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MAGHREB-MACHREQ EN MOUVEMENT - JUIN 2011 : OPINIONS- DÉBATS

mercredi 8 juin 2011

ALGERIE-FRANCE : CONCESSIONS ECONOMIQUES CONTRE SOUTIENS POLITIQUES ? - SARKOZY : JE VEUX 50 MILLIARDS DE DOLLARS ALGERIENS par Ghania Oukazi, le 8 juin 2011.

LIBYE – EXIGER LE DEPART IMMEDIAT DE KADHAFI PROLONGERA LE CONFLIT, SELON CRISIS GROUP par Abdelkader Zahar le 07 JUIN 2011,“ maghreb emergent.”

DANS UN GRAND SILENCE L’OTAN DÉCIDE DE FRAPPER ENCORE EN LIBYE LES CHEMINS INCERTAINS DE LA CONVERGENCE DES LUTTES DES PEUPLES par Mohamed Bouhamidi - “La Tribune” - le 02 juin 2011.

LES MONARCHIES EN GARANTES DE LA DÉMOCRATIE ? par Kharroubi Habib - “Le Quotidien d’Oran” - le 2 juin 2011.

LES RÉSERVES DE LA LIBYE EN EAU, L’UNE DES RAISONS DE LA GUERRE ? le 16 mai 2011


ALGERIE-FRANCE :
CONCESSIONS ECONOMIQUES CONTRE SOUTIENS POLITIQUES ?

SARKOZY : JE VEUX 50 MILLIARDS DE DOLLARS ALGÉRIENS

par Ghania OUKAZI

« Je veux 50 milliards de dollars des 186 que l’Algérie met dans la cagnotte de son programme quinquennal, » aurait exigé le président français de Jean-Pierre Raffarin lorsqu’il l’a désigné « Monsieur Algérie ».

Enveloppés d’un léger conditionnel, les propos collent pourtant bien à Nicolas Sarkozy qui n’aurait certainement pas froid aux yeux pour exprimer ce genre d’exigence et à haute voix. De surcroît quand il s’agit d’un pays auquel, il n’a pas l’air d’avoir des égards. Le forum algéro-français organisé du 30 mai au 1er juin dernier a montré qu’il est décidé à faire plier les autorités algériennes pour les faire adhérer à sa vision du business. L’on avance par exemple, sans crainte d’être contredit, que l’Algérie va revenir sur la règle des 51/49% qu’elle a fait votée il y plus de deux ans, au titre des dispositions réglementant le partenariat avec les pays étrangers. Cela même si le Premier ministre n’a pas hésité lors de sa dernière conférence, à en élaguer l’éventualité. Il avait en effet, soutenu qu’avant l’adoption de la règle en question, les étrangers ne sont pas venus non plus. « Alors, il ne faut pas en déduire aujourd’hui que c’est à cause des 51/49% qu’ils ne viennent pas, » a-t-il lâché. L’on s’interroge alors si ces étrangers ne sont venus ni avant ni après, qu’elle en est l’utilité pour l’économie nationale ? La révision de la disposition ou même son abrogation ne serait pas une faute si elle s’avère être un blocage de plus pour les investisseurs étrangers. Paroles d’hommes d’affaires algériens privés. En, plus, tout le monde sait aujourd’hui que le Premier ministre a fait pire que reculer sur une loi lorsqu’il a accepté de déjeuner avec Jean-Pierre Raffarin à l’ambassade de France à Alger, après l’ouverture du forum algéro-français.

