MES VOEUX POUR L’ANNEE 2010

Ami(e)s internautes et visiteurs du site “SOCIALGERIE »

Comme vous tous, en cette période anniversaire de l’agression barbare contre la population de Gaza et de sa résistance patriotique, ma première pensée va vers le peuple frère de Palestine. Pour lui souhaiter des progrès substantiels dans la voie de son unité d’action. Pour saluer aussi l’élan de solidarité exemplaire des marcheurs venus du monde entier, acculant les agresseurs sionistes et leur complice du Caire à se démasquer et s’isoler davantage.

Permettez moi aussi en cette occasion, de remercier tous ceux et toutes celles qui ont accompagné depuis six mois les premiers pas de ce site. Vos apports et suggestions critiques et constructives nous ont davantage convaincu de l’utilité de cette entreprise.

L’année nouvelle verra s’accentuer nos efforts de sauvegarde et de diffusion des documents, témoignages, récits et opinions qui ont jalonné l’histoire, le plus souvent méconnue ou déformée, du mouvement social algérien et de ses apports aux luttes et transformations présentes et à venir.

Ces dernières semaines, vous l’avez certainement remarqué, des difficultés pratiques et techniques ont momentanément ralenti ou même stoppé la mise en ligne de nombreux matériaux initialement programmés.

Ces difficultés sont maintenant dépassées, avec le concours d’amis bénévoles qu’on ne saurait suffisamment remercier.

Dès les premières semaines de 2010, va reprendre la mise en forme et la diffusion de nombreux documents, échanges et témoignages, ceux dont la publication aurait été opportune avec l’actualité au cours des semaines écoulées et ceux bien plus nombreux encore, qui se sont accumulés grâce aux apports et contributions croissantes des acteurs et témoins des décennies écoulées.

En adressant mes voeux de santé et bonheur personnel à chacun de vous, je voudrais, avec vous tous , souhaiter que notre peuple et l’ensemble du genre humain, commencent en 2010 à voir poindre des signes d’espoir plus tangibles d’un monde nouveau. Une humanité de plus en plus libérée des affres de la faim, de la peur, de la haine, en un mot des stigmates de l’oppression et de l’exploitation dont le capitalisme mondial a porté les diverses formes au plus haut niveau dans l’Histoire.

Mettre l’expérience, les efforts et les sacrifices des générations passées au service des aspirations et des besoins des générations nouvelles, cela reste l’ambition de « SOCIALGERIE ».

Le diaporama (en pièce jointe) que certains d’entre vous ont sans doute déjà vu, accompagne mes vœux pour 2010.

Avec Einstein et son émerveillement entre « les deux infinis », on ne saurait trouver meilleure réponse aux interrogations et attentes des individus et des peuples face au vertige de l’existence humaine :

ETRE ET AGIR DANS LE PRESENT !

URGENCE EXTREME, APRES COMME AVANT COPENHAGUE

SOCIALGERIE a reçu de plusieurs de ses visiteurs d’ horizons idéologiques différents, des appels urgents. Ils visent tous à relayer et intensifier la mobilisation en faveur d’un accord international à la hauteur de l’enjeu mondial. Il est vital, il résume en lui nombre des graves contradictions et des méfaits des systèmes impérialistes.

Les résultats de Copenhague seront bien au dessous des attentes et des besoins de l’humanité. Quels que soient ces résultats, les mobilisations actuelles sont surtout un appel et un jalon à poursuivre, après Copenhague, les actions et les rendre plus massives. Après comme avant Copenhague, les cercles capitalistes dans leurs différentes expressions confirment leur volonté de ne sacrifier en aucun cas ses profits immédiats à la sauvegarde des intérêts et du bien communs. La lutte pour préserver les générations nouvelles et l’avenir de la planète est un des besoins les plus radicaux des peuples du monde. Il reste beaucoup à faire, malgré nombre d’initiatives méritoires, pour que l’Algérie, gravement menacée elle aussi de plusieurs façons, s’éveille à l’unité d’action dans ce domaine capital.

A Copenhague, le sommet de la dernière chance pour arrêter la catastrophe climatique s’annonce comme un échec; seule une pression citoyenne massive peut sauver les négociations. Signez la pétition ci-dessous pour en faire la plus grande de toute l’histoire :

Signez la pétition!
A trois jours de la fin de négociations cruciales pour le climat, la Conférence de Copenhague s’annonce comme un échec.

Aujourd’hui et demain, les dirigeants du monde entier arrivent à Copenhague pour un round inédit de 60 heures de négociations directes. Les observateurs s’accordent à dire que sans une pression accrue de l’opinion publique en faveur d’un vrai accord, la conférence ne permettra pas d’arrêter le réchauffement planétaire de 2 degrés dont les conséquences seront désastreuses.

Cliquez ci-dessous pour signer la pétition en faveur d’un vrai accord à Copenhague — cette campagne a déjà rassemblé un nombre impressionnant de 11 millions de signataires – il nous reste 72 heures pour en faire la plus grande pétition de toute l’histoire ! Le nom de chaque signataire sera lu à Copenhague. Signez à partir du lien ci-dessous et faites passer le message à tous!

http://www.avaaz.org/fr/save_copenhagen_africa

Une équipe d’Avaaz rencontre tous les jours les négociateurs au sein de la Conférence, ce qui va permettre d’organiser une remise de pétition spectaculaire à l’arrivée des Chefs d’Etats et de gouvernements. Un gigantesque mur de cartons contenant les noms des signataires de la pétition sera dressé et le nom de chaque signataire sera lu. Face à la plus grande pétition de toute l’histoire, les dirigeants prendront conscience que le monde les observe.

Des millions de personnes ont vu à la télévision la veillé d’Avaaz qui s’est déroulée à l’intérieur du sommet et pendant laquelle le Prix Nobel de la Paix Desmond Tutu a déclaré, face à des centaines de représentants et d’enfants :

“Nous avons marché à Berlin et fait tomber le mur.
« Nous avons marché en Afrique du Sud et fait tomber l’apartheid.
« Nous avons marché à Copenhague — et nous ALLONS obtenir un Vrai Accord .”

