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TOULOUSE - 14 JUIN : ATH YANNI PAROLES D’ARGENT

mardi 11 juin 2013

Arezki Metref

Je suis invité par notre ami Zoubir à présenter le film

"Ath Yani, paroles d’argent"

vendredi 14 juin à 19 heures à

Porte de la Fontaine
"Pizzeria Belfort"
2 , rue Bertrand de Born 31000 Toulouse
05 62 73 00 74

La projection de 52 m sera suivi d’un débat animé par mon ami Abdelmadjid Kaouah

Voici ce qu’avait écrit La dépéche de Kabylie à sa sortie


Des images qui s’écoutent…

D’une durée de 52 minutes, toutes passionnantes, le film, réalisé avec la participation des villageois d’Ath Yenni, offrait différentes facettes, art culinaire, élevage, artisanat et agriculture, riches en couleurs, d’une région belle et rebelle.

Attendu sur le terrain fertile et fiévreux de l’écriture romanesque, poétique et journalistique, Arezki Metref, a réussi, magistralement, à prendre à contre-pied son public en mettant le voile sur un autre mode d’expression et de création à savoir le film documentaire. Un enrichissement de plus.

En effet, en donnant naissance à cette oeuvre aux "images qui s’écoutent" sur sa région natale, intitulée, Ath Yenni, Paroles d’argent, projetée, en avant première, avant-hier soir, à la salle Ibn Zeydoun à Alger, Arezki Metref, l’enfant terrible d’Agouni Ahmed, vient de donner la juste mesure de son talent qu’on croyait, jusque-là habité par les démons de la plume. Une foule nombreuse, dont, la mère Metref, l’autre réalisateur, Jean-Pierre Lledo, la cantatrice, Fatma-Flora Mouhoub, ont tenu à accompagner le réalisateur dans cet ultime test.

D’une durée de 52 minutes, toutes passionnantes, le film, réalisé avec la participation des villageois d’Ath Yenni, offrait différentes facettes, art culinaire, élevage, artisanat et agriculture, riches en couleurs, d’une région belle et rebelle. Premières scènes : sensuelle, une voix féminine présente dans un kabyle parfait, la région Ath Yenni, la colline oubliée, chère à Mouloud Mammeri, figure emblématique de la région et de l’Algérie. À défaut d’archives historiques, c’est la légende, incarnée par la tradition orale et relayée par les sages et les vieux de la région, qui prend le pas.

L’histoire d’Ath Yenni composée de 7 villages, dont Ath Lehsen, Ath Mimoun et Ath Larbaâ, avant de connaître une autre extension, est passée au peigne fin. Aucun détail n’est laissé. Idriss Mammeri, disparu après la réalisation du film et pour lequel Arezki Metref dédit l’oeuvre, rapporte que Ibn Khaldoun considérait la tribu d’Ath Yenni comme la plus remarquable dans la région des Zwawa.
Évoqué dans La Colline oubliée, roman phare de Mammeri, Tâassats, place publique du village et de veillées contre l’intrusion ennemie, est mise elle aussi sous les feux de la rampe.

Réputé pour la splendeur de ses bijoux, Ath Yenni était connu comme une fabrique d’armuriers avant que l’armée française n’oblige les villageois à surseoir à cette activité. Au fil des minutes, le film égrène les traditions et coutumes ancestrales comme ce code régissant le fonctionnement du village qui oblige les personnes récalcitrantes à porter les armes contre les colons, à un exercice pas du tout honorant : celui de passer sous "Lmaoun" engoncé d’une fouta. Un véritable exercice de mépris. Un intervenant raconte que des familles portent de nos jours comme un point noir cet épisode infamant de l’histoire.


Autre visage de la région : son hospitalité légendaire, comme chanté d’ailleurs par le célèbre poète Youcef Oukaci. Le film d’Arezki Metref change de ton et d’images pour présenter Mouloud Mammeri, ses œuvres et son combat pour la vulgarisation de la culture des Gouraras. Une image de toute beauté, montrant une stèle de Mammeri érigée au milieu d’un carrefour, rappelle combien ce symbole adulé et respecté du village est omniprésent dans la mémoire collective de toute une région, fière de ses enfants. Dda Lmouloud, dixit une voix de jeune fille, aimait jouer aux cartes avec ses semblables au café maure, le cœur du roi.

Un exemple inénarrable d’une personne pétrie d’humilité et de simplicité.

D’autres figures scintillantes, et non des moindres, sont également évoquées dans ce documentaire, à savoir Idir et Brahim Izri, tous deux enfants prodiges d’Ath Yenni ayant consacré leurs vies durant pour la promotion de la chanson kabyle. Le réalisateur a eu également une pensée pour la génération d’aujourd’hui. Des jeunes, un animateur de l’association culturelle, un jeune chanteur et un autre issu d’une famille venu de M’sila, ont pris la parole pour dire leurs problèmes et leurs ambitions.

"La solitude nous tue. Lors de l’hiver passé, la bonbonne de gaz a frôlé 1000 DA. Celui qui n’a pas de quoi payé est-t-il condamné à mourir de froid ?", s’interroge ce membre de l’association. Autre point d’orgue du film, lorsque des notables et des jeunes ont battu en brèches les idées selon lesquelles Ath Yenni est un foyer pour le prosélytisme. Le documentaire conclut son voyage initiatique en fixant le visage angélique d’un petit enfant, symbole d’espoir.

À signaler que le film projeté en kabyle, doublé en langue arabe sorti à l’occasion de l’Année de la culture arabe à Alger, sera projeté sur les écrans, comme l’a affirmé le réalisateur, à Tizi ouzou et Ath Yenni durant la saison estivale.

Hocine Lamriben

sources : “La Dépêche de Kabylie”