Interrogé en marge des travaux du comité central du FLN tenus ces trois derniers jours à Zeralda, des caciques du parti de Belkhadem affirment être persuadés qu’Ahmed Ouyahia n’a pas été instruit par le président de la République pour le faire. « Il a été de son propre chef, il en est d’ailleurs capable, » soutiennent-ils. Pourtant, des responsables dans la haute administration pensent carrément le contraire. « C’est Bouteflika qui lui a demandé de le faire pour partager un déjeuner avec un responsable de son rang, Raffarin, qui a bien été lui aussi Premier ministre, » nous dit l’un d’eux. La polémique enfle en l’absence d’une communication officielle expliquant le choix du geste. « C’est pour montrer aux Français la grande disponibilité de l’Algérie à prendre en charge les doléances des Français en matière d’échanges économiques et commerciaux, » justifient les tenants de l’instruction présidentielle. Nos interlocuteurs de la haute administration sautent le pas pour opposer (allier ?) « concessions algériennes contre soutien politique de l’Elysée en ces temps de troubles dans le monde arabe. »

« Bouteflika n’a pas besoin d’un soutien de la France »

Les caciques du pouvoir ne l’entendent pas de cette oreille. « Faux ! Le président Bouteflika n’a pas besoin d’un quelconque soutien de la France. Il sait que ce sont eux qui ont besoin des potentialités de l’Algérie et non le contraire, » affirment-ils. Un léger retour en arrière les amènent à rappeler que « si les Américains ont donné à l’Algérie la feuille de route qui consiste en la mise en œuvre de réformes démocratiques dans de brefs délais, ils n’ont jamais exigé de Bouteflika de céder sa place, ils ont trop besoin de lui notamment par rapport à ce qui se passe aux frontières sud du pays, le Sahel et la Libye. » À leurs yeux, il y a mieux encore, « les Américains ont toutes les largesses algériennes en matière d’exploration du pétrole, de son exploitation et de sa commercialisation, c’est ce qu’ils recherchent en premier et ils l’ont ! ». Nos interlocuteurs parmi les hauts responsables montent au créneau pour réaffirmer que « le Premier ministre ne peut se permettre de prendre la décision de déjeuner dans une ambassade de surcroît de France sauf s’il y est instruit par les plus hautes autorités du pays. Alors si ce n’est pas le Président, c’est quelqu’un d’autre en haut lieu du pouvoir… » Ils estiment que « c’est faire trop d’honneur à un pays qui prend les Algériens de haut et qui ne se gênerait pas de le montrer. » Ils en veulent pour preuve « l’attitude hautaine de l’ambassadeur de France à Alger… A-t-on besoin de montrer que les esprits revanchards restent très vifs ? »

« Les Français ont compris ! »

L’on continue de relever que « d’ailleurs, les autorités françaises ont compris que pour régler entre autres, les 12 dossiers d’investissements qu’ils défendent, il faut taper à très haut niveau, alors ils montrent qu’ils mettent un peu la forme pour pousser les responsables algériens à s’impliquer et à décider. Ils laissent ainsi les choses venir mais de leur côté, ils font en sorte de ne pas s’engager sur quoi que ce soit. » Nos sources expliquent : « la nomination de Raffarin n’est pas fortuite, il a été choisi parmi les retraités pour qu’il ne s’engage sur rien. L’Algérie aurait dû faire de même et nommer un haut responsable retraité, on en a et même beaucoup ! » Pour eux, la désignation du ministre de l’Industrie en tant que vis-à-vis de l’ex-Premier ministre français a été une erreur. « Qu’on le veuille ou non, Benmeradi représente le gouvernement même s’il ne décide de rien. C’est en tout plus engageant pour l’Algérie qu’un retraité pour la France ! Et c’est ce que les Français cherchent. » Alors on en déduit que « les Français donnent l’illusion aux Algériens qu’ils sont impliqués dans le règlement des dossiers économiques à plus haut niveau, c’est pour ça qu’ils flanquent leurs délégations d’hommes d’affaires qui viennent en Algérie d’un de leurs secrétaires d’Etat ou d’un de leurs ministres délégués pour jouer le jeu algérien. Pourtant, on sait tous que dans tous les pays du monde, les négociations sur des dossiers économiques et commerciaux se font entre entreprises. »

