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2010, CENTENAIRE DU 8 MARS : EVOCATIONS

MYRIAM BEN, ALGÉRIENNE DE TOUS LES COMBATS

par Sadek Hadjerès, 05 mars 2002

vendredi 5 mars 2010

En ces temps sombres, chaque nouveau huit Mars nous rend plus pénible l’évocation des femmes de courage et d’action qui nous ont quitté(e)s.
Cette date, journée de luttes et d’espoirs féminins, les aidait à vivre les épreuves tragiques de la décennie écoulée et à persévérer dans leurs combats multiformes, engagés pour guérir les meurtrissures de leur peuple et celles de leur condition féminine.
Mais elles sont parties sans avoir vu se lever sur l’Algérie ne serait-ce qu’un pâle soleil de liberté et de justice sociale, suffisant pour adoucir leurs épreuves.

L’an dernier à la même époque, Anissa Asselah nous était brutalement ravie.

Anissa transformait chaque anniversaire de l’assassinat de ses êtres les plus chers, (son mari directeur de l’Institut des beaux Arts et son fils étudiant dans le même établissement) en anniversaire de vie et d’action.

Face à l’injustice, à l’esprit de prédation, à la laideur et à la barbarie, elle savait malgré sa douleur faire passer aux jeunes générations guettées par la haine, les messages de création culturelle, de civisme, d’élan vers la beauté et la solidarité humaine.
Ceux qui l’approchaient étaient gagnés par sa sérénité, acquise certainement au prix d’une blessure interne jamais guérie. Par sa dignité, c’est elle qui insufflait aux autres confiance, combativité et ouverture d’esprit. Elle me rappelait, pour cette fermeté d’âme et cette générosité, les regrettés Abdelkader Alloula et Rabah Guenzet.


Le 8 Mars cette année, dans ce même champ de l’art et de la culture en proie aux entreprises de désertification, c’est une autre grande dame que l’Algérie a perdue. Myriam Ben (nom d’écrivain et d’artiste peintre de Marylise Ben-Haïm), a quitté en même temps la vie et le pays de ses racines, celui de ses grandes joies avant qu’il devienne le pays d’un chagrin sans limite.

Algérienne de « souche » autant que de cœur et de raison, sa foi dans les forces saines de son peuple ne l’avait jamais quittée. Elle l’avait aidée à surmonter les épreuves qui n’ont pas manqué à l’Algérie depuis cinquante ans. Elle a été contrainte à l’exil en France depuis quelques années par les hégémonismes politiques et idéologiques croisés, impatients de gagner ou conserver le pouvoir sur le corps d’un pays ensanglanté. Mais elle ne pouvait continuer à créer et produire qu’avec les yeux et le cœur d’une Algérienne vivant les fiertés et les humiliations de son peuple.

Pour elle, la dernière des humiliations a été celle qui a frappé dans leur chair et dans leur âme les frères et sœurs innombrables de Massinissa Guermouh, les jeunes et les moins jeunes de Bab el Oued et de tant de lieux du persistant malheur algérien. Elle tenait à la vie, la sienne et celle des autres, mais sa santé déjà fragile n’a pas résisté à ces derniers épisodes.
Elle étouffait sous les sombres nuées qui se sont abattues en tapis de bombes et en cataclysmes naturels sur les peuples déshérités et opprimés du monde. Elle ne pouvait plus supporter le temps des torrents de boue, de dégradation sociale et politique qui ont englouti ou jeté vers la mer des centaines de ses concitoyens algérois et, pire encore, l’insultante hypocrisie officielle qui consistait, sans crainte de blasphème, à rejeter sur la volonté divine les carences des humains et les responsabilités du système.

Bab el Oued, Bologhine (Saint Eugène), ces quartiers lui étaient chers. Ils lui rappelaient quelques-unes de ses luttes passées. Scrutant la Méditerranée depuis les rives françaises où la clouait son exil, peut-être en ces temps de malheurs s’imaginait-elle faisant corps avec l’immensité bleue pour rejoindre ses compatriotes engloutis par les flots aux époques différentes. Ceux d’aujourd’hui emportés par les intempéries et ceux des années cinquante que les unités spéciales de répression colonialistes jetaient au large, lestés de béton, du haut de leurs hélicoptères après les avoir férocement torturés au Casino de la Corniche, tout près des Deux Moulins.

