Accueil > MOUVEMENT COMMUNISTE ALGERIEN > CONSTANTINE 1954 - 1962 : LE "NOUVEAU MONDE". LE PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN (...)

CONSTANTINE 1954 - 1962 : LE "NOUVEAU MONDE". LE PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN CLANDESTIN PENDANT LA GUERRE D’INDÉPENDANCE

mardi 28 janvier 2014

Un microcosme de l’Algérie nouvelle ?

Le Parti communiste algérien clandestin à Constantine

pendant la guerre d’indépendance (1954-1962)

Pierre-Jean Le Foll-Luciani

ATALA Cultures et sciences humaines n° 16 - 2013

« Sensibiliser à l’art contemporain ? »

Espace des Jeunes chercheurs - pages 246 à 258

Résumé
Cet article étudie le fonctionnement et l’action
du noyau clandestin du Parti communiste algérien
à Constantine durant la guerre d’indépendance
algérienne.
En croisant les archives des services de
renseignements, des sources privées et des entretiens
biographiques avec d’anciens militants, il s’agit
de questionner l’idée, chère à certains courants
du mouvement national algérien, selon laquelle des
Algériens nouveaux — en quelque sorte débarrassés
de leurs appartenances sociales antérieures —
verraient le jour dans la lutte d’indépendance.

Mots-clés : Algérie coloniale, guerre d’indépendance,
communistes, clandestinité, normes sociales.
___

Abstract
This article studies the operations and actions
of the clandestine group of the Algerian Communist
party in Constantine during the Algerian
War of Independence.
By combining sources
from the archives of intelligences agencies, private
documents and interviews with former militants,
I will question the idea so dear to certain
wings of the Algerian nationalist movement that
the fight for independence would encourage the
appearance of new Algerians free of their past
social affiliations.

Keywords : colonial Algeria, Algerian War of
Independence, Communists, clandestinity,
social norms.


En 1959, le psychiatre martiniquais Frantz Fanon, qui se proclame « Algérien »
depuis son adhésion au Front de libération nationale (FLN) durant les premiers
mois de l’insurrection algérienne, exalte la naissance d’un Algérien nouveau
dans les bouleversements de la guerre d’indépendance [1]. Selon ses analyses
— qui se veulent tant descriptives que prescriptives —, les fortes contraintes
imposées par la guerre et la clandestinité ouvriraient sur des transformations
accélérées de la société colonisée et des militants anticolonialistes qui, dans
la lutte et la « révolution » algériennes, se libéreraient, au moins en partie, de
leurs appartenances — sociales, raciales, de genre — antérieures et s’émanciperaient
ainsi de l’ordre social dominant, promettant la construction d’une
société radicalement nouvelle en Algérie indépendante.

En confrontant les archives de l’administration française [2] à des sources privées
et à des entretiens biographiques menés avec une dizaine d’anciens militants, cet article se propose d’évaluer ces idées au regard d’un exemple précis : celui
des réseaux clandestins du Parti communiste algérien de Constantine, qui permet
de questionner, par la marge mais concrètement, les bouleversements
induits par la clandestinité. Le Parti communiste algérien (PCA), parti minoritaire
qui soutient le FLN tout en souhaitant conserver son autonomie, regroupe
en effet des militants issus de tous les groupes socio-ethniques de la société
coloniale — musulmans, européens et juifs — et se pense, dès avant 1954,
comme une contre-société et un microcosme d’une « Algérie nouvelle », socialiste
et ouverte à tous ceux qui accepteront la décolonisation.

Après avoir questionné l’origine des difficultés rencontrées par le PCA à
Constantine avant et au début de l’insurrection, je m’intéresserai à la composition
et au fonctionnement du noyau clandestin du parti et à la manière dont
les militants y réinventent l’action politique, leur vie quotidienne et jusqu’à
leur propre corps. Il s’agira enfin d’évaluer la portée de ce qui se joue à petite
échelle au regard du contexte général de l’Algérie en guerre.

État des lieux : le PCA à Constantine en 1954

Lorsqu’éclate l’insurrection algérienne, le 1er novembre 1954, le PCA compte
à Constantine un peu plus de 300 militants, majoritairement algériens musulmans [3]. Bien que préfecture, Constantine est une ville de taille plus modeste
qu’Alger et Oran et, située à l’intérieur des terres, elle est peuplée d’une forte majorité de colonisés : en 1954, les « Français-musulmans » sont environ 100 000, contre 40 000 « Français », dont le nombre a régressé depuis les années 1930 comme dans d’autres localités où ils se sentent assiégés. Le sentiment minoritaire des Européens est d’autant plus fort à Constantine que, sur les 41 000 Français, on compte une majorité de juifs — plus de 20 000 en 1954 — qui, descendants d’autochtones naturalisés collectivement en 1870, sont réputés avoir conservé, notamment dans le quartier juif de la vieille ville, leurs « coutumes » dites « indigènes ».