Les remarques vont encore plus loin pour soutenir que « la majeure partie des dossiers défendus par les Français n’est pas dans l’intérêt de l’Algérie. » Pour nos interlocuteurs, « donner des gisements au groupe Lafarge c’est casser le marché local qu’alimentent pourtant bien les cimenteries publiques et à moindre prix. Lafarge lui, produira et vendra plus cher à l’extérieur. » Et quand on évoque le transfert de technologie que la France fait valoir et que l’Algérie dit rechercher, il est de suite répondu « la technologie du ciment est bien maîtrisée chez nous, si les Français étaient véritablement prêts à le faire, ils délocaliseraient des entreprises en Algérie comme ils l’ont fait en Chine. » L’on note en outre que « les Français veulent être dans les marchés publics comme le traitement des déchets, de l’eau, les transports… » L’on reproche aux responsables algériens d’avoir par exemple, choisi Alsthom « alors que Siemens l’allemand était pourtant mieux positionné. »

« Sarkozy a déjà les 50 milliards qu’il réclame »

Renault est disent-ils aussi « le projet le plus ridicule sur lequel on ne comprend pas pourquoi les gens focalisent ! » Si l’on avoue que les exigences de l’une et de l’autre partie « se défendent », on rappelle cependant que « l’Algérie aurait dû choisir meilleur partenaire par le rachat du suédois Volvo pour 1,8 milliard de dollars seulement. Des 186 milliards destinés pour la réalisation du plan quinquennal, la somme paraît bien modique. » L’on note que Volvo a été racheté par le chinois Geely.

Quid des 50 milliards de dollars que Sarkozy réclame ? « Avec les 12 projets, il les a ! Et même plus ! Sans compter ce qui va venir ! » Et « Ouyahia ne fait que respecter la doléance en allant déjeuner à l’ambassade de France. » On va plus loin, « tactiquement, Ouyahia s’est mis sous la coupe du Président. Enfant du système qu’il se réclame être, il tient absolument à être toujours à l’intérieur. Il a été jusqu’à accepter d’être ministre de la Justice après avoir été chef du gouvernement, c’est qu’il a compris la logique du pouvoir. Il aspire à être chef de l’Etat et c’est légitime. D’autant qu’il est chef de parti politique dont l’objectif premier est d’accaparer le pouvoir. » Mais d’ici à accepter d’aller déjeuner à l’ambassade de France ? « En tout cas, vous ne verrez aucun Premier ministre aller déjeuner à l’ambassade d’Algérie à Paris ! »

Les caciques du FLN rebondissent « on est sûr et certain que le Président ne le lui a pas demandé de le faire. Et si ça était le cas, Ouyahia le sortira un jour ou l’autre. Il est certain qu’il choisira le moment pour le faire ! »

Source : lequotidien-oran, le 8 juin 2011

repris dans revue de presse.com : ...

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LIBYE

EXIGER LE DEPART IMMEDIAT DE KADHAFI

PROLONGERA LE CONFLIT

SELON CRISIS GROUP

Tripoli, après un raid de l’Otan (Dr)

L’intervention massive des avions de l’Otan et désormais des hélicoptères de combats causent des dégâts en Libye sans changer sensiblement la réalité du terrain. La Russie a dénoncé dans l’entrée en action des hélicoptères une « dernière étape avant une opération terrestre ». Le but de guerre de l’Otan - obtenir le départ de Kadhafi ou le tuer – ne se réalise pas. L’enlisement n’est pas une vue de l’esprit. Crisis Group estime qu’exiger un départ « immédiat » de Kadhafi est contreproductif.

Dans son dernier rapport (le 5e du genre) consacré aux "protestations populaires dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient", l’organisation International Crisis Group (ICG) affirme que l’exigence du départ immédiat de Mouammar Kadhafi "ne fera que prolonger le conflit militaire et approfondir la crise en Libye".

Au lieu de cela, l’ICG suggère de "donner la priorité à la conclusion d’un cessez-le-feu immédiat" et de mener des "négociations sur la transition vers un système politique pour l’après-Kadhafi".

En ce sens, l’organisation estime qu’il faut faire une " distinction entre « départ » de Kadhafi – c’est-à-dire qu’il n’ait aucun rôle politique ou toute autre autorité - comme un élément clé dans le résultat final politique souhaité et son « départ » comme une condition préalable à toute solution".

