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13 AVRIL : JOURNAL DU MAGHREB DES FILMS 2012

dimanche 15 avril 2012


JOURNAL DU MAGHREB DES FILMS

AVRIL 2012 - COMMENTAIRES ET RÉACTIONS


dimanche 15 avril 2012

L’Hommage à rené Vautier s’est achevé avec 4 films
« Les Anneaux d’or »
« Et le mot frère et le mot camarade »
« Vous avez dit Français ? »
« La Folle de Toujane »

Le regard de Marion Pasquier

La Folle de Toujane , l’une des rares fictions de René Vautier, est un film imparfait. Trop long, il est aussi brouillon, assez "foutraque". Pourtant, c’est aussi ce qui fait son charme. Dans ce film, le cinéaste évoque ses diverses expériences. Si l’on accepte certaines maladresses formelles, on se laisse prendre par son récit, par les situations qu’il dépeint, par l’engagement qu’il manifeste une fois encore. "On ne combat bien que là où l’on connaît", dit à peu près le protagoniste à la fin de l’histoire. Vautier le montre : en nous faisant sentir qu’il sait de quoi il parle, il rend la pertinence de son propos d’autant plus évidente.

Le film, narré en off par Julien Guiomar (jouant le rôle d’un ancien instituteur), s’ouvre sur une histoire solaire, sensuelle, entre deux camarades et amants, Gwen et Roger (Gilles Servat), anciens élèves du narrateur. Ca se passe dans leur Bretagne natale, d’où elle est partie pour Paris, où Roger demeure encore, dans la ferme de ses parents agriculteurs. Gwen est déterminée à vivre en ville pour faire carrière, Roger, lui, choisit plutôt mollement la profession d’instituteur. Lorsqu’il se fait muter en Tunisie, le chemin des amants se sépare. Progressivement, leurs tendances respectives s’inversent. Alors que Gwen, au départ, affirmait sa volonté d’aller de l’avant, nous la voyons, dans des scènes courtes qui scandent le récit, s’enfoncer dans une vie terne de minable présentatrice radio et de femme entretenue - représentant par-là l’image décriée par les bretons de ceux qui sont partis en ville. Roger, d’abord plutôt passif, se met à prendre conscience, de l’inepsie de la colonisation, des horreurs de la guerre, de la nécessité de résister.

Dans le petit village tunisien de Toujane où il enseigne, il est confronté à la solitude, à son irréductible statut d’étranger. Apprécié par ses élèves, il ne s’intègre par pour autant aux villageois. Les colons le regardent quant à eux d’un mauvais oeil, car il est insoumis, n’hésitant pas à fuir la salle de classe et les livres au profit de promenades éducatives, à mettre dehors l’inspecteur de l’éducation donnant ses directives pour former des élèves dociles et aptes à partir travailler en France. Au fil du temps, Roger s’accomode de sa vie d’exilé. Et puis, c’est la guerre d’Algérie qui lui saute au visage. Une femme de Toujane, Saloua, mariée à un algérien qu’elle a suivi dans son pays, revient au village, rendue démente par le meurtre de ses enfants par des soldats français. Face à son drame, et à sa mort tragique, Roger ouvre les yeux. Plus jamais il ne pourra vivre comme avant.
La guerre d’Algérie, c’est aussi ce qui ponctue le film, via les informations données par Gwen à la radio, qui en racontent la chronologie. Informations que la jeune femme prononce sans émotion, semblant bien peu touchée ni concernée par la tragédie qui sévit.

Lorsque Roger revient en Bretagne, il apprend que les agriculteurs, notamment sa famille, souffrent d’une grande pauvreté et doivent quitter leurs terres, réquisitionnées par les militaires. Ne supportant pas leur résignation, il appelle les siens à la résistance. Un combat qu’il ne semble pas avoir la force de mener car à la fin, dans une séquence assez surréaliste, Roger se suicide. De son côté, Gwen, s’enfonçant de plus en plus dans la médiocrité et les illusions déçues, continue à rêver à son manteau de fourrure.

