancs.

Et à part son départ de la présidence de l’Afrique du Sud au terme de son premier mandat, contrairement à tant de dirigeants dans le monde qui, une fois qu’ils ont goûté au pouvoir, s’accrochent à lui jusqu’à ce qu’il les détruise ou jusqu’à ce qu’ils détruisent les pays qu’ils gouvernent.

Voilà les qualités les plus connues du héros de la lutte contre l’apartheid.
Mais pour les journalistes qui ont eu la chance de suivre son remarquable parcours, depuis sa sortie de prison en 1990, pendant les années de transition jusqu’aux premières élections présidentielles multiraciales de 1994 et jusqu’à ce jour de 1999 où —trop tôt pour certains— il tira sa révérence, Nelson Mandela était plus que cela. Beaucoup plus que cela. Il n’était pas un politicien comme les autres. Couvrir "l’histoire Mandela" vous marquait pour la vie. Il nous incitait tous à devenir de meilleurs êtres humains ou, plus exactement, à reconnaître les vertus de la réconciliation à une époque où les Sud-Africains, blancs ou noirs, subissaient encore les stigmates de l’apartheid.

J’assiste à un meeting de campagne dans la township d’Alexandra, dans la banlieue de Johannesburg. La tension est extrême. Mandela prend la parole devant une foule imprégnée de sentiments anti-Blancs après un énième massacre de Noirs attribué à la "Troisième force" —des barbouzes blancs qui cherchent à torpiller par la violence le processus de démantèlement de l’apartheid.

Et puis, brusquement, il s’arrête de parler. Il montre du doigt une femme blanche qui se tient debout parmi les participants, un peu en retrait.
"Cette femme, là-bas", dit-il avec un large sourire. "Elle m’a sauvé la vie."
Il l’invite à monter sur scène et l’embrasse chaleureusement. Il raconte qu’en 1988, alors qu’il était incarcéré dans la prison de Pollsmoor, près du Cap, il avait été hospitalisé après avoir attrapé la tuberculose et que c’était cette femme, une infirmière, qui l’avait soigné.
Mandela réussissait à renverser l’humeur de la foule. Les grondements vengeurs se taisent, noyés sous les murmures d’approbation.

Il y a aussi ce jour où Mandela, devenu président de l’Afrique du Sud, accueille une réunion de la Communauté de développement d’Afrique australe. Pratiquement tous les chefs d’Etat et de gouvernement de la région sont là. Depuis le matin, les journalistes attendent une conférence de presse qui n’arrive pas. Une reporter radio, très agitée, doit s’éclipser en milieu d’après-midi pour récupérer son fils à l’école, en priant pour que la conférence de presse ne démarre pas pendant son absence.
Heureusement pour elle, elle revient juste à temps, accompagnée de son gamin dont la "chemise Madiba" tranche avec les costumes stricts de l’assistance.
En entrant dans la salle avec les autres dirigeants, Mandela remarque l’enfant. Sans hésiter, il se dirige vers lui, lui serre la main et lui dit : "Bien le bonjour. Comme c’est gentil d’avoir pris le temps de venir parmi nous malgré votre emploi du temps chargé !" Le gamin rayonne, sa mère aussi.
Les journalistes sont enchantés et les présidents et Premiers ministres ont l’air de bien s’amuser.

Il en allait toujours ainsi. Nous étions émerveillés en voyant Mandela s’adapter sans difficulté à son nouveau rôle d’homme d’Etat d’envergure mondiale. Nous étions émus lorsque, de temps en temps, il laissait entrevoir son côté humain. Pendant son divorce, il avait confié publiquement que la femme qu’il aimait si profondément, Winnie, n’avait pas passé une seule nuit avec lui depuis sa sortie de prison. L’activiste Strini Moodley, incarcéré à Robben Island, raconte que Mandela avait toujours une photo de Winnie avec lui dans sa cellule. Un jour, Moodley demande à emprunter l’image pour réaliser un croquis. "Tu peux l’avoir pendant la journée, mais la nuit elle revient avec moi", lui répond Mandela.

