LE CRI DES MÈRES DE SOMALIE

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Alors que les hommes sont accaparés par la guerre, la religion et la drogue, des femmes prennent des risques pour retrouver leurs droits, leurs familles et leurs enfants.

Mogadiscio est une ville totalement abandonnée, ses populations laissées aux mains des miliciens. Le journaliste américain Charles Kituku, d’origine kenyane, séjournait la semaine dernière à Marseille après deux mois passés dans des quartiers de la capitale assiégée.

Il a assisté aux dernières absurdités des miliciens Shebab et Hezb al-Islam. Dans la plupart des quartiers de Mogadiscio qu’ils contrôlent, c’est l’obligation faite aux hommes de se faire pousser la barbe. Les populations se sont déjà vues interdire les cloches dans les écoles, les salles de cinéma, les danses folkloriques, la musique et le football. Des hommes acceptent tout selon lui, sans broncher, font la guerre comme des moutons, passent leur temps à mâcher le khat -drogue locale…

Expulsée de chez elle, sans ses enfants.

Le reporter raconte avoir été frappé par le courage d’Aïsha. La jeune femme tente de retrouver ses droits et ses enfants des mains d’un ex-mari ancien milicien. En Somalie, toute résistance aux hommes devient un acte politique. Comme les autres, elle porte le hidjab et a abandonné le soutien gorge, autres interdictions imposées par les miliciens islamistes.

Ce soir-là, lorsque le journaliste Charles Kituku la rencontre dans un petit salon de thé clandestin fréquenté par des soldats internationaux, Aisha a rassemblé une dizaine d’autres femmes, toutes désespérées comme elles, toutes fatiguées de rester des victimes sans voix de cette sale guerre menée principalement par les hommes.

Aisha aurait pu s’enfouir définitivement sous le poids du deuil, comme les nombreuses autres mères de sa condition. Sa famille a été en partie décimée dès le début du chaos dans le pays, en 1990. Son père, veuf et sans argent, la vend à une famille puissante à l’époque, c’est à dire proche d’un clan de miliciens qui régnait sur une partie d’un quartier pauvre de Mogadiscio. Elle fait deux enfants; quelques années après, à 35 ans, elle est congédiée parce plus vieille que les nouvelles épouses du mari…

Aujourd’hui, ce n’est pas son ex-époux qu’elle regrette évidemment, mais ses trois enfants: souvent dans ces situations, en cas de séparation, c’est la femme qui quitte la famille et la maison.

L’année dernière, elle a appris que l’un de ses fils a été tué aux combats dans le Sud de Mogadiscio. Les deux autres âgés respectivement de 11 et de 12 ans se battent toujours dans des milices rivales où son père les a placés, très probablement dans le cadre d’un ‘deal’ commercial.

Le commerce des jeunes soldats est devenu l’une des sources de revenus les plus prisés des géniteurs sans scrupules.

Des maris qui abandonnent les foyers.

Pour la mère, la nouvelle a d’abord été un assommoir. Mais elle a décidé de monter au front, juste pour ‘crier la colère’ , explique le journaliste qui l’a vue interpeller des soldats et des fonctionnaires de la mission de la paix, des passants étrangers devant les hôtels, etc…

Tous les mardis soirs, ce petit bout de femme voilée parvient à réunir chez elle une dizaine d’autres mères désespérées. Chacune présente ses doléances. Elles parlent de maris qui abandonnent les foyers, qui rentrent drogués et violents, de jeunes enfants qui sont vendus aux chefs miliciens ou aux époux riches lorsque ce sont des filles…

Des risques énormes.

Ces militantes n’ignorent pas pourtant qu’elles prennent des risques énormes. Dans les quartiers, même dans le secteur dit gouvernemental plus ou moins contrôlé par des soldats burundais et ougandais de la mission internationale, beaucoup de leurs compatriotes les appellent «les folles» . Aisha s’en fout: elle a fait de son combat une question de vie ou de mort.

La société somalienne a rarement toléré le militantisme féminin. Même avant l’actuel islamisme radical issue du wahabisme et sur lequel fondent leurs pratiques les milices les plus menaçantes, les mères et les jeunes filles sont traditionnellement confinées dans un rôle subalterne.

Les pionnières du mouvemment associatif somalien en ont déjà payé les frais, à plusieurs reprises, même lorsqu’elles étaient plus organisées et soutenues.

Par exemple, les activistes d’un collectif plus connu, la Coalition des organisations populaires de femmes (COGWO) ont souvent été accusées d’usurper les droits des hommes et ceux de Dieu.

La responsable de la Cogwo témoignait récemment vie Amnesty Internationale: «  Nous avons été pris pour cible et on nous a demandé, à mes collègues et moi, de dénoncer publiquement notre travail en faveur des femmes comme étant une activité criminelle. Nous avons reçu des menaces et plusieurs de mes collègues ont été tués ».

Pour ces femmes qui n’ont plus d’autre choix que d’affronter les bêtises des hommes, il ne s’agit pas de vouloir se mesurer avec les milices religieuses. Elles n’en ont pas les possibilités.

Leur stratégie pour le moment repose sur un travail de pédagogie et de plaidoyer: montrer qu’en réalité les pratiques de discrimination et les violences que les maris font subir aux femmes et à la famille ne sont pas conformes à la loi religieuse ni à la culture somalienne.

Aisha n’est pas restée longtemps à l’école, mais elle écoute la radio depuis plusieurs mois.

Elle a appris par exemple, raconte-t-elle au journaliste kenyan, que l »islam interdit formellement d’enlever aux femmes les enfants en bas âge, et qu’il exige respect aux femmes…

Dans ce chaos qui règne sur la Somalie, c’est justement cet attachement au droit qui donne l’espoir à ces femmes. Mais elles savent que leur situation ne s’améliorera de façon effective qu’avec le retour de l’Etat.

Repris par le site « Youphil », du blog « Chemk’Africa » de Edgar C. Mbanza, le 29/06/2010

DEUX INTERVENTIONS DE HOCINE AIT AHMED

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 » LE MAGHREB NE DOIT PAS RESTER EN MARGE DE L’HISTOIRE »

Allocution de Hocine Aït Ahmed

8ème Congrès du Parti du Progrès et du Socialisme

Bouznika (Maroc), 28 mai 2010

Chers camarades,

C’est pour moi un grand plaisir et un honneur de partager avec vous ces quelques moments de réflexion et de débat politique.

Je serai bref.

L’inflation de discours dans un contexte maghrébin aux promesses fabuleuses mais aux réalisations bien maigres a grandement contribué à dénaturer, dans l’écart qui se creuse entre le verbe et le geste, la vraie portée du politique.

Le militant politique n’est pas un faiseur de miracles. Ni un gladiateur des temps modernes. Il est, au mieux et quand les conditions de sa société le permettent, un citoyen conscient des enjeux du moment.

Je dis, quand les conditions de sa société le permettent, car pour un militant politique l’essentiel consiste à être ancré dans sa société sans pour autant se laisser enfermer dans les limites de cette dernière.

Or, en matière de conscience et de luttes politiques, des vies entières de militantisme se sont réduites à expliquer ce que militer veut dire.

Entre des archaïsmes, que l’adoption des nouvelles technologies croit pouvoir masquer judicieusement, et la loi d’airain d’un monde sans pitié pour les faibles, militer pour un monde meilleur, ici et maintenant, passe par une douloureuse et constante explication.

Explication, sans cesse repoussée, par des pouvoirs politiques que leurs choix enchainent à des postures autoritaires puis répressives puis carrément hostiles à l’égard de sociétés qu’ils ne cherchent même plus à comprendre.

Explication biaisée, au sein même de nos sociétés, où elle finit par se confondre avec la longue litanie de tout ce qu’il faudrait changer autour de nous et qui oublie de commencer par ce qui doit changer en nous.

Nous connaissons nos maux: sous-développement politique, économique et culturel. Nous connaissons, ou croyons connaitre, la solution: Le développement, la démocratie, la transformation de nos murs politiques.

Mais une vie entière de militantisme se résume souvent à chercher, chaque jour, le meilleur moyen de tisser des liens entre les mots et les gestes.

C’est en militant optimiste, quant aux possibilités que recèle notre beau Maghreb pour se frayer une place dans le monde de demain, que je vous exprime mon inquiétude de voir s’accumuler les signes de la régression régionale au moment où se redessinent les rapports internationaux.

Alors que des nations s’imposent sur la scène internationale sous le mot magique de pays émergents. Alors que ces nations, comme l’Inde, le Brésil, la Turquie ou l’Iran viennent disputer aux anciennes puissances coloniales et à l’hyper-puissance américaine le droit de régenter le monde, nous donnons encore l’image de tribus qui se cherchent sans cesse querelle et en appellent à l’arbitrage, voire à la protection, de ceux là mêmes auxquels les nations qui ont relevé les défis de la modernité contestent la conduite du monde.

Nous avons, certes, connu des moments plus durs par le passé, mais les temps qui viennent, s’ils ne sont pas abordés avec la lucidité et le sérieux qu’ils nécessitent, risquent de nous laisser en marge de l’histoire du monde.

Un monde où la lutte pour les ressources, pour la puissance, pour la vie tout simplement se fera au profit des nations qui participent à l’écriture de l’Histoire du monde et au détriment des nations en marge de cette histoire.

Une partie importante de nos élites a déjà déserté la bataille collective pour un Maghreb fort, démocratique et uni dans la conquête de ses intérêts.

Ceci n’est pas nouveau dans notre histoire.

Ce qui serait nouveau serait de réussir à repousser nos atavismes meurtriers, nos égoïsmes plus tribaux que nationaux et cette sorte de fatalisme qui nous pousse à accepter le pire quand le mieux nous semble trop lourd à porter.

Je vous ai dit que j’allais être bref, je vais donc m’arrêter là, pour l’instant en vous souhaitant le meilleur pour la conduite de vos travaux.

Après, si vous le souhaitez, nous pourrons parler d’avenir.

Hocine Ait Ahmed


ADRESSE DE HOCINE AIT AHMED

au CONSEIL NATIONAL DU FFS

( Session extraordinaire du 5 juin 2010 )

Chers amies, chers amis ,

Dans mon message adressé à la précédente session du Conseil National tenue le mois de mars dernier, je vous invitais à la préparation et à l’organisation de la Conférence Nationale d’Evaluation du parti . Dans ce message, je tentais de vous faire partager mes questionnements et vous indiquer quelques pistes de réflexion; je me promettais également de vous transmettre mes propositions concernant cette conférence à laquelle j’attache une importance décisive.

Avant d’entrer dans le détail de ces propositions, permettez moi de faire un détour ou un retour sur les aspects politiques de la situation dans le pays ainsi que dans le parti; non par coquetterie intellectuelle, mais parce que je voudrais vous alerter, vous inviter à la vigilance et dénoncer l’exploitation faite de certains événements de l’actualité politique nationale.

D’aucuns essayent de mobiliser sur des thèmes à caractère religieux, régionalistes et même ethniques. Ils poussent à une surenchère régionaliste, tout particulièrement en Kabylie, pendant que d’autres instrumentalisent l’extrémisme armé à des fins politiques surtout dans la région du Sahel.

Ces menées aventureuses, ces politiques de hasard procèdent d’une même approche stratégique qui met en péril l’unité et la cohésion du pays. Un éclatement qui serait parfaitement conforme au remodelage des Etats, pensé et voulu par les plus puissants; surtout quand l’Etat est fragilisé et le pouvoir illégitime.

Les pouvoirs illégitimes, même s’ils auraient des velléités de résistance à ce mouvement, sont incapables de faire face; ils n’ont d’autre choix que de se soumettre et de soumettre leur société par la violence.

Je réaffirme avec force que les Algériennes et les Algériens ont mené une guerre de libération exemplaire qui a marqué l’histoire des peuples colonisés; c’est bien la preuve qu’ils étaient une Nation jouissant d’une profondeur historique. Si les femmes et les hommes de notre pays ont refusé l’abdication et la soumission devant une des plus grandes puissances coloniales, non seulement sur toute l’étendue du territoire mais aussi en France, c’est qu’ils formaient un peuple uni et solidaire. Un grand peuple pour un grand pays.

Les apprentis sorciers qui se livrent à ces surenchères oscillent tous entre le délire individuel et la dérive collective.

Ne perdons pas de vue que l’actualité internationale montre que ces dérives politiques se situent, à tous les coups, en amont ou en aval de violations massives des droits de l’homme, de génocides, de crimes contre l’Humanité et de guerres civiles fratricides.

Ni pureté religieuse, ni pureté ethnique et ni pureté idéologique, ne peuvent constituer un projet politique viable.

Il n’appartient pas à un homme ou un parti politique conséquent de réaliser les fantasmes qu’ils soient individuels ou collectifs.

Depuis l’indépendance, nous faisons face au même régime qui mène les mêmes politiques. Depuis le coup d’Etat de janvier 1992, l’histoire balbutie en Algérie. Le pays est malade du vide politique voulu et organisé et de l’absence de gouvernants légitimes. C’est le facteur principal d’instabilité dans le pays.

Chers compatriotes , Mes amis

Demain sera aussi la conséquence et les résultats de nos actes d’aujourd’hui.

Je sais que c’est presqu’un miracle que le peuple algérien ait survécu à ce siècle. C’est presque un miracle que chaque enfant, chaque femme et chaque homme continue malgré tout, à faire face à un quotidien terrible.

Je n’ignore rien de vos meurtrissures, de vos blessures, de vos doutes mais aussi de vos espérances. Mais je connais la force, sans cesse renouvelée qui porte ce peuple à se dépasser. Je connais ses fureurs de vivre, de travailler, de voyager et de lutter.

Je n’oublie à aucun moment que certains ont choisi délibérément la vacance de la démocratie dans le pays. Alors me direz vous: à quoi sert un parti politique dans cet environnement mortifère et hostile; dans un Etat d’urgence permanent.

Je vous répondrai: Il y a toujours quelque chose à faire pour un peuple, un parti ou des hommes qui ont choisi la construction, la formation et la proposition politiques.

Je vous répondrai : C’est à faire et nous le ferons!

Je vous répondrai: Nous le ferons ensemble, nous le ferons avec tous ceux qui refusent de se soumettre ou de se résigner; j’ajouterai qu’aux horizons bouchés d’aujourd’hui, il est non seulement de notre devoir mais aussi à notre portée de faire face en traçant des perspectives d’avenir.

Nous voulons nous montrer dignes de ceux qui nous ont précédés et des générations futures. Notre parti s’inscrit dans la continuité historique du mouvement national et constitue un maillon important, un relais dans la chaine des luttes d’émancipation menées par les Algériennes et les Algériens. Nous avons d’abord besoin de débattre et de réfléchir.

Oui nous avons besoin de débattre en toute liberté de nos problèmes, de rejeter tous les conservatismes y compris ceux qui ont cours dans notre parti. Nous devons privilégier l’analyse politique et rigoureuse des faits pour échapper à l’intoxication de l’espace public. C’est le seul moyen de respirer, en phase avec notre société, c’est le moyen d’empêcher que les uns et les autres « décident de nos têtes au dessus de nos têtes ».

Nous avons notre projet, nous savons ce que nous voulons, nous avons la conviction profonde qu’un débat élargi s’impose pour répondre en toute lucidité et en toute cohérence aux exigences et défis de la situation.