À deux pas de là, se trouvait le cabanon surplombant la mer, où Myriam venait nous rejoindre, Bachir Hadj Ali et moi-même au début de 1956, quand nous préparions l’opération consistant à s’emparer d’un chargement d’armes des troupes françaises.
Enseignante rurale à Oued Fodda, près de Chleff-El Asnam (ex-Orleansville), elle faisait infatigablement la liaison avec Henri Maillot, Maurice Laban, Hamid Gherab et d’autres. Je me souviens de sa déception quand elle apprit que, faute d’une réponse du FLN qui se dérobait au contact (pour une opération qui aurait nécessité la coopération de ses groupes armés), nous avions manqué l’occasion d’un chargement d’armes américaines beaucoup plus nombreuses et modernes, nous contentant de celles que les forces coloniales venaient de remplacer. Quelque temps après le succès de cette opération, Myriam mènera une périlleuse et active clandestinité, au cours de laquelle jusqu’à l’Indépendance aucune de la quinzaine de personnes concernées ne fut découverte ou arrêtée en liaison avec cette affaire.

Bab El Oued de la fin des années quarante et du début des années cinquante, c’était aussi sa participation enthousiaste aux manifestations de la salle « Padovani », tout près d’El Kettani en bord de mer. Chaque année, les journées de le jeunesse mondiale anticolonialiste résonnaient des envolées et des poèmes éblouissants de Kateb Yacine, devant les auditoires mobilisés en cette occasion par l’ensemble des organisations nationales de jeunes de l’époque : UJDA, Scouts Musulmans, Etudiants (AEMAN), Jeunes syndiqués, Jeunesse de l’UDMA etc.

Myriam faisait partie, comme Daniel Timsit et d’autres, de ces jeunes de la communauté israélite algérienne, qui ont commencé à militer très jeunes dans les Jeunesses communistes après avoir subi les humiliantes discriminations du régime colonialo-vichyste de 1940 à 42. C’est ainsi que Henri Alleg et Myriam (ainsi que Fernand Iveton et Henri Maillot qui n’étaient pas juifs) seront naturellement sensibles à la revendication nationale algérienne dans les quartiers populaires de la Redoute (Mouradia) et Clos Salembier qu’ils habitaient. Comme Ahmed Akkache, Baya Allaouchiche et d’autres jeunes communistes arabo-berbères de ce même quartier, ils agissaient côte à côte avec les nationalistes de la même génération.
À la Redoute, au domicile de Myriam, se retrouvaient aussi pour des discussions culturelles passionnées les jeunes qui tournaient autour du quotidien « Alger républicain » ou qui y travaillaient. Parmi les habitués de ces rencontres où se mêlaient œuvres traditionnelles arabo-maghrébines et créations progressistes du monde entier, dont celles de Nazim Hikmet, Paul Robeson, Atahalta Youpanqui, etc., il y avait Kateb Yacine avec sa fougue poétique et Mohammed Dib, chez qui était en train de mûrir son premier roman « La Grande Maison », largement connu après l’Indépendance sous le titre « Dar Sbitar » feuilleton télévisé à grand succès.

Après l’avènement de l’Indépendance nationale à laquelle elle avait toujours cru et travaillé, il fut donné à Myriam comme à ses compatriotes de connaître deux visages de l’Algérie nouvelle. D’un côté l’Algérie qui se construisait avec d’immenses espoirs. Elle lui a beaucoup donné de son cœur et de ses forces, autant par ses activités de création culturelle que par son travail d’enseignante de grande compétence, en particulier à l’INH (Institut National des Hydrocarbures) de Boumerdès. De l’autre côté, il y avait l’Algérie de plus en plus piétinée et saccagée par la triple conjugaison et complicité des armes, de l’argent et des media, au service de pratiques politiques et de mystifications idéologiques anti-sociales, antidémocratiques et de régression culturelle.