Pendant la campagne électorale, Nelson Mandela n’oubliait jamais de demander aux journalistes s’ils avaient bien dormi et s’ils avaient bien pris leur petit-déjeuner. Il connaissait beaucoup de reporters et de photographes par leur nom. Il s’arrêtait souvent pour bavarder avec eux, en commençant toujours par un : "Comme c’est bon de vous revoir !"

Un des moments les plus emblématiques de ses efforts permanents pour réconcilier les Sud-Africains fut sa visite à Betsie Verwoerd, la veuve de l’architecte de l’apartheid Hendrik Verwoerd, l’homme qui l’avait, de fait, envoyé en prison.
C’est sous Verwoerd, Premier ministre de 1958 jusqu’à son assassinat en 1966, que le “Congrès national africain” (ANC) et le “Parti communiste” avaient été mis hors la loi. Contraint à la clandestinité, Mandela avait été arrêté et condamné à la prison à vie, en 1964, pour "actes de sabotage" et "complot en vue de renverser le gouvernement".
Le "Thé avec Betsie" se déroula au domicile de cette dernière, dans une enclave blanche connue sous le nom d’Orania, au nord-est du Cap, en août 1995. Mme Verwoerd, alors âgée de 94 ans, n’a jamais révélé grand-chose sur cette rencontre, se contentant de dire qu’elle était contente que le président lui ait rendu visite. Sa petite-fille, Elizabeth, s’était avérée moins accueillante, affirmant qu’elle aurait préféré que Mandela devienne "le président d’un pays voisin".

Mandela était digne. Il était généreux. Il devait affirmer plus tard qu’il avait été reçu à Orania "comme à Soweto", la gigantesque township noire de Johannesburg dont il est le héros. Toujours prêt à rappeler qu’il s’inscrivait dans la lignée de nombreux dirigeants sud-africains, il avait posé pour les photographes au pied d’une statue de Verwoerd haute d’environ 1,80 m. "Vous avez érigé une bien petite statue pour cet homme", avait-il même dit aux résidents d’Orania en prenant un air déçu.

Quelques mois plus tôt, le 27 avril 1994, les journalistes s’étaient massés dans une école près de Durban où Mandela devait voter lors des premières élections multiraciales à avoir lieu dans le pays. Je me souviens avoir pensé : "Est-ce que tout cela est bien réel ? Est-ce que Mandela est bien en train de voter ? Est-ce que l’apartheid est vraiment en train de se terminer ?"

Oui, c’était bien le cas. Dans un bref discours, Mandela avait salué l’aube d’une "Nouvelle Afrique du Sud où tous les Sud-Africains sont égaux". Puis il avait déposé son bulletin dans l’urne et, rayonnant sous le soleil matinal, il avait souri. Un long sourire. Un sourire heureux.

Le genre de sourire qui, on le sent, n’est pas destiné aux caméras. Le genre de sourire qui vient du très profond de l’âme. Et dans le cas de Mandela, d’une âme d’une grande rareté, et d’une grande sagesse.

(5 décembre 2013
Avec les agences de presse)
http://www.assawra.info/spip.php?article5438

haut


UN LONG CHEMIN VERS LA LIBERTÉ - NELSON MANDELA
livre e-book
téléchargement gratuit sur Internet

traduit en français
en vente en librairies


Document majeur sur un des grands bouleversements de cette fin de siècle, ce livre est aussi le témoignage d’un combat exemplaire pour la dignité humaine. “Un long chemin vers la liberté” est un de ces rares livres qui deviennent non seulement un repère mais une condition de notre humanité.

Une personnalité exceptionnelle, dotée du rayonnement sans complexe d’une humanité toute simple... Le besoin de mettre les choses au clair de part et d’autre, mais avec une remarquable générosité à l’égard des anciens adversaires, accordant toujours le bénéfice du doute, et cela aux Blancs comme aux Noirs, domine véritablement cette autobiographie lucide et instructive.

