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OU EN EST LE SYNDICALISME ALGÉRIEN APRÈS LA "TRIPARTITE” ?

articles de "La Nation (en ligne)", "Le Quotidien d’Oran", "Liberté"...

mercredi 5 octobre 2011

LES TRAVAILLEURS ALGÉRIENS SEMBLENT AVOIR PRIS LES CHOSES PAR LE BON BOUT..., article de Abdelaziz SAOUDI, le 5 octobre 2011 ;

RASSEMBLEMENT DE 500 SYNDICALISTES DE LA ZONE INDUSTRIELLE DE ROUIBA - “LES RÉSULTATS DE LA TRIPARTITE SONT UN LEURRE”, Liberté, le 5 octobre 2011 ;

RENTRÉE SOCIALE : LE SIGNAL DES CHEMINOTS, le 4 octobre 2011 ;

ENTRETIEN AVEC FARID CHERBAL - HOCINE BELLALOUFI - “LA NATION-EN LIGNE”, le 4 octobre 2011

TRIPARTITE : LE PATRONAT S’EN SORT MIEUX QUE L’ UGTA - par El KADI IHSANE, “LE QUOTIDIEN d’ORAN”, le 4 octobre 2011


TENIR LE BON BOUT

IMPRESSIONS DU JEUDI

Les grèves sont quasiment interdites en Egypte par les autorités. En Tunisie, c’est le chantage aux difficultés économiques qui paralyse le mouvement revendicatif. Des réseaux répressifs nouveaux se mettent en place, récupérant les professionnels de la repression des anciens systèmes, actionnant les faux clivages idéologiques.

Les travailleurs algériens semblent avoir pris les choses par le bon bout. S’ils n’ont pas mis leurs pas derrière ceux des démocrates médiatiques révolutionnaires, Ils ont mis à profit l’air du temps printanier pour affirmer leur présence dans le paysage social, leur poids spécifique dans l’opinion publique qui émerge. Ils ont avancé leurs revendications sociales et d’abord le droit de désigner eux-mêmes les collègues qui doivent les représenter, introduisant de manière capilaire l’exigence démocratique dans le corps social.

Le pouvoir s’accommodait-il des revendications du « ventre » pour détourner les gens de la contestation « politique » du régime. Cette analyse a fleuri ce printemps. A cette rentrée de printemps, les « révolutionnaires » s’intéressent dorénavant beaucoup aux luttes revendicatives, conseillant aux salariés de « faire le lien » avec leurs luttes démocratiques, de faire jonction avec leurs froides espérances.

Les salariés reviennent de loin. De longues années marquées par l’atomisation, la culture des solutions individuelles, la crainte de perdre son emploi innoculée par les grandes saignées imposées par le FMI dans les années 90, le poison des divisions idéologiques ont mis à dure épreuve la dignité du salariat. Les salariés souffraient même parfois du mépris de leurs propres enfants, qui sont aussi les enfants de leur temps, celui du business et du fric facile.

Les salariés reviennent de loin. Les luttes d’appareils entre les bureaucraties syndicales pour capter le bénéfice de la combativité retrouvée des salariés paraissent dérisoires et ne contribuent pas à l’unité des salariés, pendant que le taux de syndicalisation se mesure sur les doigts d’une seule main ! Pourtant même la centrale syndicale est aujourd’hui en état de siège, s’abritant de la vindicte d’une base excédé par son attentisme et son affaissement. Dans la zone industrielle de Rouiba ou parmi les personnels de l’Education nationale, les militants de l’UGTA se mettent en mouvement et bousculent les bureaucrates de leur Centrale.

Les choses ont beaucoup changé depuis janvier. C’est par cette accumulation primitive de capital combatif que les salariés préparent dans l’union les échéances à venir, ces moments où la vie mettra des enjeux autrement plus décisifs sur la table.