Oui nous nous devons d’adapter et d’actualiser l’organisation de notre parti à la fois pour organiser ce débat et pour renouveler notre stratégie.

Après le pourquoi, le comment faire pour tenir une conférence nationale d’évaluation crédible.

Je vous propose les thématiques de débat qui m’apparaissent essentielles:

À quoi sert une organisation politique dans un contexte de fermeture brutale de l’espace public?

Peut-on continuer à considérer possible une voie légale et pacifique vers la démocratie? Quels types d’actions concrètes dans l’environnement actuel?

Alternances claniques ou alternatives politiques; quel contrat politique pour le pays?

Le débat sur l’économie peut-il ou pas échapper aux conditions qui perturbent les autres champs de la connaissance, en premier lieu l’opacité?

Quel est le processus de la prise de décision économique?

Nos statistiques sont-elles fiables ?

Quel bilan économique et quelles propositions ?

La question social: Inégalité et injustice; Pour un Etat juste responsable donc comptable aux Algériennes et Algériens

Les mécanismes d’alerte et de contrôle.

Dans une société au développement politique insuffisant l’absence de rente induit-elle des comportements plus rationnels et moins maffieux? Les richesses naturelles induisent-elles systématiquement une situation de rente?

Il me parait aller de soi que pour l’éthique et l’efficacité, cette évaluation doit répondre aux critères de transparence et de liberté.

Les objectifs assignés et les résultats attendus dépassent le cadre partisan étroit.
C’est pourquoi je vous recommande principalement que la commission d’organisation de la conférence travaille en toute liberté et indépendance; notamment vis-à-vis des instances exécutives du parti.

Ces instances apporteront l’appui et les moyens nécessaires à la réussite de la conférence d’évaluation.

Je me propose de transmettre au Premier secrétaire, dans les prochains jours, la composition de cette commission.

Tout en vous soumettant pour discussions, enrichissement et adoption ces propositions, je vous salue chaleureusement.

Hocine


ASSASSINAT DU PRÉSIDENT BOUDIAF

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LETTRE DE NACER BOUDIAF à SON PÈRE,

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Il y a dix huit ans, le peuple algérien, qui a renoué avec l’espoir après ton retour, apprend par la Télévision Nationale ton assassinat, qualifié par la Justice algérienne «d’acte isolé».
En principe, après dix huit ans, on devient majeur et à ce titre, on peut supposer qu’un tel « acte isolé » n’aurait été possible qu’à la suite de négligences graves des services de protection du Chef de l’Etat ou de leur complicité. Les négligences auraient provoqué des démissions et des sanctions ; les complicités auraient appelé la justice. Mais il n’en fut rien. Tout simplement « l’acte isolé » est resté isolé sans suite. Cependant, certains hommes qui étaient au Sommet des services de sécurité, ne sont plus de ce monde et doivent très certainement répondre maintenant, devant le Tout Puissant, de leurs responsabilités de l’acte dit isolé.

Je me souviens que tu tirais du Coran et précisément de l’histoire de Noé une moralité que tu étais le seul à en apprécier la profondeur. En effet, pendant le déluge, c’est-à-dire le danger, l’arche abritait le prophète et les animaux tous ensemble mais après le déluge, le prophète a repris son statut afin de mener à bien la mission dont Dieu l’a investi. Quant au plus vil des animaux, il a vaqué à ses basses besognes. En 1962, après le déluge qui avait duré 132 ans de colonialisme, tu voulais qu’on fasse la même chose, c’est-à-dire que les hommes dignes de responsabilité dirigent le pays et que les animaux rejoignent leur tanière.

On est alors venu te voir pour te proposer de diriger le pays. Tu étais encore à la prison d’Aulnoy. Une proposition que tu as rejetée au motif que tu étais contre toute action fractionnelle. A l’indépendance, on te refait la même proposition que tu rejettes sans hésitation, en leur demandant à quel titre, ils te faisaient cet honneur. Tu devines alors leur jeu et tu as choisi de t’exiler. Depuis lors, le pays est passé d’une crise à une autre jusqu’en 1992 où les plus puissants hommes du pays décident de te rappeler de ton exil, à 72 ans. A ton retour, le 16 janvier, quand tu as voulu que les meilleurs hommes et femmes deviennent les dirigeants de ce pays, tu t’es retrouvé victime de «l’acte isolé», exactement vingt un jour après avoir rappelé, à ceux qui voulaient bien l’entendre, que «l’ennemi d’hier est l’ennemi d’aujourd’hui».

Aujourd’hui, l’école algérienne que tu as été le premier à qualifier de «sinistrée», elle l’est de plus en plus. L’année qui vient de se terminer a frôlé «l’année» blanche. L’école vit une situation que Platon décrit pour nous avertir car, disait-il, «lorsque les pères s’habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant les élèves, et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu’ils ne reconnaissent plus au-dessus d’eux l’autorité de rien et de personne, alors, c’est là, en toute beauté et en toute jeunesse, le début de la tyrannie».

Une tyrannie que tu n’as cessé de dénoncer comme tu l’as fait au lendemain du 19 juin 1965, quand, avec tes compagnons du Comité National de Défense de la Révolution, tu avais publiquement déclaré:

«Ni la démagogie, ni les basses manœuvres n’ont pu empêcher la déconfiture d’un régime maintenu coûte que coûte, au mépris de toutes les aspirations et de tous les espoirs du peuple algérien. L’élimination de Ben Bella démontre en outre la justesse de nos positions. Mais le changement intervenu à Alger ne peut nous satisfaire. C’est tout le système qui était condamné et qui doit disparaître… Il ne peut y avoir de demi solutions, il faut que l’Algérie ait à sa tête un véritable pouvoir…»

Au début des années 1980, l’Ambassadeur d’Algérie à Paris, t’avait proposé de rentrer au pays mais en t’abstenant de faire de la politique, en rajoutant : « Si Mohamed, ton traitement et tes indemnités t’attendent depuis l’indépendance à ce jour ». Ainsi, tu piques une crise de colère considérant qu’il s’agissait ici d’une tentative de corruption.

La corruption contre laquelle tu as lutté toute ta vie est devenue le principal élément de la vie en Algérie. Elle s’est installée et commence à se banaliser, comme s’est banalisé le crime. Le premier chef de la police a été assassiné tout simplement dans son bureau. L’impunité étant devenue le meilleur instrument de réguler la société, elle est alors généralisée, et l’inquiétude ne touche que les innocents. Les corrompus et corrupteurs se multiplient quotidiennement et font de la corruption un fait tout à fait banal.


Dans ton fameux «Où va l’Algérie», tu écris clairement que: «En dénonçant la corruption et les scandales, en exigeant du travail pour tous, en organisant des manifestations autour de mots d’ordre précis, le bouillonnement qui agite les masses algériennes, prendra forme, acquerra un sens politique et donnera naissance à un mouvement puissant que n’arrêteront ni les menaces ni la répression que semble préparer le système actuel.»

Malheureusement, le ridicule s’est installé et la majorité semble y prendre goût. D’une telle majorité, Goethe disait : «Rien n’est plus contraire que la majorité : car elle se compose d’un petit nombre de meneurs énergiques, de coquins qui s’accommodent, de faibles qui s’assimilent et de la masse qui suit cahin-caha, sans savoir le moins du monde ce qu’elle veut».

Pour revenir à ton «acte isolé», il serait opportun de rappeler que Ben Boulaid, Ben M’Hidi et toi-même, vous avez été tous les trois assassinés, avec cependant la lourde différence que tu as été assassiné par « un cadet de la Révolution ». Tel a été ton sort et celui de ce pays où malheureusement c’est le cadet qui exécute le Père de la Révolution. Au profit de qui ? La question reste isolée.

Toujours, dans «Où va l’Algérie», comme à ton habitude, tu dissèques le système politique en avertissant les dirigeants de l’époque que: «À la veille de l’indépendance, l’Algérie était à la fois plus apte et moins préparée que d’autres pays aux taches d’une édification socialiste. Plus apte, parce que la guerre pour l’indépendance, avait remué toutes les couches du peuple, détruit l’influence du colonialisme, sur les consciences, habitué chacun à comprendre que son sort dépendait de sa propre action. Moins préparée parce que l’affreuse misère et l’inculture de la majorité de nos frères les empêchait de trouver facilement le moyen de traduire en termes politiques leur volonté révolutionnaire latente. Un encadrement politique leur était nécessaire et cet encadrement leur faisait défaut. L’Algérie est un pays sans tradition politique et jamais les organisations patriotiques, PPA – MTLD compris, n’ont joué le rôle d’éducateur qui incombe à un Parti authentique.»

Aujourd’hui, l’Algérie est riche comme elle ne l’a jamais été de sa vie. Les Universités, les lycées, les autoroutes, les belles maisons, sont prolifiques mais il manque à notre vie quelque chose comme il manque un peu de sel pour donner un bon goût. On essaye alors de s’accrocher, par exemple, au football pour donner un peu de goût à notre vie mais malheureusement c’est le goût d’inachevé qui prend toujours le dessus.


La régression a touché profondément l’homme en Algérie comme le parasite qui touche le fruit qui semble parfait de l’extérieur, mais une fois que tu l’ouvres tu constates alors que la pourriture le ronge inexorablement.

Le 29 juin, jour commémorant «l’acte isolé» ne retient pas l’attention du Ministre des Moudjahidin, ni celle de l’Organisation Nationale des Moudjahidin, ni celle des Chouhads. Ceux-là ont-ils oublié ce que tu as fait avant, pendant et après la Révolution. Cet oubli dont la première responsabilité incombe aux premiers responsables de la mémoire est tout simplement cruel et inacceptable. Inacceptable pour la raison simple que, d’une part, nous voulons tirer profit du football pour faire revivre le nationalisme et d’autre part on impose un silence cruel à la commémoration de l’assassinat de Boudiaf, un crime appelé «acte isolé».

Ainsi, un nombre cruellement limité de fidèles vient au cimetière d’El Alia, se recueillir sur ta somptueuse tombe que tu aurais très certainement refusée comme tu as refusé systématiquement le faste qu’on essayait de te présenter quant tu étais à la tête du Haut Comité d’Etat.

De quoi ont-il peur de venir à El Alia. Ont-ils peur que tu te lèves encore une fois pour un nouveau 1er Novembre. Eux seuls peuvent y répondre.

Ce dernier passage de «Où va l’Algérie» pourrait-il expliquer, ne serait-ce qu’en partie, leur dérobade de commémorer le 29 juin, car tu proposes clairement : « Comme au 1er Novembre 1954, l’heure a sonné pour tour tous ces militants d’avant-garde de se remettre à la barre et de prendre la tête de la marche. Les relents de régionalisme, l’esprit de clan, les liens de sentiments doivent être balayés pour ne laisser place qu’aux idées claires, à l’organisation et à l’action. Le temps n’attend pas.»

Pour sa part, Ferhat Abbas, avec lequel tu as été écarté, dès l’indépendance, pour faire place nette à qui nous savons, notait dans son livre «L’indépendance confisquée» que: «Notre révolution a commis de graves erreurs. Elle continuera à en commettre, même après l’indépendance… Lorsque l’exécution des ordres reçus revient à des hommes plus ignorants encore, on trouve l’explication, dans certains cas, de cruautés inutiles.»

Nacer Boudiaf

RachadTV accueille Noureddine BELMOUHOUB

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كونوا في موعد حصة « من الأمس إلى الغد »

الثلاثاء 29 جوان 2010

على الساعة 19:30 بتوقيت الجزائر – 20:30 توقيت أوربا

حوار على المباشر مع نور الدين بن موهوب (لجنة الدفاع عن معتقلي الصحراء)

معتقلو الصحراء في التسعينات: لماذا اعتقلوا وما هو وضعهم اليوم؟

RachadTV accueille Noureddine BELMOUHOUB,

Comité de Défense des Internés des camps du Sud

Les détenus du Sud des années 1990: pourquoi ont-ils été internés et quelle est leur situation aujourd’hui?

Mardi 29 juin 2010, 19:30 Alger – 20:30 Europe

أرسلوا أسئلتكم مسبقا على العنوان التالي

rachadtv@rachad.org

1 – tv.rachad.org

2 – www.rachad.tv

3 – www.ustream.tv/channel/rachad-tv

كما يمكن المشاركة في الحصص المفتوحة للحوار بالاتصال:

1 – التلفوني على الرقم : 00442031293081

2 – على حساب rachadtv على Skype

Pour nos téléspectateurs en Algérie, nous recommandons de suivre nos émissions sous ces liens :

http://www.ustream.tv/channel/rachad-tv – OU : http://www.rachad.tv

Pour accéder au site de Rachad en dépit de la censure en Algérie vous pouvez aller sur le site :

http://dhost.info/radwan/ar/

puis taper l’adresse du site de rachad : www.rachad.org

Aussi sur youtube :

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et

http://www.youtube.com/yourachad

ABDELKADER HANNACHI: «je suis un communiste et demi»

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Adelkader Hannachi, un des plus anciens membres du mouvement communiste algérien, vient de nous quitter. Son parcours humain et militant est de ceux qui font la fierté de la cause qu’il a défendue et suscite le respect des compatriotes avides de liberté et de dignité sociale. A propos de son parcours, ce militant résolu avait donné il y a six ans (20 avril 2004) quelques éléments à Yamilé Safia dans une interview pour Alger républicain dont le texte est reproduit ci-dessous.

J’y ajouterai ultérieurement sur ce site certains des mérites et des activités que ce patriote ardent anticolonialiste, ce syndicaliste combattant de la classe ouvrière et de la paysannerie, modeste et convaincu, a menées aussi avec sa discrétion de « père tranquille », pour contribuer au fonctionnement de l’appareil du PAGS durant sa longue clandestinité de 24 ans, en résistance au système dictatorial de parti et de pensée uniques.

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Adelkader Hannachi avait voué toute sa vie à la lutte pour l’émancipation des travailleurs.

Né en 1913 il s’était engagé tôt dans le combat pour l’indépendance de l’Algérie en militant dans les mouvements nationalistes avant de rejoindre le Parti communiste algérien pour lier le combat patriotique au grand combat pour le socialisme. Il a toujours été animé par la conviction qu’aucun progrès durable ne pouvait être accompli sans l’existence d’un parti de la classe ouvrière, un parti communiste. Cette idée, il l’avait clairement exprimée dans un entretien avec Alger républicain.

Publié en avril 2004, sous le titre: «Notre pays a besoin d’un parti de la classe ouvrière»
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Alger républicain: Que peut nous dire M. Abdelkader Hannachi sur la grève des ouvriers agricoles de 1948?

Abdelkader Hannachi: La grève de 1948 a éclaté dans la Mitidja durant la saison des vendanges dans un contexte où l’exploitation de ces ouvriers par les colons avait atteint son paroxysme.

Pour l’organiser, on allait le soir avec Ali Khodja Mohamed, militant du Parti communiste algérien et secrétaire de l’union locale des ouvriers agricoles, tenir des réunions clandestinement sous des ponts, dans des endroits cachés et parfois à l’union locale de la C.G.T.

Nous rencontrions les travailleurs des fermes, en particulier les forgerons qui étaient des permanents et qui y habitaient. Parce qu’ils connaissaient tous les autres travailleurs, ils représentaient pour nous un intermédiaire auprès d’eux. On discutait de leurs conditions de travail, des problèmes qu’ils rencontraient et spécialement des salaires modiques qu’ils percevaient.