Nous devons donner à la Conférence de Copenhague le plus large mandat jamais accordé pour arrêter la plus grande menace à laquelle l’humanité est confrontée. L’Histoire va se dessiner dans les tous prochains jours. Comment nos enfants se souviendront-ils de ce moment? A nous de pouvoir leur dire que nous avons fait tout ce qu’il était possible de faire.

http://www.avaaz.org/fr/save_copenhagen_africa

Avec espoir,

APRES LES MATCHS DU CAIRE ET KHARTOUM

Les indignations, certaines légitimes et d’autres non, se sont déchaînées au dela de la sphère purement sportive. Dépassant les émotions, nos compatriotes passent à juste titre à l’analyse des passions soulevées pour en éclairer les dessous et les enseignemements.
Parmi les opinions reçues, SOCIALGERIE signale aux visiteurs du site celles d’entre elles délibérément tournées vers l’avenir. Celles qui sont susceptibles d’aiguiser la réflexion contradictoire et l’action unie des peuples et des travailleurs face aux problèmes communs et menaces énormes. Les défis déjà redoutables sont en passe de s’aggraver dans l’ensemble des mondes arabe, méditerranéen et africain. Ci- dessous deux opinions ont attiré notre attention. Au delà des opinions de chacun, l’écoute et le débat en valent la peine …


Sur le site de BABELMED, Yassin Temlali signe trois textes d’investigation, qui s’interrogent e particulier sur le rôle des media dans le monde arabe:

1. L’histoire véridique d’une inimitié imaginaire – Yassine Temlali – 09 décembre 2009)

2. La bataille imaginaire de Khartoum – Yassin Temlali – 9 décembre 2009

3. Les régimes s’en mêlent – Yassin Temlali – 9 décembre 2009

Le mieux est de consulter directement ces textes sur le site :

http://fra.babelmed.net/


De son côté, Hocine BELLALOUFI nous fait parvenir le texte intitulé:

De quelques leçons politiques d’une compétition de football

L’article n’ayant pas été mis en ligne par son auteur, SOCIALGERIE vous en fournit ci-dessous la reproduction intégrale

L’équipe nationale de football a fini par arracher sa qualification au Mondial de 2010. Mais au-delà du sport, et au moment où la machine officielle à récupérer l’évènement pour le compte du pouvoir tourne à plein régime, la séquence que nous venons de vivre s’avère extrêmement riche d’enseignements, pour tous ceux qu’intéressent le devenir politique de notre pays. En voici quelques uns.

C’est le régime de Moubarak qui est responsable et non le peuple égyptien

En dépit de grandes différences entre eux, les régimes politiques égyptien et algérien sont tous deux autoritaires et non démocratiques. Cela autorise-t-il, dans l’affaire qui nous concerne, à les renvoyer dos à dos, à décréter par un effet de fausse symétrie qu’ils portent la même part de responsabilité ? Nous ne le pensons pas. On se rappelle en effet que les joueurs de l’équipe nationale égyptienne furent accueillis avec des roses à Blida. Aucun incident, aucune agression ne se produisirent avant, pendant ou après le match. Jamais l’événement ne sortit de son cadre sportif. Il en fut tout autrement au Caire, où les joueurs et le staff de l’équipe nationale puis ses supporters tombèrent dans un véritable traquenard.

Le responsable de cet état de fait est le régime policier de Hosni Moubarak qui sévit au Caire et qui avait les moyens d’empêcher les graves dérapages des médias locaux privés et surtout publics. Non seulement il ne l’a pas fait, mais il a au contraire jeté de l’huile sur le feu en vue de conditionner son opinion publique et de dévoyer le fort mécontentement social et politique du peuple égyptien en l’orientant vers un « ennemi extérieur » à sa portée, l’Algérie. Qui peut croire que de simples citoyens égyptiens auraient pu s’attaquer impunément aux joueurs de l’équipe nationale et aux supporters algériens, puis à l’ambassade, s’ils n’avaient pas reçu le feu vert latent ou, pis encore, s’ils n’y avaient pas été encouragés en sous-main par les autorités ? On sait que les Egyptiens, qui subissent un régime policier où la torture est monnaie courante dans les commissariats de quartier, sont majoritairement opposés à la soumission de leur pouvoir à Israël, aux Etats-Unis et à l’Union européenne. Pourtant, les Israéliens peuvent venir faire du tourisme en toute tranquillité sur les bords du Nil et de la mer Rouge. La redoutable police égyptienne veille au grain, contre son propre peuple.

Evidemment, il ne s’agit pas d’excuser les supporters égyptiens, ou les policiers égyptiens déguisés en supporters, qui ont directement agressé les Algériens sur place. Mais il s’agit de dire à notre opinion publique que ceux qui, parmi eux, étaient sincères, sont autant coupables que victimes. Car ils sont aliénés, chauffés à blanc et préparés, par le puissant appareil de propagande du pouvoir de Moubarak, à « casser de l’Algérien ». Quand des gens logent toute leur vie dans des cimetières, survivent de petits boulots ou de petits trafics, quand ils n’arrivent pas à joindre les deux bouts et n’ont aucun avenir social, il est extrêmement facile de les monter contre un ennemi imaginaire forgé de toute pièce en vue de faire oublier les difficiles conditions d’existence et l’oppression quotidiennes. Le régime égyptien le fait depuis des années contre la résistance libanaise menée par le Hezbollah, l’Iran et les chiites… pour le compte de ses maîtres américains et de ses amis israéliens. Il l’a fait contre l’équipe algérienne à l’occasion du match du Caire en vue de créer une unité nationale factice autour d’un régime corrompu et personnel qui prépare la succession du Roi Moubarak.