Télécharger

haut


QUAND NELSON MANDELA N’ÉTAIT QU’UN “TERRORISTE COMMUNISTE”

vendredi 6 décembre 2013,
Assawra -la Rédaction

Au temps de l’apartheid, la propagande sud-africaine présentait systématiquement Nelson Mandela comme un dangereux communiste "manipulé par Moscou".

Durant l’apartheid, le département sud-africain des "invités étrangers" ne chômait pas. Il offrait chaque année à plus de quatre cents journalistes un voyage tous frais payés de trois semaines "instructif et plaisant", capable de leur fournir "une vue perspicace de la situation sud-africaine". Accueil dans des suites, safari au Kruger Park, sorties à l’opéra. J’étais en 1986 journaliste au Quotidien de La Réunion. Plutôt que de refuser l’invitation, il avait été convenu avec Le Monde diplomatique d’accepter ce voyage, afin de raconter ensuite cet art sud-africain d’accommoder les journalistes [1].

Selon Pretoria, les Européens et les Américains étaient de grands naïfs, aveuglés par la propagande communiste. Nous nous focalisions sur l’apartheid, alors que le vrai danger venait des mouvements de libération entraînés, armés et financés à cette époque par Moscou, Cuba et l’Allemagne de l’Est. Pour atteindre l’Europe occidentale, l’expansion mondiale du communisme la contournait... par l’Afrique en s’emparant des ressources minérales sud-africaines. Le bras armé de l’URSS en Afrique du Sud, c’était bien évidemment Nelson Mandela, leader du “Congrès national africain” (ANC). On nous glissait des sondages prétendant que 6 % seulement des Noirs appréciaient Nelson Mandela, alors emprisonné.

"Les Noirs ? Des enfants !"

Non seulement le département des "invités étrangers" ne cessait de nous seriner que Nelson Mandela n’était qu’un "terroriste communiste", mais nous étions conviés à déjeuner ou à dîner avec un banquier ou un homme d’affaires noir "modéré", adversaire des émeutiers "manipulés par les communistes". Au Cap, c’est un député métis, rallié au régime d’apartheid, qui déclarait le plus sérieusement du monde : "Les Noirs ne comprennent pas la démocratie. Il faut les habituer petit à petit à notre système de gouvernement. On ne peut laisser le pouvoir aux enfants !"

À Soweto, les journalistes "invités" étaient encouragés à photographier une famille aisée de la zone résidentielle, et notamment un cadre de couleur en train de tondre sa pelouse... Puis le guide de Sowetour rappelait que Soweto comptait "plus de 50 000 voitures, dont 3 % de Mercedes". Enfin, le bus passait devant une école calcinée afin de bien nous faire comprendre qu’"en se révoltant les Noirs se font d’abord du mal à eux-mêmes".

"Les révoltes ? Des cancans !"

À Johannesburg, j’avais été invité par l’Association des Français d’Afrique du Sud. Aucun membre durant le repas n’a mis en cause l’apartheid, ni n’a vu de discrimination dans le fait que, le soir, les Noirs, métis et Indiens devaient quitter la ville. "Les révoltes dans les ghettos noirs ? Mais ce ne sont que des cancans pour journalistes", me lançait une Française. Elle m’avouait peu après n’avoir jamais mis les pieds dans une township en dix ans de présence dans le pays.

À la fin du séjour, le département des "invités étrangers" expliquait qu’il souhaitait éviter les laudateurs bêlants du régime d’apartheid, finalement contre-productifs. Il nous encourageait à commettre quelques critiques acerbes afin de rendre crédibles les reportages. Puis on nous rappelait que la situation de la Namibie (à l’époque colonisée par l’Afrique du Sud) méritait également d’être mieux comprise. "Vous ne connaissez pas cette région magnifique ? Mais cela peut-être l’occasion d’un second voyage..."

