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ALGÉRIE ET POLITIQUE INTERNATIONALE

samedi 5 avril 2014


INTERVENTION DE L’ANP EN DEHORS DES FRONTIÈRES : PRESSIONS AMÉRICAINES SUR ALGER - par Ghania Oukazi - “Le Quotidien d’Oran” - le 5 avril 2014 ;


KIEV, CARACAS : LE MÊME SCÉNARIO - par Kharroubi Habib - Le Quotidien d’Oran - le 5 avril 2014 ;


INTERVENTION DE L’ANP EN DEHORS DES FRONTIERES :
PRESSIONS AMERICAINES SUR ALGER
par Ghania Oukazi
“Le Quotidien d’Oran”
le 5 avril 2014

Le secrétaire d’Etat américain aux Affaires étrangères a rappelé, avant-hier, que le terrorisme n’a pas de nationalité ni de frontières .

Cette précision, qui n’est certes pas nouvelle, le secrétaire d’Etat américain l’a faite en réponse à une question sur les capacités de l’Algérie « à produire la stabilité et à en être l’exportatrice, tout en sachant que ses gouvernants mettent en avant deux principes qu’ils veulent immuables :

  • le premier, la non-ingérence dans les affaires des Etats, l
  • e second, son armée n’intervient pas en dehors de ses frontières ».

Le ministre algérien des Affaires étrangères a, lui aussi, mis en avant « l’internationalisation » du terrorisme mais quand John Forbes Kerry l’avoue, c’est qu’il pense que l’Algérie doit « s’investir, davantage, dans la lutte antiterroriste ».
Ramtane Lamamra lui a répondu par une autre précision de taille. « Les pays frères de la région trouvent en l’Algérie, un important partenaire qui leur fournit une aide en renseignements, en équipements et en formation, » a-t-il affirmé.
John Kerry rétorque que « nous faisons face, aujourd’hui, à des conflits plus complexes que jamais, il faudrait qu’on réfléchisse à relever d’importants défis, en matière de sécurité et de stabilité. »

La diplomatie a ses règles et ses sous-entendus. Les propos de Kerry laissent croire, aisément, que les Américains veulent faire sauter le verrou que l’Algérie a mis, en s’accrochant aux deux principes. D’ailleurs, plusieurs d’entre leurs responsables militaires, basés à Stuttgart l’Allemande, au titre de “l’Africom” (le Commandement américain pour l’Afrique), l’ont revendiqué, sans hésitation.
En fait, si les Etats-Unis insistent pour que l’Algérie intervienne dans des conflits régionaux et permette à son armée de sortir, en dehors de ses frontières, c’est bien pour qu’ils ne soient pas obligés de le faire, eux-mêmes, comme c’est le cas, actuellement.

L’Algérie « une zone-tampon » pour l’Occident ?

La dislocation de la Libye a bien été la terrible conséquence de l’intervention de l’OTAN, sur instruction de Washington.
La détérioration de la situation sécuritaire, dans les pays de la région, maghrébins et africains, laissent les Américains penser que c’est là l’occasion propice pour forcer la main à l’Algérie pour qu’elle fasse « la sale besogne. » Celle qui consiste en le nettoiement des territoires voisins des affres de la guerre.
Le secrétaire d’Etat américain a bien dit, avant-hier, que « les Etats-Unis veulent accompagner l’Algérie dans la lutte antiterroriste, former ses services de sécurité pour vaincre El Qaïda. » L’arrivée de John Kerry à Alger n’a, en plus, rien de fortuit, même si certains diplomates algériens refusent de lui trouver une connexion avec « un quelconque événement. » Pourtant, son séjour au bon milieu de la campagne électorale, pour l’élection du 17 avril prochain, porte le sceau « du parfait calcul politique. »
Comme en diplomatie, rien ne se fait sans arrière-pensée. Qu’il s’agisse du timing de la visite ou de son thème crucial à savoir : l’impérative stabilité de la région, rien ne semble avoir été laissé au pur hasard « du calendrier. » Kerry pouvait attendre l’après 17 avril pour venir, puisqu’il n’y a pas d’urgences nouvelles, dans la région ou même dans le reste du monde. S’il a déclaré, dès son arrivée, à Alger, que l’élection présidentielle est une affaire algérienne, il a bien mis en avant la nécessité de la stabilité, un terme qui constitue l’ossature du discours de campagne des « hommes » de Bouteflika. La caution américaine est, sans équivoque. Elle ne peut qu’être donnée à Bouteflika qui, à leurs yeux et selon leurs diplomates, a su préserver l’Algérie des grandes perturbations et lui éviter la contagion par ce qui se passe dans les pays voisins.

La nécessaire politique du donnant-donnant

Et pour être plus complet dans ce message de « soutien », le secrétaire d’Etat américain a passé la nuit en Algérie. Il est le seul responsable américain des Affaires étrangères à le faire. Il a voulu, en évidence, montrer que l’Algérie est un pays stable et sécurisé. Paranoïaques qu’ils sont, en laissant Kerry passer la nuit à Alger, les Américains ont franchi un énorme pas, en matière « de confiance » en la sécurité de l’Algérie. Il est, alors, inutile de se demander pourquoi « les laboratoires » qui ont confectionné « les printemps arabes », dans la région, ont-ils évité de le provoquer en Algérie.