Après de nombreuses discussions, ils comprirent que seule la grève leur permettrait d’obtenir une amélioration de leurs salaires.

Cette grève gêna énormément les colons qui furent obligés d’embaucher des travailleurs occasionnels sans aucun savoir-faire. La dextérité et l’expérience acquises par les travailleurs permanents avaient fait défaut et la récolte ne fut pas bonne. Les ouvriers agricoles obtinrent gain de cause: leurs salaires furent augmentés.

Durant la grève, nous avions procédé à une collecte d’argent, de vêtements et de denrées alimentaires auprès des commerçants afin d’aider les grévistes dont on avait bloqué les salaires. On expliquait à ces donateurs que leurs commerces dépendaient de ces travailleurs de la terre qui menaient une lutte légitime pour une augmentation de salaires.

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AR : Vous étiez membre du secrétariat du syndicat de l’hôpital de Blida lorsque la grève des hospitaliers a éclaté en 1951…

Abdelkader Hannachi: Elle dura 46 jours. On n’avait jamais assisté à une grève aussi longue. La revendication était la même que celle des ouvriers agricoles, en l’occurrence une augmentation des salaires. L’argument avancé était que le salaire perçu par les hospitaliers d’Algérie était de beaucoup inférieur à celui des hospitaliers de la métropole. La grève fut lancée après l’accord de tous les travailleurs affiliés à la C.G.T. Elle déboucha sur une augmentation des salaires dont bénéficièrent les autres hôpitaux civils. A la fin de la grève, l’administration dispersa tous les camarades (Riguet, Zakin, Rasspot…) qui étaient à la tête du syndicat. Me retrouvant seul au niveau de l’hôpital, je pris la direction du secrétariat.

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AR : Abdelkader Hannachi est venu tôt au militantisme…

Abdelkader Hannachi : J’ai commencé à militer en 1931 dans les rangs des nationalistes. Mon beau-frère, qui recevait clandestinement de France le journal El Ouma me remettait toujours un exemplaire.

Plus tard, Messali ne représentait plus pour moi une référence. Membre dirigeant de l’Étoile Nord-Africaine (regroupement initié par les communistes français sur directive de l’Internationale communiste. NDLR), il devint après sa rencontre avec Chakib Areslane anti-communiste. Il sombra dans le comportement d’un marabout et entra en conflit avec de nombreux militants qui finirent par quitter son parti.

C’est au contact d’un ami d’école, Ali-Khodja Mohamed, avec qui je discutais souvent politique que je me suis rapproché des idées du PCA. Il m’avait expliqué qu’il portait dans son programme des revendications politiques mais aussi sociales. Le PCA luttait pour l’indépendance nationale tout en défendant la classe des travailleurs.

La remontée vers le Nord de députés communistes français expulsés par Pétain lors de la Seconde Guerre mondiale nous fut très bénéfique car c’est à leur contact qu’on a compris que le communisme français, algérien ou soviétique ne différait pas, que c’était une idéologie faite pour l’humanité, pour les travailleurs. J’ai commencé à militer au sein d’une cellule du PCA dans la région de Blida.

À côté de mon action syndicale, je fus désigné par le parti pour mener une campagne électorale à Boghari en tant que candidat où j’avais en face de moi des caïds. On refusait catégoriquement de mettre à ma disposition une salle pour débattre du programme du parti. J’ai alors tenté de contourner cette interdiction en portant la contradiction chez mes adversaires. Je me présentais dans la salle où ils organisaient leurs meetings et demandais la parole et c’est comme ça que j’intervenais.

J’ai mené à deux reprises une campagne électorale à Boghari: la première fois, j’allais parler dans les cafés, mais la seconde fois, on me refusa aussi l’accès aux cafés car on leur avait auparavant fermé leurs locaux par représailles. Je faisais aussi les marchés. Des fois, je couchais dans un hammam et d’autres fois chez un camarade directeur d’école. Ce ne fut pas facile, mais c’est cela la lutte…

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AR : Comme beaucoup de communistes, vous étiez membre des combattants de la libération (CDL) à leur création en 1955?

Abdelkader Hannachi : Le FLN refusait le contact avec le PCA qui avait alors décidé de créer les CDL et de participer ainsi à la lutte armée. Je les ai donc rejoints.

Il y avait dans la région de Blida des groupes d’action qui opéraient des attentats (déraillements de trains, dégradation d’installations électriques…).

Avec Moreno et Babou, on allait chercher de la poudre dans une mine de fer à Damous pour la fabrication de bombes artisanales, opération qui était facilitée par l’aide de camarades de la région affiliés à la CGT.

Un nombre élevé de communistes seront tués durant la guerre d’indépendance: Guerrab, Counillon, Laban, Maillot …

Avec l’accord PCA-FLN de 1956, le FLN commença à admettre les camarades, sans leur carte du parti bien sûr. J’ai voulu rejoindre le maquis, mais on a refusé vu mon âge avancé : j’avais à l’époque 43 ans et de plus 6 enfants à ma charge; donc on m’a demandé de rester et de militer en ville.

Je fus arrêté le 29 octobre 1956 par les colonialistes non pas à cause de mon appartenance aux CDL mais pour mes activités syndicales.

J’ai été emprisonné en premier lieu à Berrouaguia puis transféré à Saint-Leu, Sidi Chami (Oranie) puis Bossuet où j’ai passé deux ans.

Je fus relâché en novembre 1959; après trois ans passés dans les camps, je ne pesais plus que 45 Kg.

Je fus encore repris par les colonialistes en janvier 1960 et emprisonné durant un mois du côté de Blida.

J’ai continué à militer jusqu’à l’indépendance.

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AR : Vous avez vécu un événement très douloureux en 1962, juste après la déclaration d’indépendance.

Abdelkader Hannachi : À l’indépendance, je me suis rendu avec mon ami Ramoul (un infirmier) chez le camarade Mustapha Saadoun à Cherchell pour le voir à son retour du maquis.

Des membres de l’ALN de la région nous ont arrêtés chez lui avec son jeune frère et emmenés dans le djebel. On nous a alors tabassés et ligotés tout en nous traitant de «sales communistes» avant de nous enfermer dans un gourbi. On m’a enlevé et déchiré la carte d’identité et traité de harki.

Le lendemain matin, on a emmené Ramoul et le frère de Saadoun pour la corvée. Moi j’avais refusé d’y aller. Vers le coup de midi, le frère de Saadoun est revenu seul, ils les avaient séparés auparavant. Ramoul n’a plus donné signe de vie, on l’avait liquidé car c’était un communiste.

La détention et les exactions avaient duré une quinzaine de jours.

Je fus conduit ensuite vers un endroit à Hadjout (ex-Marengo) dans un bureau militaire du FLN. C’est là qu’un commandant qui avait la jambe amputée m’avait lancé à la figure: «Toi, on va t’envoyer à Moscou.»

Ma réponse, ne se fit pas attendre: je lui fis comprendre que si lui voulait partir, il n’avait qu’à le faire, mais que moi j’étais algérien et que j’avais l’intention de rester en Algérie.

Deux militaires m’ont alors escorté vers un endroit qu’on appelait Trab Lahmar (terre rouge) à côté de Blida, là où on mettait les harkis. On m’a mis dans une cellule, ça a duré quelques jours puis un ancien voisin que je connaissais a donné l’ordre de m’isoler dans une autre cellule. Ce voisin qui se nommait Nacef était un nationaliste et j’avais appris par les frères Benteftifa lorsque j’étais en captivité qu’ils lui avaient remis eux-mêmes une ronéo pour tirer des tracts pour le FLN et qu’il l’avait gardée pendant 48 heures avant de la leur rendre sans avoir réalisé l’opération; ce monsieur se présentait maintenant avec une mitraillette sur l’épaule et avait la charge de surveiller les prisonniers.

Nacef me ramena plus tard deux officiers de l’ALN, un capitaine (Mohamed Teguia qui était un camarade) et un lieutenant ( Bey Mohamed).Tous les deux me connaissaient et devant eux, comme s’il voulait me confondre, il me posa la question suivante: «M. Hannachi tu es toujours communiste?» Je lui répondis:«Je suis plus que cela: je suis un communiste et demi». Les deux officiers ressortirent sans rien dire et revinrent le lendemain pour m’emmener en voiture et me relâcher devant ma maison.

L’Algérie est en proie à des difficultés accrues et à des surenchères de la part de ce pouvoir. Croyez-vous qu’ils ont réussi à inhiber toute détermination de changement chez le peuple?

Notre pays traverse une crise difficile, les gens malhonnêtes et les exploiteurs s’accaparent ses richesses en enfonçant le peuple dans la misère.

Le problème du chômage, la liquidation des entreprises publiques, les problèmes de la liberté d’expression, des libertés syndicales menacées interpellent la conscience des citoyens. Des gens ont osé jeter des pierres sur le convoi du président de la République, des grèves et des émeutes éclatent sur tout le territoire du pays.

Cela dénote un ras-le-bol et prouve que les gens commencent à comprendre qu’il est temps de bouger et de s’unir car leur avenir est en jeu.

On a tenté de le mater, on l’a freiné pendant un certain temps, mais personne ne peut contenir l’élan d’un peuple qui se révolte.

Le PCA a eu ses révolutionnaires, ses cadres et ses martyrs. Les camarades se sont battus et ont sacrifié leur vie pour un avenir meilleur pour tout le monde et non pas pour une catégorie de personnes.

Mes convictions communistes restent les mêmes et, pour moi, la question ne se pose même pas, notre pays a besoin d’un parti de gauche, un véritable parti communiste défenseur des travailleurs et des opprimés.

Yamilé Safia

20.04.2004

POUR LA LIBERTÉ DE TRAVAUX ACADÉMIQUES ET DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE DES ENSEIGNANTS et CHERCHEURS ALGÉRIENS

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Socialgerie se fait volontiers le relais du texte de la pétition que lui a fait parvenir un collectif universitaire.

copie définitive de la pétition rédigée par un collectif qui l’a amendée et corrigée.

PROTESTATION DE LA COMMUNAUTÉ UNIVERSITAIRE

CONTRE LA CIRCULAIRE SUBORDONNANT LE DROIT DE SORTIE DES

CHERCHEURS ET ENSEIGNANTS DE L’UNIVERSITE ALGERIENNE

À ACCORD PREALABLE DU MESRS

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  • Par une circulaire en date du 18 mai 2010, le secrétaire général du MESRS vient de mettre en demeure les chefs d’établissement d’enseignement supérieur et de recherche d’exiger que toute participation à des conférences ou colloques organisés à l’étranger soit subordonnée à l’accord préalable du MESRS qui se prononcera sur l’opportunité de la participation lorsque lesdits événements revêtent une sensibilité évidente.
  • Le motif invoqué est que la participation de chercheurs à de telles rencontres a souvent des conséquences négatives sur la coordination de la position de notre pays et est dommageable pour la cohérence de l’action internationale de l’Etat et de ses activités diplomatiques.
  • Le prétexte : Des universitaires auraient participé à des rencontres internationales (congrès, colloques, séminaires, conférences, ateliers, journées d’études) ce qu’ils font par ailleurs depuis que l’université existe et depuis que la recherche scientifique existe en mettant en débat le résultat de leurs travaux (toutes disciplines confondues). Il semblerait qu’aux yeux des autorités de tutelle (le MESRS en l’occurrence), saisies par d’autres instances (MAE en l’occurrence) des propos auraient été tenus et des positions défendues par des universitaires algériens qui iraient à l’encontre de la politique du gouvernement et des intérêts de l’Etat. On aurait également appris par voie de presse que la tutelle (MESRS) aurait été destinataire de plaintes d’universités ou de gouvernements étrangers (du Moyen-Orient en particulier) du comportement indigne de certains universitaires algériens bénéficiant d’ordres et de frais de mission destinés à la recherche et qui auraient été détournés de leurs fins déclarées portant ainsi préjudice à l’image de l’Algérie.
  • Au vu de ces motifs, invoqués dans l’opacité la plus totale et dans la confusion des genres, il y a lieu de rappeler que la grande majorité des enseignants de l’université et des chercheurs des centres de recherche est en règle quant à ses charges professionnelles et part avec des autorisations d’absence ou des titres de congé exceptionnel signés par leur chef d’établissement. La grande majorité de ces enseignants et chercheurs, à quelque titre qu’ils aient effectué leur voyage, ont représenté dignement leur institution et leur pays. Ce sont eux qui, depuis l’indépendance de notre pays en 1962, ont bâti l’université algérienne, formé 500.000 diplômés et ont permis à l’Algérie d’avoir aujourd’hui une université nationale au service du bien être de la société.
  • Il faut rappeler qu’en cas de manquement aux règles de l’éthique universitaire et règlements régissant le fonctionnement des établissements universitaires et des centres de recherche par un enseignant-chercheur, des voies existent pour instruire ces affaires au niveau de l’université (Conseil scientifique de Faculté, Conseil Scientifique d’Université, Commission paritaire, comité d’éthique universitaire). Elles sont claires et tout enseignant-chercheur les connaît.
  • Généraliser les mesures de rétorsion à toute la recherche en sciences humaines et sociales est une atteinte intolérable aux lois et règlements qui régissent le corps des enseignants du supérieur et les chercheurs rattachés aux centres et instituts dépendant du MESRS. Nous sommes convaincus qu’une telle mesure ne se limitera pas aux seuls chercheurs en sciences humaines et sociales. On verra bientôt cette mesure appliquée aux physiciens ou aux biologistes quand ils seront invités pour débattre des retombées des essais atomiques dans le sud algérien sur la population, la flore et la faune locale ou d’autres sujets pouvant présenter ce que le MESRS appelle «un caractère sensible».

Nous, enseignants et chercheurs de l’université algérienne sommes convaincus qu’il s’agit là d’une atteinte grave aux libertés fondamentales des citoyens consignées dans la Constitution. C’est également une remise en cause des libertés académiques et une atteinte à la liberté de recherche consacrées par la charte de l’UNESCO et «la déclaration mondiale sur l’enseignement supérieur pour le XXème siècle: vision et actions» adoptée le 9 octobre 1998 par la conférence mondiale sur l’enseignement supérieur, organisée par l’UNESCO. Notre pays est un membre de l’UNESCO et signataire de la charte et des textes de l’UNESCO qui régissent l’activité et le fonctionnement des établissements de l’enseignement supérieur. Les pouvoirs publics sont tenus de respecter la charte et les textes de l’UNESCO qui régissent l’activité académique des établissements de l’enseignement supérieur.

Les travaux académiques et de recherche des historiens, des sociologues, des psychologues, des philosophes et de tous les enseignants-chercheurs de l’université, toutes disciplines confondues, n’ont besoin d’aucun ukase, ni d’aucune imprimatur venant de vigiles de la pensée unique. La seule et unique autorité capable de juger leurs travaux est l’autorité académique et scientifique conformément à l’éthique universitaire et aux textes de l’UNESCO.

Nous demandons par conséquent l’abrogation pure et simple de cette circulaire.

Les signataires:

NOM PRENOM GRADE FONCTION ETABLISSEMENT


Diffusez au maximum auprès des collègues universitaires et chercheurs et faites remonter les signatures ou accords attestés par mail sur:

Farid Cherbal: cherbal_farid@yahoo.fr ;

et sur Daho Djerbal: ddjerbal@yahoo.com .