Outre cette remarque, l’ICG dresse une liste de six autres recommandations pour arriver à une solution à la crise en Libye. Elle suggère :
une "médiation (menée) par des tiers de confiance par les deux parties, (ce qui) peut-être une initiative commune de l’Union africaine et de la Ligue arabe",
"un cessez-le en deux phases : d’abord une déclaration de trêve mutuelle entre le régime et le Conseil national de transition (CNT) qui permettra de s’entendre sur des questions telles que l’emplacement des lignes de la paix, le déploiement des forces de la paix et la prestation de l’aide humanitaire,
et d’autre part, une déclaration mutuelle de cessation des combats et l’annonce des pourparlers sur la forme et les modalités de la transition vers un nouvel Etat libyen".

Offrir une autre solution de rechange que le CPI

L’ICG recommande aussi de "veiller à ce que le cessez le feu soit non seulement synonyme d’arrêt des combats, mais conduit aussi directement à des négociations politiques entre le CNT et le régime de Kadhafi". "Rendre clair dès le départ, ajoute le document d’lCG, que ni Kadhafi, ni aucun de ses fils n’occuperont des postes dans le gouvernement libyen ou dans l’administration intérimaire qui sera mise en place pour la période de transition".
Il est également précisé que "tous les Libyens, y compris ceux qui ont jusqu’à présent servi le régime Kadhafi, devront jouir des mêmes droits civils, y compris le droit à la représentation politique, dans l’Etat post-crise libyenne".
Un Etat qui devra "disposer d’institutions réelles", "fonctionner selon les règles du droit" et "garantir explicitement du pluralisme politique".
Enfin, l’ICG propose de "fournir à Kadhafi une solution de rechange à un procès devant la CPI".

Source :maghrebemergent ...

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DANS UN GRAND SILENCE L’OTAN DÉCIDE DE FRAPPER ENCORE EN LIBYE

Une analyse sans complaisance face à des réalités tragiques. Dans une lecture mobilisatrice et non fataliste de ce constat, la question est posée nettement aux peuples et à leurs forces prenant conscience des enjeux vitaux : que faire ensemble pour accélérer et renforcer les convergences, car malgré tout, elles ont marqué un nouveau pas depuis qu’ont émergé au Sud comme au Nord les mouvements de masse qui rejettent le statu quo et aspirent au changement radical.

LES CHEMINS INCERTAINS DE LA CONVERGENCE DES LUTTES DES PEUPLES

par Mohamed Bouhamidi
La Tribune
le 02 juin 2011

Dans les désormais très lointains cours de philosophie qui ne s’arrêtait pas au syllogisme, les candidats bacheliers pouvaient apprendre que les sociétés primitives vivaient sans Etat et que ce dernier pouvait exister à l’état embryonnaire ou à des stades sophistiqués.
Mais qu’il existe dès qu’un groupe d’hommes, se distingue par une supériorité économique et symbolique sur les autres par ou pour différentes raisons. Mais l’Etat existe dès que ce groupe d’hommes devient capable de s’octroyer le monopole de la violence, de régenter la vie sociale et économique des autres groupes et de « dire le droit ».
Dans ses formes embryonnaires l’Etat, comme dans ses formes les plus sophistiquées, consiste à s’assurer un monopole de la violence combinée à une parole dite appelée le « droit », légitimant la violence et, dans le même mouvement, user de cette force « légitimée » pour faire de cette parole un monopole de l’état.

À la base l’Etat naît dans cette équivoque qui a besoin à son tour de nouvelles équivoques pour perdurer comme expression d’une volonté commune, celle de tous, quand il n’exprime que la volonté de quelques uns d’opprimer le reste en faisant passer cette volonté particulière pour la volonté générale.

L’affaire libyenne a porté cette problématique de la volonté de quelques pays d’être le gouvernement de toute la planète mais comme une dame porte le bébé arrivé à terme tout visible dans un ventre grossi.
La décision de l’OTAN de prolonger son agression coloniale en Libye concentre le problème dans un troublant impensé.