Assawra
06 décembre 2013
http://www.assawra.info/spip.php?article5446

Ian Hamel
http://www.monde-diplomatique.fr/1986/04/HAMEL/39174
http://www.lepoint.fr/monde/quand-nelson-mandela-n-etait-qu-un-terroriste-communiste-06-12-2013-1765529_24.php

haut


NELSON MANDELA, NOTRE FRÈRE, S’EST ÉTEINT !

jeudi 5 décembre 2013
Assawra - la Rédaction
http://www.assawra.info/spip.php?article5436

Nelson Mandela, héros la lutte contre le régime raciste d’apartheid et premier président noir de l’Afrique du Sud démocratique, est mort jeudi à l’âge de 95 ans, a annoncé le chef de l’Etat Jacob Zuma à la télévision. "L’ex-président Nelson Mandela nous a quittés (...) il est maintenant en paix. La Nation a perdu son fils le plus illustre", a déclaré le président Zuma lors d’une intervention en direct peu après 21 h 30 GMT. "Il s’est éteint en paix (...). Notre peuple perd un père", a-t-il ajouté avant d’annoncer que les drapeaux seraient mis en berne à partir de vendredi et jusqu’aux funérailles d’Etat dont il n’a pas annoncé la date.

"Exprimons la profonde gratitude pour une vie vécue au service des gens de ce pays et de la cause de l’humanité", a-t-il enchaîné. "C’est un moment de profond chagrin (...) Nous t’aimerons toujours Madiba". "Comportons nous avec la dignité et le respect que Madiba personnifiait", a ajouté Jacob Zuma, qui a utilisé le nom de clan du héros de la lutte contre l’apartheid, un nom utilisé familièrement par tous les Sud-Africains pour désigner leur idole.
"Une grande lumière s’est éteinte", a réagi le Premier ministre britannique David Cameron, alors que le président américain Barack Obama devait s’exprimer vers 22H30 GMT.

Le décès de Mandiba provoque sans surprise l’émotion en Afrique du Sud où de nombreuses personnes affluent au domicile de l’ancien président sud-africain. Les réactions sont également déjà très importantes sur les réseaux sociaux. Les utilisateurs de Twitter saluent en masse "un grand homme et excellent exemple pour l’humanité", rappelant que "c’est un des hommes les plus importants du siècle".

Nelson Mandela, qui fut le premier président noir de son pays de 1994 à 1998, a été hospitalisé du 8 juin au 1er septembre pour une rechute d’une infection pulmonaire et probablement d’autres complications. Il avait ensuite été ramené chez lui, dans sa maison de Johannesburg qui avait été équipée comme un hôpital.

Prisonnier pendant 27 ans

Leader du combat des Noirs contre la ségrégation de l’apartheid, Nelson Mandela a passé 27 ans de sa vie en détention.

Libéré en 1990, le plus célèbre prisonnier politique du monde devint quatre ans plus tard le premier président noir démocratiquement élu de son pays (1994-1999).

Il s’était retiré dès la fin de son mandat, pour se consacrer à la protection de l’enfance et à la lutte contre le sida, fléau de l’Afrique du Sud.

Le "long chemin vers la liberté" (titre d’une autobiographie parue en 1994) de Nelson Rolihlahla Mandela a commencé le 18 juillet 1918 dans le hameau de Mvezo, dans le bantoustan du Transkeï (aujourd’hui province de l’Eastern Cape, sud-est) où il naît au clan royal des Thembu, de l’ethnie xhosa.
"J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire", avait-il dit pour résumer son long combat pour la liberté : "Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir".

Un "miracle"

Du bagne de Robben Island, au large du Cap, où il passera 18 ans, des prisons de Pollsmoor et de Victor Verster, Mandela inspire la révolte des townships (1976).
C’est également en prison qu’il reçoit les approches secrètes du gouvernement blanc, prémices à des négociations avec l’ANC.
Libéré le 11 février 1990, le détenu 46664 (numéro qui symbolisera sa grande campagne contre le sida) réapparaît face aux caméras du monde au côté de sa deuxième épouse Winnie, dont il se séparera deux ans plus tard.

