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ÉCHOS DE LA CAMPAGNE ÉLECTORALE EN FRANCE : DU NOUVEAU DANS LES CITÉS AVEC MELENCHON ET LE FRONT DE GAUCHE

jeudi 5 avril 2012


LA GRANDE BORNE ACCUEILLE MELENCHON

Le candidat du Front de gauche s’est rendu, hier, dans la cité emblématique de Grigny, dans l’Essonne, accueilli par 5 000 personnes lors d’un meeting.
Un quartier populaire où les habitants suivent attentivement les propos d’espoir d’un prétendant à l’Élysée qui va au-devant d’eux.

Ce n’était pas gagné d’avance. Se jouait pour Jean-Luc 
Mélenchon une partie à la fois compliquée et exaltante : aller au-devant d’une population jugée définitivement perdue pour la gauche, selon le club Terra Nova, proche du Parti socialiste.

Hier, dans le stade de football, au milieu de la Grande Borne, à Grigny, dans l’Essonne, le candidat du Front de gauche marque un but.
La foule de 5 000 personnes est là, bigarrée, de toutes les générations, du bébé dans la poussette aux papis et mamies en tenue du dimanche.
« Je suis là pour que la France tout entière voit ce que l’on fait de ses enfants, de cette stigmatisation », commence très fort Jean-Luc Mélenchon.

Le terrain de sport est planté dans le triangle de cette gigantesque cité qui abrite 11 000 âmes, un quartier populaire classé zone urbaine sensible (ZUS) où se cristallisent « toutes les souffrances de notre société », selon l’expression du jeune maire (PCF), Philippe Rio, en poste depuis seulement un mois.
C’est d’ici que Jean-Luc Mélenchon transmet son message, de ce territoire à cheval sur Grigny et Viry-Châtillon, cloué entre l’autoroute A6 et les voies de la nationale : « Dans les quartiers populaires, il y a des problèmes de transports publics, d’emploi, de services publics. Ce ne sont pas des problèmes de banlieues, mais des problèmes du pays tout entier », déclare-t-il. Et ajoute, sous les applaudissements : « Le problème n’est pas de savoir d’où l’on vient mais où l’on va. Est-ce que l’on joue les uns contre les autres, ou construit-on la République une et indivisible, qui refuse la guerre entre soi sur la couleur de peau ou de religion ? »

« ce n’est pas la ville de la peur »

Ancien Essonnien, Jean-Luc Mélenchon n’est pas en terre inconnue dans cette ville « la plus pauvre de la région parisienn ». La cour régionale des comptes avait relevé que le revenu par personne était, déjà en 2009, « inférieur de 40% à la moyenne des communes de plus de 10 000 habitants ».

Dans ce département où Jean-Luc 
Mélenchon a occupé des mandats locaux et nationaux, s’est créée la seule communauté d’agglomération à direction Front de gauche, présidée par Gabriel Amard (PG).
Jean-Luc Mélenchon est chez lui, à la Grande Borne, où les « communistes y résident et y militent », commente Pierre Laurent.
« Le Front de gauche doit continuer à jouer son rôle de mobilisation ici comme ailleurs », ajoute le secrétaire national du PCF.

La foule n’est pas là, un dimanche après-midi, pour assister à un « show », encore moins pour voir « la bête » de scène, comme le hurlent d’aucuns responsables politiques. « Nous sommes venues d’abord pour honorer Mélenchon. Il a osé se déplacer jusque chez nous, jusqu’à notre ville dite sensible. Il nous soutient et nous aussi on le soutient », expliquent d’une même voix Khalida (cinquante ans), Sandrine (quarante et un ans) et Amira (trente-cinq ans). Ces trois amies attendaient cette visite d’un politique, d’un candidat « avec bonheur », elles qui vivent « mal » l’isolement, la ségrégation, la mauvaise réputation. « Toute la population est mise dans le même sac, alors qu’il n’y a qu’une minorité de personnes qui empoisonne la vie des gens. S’il ose venir, cela signifie que ce n’est pas la ville de la peur », disent, un brin fières, ces mamans de plusieurs enfants chacun.

Khalida et Amira, agents de service, et Sandrine, employée, ont découvert Jean-Luc Mélenchon « à la télévision ». Son discours « touche », un verbe plus fréquemment utilisé par les participants à la rencontre « intime » qui a eu lieu en début d’après-midi avec le prétendant à l’Élysée, dans un gymnase, à deux pas du stade. Des témoignages poignants émanent aussi bien des jeunes que de leurs aînés. Des paroles qui montrent la solidarité, la fraternité, loin de l’image communément renvoyée de cette cité.

« J’espère qu’il tiendra ses promesses s’il est élu, que ce n’est pas que du vent, parce que les hommes politiques… », prévient l’aînée des trois habitantes de la Grande Borne. Khalida veut pourtant y croire : « J’ai écouté les discours des autres candidats. Je trouve Mélenchon plus concret, convaincant, sincère. Mais j’avoue que je ne connais rien à la politique. »
En 2007, Khalida s’était abstenue, Sandrine avait voté François Bayrou et Amira a mis un bulletin Ségolène Royal dans l’urne. Comme elle, 43% des Grignois avaient donné leur voix à la candidate socialiste dès le premier tour. Aujourd’hui, les trois amies affirment que leur choix en faveur de Jean-Luc Mélenchon est « définitivement fait ». Devant les deux autres qui l’écoutent, Sandrine explique la « logique » du candidat qui a fait « tilt » dans sa tête : « Il dit qu’en augmentant le Smic et les salaires, les gens vont acheter davantage, et donc l’emploi sera relancé. » Les copines opinent du chef. « Manger ou non halal n’est pas le problème. Nous, aussi, nous voulons une bonne éducation pour nos enfants, du travail pour les jeunes et de la sécurité. Or, depuis Sarkozy, on est encore plus en insécurité, alors qu’il avait promis le contraire », renchérit Amira.

À Grigny, le taux d’abstention, en 2007, était de 35%. François Delapierre estime que « les quartiers populaires font irruption dans la campagne du Front de gauche ». Candidat aux législatives dans la dixième circonscription de l’Essonne, il note : « Les habitants des cités relèvent la tête, eux que le FN entend rejeter de la communauté nationale. Ils se rendent compte que le Front de gauche casse cette image de parias. »
En échange, la Grande Borne a accueilli fièrement Jean-Luc Mélenchon.

Manifestation en marge

L’obscur Parti des gens et sa déclinaison locale du Parti des Grignois, dans l’opposition municipale, a manifesté, fort d’une trentaine de personnes, contre la venue de Jean-Luc Mélenchon.
Au nom du « refus de l’hypocrisie ambiante (...) dans une ville que les élus du Front de gauche ont sinistrée », selon son porte-parole.
Apparue aux municipales de 2008, la formation, teintée 
de communautarisme, s’inspirerait notamment de Kemi Seba, activiste plusieurs fois condamné pour incitation à la haine raciale.

Mina Kaci



Voir en ligne : http://www.humanite.fr/politique/la...

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