Ainsi quelques pays concentrent les moyens militaires considérables et monopolisent le droit de dire le « droit », ils se réunissent en G8 et décident pour le reste du monde en invitant quelques présidents pour faire passer l’impression qu’ils agissent pour le bien de tous – sans se donner trop de peine quand même – et mènent les guerres selon le droit qu’ils ont écrit tous seuls.
La régularité des réunions du G8, l’usage d’une force militaire mobilisée en permanence et le monopole de dire le droit à travers le cosmétique de la démocratie sont les éléments fondamentaux d’une gouvernance mondiale en marche depuis la chute du mur de Berlin.

Les côtés équivoques ne pèsent plus très lourds de cette gouvernance mondiale qui s’installe avec ses parlements de Davos, ses conseils de ministres du G8 (sous présidence américaine quand même !), ce Tribunal Pénal International. Mais ils restent quand même.
Cette gouvernance doit agir et fonctionner sous le signe de la dénégation permanente mais d’une dénégation confirmative. Les dirigeants de ces grandes puissances doivent constamment répéter qu’ils agissent en vertu d’une morale qu’ils espèrent transcrire en « droit ».

Mais qui aurait du légiférer ? Quelle instance représentative universelle ou quel parlement mondial a discuté de ces principes oraux ou a légiféré pour dire ce droit ? Evidemment, aucun parlement. Car la référence à l’ONU gêne par l’origine de cette institution : elle reflète des compromis et des accords entre des « Etats nationaux » disposant de droits égaux et souverains dans leurs pays.
Ces ententes qui ont permis de créer l’ONU restent, en leur principe, antinomiques avec cette image que nous brandissent les USA et leurs puissances vassales d’agir au nom d’une « volonté générale ».

Nous assistons à une phase historique, réellement historique et réellement formidable au sens étymologique. À la légalité internationale née des rapports de forces entre nations après la deuxième guerre mondiale les grandes puissances du G8 veulent opposer la légitimité de principes moraux qu’ils se sont donnés le droit de proclamer universels.

L’« Affaire libyenne » a aussitôt commencée, aussitôt investie de cette fonction : désormais aucun dictateur – lequel, celui qui interdit aux femmes de conduire ? - ne pourra réprimer son peuple - lequel de peuple, celui de Bahreïn ? - ne pourra réprimer son peuple. Bien sûr aucun texte juridique, aucun texte de droit, ne vient définir avec précision qui est ou non un dictateur comme hier aucune texte juridique ne précisait la notion de terreur et de terroriste.
Une puissance qui a assassiné un million d’irakiens et en a déplacé près de deux millions peut ainsi émettre annuellement un rapport sur les droits de l’homme dans le monde !
Et un rapport attendu dans le monde mais avec une impatience particulière par la presse ultra libérale algérienne en vue de frapper le pouvoir pour mieux frapper l’idée de l’Etat national algérien.
Car au fond de quel droit, les USA, même exemplaire sur ce plan là, s’ingèrent-ils dans la vie des autres nations et qu’en dire quand on met Somoza dans la balance ?
On peut rétorquer avec facilité : par les liens que les humains se sont tissés dans leurs échanges, par les rapports qu’ils entretiennent. Parlons-en de ces liens ! Ils furent des liens de violence, de pillage, de vols, de cruauté, de soumission.

Cette période tragique - tragique pour eux, car cela ne nous concerne que comme victimes – met ces dirigeants impérialistes devant le dilemme de l’habillage des idées. Le maquillage de leurs crimes et leurs mobiles de plus en plus apparents pour les opinions publiques ne tiennent pas la route bien longtemps.
Très vite le pétrole se met à puer derrière les grands mots de démocratie. Alors la guerre tout court devient tributaire de la guerre des mots, de la guerre de la parole.

De ce point de vue et depuis l’invasion de l’Irak, il faut noter que les grandes puissances ont marqué des points, beaucoup de points. Nous avions assisté à de grandes manifestations contre l’agression américaine sur l’Irak. Nous avions ensuite assisté à moins de protestation pour la Yougoslavie. Nous n’avons assisté qu’à de faibles et épisodiques contestations de l’agression sur la Libye. Que s’est-il passé entre temps ?