En ces temps incertains que nous vivons, même la météo devient rétive aux prévisions. Le génie hasardeux de l’histoire, la Fortuna, réserve sans doute des surprises aux ordinateurs des stratèges.

En attendant, de chaudes coulées s’amassent.

S. A. 5 octobre 2011

Sources : algerieinfos-saoudi.com le 6 octobre 2011

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RASSEMBLEMENT DE 500 SYNDICALISTES DE LA ZONE INDUSTRIELLE DE ROUIBA

“LES RÉSULTATS DE LA TRIPARTITE SONT UN LEURRE”

Mercredi 5 octobre 2011

Plus de 500 syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba se sont rassemblés hier devant le siège de l’union locale UGTA pour dénoncer les résultats de la tripartite.

“Contrairement à ce qu’on essaie de nous faire croire, les décisions de la tripartite n’ont rien apporté aux travailleurs mais elles ont plutôt servi le patronat”, a d’emblée lancé M. Messaoudi secrétaire général de l’union locale de Rouiba avant de mettre à nu l’augmentation de 3 000 DA du SNMG. “Cette augmentation tant galvaudée et qui ne concerne qu’une piètre catégorie de bas salaires induira de facto une hausse de l’IRG et une diminution des allocations familiales qui passeront de 600 da à 300 da”, a-t-il expliqué avant de s’interroger sur l’autosatisfaction exagérée, affichée par certains responsables syndicaux devant les médias et cela avant et après la tripartite alors que tout le monde sait que cette tripartite a beaucoup servi le patronat, précisera-t-il.

L’orateur s’est étonné sur les atermoiements incessants pour la révision du 87 bis. “Pourquoi un groupe de travail alors que l’article 87 bis nécessite une simple décision pour sa suppression”, et d’ajouter : “Sans la suppression de cette disposition aucune revalorisation des salaires n’est possible.”

Sur l’IRG, les syndicalistes de Rouiba ont dénoncé le fait que seuls les salariés continuent à s’acquitter de cet impôt mais pas les grands commerçants et les barons de l’importation, affirment-ils.

Sur le déficit supposé de la caisse de sécurité sociale, M. Messaoudi a invité le ministre du Travail à “chercher l’argent auprès des entreprises privées qui ne déclarent pas leurs travailleurs à la sécurité sociale”. Les protestataires se sont également interrogés sur “la situation des retraités qui se sont acquittés de l’IRG pendant 40 ans et qui continent à le faire maintenant avant de fustiger certains responsables du SGP accusés d’enrôler des retraités pour diriger les entreprises”. “Ils nomment des retraités incompétents à la tête des entreprises pour faire ensuite la chasse aux jeunes et mener les unités de production à la ruine”, dira-t-il en citant l’exemple des travailleurs licenciés de l’Aurassi et ceux de l’ERC de Rouiba présents à ce rassemblement.

L’orateur a saisi cette occasion pour répondre à ceux qui accusent les syndicalistes de Rouiba de faire de l’agitation. “Nous sommes des patriotes et nous aimons notre pays c’es pourquoi que notre conscience et notre devoir ne nous permettent pas de rester les bras croisés devant de telles situations d’injustice, et chacun sa conscience”, dira-t-il.

Par ailleurs et dans une déclaration rendue publique hier, les syndicalistes de Rouiba affirment que “les résultats de la tripartite auront été une grande désillusion et une déconvenue pour les travailleurs actifs et les retraités”.
Le document précise que “les améliorations salariales suggérées en grande pompe ne sont en fait qu’un leurre dès lors que ce sont les cadres dirigeants des entreprises dont les salaires sont indexés sur le SNMG qui tirent le grand bénéficie”.

Le document ajoute : “Mais cette tripartite aura été incontestablement prolifique et féconde aux patrons des sociétés privées, grands importateurs de produits de consommation et grands absents des industries créatives qui auront vu leur cupidité largement récompensée.” Les syndicalistes ont pris la décision d’organiser incessamment un sit-in devant le siège de l’UGTA à Alger et menacent de durcir leurs actions si leurs doléances ne sont pas prises en considération.