Il ne faut pas rentrer dans son jeu car lui seul a intérêt à ce que les peuples algérien et égyptien se détestent et se livrent une guerre verbale et une guéguerre de quartier à l’occasion de chaque rencontre sportive. Le peuple qui a enfanté des Taha Hussein, Djamel Abdennasser, Cheikh el Imam, Ahmed Fouad Nadjem, le général Saad Eddine Chazli, Henri Curiel, Youcef Chahine et autres Neguib Mahfoud ne peut être notre ennemi. Les Algériens doivent savoir que d’illustres voix égyptiennes se sont élevées contre la campagne anti-algérienne du régime Moubarak. Elles furent étouffées. Ce sont elles qui expriment le sentiment profond du grand peuple égyptien et qui doivent nous éviter de tomber dans la haine à l’égard de ce peuple.

Il convient de refuser l’escalade et le déchaînement des passions nationalistes chauvines. Israël se frotte ouvertement les mains de l’antagonisme qui se crée entre les deux pays. Il faudra travailler dur pour reconstruire l’unité des deux peuples algérien et égyptien sur la base de leurs intérêts communs contre l’impérialisme en défense de leur indépendance économique et politique nationale, de la justice sociale et de la démocratie.

La responsabilité de la FIFA et de la CAF

À la suite de l’agression des joueurs et du staff de l’équipe nationale devant leur hôtel au Caire, la FIFA et la CAF auraient très bien pu enrayer la machine infernale déclenchée par le régime policier et corrompu de Moubarak. Il aurait simplement fallu que ces deux institutions « sportives » fassent preuve de fermeté et qu’elles respectent leur propre règlementation. Mais il faut là aussi le réaffirmer sans détour à tous les supporters sincères de l’équipe nationale et à tous les amoureux du ballon rond : cela fait belle lurette que la coupe du monde de football et les jeux olympiques ne sont plus des événements sportifs, s’ils le furent d’ailleurs un jour… La FIFA et le CIO sont des multinationales qui brassent des milliards de dollars annuellement. Le sport n’est qu’un prétexte, une affaire qui profite aux grands bonnets du football mondial ou de l’ « olympisme » et à leurs sponsors. Cela fait longtemps que l’esprit du sport à quitté les compétitions internationales. Les transferts de joueurs aussi faramineux qu’indécents, les compétitions truquées, les champions dopés, voilà la réalité actuelle du sport mondial. Aucune sphère de la vie sociale n’échappe à la logique capitaliste qui gouverne le monde. Pas plus le sport qu’un autre domaine. Est-il normal qu’un joueur de football, véritable gladiateur des temps modernes dont la fonction est d’amuser le peuple en le détournant de son malheureux quotidien, soit vendu à des dizaines de millions d’euros par des clubs de football qui ne sont que des entreprises financières, alors que des milliards de personnes sont victimes de famine, d’épidémie, n’ont pas accès à l’eau potable, survivent dans des bidonvilles, n’ont pas de revenus ?

A l’heure de la domination néolibérale, le football international constitue une fabuleuse poule aux œufs d’or. Il constitue également un moyen d’encadrement et de contrôle des masses en général et de la jeunesse en particulier. Il ne peut de ce fait échapper au politique. Aujourd’hui, le football association est dominé par les pays européens qui s’appuient en retour sur leurs alliés politiques dans les pays du tiers-monde. Dans ce système, le régime égyptien occupe une place de choix. C’est un allié docile des grandes puissances impérialistes et il dispose d’un poids surfait au sein de la CAF. Il bénéficie également du soutien total des instances officielles de la FIFA. Blatter a déclaré il y a quelques mois qu’il n’envisageait pas la coupe du Monde en Afrique du Sud sans l’Egypte. Il s’agit là de l’expression de ses intérêts et non de simples sentiments. Blatter ne s’intéresse nullement au sort de la majorité des Egyptiens qui vivent dans la misère et sont écrasés par la dictature pro-sioniste de son ami Moubarak.

La lourde responsabilité du pouvoir algérien

Devant l’attitude criminelle du régime Moubarak et le silence complice de la FIFA et de la CAF, nos gouvernants auraient très bien pu, eux aussi, stopper l’engrenage infernal dès l’incident du car à l’hôtel du Caire. Il aurait fallu pour cela qu’ils fassent preuve de fermeté, qu’ils démontrent, en actes et non plus en discours, que « l’Algérie est revenue sur la scène internationale comme pays respecté ». Ils ont préféré adopter un profil bas. Au lieu de prendre la parole publiquement, comme savent ou savaient le faire les grands politiques (Fidel Castro, Hugo Chavez, Djamel Abdennasser, Houari Boumediene…) et d’exiger du régime Moubarak qu’il assure la protection de ses hôtes algériens et de la FIFA qu’elle annule le match du Caire ou impose le hui clos, ils se sont tus, abandonnant, comme l’ont très bien rapporté les médias nationaux, les joueurs et les supporters à la vindicte et aux agressions fomentées par la dictature de Moubarak. La télévision officielle, l’Unique, aux mains du régime n’a même pas été capable de montrer les images de l’attaque contre le car qui transportait les joueurs alors que ces images circulaient sur toutes les télés et sur internet.

Cette faiblesse de nos dirigeants, au moment crucial, a encouragé les agresseurs qui se sont fait passer pour des victimes. Puisque les joueurs et les supporters algériens étaient ainsi abandonnés, ils pouvaient s’en donner à cœur joie. Les sbires du régime policier de Moubarak ne se sont pas fait prier pour redoubler d’agressivité à l’égard de civils venus en pays frère.