Comment la conscience des gens en est venue à s’accommoder de ce genre d’intervention aussi bien en Libye qu’en Côte d’Ivoire ? Beaucoup de facteurs entrent en jeu et malheureusement les forces dominantes feront tout pour empêcher la publication d’études sérieuses sur cet aspect des choses.
Nous sommes nous fait à l’idée d’une supériorité morale du modèle libéral et de ses corollaires politiques ? Nous sommes nous faits à l’idée d’une légitimité mondiale des USA et des dirigeants européens les plus acquis au capitalisme financier ? Peut-être.

Une information anodine vient de nous apprendre que le tiers des africains appartient désormais aux couches moyennes.
S’en suit une analyse qu’on peut accepter ou pas mais dont la ligne de fond est la monétisation de la notion de couche moyenne comme le FMI avait déjà monétisé la notion de pauvreté avec les conséquences dramatiques sur la perception des dirigeants africains de la question de la pauvreté par sa « désocialisation ». Aminata Traoré a écrit deux très beaux livre sur cette question (« L’Afrique humiliée » et le « Viole de l’imaginaire », disponibles à Alger).
La monétisation de cette notion est évidemment importante et singulièrement trompeuse. Découvrir aujourd’hui que le tiers des africains appartiennent aux couches moyennes fait d’abord oublier qu’avant les agressions coloniales et parfois malgré elles les biens disponibles en Afrique et pour les africains ne le cédaient pas de beaucoup aux bien disponibles en Europe ; c’est le pillage colonial qui a creusé la différence.
Quoi qu’il en soit l’accès d’un tiers d’africains aux niveaux de couches moyennes aiguise l’appétit des marchands.
Mais cette info nous éveille aussi que cette notion monétarisée de couches moyennes veut dire aussi couches mondialisées. Dans notre expérience politique algérienne la plus immédiate nous sentons combien ces couches mondialisées sont sensibles aux sirènes ultra libérales et tellement désireuses de se « mondialiser idéologiquement et politiquement ».
Combien elles aspirent à une intervention étrangère qui les débarrassera des contraintes des frontières nationales et de cette idée surannée de nation.

Une deuxième information moins anodine nous apprend que le gouffre financier que les banquiers – ou banksters – ont creusé pour la Grèce dépassera les 300 milliards d’euros.
Même le trésor libyen ne suffira pas à combler le trou.
Partout en Europe l’inquiétude monte et le mécontentement aussi. La peur s’installe chez les gens ; la peur de l’autre aussi. Le nègre, le basané, le jaune, le peau-rouge. Tout ce qui peut cristalliser et donner à la peur du lendemain une image et une possibilité d’exutoire.

Alors que les grands dirigeants impérialistes craignent comme la peste la convergence des luttes du Tiers Monde avec celles des classes ouvrières des pays développés ce serait plutôt l’avènement de la conjonction aujourd’hui entre les aspirations « assimilatrices » des couches moyennes mondialisées des pays du sud avec les peurs des couches moyennes des pays du nord.

Cela veut dire que les convergences révolutionnaires tardent à se produire et que face à cet état mondial du G8 et de l’OTAN l’internationale des peuples d’Egypte à Madrid n’a pas encore tout à fait trouvé sa voie.

Source : La Tribune

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LES MONARCHIES EN GARANTES DE LA DÉMOCRATIE ?

par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran
le 2 juin 2011

Le pouvoir dans les monarchies arabes est tout aussi antidémocratique, liberticide et répressif que celui en vigueur dans les autres pays de la région à système républicain. Que pour l’instant, et à l’exception du Maroc et du Bahreïn, il n’y ait pas encore dans les monarchies arabes de grands mouvements de révoltes populaires comme cela s’est produit en Tunisie, Egypte, Yémen et Libye, ne signifie aucunement qu’elles en sont à l’abri parce que indemnes des maux déclencheurs de ce genre de révoltes.