Dans cette ville profondément divisée par des barrières raciales, le PCA
apparaît comme l’un des rares espaces de sociabilité où s’élaborent des relations amicales et politiques qui se veulent égalitaires entre colonisés et
citoyens de plein droit, transgressant ainsi les fondements de l’ordre colonial.
Comme dans tout l’Est algérien, où le mouvement nationaliste est très ancré, le PCA rencontre cependant d’importantes difficultés.
D’une part, il est soumis
de manière croissante à l’arbitraire du pouvoir colonial à mesure que
s’affirment, après 1946, ses positions en faveur de l’indépendance de l’Algérie [4].
D’autre part, si ses meetings, où s’expriment des orateurs arabophones et
francophones, rassemblent des centaines de sympathisants (majoritairement musulmans) [5], les réunions de la section du centre-ville ne rassemblent en
général que quelques dizaines de militants actifs [6]. Bien plus, vers 1952-1954,
le PCA, qui affirme que tous ses militants, quelles que soient leurs origines,
sont des « patriotes algériens » en lutte pour l’indépendance, connaît des
difficultés importantes qui transparaissent dans les discussions internes au
parti : difficultés à faire admettre aux « masses arabo-berbères » que le PCA
est « un Parti national [7] », et difficultés auprès de militants européens et juifs
qui, selon les propos d’un militant rapportés par les Renseignements généraux
(RG) en juillet 1954, « désapprouvent le terrorisme en Tunisie et appréhendent
son extension à l’Algérie, sachant bien que leur appartenance au Parti
communiste les rendrait suspects aux uns, en tant qu’Européens, et aux autres,
en tant que communistes [8] ». Surtout, attaché à des formes d’action légale,
le PCA ne pose pas la question de l’utilisation de moyens extralégaux pour
parvenir à l’indépendance, et est pris de court par l’insurrection de novembre.

Un parti vulnérable face à la répression (1954-1956)

Les actions armées du 1er novembre 1954, décidées par le FLN qui signe ainsi
son acte de naissance, ont de lourdes conséquences pour le PCA. En effet,
par manque d’information, par fantasme anticommuniste et/ou pour des raisons
stratégiques
dans le cadre de la guerre froide, les autorités françaises
attribuent en partie le déclenchement de l’insurrection aux communistes.
Dans le Constantinois,
les RG tentent ainsi, dès le 17 novembre, de recueillir
des « indices concernant la position du Parti communiste algérien à l’égard
du mouvement terroriste d’inspiration séparatiste », afin d’y déceler une « collusion » ou une « complicité » du PCA avec le FLN [9]. Les premières mesures
anticommunistes liées directement à la guerre s’abattent au printemps 1955, et suivent globalement le même rythme dans toute l’Algérie.

Début juillet, treize militants du Constantinois, considérés comme des dirigeants,
sont arrêtés et traités différemment selon leur statut juridique : les
« Français-musulmans » sont internés dans des camps tandis que les « Français »
sont interdits de séjour dans le département [10]. Après la dissolution du PCA
en septembre 1955, la répression s’accentue en prenant prétexte d’événements qui touchent Constantine ou le reste de l’Algérie. Après l’arrestation d’un
premier groupe de militants passés à la lutte armée en décembre 1955, d’autres
interdictions de séjour sont prononcées contre des communistes constantinois
en mars 1956, à la suite de l’assassinat par le FLN du commissaire de police
Sammarcelli, qui entraîne également des exécutions extralégales de militants
dont les communistes Ali Boudour et Ali Nezeri [11]. Des militants suspectés
d’avoir reconstitué le PCA sont arrêtés au moment de la désertion du soldat
communiste algérois Henri Maillot en avril 1956 [12], et au 15 juin, au moins cent
quatorze communistes de la région ont fait l’objet de mesures répressives :
cinquante-neuf communistes « français-musulmans » ont été « assignés à résidence » dans des camps et huit autres interdits de séjour, et quarante-sept militants « français » ont été interdits de séjour et seront, pour certains, envoyés
au camp d’internement de Lodi [13]. Fin 1956, l’arrestation de communistes algérois
et oranais impliqués dans la lutte armée entraîne d’autres mesures, mais
après l’arrestation de cinquante nouveaux militants le 18 novembre 1956, le
préfet de Constantine, Maurice Papon, estime qu’elles sont suffisantes pour
« entraver l’action criminelle » du PCA, dont il affirme — en contradiction avec la réalité et plusieurs rapports des RG [14] — que la « collusion » avec le FLN
n’a jamais été détectée dans le Constantinois [15]. Indépendamment de toute
preuve d’action en faveur de l’insurrection,
dès les premiers mois de la guerre,
la répression est donc importante envers le PCA à Constantine. Il est clair
que son mode d’organisation et de recrutement au grand jour, lié à son acceptation
du jeu politique légal avant 1954, l’a rendu très vulnérable.

Le parti légal et la lutte armée (1954-1955)

Malgré la nécessité constante de se réorganiser à mesure que la répression
progresse, les communistes de la ville agissent et se positionnent face
à l’insurrection.
Après novembre 1954, dans ses proclamations publiques, le
PCA, à l’image des autres tendances encore légales du mouvement national,
rend le colonialisme français responsable du passage à la violence, demande
la satisfaction des aspirations des Algériens, et condamne la répression, ce qui
entraîne la saisie de ses journaux [16]. Son attitude immédiate face à l’insurrection
a fait couler beaucoup d’encre, car le PCA reprend dans certains
textes, jusqu’en avril 1955 et tout en approuvant parfois les actions armées des maquis [17], les termes d’une proclamation du parti communiste français (PCF)
mettant en garde contre des attentats qualifiés d’« actes individuels » dont il
se demande s’ils ne sont pas l’oeuvre de « provocateurs » [18]. Il convient toutefois
de se détacher des proclamations publiques — qui s’inscrivent dans un
cadre légal — pour se pencher sur les décisions des premiers mois de l’insurrection.
Il est en effet évident que si certains militants s’écartent de la lutte
anticolonialiste après le déclenchement de la lutte armée, celle-ci enthousiasme
de nombreux communistes qui désirent la rejoindre ou la soutenir.

