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ALGER - POUR SAUVEGARDER LA LIBRAIRIE DES BEAUX ARTS : APPEL - TÉMOIGNAGES

vendredi 4 mai 2012

Un lecteur du site nous adresse son avis :
"Il est réconfortant de voir nombre de bonnes volontés manifester leur solidarité et se mobiliser, qui disent qu’il faut tenter quelque chose pour et dans l’intérêt de la culture algérienne et de sa renommée.

Une excellente idée serait de constituer une association ou fondation d’intérêt public qui pourrait demander un droit de préemption pour l’achat du fond de commerce, de façon à ne pas léser les propriétaires.
Avec le soutien des pouvoirs publics, de mécènes et de banques (qui prendraient en hypothèque le bien après paiement d’ une avance raisonnable), on pourrait ainsi réunir les moyens financiers pour conserver l’activité de cette librairie.

Ne serait-ce pas une façon d’honorer le devoir d’un plus large rassemblement culturel en dépassant concrètement et de façon réaliste le stade des protestations légitimes ?

transmis à SOCIALGERIE le 5 Mai 2012



APPEL POUR LA SAUVEGARDE DE LA LIBRAIRIE DES BEAUX ARTS - librairiedesbeauxarts@gmail.com


HAMID ET VINCENT - Juste un mot - Boudjemaâ Karèche - El Watan.


LIVRES EN LARMES - Fateh AGRANE - socialgerie - 31 mars 2012


ÉDUCATION, ÉDITION ET LIVRES - CONTRE LE "TRABENDO CULTUREL" - LETTRE OUVERTE DE Abderrahmane Zakad - socialgerie le 3 mai 2012


APPEL

POUR LA SAUVEGARDE

DE LA LIBRAIRIE DES BEAUX ARTS

librairiedesbeauxarts@gmail.com

La librairie des beaux arts, 28 rue Didouche Mourad, Alger, est à nouveau menacée de disparaitre.

Une décision d’expulsion a été prononcée par la justice, à l’encontre du gérant actuel. Son exécution est imminente et nul ne sait après ça ce qu’il adviendra de ce lieu mythique.

Sera t-elle un lieu de restauration rapide, ou en magasin de chaussures et maroquinerie de marques toutes plus contrefaites les unes que les autres, ou enfin se transformera t-il en boutique franchisée de vêtements made in china ?

Cette librairie qui existe depuis les années 50, symbolise un patrimoine culturel et historique cher à plusieurs générations d’étudiants, artistes et écrivains algériens qui y ont acquis les livres, les disques, les toiles qui ont compté dans leurs vies, leurs formations ainsi que leurs carrières professionnelles et culturelles.

Vincent Grau, libraire de ce lieu, avait choisi de lier son destin à l’Algérie après l’indépendance et de poursuivre son engagement en restant à son poste durant les années de terreur. Il a été lâchement assassiné dans cette librairie le 22 février 1994.

Devons-nous accepter passivement que de tels lieux se transforment en simples boutiques de consommation ? Qu’ils disparaissent de la mémoire de la ville d’Alger et de nos âmes ? N’est-il pas possible d’agir pour refuser cette issue fatale et rechercher ensemble les voies et moyens de maintenir l’activité de librairie en ce lieu ?

Des femmes et des hommes de culture de tout le pays, des habitants du quartier, des amoureux de la ville et des livres se sont consultés pour signer cet appel afin de faire prévaloir l’intérêt général sans porter préjudice aux droits de propriété garantis par la constitution que nul ne remet en cause.

Nous en appelons aux autorités compétentes :

Ministère de la culture
Wilaya d’Alger
APC d’Alger
Procureur de la république

Pour user de leurs prérogatives afin d’assurer la pérennité de la librairie des beaux arts selon des formules à trouver dans le cadre des lois et règlements.

Nous lançons cet appel à toutes les bonnes volontés pour nous rejoindre et nous regrouper sous les formes appropriées afin de veiller avec vigilance à ce que la librairie des beaux arts demeure un lieu de rayonnement des livres et des arts au centre ville d’Alger.

_____

Chers amis,
Les amis de la librairie des beaux arts qui ne veulent pas se résoudre à voir cette librairie disparaitre, lancent un appel et vous proposent de faire partie des premiers signataires avant de le rendre public.
Si vous souhaitez être solidaires de cette initiative, veuillez envoyer votre confirmation sur mon contact et/ou l’adresse mail suivante :

librairiedesbeauxarts@gmail.com


Vous pouvez diffuser cet appel au plus grand nombre.
Merci.

Zafira Baba née Ouartsi
Contact. : obzafira@gmail.com

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HAMID ET VINCENT

- Juste un mot

Boudjemaâ Karèche

El Watan

le 03 mai 2012

Il est vrai que les miracles sont extrêmement rares, mais ils arrivent parfois. Et nous, nous en avons vécu un il y a quelque temps en écoutant la Radio algérienne. C’était un mardi soir, à 21h, heure habituelle de l’émission animée par Hamid Kechad, un journaliste de talent qui nous a malheureusement quittés récemment [1]. Ce soir-là, les responsables de la Chaîne III nous ont fait un immense et émouvant cadeau en rediffusant l’une des premières émissions de Hamid, intitulée « Gal ou Gal ». De quoi s’agit-il ?