TRIBUNE, ACTIVITÉS, LECTURES : JUIN & JUILLET 2010

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Chaque mois, socialgerie recense dans l’article « Tribunes, Activités, Lectures » les différentes informations et invitations parvenues au site, au fur et à mesure de leur réception, qu’elles aient ou non été préalablement déjà publiées (brèves…).


La librairie Espace Noûn meurt dans le silence des étoiles

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Après avoir irradié sur la scène culturelle algéroise

La librairie Espace Noûn meurt dans le silence des étoiles

Par Mohamed Bouhamidi

22-07-2010

L’Espace Noûn va fermer ses portes. La mort annoncée de cette expérience unique de librairie s’accomplit dans le silence des agonies solitaires. Et comme pour les morts acceptées, il ne s’agit plus que des derniers gestes qui mettent de l’ordre dans les affaires des défunts: ne rien oublier de rendre avant de refermer la porte et la tombe sur le rêve.

Mais le projet de librairie Espace Noûn relève-t-il de l’ordre du rêve ou bien d’une autre projection?

[Revenons à l’essentiel de ce projet…

pour la suite, cliquer ici (…)

 >br74]


Salah Hamouri : « Je soutiens la résistance légitime de mon peuple qui bénéficie de la solidarité des gens libres à travers le monde. »

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jeudi 22 juillet 2010, par Salah Hamouri

Au pays de la révolution française qui a mis fin au féodalisme et à la servitude en propageant à travers le monde les mots de «Liberté – Egalité – Fraternité»; à Paris, capitale d’un pays qui a résisté hautement pour se libérer de la barbarie d’une armée occupante féroce et brutale; depuis vos bureaux à l’Elysée ou ceux du Quai d’Orsay – j’espère que vous lirez ma lettre.

Dans l’un de ces bureaux, ma mère a été finalement reçue afin de discuter des moyens pour obtenir ma libération.

Nous savons tous que la démocratie fonde le respect de la diversité des êtres humains. Elle définit les bases légales qui accordent à chacun des droits et des devoirs. Elle prône l’égalité des droits humains et refuse absolument d’établir des différences négatives et ségrégatives selon la couleur de la peau, l’origine, la religion, etc.

Comme citoyen franco-palestinien, je pensais que les autorités françaises se devaient de me protéger (comme elles le font pour tous nos compatriotes français injustement en difficulté dans le monde) alors que je vis dans un pays sous occupation militaire décidée par un gouvernement qui refuse obstinément de reconnaître et d’appliquer le droit international.

Il semblerait que ce gouvernement, le gouvernement israélien, vous ait convaincu que le seul moyen pour moi de retrouver la liberté n’était pas que, lui, fasse, ce qu’il devrait faire pour cela mais qu’en plus de l’injustice que je subis que, moi, je fasse un acte d’humiliation supplémentaire : que je présente des « regrets » devant un tribunal militaire d’occupation.

[Je voudrais vous poser une seule question…

Pour lire la suite, cliquer ici (…)->br73]


« LES ASSASSINS ÉCONOMIQUES « 

Vidéo adressée par un lecteur de SOCIALGERIE:

[

INTERVIEW de JOHN PERKINS


john_perkins_2.jpg->http://blog.syti.net/index.php?article=286]

John Perkins a été ce qu’on appelle aux Etats-Unis un « assassin économique » (economic hit man). Ces hommes travaillent pour la CIA et la constellation de ses sociétés écrans. Ils sont la première ligne de la machine de domination américaine au service des multinationales. Leur travail consiste à influencer et à corrompre les dirigeants de pays dont les ressources intéressent les Etats-Unis, et surtout à les convaincre de s’endetter pour développer les infrastructures de leur pays en faisant appel à des entreprises américaines, ce qui permet de récupérer intégralement l’argent prêté avant même qu’il ne soit remboursé.

Une fois que le pays est lourdement endetté arrive inévitablement le moment où il ne peut plus rembourser. Il doit alors solliciter de nouveaux emprunts pour rembourser les précédents, et se soumettre en contrepartie à des conditions qui sont toujours les mêmes:

  • autoriser l’armée américaine à installer une base
  • laisser les multinationales exploiter les richesses du pays à moindre frais
  • ouvrir son marché aux produits américains, y compris dans l’agriculture
  • réduire les dépenses publiques notamment pour les dépenses sociales, les services de santé et l’éducation
  • privatiser les services publics comme l’eau, l’énergie, les transports…

    Il en résulte à chaque fois un appauvrissement et une dégradation des conditions de vie pour les populations, et bien souvent une destruction de l’environnement.

Lorsque des dirigeants soucieux des intérêts de leur peuple refusent de mettre le doigt dans cet engrenage, les « chacals » entrent en jeu. Ce sont les agents qui financent les mouvements d’opposition, développent une agitation politique, organisent les coups d’état, et au besoin les assassinats. Ils sont intervenus en Iran dans les années 1950 pour évincer le président démocratiquement élu Mossadegh (qui avait nationalisé l’industrie pétrolière) et le remplacer par la dictature du Chah. Ou encore au Chili contre Salvadore Alliende. Ou plus récemment avec le coup d’état manqué contre Hugo Chavez en 2002.

[Dans le cas où les assassins économiques et les chacals échouent successivement, l’armée US intervient. C’est ce qui s’est passé en Irak et en Afghanistan.

Voici un documentaire sur les assassins économiques, basé sur une interview de John Perkins.->br72]

voir le film documentraire


LE PARCOURS « KAFKAÏEN » DES DEMANDEURS DE VISAS POUR LA FRANCE

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vendredi 9 juillet 2010

par Al-Oufok

الأفق

Procédure « opaque », décisions non motivées, information déficiente, questions intrusives, sentiment d’humiliation, « passe-droits érigés au rang d’arguments diplomatiques », corruption… La Cimade, service œcuménique d’entraide, a enquêté pendant plusieurs mois sur les pratiques des consulats de France de six pays (Algérie, Sénégal, Mali, Turquie, Ukraine et Maroc) en matière de délivrance des visas. Et le constat est accablant. L’association d’aide aux étrangers dresse dans son dernier rapport, publié jeudi 8 juillet, [un tableau « kafkaïen » de la façon dont la France accueille et « traite » les étrangers souhaitant pénétrer sur son sol.

pour lire la suite cliquez ici (…)->br71]


MOHAMMED HARBI INTERVIEWÉ PAR AREZKI METREF,

LE SOIR D’ALGÉRIE & LE QUOTIDIEN D’ORAN, LE 5 JUILLET

Les peuples qui ont mal à leur histoire, dont l’identité a été brouillée par les schématismes et les manichéismes d’inspiration idéologique, comme le nôtre, ont besoin des historiens. Pas de ceux qui n’ont d’historien que le titre et de savoir que les directives des pouvoirs politiques. Non! Ceux-là sont pires que le mal!

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Mais des historiens qui se sont fixé pour mission le sacerdoce de la vérité, soucieux de la trouver et de la transmettre, quoi qu’elle bouleverse, et quoi qu’elle coûte. Mohammed Harbi est de ceux-là. Il en est même un pionnier. Un défricheur. Aujourd’hui ses travaux sur l’histoire du mouvement national et celle du FLN font autorité dans le monde entier. Ils ont ouvert la voie à une approche plus froide, moins passionnelle, plus décomplexée, du fait nationaliste mais aussi à l’étude sereine autant que faire se peut de la colonisation et de la décolonisation. Il montre aux jeunes historiens comment on peut analyser le comportement des colonisateurs sans diaboliser quiconque et le combat des colonisés sans idéaliser personne. Chercher du sens, froidement, sereinement, philosophiquement, en toute situation, c’est le credo de l’historien conscient de l’importance de ses responsabilités éthiques et de la noblesse de sa démarche intellectuelle… […]

[…] Ce qui frappe chez cet intellectuel et ce chercheur d’expérience, c’est sa simplicité et son écoute des autres. Il confirme qu’un des signes renversés de la grandeur, c’est l’humilité devant autrui, quel qu’il soit. Discuter avec lui est une leçon de méthode. Mohammed Harbi n’avance jamais rien s’il n’en détient pas des documents consultables.

A. M.

Interview réalisée par Arezki Metref

Le Soir d’Algérie : Nous sommes le 5 juillet, anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie. Celle-ci devait survenir le 3 et non le 5 juillet 1962. Qui a pris la décision du report de deux jours et pourquoi?

Mohammed Harbi : [Cette décision a émergé dans les conditions de la crise du FLN au cours de l’été 1962…

pour lire la suite cliquez ici (…)->br70]


MAROC – ALGÉRIE: TANT DE COUPS TORDUS!

Alors que tout les rapproche, les deux pays maghrébins passent leur temps à se chamailler:

L’analyse du journaliste marocain Ali Lmrabet, publié dans Al-Michaal avait été repris dans « Le Courrier International » N°962, du 9 avril 2009, sous le titre: «Maroc-Algérie: Je t’aime, moi non plus»

C’est une histoire stupide mais banale de rivalité entre deux Etats qui aspirent au leadership d’une même région. De quoi s’agit-il? De l’impossible normalisation des relations entre deux pays, le Maroc et l’Algérie, que tout devrait rapprocher mais que tout paraît éloigner.

Officiellement, selon la phraséologie en cours dans les chancelleries diplomatiques de ces deux Etats maghrébins, nous sommes “frères” puisque nous partageons les mêmes langues vernaculaires, la même histoire, la même culture, et que nous nous prosternons dans la même direction. En réalité, tout nous oppose.

Le Maroc et l’Algérie, c’est l’histoire de deux pays qui n’arrivent pas à solder un passé agité.

À Rabat, quand on évoque le conflit latent qui oppose le royaume chérifien à la république voisine, le Marocain moyen se fait immédiatement un devoir de rappeler l’ingratitude des “frères” algériens envers le Maroc qui a soutenu contre vents et marées leur guerre d’indépendance. Il rallongera la longue liste de griefs en ajoutant les méfaits du boumédiénisme [Houari Boumediene a dirigé l’Algérie de 1965 à 1978]: l’expulsion, en 1975, de centaines de milliers de Marocains dont la plupart ne connaissaient que l’Algérie et dont les représentants, plus de vingt ans après, viennent d’annoncer une poursuite collective contre l’Etat algérien, la “fabrication” du conflit du Sahara-Occidental et une certaine… “jalousie” algérienne envers les réussites (!) marocaines.

Du côté algérien, on n’est pas en reste. On met souvent en avant l’arrogance marocaine, le refus du Maroc d’accepter la libre émancipation des peuples, à savoir le peuple sahraoui, et quelques turpitudes durant la guerre civile algérienne qui m’ont été répétées par l’un des fondateurs du GIA [Groupe islamique armé], Abdelhak Layada. Selon Layada, arrêté au Maroc au début des années 1990 et logé dans une luxueuse ville, à Rabat, les services secrets marocains auraient promis d’aider financièrement le GIA en échange de quelques services comme la liquidation de certains opposants au régime d’Hassan II.

Au crépuscule de sa vie, dans son appartement parisien du XVIe arrondissement, l’ancien ministre de l’Intérieur Driss Basri, grand ordonnateur des manigances hassaniennes, reconnaissait facilement que Rabat avait comploté contre l’Algérie: livraison d’armes aux rebelles kabyles, neutralité “active”, c’est-à-dire pas neutre du tout, lors de la guerre civile, etc. Il prenait toujours soin de terminer ses monologues par un retentissant: “… mais l’Algérie a fait de même”, et de rappeler le long conflit du Sahara, qui a donné un sérieux coup de frein au développement du Maroc, et l’attentat de l’hôtel Atlas Asni, à Marrakech en 1994, mené par des jeunes français d’origine algérienne, manipulés, selon Rabat, par les services algériens. Si on doit croire ce que racontait Basri, les coups tordus étaient réciproques et, apparemment, ils faisaient partie des préoccupations premières des Hassan II, Houari Boumediene et successeurs. D’ailleurs, c’est après l’attentat de 1994, qui a coûté la vie à deux touristes espagnols, que Rabat a décidé de fermer sa frontière terrestre avec l’Algérie. Une frontière qui, quinze ans plus tard, reste fermée, cette fois par décision des “frères” algériens et en dépit des récentes sollicitations enflammées de tout l’establishment politique marocain, le roi Mohamed VI en tête.

Des dirigeants qui ne font rien pour normaliser les relations

Et il n’y a pas que ça. Si on veut une liste exhaustive des chikaya [plaintes] réciproques qui continuent d’empoisonner les relations marocano-algériennes, il n’y a qu’à lire les journaux des deux pays, qui se livrent à des joutes éditoriales épiques, écouter Médi 1, la radio tangéroise créée en partie pour faire de la propagande intelligente antialgérienne, et son homologue algéroise Radio Algérie internationale, fabriquée dans le même but mais en sens inverse. Pour consolider leurs accusations, qui sont nombreuses et “étayées”, les Marocains accusent souvent leurs confrères algériens de s’être vendus aux généraux et autres marionnettistes en uniforme. Bien entendu, les Algériens répliquent en présentant leurs homologues chérifiens comme des lèche-bottes du palais royal. Et ainsi de suite.

Ce qui est drôle, comme me l’expliquait un jour un ex-ministre algérien dans son bureau des hauteurs d’Alger, c’est qu’il y a peut-être du vrai dans ces accusations. Dans son livre Les Geôles d’Alger, le journaliste Mohamed Benchicou raconte avec une rare sincérité comment la presse algérienne a été manipulée par des hauts gradés de l’armée, qui ont fait croire aux responsables des journaux que les généraux avaient décidé de lâcher Abdelaziz Bouteflika pour l’ex-Premier ministre Ali Benflis lors de l’élection présidentielle de 2004.

Quant aux confrères marocains, nul besoin de prouver leur perpétuelle allégeance au trône alaouite. Il suffit de lire notre littérature quotidienne, de repérer les non-dits et les omissions quand il s’agit du pouvoir royal, pour se faire une idée. Dans un pays où le dirigeant de la principale centrale syndicale règne sans partage sur sa créature depuis 1955, c’est-à-dire un an avant l’indépendance du Maroc, dans un pays qui a la chance d’avoir le seul parti communiste de la planète qui soit royaliste – et même adepte de la “monarchie exécutive” –, dans un pays où les ex-gauchistes, républicains cela va de soi, se sont convertis en de furieux monarchistes, avoir une presse libérée de ses chaînes reste un privilège encore inaccessible. Dire qu’on souhaite que les relations marocano-algériennes se normalisent une bonne fois pour toutes est un euphémisme. Encore faut-il trouver les personnes adéquates pour mener à bien cette normalisation. Nos dirigeants – un jeune roi qui croit dur comme fer qu’il est d’essence divine puisque descendant direct du Prophète Mohammed, et un vieux président qui n’a pas encore compris que la guerre d’indépendance est finie – sont-ils les mieux à même de résoudre cet incroyable imbroglio?

source: le courrier international


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Histoires parallèles

Des luttes d’indépendance au nationalisme arabe en passant par l’islam et la berbérité commune aux deux pays, l’historien Benjamin Stora dessine dans cet ouvrage les contours d’un Maghreb relativement homogène mais en proie à des conflits internes, sur fond d’hégémonie et de guerre pour le leadership régional.

Né en Algérie, Benjamin Stora, auteur de plusieurs livres sur son pays natal, retrace le parcours historique de ces deux pays en soulignant ce qui les rassemble mais aussi ce qui les différencie.