L’une des originalités de “La Folle de Toujane” est l’usage que fait Vautier d’images de ses films antérieurs (ce qui est récurrent dans plusieurs de ses œuvres).
Insérer des témoignages déjà enregistrés était-il une commodité ? Ou un moyen d’ébaucher une fresque permettant de nous plonger dans son univers, dans les problématiques qui lui sont chères ? Bien connaître l’intégralité de la filmographie de Vautier permet sans doute de saisir des liens, des résonnances, d’assimiler pleinement son propos, ses constats.
Comme ailleurs également, on ne manque pas de noter la présence de chansons, dont il compose en partie les paroles et qui font résonnance avec ce que son histoire raconte.

La frontière entre fiction et documentaire est ici aussi poreuse que dans “Avoir vingt ans dans les Aurès”. La Folle de Toujane est un récit construit, il est interprété (pas toujours de façon convaincante) par des comédiens jouant un rôle. Mais certains moments relèvent de la chronique.
Ainsi des scènes en Bretagne, dans la ferme familiale ou lors d’un banquet pour fêter le cochon. Alors, les comédiens cohabitent avec des non professionnels, qui ne jouent pas, qui parlent breton et vaquent à leurs occupations, naturellement. Le cinéaste semble leur avoir donné peu de directives, préférant sans doute s’effacer pour mieux les regarder évoluer, pour nous permettre une immersion dans leur univers.
Le documentaire s’invite également dans des images d’une manifestation bretonne ou du bombardement de Sakat Sidi Youssef en Tunisie. Cette fois, de par leur contenu, elles ramènent au premier plan le militantisme de René Vautier.

Dans une scène étonnante, ce dernier met en scène un cinéaste qui a été témoin d’une injustice subie par un algérien. Le personnage compte en faire un film, mais pas tout de suite, dans cinq ans, sinon il aura des ennuis.
À ce moment, Vautier règle ses comptes avec ses compères cinéastes, à qui il reprochait de ne pas avoir le courage de faire des films sur le sujet brûlant de la guerre d’Algérie. De ce courage, les films de Vautier en ont pâti, en étant récupérés par un producteur qui, paraît-il, était proche du Front National et qui, en en rachetant les droits, voulut les enterrer. Il est ainsi fort difficile de voir ces films, dont la pellicule, ou les cassettes, se détériorent.
Les conditions de projection parfois laborieuses n’altèrent que peu l’intérêt que l’on porte aux films de Vautier. Au contaire, elles amplifient notre sentiment d’avoir affaire à un objet rare, fragile, et par-là même précieux.


samedi 14 avril 2012

Le regard de Marion Pasquier

« Avoir vingt ans dans les Aurès » , mourir dans les Aurès. Tel est le destin de Noël, membre d’un contingent d’appelés bretons insoumis et pacifistes que le lieutenant Perrin (Philippe Léotard) aura réussi à engager malgré eux dans l’horreur de la guerre. Noël était le seul à n’avoir jamais utilisé son arme, le seul à être allé au bout de ses convictions en libérant un prisonnier algérien promis à la "corvée de bois" et en désertant avec lui dans le désert des Aurès. Il mourra tragiquement et sa mort sera opportunément utilisée par son lieutenant pour appeler ses hommes à la vengeance contre les algériens. À une mort reçue, une mort rendue.

C’est en leur faisant assimiler ce principe que les dirigeants des appelés ont amené ces derniers à devenir des tueurs. "Au début on tire n’importe où parce qu’on a la trouille, après on vise parce que l’on y prend goût" raconte l’un d’eux. Par le biais du récit d’un soldat instituteur blessé, Avoir vingt ans dans les Aurès nous montre le mécanisme conduisant des insoumis à devenir des exécutants dociles. En exergue du film, René Vautier explique par des cartons que sa fiction résulte d’une enquête menée sur des centaines de soldats, que tous les faits pourraient être confirmés par au moins 5 personnes. La fiction prend bien valeur de document.

Dans certaines séquences, on sent un basculement vers la chronique : lorsque les soldats racontent face caméra, ou lorsque cette dernière, en mouvement, prend le temps de décrire les êtres à l’écran, les appelés portés par l’énergie du groupe ou, dans un très beau moment, la famille d’algériens accueillant Noël dans leur tente et s’occupant de lui. Le récit, alors, fait une pause, pour nous permettre de contempler les personnages, de nous approcher d’eux.