À Constantine, ce soutien se manifeste d’abord, sous une forme légale ou
semi-légale, par l’organisation de la solidarité financière envers les familles
victimes de la répression [19], et par des articles de presse et des tracts comme
ceux qui condamnent en juillet 1955 la répression qui s’exerce contre les
« patriotes algériens » et réclament « la satisfaction des aspirations nationales du peuple algérien » par des négociations avec ses « représentants authentiques » [20]. Le volet clandestin de l’action du parti avant sa dissolution est plus
difficile à saisir, et il est l’objet de controverses, certains auteurs affirmant que les communistes qui ont rejoint l’Armée de libération nationale (ALN) l’ont fait contre (ou sans) l’avis de leur parti, les autres affirmant que le PCA les y a encouragés. Les deux cas de figure se rencontrent en réalité, mais, dès la fin 1954, des dirigeants du PCA encouragent des militants à organiser un soutien logistique et à rejoindre le maquis là où ils le peuvent. Sadek Hadjerès est chargé par la direction du PCA, en février 1955, de mener en ce sens des « prospections », et il affirme s’être rendu à Constantine début 1955 afin d’y contacter individuellement de potentiels combattants [21]. Dès la fin 1954, les communistes disposent de contacts avec les maquis de l’arrière-pays constantinois : dans les Aurès, le communiste Sadek Chebchoub organise des groupes armés, et des militants montent au maquis en 1955, notamment par l’intermédiaire de Mahfoud Remita, cheminot communiste à Ouled Rahmoun et agent de liaison
de l’ALN [22].

Cependant, en dehors de ces liens individuels, le PCA rencontre des difficultés pour se faire reconnaître par le FLN, et des communistes peinent à se faire accepter dans les maquis. La peur du noyautage et l’anticommunisme largement répandus dans les rangs de l’ALN conduisent à la fermeture de certains maquis aux communistes — voire à l’assassinat de plusieurs d’entre eux, notamment dans les Aurès, dès la fin 1955 — et, face à ces difficultés, Sadek Hadjerès et Bachir Hadj Ali, dirigeants du PCA, sont chargés de mettre sur pied des organisations armées communistes autonomes : l’idée, en constituant ces Combattants de la libération (CDL), est de donner des gages de « patriotisme » au FLN et de lui faire admettre la participation du PCA au Front, étant entendu que le PCA souhaite
se maintenir comme parti, pour développer ses idées et préserver
sa structure dans la perspective d’un retour à la légalité après l’indépendance.
La création des CDL et la participation à la lutte armée sont officialisées lors d’une session du comité central en juin 1955, trois mois avant la dissolution du PCA.

À Constantine, un réseau CDL est mis sur pied après l’été 1955. Dirigé par
Selim Mohamedia, ancien secrétaire régional du PCA, il comprend notamment des cheminots et des employés des Postes, télégraphes et téléphones (PTT) et de l’Électricité et gaz d’Algérie (EGA) dont Tahar Belkhodja, Saïd Zitouni, André Martinez, Roland Siméon et Marthe Chouraqui. Fin 1955, le réseau est démantelé et la police découvre des documents à en-tête « Combattants de la libération nationale », des pistolets et des grenades. D’après l’audition d’un militant, les attentats que souhaitait perpétrer le groupe — notamment contre la police — avaient « pour but de créer un choc psychologique permettant par la suite au PCA de “gagner” sa place au sein du “Front de libération nationale” [23] ». Le démantèlement de ce réseau semble mettre fin, à Constantine, aux
velléités d’actions armées du PCA, qui plus est décapité de sa direction clandestine.
La question d’une organisation armée autonome ne se pose plus après
l’accord conclu en juillet 1956 entre le FLN et le PCA, en vertu duquel le PCA se maintient comme organisation politique, ses militants armés étant appelés à entrer individuellement, et sans plus garder de lien avec leur parti, au sein de l’ALN.
C’est dans ce contexte qu’un nouveau noyau du PCA clandestin
est mis en place à Constantine dans le second trimestre de l’année 1956.

« Une véritable image du peuple algérien »

William Sportisse arrive à Constantine en mars 1956 pour reconstituer
le PCA clandestin. Bien qu’issu d’une famille connue dans la ville — une rue
porte le nom de son frère Lucien, pionnier de l’anticolonialisme communiste
assassiné par des agents français de la Gestapo à Lyon en 1944, et son frère
Bernard a été candidat à plusieurs élections dans l’après-guerre avant d’être
expulsé du département en juillet 1955 —, William Sportisse dispose de plusieurs
atouts pour mener à bien cette tâche. Né en 1923, il consacre sa vie
au PCA depuis 1945 et décide, début 1956, de sacrifier sa vie familiale — il est le père de deux jeunes enfants — pour entrer en clandestinité totale ; ayant
grandi dans une famille juive arabophone et capable de rédiger des documents
dans les deux langues, il cumule de surcroît une expérience de journaliste et
d’organisateur politique et connaît tous les militants de Constantine ; enfin,
entré au PCA en 1940 à l’âge de 16 ans, il dispose d’une première expérience
de clandestinité sous Vichy [24].