La faiblesse de nos dirigeants a fait d’autres victimes, les Egyptiens habitants dans notre pays dont certains ont failli se faire lyncher à M’Sila et ailleurs par des foules qui voulaient se faire justice elles-mêmes devant l’absence de réaction officielle digne de ce nom. Il ne s’agit pas, là aussi, d’excuser ceux qui ont assiégé les domiciles de familles et de travailleurs égyptiens ou qui les ont menacés. Leur attitude chauvine voire raciste est inadmissible et ne doit pas être tolérée ni justifiée mais combattue. Il convient cependant, là aussi, d’affirmer que la responsabilité première de ces incidents incombe à nos dirigeants. S’ils avaient pris l’affaire en main dès le départ en indiquant clairement la responsabilité du régime égyptien et en expliquant que le peuple égyptien n’était pas responsable de cette dérive, les résidents égyptiens en Algérie n’auraient pas été inquiétés. Et si nos dirigeants avaient fait preuve de davantage de fermeté et de vigilance, depuis des années, à l’égard du groupe Orascom qui s’est installé en Algérie en terrain conquis – au détriment de l’opérateur public national Mobilis –, qui a cessé depuis deux années d’investir pour rapatrier ses fabuleux bénéfices et qui a vendu dans des conditions inadmissibles ses cimenteries au groupe Lafarge en contrepartie d’une entrée dans le conseil d’administration de cette société, la « rue algérienne » ne s’en serait sans doute pas pris aux boutiques Djezzy.

Mais peut-on demander à un régime qui a bradé El Hadjar, Asmidal, les ports d’Alger et de Djen Djen et qui était même prêt à brader les réserves pétrolières du pays d’adopter une attitude ferme à l’égard du régime dictatorial du Caire ? La fermeté, nos dirigeants la réservent aux travailleurs de l’éducation en grève tabassés sauvagement par la police pour s’être pacifiquement rassemblés devant « leur » ministère pour rappeler de légitimes revendications. La fermeté, ils la réservent aux habitants d’El Ançor qui se révoltent contre les atteintes à l’environnement qui provoquent de graves maladies dont sont victimes leurs enfants. Ils la réservent aux harragas qui cherchent à fuir un pays où on leur refuse tout avenir. La fermeté, ils la réservent aux défenseurs des droits de l’Homme de Ghardaïa ou aux habitants de Diar Echems et de l’intérieur du pays qui réclament leur droit au logement, l’accès à l’eau, à la sécurité routière, à la santé…

Aujourd’hui, une fois les incidents du Caire passés, le pouvoir tente de surfer sur l’immense mobilisation de la jeunesse algérienne en utilisant les milliards dont il dispose. Mais ceux-ci n’oublieront pas qu’au moment décisif, lorsqu’il fallait faire preuve de détermination, de fermeté et d’initiative, ils furent abandonnés. Le pouvoir dépense sans compter des milliards pour tenter de redorer son blason plus que terni, alors même qu’il refuse un salaire décent aux travailleurs de l’éducation qui ont en charge de former les générations futures.

Une bonne nouvelle, l’Algérie a un peuple mobilisé

Mais face à la démission du pouvoir, un nouvel acteur a envahi la scène politique nationale, exhibant sa force et son énergie débordante. Cet acteur, c’est la jeunesse algérienne. Les mêmes qui, quotidiennement, ne pensent qu’à quitter ce pays dont les dirigeants ne leur offrent aucune perspective – 25% de chômeurs juvéniles reconnaissent les experts du FMI venus à Alger quémander de l’argent à nos gouvernants après avoir étranglé le pays dans les années 1990 – se sont transcendés et ont réalisé des miracles. Au-delà du sport, du match, ils voulaient défendre les pauvres joueurs et supporters sans défense du Caire. Ils ont fait preuve d’une extraordinaire créativité artistique et technique, d’un sens peu commun du dévouement et de la solidarité, transformant les murs sales d’« Alger la blanche » en fresques à la gloire de leur équipe et de l’Algérie. Pas une Algérie nationaliste chauvine à l’égard des autres, mais une Algérie patriote qui cherche à donner espoir à son peuple et à améliorer son quotidien, celui des couches défavorisées en particulier. Il faut saluer l’effort des travailleurs d’Air Algérie (pilotes, personnel naviguant et au sol, techniciens…) qui ont transporté les supporters sans se faire payer ainsi que ceux des pilotes de l’ANP qui ont agi de même.

Ce formidable élan de la jeunesse algérienne ne pourra être récupéré par nos gouvernants car ils n’ont rien à leur offrir : ni études dignes de ce nom, ni travail, ni logement, ni loisirs… Ils ne cessent de parler de réconciliation. Pour eux, la réconciliation signifie que les victimes du terrorisme, les familles de disparus ou des victimes de 2001 en Kabylie renoncent à la vérité, à la justice, pour quelques malheureux dinars. Chantres du néolibéralisme qui ravage notre pays depuis des années, nos gouvernants ne comprennent pas que la soif de dignité, de justice et de liberté ne s’achète pas. Pour eux, la réconciliation signifie que les travailleurs sautent de joie après la misérable augmentation du SNMG, que les dockers acceptent le bradage des ports d’Alger et de Djendjen ainsi que les compressions d’effectifs, que les travailleurs de l’Education et de l’Enseignement supérieur acceptent de continuer à travailler pour un salaire de misère, que les jeunes sortis des centres de formation professionnelle ou des universités acceptent l’aumône des « emplois jeunes » et que les travailleurs de la santé (médecins et paramédicaux) fassent de même. Pour eux, la réconciliation signifie que les travailleurs d’El Hadjar acceptent que leur entreprise, qui fournissait en produits sidérurgiques le marché algérien en dinars, exporte désormais en devises pour le compte d’Arcelormittal afin que le pays importe en monnaie étrangère ce qu’il produisait hier dans ses propres usines. Pour eux, la réconciliation signifie que les familles qui s’entassent à 15 dans les 25m2 de tous les Diar Echems et Diar El Kef d’Algérie, acceptent docilement de continuer à vivre durant cinquante autres années dans ces conditions misérables, sans se plaindre, sans venir troubler la quiétude des habitants privilégiés des différentes « résidences d’Etat ». La réconciliation signifie dans leur bouche que les jeunes de nos villages et de nos quartiers populaires – qu’ils qualifient avec mépris d’« aaraya », parce qu’ils les ont effectivement dénudés en leur enlevant ou en ne leur donnant pas ce qui leur revient – ne doivent pas se révolter contre la corruption des autorités locales, les passe-droits qui permettent aux amis de s’approprier les logements dédiés aux démunis. Pas plus qu’ils ne doivent revendiquer l’accès à l’eau potable, aux soins de santé, au gaz, à l’électricité ou le bénéfice d’un réseau d’évacuation des eaux usées. La réconciliation, pour eux, c’est que les femmes continuent à être des citoyennes de seconde zone et que nombre d’entre elles finissent, du fait de lois injustes, dans la rue avec leurs enfants ou à l’hôpital, victimes de mauvais traitements et autres viols. Pour eux, la réconciliation signifie que l’on ne conteste pas leur soumission à l’impérialiste Union européenne qui, dans le cadre de l’UMP, les pousse à une honteuse normalisation avec Israël et leur assigne le rôle peu glorieux de gardes-frontière de l’Europe contre les pauvres émigrants clandestins du continent. Elle signifie leur acceptation des traités inégaux que constituent l’Accord d’association avec l’UE ou l’accord d’entrée à l’OMC actuellement en négociation. Voilà ce qu’ils entendent par réconciliation.