Avec ce film, René Vautier pose un acte antimilitariste efficace. Via un récit scandé par des chansons disant l’ignominie du combat ("fous pas / ton pied dans cette merde / c’est une vraie histoire de fous"), il démontre le mécanisme effrayant par lequel tout pacifiste peut se transformer en machine à tuer, happé par la violence de la guerre.


vendredi 13 avril 2012

Rectificatif

Dans la lettre du 13 avril, je m’étais étonné qu’aucun extrait des discours de Maurice Thorez ne fut présenté dans le film « Le voyage de Maurice Thorez ». la raison est simple : la bande son, pour une raison inexpliquée, était inutilisable


Le regard de Marion Pasquier

Avec « Déjà le sang de mai ensemençait novembre » , René Vautier utilise encore une fois sa caméra comme "arme de témoignage" et "instrument de paix" pour montrer l’illégitimité de la colonisation et les abjections auxquelles elle a donné lieu. Reparcourant l’Histoire, depuis la conquête de l’Algérie à Sidi Ferruch jusqu’à l’Indépendance en passant par le 8 mai 1945, c’est en donnant la parole qu’il prend parti. La force et l’originalité du film sont là, dans le souci pédagogique du cinéaste, qui fait passer un message prégnant sans jamais le matraquer.

René Vautier est là. À l’image en train d’interroger de jeunes algérois dans la rue, ou face caméra à nous parler de son Afrique 50, ou encore en voix off. Mais c’est aussi en laissant la place à ceux qui partagent son point de vue qu’il s’exprime.
Ainsi de ce photographe algérien éditant un livre d’images et de gravures datant d’avant la colonisation pour montrer que l’Algérie, en 1830, était au même niveau de civilisation que certains pays d’Europe ; de ces peintres travaillant collectivement, aidés par des historiens pour être objectifs et précis, à représenter l’image de l’Algérie qui lui a été confisquée par les colons ; de ce jeune homme désirant instaurer un dialogue entre français et algériens pour rétablir la paix. Devant et derrière la caméra, c’est le même dessein que l’on poursuit.

Lorsque la parole est donnée aux colons, c’est autant l’ironie, voire l’humour, que l’effroi, qui s’invitent dans le film. René Vautier nous lit, face caméra, des textes écrits par des soldats français au début de la colonisation. Si l’on frissonne d’entendre des propos belliqueux et méprisants (les algériens seraient des fainéants préférant fumer que cultiver leurs terres, leurs femmes, à la sensualité exacerbée par la chaleur, offriraient leurs corps de bonne grâce aux soldats français), on sourit aussi des commentaires acerbes du cinéaste ponctuant sa lecture de séries d’exactions par des "tout ça, pour la civilisation".

L’inepsie se dégage aussi des seules situations lorsque, dans des extraits d’un autre opus du cinéaste (avec ici pour bande son "tout va très bien, Madame la Marquise"), un enfant algérien dit à son instituteur français qu’il ne comprend pas pourquoi ses ancêtres sont les gaulois, comme il est écrit dans les livres ; lorsqu’un inspecteur s’offusque que la classe algérienne ne connaisse pas par cœur les préfectures françaises. L’instituteur a pris conscience de l’absurdité de sa mission, il ne veut pas former du bétail endoctriné au colonialisme. L’inspecteur, alors, le fait mettre en arrêt maladie - "trop agressif".

Dans de tels moments, nous sourions, jaune. Et puis le sourire s’éteint lorsque, exemples précis à l’appui, le parallèle est établi entre les soldats français colonisateurs et les nazis, ou lorsque Kateb Yacine raconte le massacre du 8 mai 1945 à Sétif. Ailleurs, nous sommes interpellés par les propos de ce dernier quant à Albert Camus. Pour l’écrivain algérien, Camus aurait probablement pris parti pour l’indépendance, s’il n’était pas mort prématurément, il restait dans une position morale manquant d’implication. Dans ses livres, Camus parlerait des paysages algériens (Tipasa, les plages), et non de gens, qui ne seraient que des esquisses désincarnées (cf l"arabe" dans L’étranger). Et Yacine d’appuyer son opinion en citant Faulkner, qui lui connaissait les noirs dont il faisait de vrais personnages de romans, Camus au contraire ayant vécu avec des Européens et s’étant montré peu curieux des algériens.
La même critique est faite au cinéma colonial, par un intervenant (Boudjema Kareche, directeur de la cinémathèque d’Alger) disant que ce dernier n’a fait que répéter la même image simpliste de l’algérien (toujours perçu comme un fuyard ou quelqu’un qui crie) sans jamais le décrire ni l’incarner.