Arrivé dans une ville quadrillée par des agents de renseignements qui surveillent
de près les militants connus n’ayant pas encore été arrêtés [25], William
Sportisse doit d’abord assurer sa propre sécurité. Plongé dans une clandestinité
totale, il se procure de faux papiers d’identité, change son apparence physique
et s’assure un nombre suffisant de planques, puis prend contact avec des
militants pour constituer le réseau. Le choix de ses premiers agents de liaison
— une jeune femme musulmane, Badéa Djefdjouf, et un ami juif plus âgé,
Armand Zerbib — est déterminé par leur discrétion. S’éloignant des militants
qu’il sait surveillés, William Sportisse se fait notamment héberger dans la famille
Melki, qui réside dans le quartier juif et dont l’un des fils, Jean-Claude, avocat
stagiaire mais non connu comme communiste, assure la défense des membres
des CDL, ce qui lui permet d’effectuer la liaison entre les dirigeants emprisonnés
et la nouvelle direction. Ses autres planques s’appuient également sur
des solidarités familiales, amicales et politiques : il est hébergé chez son père,
chez ses soeurs, chez des militants connus comme Saïd Zitouni et les frères
Ali et Azzedine Mazri, ou chez des militants inconnus des RG comme Jeanine
Caraguel et Guy Fève (qui adhèrent pendant la guerre) ou Jean-Pierre Saïd
(venu d’Alger en 1960).

William Sportisse est ainsi entouré, dans ce noyau de quelques dizaines
de membres, de militants musulmans, juifs et européens. Étudiant l’organisation du réseau communiste oranais démantelé fin 1956, la Direction de la surveillance du territoire (DST) remarque que ses membres ont également « les origines les plus diverses », et se demande si cette diversité correspond au souhait des communistes que leur organisation soit « une véritable image du peuple algérien », avant de conclure :

  • Les membres permanents du réseau ont été recrutés non pas en tant que « Juifs, Algériens-musulmans ou Français d’origine et pour grouper des hommes et des femmes de toutes origines », mais suivant un critère précis : leur utilité pour le réseau [26].

Cette affirmation est une évidence, mais les militants communistes ont bien
conscience que la composition de leur organisation, même réduite à quelques
membres, est un symbole pour la défense en pratique de l’Algérie indépendante
à laquelle ils aspirent. Au coeur d’une guerre qui prend à plusieurs reprises une
allure raciale — du fait de l’attitude des « ultras » européens comme de certaines
actions armées du FLN (malgré les proclamations fraternelles qu’il lance
aux Européens et juifs d’Algérie) —, les réseaux communistes se dressent ainsi
comme une forme réduite de ce que pourrait être une collectivité algérienne
décolonisée et ouverte à tous ceux qui veulent y vivre dans l’égalité. William
Sportisse insiste particulièrement sur ce point à la fin 1957 dans un texte d’hommage
à sa camarade Raymonde Peschard, qui vient de mourir au maquis [27], et
André Beckouche, communiste juif constantinois né en 1931, dit aujourd’hui
l’importance de cet élément dans son engagement :

  • Pendant la guerre d’Algérie, avec tous les dangers, [le PCA] était le seul parti où il y avait des juifs, des musulmans, des chrétiens ensemble, et chacun risquant sa vie pour protéger l’autre. Ils risquaient leur vie ensemble — leur vie, leur liberté ensemble. C’était extraordinaire. C’était presque une utopie [28].

Confrontés aux dangers de la guerre et ressentant une communauté de
destin avec nombre de colonisés algériens face à la répression, les anciens militants
européens et juifs disent aujourd’hui combien ils ont alors consolidé leur
lien charnel avec l’Algérie. Ce lien les amène à l’époque à revendiquer sans
hésitation leur appartenance au peuple algérien, et à tenter d’entraîner d’autres
Européens et juifs d’Algérie dans cette attitude. L’une des premières actions
du noyau clandestin de Constantine est d’ailleurs la diffusion d’un tract rédigé
par William Sportisse et adressé aux « Algériens d’origine arabe et israélite [29] » à la suite d’assassinats de musulmans commis par de jeunes juifs en représailles d’un attentat à la grenade perpétré par l’ALN dans un café juif les 12 et 13 mai 1956. La mise en oeuvre d’une action et d’une propagande spécifiques en direction des juifs de la ville — il s’agit de les convaincre qu’ils sont membres du peuple algérien et doivent s’opposer au colonialisme — demeure par la suite une préoccupation des communistes constantinois, du fait de la volonté de William Sportisse et d’initiatives de militants juifs plus jeunes comme Hubert Hannoun, André Beckouche et Jean-Claude Melki, anciens condisciples du lycée de Constantine.

Réinventer l’action et l’organisation politiques

En dépit de périodes plus ou moins favorables, l’action de ce noyau est
continue de la mi-1956 à 1962, et l’efficacité de la structure se lit en creux dans les archives de police : les rapports rédigés entre 1957 et 1962 soulignent
le plus souvent la faible activité du PCA, et s’en tiennent toujours à la surveillance
des mêmes militants — ce qui leur permet de se féliciter de l’efficacité
des mesures répressives —, mais les agents concèdent toutefois qu’ils n’ont pu
déterminer la provenance de l’abondante propagande diffusée à Constantine, et ils émettent l’hypothèse que les tracts sont ramenés d’Alger par des cheminots communistes [30].