D’autres diront mieux que moi la qualité de son apport culturel dans les domaines aussi riches que la littérature, la peinture, la musique, en lesquels elle parvenait à fondre les inspirations et les versions multiples d’un patrimoine algérien à la fois traditionnel, populaire et moderne.
Je peux par contre témoigner de tout le courage qu’il lui fallut pour continuer à produire dans un climat où la plus grande des pénuries qu’ait connues l’Algérie, celle des droits citoyens, n’a jamais cessé d’étouffer les talents, les initiatives et les élans de civisme et de solidarité constructive.
Aussi n’a-t-elle jamais séparé son activité culturelle de son engagement politique. Malgré ses problèmes de santé qui l’ont plusieurs fois contrainte à des soins prolongés à l’étranger, elle a affronté persécutions, vexations et menaces en se joignant aux protestations démocratiques contre le coup d’Etat du 19 Juin 65, aux longues luttes diversifiées contre le système du parti unique, pour les libertés syndicales et démocratiques, pour l’égalité en droits citoyens et en dignité entre hommes et femmes.

Des moments forts ont été pour elle les manifestations de solidarité envers le peuple palestinien. Elle en partageait les souffrances et les espoirs. Elle proclamait son indignation envers les exactions sionistes. Elle les jugeait responsables d’une spoliation historique et d’une exploitation désastreuse des sentiments d’identité juive. Elle leur reprochait plus encore leur refus obstiné d’une solution pacifique passant par la reconnaissance des droits du peuple palestinien.
Enfin, dans le prolongement de son engagement pour les droits de l’Homme et du Citoyen, elle participa, après octobre 88, aux actions entreprises par le Comité contre la torture, dont plusieurs organisateurs, comme on le sait, les Prs Boucebci, Belkhenchir et d’autres furent plus tard assassinés.

Les événements ultérieurs ont malheureusement confirmé ses appréhensions concernant un problème de fond qui l’a toujours tourmentée et dont elle a personnellement et directement souffert. Elle a assisté à la transformation perverse de problèmes identitaires réels mais surmontables (de nature religieuse ou linguistique) en préjugés antagonistes. Les intolérances entretenues et manipulées, non seulement ont dégénéré en conflits violents et meurtriers, mais ont barré objectivement et subjectivement la route à des solutions sociales et démocratiques conformes aux intérêts communs des différentes catégories d’une population gravement divisée et désorientée.

L’anti-citoyenneté, baptisée chez nous du nom bien mérité de hogra, déjà lourde envers les hommes, l’était trois fois plus pour elle, comme femme, comme militante et comme personne gardant son franc parler. Surtout que s’exerçant à l’encontre de Myriam, cette hogra empruntait inévitablement un langage mille fois usé mais toujours aussi malfaisant. La mauvaise conscience et la lâcheté, faute d’arguments et de légitimité, stigmatisent toujours la cible désignée comme « étrangère » aux valeurs nationales.

Contre les auteurs de telles pratiques dont elle était profondément ulcérée, Myriam a souvent riposté chaque fois concrètement, dans le style direct qui lui était propre et avec une certaine efficacité, contraignant leurs auteurs à battre provisoirement en retraite. Mais dans ses écrits et ses interventions publiques, elle n’en a jamais fait état, pensant à tort ou à raison comme nombre d’autres qui subissaient ce genre de harcèlement, que cela nuirait à la renommée de l’Algérie à l’étranger.
Nul ne s’étonnera que les experts et les plus virulents en ce type de langage et de comportements, aient été le plus souvent des « super-patriotes » d’après le 19 Mars, des incompétents ou rivaux professionnels. Ils ne lui arrivaient pas à la cheville tant pour l’enracinement dans les réalités et la culture nationales que pour le dévouement au bien public et la sympathie sincère que lui ont manifestée des compatriotes qui la connaissaient sans partager pourtant ses convictions.