Pour montrer le passé, René Vautier n’a pas recours aux seules images d’archives mais à des dessins, des peintures, des gravures, des photographies, dans lesquelles la caméra se promène, tentant ainsi de nous faire ressentir l’Algérie du passé et les visages des gens représentés rendus palpables par des mouvements de zoom.
La musique s’invite de façon pertinente, et le rythme ne tarit pas. La voix off, qui aurait été trop facile, n’est pas employée à outrance, le cinéaste préférant laisser la réalité brute et vivante s’exprimer, par le biais des interventions des gens filmés. Face à ces tableaux visuels, à ces paroles prononcées, à la richesse de la bande son, le spectateur dispose d’un espace suffisant pour investir le film. Cela ne lui permet que mieux d’assimiler ce que raconte le cinéaste, de se révolter avec lui, parfois par le sourire.


vendredi 13 avril 2012


Commentaires et réactions :

3 courts métrages pour commencer la soirée avec un débat avec Gilles Manceron et Marie Chominot.

Intéressant de mettre côte à côte « Le Voyage de Maurice Thorez », film de propagande communiste, « Autour du drame algérien », film de propagande de l’armée française et « Algérie en Flammes », film tourné dans les maquis et film engagé !

Le premier est étrange : certes le réalisateur nous montre la misère des « musulmans » en Algérie, mais la tournée a un côté « voyage touristique », avec la visite des ruines romaines près de Tébessa et une promenade sur les dunes du désert. Et pas une seule fois le mot « colonialisme » n’est prononcé (mais existait-il à cette époque ?). Dans l’esprit de 36, c’est l’union des races (arabes, juifs et européens, si tant est que ce sont des races), la coopération entre les religions, qui sont prônées pour répondre à cette misère. Bizarrerie : pas une seule fois nous sont donnés à entendre des extraits de discours de Maurice Thorez, mais à chaque meeting à Oran, Constantine, Alger, etc., de longs plans sur des salles combles.

Le deuxième est conforme à ce que l’on attend : grandeur des réalisations françaises en Algérie ! des ponts, des barrages, des routes, des écoles, mais celles créées dans le cadre des SAS de l’armée, etc.

Quant à « Algérie en flammes » , le premier documentaire (ou le deuxième après un documentaire réalisé dans l’ouest par deux Américains) tourné dans les maquis. Il restitue les conditions de vie au maquis, les relations avec la population, le lien à l’époque avec la Tunisie (avant la ligne Morice).
On y voit des femmes djounoud, une image 100 fois diffusée, l’attentat contre le train des mines de l’Ouenza, mais aussi une image insolite que le FLN a voulu supprimer, des djounoud qui pleurent lors de l’enterrement de l’un des leurs.
Certes un regard exercé devine qu’il y a une part de mise en scène (les djounoud portent des casques, ce qui n’est jamais arrivé dans le maquis), mais la mode est maintenant aux « docu fiction ». Et l’émotion est là !

Bref un programme, ainsi que le débat qui a suivi, passionnants

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2ème partie du programme avec trois films,
« J’ai 8 ans » de Yann Le Masson,
« À propos de l’autre détail » de René Vautier
et « René Vautier, l’homme de la paix » de Ahcène Osmani

« J’ai 8 ans » :La guerre sanglante que mène la France contre les civils vue par les dessins d’enfant : 8 minutes poignantes du film de Yann Le Masson, sur une idée de René Vautier

La torture, un « système » et non des bavures, système jamais avoué. Long témoignage rapporté dans « À propos d’un autre détail », d’un Algérien torturé par le lieutenant Le Pen, témoignage émouvant bien sûr, mais encore plus par le fait qu’il avoue n’avoir pu tenir jusqu’au bout.

Le troisième film passe en revue la vie engagée de René Vautier. Il comprend deux épisodes, mais , faute de temps, seule le 2ème a été présenté.

Il commence avec le récit et les raisons probables de l’emprisonnement de René Vautier en Tunisie.