Un nouveau rapport de forces politique est en train de se construire

Mais ils se trompent, nos gouvernants, s’ils pensent qu’une victoire lors d’un match de football dissuadera les démunis et opprimés de revendiquer leurs droits. Le maintien de la grève des travailleurs de l’Education, en pleine semaine d’euphorie autour de l’équipe nationale, démontre que les problèmes ne pourront être dissimulés sous le tapis et que la détermination des travailleurs reste intacte. Les gouvernants devront négocier avec les représentants légitimes des travailleurs et leur faire des concessions. De même qu’ils ne pourront se dérober face aux légitimes et justes revendications des habitants de Diar Echems et d’ailleurs. Nos gouvernants pensent que le soutien des jeunes à l’équipe de Saadane et leur engouement pour l’emblème national signifient que ces derniers les soutiennent, comme si le drapeau était leur propriété. Ils se trompent lourdement et ne tarderont pas à le constater.

L’après qualification en coupe du monde ouvre ainsi une nouvelle phase au cours de laquelle une rude bataille politique et idéologique s’enclenche pour donner du sens aux événements que nous venons de vivre. Chaque force sociale tentera de décoder à sa manière cette séquence en vue de lui imprimer un contenu conforme à sa vision du monde et à ses objectifs politiques. Le pouvoir fait tout pour récupérer la joie et la mobilisation de la jeunesse. Il entend se l’approprier alors qu’il continue de mener une politique qui pousse une partie de cette jeunesse à prendre le risque de mourir en mer pour fuir son pays. Une politique qui en fait sombrer d’autres dans la drogue pour tenter d’échapper à un quotidien morose. Une politique qui laisse une majorité de jeunes démunis, hommes et femmes, sur le carreau car sans avenir social : ni travail, ni logement…

Il revient aux forces progressistes et démocratiques de donner un autre sens à cette victoire sportive. Non pas en l’abandonnant au pouvoir comme si elle était sienne car c’est ce qu’il attend. Et encore moins en se drapant dans une attitude de mépris à l’égard du vaste mouvement de solidarité et de joie de la jeunesse et de la grande majorité de notre peuple pour l’équipe de football. Non, il convient de disputer au pouvoir cette formidable mobilisation de la jeunesse en lui donnant un sens qui est la défense de l’économie nationale contre les Djezzy de toutes sortes, le combat pour la justice sociale afin que les travailleurs soient correctement payés et que les jeunes aient concrètement de l’espoir (formation, travail, logement…) et, enfin, la lutte pour la liberté c’est-à-dire la démocratie, l’émancipation des femmes, la liberté de conscience, l’égalité des langues du peuple… La plus grave erreur des forces progressistes serait de ne pas prendre part à cette bataille politique contre le pouvoir sous prétexte de son caractère asymétrique. Le pouvoir dispose effectivement de gros moyens auxquels il empêche les autres forces politiques d’accéder : médias lourds, salles de réunions, manifestations… Mais sa faiblesse réside dans le fait que ni la liberté ni la satisfaction des besoins sociaux du plus grand nombre ne figurent à son agenda politique. Dans ces conditions, la désillusion viendra fatalement. Et plus les forces progressistes résisteront, plus vite la conscience populaire s’affranchira des visions dévoyées que tente de lui vendre le pouvoir.

Les temps changent et l’une des leçons les plus importantes de cette semaine est que la mobilisation des jeunes a réimposé, pendant un court laps de temps, le droit de manifester dans la capitale. Car la reconquête de ce droit élémentaire viendra des habitants d’Alger. Ils peuvent y arriver même si nous n’en sommes pas encore là. Il faudra qu’ils s’organisent autour de leurs propres revendications dans des comités de quartier, d’immeubles, dans des syndicats de travailleurs, dans des associations de parents d’élèves, de femmes, de jeunes, de défense des droits de l’homme, de familles de harragas, de victimes d’erreurs médicales…

Si la grande masse des Algériens s’organise, se mobilise et entre en lutte, si une large alliance regroupe les travailleurs et la jeunesse pour défendre l’économie nationale, la justice sociale et la liberté, c’est-à-dire la démocratie, alors aucune force au monde ne les arrêtera.

Alger, le 5 décembre 2009 _ Hocine Belalloufi _ Journaliste


QUI SONT NOS FRERES ET AMIS ?

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Le texte de cet article, intitulé « Notre Frère », est paru en 1961. Je l’avais écrit puis envoyé à «France Nouvelle» (hebdomadaire du PCF).alors que j’étais depuis six ans clandestin et activement rercherché dans la capitale de l’Algérie en guerre, quadrillée et soumise quotidiennement aux crimes des colonialistes français.