En fait, l’enracinement algérien de Myriam était naturel, viscéral même. Elle avait plus d’une raison d’en être fière, face aux mesquineries qui ne lui ont pas été épargnées. De descendance confessionnelle israélite, elle pouvait par le legs culturel double et vivace de ses ancêtres paternels et maternels, se prévaloir à la fois d’une amazighité millénaire ayant ses sources dans le Nord Constantinois et d’un héritage arabo-andalou véhiculé par ses ascendants chassés d’Espagne par l’Inquisition catholique. Elle était à la fois porteuse d’un bagage de civilisation enraciné dans l’histoire du Maghreb central, et en même temps, acquise à la vision d’un État qui respecte et protège les convictions religieuses de chaque citoyen tout en opérant dans la vie publique une distinction qui empêche toute utilisation de la religion à des fins d’exploitation économique ou politique.

Aussi, comme nombre de ses concitoyens musulmans, elle aspirait au renforcement d’une appartenance nationale potentiellement ouverte sur la modernité démocratique et sociale. Elle était sensible aux marques de respect humain des compatriotes et des camarades qui la jugeaient avant tout sur ses actes. Elle voyait dans l’attitude fraternelle de ces Algériens qui ne se comportaient pas comme les sionistes envers les arabes palestiniens un indice probant des grandes ressources d’humanisme de notre peuple. Un épisode concernant Yvette Bacri, fille de la Casbah, une de ses anciennes amies et camarades avant l’indépendance, lui avait fait chaud au cœur. Il lui avait confirmé qu’il existe des possibilités de faire reculer le fléau des machinations sous couverture faussement identitaire, pour peu que les efforts convergent dans ce sens à partir des intérêts communs réels des gens.

Myriam racontait cet épisode avec humour et émotion. À l’époque, dans les années 80, Saout ech-Chaâb, organe du PAGS, avait rapporté le fait sans entrer dans les détails. Lors du décès de Yvette Bacri, fille de la Casbah, assistante sociale qui s’était dévouée jusqu’à épuisement pour les droits sociaux des travailleurs de Sonelgaz et de leurs familles, une centaine de ces derniers se sont présentés à son enterrement au cimetière juif de Bologhine (Saint Eugène). Le personnel rabbinique éberlué avait observé une attente interminable et ne savait comment entamer la prière rituelle, car selon eux, elle nécessitait la présence minimum de dix juifs. La sagesse et l’ouverture d’esprit des responsables syndicaux et de l’assistance musulmane dénoua la situation. Ils désignèrent parmi eux les présumés juifs, ajoutant : si vous en voulez plus, nous sommes tous là.
Sans y voir rien de contradictoire avec leur foi, qu’ils ont vécue au contraire à travers ce geste de la façon la plus profonde et la plus authentique, ils l’avaient fait pour Yvette Bacri et pour le sens de la solidarité sociale et humaine qu’elle n’avait cessé de leur manifester de son vivant.

Au delà de l’émotion suscitée par un itinéraire qui paraît exceptionnel dans l’environnement actuel, la vie, l’œuvre et les luttes de Myriam Ben sont celles d’un combat à la fois national et citoyen. Elles nous éclairent sur certains mécanismes et évolutions géopolitiques dans notre société.
Qu’arrive-il en effet quand des forces dominantes se crispent sur un type de nationalisme asservi à des intérêts économiques et de pouvoir égoïstes ? Qu’arrive-t-il quand l’indépendance est amputée du prolongement et du contenu souhaitable des droits citoyens ? Vers où va-t-on quand au lieu de compléter les appartenances identitaires par une citoyenneté égale pour tous, qui harmonise et civilise la façon de vivre ces appartenances, on les oppose au contraire en niant la citoyenneté commune au nom d’appartenances (ethniques, linguistiques, idéologiques, partisanes, régionales ou de sexe) auto-proclamées les meilleures ?
Il arrive alors le pire. On juge les gens non pas sur leurs actes, leur comportement social et les valeurs et les mobiles réels qui les inspirent, mais sur des proclamations « d’authenticité » démagogiquement greffées sur les préoccupations et les problèmes réels de la société en désarroi et en quête de solutions. Voilà comment on débouche le plus souvent sur des fractures fatales. Voilà comment, tels les membres d’un troupeau voués un par un à leur triste sort, on se présente en rangs dispersés, aussi bien face à des oligarchies locales chez qui les instincts prédateurs ont émoussé le sens de la solidarité nationale, que face à un ultra-libéralisme mondial, impitoyable pour les nations et les peuples affaiblis et divisés.

