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MARCHE D’ALGER DU 12 FÉVRIER - COURRIER REÇU à SOCIALGERIE

mercredi 9 février 2011


POUR COMPRENDRE LA MARCHE D’ALGER DU 12 FÉVRIER

Comment se présente la situation en Algérie
à 4 jours de la marche du 12 février ?

La "Coordination pour le changement et la démocratie" créée le 21 janvier dernier, à la suite des émeutes, comprend

  • la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme (tendance Mustapha Bouchachi),
  • des syndicats "autonomes" : le SNAPAP (administrations publiques) ; le CLA (enseignants de lycées) ;le SATEF (éducation et formation) ; le CNES (enseignants du supérieur)
  • ainsi qu’une dizaine d’associations (disparus, chômeurs,étudiants, etc).

Cette coordination est soutenue par les partis suivants : le RCD de Saïd Sadi (laïc), le MDS (groupe issu de l’ancien Parti de l’Avant Garde Socialiste) et le FFS de Aït Ahmed.

Deux formations se sont retirées de la coordination, en désaccord sur les objectifs :

  • le RAJ (Rassemblement Action Jeunesse)
  • et le PST (Parti Socialiste des Travailleurs) ce dernier en raison du refus de la coordination de condamner le libéralisme économique.

Outre les partis de l’alliance présidentielle (FLN, RND, MSP (Hamas), les partis suivants ne participent pas à la Coordination :

  • le PT (Parti des Travailleurs de Louisa Hanoune-trotskyste)
  • et le PADS (communiste) lequel dénonce le libéralisme économique qui inspire la Coordination.

Le FFS de Aït Ahmed qui soutient la Coordination, n’appelle pas à la marche du 12 février.

Certains partis d’opposition qui prônent une démocratisation du régime algérien, ne demandent pas la levée de l’état d’urgence instauré le 9 février 1992 par le Président Boudiaf (qui sera assassiné le 29 juin 1992) pour briser l’insurrection armée déclenchée par le FIS (Front Islamique du Salut).

21 députés de diverses tendances (FLN, MSP(Hamas), FNA, ANR (démocrates) et un dissident du RCD de Saïd Sadi) ont récemment demandé la levée de l’état d’urgence et le Président Bouteflika a déclaré que celle-ci interviendra "dans un très proche avenir".
Cette annonce a été jugée positive par le PT (trotskyste) mais suscite l’inquiétude et le soupçon pour le FFS et le PADS.

Après les émeutes de janvier (5 morts et des centaines de blessés), les mesures de limitation des prix décidées par le gouvernement algérien, pour lutter contre la spéculation mondiale et les aléas climatiques, sont pour l’instant appliquées.

Ce qui domine, semble-t-il, dans la population avec la Paix civile retrouvée, c’est une aspiration profonde à la tranquillité et à la stabilité.

Des inconnues : Quelle sera l’attitude des ouvriers des usines qui nombreux ont fait des grèves longues au début de 2010 ? Quelle sera celle des travailleurs de la terre ? Quelles vont être les réactions des petits métiers de "l’économie informelle" que le gouvernement veut règlementer et qui sont dépendants des grossistes qui leur font crédit.

Le Ministre de l’Intérieur a indiqué que les manifestations de rues sont toujours interdites à Alger et le wali a proposé une salle de 10 000 places.

Les partis de l’alliance présidentielle envisageraient pour un jour prochain une manifestation de soutien au Président Bouteflika.

Beaucoup d’inconnues donc. Nous suivons de près l’évolution de la situation en liaison avec nos amis de diverses tendances en Algérie.

Bernard DESCHAMPS

reçu à socialgerie le 7 février 2011



réponse de socialgerie :

... Bonjour et merci,

C’est un bon et utile état des lieux dans une situation complexe qui est en train de se nouer (sa complexité entre autres du fait de l’existence des clans rivaux dans le pouvoir (doués de capacités de manœuvre et de confusion) et de l’hétérogénéité des forces qui souhaitent le "changement".

Quelle que soit l’évolution, la marche et les débats qui l’entourent sera un évènement catalyseur et la situation qui en résultera marquera dans tous les cas un nouveau progrès, à l’image (plus ou moins particulière) de la vague qui a mûri dans le monde arabe.

L’esentiel est que toutes les forces à vocation démocratique et sociale de progrès sont en train de tisser une partie de la solution, en attendant de plus grandes convergences et encore mieux d’unité d’action autour de revendications communes.

À la base et le plus souvent de façon informelle relayée par internet, beaucoup d’appels et d’initiatives qui reflètent le souahait de donner à la protestation nationale un contenu social plus profond.
C’est le reflet de la grande déception des deux décennies précédentes, après ce qui a été perçu comme une trahison d’Octobre 88.
J’ai fait écho sur mon site Socialgérie à l’une de ces multiples expressions qui s’est intitulée : "Initiative du 24 Février" (allusion à 24 février 71, nationalisation des hydrocarbures)