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BOUMERDÈS : HOMMAGE À MOHAMED HASSAÏNE, JOURNALISTE ASSASSINÉ PAR LES TERRORISTES

lundi 2 mars 2015

Un vibrant hommage a été rendu avant-hier au journaliste Mohamed Hassaïne. Une foule nombreuse était présente à cette cérémonie de recueillement à la mémoire de ce patriote républicain enlevé et assassiné par un groupe terroriste le 28 février 1994 à 7h30 devant la maternité du centre-ville de la commune de Larbaâtache, sa ville natale, dans la wilaya de Boumerdès.

Sa femme, les membres de sa famille, les journalistes du club de presse de Boumerdès, les syndicalistes, le P/APC de Larbaâtache, les membres de l’association Manensaouch, les syndicalistes, le président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme, Hocine Zehouane, ainsi que de nombreux citoyens ont participé à la cérémonie de recueillement, où une gerbe de fleurs a été déposée sur le lieu de l’enlèvement.
Après la minute de silence à sa mémoire et à toutes les victimes des hordes intégristes, les intervenants ont retracé son combat pour la démocratie et la justice sociale à travers sa plume et ses actions syndicales et militantes au profit des masses laborieuses.
Tout en évoquant son parcours, ils ont insisté sur le devoir de mémoire et que justice soit rendue pour éviter d’autres drames au pays.

21 ans se sont déjà écoulés depuis ce maudit jour où Mohamed Hassaïne a été ravi à l’affection des siens, enlevé par un groupe terroriste. Il était 7h30, ce 28 février 1994, jour de Ramadan. Comme tous les jours, Mohamed venait de sortir de sa maison, lorsqu’il fut abordé par un groupe terroriste qui l’obligea à les suivre. Sa famille n’en savait rien et ce n’est qu’après l’adhan du f’tour que, ne le voyant pas entrer, Nacera, sa femme, commença à s’inquiéter, se doutant qu’un malheur lui soit arrivé. Depuis ce jour, elle n’a plus eu aucune nouvelle de lui. Ses enfants n’ont même pas une tombe où le pleurer et faire leur deuil. Les témoins, par peur ou par lâcheté, n’ont jamais dénoncé ses bourreaux. Mais quelques années après, des témoignages de voisins, mais aussi de repentis ont rapporté que Mohamed Hassaïne a été enlevé par quatre hommes du GIA qui l’attendaient dans un véhicule au coin de la rue. Un repenti avait même précisé que Mohamed a été assassiné dans la nuit du 28 février au 1er mars 1994. Son corps n’a jamais été retrouvé. Il avait 49 ans et laissait derrière lui trois enfants dont l’aîné avait 6 ans et un bébé de 45 jours.

Le disparu était technicien supérieur en agriculture et travaillait au sein de la sous-direction agricole de Khemis El Khechna, relevant de la direction de l’agriculture de la wilaya de Boumerdès. Il partageait les joies et les rêves, mais aussi les cauchemars et les soucis de la petite et moyenne paysannerie. D’ailleurs, tous les humbles de sa localité, auxquels il a voué tout son militantisme, le respectaient et l’aimaient.

Durant plusieurs années, il était le correspondant du journal militant Alger républicain. Ses articles étaient pour l’essentiel consacrés aux problèmes de la paysannerie et aux luttes des travailleurs et des syndicalistes, notamment au niveau de la zone industrielle de Rouiba-Reghaïa.
Il assurait également la couverture des matches de football de l’équipe locale, dont il était un fervent supporter.

Mohamed Hassaïne militait au sein du Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS). Il savait traduire les grands principes politiques en actions simples centrées sur la prise en charge des préoccupations quotidiennes des gens humbles de sa localité.

À cause de ses convictions politiques et de son engagement auprès des « masses laborieuses », comme il aimait le répéter, il se savait menacé par les intégristes depuis 1990, mais ne pouvait se séparer de ses proches. Les menaces se sont amplifiées les derniers mois de sa vie, mais il avait choisi de rester aux côtés de sa femme.

Cette dernière aujourd’hui est toujours marquée par cette disparition brutale. « Tout au long de sa vie, Mohamed a travaillé avec honnêteté, droiture et abnégation. Il a payé de sa personne sa passion du métier et sa solidarité avec les plus démunis et les plus lésés. Il est mort pour ses convictions », confie sa femme.
« Je ne sais pas comment j’ai fait pour réussir à élever mes fils. »
Nacera était fonctionnaire à la wilaya de Boumerdès. Mais elle est contrainte d’abandonner son poste à la suite de diverses pressions. « La société est impitoyable avec les femmes seules qui doivent se débrouiller pour leur famille », dit-elle.

La famille de feu Mohamed Hassaïne n’a ainsi pas eu droit aux indemnités et autres réparations octroyées aux victimes du terrorisme. « Je n’ai eu aucune aide de l’Etat, rarement de la corporation ou d’associations. Tout ce que je demande est qu’on accorde leurs droits à mes enfants. Ils ont vécu sans père. L’Etat devrait au moins leur assurer un toit décent », conclut-elle.
Et 21 ans après, les promesses des responsables relatives à l’attribution d’un logement social à ses enfants n’ont pas été tenues.

Sources : Reporters.dz


Voir en ligne : http://www.reporters.dz/boumerdes-h...

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