Par la magie des ondes, nous nous retrouvons à Alger, plus de dix ans en arrière, en 1994 exactement. C’est la période où le terrorisme aveugle et sanguinaire sévit partout, de jour comme de nuit. Les gens ne sortent que par nécessité et le centre-ville est plutôt désert. Bien qu’habitant Koléa et malgré les faux barrages si fréquents et si meurtriers, Hamid prend le risque de se rendre à Alger. Il ose s’aventurer rue Didouche Mourad et rue Larbi Ben M’hidi pour saluer quelques amis téméraires qui travaillent encore, et faire le tour des quelques rares lieux de culture encore existants et ouverts. Il se retrouve ainsi devant la Librairie des beaux-arts, sise au numéro 26 de la rue Didouche Mourad. Après avoir regardé la vitrine un court instant, il entre à la recherche d’un livre ou deux qui pourraient lui tenir compagnie en ces moments difficiles. Une chaude musique emplit l’espace baigné par une douce pénombre.

Au fond, un homme est assis, seul, un livre à la main. C’est le libraire Joachim Grau, affectueusement appelé Vincent par tous. Il a vu entrer son unique client de la journée et le laisse flâner parmi les rayons. Avec sa grande taille, son bleu Shanghaï et son couffin à la main, Hamid lui rappelle le poète de La Casbah, Himoud Brahimi dit Momo, qu’il aimait tant. C’est sans doute pour cela qu’il le tutoie d’emblée lorsqu’il lui demande : « Est-ce que tu cherches un livre en particulier ? » Hamid lui répond alors : « Oui, un bon, un vrai, si possible. » Le libraire va en prendre un sur une étagère, à la couverture bleue et le lui présente en ces termes : « Ce livre, bon et vrai, est publié par les éditions Sindbad. Je ne répéterai jamais assez combien l’Algérie a eu raison de co-éditer les ouvrages de cette maison d’édition. Ils sont bien faits et écrits par de grands auteurs. De plus, leur prix est tout à fait abordable.

Le livre que je te propose a pour titre Les enfants de notre quartier. » C’est l’un des chefs-d’œuvre du célèbre écrivain égyptien Naguib Mahfouz. Aussitôt convaincu, Hamid répond : « Je le prends. » Très observateur, Vincent s’était rendu compte que, pendant qu’il l’écoutait, Hamid tendait en même temps l’oreille pour entendre la musique diffusée en sourdine dans la librairie. C’est pourquoi il lui dit : « Si la musique t’intéresse, je peux te préciser que c’est du jazz signé Keith Jarret. Il me reste encore quelques CD et c’est pas cher du tout. » Surpris par la perspicacité de Vincent, Hamid ne trouve rien d’autre à dire que « c’est bon, j’en prends un ». Cette histoire, somme toute ordinaire, n’étaient les circonstances de l’époque, acquiert une autre dimension, lorsque, quelques semaines plus tard, un mardi exactement, Hamid apprend l’assassinat de Vincent par la horde terroriste.

Bouleversé, il se présente à son émission et, d’une voix rauque, chargée d’émotion, il annonce : « Comme vous, j’ai appris avec stupeur que Vincent, le fameux libraire de la rue Didouche, a été assassiné aujourd’hui par les barbares, ennemis de notre pays. Moi qui ne l’ai découvert que récemment, j’aimerais, à mon tour, vous faire découvrir les chefs-d’œuvre qu’il m’a permis de connaître et d’apprécier. » Et il offre alors aux auditeurs de la Chaîne III une heure d’audace, d’intelligence et d’émotion en lisant de sa belle voix quelques passages du livre de Naguib Mahfouz, puis, sans aucun commentaire, il passe un morceau de musique de jazz de Keith Jarett, et ainsi de suite. Aujourd’hui, Hamid n’est plus là, mais il nous reste ses émissions radiophoniques si vraies, si simplement humaines. Nous voulons croire que le miracle se reproduira et que sa voix traversera encore les ondes pour nous parler de nous, et nous sommes certains que nos deux amis ont semé, bien semé, et que d’autres, Hamid et Vincent, renaîtront et fleuriront dans notre pays.

*Nous apprenons avec tristesse que la légendaire Librairie des beaux-arts ferme ses portes. Nous espérons, d’une part, que cette fermeture ne durera pas une éternité, et d’autre part, qu’elle gardera sa vocation et restera librairie pour toujours. C’est pourquoi nous offrons aujourd’hui un de nos textes à nos lecteurs.(*)

Boudjemaâ Karèche

Sources : El Watan

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(*) voir article de socialgerie “LIVRES EN LARMES” mis en ligne le 31 mars 2012

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