En réalité — et cela n’échappe pas aux autorités qui montrent parfois leur
agacement [31] —, les Constantinois ont mis en place leurs propres organes de
cinq à dix pages en langue française — Le Patriote et Études et documents — pour faire face aux coupures ponctuelles des liaisons avec Alger et pour
affirmer l’existence du PCA dans la ville. À ces bulletins dont la périodicité
est plus ou moins régulière — au moins dix-sept numéros du Patriote paraissent entre 1957 et 1961 — s’ajoutent des tracts en langue arabe ou bilingues comme le programme de réforme agraire qui, diffusé à partir de 1959, présente une forme particulièrement soignée [32]. Ce souci esthétique amène les services de renseignements à croire que le PCA dispose à Constantine d’un matériel sophistiqué [33], de même d’ailleurs que des militants du FLN, qui obtiennent des communistes qu’ils tirent leurs tracts [34]. Le processus de fabrication est en fait rudimentaire : William Sportisse écrit à la main les textes en arabe ou tape à la machine les textes en français sur des stencils obtenus auprès d’instituteurs (qui peuvent en acheter sans être suspectés), ainsi que de l’encre noire et bleue (pour le texte) et rouge et verte (pour les en-têtes aux couleurs de l’Algérie), même s’il lui arrive de fabriquer une « encre grasse » [35] ; Sion Laloum, menuisier communiste du quartier juif, conçoit de son côté un système de duplication en bois, qui peut facilement être caché, détruit et fabriqué à nouveau, et les militants tirent les documents à leur domicile, en changent parfois la forme — à en juger par les mises en page différentes d’un même numéro du Patriote  —, puis les diffusent sous pli ou de la main à la main.

Cette propagande témoigne des inflexions survenues pendant la guerre
dans les représentations que les militants communistes se font d’eux-mêmes et de leur parti. William Sportisse, habitué à utiliser l’expression « patriotes algériens » pour désigner les nationalistes et communistes dès avant 1954 et se considérant sans complexe comme un Algérien, décide de nommer l’organe du PCA clandestin Le Patriote , à la fois en hommage à son frère Lucien — qui dirigeait un organe résistant du même nom à Lyon lorsqu’il a été assassiné par la Gestapo — et pour insister auprès des lecteurs sur le caractère « national » du PCA. Caractère également affirmé à travers un vocabulaire très appuyé (« insurrection nationale de notre peuple », « nos richesses nationales », « nos
compatriotes », « nos frères », etc. [36]) et un en-tête composé de la faucille et du
marteau d’un côté, et du croissant et de l’étoile de l’autre. Le Patriote apparaît comme l’organe d’un parti s’inscrivant d’ores et déjà dans le jeu politique d’un nouvel État : le Gouvernement provisoire de la République algérienne est considéré par les communistes comme leur gouvernement, l’ALN comme leur armée nationale, et William Sportisse exalte les attaques des « vaillants moudjahidines [37] » contre l’armée française, détaille leurs tactiques de guérilla et d’embuscades,
et note avec minutie les chiffres de soldats français tués au combat.

Le soutien à l’ALN n’est pas uniquemant verbal : les relations au sommet
étant inexistantes entre le PCA et le FLN dans le Constantinois, les communistes apportent un soutien matériel aux maquis avec lesquels ils ont un contact à la base, dans la région de Oued Athmenia, au sud-ouest de
Constantine. Ils livrent nourriture, armes, munitions, uniformes, couvertures, chaussures et médicaments qu’ils achètent, fabriquent ou subtilisent, et Guy Fève, jeune instituteur qui a adhéré au PCA pendant la guerre, dispose de plusieurs attestations de moudjahidines certifiant qu’il a effectué de telles livraisons entre 1959 et 1962 [38]. William Sportisse affirme avoir reçu à l’époque des lettres de l’ALN remerciant les communistes en tant que tels, et se souvient d’une lettre dans laquelle un responsable de l’ALN déclarait souhaiter que le PCA soit le plus fort parti à l’indépendance — les RG de Constantine notant pour leur part en 1962 que la propagande du PCA, « habilement faite, paraît actuellement trouver un champ d’expansion favorable parmi les couches musulmanes pro-FLN [39] ».

Cette propagande témoigne aussi du fait que se représentant comme les
citoyens d’un État algérien, les communistes clandestins n’en souhaitent pas
moins conserver leur indépendance en tant que parti par rapport au FLN.
Outre les contenus des programmes économiques et sociaux, l’indépendance revendiquée par le PCA apparaît dans des textes rédigés par William Sportisse et adressés au FLN, où sont par exemple critiquées, en mai 1956, les actions armées indifférenciées contre des civils, et, en mai 1962, les « méthodes autoritaires héritées de la dure période de la guerre », qui devraient laisser place à la « démocratie » comme pratique quotidienne, depuis les « petites assemblées et réunions » de quartier jusqu’aux institutions du pays [40]. Sur ce point, les
anciens du réseau constantinois témoignent d’une sorte de mise en oeuvre du projet « démocratique », à l’échelle très réduite du noyau clandestin : insistant sur la personnalité de William Sportisse, Jean-Pierre Saïd et Jeanine Caraguel notent le caractère collectif des décisions prises et la construction de relations égalitaires malgré les contraintes de la clandestinité et la hiérarchie inhérente au parti. Bien plus, Jeanine Caraguel parle de ces années de lutte clandestine comme d’un moment d’apprentissage, et évoque particulièrement des discussions
avec William Sportisse, de quatorze ans son aîné, sur ce que voulait dire,
pour elle — institutrice « européenne » qui décide de qui décide de donner un prénom arabe à sa fille née en 1960 —, être une « Algérienne » [41].