Nation centralisée de longue date, le Maroc est ancré dans la continuité historique, tandis que l’Algérie, qui a beaucoup plus souffert que le Maroc des colonisations successives, se maintient dans une logique de rupture avec comme soubassement idéologique la géographie – “c’est l’histoire anticoloniale qui invente le territoire”.

Deux pays frères, deux trajectoires différentes mais une même communauté de destin, le livre restant optimiste sur l’avenir, avec la perspective de l’avènement d’un Maghreb démocratique, porté par des sociétés modernes pressées de dépasser ce conflit qui oppose beaucoup plus les dirigeants que les populations.

Benjamin Stora, Algérie, Maroc. Histoires parallèles, destins croisés, éd.


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Brahim TAZAGHART est à Baghdad, en Irak. Il participe à la 1ère conférence internationale sur la traduction:

« Par la traduction communiquent les civilisations »

du 29 juin au 01 juillet 2010.

La rencontre est d’un niveau intéressant. Il communique ce jour du 01 juillet sous le thème:

« La traduction comme moyen d’enrichissement de la culture nationale, cas de tamazight et de l’arabe « .

Damas est aussi dans le coup !

C’est en effet le recueil de poésie de la poétesse syrienne Myriam Al-Masri que Brahim Tazaghart a traduit en tamazight et édité aux éditions Tira qui peut être considéré comme le point de départ de la participation de Brahim Tazaghart à ce colloque international sur la traduction à Baghdad.

Cet événement peut être vécu par l’opinion publique non seulement comme un événement intellectuel, mais aussi historique et géographique. Cela pourrait nous permettre de revisiter les voyages des nord-africains au Cham, toutes les histoires et parfois les mythes qui les entourent, avec un nouvel état d’esprit. Pourvu qu’il y ait assez de jugeotes valables qui s’y penchent sérieusement, car il n’est nulle part dit que les choses seraient banales.

En effet, Imazighen ne sont pas seulement reliés au Machrek par des rapports de domination linguistique, ils y sont aussi reliés par divers événements historiques ayant duré dans le temps et produit des effets encore ressentis.

Peut-on se demander si les Imazighen et Timazighin installé(e)s au Machrek ont ou ont eu le droit d’entretenir des liens avec leur pays, leur culture, leur langue, leurs coutumes d’origine?

Il n’y a pas que les déportés en Syrie lors de l’occupation française des territoires d’Algérie que cette question, en fait, concerne (quoi que nous nourrissons toujours le souhait de voir leurs descendants disposer de nouveau de la possibilité de faire des choix -un ou plusieurs- quant à leurs origines) ayant été objets de sanctions à titre de prisonniers de guerre.

Il y a aussi tous les volontaires partis soutenir les populations qui se défendaient contre l’envahisseur comme en témoigne le livre de Amin Maalouf « Les croisades vues par les arabes » ou le heyy El Maghariba en Palestine ou encore le chant du domaine public, brillamment repris par Matoub LOUNES « Afrux n Ccam ». Cela a du se produire à partir de l’époque Abbasside car à cette époque-là, les Africains du nord ne subissaient plus le diktat direct de l’empereur, de l’Emir El Moue’minin, avec l’instauration de royaumes nord-africains locaux.

On peut remonter bien plus loin, à l’époque de Moussa Ibn Noceir, époque où parait-il, son encadrement se conduisait conformément à la règle de « Tazawadjou nissa’ahoum, wa la ta’akhou ridjala-houm », ce qui fait que, des siècles plus tard, une bonne partie des descendants des anciens nobles et riches du triangle Caire-Médine-Damas sont en fait quelque part nos nièces et neveux. Ce ne serait pas les insulter que de le leur faire savoir, si jamais ce fait ne remonte pas de lui-même au niveau de leur connaissance.

Dans les temps modernes, Tamazight a pris de sérieux coups qui l’ont empêchée de s’épanouir à l’aune des nouvelles indépendances. Pour les besoins de ce papier, nous en citerons trois.

Le premier coup public porté à Tamazight a été à l’intersection des politiques françaises, égyptienne et mokhazenie du Maroc, à l’occasion du Dahir berbère, en 1928. Le second lui a été asséné, en Algérie, par Lhadj Messali, d’abord dans le dos en 1937, puis scandaleusement en 1949. Le troisième l’a été par le serment identitaire de Ben Bella, à l’indépendance de l’Algérie.

Si, pour le Dahir Berbère, l’on pourra trouver ce qu’il faut chez nos amis rifains du Maroc, en opérant une petite prospection sur un moteur de recherche (google ou un autre), les choses semblent encore plutôt assez sombres pour ce qui est de 1937. On parle d’un rapport rédigé par la direction du PPA où l’identité algérienne a été pour la première fois affirmée en tant qu’arabe. La chose semble avoir été rééditée en 1947, à la veille de la crise de 1949. Mais je n’ai personnellement jamais su où ni comment l’on pourra consulter ces documents-là.

Ce qui est sûr, c’est que Lhadj Messali a, en lançant le PPA, opéré une double rupture avec la trajectoire de l’ENA : on ne parle plus de l’Afrique du nord mais seulement de l’Algérie. Et on lui offre une profondeur stratégique plus vaste: « le monde arabe », dans lequel elle risquait pourtant beaucoup plus de se diluer que de s’affirmer en tant qu’identité nationale. Cela donnait une longueur d’avance importante pour la propagande coloniale lorsqu’il s’agit de travailler l’opinion publique de nos parents et aïeuls qui seraient tentés de rejoindre le parti indigène.

D’un autre côté, Lhadj Messali n’aurait jamais osé avancer une telle manœuvre s’il ne comptait sur deux éléments importants: le soutien des frères musulmans qui l’ont repéré et socialisé déjà à l’époque où il était soldat à Bordeaux (voir son autobiographie, tome I) par lequel il pouvait impressionner sa base (les frères musulmans ont été ceux qui l’avaient mis en contact avec Chakib Arslan -voir même source-). C’est peut-être aussi de cette date que naissait, chez les arabophones algériens, le sentiment de crainte d’être mis en minorité si les berbérophones accédaient à l’affirmation de leur identité.

C’est probablement ainsi que l’on a amené les militants arabophones du PPA à cautionner ce qui pouvait leur sembler comme une tactique préventive: s’affirmer « arabes » avant que les berbères ne s’affirment comme tels! Pourtant, on peut être sûrs que les indigènes algériens ne nourrissaient pas du tout ce type de fractures à cette époque.

La manoeuvre ne pouvait que réussir, et elle n’a pourtant réussi qu’à moitié. La réaction du groupe « Idir El Watani » qui s’éleva contre l’affirmation exclusivement arabiste de l’identité algérienne et défendit l’option d’une identité algérienne à travers l’expression « Algérie algérienne », en s’affirmant à la fois « Idir » et « El-Watani », c’est à dire à la fois berbère et arabe: on a ainsi largement échappé à la dualité arabe vs berbère dans laquelle Lhadj Messali a failli ferrer la cohésion du peuple algérien.

Même si l’objectif cible n’avait pas été atteint, cette simple remise en ordre a semblé suffire à Lhadj Messali pour accuser les « Algérianistes » de « Berbéristes », cachant ainsi derrière leur initiative le fait que lui-même s’affirme arabiste et impose cette affirmaton à quiconque rejoint le PPA devenu MTLD et qu’il ne considérait pas tous les constituants algériens avec les mêmes soins, conscience et resposabilité.

Par la même occasion, il réalisait une rupture supplémentaire avec l’héritage de l’ENA car en accusant les « Algérianistes » de « matérialistes », il rejetait du même coup les racines révolutionnaires, et plutôt bolchéviques de l’Etoile Nord-Africaine dont le pionnier fut Hadj-Ali Abdelkader, le communiste dont l’administration française connaissait si peu, au point où l’on ne sait toujours pas s’il était originaire de Relizane ou de Sidi-Bel-Abbes!

information adressée par un lecteur du site socialgerie, le 2 juillet 2010

Pour lire le texte de l’intervention de Brahim Tazagarth à Bagdhad cliquer ici : « AMAZIGIHITE à BAGDHAD » (brève 68, texte en arabe)


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LES DANGERS POUR LE PROCHE ORIENT, L’AFRIQUE ET LA PLANETE IDENTIFIES PAR UN BULLETIN DU P.C.L

Lebanese Communist Party

Bulletin mensuel (12 et 13)

Ce bulletin expose, comme d’habitude, la situation politique et économique dans le monde, et analyse les répercussions de cette situation sur la classe ouvrière internationale et les peuples de la Planète, en particulier le peuple libanais.

  • Le bulletin met l’accent sur la situation en Europe, et au sein de l’Union européenne notamment, à la suite de la crise grecque et du nouveau rôle, important, occupé par le FMI dans les solutions financières et économiques aux pays de la «zone euro».
  • Il présente un parallèle concernant les répercussions des politiques néolibérales sur les revenus et la répartition des richesses aux Etats-Unis.
  • Il étudie l’immixtion des Etats-Unis en Afrique, tant à travers les manœuvres militaires qui se sont déroulées dans le Sahara qu’à travers le problème des eaux du Nil ou, encore, la poursuite de l’achat de terrains agricoles dans certaines régions africaines.
  • Au Moyen Orient, le bulletin tentera de prévoir les développements à court terme, à a suite des décisions iraniennes sur le plan du «nucléaire» et les réactions de Washington. Il jette une lumière sur les possibilités d’une guerre israélienne, ayant l’aval de l’Administration Obama, contre le monde arabe, principalement en Syrie et au Liban. Le but: tenter de résoudre le problème palestinien à l’encontre des intérêts du peuple palestinien.
  • Enfin, le bulletin donnera une image exhaustive de la situation intérieure libanaise, tant sur le plan des élections municipales que sur celui de la situation sociale; il s’arrêtera, en particulier, sur le Budget et les indices économiques et sociaux qu’il renferme (Un communiqué détaillé fut publié par le PCL à cet égard).

Introduction

Le 13 mai 2010, James Cartwright, adjoint du chef des armées des États-Unis, déclarait dans une conférence présentée au Centre des études stratégiques: «Durant les dix prochaines années, les forces étasuniennes auront à mener des combats semblables à ceux qui furent menés en Irak et en Afghanistan».

Cette déclaration laisse prévoir que l’Administration des Etats-Unis tentera, une nouvelle fois, de sortir de la crise dans laquelle elle patauge à travers des guerres et des conflits destructeurs dans différentes régions de la Planète dont, en particulier, les régions du Sud, de l’Afrique jusqu’au Moyen Orient.

À la lumière de cette déclaration, nous analyserons les événements enregistrés dans le monde.

I.La crise capitaliste et l’avenir de l’Union européenne

Le 27 avril 2010, la société « Standard and Poor’s » déclarait que le Portugal et l’Espagne se retrouvent, eux aussi, dans l’impasse, aux côtés de la Grèce.

Pour lire la suite (texte intégral du bulletin n°12 & 13) sur le site, cliquer ici (…)

Téléchargement du texte en format pdf, cliquer ici


تقرير سياسي طباعة
الكاتب/
23/06/2010

التعميم السياسي الشهري (12-13)

لجنة العلاقات الخارجية في الحزب الشيوعي

· يركز التقرير، هذه المرة، على وضع أوروبا، والإتحاد الأوروبي، بالتحديد، نتيجة تفاعلات الأزمة اليونانية والموقع المهم الجديد الذي احتله صندوق النقد الدولي في الحلول المالية والإقتصادية لبلدان منطقة اليورو.

· ويقدم مراجعة حول تأثير نمط السياسات النيو ليبرالية على مستويات الدخل وتوزيع الثروة في الولايات المتحدة خلال الستة عقود الماضية.

· ويدرس التقرير التدخل الأميركي المركز على القارة الأفريقية، إن عبر المناورات العسكرية التي نفذت في الصحراء الكبرى، أم عبر مسألة المياه (النيل)، أم كذلك عبر الإستمرار في شراء الأراضي الزراعية.

· وفي منطقة الشرق الأوسط، يستشرف التقرير ما يمكن أن يحدث من تطورات، غداة القرارات الإيرانية في المجال النووي وردود الفعل الأميركية عليها. ويتوقف التقرير أمام إحتمالات الإنفجار في العالم العربي، وضد سوريا ولبنان بالتحديد، من قبل إسرائيل وبدعم من إدارة أوباما، ارتباطاً بمحاولات حل القضية الفلسطينية على حساب شعب فلسطين.

· أخيراً يعطي التقرير صورة مفصلة عن الوضع الداخلي اللبناني، إن لجهة الإنتخابات البلدية أم، خاصة، لجهة الموازنة ومؤشراتها الاقتصادية والإجتماعية (ونشير في هذا المجال الى البيان الصادر عن الحزب الشيوعي اللبناني).

مقدمة

في 13 أيار الماضي، أعلن جايمس كارترايت، مساعد رئيس أركان الجيوش الأميركية، في محاضرة قدمها في مركز الدراسات الاستراتيجية : « خلال السنوات العشر المقبلة، ستخوض القوات الأميركية معارك كتلك التي قامت بها في العراق وأفغانستان ».

هذا التصريح يؤشر الى أن ادارة الولايات المتحدة الأميركية ستحاول، مرة جديدة، الخروج من مأزق الأزمة التي تعصف بها عبر افتعال حروب مدمرة جديدة في مناطق مختلفة من العالم، وتحديدا في جنوب الكرة الأرضية، امتدادا من أفريقيا ووصولا الى الشرق الأوسط.

في ضوء هذا التصريح نحلل الأحداث الجارية في العالم.

أولاً- الأزمة الرأسمالية ومستقبل الإتحاد الأوروبي

في 27 نيسان الماضي، أعلنت مؤسسة « ستاندارد آند بورز » ( (standard and poor‘s أن البرتغال وإسبانيا قد دخلتا، هما أيضاً، في عنق الزجاجة، الى جانب اليونان.
ويمكن القول أن هذه الإنهيارات المتتالية، التي كانت متوقعة، والتراجع السريع في سعر صرف اليورو أمام الدولار (1,24)، هي التي أسست، أولاً، لتغيير سياسة إلمانيا وتراجع المستشارة انجيلا ميركل عن رفضها خطة الإنقاذ التي كانت قد اقترحت والتي تقضي بأن تقدم إلمانيا 120 مليار يورو لدعم الدول الأوروبية المتوسطية الأربعة (اليونان، إسبانيا، البرتغال، إيطاليا) في مواجهة الإنهيار الإقتصادي، من جهة، ومضاربات الأسواق المالية العالمية بسندات ديون الدولة اليونانية وباليورو، من جهة أخرى. أما السبب الثاني للتغيير، فيكمن في التحركات النقابية والشعبية التي اجتاحت، ولا تزال، اليونان، تلبية لدعوة الحزب الشيوعي اليوناني والنقابات التقدمية ( PAME) ، وما أدت إليه من إعادة تجميع القوى النقابية والديمقراطية في أوروبا، تحت شعار مواجهة المتاجرين بقوت الشعوب والعمال، ورفض تحميل نتائج الأزمة والمضاربات والسياسات المالية الخاطئة للطبقة العاملة مجدداً.