J’y exprimais notre douleur et notre indignation à l’annonce d’un nouveau et grave méfait du régime du Caire, perpétré contre les forces progressistes du monde arabe dans l’éphémère R.A.U  » (République Arabe Unie) englobant de façon hégémonique la Syrie et le Liban. Cet épisode fut d’autant plus douloureux à nos cœurs de patriotes et communistes algériens, qu’avec l’ensemble de notre peuple, nous continuions à vibrer de sympathie et de solidarité envers les conquêtes anti-coloniales, économiques et sociales du peuple égyptien. Elles étaient malheureusement stérilisées, comme le confirmeront les décennies suivantes, par l’hégémonisme anti-démocratique et antisocial, qui portera progressivement un coup fatal au rêve légitime d’unité d’action des peuples et des Etats dans le monde dit « arabe ».

J’aurai l’occasion de revenir sur nombre de manifestations de cet hégémonisme aux visages multiples. Il a ravagé les espoirs de plusieurs peuples, et particulièrement chez nous où furent diabolisés tous ceux qui militaient pour une algérianité rassembleuse, révolutionnaire, démocratique, sociale, ouverte à toutes ses richesses culturelles et aux autres peuples de la région et du monde.

C’est pourquoi, à l’occasion de la flambée des passions chauvines actuelles, il convient non pas d’abolir le mot de « Frères » (tout comme ceux de camarades ou d’amis, porteurs de valeurs positives), ni de l’appliquer abusivement à ceux qui consciemment ou inconsciemment détruisent la fraternité des peuples, à ceux qui ont dévasté la cause de la libération arabe par les pratiques de la répression ou des complots prétendument scientifiques.

La vraie fraternité de lutte n’était pas un mirage, un faux semblant. Elle était vécue et intensément ressentie au niveau des peuples, elle avait accompli des miracles en de nombreux moments historiques. Mais elle ne se mesure pas aux slogans et formules hypocrites. Tout comme au sein des familles biologiques, elle se mesure dans les comportements, dans le vécu,à la façon dont sont réglés les litiges d’intérêt, les incompréhensions, à la façon dont sont affrontés ensemble et dans l’écoute mutuelle les dangers et les moments difficiles.


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NOTRE FRÈRE

par Sadek H A D J E R E S

( Alger, 1961)

Il était intellectuel brillant, un homme dont la simplicité égalait la culture, un patriote ardent plongé depuis toujours dans la lutte nationale de libération, un partisan de la paix infatigable. »Comme il refusait, ils le soumirent au courant électrique des dizaines de fois… l’arrosèrent plusieurs fois d’eau froide pour lui faire reprendre connaissance. Ils ne le laissèrent que lorsqu’ils fut devenu un amas de chair humaine sans mouvement … ». Ses bourreaux nièrent qu’il se trouvait entre leurs mains.

Frères Algériens dont la chair et l’âme crient depuis sept ans, et vous amis français à nos côtés dans les épreuves, vous avez cru reconnaître le calvaire d’Ali Boumenjel, dont l’absence est à nos cœurs une plaie qui n’en finit plus de se cicatriser. Ce n’était pas lui, mais l’un de ses frères dans le martyrologe de l’humanité: l’écrivain Faradjallah Hellou, représentant éminent des Lettres Arabes, et secrétaire du Parti Communiste Libanais, assassiné dans une prison de la R.A.U.

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Comment, nous Algériens, nous taire ? Il fut une longue période où le prestige inégalé du président égyptien emplissait en Algérie les pages des registres d’état civil de longues files de « Nasser » et « Nasséra », prénoms donnés aux nouveau-nés algériens autant en hommage à l’allié du Caire, qu’en heureux présage de victoire (« Nasser », en arabe, « victorieux »). Pour le combattant algérien, le nom de Nasser évoque le plus souvent un peuple frère, un pays d’où vient ou par où est passée la mitraillette qu’il serre dans ses mains, la couverture sur laquelle il s’étend à la fin d’une nuit de marche harassante. Il évoque une aide matérielle et morale qui, si elle n’est plus aujourd’hui la plus importante, fut l’une des premières sollicitées et des plus précieuses avant comme aux premiers jours de l’insurrection.

Mais c’est précisément au nom de l’Algérie, de ses intérêts sacrés et de son peuple crucifié, que notre protestation s’élève bien haut. Chaque jour nous prenons à témoin le monde entier des crimes perpétrés sur le sol algérien. Nous taire serait renier la malédiction jaillie en permanence de notre terre contre les tortionnaires. Nous taire serait accepter de voir réduite la portée des condamnations jetées du haut des tribunes internationales contre le colonialisme français par les délégués égyptiens. Il est hélas des avocats qui desservent la cause qu’ils défendent. Combien leur soutien serait plus efficace si dans le temps même où leur voix s’élevait contre la torture, ils bannissaient ces méthodes d’Egypte et de Syrie. Combien l’exemple de Djamila Bouhired torturée, porté à l’écran par des cinéastes égyptiens pleins de mérites gagnerait en force de conviction auprès des spectateurs du monde entier, s’il n’éveillait dans leurs esprits l’idée que le film prêche pour d’autres pays un respect humain ignoré en RAU !

On nous dira : mais les dirigeants égyptiens ne sont pas des colonialistes d’Europe ! Certes, et cela les condamne doublement. Au nom de quoi tolérerions-nous dans les rangs anti-impérialistes la barbarie que nous reprochons aux impérialistes ?

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Comment nous taire? Si les Algériens haïssent Godard et Massu, ce n’est pas pour leurs seules « méthodes ». Nous les haïssons à cause de ce qu’ils étaient chargés de tuer en nous, l’aspiration à la liberté et à l’indépendance. Dans les tortionnaires de Hellou, nous haïssons ceux qui voudraient tuer dans le monde arabe l’esprit de démocratie et dénaturer l’aspiration à l’unité arabe, si chère à notre peuple.