L’enthousiasme des militants de ce noyau, lorsqu’ils évoquent cette période,
atteste leur optimisme d’alors. Le sentiment d’avoir vécu positivement les
bouleversements induits par la clandestinité dans leur existence se décèle
dans leurs anecdotes comiques sur les planques et les grimages, et jusque dans leur impression d’avoir véritablement fait peau neuve.

Une perturbation des normes de race et de genre

La clandestinité implique nécessairement de se grimer et d’entrer dans des
rôles sociaux crédibles afin d’échapper aux suspicions. Partant, il s’agit d’un
espace où les normes sociales sont remises en cause par le simple fait qu’elles sont jouées — donc mises à distance.

Cela est particulièrement net dans le rapport de ces militants aux normes
raciales qui structurent la société de l’Algérie coloniale, dans laquelle les mécanismes de reconnaissance et d’assignation identitaires surdéterminent les relations sociales. André Beckouche affirme : « Dans la clandestinité, c’était un vrai problème. Un Musulman planqué dans un quartier juif ou chrétien était vite repéré et réciproquement [42] ». Les colonisés étant soumis à l’arbitraire racial
des rafles de la police ou de l’armée, les militants musulmans tentent régulièrement de se grimer en « Français » et de se procurer des faux papiers d’identité de citoyens français de plein droit. Or, par souci de crédibilité et en raison des (supposées) ressemblances physiques entre juifs et musulmans, le choix se porte de préférence sur des noms de juifs algériens. Traqué fin mars 1956 à Constantine où il est planqué dans des familles juives, Omar Djeghri, militant du PCA, fuit pour Alger ; arrêté en avril 1957, il est torturé à mort par l’armée française et succombe sous l’identité de Simon Sportisse [43]. Quelques jours plus tard, à Constantine, l’armée annonce aux parents d’André Beckouche la mort de leur fils — en réalité en fuite —, sans doute du fait d’une ressemblance entre Omar Djeghri et lui [44]. Le brouillage semble donc avoir réussi,
mais cet épisode prouve que pour l’armée française, être un (supposé) citoyen français n’empêche pas d’être littéralement « traité comme un Arabe ».

Les militants juifs qui vivent avec de faux papiers choisissent également des
noms juifs. William Sportisse explique clairement ce choix : « de par mon type physique, j’apparaissais comme un juif, et il était donc plus prudent de prendre
une identité juive [45] ». En 1961-1962, il partage un studio avec un autre camarade
juif, Jean-Pierre Saïd, qui dispose également d’un faux nom juif ; le studio
a été obtenu en priorité par ce dernier d’un propriétaire juif qui se fait un
devoir d’aider un « coreligionnaire » ; c’est ce qu’escomptait William Sportisse
en voyant l’annonce, et ce dont ils s’amusent encore tous deux aujourd’hui [46].
Jouant contextuellement sur la (supposée) « solidarité juive », William Sportisse utilise toutefois un nom de guerre arabe, Omar ; parfaitement arabophone, il est perçu comme un Arabe dans certaines familles musulmanes qui l’hébergent, tout en étant perçu comme un juif — donc comme un citoyen français
— dans la rue et en cas de contrôle policier. Cet entre-deux identitaire
correspond au personnage, exemple rare de militant anticolonialiste juif algérien pouvant écrire l’arabe.

Le plus souvent, dans la clandestinité comme dans la légalité, la reconnaissance identitaire demeure cependant immédiate. Guy Fève — dont le collier de barbe semblable à celui de Pierre Lagaillarde, dirigeant de l’Organisation armée secrète (OAS), l’a sauvé d’une fouille un jour où il transportait des armes destinées à l’ALN —, raconte :

  • « Je me rappelle une fois, je suis allé dans une mechta comme on dit, dans le bled, dans la montagne, chez des paysans qui faisaient le relais avec l’ALN. Et il y en a un — un vieux — qui m’a dit : “c’est quand on voit des gens comme toi qu’on comprend qu’on a raison” [47]. »

Dans ces moments, la reconnaissance identitaire joue en quelque sorte positivement comme ce qui vient prouver que les origines ne comptent pas. À travers ces interactions et ces jeux de rôle, les militants contribuent ainsi, dans le microcosme clandestin, à dévoiler une certaine porosité et artificialité des barrières raciales de la société coloniale.

En pratique, les rôles de genre sont également remis en cause dans l’action
clandestine. La clandestinité donne en effet à certaines femmes une grande
importance dans l’organisation ; elle les implique dans des actions qui, si elles leur sont parfois confiées par stratégie, peuvent entraîner, chez elles, un sentiment d’émancipation individuelle lorsqu’elles les font sortir de rôles stéréotypés.
Ce point est mis en avant par des historiens à propos des militantes
musulmanes — pour lesquelles le changement est souvent particulièrement
spectaculaire —, mais il concerne l’ensemble des femmes engagées dans la
clandestinité. Les autorités françaises sont d’ailleurs sensibles aux utilisations « contre-nature » par le FLN et le PCA de femmes pour berner l’armée et la police, et se focalisent notamment sur la figure de la poseuse de bombes européenne.
Mais, au-delà de cette figure spectaculaire, la clandestinité ouvre parfois
des brèches jusqu’à l’intérieur des foyers. À Constantine, Jeanine Caraguel,
jeune institutrice qui se marie et accouche en 1960, dit combien la présence
chez elle du clandestin William Sportisse fut, dans la pratique, un élément perturbateur — et libérateur — pour elle, « en tant que femme ». Encouragés à participer à égalité aux tâches politiques par William Sportisse, lui-même habitué à suppléer ses sœurs dans les tâches domestiques après le décès de sa mère, son mari et elle s’émancipent du schéma de répartition sexuée des tâches qu’ils avaient connu chez leurs parents et qu’ils reproduisaient « dans la naïveté la plus totale » :

  • Il n’était pas envisageable que je fasse la cuisine, le ménage, le linge, tout ça (rires) — c’était ça les femmes, hein —, et que je travaille aussi. Et [William Sportisse] voulait que je milite. Et moi j’étais pas contre. Ce qui fait que ça a d’abord été pratique. Et ensuite, des discussions de plusieurs heures avec des textes de Marx, de Lénine, de tout ça… Mais d’abord, ça a été pratique [48].