[إلا أن هذه المواجهة الناجحة مع القوى الرأسمالية، وبالتحديد مع المؤسسات المالية والمصرفية، لا تلغي وجود أخطار
انا لا أفهم (…)->http://test1.lcparty.org/index2.php?option=com_content&task=view&id=656&pop=1&page=0&Itemid=30]

بيروت في ٢٢ حزيران ٢٠١٠

لجنة العلاقات الخارجية

في الحزب الشيوعي اللبناني

آخر تحديث ( 23/06/2010 )

Lebanese Communist Party

Bulletin mensuel n°12&13

www.lcparty.org


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EXPÉRIENCES SOCIALISTES EN AFRIQUE

1960 – 1990

sous la direction de Francis Arzalier

ISBN : 9782841098392 – 271 pages – Format : 150 x 210

Paru le 07-05-2010 – 20 €

Il incombe aujourd’hui aux historiens d’étudier, hors de toute caricature, les expériences socialistes du XXe siècle, non seulement en Europe ou en Asie, mais aussi sur le continent africain, en Égypte et en Algérie, en Guinée, au Bénin et au Congo (Brazzaville), au Burkina et au Ghana, en Angola, en Éthiopie et au Mozambique…

Car, on l’oublie souvent, ces pays connurent aussi leurs «expériences socialistes», qu’il est de bon ton aujourd’hui d’occulter, de moquer, de dénigrer: elles furent pourtant si marquantes qu’une évidente nostalgie de ce passé «progressiste» s’exprime partout, de Ouagadougou à Alger, de Konakry à Antananarivo.

Ces expériences ne sont pas objets froids et cadavres sans vie: elles portèrent l’espoir, l’enthousiasme de millions d’Africains désireux d’un avenir plus juste. Même s’il est maladroit, inachevé, l’essai prométhéen de construire une société au service des hommes et des peuples vaut toujours mieux que la soumission à un destin injuste.

C’est vrai en Afrique comme ailleurs.

Ont participé à cet ouvrage: Henri Alleg – Samir Amin – Francis Arzalier – Silas Cerqueira – Marc Chapiro – Amady Aly Dieng – Albert Gandonou – Negede Gobezie – Sadek Hadjérès – Jean-Claude Rabeherifara – Amadou Seydou Traoré – Martin Verlet.

Pour lire le texte de Sadek Hadjerès, extrait du livre, page 129, cliquer ici (…)


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LE CRI DES MÈRES DE SOMALIE

Alors que les hommes sont accaparés par la guerre, la religion et la drogue, des femmes prennent des risques pour retrouver leurs droits, leurs familles et leurs enfants.

Mogadiscio est une ville totalement abandonnée, ses populations laissées aux mains des miliciens. Le journaliste américain Charles Kituku, d’origine kenyane, séjournait la semaine dernière à Marseille après deux mois passés dans des quartiers de la capitale assiégée.

[…]

Expulsée de chez elle, sans ses enfants.

Le reporter raconte avoir été frappé par le courage d’Aïsha.[ La jeune femme tente de retrouver ses droits et ses enfants des mains d’un ex-mari ancien milicien. En Somalie, toute résistance aux hommes devient un acte politique.

Lire la suite (…)->br64]


LA LIBERTÉ D’INFORMATION EN PÉRIL

DANS LES PAYS DU MAGHREB

Colloque du 19 juin 2010, résumé des interventions

« Pour un Maghreb des droits de l’Homme »

Bulletin du Collectif d’associations

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Pour accéder au Bulletin du collectif d’associations n°4 de juin 2010, cliquer ici (…)


ARTICLES MIS EN LIGNE ENTRE LE 1er MARS ET LE 30 JUIN 2010

Amis et visiteurs du site,

Cette lettre d’information reprend simplement les titres et débuts des articles publiés depuis le 1er mars, et regroupés par thèmes.

Pour accéder au texte complet des articles indiqués ci-dessous, il suffit de cliquer à la fin de la courte présentation de chacun d’eux.

En avril et mai 2010, la mise en ligne de nombreux textes s’est trouvée empêchée pendant l’interruption momentanée du site, alors que ces documents étaient numérisés et prévus pour la publication.

Certains de ces textes, outre leur intérêt pour la connaissance historique et leurs enseignements politiques, étaient souvent liés à des anniversaires algériens importants en attente de célébration et habituellement l’objet de débats renouvelés.

Ainsi pour l’évocation du 8 mai 45, le sens donné au « Youm al ’Ilm » après 1970, le « printemps berbère » de 1980, ou encore le parcours de militants mémorables tels que Noureddine Zenine décédé il y a dix ans en mai 2000.

Aussi, progressivement, et dès le mois de juin, Socialgerie a mis en ligne certains de ces textes en raison de leur intérêt permanent :

  • la brochure (version en français) du PAGS consacrée en avril 1970 à l’œuvre du Cheikh Benbadis (pour le trentième anniversaire de sa mort) ;
  • la mise au point adressée en 1989 au journal « El Moudhahid » -qui ne l’avait pas publiée-, consacrée à certaines contre-vérités déversées à propos du 8 Mai 45 ;
  • une brochure du PAGS clandestin, publiée en mai 1985, (40ème anniversaire) qui avait aussi été consacrée à cet évènement.
  • Par ailleurs, près d’un demi-siècle après l’indépendance, des documents repères, édités par le PCA durant les 6 mois néfastes du deuxième semestre de 1962, et qui donnent matière à réflexion sur les positions prises par les différents courants politiques lors de ce mauvais départ algérien.
  • l’actualité n’y est pas pour autant négligée: Gaza, fooball, publications liées aux polémiques récurrentes algérofrançaises à propos de la colonisation, etc.

Toutes les remarques, conseils et critiques seront les bienvenues.

Si le contenu du site vous intéresse, faites le connaître autour de vous, il pourra s’enrichir ainsi de nouveaux documents et contributions provenant d’amis et camarades qui souhaitent les faire partager.

Si vous ne désirez plus recevoir de lettres d’information du site

www.socialgerie.net,

prière d’envoyer un mail intitulé « Me désinscrire » à l’adresse:

shadjeres.courrier@gmail.com

VIE & ACTIVITE DU SITE

« SOCIALGERIE » DE NOUVEAU EN LIGNE

mis en ligne le 20 juin 2010

À MES AMI(E)S, CAMARADES ET VISITEURS DU SITE, Une raison majeure de santé, survenue à la fin mars, a interrompu les mises en ligne sur le site durant deux longs mois. Ainsi sont restés en suspens d’intéressants matériaux, échanges et commentaires déjà prêts à la publication. L’essentiel aujourd’hui est qu’après deux mois et demi d’interventions chirurgicales, réadaptation cardiaque et soins complémentaires, ma convalescence se poursuit dans des conditions pratiques suffisantes. Je suis donc heureux de (…)


MESSAGE DE ALIKI

mis en ligne31 mars

Très chers ami(e)s, Je suis profondément touchée par votre marque de solidarité et d’intérêt sincère envers Sadek, dans ces éprouvants moments que traverse son état de sante. J’espère que demain il sera en mesure d’être indirectement à l’écoute de votre affection envers lui. Il lui faudra cependant un certain temps pour récupérer de l’importante opération cardiaque effectuée ce Lundi passé. Son cœur bat toujours au rythme de l’humanisme et de l’inquiétude pour l’avenir de nos deux pays, l’Algérie et la (…)


APPRÊTEZ-VOUS A LIRE …

mis en ligne le 20 juin 2010, par Sadek Hadjerès

Avant son interruption momentanée, survenue à la fin mars, de nombreux textes étaient sur le point d’être mis en ligne sur le site. Outre leur intérêt pour la connaissance historique et pour leurs enseignements politiques, certains étaient liés à des anniversaires algériens importants en attente de célébration (en avril et mai) et habituellement l’objet de débats renouvelés. Ainsi pour l’évocation du 8 mai 45, le sens donné au « Youm al ’Ilm » après 1970, le « printemps berbère » de 1980, ou encore le (…)


À L’AIMABLE ATTENTION DES VISITEURS DU SITE

mis en ligne le 17 mars 2010, par Sadek Hadjerès

Près d’un an après les débuts modestes de « SOCIALGERIE », je remercie tous ceux et toutes celles qui m’ont fait parvenir des matériaux de plus en plus nombreux. Je souhaite qu’ils continuent à enrichir et diversifier la base de documents, de réflexions et d’échanges qui ont fait l’intérêt grandissant de ce site. Je m’excuse auprès de chacun de vous si, en raison de l’abondance des documents et articles reçus, ainsi que des contraintes pratiques, je n’ai pu jusqu’ici programmer pour leur mise en ligne (…)


LISTE CHRONOLOGIQUE DES DOCUMENTS ET ARTICLES MIS EN LIGNE SUR LE SITE

mis en ligne le 8 juin 2010

Cette liste sera tenue à jour au fur et à mesure de la mise en ligne des documents et articles sur le site SOCIALGERIE / rubrique « ACCUEIL ». Pour chaque intitulé, des liens sont disponibles qui mènent directement aux différents articles et / ou textes cités. De même quand un texte peut être rattaché à d’autres rubriques, articles ou documents, et dans la mesure du possible, des liens seront créés permettant d’orienter vers les éventuels articles ou documents avec lesquels il sont en rapport. Toutes (…)


8 MARS 1910 – 8 MARS 2010

JOURNEE INTERNATIONALE DE LA LUTTE DES FEMMES

100EME ANNIVERSAIRE

1961 : HOMMAGE DU PCA AUX FEMMES DE L’ALGÉRIE EN GUERRE

mis en ligne le 28 février 2010

Cette année, le 8 Mars, la Journée Internationale de lutte des Femmes célèbre le centième anniversaire d’une Histoire marquée de luttes héroïques et de succès substantiels de la cause des droits féminins et de l’égalité dans le Monde, en dépit des épisodes douloureux, des freins et des attaques régressives vouées à l’échec. Socialgerie inaugure cette nouvelle année par la publication du numéro spécial « Femmes » de l’organe central du PCA, édité sur le sol national en février 1961, empreint du souffle brûlant et (…)

الحرية
LIBERTÉ
[publié le 18 février 1961, n° 38
Femmes َ Algériennes doc->doc308]


HOMMAGE AUX MOUDJAHIDATE ALGÉRIENNES D’ORIGINE EUROPEENNE

mis en ligne le 10 mars 2010

L’évènement relaté par le quotidien arabophone « El KHABAR » n’est pas ordinaire (pages 15 et 16 de l’édition du 9 mars, voir pièce jointe). Il est digne de la mémoire du journaliste algérien éminent dont la Fondation porte le nom, le regretté Omar Ourtilane, tombé victime du terrorisme durant la décennie noire 90. Plusieurs anciennes résistantes de la guerre de libération, d’origine européenne, ont été ainsi honorées à l’occasion de la journée internationale du 8 Mars, en hommage à leur lutte et leurs (…)


TRAJECTOIRE NATIONALE ET ITINÉRAIRES FÉMININS

TEXTE DE WASSYLA TAMZALI (2007)

mis en ligne le 9 juin 2010

Dans ce témoignage s’entrelacent les destins personnels et un contexte socio-politique national complexe, souvent déroutant pour les individus. De quoi en tout cas, au delà des convictions acquises et mouvantes de chacun, donner à réfléchir, faire reculer les images d’Epinal, les clichés propagandistes. Et garder au fond du coeur la chaude référence d’une algérianité ouverte et rassembleuse, qui fut rêvée et reste à construire.

Je me souviens de la sortie, en 1976, du livre de Germaine Tillion, Le (…)


MYRIAM BEN, ALGÉRIENNE DE TOUS LES COMBATS

mis en ligne le 5 mars 2010

En ces temps sombres, chaque nouveau huit Mars nous rend plus pénible l’évocation des femmes de courage et d’action qui nous ont quitté(e)s.

Cette date, journée de luttes et d’espoirs féminins, les aidait à vivre les épreuves tragiques de la décennie écoulée et à persévérer dans leurs combats multiformes, engagés pour guérir les meurtrissures de leur peuple et celles de leur condition féminine.

Mais elles sont parties sans avoir vu se lever sur l’Algérie ne serait-ce qu’un pâle soleil de liberté et de justice (…)

Texte original en date du 5 mars 2002


HOMMAGE À ANISSA ASSELAH

mis en ligne le 5 mars 2010 (texte original le 2avril 2001)

Le texte ci-dessous avait été adressé en hommage à Anissa Asselah un an après sa disparition.

Un tragique coup du sort avait brutalement interrompu la leçon de courage et d’humanisme que donnait à tous cette grande dame qui, après avoir perdu mari et fils assassinés par les intégristes, avait entrepris de prolonger leur message de création artistique et culturelle à travers d’infatigables et fructueuses initiatives, comme l’une des meilleures ripostes aux régressions obscurantistes. Quelques mois avant (…)


SOHA BECHARA, FIGURE EMBLÉMATIQUE DES RÉSISTANCES FÉMININES

mis en ligne le 10 mars 2010

Soha BECHARA, devenue célèbre lors de la première occupation israélienne du Liban (années 80), reste une émouvante figure de la Résistance libanaise

Deux raisons au moins justifient dans l’actualité l’[hommage que lui rend « Socialgerie » à travers la video d’une chaîne de télévision suisse (2006) et un article récent de la presse arabophone, reproduit par le site « Al Faraby »

D’abord, le centième anniversaire de la journée internationale du 8 Mars met à l’honneur la décisive participation des femmes à (…)->211]


LIBAN 2006: LA SALUTAIRE LEÇON DES BARBARES DU 21e SIÈCLE

mis en ligne le 10 mars 2010

10 mars 213 doc329
Dure, mais d’une certaine façon féconde, a été cette fois la énième invasion étrangère d’un pays du monde arabe et musulman, autant par ses premiers résultats que par ses enseignements. Je n’aborderai pas ici ce qui s’est déroulé du point de vue, pourtant capital, des enjeux internationaux. Je me limiterai à quelques préoccupations et interrogations de l’opinion algérienne, attentive aux résonances et répercussions incontournables chez nous de ce qui se passe au Proche et Moyen Orient. Il est évidemment (…)

Texte original en date du juillet 2006


ACTUALITÉS

ALGÉRIE

ET INTERNATIONAL

LE FOOTBALL SELON L’ENTV ET SELON AL-DJAZEERA

mis en ligne le 20 juin

Une analyse intéressante de Abed CHAREF, dans « LE QUOTIDIEN D’ORAN – L’ACTUALITÉ AUTREMENT VUE » du jeudi 17 juin:

« …La coupe du monde de football a confirmé la place prépondérante acquise par la chaîne Al-Jazeera dans le domaine du sport, après l’information. En attendant un projet algérien concurrent. …En vérité, Al-Jazeera est un miroir qui renvoie à l’Algérie son échec dans le domaine de la télévision. Elle est le révélateur de nos incompétences et des virages ratés par l’Algérie durant les deux (…)


2010 – INTERVIEW DE YVES LACOSTE

mis en ligne le 19 juin 2010

Interview du géographe et géopoliticien Yves Lacoste autour de son dernier ouvrage « La question post coloniale » (Fayard) Interview de Yves Lacoste « Les jeunes immigrés ignorent l’Histoire de leurs parents » Géographe et géopoliticien, Yves Lacoste est né en 1929 au Maroc où son père exerçait la fonction de géologue. Au début des années 1950, avec sa femme Camille Lacoste-Dujardin, anthropologue spécialiste des Berbères, il travaille en Algérie où il effectue sa première thèse d’Etat sous la (…)

article paru dans Le Soir d’Algérie, le 12 juin 2010


ACTUALITÉ ALGÉRIENNE: OPINION DE SADEK HADJERES

mis en ligne le 1er mars 2010

L’assassinat du chef de la sûreté nationale par l’un de ses collaborateurs, a soulevé dans l’opinion des réactions importantes et convergentes. Dans la population le sentiment unanime est : « ASSEZ des pillages financiers, du chantage des armes et de la « hogra » permanente ». Selon leur niveau de politisation, les gens éprouvent un sentiment d’impuissance indignée face à ce qui leur apparait comme une évolution fatale ou au contraire se posent de plus en plus la question: une autre issue est-elle (…)