L’expression de « frères arabes » a lui au cœur de nos compatriotes au plus noir du cauchemar de ces sept années de guerre, elle a gardé pour nos grandes masses une précieuse signification culturelle et anti-impérialiste. Mais QUI sont nos frères ? Le bach-agha Boualem n’est pas notre frère. Ni Hussein de Jordanie. Ils ne le sont pas plus ceux qui déploient contre NOS VERITABLES FRERES l’acharnement qu’on aimerait leur voir déployer contre les ennemis jurés des peuples arabes.

Qui était Faradjallah Hellou, pour justifier cet acharnement contre lui? Etait-ce un de ces agents qui avaient aidé l’Occident impérialiste à sucer pendant des générations le sang et les richesses arabes? Non, ceux-là, anciens bonzes du Wafd et autres larbins ou patrons de Farouk, ont été amnistiés et ont regagné leurs riches demeures. C’est aux communistes, vrais fils et avant-garde du peuple, que Nasser s’attaque maintenant, ainsi qu’aux patriotes avancés, aux hommes de progrès, et même aujourd’hui à ceux des membres de son propre Parti (« Union Nationale ») en désaccord avec lui. Il s’attaque à des patriotes arabes qui soutiennent la cause algérienne jusqu’au bout, sans aucune restriction ni arrière-pensée. Il s’attaque à ceux qui pendant les années 50 notamment ont été les plus ardents et les plus lucides dans les batailles de l’évacuation contre l’occupant britannique, à ceux qui en mobilisant les forces populaires pendant l’attaque de Suez, ont contribué à faire de Port-Saïd un petit « Stalingrad » alors que l’armée de métier, soutien du régime, n’avait, pour le moins pas eu encore le temps de démontrer ses capacités face à l’écrasante collusion israélo-franco-britannique. Nasser s’attaque à ceux qui de notoriété mondiale comptent parmi les plus éminents et les plus avancés des représentants de la culture arabe, à tout ce qu’enfin des siècles d’histoire différenciée ont crée en Syrie de plus original et de plus digne d’enrichir, par son originalité même le fonds commun de la civilisation arabe.

Non, la fraternité et l’unité arabes ne sauraient pour nous emprunter ces chemins déshonorants.

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Comment nous taire ? Nous taire, ce serait ne pas contribuer à ouvrir les yeux de beaucoup de nos compatriotes sur certains aspects négatifs de la politique nassérienne. Ce serait ne pas montrer pourquoi celui qui continue d’être NOTRE ALLIE AU SEIN DU MOUVEMENT ARABE DE LIBERATION, cet homme qui a raconté dans un opuscule « La Philosophie de la Révolution », comment sa main avait tremblé et comment il s’était enfui une nuit plein d’horreur pour son geste alors qu’avec d’autres officiers il s’était proposé d’abattre des collaborateurs de l’occupant britannique, cet homme est en même temps le dictateur qui envoie froidement au bagne, à la torture et à la mort des milliers de ses compatriotes soucieux de mener la libération nationale et démocratique jusqu’à son terme.

Il n’y a aucun mystère. Il y a simplement le rôle décisif de la banque Misr et du grand capital égyptien, qui ne pouvant plus s’appuyer sur la vieille bureaucratie vermoulue et détruite, ont rapidement compris qu’il était mille fois plus rentable de poursuivre l’exploitation des ouvriers et fellahs du Nil en mettant à profit le dynamisme et l’avidité de certains milieux petits bourgeois et de la nouvelle bureaucratie militaire parvenue au pouvoir.

Les Algériens attentifs à toutes les expériences du monde arabe puiseront dans l’exemple égyptien une ample moisson d’enseignements : une réforme agraire limitée puis arrêtée dans le pays où la misère du fellah est proverbiale, le droit de grève inexistant, les syndicats domestiqués, des couches parasitaires en développement, le pillage en règle de l’économie syrienne, une révolution nationale qui s’essouffle et ne trouve d’issue que dans les visées expansionnistes (créant ainsi de nouveaux obstacles à l’unité arabe dont elle se réclame), ainsi que dans le double jeu qui permet la pénétration insidieuse en Egypte des monopoles impérialistes occidentaux, dans la phraséologie socialiste démentie par la politique anti-ouvrière et anticommuniste à l’intérieur et même à l’extérieur.

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Que Nasser, en signe de force, ne lance-t-il aux communistes arabes, au lieu de les réprimer, un défi pacifique par lequel il s’engagerait à réaliser au plus vite les objectifs qu’il proclamait il y a déjà bien des années !

Le flambeau de la démocratie et du vrai réveil arabe n’éclaire plus, hélas, pour un temps, la vallée du Nil. Mais de grands foyers libérateurs ont été allumés et sont attisés partout dans le monde arabe, non par une poignée de patriotes « pronunciamientistes », mais PAR LES MASSES POPULAIRES EN MOUVEMENT. L’un d’eux, jailli d’une étincelle des Aurès, éclaire en Algérie une paysannerie ardente, une classe ouvrière de plus en plus consciente de son rôle, un peuple aux riches traditions démocratiques. Tous ces foyers se rejoindront un jour de Casablanca à Bagdad, d’Alger au Cap. Ils rendront justice à Faradjallah Hellou, chaînon dans la pure lignée des martyrs communistes, annonciateur des temps nouveaux, parent par sa culture, son amour du progrès et du peuple de notre Cheikh Bendbadis qui disait « Le communisme est le levain du peuple » et du Cheikh Reda Houhou, fusillé par les colonialistes à Constantine.

