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L’ARMÉE ISRAÉLIENNE JOUE SUR LA MENACE IRANIENNE POUR RÉCLAMER PLUS DEBUDGET

mardi 28 février 2012

Israël est sur le pied de guerre contre l’Iran. Mais sur le front intérieur, l’heure n’est pas vraiment à l’union sacrée.

Une bataille d’une virulence sans précédent oppose le ministre des Finances Youval Stenitz à Ehud Barak, le ministre de la Défense à propos du budget militaire. « Nous ne sommes pas une armée qui a un pays, mais un pays qui a une armée", a ainsi lancé dimanche le grand argentier. Plus grave encore : il a accusé les militaires et le ministre de la Défense de mener une "campagne de chantage et d’intimidation en faisant peur à toute la population".

Un supplément de 600 millions d’euros

La polémique porte sur un supplément de 600 millions d’euros que l’armée réclame bien que le budget de la Défense atteigne le montant record de 11milliards d’euros. Faute d’avoir obtenu jusqu’à présent cette rallonge, le très puissant lobby militaro-industriel affirme qu’Israël ne sera pas prêt à faire face à des représailles de l’Iran au cas où l’Etat hébreu se déciderait à lancer des attaques contre les installations militaires de ce pays. L’état-major a ainsi prévenu que l’armée ne pourra pas acquérir de nouvelles batteries anti-roquettes et anti-missiles destinées notamment à défendre les villes israéliennes. Des grandes manœuvres annuelles pourraient également être supprimées faute de crédit. De même l’aviation censée jouer un rôle essentiel dans une possible offensive contre l’Iran pourrait être contrainte de réduire ses heures d’entraînement.

Scénarios catastrophe

Des milliers de licenciements pourraient également intervenir dans les industries militaires à la suite d’une baisse de commandes. Et pour couronner le tout, le général Benny Gantz, le chef d’état major, a averti que les "politiques" porteraient seuls la responsabilité des "problèmes" qui pourraient apparaître durant une guerre. Histoire de bien mettre les points sur les "i", les plus hauts responsables militaires ont présenté des scénarios catastrophe en évoquant une véritable forteresse cible de dizaines de milliers de missiles et de roquettes que pourraient tirer l’Iran, les islamistes palestiniens du Hamas à partir de la bande de Gaza, ou le Hezbollah et la Syrie du Bachar al-Assad.

Rechercher l’efficacité économique

Pour Youval Steinitz, ce tableau apocalpytique relève d’une "manœuvre d’intimidation". Selon lui, l’armée, qui s’accapare 17% du budget, pourrait parfaitement faire face à toutes ses missions avec le budget actuel si elle consentait à couper dans ses dépenses de fonctionnement. "Personne ne contrôle le budget de la Défense", déplore le ministre des Finances.
Pour Yossi Peled, un ministre sans portefeuille lui même général de réserve : "L’armée ferait bien de s’inspirer du secteur privé en mettant en avant l’efficacité économique." "Il y a pléthore de généraux au quartier général", fustige-t-il. Décidé à frapper fort, Youval Steinitz souligne que "dans un Etat démocratique, l’armée obéit au gouvernement qui fixe les priorités et pas l’inverse."

Les hésitations de Benjamin Netanyahu

La grande inconnue concerne le Premier ministre Benjamin Netanyahu qui a beaucoup fluctué ces derniers mois. Après avoir accepté l’idée l’an dernier de couper dans le budget de la défense, il y a renoncé sous la pression des militaires. Sa décision dépendra sans doute du choix d’attaquer dans les prochains mois l’Iran ou au contraire de s’en remettre aux sanctions internationales et au grand allié américain pour tenter de forcer Téhéran à renoncer à ses ambitions nucléaires.

algerieinfos, le 21 février 2012

Pascal Lacorie, à Jérusalem – 20 février 2012. La Tribune.fr


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