À noter que les travailleurs licenciés de l’unité de récupération de Rouiba ont menacé hier de s’immoler devant le tribunal avant d’être empêchés par les cadres syndicaux de Rouiba.

Liberté, 5 octobre 2011.

Sources : algerieinfos-saoudi.com

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RENTRÉE SOCIALE : LE SIGNAL DES CHEMINOTS

Mardi 4 octobre 2011

Une grève de 24 heures a été observée hier à la SNTF. Cette action, initiée par les roulants du dépôt de l’Agha, a paralysé le trafic à Alger, à Oran et dans la plupart des régions.

Les motifs de la grève ont été consignés dans un communiqué de presse des grévistes qui reprend point par point les conséquences négatives pour les salariés de la mauvaise l’application des accords antérieurs signés après les grèves du printemps ainsi que du manque de concertation, qui reste le trait dominant des relations professionnelles. La « mollesse » de la fédération UGTA, qui a d’ailleurs été prise de court par la grève, est une des principales causes de la situation anarchique dans la gestion du personnel.

Cependant, selon plusieurs échos, le déclenchement « spontané » de cette grève est à mettre en rapport avec les résultats décevants de la récente Tripartite et semble être une des premières réponses du monde du travail. Le maintien de l’ITS à son taux insupportable actuel semble être le motif principal de frustration chez les cheminots.

Sources : algerieinfos-saoudi.com

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Une des faiblesses majeures des syndicats autonomes est de n’avoir pas su articuler leurs actions avec les luttes pour les libertés démocratiques...

Hocine Belalloufi
Mardi 4 Octobre 2011


Entretien
avec
Farid Cherbal - universitaire

Les syndicats autonomes non invitées à la tripartite qui vient de s’achever ont dénoncé très fortement l’Ugta qu’ils qualifient de « syndicat alibi du pouvoir ». Que recouvre la grande fracture entre l’Ugta et les syndicats autonomes ? S’agit-il d’un simple problème de concurrence entre organisations, concurrence alimentée en sous-main par un gouvernement soucieux de diviser le mouvement syndical pour mieux émousser la vague de contestation sociale ? Cette fracture ne renvoie-t-elle pas plutôt à une fragmentation plus profonde au sein du monde du travail entre employés de la fonction publique passés au syndicalisme autonome, travailleurs du secteur économique public (industriel, transport, financier, services…) restés attachés à l’Ugta et travailleurs du secteur économique privé national (formel ou informel) et étranger qui sont très peu voire pas du tout syndiqués ? À moins qu’il ne s’agisse des deux à la fois ?

Farid Cherbal : À mon avis, cela renvoie avant tout à l’histoire et à la mémoire sociale de l’émergence du mouvement syndical autonome algérien après octobre 1988. En effet, il ne faut jamais oublier le rejet radical et définitif par la jeunesse algérienne lors de la révolution démocratique et sociale d’octobre 1988 (dont nous allons fêter dans 2 jours, le 23ème anniversaire) du système des dragons noirs de la pensée unique, de la police politique, de l’ex-parti unique, de son syndicat unique (représenté par la bureaucratie syndicale de l’UGTA) et de ses organisations de masse qui sévissaient dans notre pays avant octobre 1988. Le mouvement syndical autonome algérien s’est constitué avant tout en rupture avec les pratiques antidémocratiques et antisyndicales de la bureaucratie syndicale de l’UGTA.

Il est clair aujourd’hui que la fracture entre le mouvement syndical autonome algérien et l’UGTA est devenue plus complexe en raison de l’évolution politique et sociale qu’a connue notre pays depuis octobre 1988.