Triomphalement élu à l’issue des élections du 27 avril 1994, il affiche dès son discours d’investiture la mission qui allait guider sa présidence.

Convaincu que la société sud-africaine continuerait d’oeuvrer à faire du pays un "miracle", il avait promis : "Lorsque j’entrerai dans l’éternité, j’aurai le sourire aux lèvres".

Le mythe Mandela

Absent de la scène politique depuis plusieurs années déjà, "Madiba" faisait l’objet d’un véritable culte qui dépassait largement les frontières de son pays.Tour à tour militant anti-apartheid obstiné, prisonnier politique le plus célèbre du monde et premier président noir de l’Afrique du Sud, il avait été qualifié par l’archevêque Desmond Tutu, autre prix Nobel de la paix pour son engagement contre le régime sud-africain, d’"icône mondiale de la réconciliation".

Mandela restera dans l’histoire pour avoir négocié pied à pied avec le gouvernement de l’apartheid une transition pacifique vers une démocratie multiraciale. Et pour avoir épargné à son peuple une guerre civile raciale qui, au début des années 1990, paraissant difficilement évitable. Ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix en 1993, partagé avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk. Mandela a passé plus de vingt-sept ans en prison, de 1964 à 1990, devenant peu le symbole de l’oppression des Noirs sud-africains, tandis que le monde entier manifestait et organisait des concerts pour sa libération.
Mais avant même d’être libéré, il avait appris à comprendre ses adversaires —allant jusqu’à apprendre leur langue, l’afrikaans, et leur poésie—, à pardonner, et à travailler avec eux. Une fois libéré, ils les a séduits par sa gentillesse, son élégance et son charisme.

Le premier président de la "nation arc-en-ciel"

Sous les couleurs du Congrès national africain (ANC), Mandela a été le premier président de consensus de la nouvelle "nation arc-en-ciel", de 1994 à 1999. Un rôle notamment magnifié dans le film "Invictus" de Clint Eastwood, où on le voit conquérir le cœur des Blancs en venant soutenir l’équipe nationale de rugby lors de la Coupe du monde de 1995, emportée par l’Afrique du Sud.

Nelson Rolihlahla Mandela était né le 18 juillet 1918 dans le petit village de Mvezo, dans le Transkei (sud-est) au sein du clan royal des Thembus, de l’ethnie xhosa. Il a rapidement déménagé dans le village voisin de Qunu, où il a passé, dira-t-il, ses "années les plus heureuses" —une enfance libre à la campagne peut-être idéalisée—, avant de recevoir une bonne éducation. Si son institutrice l’a nommé Nelson, son père l’avait appelé Rolihlahla ("celui par qui les problèmes arrivent", en xhosa). Et Mandela a très tôt manifesté un esprit rebelle.

Etudiant, il est exclu de l’université de Fort Hare (sud) après un conflit sur l’élection de représentants étudiants, avant de fuir sa famille à 22 ans pour échapper à un mariage arrangé. Arrivé à Johannesburg, le bouillant jeune homme prend vraiment la mesure de la ségrégation raciale qui mine son pays. C’est là, notamment au contact de Walter Sisulu, son aîné qui va devenir son mentor, que se forge une conscience politique qui a évolué avec le temps : jeune, Mandela aurait volontiers chassé les Blancs du pays.

À la tête de l’ANC

Après avoir fondé la “Ligue de la jeunesse de l’ANC” (Congrès national africain), il prend rapidement les rênes du parti, jugé trop mou face à un régime qui a institutionnalisé l’apartheid en 1948. Après l’interdiction de l’ANC en 1960, Nelson Mandela passe dans la clandestinité. C’est lui qui préside à la fondation d’une branche armée de son parti. Arrêté de nouveau en 1962, il est condamné à la prison à perpétuité deux ans plus tard.

Pendant son procès, il prononce une plaidoirie en forme de profession de foi : "J’ai lutté contre la domination blanche et j’ai lutté contre la domination noire. Mon idéal le plus cher a été celui d’une société libre et démocratique dans laquelle tous vivraient en harmonie avec des chances égales. J’espère vivre assez longtemps pour l’atteindre. Mais si cela est nécessaire, c’est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir."