Texte en format pdf


SAHARA OCCIDENTAL, UNE COLONIE OUBLIÉE?

mis en ligne le 8 mars 2010

Les témoignages se multiplient sur les exactions endurées quotidiennement par les populations du Sahara Occidental. Dans l’intérêt des peuples du Maghreb et du pourtour méditerranéen, il serait grand temps que le douloureux problème de cette région trouve une solution pacifique et démocratique. La voie a été tracée sans équivoque par les résolutions de l’ONU, avec l’exigence d’un referendum d’autodétermination ouvert sur toutes les options. Le peuple Sahraoui et ses institutions internationalement (…)


ALERTE MAXIMA POUR LE MAGHREB ET LE SAHEL AFRICAIN

mis en ligne le 17 mars 2010

La presse algérienne dans son ensemble s’est fait l’écho de l’insécurité aggravée dans les pays du Sahel africain et aux frontières Sud des pays maghrébins. Rarement appel à « se serrer les coudes » n’a touché du doigt de façon aussi claire et pertinente les menaces géostratégiques et économiques qui pèsent autant sur les Etats que sur les peuples de ces régions. La menace interpelle les Etats guettés par la déstabilisation et une dépendance accrue inévitable, si pour assurer la sécurité, ils ouvraient la (…)


NOUVELLE INITIATIVE POLITIQUE DES FARC (COLOMBIE)

mis en ligne le 11 mars 2010

Le sommet des États de l’Amérique Latine et de la Caraïbe qui s’est réuni à Cancun (Mexique) le 22 Février a jeté les bases d’une nouvelle organisation politique régionale excluant les Etats-Unis et le Canada. Appelée CELAC (Communauté des Etats de l’Amérique latine et de la Caraïbe, elle sera constituée officiellement en 2011 et constitue un tournant très important dans la vie du continent : le refus de voir les Etats-Unis faire plus longtemps la loi dans leur arrière cour. Un journaliste brésilien a (…)


RÉVOLUTION ÉCOLOGIQUE ET MARXISME, POURQUOI?

mis en ligne le 12 mars 2010

L’exposé de ce chercheur américain est scientifiquement limpide. Il pointe l’imminence du risque objectif majeur couru par le genre humain, ses données socio-économiques fondamentales et les exigences pressantes d’un sursaut énergique et rationnel. Il a été présenté à Hanoï le 16 décembre 2009, à la Ho Chi Minh Academy of Politics and Public Administration lors du « Workshop on Marxist Theory and Practice in the World Today » (Atelier sur la théorie et la pratique marxiste dans le monde aujourd’hui). (…)


ALGÉRIE

NATION ET SOCIETE

UN SPÉCIMEN DES DÉFORMATIONS DE L’HISTOIRE – à propos de MAI 1945

mis en ligne le 14 juin 2010

LE 8 MAI 1989, M. YOUSFI A PUBLIÉ DANS LE QUOTIDIEN “EL MOUDJAHID” UN ARTICLE ANTICOMMUNISTE. PEU APRÉS, LA MISE AU POINT CI-DESSOUS A ETE ADRESSÉE À LA DIRECTION DE CE JOURNAL. PRES DE CINQ MOIS APRÉS, ELLE N’EST TOUJOURS PAS PUBLIÉE. NOUS DIFFUSONS CETTE MISE AU POINT EN DEMANDANT À TOUS LES DÉMOCRATES DE LA REPRODUIRE ET DE LA DIFFUSER.

La célébration de l’anniversaire de la sanglante répression déclenchée le 8 mai 1945 par le colonialisme français contre notre peuple a été l’occasion pour votre (…)


8 MAI 1945 – MAI 1985, 40ème ANNIVERSAIRE

mis en ligne le 12 juin 2010

40ème ANNIVERSAIRE DU 8 MAI 1945 UNE DOUBLE SIGNIFICATION

Le 8 Mai 1945 a une charge émotive très grande pour nous. Il évoque avant tout la volonté de lutte de notre peuple et les massacres commis par le colonialisme français: des dizaines de militants d’Algériens froidement assassinés en particulier à Sétif et dans sa région, et à Guelma pour le seul « crime » de revendiquer l’indépendance de leur pays. Mais l’hommage que nous rendons à nos milliers de martyrs de Mai 45, victimes de la (…)

Texte original de mai 1985 numérisé en pdf


Les communistes et Cheikh ABDELHAMID BEN BADIS

mis en ligne le 16 juin 2010

En avril 1970, le centième anniversaire de la naissance de Lénine était célébré dans le monde entier. La revue idéologique et culturelle du PAGS « REVOLUTION SOCIALISTE » avait consacré une grande place à cet évènement, non dans le style dithyrambique, mais en s’efforçant de saisir le sens de son oeuvre et ses conséquences sur l’évolution mondiale.

Sur mon insistance, l’article principal fut rédigé par le regretté AZIZ BELGACEM, …

Dans le même temps, 1970 coïncidait avec le trentième anniversaire de la mort de Benbadis (1940) et nous estimions que l’image de ce grand homme de pensée et d’action, éminent progressiste et proche de l’action anticolonialiste des communistes en différentes occasions, méritait d’être mieux connue des nouvelles générations qui s’en faisaient une fausse idée. (…)

brochure reprise (version en français), sur le site oasis


L’INSURRECTION NATIONALE ALGERIENNE de 1871 et LA COMMUINE DE PARIS

mis en ligne le 18 mars 2010

En ce 18 mars, jour anniversaire (le 139 ème) du début de la Commune de Paris, SOCIALGERIE met en ligne le n° 6 de « REVOLUTION SOCIALISTE ». Ce numéro spécial fut édité et diffusé clandestinement en mars 1971 par le PAGS dans sa revue politique, économique idéologique et culturelle. Il fut consacré entièrement à la célébration de deux « centenaires » d’une Histoire parallèle, celle du mouvement de libération nationale dans l’Algérie opprimée et celle du mouvement social et révolutionnaire dans le pays (…)

Document original publié en mars 1971


LES CONFLITS VILLAGEOIS DANS LES AURÉS

REGARD D’UNE SOCIOLOGUE CHAOUIE SUR LES CONFLITS VILLAGEOIS DANS LES AURÉS

Article de Salim Guettouchi mis en ligne le 21 mars 2010

Une thèse de doctorat a été soutenue récemment au département de sociologie de l’université d’Alger. Intitulé « Conflits villageois, stratégies de pouvoir et discours de légitimations. Les Aurès à l’épreuve des années 90 », ce travail universitaire fort intéressant est l’œuvre de Mme Ghoufi Souad, une sociologue exerçant, depuis quelques années, au département d’architecture à l’université de Biskra. (…)


LOBBY FRANCOPHONE, LANGUE ET PATRIOTISME

mis en ligne le 15 mars 2010

On pourrait appliquer à notre peuple, en matière d’éducation et de création culturelle, l’image de celui qui meurt de soif tout près de sources d’eau jaillissantes ou prêtes à jaillir… Pour lire la suite de (…)


HISTOIRE FRANCO-ALGERIENNE

L’AFFAIRE MOURAD

HISTOIRE D’UNE INFILTRATION DE LA DST DANS LE FLN: L’AFFAIRE MOURAD

mis en ligne le 22 mars 2010, présenté dans Colloque Pour une histoire critique et citoyenne. Le cas de l’histoire franco-algérienne, 20-22 juin 2006, Lyon, ENS LSH, 2007.

Résumé de la communication: L’affaire Mourad est un épisode de la lutte que livra la DST à la Fédération de France du Front de libération nationale. Elle commence en janvier 1959 quand un chef de wilâya de la Fédération de France – Mourad – passe au service de la DST, collabore avec elle jusqu’à la fin de la guerre et lui livre nombre de réseaux. Elle prend fin après (…)


HISTOIRE DU PARTI COMMUNISTE ALGERIEN (TÉMOIGNAGE & TEXTES)

2000, HOMMAGE à NOUREDDINE ZENINE

mis en ligne le 20 juin 2010, texte de mai 2000

Ce message, publié ultérieurement dans la presse algérienne, avait été adressé par Sadek Hadjerès à l’association Africa de la Courneuve (France), qui avec d’autres associations, partis et personnalités, avait rendu un hommage émouvant à Noureddine Zenine, avant celui que lui ont rendu ses compatriotes jeunes et âgés de Annaba, sa ville natale où il fut enterré

Mes chers amis, Il m’est dur de parler au passé d’un camarade, un ami, un compagnon de lutte des moments les plus difficiles depuis quarante ans, alors que ses dernières paroles avec moi une semaine seulement auparavant étaient tournées vers l’avenir et la promesse de se retrouver bientôt dans cette même salle pour un débat. Il était plein de ses projets, pour l’émigration et le pays. Il était fier des jeunes de la cité où il vivait et des cités environnantes, ainsi que de ses autres compatriotes dans (…)


1962 , 18 avril – Alger : PROGRAMME DU PARTI COMMUNISTE ALGÉRIEN

mis en ligne le 11 juin 2010

TABLE DES MATIERES POURQUOI CE PROGRAMME?

CE QUE DEVRA ETRE LA RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE

Une République indépendante, souveraine, une et indivisible Une République réellement démocratique Une République sociale

C’EST POUR CELA QUE LE PROGRAMME DU P.C.A. A POUR OBJECTIF La réforme agraire Une industrialisation véritable Des mesures sociales COMMENT REALISER CE PROGRAMME ? LES CONDITIONS D’UN SUCCES RAPIDE : Une (…)


1962, le 30 Août : DONNER LA PAROLE AU PEUPLE, ET LUI FAIRE CONNAÎTRE LE PROGRAMME DE TRIPOLI

mis en ligne le 10 juin 2010

DÉCLARATION DU P.C.A. DONNER LA PAROLE AU PEUPLE Et lui faire connaître le projet de programme adopté à TRIPOLI Le 30 août 1962 Le bureau politique du Parti communiste algérien déplore vivement le rebondissement de la crise du F.L.N. qui, en retardant l’élection d’une Assemblée nationale et d’un gouvernement algérien légal, prolonge le régime provisoire, avec les graves conséquences que cela comporte pour l’avenir de la nation à l’intérieur, et avec la dégradation du crédit de l’Algérie à (…)


1963, 7 janvier – DECLARATION DE LARBI BOUHALI CONTRE LE COUP DE FORCE ANTI-UGTA

POUR UNE CONTRIBUTION DÉTERMINANTE DE LA CLASSE OUVRIÈRE


mis en ligne le 9 juin 2010, article Alger Républicain

L’Humanité du 4 janvier publie une interview exclusive de M. LARBI BOUHALI, où il évoque diverses questions à la suite de l’interdiction du Parti communiste algérien. « Pour résoudre les difficultés de l’Algérie, il faut faire confiance aux masses, s’appuyer sur elles, faire appel à leur esprit d’initiative, instaurer dans le pays une démocratie réelle, abandonner les méthodes autoritaires, éclairer les perspectives révolutionnaires. » D’autre (…)


1990 CRISE DU PAGS

PAGS, ASSEMBLÉE D’AOÛT 1990: UN DES DOCUMENTS DIABOLISÉS

mis en ligne le 15 mars 2010

Ce document d’époque est méconnu de la plupart des militants de l’ex-PAGS, comme de nombreux autres documents jusqu’ici mis en ligne sur le site. Sa présentation est instructive et utile pour au moins deux raisons. Qu’on soit d’accord ou non sur tout ou partie des analyses et opinions avancées, il méritait un large débat et ses thèmes restent actuels en Algérie et dans le monde. De plus, le contexte trouble de l’époque apporte un éclairage supplémentaire au problème majeur qui allait faire glisser (…)

Article
Texte numérisé, format pdf


UNE ANALYSE DU PAGS: L’ ALGÉRIE EN JANVIER 1990

par Sadek Hadjerès, mis en ligne le 12 mars 2010

Cette note intérieure de janvier 1990 indique comment se présentait à la direction du PAGS l’évolution du pays une année après les journées sanglantes d’Octobre 88 et trois mois après la légalisation officielle du PAGS, suite à 24 années de clandestinité. À côté de certaines potentialités apparues à la faveur d’une « démocratisation » de façade, on voit émerger des problèmes considérables imbriqués à l’échelle nationale et internationale, en résultat d’évolutions amorcées au cours du quart de siècle écoulé. (…)

Texte original polycopié…


CULTURE

TRIBUNE, ACTIVITÉS, LECTURES: MARS 2010

mis en ligne le 9 mars 2010

Chaque mois, socialgerie recensera dans l’article « Tribunes, Activités, Lectures » les différentes informations et invitations parvenues au site, au fur et à mesure de leur réception, qu’elles aient ou non été préalablement déjà publiées (brèves…).


FERRAT, LA NATURE, L’AMOUR ET LA RÉVOLUTION

mis en ligne le 19 mars 2010

par Akram BELKAÏD, publié dans le Quotidien d’Oran du 18 mars 2010 C’était, je crois, le premier tourne-disque de la famille, une petite valise marron avec une enceinte mono incorporée. L’été venu, à l’âge de sept ou huit ans, j’avais le droit de l’utiliser à condition « de faire attention ». Puisant dans les trente-trois tours paternels, je découvrais Jean Ferrat, bien avant les Beatles, les Stones ou le Floyd. Premiers chocs, premières émotions artistiques. « Nul ne guérit de son enfance » a-t-il (…)


JEAN FERRAT ET LE VIETNAM

mis en ligne le 17 mars 2010

Jean Ferrat n’est plus. De partout en France montent des hommages dont on sent bien qu’ils n’obéissent pas à la règle habituelle des mondanités. L’émotion est réelle, le respect est grand face à cet homme qui n’a jamais baissé pavillon, de Nuit et Brouillard à La jungle et le zoo , sans oublier Le bilan . Pour ceux qui ont naguère, lors de la plus longue guerre du XX è siècle, eu le Vietnam au cœur – et qui aujourd’hui encore observent ce pays avec intérêt – le nom de Ferrat reste lié à quelques vers (…)


JEAN FERRAT, COMPAGNON DE NOS VIES, NOS LUTTES et NOS ESPOIRS

mis en ligne le 14 mars 2010 219

Aux lendemains de l’Indépendance, un camarade français nous avait envoyé son premier disque (qui contenait  » Nuit et brouillard »), de la part de Waldeck Rochet, secrétaire général du PCF. La poésie de Jean Ferrat nous faisait percevoir le message généreux, tendre et combatif des travailleurs, artistes et intellectuels français, sa voix nous faisait oublier le cauchemar de la soldatesque et des politiciens colonialistes. Quand il évoquait sa Commune de Paris, ressurgissait en nous notre Insurrection (…)


DERNIERES BREVES

20 juin – FLOTTILLE DE LA LIBERTÉ – SIGNIFICATION ET TÉMOIGNAGE à la TV Rachad

7 avril – FESTIVAL CULTUREL NATIONAL ANNUEL DU FILM AMAZIGH (FCNAFA)

28 mars – RACHAD TV ACCUEILLE AHMED BENBITOUR

20 mars – LES LANGUES DANS LA SOCIÉTÉ ET L’ENSEIGNEMENT EN ALGÉRIE

16 mars – Jeudi 25 mars, aux 3 Luxembourg, le film « DANIEL TIMSIT, L’ALGÉRIEN « 

14 mars – ALGÉRIE NAUFRAGE DE LA FONCTION PUBLIQUE ET DÉFI SYNDICAL

12 mars – La FIJ solidaire des journalistes algériens en grève

12 mars – Ce samedi 13, MOHAMED MOULFI: ENGELS ET LA PHILOSOPHIE

9 mars – LA FONDATION GABIREL PÉRI VOUS INVITE

6 mars – LE MOUVEMENT DES ENSEIGNANTS

4 mars – « FEMMES ALGÉRIE » VOUS INVITE A LA PROJECTION DU FILM : « LETTRE À MA SŒUR »

4 mars – SLIM NOUVEL ALBUM : «L’ALGÉRIE COMME SI VOUS Y ÉTIEZ»

1er mars – RACHAD TV accueille Omar BENDERRA

AVEC LES DOCKERS SUÉDOIS, LES DOCKERS AMÉRICAINS REFUSENT DE DÉCHARGER UN CARGO ISRAÉLIEN

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Édition du Dimanche 27 Juin 2010

RADARLu : (2760 fois)

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Après l’action des travailleurs des ports suédois

Des dockers américains refusent de décharger un cargo israélien

Les dockers du port d’Oakland en Californie se sont appuyés sur une mobilisation à l’aube (5h du matin!), de centaines de militants associatifs pour refuser de décharger, le 19 juin dernier, au matin, un navire israélien, tout en imposant le caractère légal de leur refus.