L’échec du mouvement syndical autonome algérien à s’implanter dans le secteur économique public et privé explique en partie cette fracture. Il faut préciser aussi que la politique répressive du pouvoir a contribué en partie à contenir les syndicats autonomes uniquement dans le secteur de la fonction publique. D’autres éléments structurent aussi les divergences entre l’UGTA et les syndicats autonomies. On peut citer la crise politique et sécuritaire des années 1990 qu’a vécue l’Algérie, l’absence d’un débat sur le syndicalisme en Algérie et surtout la faiblesse des relais politiques et sociaux autonomes hégémoniques dans la société qui a empêché la convergence des luttes syndicales dans le secteur économique et celui de la fonction publique.

Peut-on réduire l’Ugta à un « appareil vide » entièrement soumis au gouvernement alors que l’on a vu, ces dernières années, des syndicats de base, à l’instar de ceux d’ArcelorMittal Annaba et des ports, mener des luttes très importantes ?

Les luttes menées par le mouvement syndical démocratique et revendicatif à l’intérieur de l’UGTA ont montré au contraire la détermination et la vitalité de la base syndicale de l’UGTA chez Arcellor Mittal, au port d’Alger, à la SNVI (Rouiba) et à la SNTF pour faire aboutir ses revendications socioprofessionnelles.

Ce qui est remarquable dans ces trois mouvements, c’est le mode opératoire autonome, revendicatif et démocratique adopté par la base syndicale durant les différents mouvements de grève qui ont secoué ces 4 secteurs l’année dernière. La base syndicale de l’UGTA à ArcelorMittal, à la SNVI et à la SNTF se bat désormais comme les syndicats autonomes démocratiques et revendicatifs de la fonction publique.

Les syndicalistes de l’Ugta qui tiennent aux caractères autonome et combatif de leur organisation ont-ils encore des perspectives à l’intérieur de la centrale ? Peuvent-ils concrètement agir aujourd’hui pour dynamiser leur organisation ou la situation est-elle trop sclérosée pour que les choses bougent de l’intérieur ?

Cela dépend avant tout des rapports de force politiques et sociaux dans la société algérienne des années à venir. S’il reste isolé face à la bureaucratie syndicale, ce mouvement syndical démocratique et autonome à l’intérieur de l’UGTA est appelé à disparaître. En effet, ce mouvement syndical démocratique et revendicatif a plus que jamais besoin des relais sociaux et politiques autonomes dans la société pour pouvoir émerger comme un acteur syndical autonome. Les syndicats autonomes démocratiques et revendicatifs et les nouveaux mouvements sociaux de jeunes comme par exemple la CNAE (Coordination Autonome des Etudiants Algériens), le Comité National des chômeurs, le mouvement des médecins-résidents regroupés à l’intérieur du CAMRA (Collectif Autonome des Médecins Résidents Algériens) peuvent jouer un rôle social déterminant dans le cadre de la résistance sociale et de la solidarité syndicale pour pérenniser ce mouvement syndical revendicatif et l’aider à émerger comme un acteur syndical autonome et revendicatif.

Le mouvement syndical autonome constitue incontestablement l’aile marchante du syndicalisme algérien. Quels sont ses points forts, ses contradictions, ses faiblesses ? A quels défis est-il confronté ? Que penser de son attitude à l’égard de l’Ugta ?

Oui, je suis d’accord, le mouvement syndical autonome démocratique et revendicatif algérien est un agent historique depuis le 15 octobre 1996, date du début de la grève du syndicat CNES (Conseil National des Enseignants du Supérieur) démocratique et revendicatif. Cette grève fondatrice du syndicat CNES historique a cassé le mur de la peur, produit de l’espoir pour toute la société algérienne et permis la renaissance/fondation du mouvement syndical autonome algérien. Aujourd’hui, l’avenir du mouvement syndical autonome algérien est intiment lié au syndicalisme revendicatif historique de la classe ouvrière algérienne (représenté aujourd’hui par la base syndicale d’ArcelorMittal, la SNVI, la SNTF, le port …) et aux nouveaux mouvements sociaux représentés par la CNAE, le comité national des chômeurs, le CAMRA…

Ces mouvements sociaux de jeunes chômeurs, d’étudiants et de médecins-résidents sont les capteurs sociaux qui expriment aujourd’hui la réalité des luttes sociales de la jeunesse algérienne. Ces mouvements sociaux organisés de jeunes sont l’antidote à l’émeute comme expression politique dans notre pays depuis 10 ans. Ils sont aussi l’antidote à la fatalité et à la désespérance exprimée par les jeunes algériens dans la harga… Ces mouvements sociaux organisés de jeunes algériens balisent à mon avis les futures luttes sociales dans notre société.

