Accueil > CULTUREL > AUTOUR DE LA SORTIE DU LIVRE DE AMEZIANE KEZZAR : « BRASSENS TUYAC D ISEFRA (...)

AUTOUR DE LA SORTIE DU LIVRE DE AMEZIANE KEZZAR : « BRASSENS TUYAC D ISEFRA »

mardi 17 février 2015


Restitution vidéo de la rencontre littéraire
du mercredi 10 décembre 2014

L’ACB ouvre les guillemets à Ameziane Kezzar

pour « Brassens Tuyac d isefra »
« Brassens Chants et poésies »

(Ed. Achab )

rencontre suivie d’une dédicace

Animé par Arezki Metref et Hend Sadi

Introduction musicale par Belaid Branis

Il fallait de l’audace pour s’attaquer à Brassens, il en faut encore plus quand il s’agit de le publier en kabyle. Comment retrouver l’esprit corrosif et vivifiant d’un chansonnier devenu l’un des symboles de l’identité française, même pour ceux qui n’apprécient pas son esprit ? Ce Brassens s’adapte-t-il au climat de la farouche et rocailleuse Kabylie ?

Il ne s’agissait pas pour Ameziane Kezzar de traduire mot-à-mot les textes du chanteur moustachu, mais de les adapter, de les transplanter dans une terre qui ignore tout de lui.
La greffe a si bien pris que l’on croirait lire Brassens en kabyle, et qu’à la fin de la lecture, on se demande si on a lu le texte français ou le texte kabyle.
Pourtant, paradoxalement, les images, les références, les noms utilisés par Ameziane Kezzar sont kabyles, mais ce qui reste après la lecture c’est l’esprit de Brassens.
L’adaptateur réussit ainsi ce que préconisait Baudelaire pour les apprentis poètes, la recherche de « l’unité de sens et d’impression ».

Si Brassens a chanté la liberté c’est d’abord celle de dire ce qui lui plaît. C’est cette liberté qu’Ameziane Kezzar revendique dans son adaptation en kabyle des chansons de Brassens.

Il a réussi à rendre la musique et le rythme particulier aux paroles de Brassens en variant les rythmes et la prosodie, car il s’agit aussi de renouveler les formes fixes de la poésie kabyle en mettant à distance une forme poétique qui se meurt dans son carcan si-mohandesque et en lui substituant des formes plus complexes, plus nourrissantes, moins étriquées.

Renouveler les formes traditionnelles de la poésie kabyle, A. Kezzar s’y était déjà essayé, notamment dans « Aγyul n Ǧanǧis », mais dans ce recueil il pousse la « subversification » sur plus de deux cents textes, dont pas un n’est comparable à l’autre.
La chanson de Brassens est saturée de références culturelles tirées de la littérature voire pour certaines de l’érudition. Mais toutes se font avec le sourire amusé de quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux, qui ne se prend ni pour un poète ni pour un érudit.s’adresse à son auditoire et cherche à lier avec lui complicité et connivence.

Comment rendre ces références compréhensibles pour les Kabyles ?
plusieurs choix s’offrent au traducteur : soit transposer ces éléments culturels dans le monde de références de la langue, soit leur trouver des équivalents, soit les transformer pour les rendre plus efficaces, ou les garder pour enrichir la culture dans laquelle elles sont transplantées.
C’est ce dernier choix que fait Ameziane Kezzar, tout en se permettant quelques transpositions.
En effet, adaptation selon Ameziane Kezzar ne signifie pas effacement de ce qu’il y a d’irréductible dans les textes de Brassens. Le but du traducteur est à la fois de faire comprendre le texte mais aussi de dépayser son lecteur, de lui montrer un autre monde possible.

Il est certain que l’élément le plus difficile à transposer ce sont les thèmes abordés par Brassens, le plus souvent scandaleux ou simplement provocateurs.
Comment rendre l’adultère, la nymphomanie, le cocuage dans une culture qui a souvent placé son honneur dans la sexualité contrôlée des femmes ? Eh bien, tout simplement. Loin des regards hypocrites sur la société kabyle, Ameziane Kezzar reste fidèle à Brassens et écorne avec brio et finesse le fameux nnif kabyle. Mais l’humour et la finesse prémunissent de l’accusation de vulgarité.

Non seulement Ameziane Kezzar rend ici hommage à un libre-penseur, chansonnier, taquin et provocateur, mais ses adaptations portent en elles toutes les possibilités de la subversion et de l’hymne à la vie.
Sans gravité et avec légèreté, ce qui manque à la société kabyle, elles peuvent être le premier pas vers une tradition de chansonniers capables de la décrire sans concession et sans la nostalgie de l’identité perdue, sans jugement aussi.
Libération par les mots nécessaire et salvatrice dans une société qui transforme sa culture en objet de musées.

Si ces adaptations ont atteint leur but, elles enrichiront l’inspiration kabyle de nouvelles thématiques, et elles permettront peut-être quelques minutes de joie et de bonheur sur un air de guitare libérateur.

Ecoutez, lisez ces chants d’un autre temps pour éveiller en vous l’esprit carnavalesque et réjouissez-vous de leur fraîcheur.

Présentation pour l’ACB (Introduction de Mohand Lounaci)

https://www.youtube.com/watch?v=CpIIfWBx7Ns


Pour écouter

J’ai rendez-vous avec vous

Paroles Ameziane Kezzar « Brassens Tuyac d isefra » (« Brassens Chants et poésies »)
musique de Belaid Branis

cliuer sur le lien (...)

https://www.youtube.com/watch?v=W_FB6Fr1A1s


Voir en ligne : http://www.acbparis.org/index.php?o...