Faradjallah Hellou est notre camarade, notre frère, le frère arabe véritable de notre camarade Ahmad Inal, lieutenant de l’ALN, torturé lui aussi pendant dix jours et brûlé vif par les colonialistes, qui écrivait dans sa dernière lettre à son frère : « … Le temps est proche où les victoires de notre peuple ne lui seront pas volées. Cela deviendra possible quand la classe ouvrière porteuse du plus bel idéal humain, le socialisme, pendra la direction des masses populaires. Alors la nation connaîtra le bonheur et la lumière et ses aspirations séculaires seront réalisées. »

BOLIVIE: SENS ET PERSPECTIVES D’UN SUCCES ELECTORAL

BOLIVIE

Que de calomnies les media capitalistes n’ont cessé de déverser sur le processus révolutionnaire en cours en Bolivie. Le texte ci-dessous vous livre le « secret » social du nouveau et récent succès électoral massif et non contesté de Evo Morales. D’autres facteurs tout aussi fondamentaux sont aussi en cause. En un mot, les succès se consolident lorsque convergent la justice sociale, la lutte anti-impérialiste et de justes relations démocratiques entre les identités culturelles.

Mais laissons s’exprimer une institutrice, chaque jour présente au coeur de sa société en mouvement. En deux lignes, elle vous livre l’un de ces « secrets » de la révolution bolivarienne, quelque chose de simple et de basique mais que les régimes d’exploitation et d’oppression précédents n’ont pas réalisé, et pour cause!

Irene Paz : « Moi, je suis enseignante et ce que je vois c’est que les enfants peuvent aller à l’école pleins d’espoir, parce qu’on leur y sert un petit-déjeuner »

lundi 7 décembre 2009, (repris du site Al Oufok)

Fort d’une large victoire aux élections présidentielle et législatives de dimanche, Evo Morales s’est engagé à renforcer l’ancrage à gauche de la Bolivie en matière économique et sociale.

La proclamation des résultats officiels n’était pas attendue avant lundi soir mais selon les sondages réalisés à la sortie des urnes et un décompte rapide, le chef de l’Etat sortant est crédité de 63% des voix au moins, soit une avance de plus de 35 points sur son principal rival, l’ancien gouverneur de droite Manfred Reyes Villa.

En outre, sa formation, le Mouvement vers le socialisme, s’adjuge les deux tiers des sièges tant au Sénat qu’à la Chambre des députés, toujours selon les sondages sortie des urnes.

« Les Boliviens nous ont confié l’énorme responsabilité d’approfondir cette transformation. Les Boliviens ont sanctionné ceux qui trahissent ce processus », a déclaré Evo Morales lors d’une conférence de presse.
Ses détracteurs lui reprochent d’avoir acheté les voix des électeurs en versant des aides en liquide aux familles pour la scolarité des enfants, le soutien aux mères au foyer ou encore le relèvement des pensions des retraités.

Le président bolivien répond que ces mesures sont la traduction d’une politique sociale résolue, à rebours des politiques libérales menées par ses prédécesseurs et qu’elles sont payantes politiquement.
« Moi, je suis enseignante et ce que je vois c’est que les enfants peuvent aller à l’école pleins d’espoir, parce qu’on leur y sert un petit-déjeuner », déclare Irene Paz, 36 ans, une habitante d’El Alto, un quartier pauvre à la périphérie de La Paz.
« Quand je leur demande ce qu’ils font de leur argent, certains disent qu’ils achètent une paire de chaussures. Ils n’en avaient pas auparavant », ajoute-t-elle.

La victoire d’Evo Morales, qui est âgé de 50 ans, consacre sa suprématie face à une opposition conservatrice affaiblie et divisée, liée à l’élite des affaires.
« Il est en train de changer les choses », dit Veronica Canizaya, ménagère de 49 ans ayant voté pour le président sortant, premier Amérindien à avoir accédé à la tête de la Bolivie. « Il aide les pauvres et construit des écoles et des autoroutes. »

Evo Morales, allié du président vénézuélien Hugo Chavez, a fortement augmenté les dépenses sociales pendant son premier mandat grâce notamment aux revenus tirés du secteur de l’énergie, nationalisé en 2006. La Bolivie est le premier exportateur de gaz naturel d’Amérique latine.

Ses adversaires lui reprochent de n’avoir pas réussi à augmenter la production, à développer la production de gaz naturel et à éradiquer la corruption au sein de la compagnie nationale de l’énergie.
L’ancien syndicaliste et ex-planteur de coca devrait renforcer la mainmise de l’Etat sur l’économie lors de son second mandat.
Il a promis de créer des entreprises publiques dans la cimenterie, le papier, les produits laitiers et le secteur pharmaceutique. Il veut que le pays se développe dans les secteurs du fer et du lithium de façon à ce que la Bolivie exporte plutôt des produits à valeur ajoutée plutôt que de matières premières.

La Bolivie, dont 60% des 10 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté, dispose des plus importants gisements de gaz naturel d’Amérique du Sud derrière le Venezuela et de très importantes réserves de lithium.
Le carbonate de lithium est le principal composant des batteries rechargeables qui équipent les ordinateurs portables, les téléphones mobiles et les appareils photo numériques. La demande pour ce métal pourrait exploser si les constructeurs automobiles se lançaient dans la fabrication à grande échelle de véhicules électriques.

De nombreux analystes prévoient un infléchissement de l’attitude d’Evo Morales vis-à-vis des entreprises étrangères lors de son second mandat.
En campagne la semaine dernière, le président bolivien a déploré que le manque d’investissements étrangers empêche le pays de développer ses capacités de raffinage du gaz naturel et d’autres produits dérivés. Il a admis qu’il devait tenter d’attirer les entreprises étrangères.

(Lundi, 07 décembre 2009 – Avec les agences de presse)

COLLOQUE KATEB YACINE CE SAMEDI 12 DECEMBRE

Lee vingtième anniversaire de la disparition de Kateb Yacine continue de susciter de riches initiatives des deux côtés de la Médterranée. Les organisateurs de ce nouveau colloque, qui se tient cette semaine à Paris, nous ont fait part du programme très diversifié et de haute tenue.Vous le trouverez en pièce jointe ci-dessous.