Au-delà d’un usage contextuel et stratégique, les déplacements identitaires
induits par la clandestinité peuvent donc avoir une portée importante
pour celles et ceux qui les expérimentent — du moins au sein des microcosmes clandestins, et à un niveau interindividuel.

Conclusion : la portée d’une expérience

André Beckouche, revenant sur la polarisation raciale exacerbée dans les
dernières années de la guerre d’Algérie, affirme : « Nous, dans cette ambiance, on avait l’impression d’être des anges [49]. » De fait, l’expérience des militants
communistes algériens — qu’ils soient musulmans, européens ou juifs —
apparaît ultra-minoritaire au regard non seulement de l’attitude de la majorité de la population française d’Algérie qui soutient, sentimentalement ou en actes, l’OAS, mais aussi des idées et pratiques à l’œuvre au sein du FLN-ALN. De ce fait, la communauté de destin qui rassemble apparemment tous ceux qui entrent en guerre dans le camp de l’insurrection est rapidement mise à l’épreuve :
alors même que c’est dans la guerre que se forge affectivement et effectivement l’appartenance la plus aboutie des anticolonialistes non-musulmans à une collectivité algérienne en voie d’étatisation, la radicalisation des contradictions internes au mouvement national algérien et celle des tensions politico-raciales de la société coloniale tendent à les mettre à l’écart du projet national algérien.
Le départ massif des Français d’Algérie en 1962 et l’arrivée au pouvoir, à l’indépendance, de fractions du FLN qui, entre autres, imposent le parti unique et figent dans le droit une algérianité exclusivement arabe et musulmane, semblent réduire à néant le projet d’« Algérie nouvelle » porté par les communistes et nombre d’autres Algériens.

Toutefois, pour le PCA lui-même, cette expérience revêt une portée importante à moyen terme. La persistance du parti durant la guerre d’indépendance a en effet donné des bases organisationnelles et une certaine légitimité au PCA qui, malgré le dénigrement de son activité par un FLN devenu parti-État, a connu un certain engouement, notamment à Constantine, dans les premières semaines de l’indépendance, avant que le nouveau pouvoir ne l’interdise en novembre 1962.
À plus long terme, pour ce qui est des trajectoires individuelles, cette expérience a consolidé des pratiques et des convictions politiques qui
seront réinvesties, dès 1965, par un certain nombre de ces militants au sein
de l’Organisation de la résistance populaire — laquelle tente une éphémère
opposition au coup d’État du 19 juin 1965, brutalement réprimée [50] — puis du Parti de l’avant-garde socialiste, principal mouvement d’opposition au régime du parti unique, qui se maintiendra dans la clandestinité de 1966 à 1989.



[1FANON (Frantz), “L’an V de la révolution algérienne”, Paris, La Découverte, « (Re)découverte », 2001 - (1re éd. Paris, Maspero, 1959).

[2Les documents cités sont issus des Archives nationales d’outre-mer. Les services versants sont
mentionnés comme suit avant la référence du carton : gouvernement général d’Algérie (GGA), ministère
des Affaires algériennes (FM), et préfectures d’Alger (Alger) et Constantine (Constantine).

[3GGA, 10 CAB 112 : lettre de la région de Constantine au comité central du PCA, 14 janvier 1952, indiquant
les effectifs de militants (169 « Arabo-berbères » et 144 « Européens », répartis en 12 cellules).

[4L’indépendance nationale est revendiquée dans des articles de la presse du PCA depuis 1950, et
fortement affirmée à Constantine dans des meetings, tracts et inscriptions murales (cf. par exemple
93 1112 : rapports mensuels du préfet de Constantine, 1951).

[5Constantine, B 3 86 : note de la police des Renseignements généraux (PRG), 7 novembre 1949 ; 93
1032 : note de la PRG, 6 novembre 1950 ; GGA, 10 CAB 112 : note de la PRG, 13 novembre 1951 ;
10 CAB 3 : note de la police, 29 janvier 1952.

[6Constantine, B 3 86 : notes de la PRG, 19 janvier 1948 et 15 décembre 1949.

[7Constantine, 94 4318 : résolution et plan de travail adoptés par la conférence de section Lucien
Sportisse du 27 janvier 1952, joints à une note de police du 18 février 1952.

[8GGA, 10 CAB 2 : note de la PRG, 7 juillet 1954.

[9Constantine, 93 3 F 23 : rapport de la PRG, 17 novembre 1954.

[10Constantine, 93 4318 : tract du PCA protestant contre ces arrestations.

[11Constantine, 93 4193 : liste manuscrite de militants assassinés les 29 et 30 mars 1956, et liste d’interdictions de séjour dans les départements de Bône et Constantine prononcées le 31 mars 1956.