Par contre, il faut souligner une des faiblesses majeures des syndicats autonomes algériens représentatifs et qui agissent aujourd’hui sur la scène sociale, c’est leur incapacité à intégrer ces mouvement sociaux des jeunes dans leur dynamique de lutte sociale. Nous remarquons aussi que la majorité des syndicats autonomes ont été aussi incapables de faire un saut qualitatif en articulant dans leur luttes quotidiennes leurs revendications socioprofessionnelles avec les revendications sociétales de la société algérienne, comme les luttes pour les libertés démocratiques, les droits de l’homme, les droits des jeunes chômeurs, les droits sociaux et économiques de la société algérienne.

Peut-il y avoir des perspectives et des luttes communes entre syndicalistes de l’Ugta et syndicats autonomes ?

Oui, les perspectives de luttes communes existent entre les mouvements sociaux des jeunes, les syndicats autonomes et le mouvement syndical revendicatif et démocratique qui existe à l’intérieur de l’UGTA, car la lutte pour les droits sociaux et économiques est une et indivisible. La convergence des luttes des mouvements sociaux, des jeunes (Comité national des chômeurs, CNAE et le CAMRA), des syndicats autonomes et du mouvement syndical autonome de la base de l’UGTA est déterminante et centrale pour l’avenir du mouvement syndical algérien et pour l’aboutissement des revendications sociales et économiques des jeunes et des travailleurs du secteur économique et de la fonction publique.

Sources :
“La Nation -en ligne”

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TRIPARTITE :
LE PATRONAT S’EN SORT MIEUX
QUE L’ UGTA

par El Kadi Ihsane
Le Quotidien d’Oran
le 4 octobre 2011

La tripartite sociale de ce week-end aurait pu faire peur à priori au patronat.

Le FCE, principale organisation d’employeurs, s’en sort finalement plutôt rassuré sur « l’espace de dialogue qui s’ouvre », selon un de ses vice-présidents, Nassim Kerdjoudj. Il faut dire que « le dossier pouvoir d’achat » était le dernier point de l’ordre du jour et que l’UGTA a été particulièrement accommodante sur ce volet.

Scénario écrit d’avance. Ahmed Ouyahia est venu à la réunion de la tripartite sociale du 29 septembre 2011 avec la ferme intention de ne plus faire de nouveau « cadeau fiscal » au patronat. Celui-ci était décidé à ne pas mettre la main à la poche pour combler le déficit de la caisse nationale de chômage, dossier le plus épineux techniquement. Et l’UGTA avait annoncé à l’avance qu’elle se contenterait de 3000 dinars au lieu des 5000 dinars revendiqués pour le réajustement du SNMG. Et tout s’est passé ainsi.
Si la zone industrielle de Rouïba se sent finalement trahie par la direction de l’UGTA et s’apprête à des actions, selon Mokdad Messaoudi, son leader local, cela se comprend assez bien. Le point de l’ordre du jour sur le pouvoir d’achat a été expédié, à bout de souffle, dans la dernière heure des 25 heures qu’aura duré cette réunion.
« Le secteur public économique, tenu à l’écart des augmentations des fonctionnaires, n’a que ce canal de la tripartite pour transformer ses luttes éclatées par entreprise en une pression collective sur le gouvernement qui est son actionnaire unique. C’est manqué » explique un ancien dirigeant de la fédération finance de l’UGTA.
Il y a si longtemps que la combativité de la direction de l’UGTA ligotée par l’affairisme, est en berne. Cela s’est ressenti dans une tripartite pourtant sociale où l’essentiel des négociations ont tourné autour des intérêts des employeurs et sur lesquels les représentants de la centrale syndicale, Sidi Said, Djenouhet, Malki ont pesé à la marge.

