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ASPECTS TACTIQUES ET STRATÉGIQUES DE L’INITIATIVE PALESTINIENNE à L’ ONU

extraits de l’article de HOCINE BELLALOUFI "La Palestine à l’ONU, mirage ou réalité ?", mis en ligne par "LA NATION", le 20 septembre 2011.

lundi 26 septembre 2011

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Une bataille à mener et à gagner

La bataille pour imposer l’intégration d’un Etat palestinien à l’ONU ne modifiera pas comme par enchantement le rapport de force actuellement en faveur d’Israël. Elle débouchera encore moins sur la fin de l’odieuse et inacceptable colonisation de toute la Palestine. Mais ce n’est pas une raison pour refuser de la mener car cette bataille ne s’oppose nullement, bien au contraire, à l’action visant à inverser le rapport de force au profit des Palestiniens. Il s’agit d’une bataille tactique qui constitue un jalon dans l’objectif stratégique qui consiste à réaliser les objectifs historiques du mouvement national palestinien.

Cette bataille contribue d’abord à accroître l’isolement d’Israël sur la scène politique et diplomatique régionale et internationale. Les menaces israéliennes de mesures de rétorsion dures (déclarer caducs les accords d’Oslo, interdire de sortie les responsables de l’Autorité palestinienne de Cisjordanie, bloquer les revenus de l’Autorité, voire annexer des colonies…) prouvent que l’initiative palestinienne fait peur aux dirigeants sionistes. Ils sont sur la défensive. Ils craignent en particulier que les Palestiniens puissent contester l’occupation de la Cisjordanie par 500 000 colons devant la Cours pénale internationale (CPI).

Par son caractère modéré – l’obtention d’un petit strapontin à l’ONU – la demande palestinienne brise le consensus politique de la société israélienne et de son régime et rallie à la cause palestinienne les gouvernements qui, à l’instar de ceux de Turquie ou d’Egypte, étaient jusqu’ici les alliés stratégiques d’Israël. Isoler Israël ne signifie pas gagner à la cause de sa destruction un maximum d’Etats mais juste gagner les plus modérés d’entre eux, ceux qui acceptent le fait colonial sioniste, mais qui refusent l’outrance des dirigeants de cet Etat. C’est cela qui fait mal à Israël aujourd’hui. Perdre un à un ses anciens alliés. Perdre son aura et son statut d’éternelle victime démocrate des barbares du monde arabe.

Cette bataille a comme autre avantage, non négligeable, d’amener l’Autorité palestinienne à rompre avec sa stratégie de soumission, de négociation sans lutte. Une stratégie suicidaire qui a divisé et affaibli le peuple palestinien et qui a amené beaucoup de Palestiniens et de sympathisants de leur cause dans le monde à considérer que Mahmoud Abbas et son gouvernement collaboraient avec l’occupant. Comment ne pas se féliciter que ces anciens alliés contre-nature rompent leur alliance totalement stérile pour les Palestiniens car uniquement avantageuse aux Israéliens ? Une telle rupture ne peut que réintégrer dans le combat des forces qui en avaient été retranchées et qui ne pesaient plus dans le rapport de force au profit des Palestiniens. Elle ne peut que renforcer l’unité des mouvements de résistance et ouvrir de nouvelles perspectives de lutte à ce peuple.

Un autre avantage, non négligeable, consiste à dissiper la pseudo brouille entre les Etats-Unis et Israël afin de mieux faire apparaître aux yeux du plus grand nombre la collusion étroite entre ces deux compères. En dépit de ses belles et douces paroles, Obama n’est pas différent des présidents qui l’ont précédé. Il ne peut pas être différent, même s’il le voulait.

Cette bataille présente enfin un dernier atout, celui de rompre avec la fiction d’une unanimité de la communauté internationale. Il apparaît aujourd’hui clairement qu’il existe deux camps et chaque Etat doit choisir le sien. Il n’existe plus de processus de paix, de communauté internationale et autre Quartette pour le parrainer. Cette approche relève de la mystification. Il n’y a aucun consensus international possible entre dominants et dominés. Une telle clarification constitue déjà une immense victoire pour la cause palestinienne.