[12Alger, 91 4 I 217 : liste de militants communistes constantinois interdits de séjour dans le département
d’Alger, établie par la préfecture d’Alger le 17 avril 1956.

[13Constantine, 93 3 F 23 : liste de militants communistes des départements de Constantine et Bône
interdits de séjour et assignés à résidence, 15 juin 1956.

[14Constantine, 932 40 : rapport de la PRG de Batna, 4 mai 1956.

[15GGA, 12 CAB 196 : télégramme de Maurice Papon au ministre résident en Algérie, 24 novembre 1956.

[16Déclaration du bureau politique du PCA publiée dans Liberté , 4 novembre 1954.

[17La session du comité central du PCA du 14 novembre affirme que les actions des maquis des Aurès
sont liées aux « masses » et qu’« il ne s’agit pas d’une provocation, ni d’un complot colonialiste, mais
d’un mouvement algérien », Liberté , 18 novembre 1954.

[18Déclaration du bureau politique du PCF publiée dans L’Humanité , 9 novembre 1954. Voir Liberté ,
13 janvier, 17 février et 14 avril 1955.

[19Constantine, 93 3 F 23 : notes de la PRG, 5 et 17 mai 1956, au sujet d’un « Comité clandestin d’aide
aux familles des internés politiques ».

[20Constantine, 93 4318 : tracts du PCA de Constantine, juillet 1955.

[21Entretien avec Sadek Hadjerès, 10 décembre 2010.

[22Entretien avec William Sportisse, 10 janvier 2011.

[23Audition de X… reproduite dans Constantine, 93 151 : rapports de police sur la « Constitution à
Constantine d’une cellule terroriste d’obédience communiste et reconstitution de ligue dissoute » (29-30 décembre 1955).

[24SPORTISSE (William), “Le Camp des oliviers : parcours d’un communiste algérien, entretiens avec Pierre-Jean
Le Foll-Luciani”
, Rennes, Presses universitaires de Rennes, « Essais », 2012.

[25Constantine, 93 4318 : note de la direction de la Sûreté, 6 juillet 1956 ; 93 3 F 23 : notes de la PRG,
16 avril, 5 et 22 mai 1956 ; 93 151 : notes de la PRG, 8 juin et 17 septembre 1956.

[26“Un exemple de l’action clandestine du Parti communiste en Algérie : le réseau oranais,” mémoire de la DST,
sans date, joint à FM 81 F 759.

[27« Raymonde Peschard restera vivante dans le cœur des Algériens », Le Patriote , décembre 1957.

[28Entretien avec André Beckouche, 29 mars 2007.

[29Tract joint à Constantine, 93 3 F 23 : notes de la police et de la PRG, 21 et 22 mai 1956.

[30Constantine, 93 3 F 23 : enquêtes du début 1957 sur l’activité du PCA ; 93 4399 : rapport sur l’activité
du PCA en 1959 ; 93 3 F 24 : notes d’information du service départemental des RG sur le PCA, avril 1962.

[31Constantine, 93 4421 : note de la PRG, 7 juillet 1959.

[32Ce programme bilingue de réforme agraire est joint notamment à Alger, 91 3 F 44 et Constantine, 93 4421 : notes des PRG de Tizi-Ouzou et Bougie, 27 mars et 4 mai 1959.

[33Constantine, 93 3 F 23 : note de la PRG, 26 novembre 1958, joignant Le Patriote , n° 11, novembre 1958.

[34Entretien avec William Sportisse, 27 février 2007.

[35Terme employé par la PRG le 7 janvier 1959 dans une note sur Le Patriote , n° 12 (Constantine, 93 4421).

[36Expressions tirées du Patriote, novembre 1957 et n° 12, décembre 1958.

[37« Le peuple algérien boycottera le référendum », Le Patriote , n° 10, septembre 1958.

[38Attestations d’un ex-responsable de l’organisation politico-militaire et d’un ex-commissaire politique de la Wilaya 2, datées des 18 et 26 septembre 1963, certifiant que des livraisons d’armes, de tenues militaires, de médicaments, d’argent et de machines à écrire ainsi que des tirages de tracts du FLN ont été
effectués de 1959 à 1962 par Guy Fève, militant communiste de Constantine (archives privées Guy Fève).

[39Constantine, 93 3 F 24 : notes d’information du service départemental des RG sur le PCA, avril 1962.

[40« Pour mieux mobiliser notre peuple », tract de la région de Constantine du PCA, 7 mai 1962 (joint
à Constantine, 93 3 F 24 : note de la PRG, 11 mai 1962).

[41Entretien avec Jeanine Caraguel, 28 septembre 2009.

[42Lettre d’André Beckouche à l’auteur, 3 août 2010.

[43La presse, notamment La Dépêche quotidienne et Le Journal d’Alger, publie cette information le 13 avril 1957.

[44Entretien avec André Beckouche, 29 mars 2007.

[45Entretien avec William Sportisse, 15 février 2010.

[46Entretien avec Jean-Pierre Saïd, 26 juin 2011.

[47Entretien avec Guy Fève, 9 septembre 2009.

[48Entretien avec Jeanine Caraguel, 28 septembre 2009.

[49Entretien avec André Beckouche, 29 mars 2007.

[50William Sportisse et Guy Fève feront partie des militants d’origine constantinoise arrêtés et torturés par la Sécurité militaire en septembre 1965, et ils passeront plusieurs années emprisonnés puis assignés à résidence.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message
  • Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

  • Lien hypertexte

    (Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)