Invisible en public depuis 2010, il était devenu une sorte de héros mythique, intouchable, invoqué tant par le pouvoir que par l’opposition. Il continuera longtemps à sourire chaque jour à tous ses compatriotes.

***

Premières réactions…

Le monde salue le courage et l’influence de Nelson Mandela…

pour lire la suite, cliquer sur le lien : (…) assawra…

haut



Le Parti communiste libanais salue celui qui restera le symbole de la résistance

LE PARTI COMMUNISTE LIBANAIS SALUE MANDELA
CELUI QUI RESTERA LE SYMBOLE DE LA RÉSISTANCE

Le Bureau Politique du Parti Communiste Libanais a envoyé le message suivant aux Bureaux politiques du Parti Communiste de l’Afrique du Sud et de l’ANC :

Beyrouth, le 6 décembre 2013

Chers Camarades,

Nous vous adressons, et à travers vous, à tous les peuples d’Afrique, nos sincères condoléances la suite du décès du grand leader international, le Camarade Nelson Mandela.

La mort du Camarade Mandela constitue, pour tous les peuples de la Planète, la perte d’un héros qui a su résister afin que triomphe la liberté et que soient abolies toutes formes de discrimination raciale, de sous-développement, de répression et de guerres.

Il fit face aux politiques d’apartheid, et il en fut vainqueur, devenant ainsi le symbole qui éclaira le chemin, non seulement devant le peuple de l’Afrique du Sud, mais aussi devant tous les peuples opprimés qui ont choisi de lutter contre l’injustice, pour mettre fin au colonialisme et à l’impérialisme ainsi qu’à tous les drames qu’ils ont générés.

Pour nous, Communiste libanais, le Camarade Nelson Mandela n’était pas seulement le leader du Mouvement de libération du continent africain et le symbole de son unité ; il fut aussi un des principaux leaders du Mouvement de libération et de progrès dans le monde, en particulier le Monde arabe.

Ses empreintes ont fortement marqué tous les détenus, tant palestiniens que libanais qui ont eu à supporter la torture dans les geôles israéliennes et les camps de concentration d’Ansar et de Khiam dressés par l’armée israélienne au Liban. Elles ont marqué aussi les détenus de la prison d’Abou Ghreib, dressée par les forces d’occupation étasuniennes, sans oublier tous les prisonniers politiques détenus par les dictatures de la région.

Son image est imprimée dans les cœurs des enfants de la Palestine occupée, mais aussi dans ceux de tous les Résistants arabes qui avaient, depuis les années Soixante du XXème siècle, porté les armes afin de libérer leurs pays de l’occupation sioniste.

Nous perdons en lui un leader de la défense des droits de l’Homme, un Ami de la paix face à la prolifération des armes de destruction massive, un humaniste qui refuse l’injustice créé par le capitalisme sauvage.

Son humilité et sa grandeur vont nous manquer, même si nous savons que nous n’oublierons jamais ce que nous avons lu dans sa vie militante.

Et nous serons fideles à Tout ce qu’il nous a appris.

Le Bureau politique
Du Parti Communiste Libanais

http://www.assawra.info/spip.php?article5442

haut


“L’HUMANITÉ” REND HOMMAGE À MANDELA

ce samedi,

numéro exceptionnel de l’Humanité.

  • Le portrait de Mandela et le récit d’une vie pour l’émancipation humaine
  • Un reportage au bagne de Robben Island
  • Les portraits de ses compagnons de lutte
  • Les Une de l’Humanité pour la libération de Nelson Mandela
  • Le texte de son message aux participants à la Fête de l’Humanité en 1996

http://www.youtube.com/watch?v=UGKHhTK7Xjo#t=11

haut



[1"Voyage de presse organisé au pays de l’apartheid", “Le Monde diplomatique”, avril 1986.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Lien hypertexte

    (Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)