Un combat long et multiforme

Délégitimer le droit qu’Israël s’octroie de coloniser de nouvelles terres et imposer la reconnaissance internationale d’un Etat palestinien est très important. Car l’enjeu politique immédiat ne réside pas, contrairement à ce qu’affirme par exemple le Djihad islamique, dans la disparition de l’Etat colonial d’Israël, mais dans l’effacement accéléré de ce qui subsiste de la Palestine. Les Palestiniens ne sont pas aujourd’hui en situation de terrasser le colonisateur. Ils sont au contraire en condition d’être terrassés par lui et de perdre toute leur terre. Il est facile, dans ces conditions, de renvoyer la libération de la Palestine aux calendes grecs et d’affirmer que l’on combattra durant encore cent ans, mille ans s’il le faut et que l’on vaincra par ce qu’on a raison et que la légitimité se situe de notre côté. Il ne s’agit là, malheureusement, que de belles paroles. Combien de peuples, combien de pays, combien d’Etats ont disparu depuis la nuit des temps sous les coups de colonisateurs et d’envahisseurs, en dépit de la légitimité de leur résistance ? Il ne suffit pas d’avoir raison ni d’avoir le bon droit de son côté pour triompher. Même le courage et la détermination à lutter ne suffisent pas toujours à assurer la victoire.

Pour inverser le rapport de force face à un ennemi puissant, il faut du temps, de la patience et de la persévérance. Il convient surtout de ne pas refuser de mener des combats locaux, partiels, sectoriels, des combats qui semblent petits, sans intérêts, mais qui, accumulés, contribuent à renverser la vapeur. Pour vaincre dans la guerre, il faut livrer des batailles et veiller à gagner chacune d’entre elles ou le maximum, non par des mots, mais par des actes. Et ces batailles se livrent sur tous les terrains : militaire certes, mais aussi politique, diplomatique, économique, social, culturel, sportif… Il ne faut mépriser aucun terrain de lutte et ne pas opposer chaque bataille particulière à l’issue finale de la guerre.

Pour gagner face à une ennemi infiniment supérieur en force, il convient, surtout à l’ère moderne, de disposer d’une stratégie efficace, voire efficiente. Or, qui peut nier aujourd’hui qu’Israël, soutenu inconditionnellement par la seule superpuissance du monde, par l’UE et le Japon et accepté par la majorité absolue des Etats de la planète, y compris les Etats arabes, dispose d’un rapport de force écrasant face aux Palestiniens ? Qui peut, sur cette base, nier que le mouvement national palestinien se retrouve dans l’impasse dans son tête-à-tête avec Israël ?

Comment sortir de cette impasse ? Telle est la question principale qui se pose aux Palestiniens et à tous les habitants du monde arabe. Et ce n’est pas avec des professions de foi aussi courageuses soient-elles et le refus de mener quelques batailles « sans intérêt » qu’ils s’extrairont de la mauvaise passe dans laquelle ils sont.

Cela s’avère d’autant plus vrai que la victoire de la résistance libanaise en 2006, l’émergence d’un puissant mouvement international de solidarité avec le peuple palestinien à la suite de l’agression de Gaza en 2009 et le processus de révolutions démocratiques et sociales qui s’est ouvert cette année dans le monde arabe ouvrent enfin des perspectives et indiquent dans quelle sens cette stratégie doit se forger. Face à un système impérialiste de domination à trois têtes (grandes puissances occidentales, Israël et les régimes arabes), il s’agit de travailler à la convergence des résistances et mouvements de libération, des mouvements démocratiques et sociaux et des régimes qui résistent à cette domination dans toute la région. Le peuple palestinien n’est plus seul face à Israël. Il dispose, comme nous l’avons vu en Turquie et en Egypte, pour ne citer que ces deux cas, d’alliés qui peuvent l’aider à desserrer l’étau qui l’étrangle. En livrant des batailles comme celle de l’ONU, il forge un vaste front qui le renforce et qui isole et affaiblit ses ennemis.

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