L’UGTA, débordée par les syndicats indépendants dans la fonction publique a voulu faire un point d’honneur à défendre le droit syndical, il est vrai souvent piétiné dans le secteur privé. Elle obtient, dans un point 7 introduit dans l’ordre du jour, un vague engagement de Ahmed Ouyahia : « le Gouvernement s’est déclaré disponible pour intervenir à travers ses organes compétents, et le cas échéant, à saisir les juridictions pour toute violation persistante du droit des travailleurs au libre exercice de leur droit syndical » affirme le communiqué final.

Le financement de la CNR, test de vérité

Les organisations patronales, le FCE en particulier, peuvent donc se réjouir de « ce nouveau climat, plus à l’écoute des problématiques de l’entreprise ».

Principal indicateur de l’état d’esprit en vigueur, le débat sur la revalorisation des retraites. L’UGTA a demandé 40% d’augmentation 212 milliards de dinars selon Abdelkrim Djoudi, le ministre des Finances et les employeurs ont refusé la proposition d’une augmentation de 1% des charges patronales pour soutenir une valorisation des pensions de retraites sans aggravation du déficit actuel du régime par solidarité de la Caisse nationale des retraites (CNR). « Nous avons eu à expliquer au partenaire social et au gouvernement que 1% de charge supplémentaire fragiliserait le potentiel des entreprises toutes choses étant égales par ailleurs » rapporte un des vice-présidents du FCE, Nassim Kerdjoudj, qui a assisté Reda Hamiani sur ce point particulier devenu « une négociation » de fait. « L’Algérie a le taux d’imposition le plus bas de la Méditerranée et il n’est donc pas interdit d’envisager un point de plus de pression fiscale pour sauver ce régime de la retraite par la solidarité générationnelle. Mais il faut alors agir sur d’autres leviers. Il n’est pas normal qu’un pays comme l’Algérie où deux tiers de la population a moins de 30 ans ne trouve pas assez de cotisants pour ceux qui partent à la retraite ».

Retour à la case emploi. Travail formel s’entend, car l’économie informelle a sapé les revenus de la CNR depuis 20 ans. « Le FCE compte venir avec des propositions précises à la commission qui va être mise en place pour trouver une solution au financement des pensions de retraite ».
L’idée d’un « swap », baisse du taux de l’IBS pour les bénéfices réinvestis et déplacement de la TAP, contre majoration de la cotisation patronale à la CNR est une des pistes entrevues. Avec ce filet confortable pour tous : l’Etat assumera le financement des augmentations des retraites en cas d’absence d’autres solutions. Le fonds de réserves pour les retraites, créé en 2006, passera de 2% à 3% de la fiscalité pétrolière en 2012.

Les employeurs ont donc de réelles raisons de « bien apprécier » ce round de dialogue social. Ils n’ont pas subi de contraintes fortes au « point 6 » traitant de l’extension des conventions collectives aux entreprises privées. Le FCE, dernier arrivé et non signataire de l’engagement signé par ses pairs en 2006, d’étendre les conventions collectives au privé, « prendra le temps de consulter ses adhérents », même s’il se déclare favorable au principe.

Les employeurs ont obtenu, en revanche, d’être associés à la gestion du fonds alloué à la mise à niveau de 20 000 PME. « 5 milliards de dinars qui risquaient de partir en fumée, gérés par un comité restreint au ministère de l’industrie et de la PME ». Six sièges sont réservés aux organisations patronales pour le suivi de cette opération.

Sources :
Le Quotidien d’Oran
le 4 octobre 2011

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