La stabilité de l’Algérie est devenue une exigence pour les Occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis. Ce qui gêne le plus, c’est que ces mêmes Occidentaux ne se préoccupent pas des conséquences de leurs interventions militaires dans la région, ils veulent juste que l’Algérie constitue cette zone-tampon qui peut et doit leur éviter de subir les flux migratoires clandestins et le déversement des armes et de la drogue sur leurs territoires. Ils s’accordent, tous, aujourd’hui, à faire tenir à l’Algérie le rôle de leader et de pays pivot dans la région. Cette « haute » qualification n’est pas gratuite. Elle suggère aux gouvernants algériens de transformer leurs services de sécurité, tout corps confondus, en gendarme de la région, avec tout ce que cela suppose comme « intrusions » physiques et matérielles, dans les affaires internes des Etats voisins.
Avec ça, ces mêmes Occidentaux veulent que l’Algérie accorde plus de facilitations aux investisseurs étrangers, avec en prime la suppression de la fameuse règle 51/49. Il faut avouer que ce regard des Américains et des Occidentaux, en général, sur l’Algérie, est une arme à double tranchant. Elle la pousse, certes, à se « démener » pour remettre de l’ordre dans la région, et ce, à la place de ceux qui y ont semé le chaos. Mais elle lui permet aussi de se mettre en avant et de gagner une place de choix dans le monde arabe et l’Afrique.

Depuis que l’Egypte vit la déstabilisation, le monde arabe est devenu orphelin de leader. L’arrivée, hier, de l’Emir du Qatar, à Alger, est un signe de reconnaissance à Bouteflika, pour être ce médiateur qui pourrait apaiser son esprit et celui de son « homologue-ennemi » saoudien qui arrive, demain, à Alger, avec le cœur gros, lui aussi. C’est le moment où jamais, pour Alger, de savoir ce qu’il faut avoir pour être un véritable leader.

La préparation du sommet des non alignés après une absence de plus de… 40 ans, devrait, d’ailleurs, lui permettre de tenter de fédérer le plus de pays possible dans ce cadre. Elle saura, ainsi, pratiquer face aux Américains et à l’ensemble des pays occidentaux, la véritable politique du donnant-donnant.

Sources “Le Quotidien d’Oran” - le 5 avril 2014 :

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KIEV, CARACAS : LE MÊME SCÉNARIO
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran

Au Venezuela, il y a tentative de rééditer le scénario ukrainien. Le pouvoir légitime de Maduro successeur de Chavez est en effet violemment contesté par des manifestants et des bandes armées antidémocratiques. Ils bénéficient tous comme les « tombeurs » du président ukrainien Ianoukovitch du soutien ouvert des « démocraties » occidentales au prétexte que Maduro et son régime chaviste répriment violemment de « pacifiques » manifestants n’hésitant pas à tirer sur eux. En réalité, ces « démocraties » ont pour agenda la déstabilisation du pays et la chute d’un pouvoir populaire qui contrecarre leurs intérêts au Venezuela et en Amérique latine.

L’opposition vénézuélienne dont elles louent le « pacifisme » et soutiennent les revendications prétendument démocratiques n’a pas digéré ses défaites électorales face au camp chaviste. Elle cherche tout simplement à prendre le pouvoir en créant avec l’aide multiforme des « démocraties » américaine et européenne une situation insurrectionnelle qui viendrait à bout de Maduro et de son régime. Le Venezuela est certes confronté à une crise économique à laquelle d’ailleurs les partisans de l’opposition qui se recrutent dans le monde des affaires et du commerce ne sont pas étrangers par leurs manigances entraînant pénuries et renchérissement des prix sur les marchés vénézuéliens. Il a également un vrai problème d’ordre sécuritaire.

Le président Maduro élu démocratiquement depuis une année à peine s’est engagé à prendre à bras-le-corps ces problèmes mais il est manifeste que ses opposants ne veulent pas lui en laisser le temps. « L’insurrection » populaire qui secoue Caracas et quelques autres villes du pays n’a rien de spontanée et ne rassemble pas au-delà des cercles de droite dont la fixation est d’en finir avec la révolution bolivariste instaurée au Venezuela par Hugo Chavez.

Comme ils l’ont fait dans le cas de l’Ukraine, les dirigeants et les médias occidentaux ont pris fait et cause pour les contestataires vénézuéliens et les présentent comme victimes d’un pouvoir antidémocratique gommant le fait que celui-ci a été légitimement élu et qu’il est soutenu par la majorité des Vénézuéliens. En fait, en Ukraine comme au Venezuela, les « émocraties » occidentales foulent aux pieds leurs propres principes. Parce que leurs intérêts le leur dictent, elles ont participé à Kiev et sont en train de le faire à Caracas à la chute de pouvoirs dont le tort n’est pas leur « nature » antidémocratique, mais de n’avoir pas abdiqué leur souveraineté nationale au profit des intérêts occidentaux.

Pour ce qui est de la crise vénézuélienne, les Etats de l’Amérique latine ne sont pas dupes de la présentation que les Occidentaux font des motivations des contestataires vénézuéliens et moins encore de la « blancheur » de celle du soutien occidental à ces contestataires. La solidarité quasi unanime qu’ils manifestent à Maduro et son gouvernement devrait faire réfléchir l’Amérique et ses alliés européens et les inciter à ne pas pousser trop loin leur ingérence dans les affaires intérieures du Venezuela. Cette solidarité n’est pas en effet celle d’Etats dictatoriaux mais de pays aux régimes démocratiques qui avant d’en arriver là ont fait l’amère expérience du cynisme des « démocraties » occidentales dont la défense des droits de l’homme est à géométrie variable et intrinsèquement au service de leurs intérêts géostratégiques, économiques et politiques.

Sources “Le Quotidien d’Oran” - le 5 avril 2014 :

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