Pourtant, occultant cette évidence, les Etats-Unis et l’Occident se montrent moins incisifs et moins pressants vis-à-vis de ces monarchies sur les questions de la démocratisation et des droits de l’homme qu’ils ne le sont à l’encontre des dictatures au système républicain. Au point que si l’Amérique et l’Europe se distinguent par la fermeté de leurs pressions sur ces derniers en vue de les contraindre à entendre les revendications de leurs peuples, ils sont par contre pleins de ménagement pour les roitelets tout aussi autistes que ces dictateurs.

A ce comportement de deux poids, deux mesures pour lesquels ils ont opté dans le monde arabe dont les peuples sont confrontés à des pratiques de pouvoir à l’identique, il n’y a qu’une seule explication : celle que les monarchies ont droit à plus de permissivité parce que leurs pays renferment les ressources pétrolières dont l’accès et la disponibilité sont vitaux pour l’Amérique et l’Europe. Statut qui donc fait fermer les yeux à ces dernières puissances sur l’exercice moyenâgeux du pouvoir en Arabie Saoudite et dans les émirats du Golfe.

Mais fallait-il pour autant qu’elles poussent le cynisme jusqu’à vouloir créditer ces monarchies et émirats d’être favorables au vent de liberté et de démocratie qui souffle sur le monde arabe ? Ce cynisme, les Occidentaux l’ont étalé sans vergogne à l’occasion du sommet du G8 à Deauville, en France, en annonçant que l’Arabie Saoudite et les émirats vont contribuer à hauteur de 10 milliards de dollars au fonds de quarante milliards de dollars que les membres de ce G8 ont décidé de réunir pour le consacrer au « plan Marshall » d’aide aux pays arabes sur la voie de la démocratisation.

Ainsi donc, l’Arabie Saoudite et les émirats, dont il ne faut pas oublier qu’ils furent prompts à prendre position en faveur de Ben Ali et Moubarak contre leurs peuples, vont financer le changement démocratique qui s’opère en Tunisie et en Egypte.

Pour aussi improbable qu’apparaisse cette éventualité, le G8 n’a pourtant pas hésité à en faire état. Signe du peu d’intelligence et de maturité politique qu’il accorde aux peuples arabes à qui ont été faites ses promesses.

C’est à ces monarchies et émirats encore que les Occidentaux se sont alliés pour prétendument faire avancer la démocratisation en Libye et au Yémen. Feignant en cela de ne pas voir que ces monarchies et émirats financent et encouragent dans ces pays et dans l’ensemble du monde arabe les courants les plus antidémocratiques qui puissent se trouver.

L’on savait que l’Arabie Saoudite et les autres principautés de la péninsule Arabique sont le tiroir-caisse duquel l’Occident puise l’argent nécessaire à ses desseins politico-stratégiques dans le Moyen-Orient et même plus loin, mais de là à ce que cet Occident veuille en faire les partenaires de la politique de démocratisation du monde arabe, voilà qui est proprement renversant.

N’y croient que ceux qui pensent que l’Amérique et l’Europe, puissances prétendument acquises au changement démocratique dans le monde arabe, sont guidées par de bonnes intentions.

Source “Le Quotidien d’Oran” du 2 juin 2011, page 2 ...

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LES RÉSERVES DE LA LIBYE EN EAU, L’UNE DES RAISONS DE LA GUERRE ?

Contracts were awarded in 2001-02 for the next phase of Libya’s Great Man-Made River Project, an enormous, long-term undertaking to supply the country’s needs by drawing water from aquifers beneath the Sahara and conveying it along a network of huge underground pipes.

16 mai 2011

LA RÉVOLUTION LIBYENNE
ET LES GIGANTESQUES RÉSERVES D’EAU EN LIBYE

[... ]
Ce « fou » de Kadhafi a lancé en 1980 un projet gigantesque d’approvisionnement en eau pour la Libye, l’Egypte, le Soudan et le Tchad, projet qui avait pratiquement abouti. Il est dangereux de réaliser des projets sans le moindre sou (emprunté) à la Banque Mondiale et au FMI, qui a le potentiel, de transformer toute l’Afrique du Nord en jardin florissant. [... ]

pour accéder à l’article en entier se référer à la brève 303 en cliquant ici (...)

Sources : ...

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