Incroyable Vautier ! Mis dans une prison algérienne en territoire tunisien, il réclame un procès et annonce que si celui-ci ne se tient pas avant telle date il s’évadera tel jour. Et il le fait, mais libre en Tunisie, il retourne à sa prison parce que ce qu’il veut, c’est que soit reconnue son innocence. C’est insupportable pour les autorités qui le mettent sous la torture. Et c’est une grève de la faim des autres détenus (Algériens) qui fait céder les autorités. Vautier part blanchi et peut continuer son métier de cinéaste, créer pour le FLN le premier service audiovisuel, etc. Mais une question : pourquoi attendre si longtemps pour rendre public ce récit, qui montre, hélas, les dérives dans lesquelles déjà s’engage le FLN ?

Mais pourquoi 25 mois de prison ? sans doute à cause de ses liens avec Abane Rabane, qui fut assassiné à cette époque, et afin que soit dissimulé le fait que « Algérie en flammes », projeté à l’ONU, est réalisé par un Français … communiste !

Bien d’autres aspects de sa vie sont abordés. J’ai retenu une question : pourquoi aucun réalisateur français, y compris les grahnds, Godart, Truffaut, etc., n’a réalisé une fiction sur la guerre d’Algérie. Le premier fut « Avoir 20 ans dans les Aurès » projeté samedi 14 avril.


mercredi 11 avril

« Algérie : tours, détours » de Oriane Brun-Moschetti et Leïla Morouche (114’)

Film passionnant et chaleureux.

En 2004, René Vautier revient en Algérie. Je crois qu’il n’y était jamais revenu depuis son départ en 1966. Les réalisatrices lui font parcourir les lieux où il avait expérimenté au début de l’indépendance son « CinéPop » : Alger, Bejaia, Tébessa, Biskra, Tizi Ouzou

Le « CinéPop » c’est une salle de cinéma itinérante avec un camion (volé à l’armée française). C’est l’application de sa conception du cinéma engagé : filmer la réalité et la projeter pour susciter des débats, de la parole. La camera plutôt que le fusil !

Les réalisatrices ont trouvé un projectionniste qui prolonge depuis une quinzaine d’années cette expérience avec un vieux camion, un vieux projecteur, un drap en guise d’écran.

Et René Vautier part avec lui et projette des (vieux) films des années 60-70 : « Algérie en flammes », « Le Charbonnier », « Chronique des années de braise », etc. devant des jeunes, hommes ou femmes.

Et après la projection, la parole fuse ! Et les réalisatrices filment le visage de René qui suit avec gourmandise les débats (car sa méthode marche) et les visages de ces jeunes, pleins d’humour, d’ironie et de désespoir.

Et toute l’Algérie de 2004 se dévoile avec une immense amertume de voir cette Algérie dans cet état.

Bien sûr les paroles sont contradictoires. Certains devant ces « vieux » films découvrent le passé et accuse l’Etat de « ruiner » leur mémoire, d’autres à l’inverse, affirment que le passé, nos anciens nous l’ont transmis, mais qu’il faudrait parler du chômage, du statut de la femme, …

Le statut de la femme ! c’est le thème qui revient à chaque débat. Est-ce que la situation de la femme présentée dans ces films des années 60 a vraiment bougé ? Et face à cette question, tout un éventail de réponses. Chez les filles une quasi-unanimité pour affirmer leur désir d’un changement, même si quelques-unes veulent rester fidèles à la tradition. Chez les garçons, certains affichent des positions très avancées, et d’autres affirment qu’on y peut rien : « chez nous, le qu’en dura-t-on sera toujours le plus fort »

Et bien sûr la question des visas ! alors que d’autres affirment ne jamais vouloir quitter leur pays.

Et quel plaisir à regarder ces visages passionnés, rieurs, émus …


Tous les films sont projetés aux 3 Luxembourg,
67, rue Monsieur le Prince 75006 Paris

La grille horaire est sur le site :
http://maghrebdesfilms.fr/Le-Maghreb-des-films-2012-horaire

Adhérez à l’association Le Maghreb des films. Vous serez ainsi « partenaire » de la manifestation ; vous participerez à la définition de ses orientations et de sa programmation ; et vous serez informés des réalisations du Maghreb des films et contribuerez à animer l’association. Rendez-vous à la page Association du site :http://maghrebdesfilms.fr/Bulletin-d-adhesion

Le Maghreb des films