Et puisqu’il s’agit d’un huit Mars, je dois à la mémoire de Myriam de témoigner et souligner que son engagement national et citoyen ne s’est pas enfermé dans des alignements dominés par une logique étroitement partisane et nuisible au rassemblement de lutte démocratique et social.

Sa sensibilité à la condition concrète des gens, en particulier celle des couches les moins favorisées, elle l’a héritée de sa famille et des épreuves de son enfance, de son parcours d’enseignante rurale puis d’artiste attentive au profond de notre peuple (voir son œuvre ou les portraits comme celui de la potière kabyle aveugle). Sa sensibilité à la détresse des faibles et des humbles a fait que cette intellectuelle, foncièrement hostile à tout intégrisme, a pu éviter la vision dichotomique qui sépare ou oppose consciemment ou non deux catégories de femmes. Celles qui cherchent légitimement à défendre les acquis que leur a apporté la modernité, et celles, la grande majorité des Algériennes, qui n’en ont tiré que de maigres bienfaits et qui estiment, à tort ou à raison, que la modernité se bâtit sur leur dos.
Transposée sur une arène politique malheureusement sanglante, cette dichotomie tend à opposer entre elles l’ensemble des femmes victimes, sur lesquelles s’est refermé le piège du même système socio-politique infernal. Les femmes dont les larmes et la condition sociale ont la même amertume, les épouses, mères, sœurs et filles aussi bien des victimes du terrorisme que des « disparus ».
Combien, me disait-elle avec désolation, serait grande l’efficacité de leur protestation commune si elles se rejoignaient autour des objectifs concrets tangibles et légitimes, alors que ceux qui devraient les satisfaire ne le font pas justement en profitant de leur division !
N’ont elles pas intérêt aussi à ce que, à un niveau plus global, soit rompue la logique erronée qui a voulu bipolariser notre peuple en éradicateurs et dialoguistes ? Chacune de ces catégories n’abrite-t-elle pas aussi bien des partisans que des adversaires de la démocratie, de la justice sociale et d’une égale dignité pour les hommes et les femmes ?

Que faire aujourd’hui à la mémoire de toutes les femmes qui ont sincèrement sacrifié et souffert comme Myriam Ben sans avoir les mêmes positions ou les mêmes idéaux ?

Aujourd’hui, une fois de plus depuis l’époque coloniale, pour les hommes comme pour les femmes, le social longtemps sous-estimé par les uns, nié ou combattu par d’autres, rebondit avec force, se vengeant même dans la violence et le chaos de l’abandon ou de l’incapacité du politique à y apporter des solutions. Celles-ci, même les plus élémentaires et les plus évidentes, ont toujours été reportées à plus tard au nom d’urgences, d’opportunités ou d’argumentaires politico-idéologiques fallacieux.

Ce fut encore le cas au tout début de la décennie sanglante écoulée, même par des courants qui avaient vocation et tradition de le prendre en charge en toutes circonstances. Le terrain social a été délibérément livré aux éléments anti-sociaux des deux blocs d’intérêts hégémonistes qui s’affrontaient pour le pouvoir, prêts pour cela aussi bien à la voie des armes qu’aux compromis opaques pour monopoliser ou partager ce pouvoir.
Pourtant la question sociale est au coeur des problèmes, c’est un centre de gravité, un dénominateur commun et un élément rassembleur possible à différentes mouvances politiques et idéologiques, masculines et féminines de la communauté nationale.

Voilà pourquoi je pense que l’esprit du 8 Mars aujourd’hui, c’est œuvrer à un large et puissant mouvement citoyen, tel qu’il a commencé à s’ébaucher à travers bien des difficultés et des méandres. Amplifié et mieux relayé par la composante démocratique de la « classe politique » et du mouvement associatif, il pourrait devenir un vrai mouvement social, masculin et féminin, autonome et politiquement efficient, seul en mesure de contribuer à débloquer enfin l’engrenage fatal instauré entre malheurs du social et pièges du politique.

Sadek Hadjerès, 5 Mars 2002.

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