Du jamais vu, a fortiori lorsqu’il s’agit d’un pays comme les États-Unis dont les rapports de proximité avec l’État hébreux ne sont plus à démontrer.

Comme “l’opinion publique” américaine est clé dans le soutien des USA à Israël, ce boycott est une très bonne nouvelle pour celles/ceux qui soutiennent la cause palestinienne. Surtout lorsqu’elle s’ajoute à des réflexions continues, dans les cercles dirigeants US, visant à changer la position stratégique des USA vis-à-vis d’Israël.

L’action des travailleurs du port d’Oakland intervient après une manifestation similaire des dockers suédois qui avaient boycotté les navires israéliens pour protester contre le raid du 31 mai dernier contre la flottille de “la Liberté” d’aide humanitaire destinée à la Bande de Gaza

voir aussi l’article « SUÈDE : LES DOCKERS BLOQUENT TOUTES LES MARCHANDISES ISRAÉLIENNES », Publié le 23-06-2010, sur le site « EuroPalestine »

LES « HORS LA LOI » ACTEURS LÉGITIMES D’UNE HISTOIRE FRANÇAISE

socialgérie, malgré le retard, signale ici un article de Séverine Labat, qui lui avait été adressé fin juin 2010, et donc avant la sortie du film « Hors la loi ».

Dans cette « Tribune » publiée dans l’édition du Monde du 27 juin 2010, Séverine Labat voit, à l’occasion de la sortie du film Hors la loi, «l’amorce d’un débat, dans l’espace public, sur le bilan et les conséquences de cent trente ans d’occupation coloniale».

«Ce n’est qu’au prix d’un tel débat, écrit-elle, que les Français d’origine algérienne pourront à leur tour s’approprier notre histoire nationale – y compris sur son versant colonial – […] et, par là, pourront être à même d’avoir le sentiment de n’être plus objets mais sujets de leur histoire.»

Cet article parait utile dans la bataille livrée actuellement pour une vraie histoire des relations algero françaises ce qui permettait l’instauration d’un nouveau climat plus serein entre les deux rives.


« Hors la loi » le film de Rachid Bouchareb, dont on ne peut évaluer les qualités cinématographiques et historiques avant de l’avoir visionné, représentera, du moins faut-il l’espérer, un tournant majeur dans l’élaboration de notre récit national.

Le 8 mai 1945, les Français célèbrent à l’unisson la capitulation de l’Allemagne nazie et, par là, en un mouvement d’occultation des luttes fratricides d’hier, la refondation de la Nation et de l’État souverain. Cette date du 8 mai est, depuis lors, commémorée chaque année comme nombre d’autres dates fondatrices de la geste nationale.

Or, en ce 8 mai 1945, la France, réconciliée autour du mythe gaullo-communiste de son héroïque et collective résistance à l’occupant nazi, se livre, en Algérie, à une sanglante répression contre les populations musulmanes de Sétif et Guelma. Certes, les massacres du 8 mai répondent à l’assassinat de cent trois Européens suite à la dispersion dans le sang d’une manifestation pacifique nationaliste dans les rues de Sétif. Les noms des victimes européennes figurent en légende des photos que la presse coloniale d’Algérie publie les jours suivants, cependant que les dizaines de milliers de «musulmans» exécutés en représailles par l’armée française sont enterrés par les leurs dans l’indifférence de la société coloniale, signe que les uns jouissent du respect qu’ils méritent ainsi que leurs familles endeuillées, tandis que pour les autres, infrahumains réduits au rang de sujets de seconde zone, l’humiliation s’ajoute à la colère et au désespoir.

Il en résulte que ce massacre, dont il revient aux historiens d’établir un bilan (les spécialistes français et américains non suspects de parti-pris l’estiment à plusieurs dizaines de milliers), radicalisera les militants du mouvement national algérien dans leur revendication d’indépendance.

La classe politique française de l’époque, composée de témoins ou d’acteurs directs de l’occupation nazie et de la lutte pour la libération du territoire national français, n’en tire guère de conséquences décisives, et seul le général Duval, qui commande alors les troupes de l’armée responsable du massacre du 8 mai, prophétise: «Je vous ai donné dix ans». L’histoire lui donnera raison puisque le 1er novembre 1954, les nationalistes algériens déclenchent l’insurrection qui les mènera à l’indépendance.

Or, de cet aspect du 8 mai 1945, enjeu de mémoire tout aussi légitime que celui qui voit tous les ans le président de la République décorer d’anciens combattants sous l’arc de triomphe, il n’est jamais question dans l’espace public, signe d’un déni largement consensuel des crimes imputables à la colonisation. Aussi bien, le film de Rachid Bouchareb, œuvre cinématographique d’un artiste en un sens produit de l’histoire coloniale, a-t-il, jusqu’à présent, suscité polémiques et débats monopolisés par les nostalgiques de l’Algérie française relayés par des élus soucieux de ces clientèles électorales, privant, pour l’heure, notre société d’une mise à plat de notre passé indispensable à la préservation de la paix sociale et au bon fonctionnement de la vie démocratique.

Ce n’est pas la première fois que nous tardons à entreprendre un travail de mémoire fut-ce à contre-courant d’une histoire officielle magnifiant à loisir le génie français et volontiers donneuse de leçons à l’adresse du reste du monde.

Il en est ainsi allé de l’histoire du régime de Vichy dont la responsabilité dans la déportation des juifs de France a tardé à être officiellement reconnue et prise en compte, dans toute sa complexité, dans le continuum du récit national que nourrissent la recherche académique, les œuvres artistiques, les manuels scolaires et les commémorations officielles.

De fait, le mythe résistancialiste a, au lendemain de la Libération, permis d’éviter une guerre civile et de confiner le parti communiste français à une fonction tribunicienne d’expression des mécontentements dans un cadre légal, et n’a été battu en brèche que tardivement. La vérité n’a pu être rétablie que grâce aux témoignages de protagonistes imperméables à la tutelle de l’histoire officielle, et à l’émergence, en France comme à l’étranger, d’une génération d’historiens affranchis des légendes convenues. Ce travail de mémoire, jalonné de débats passionnels, d’anathèmes et de règlements de compte, ne fut guère, tant s’en faut, un chemin de rose. «Le chagrin et la pitié», réalisé en 1971, fut censuré à la télévision durant dix ans. Et c’est à un historien américain, Robert Paxton, avec son ouvrage paru en 1973, «La France de Vichy», que l’on doit la première brèche dans le mythe, déconstruit à partir de la fin des années 1980 par de jeunes chercheurs tels que Henri Rousso.

Autre étape décisive de cette reconnexion mémorielle, le procès Barbie en 1991 a fait œuvre d’exorcisme collectif. Nos grands-parents, résistants, collabos, ou, plus surement passifs durant l’occupation, ont alors découvert ou fait mine de découvrir avec effroi le sort réservé aux juifs de France avec la complicité active des autorités françaises. Des victimes de la barbarie nazie, qui s’étaient tues durant des décennies, soit parce qu’elles avaient compris que la société française n’était pas disposée à les entendre, soit que leur martyre fut indicible pour elles, commencent à témoigner et à s’emparer, par leurs récits, d’une histoire dont elles avaient été dépossédées, au point de rendre problématique toute transmission aux générations ultérieures.

Le passage, pour les communautés juives de France, de la mémoire privée à l’Histoire commune à l’ensemble de la nation française, est aussi largement redevable à l’œuvre de Serge Klarsfeld, qui, par la recension exhaustive, patiente et minutieuse des noms, origines, professions, âges et destinées, des déportés juifs de France, a contribué à rendre à ces victimes une humanité permettant à leur descendance de s’inscrire dans un continuum.

À cet égard, il convient de saluer l’ultime étape de ce processus d’intégration historique: la reconnaissance officielle et solennelle des crimes de Vichy par Jacques Chirac en 1995.

Désormais, il va de soi de commémorer publiquement la rafle du Vel d’hiv de juillet 1942, et de consacrer une journée commémorative à la déportation, tandis qu’un monument situé à Paris porte inscription des noms de la totalité des 75000 déportés juifs de France.

Les enjeux de la sortie du film de Rachid Bouchareb sont du même ordre dans la mesure où, pour la première fois dans l’histoire cinématographique française, une fiction évoquant la guerre d’indépendance algérienne est traitée du point de vue des militants nationalistes et non plus, comme ce fut le cas jusqu’à présent, du point de vue des militaires français.

On voudrait voir, dans la diffusion de ce film, l’amorce d’un débat, dans l’espace public français, sur le bilan et les conséquences de 130 ans d’occupation coloniale, que les travaux d’une nouvelle génération d’historiens, tels que Raphaëlle Branche ou Sylvie Thénault, ne manqueront pas d’alimenter à l’avenir.

Ce n’est qu’au prix d’un tel débat que les Français d’origine algérienne pourront à leur tour s’approprier notre histoire nationale, – y compris dans son versant colonial – dont ils demeurent largement peu instruits, sinon par bribes incomplètes et pourvoyeuses de rancœurs, et, par là, pourront être à même d’avoir le sentiment de n’être plus objets mais sujets de leur histoire. Ne manquons pas l’occasion offerte par la diffusion de «Hors la loi».

Il en va en effet de la consolidation et de la pérennité du processus d’intégration et d’adhésion des nouveaux Français issus de l’Empire à la République et de leur sentiment d’appartenance pleine et entière à une nation que d’aucuns s’empressent de leur contester au motif qu’il arrive à ces populations, notamment juvéniles, à l’occasion de matchs de football, d’agiter des drapeaux algériens, ce qui serait un signe de manque de loyauté à l’égard de la France.

Or, il est admis, quoi que ces esprits chagrins en veuillent, que lors des matchs disputés par l’équipe française, ces mêmes jeunes s’enthousiasment symétriquement pour notre équipe nationale dont ils célèbrent joyeusement les exploits.

Leurs parents, ouvriers immigrés, n’ont sans doute pas disposé des ressources en capital culturel pour assurer la transmission de leur histoire pourtant intimement liée à celle du mouvement national algérien, né dans les années 1930 parmi la main d’œuvre algérienne immigrée, et fortement représenté par la Fédération de France du FLN durant la guerre d’indépendance – dont le film de Bouchareb se fait semble-t-il plus l’écho que des événements de Sétif -.

Aussi bien, dépourvus de filiations historiques permettant la construction d’une conscience individuelle et politique propres à les transformer en sujets de leur histoire, les jeunes français issus de l’immigration algérienne en sont-ils souvent réduits, en raison des stigmatisations – raciales, spatiales, sociales – dont ils font l’objet, à afficher, de façon souvent maladroite et ressentie comme agressive, une identité singulière dans l’espace public français – pratiques islamiques ostentatoires, radicales, et en rupture avec les pratiques traditionnelles de leurs parents; tentation d’un repli communautaire où l’identité nationale dont ils ne se perçoivent pas parties prenantes fait place à une identité de quartiers ségrégués-.

Faute de donner une place à ces nouveaux Français dans notre récit national, la situation ne peut que perdurer et alimenter violences urbaines et tensions communautaires car si ces violences et ces tensions peuvent céder le pas à l’expression pacifique des revendications et mécontentements au moyen de la médiation d’institutions légales telles que les partis, les syndicats ou les associations citoyennes porteuses de valeurs communément partagées, encore faut-il, même dans ce cadre, que se fasse jour une capacité à décrypter le monde social à partir d’une conscience politique forgée par des filiations légitimement admises.

Et seule une culture historique nationale non amputée peut le permettre.

Il n’est, à cet égard, pas inutile de rappeler que, selon l’historien Benjamin Stora, sept à huit millions de Français ont à voir, d’une manière ou d’une autre, avec l’histoire algérienne, soit plus de 10% de la population française.

C’est dire l’enjeu de la recherche historique concernant l’histoire de l’Algérie française et exploitant l’ensemble des archives existantes sans aucun ostracisme.

Mais ne nous y trompons pas. Il faut aussi que, face à monsieur Luca, hérault d’une partie de la communauté pied-noire arcboutée à une mémoire parcellaire, et face au service historique des armées, où résonnent encore les légendes de la Coloniale, se dressent des créateurs affranchis des tabous tels que Rachid Bouchareb.

C’est ainsi que se forge la mémoire collective, ciment du vouloir vivre ensemble.

C’est alors que la classe politique française pourra prendre ses responsabilités à l’égard de ces nouveaux Français pour le bien commun de la nation toute entière. Cela devrait passer, sous une forme ou une autre, sinon par un acte de contrition, du moins, à l’instar de la démarche de Jacques Chirac concernant les crimes du régime de Vichy, par la reconnaissance officielle des exactions commises par la France dans son ex-Empire, et, par voie de conséquence, par l’inscription de leur récit dans les manuels scolaires.

Ce n’est qu’à ce prix, à l’abri des gesticulations d’arrière-garde, que nous parviendrons à dépasser les faux débats y compris celui sur la prétendue incompatibilité entre islam, démocratie et république; débat qui ne sert qu’à tenir une partie de l’électorat captif de prurits sécuritaires, et à éluder la question centrale de l’intégration politique de nos concitoyens ex-colonisés.

Ceux-ci ont au reste plus d’une fois témoigné de leur amour pour la France en versant l’impôt du sang – le premier film de Rachid Bouchareb, «Indigènes» a grandement contribué à le rappeler et à légitimer la revendication d’un règlement de la question des pensions de ces anciens combattants –.

Il n’y a pas de raison que leurs enfants, formés par l’école républicaine, n’aient pas hérité d’une partie de cet amour, pour la France, pour la révolution française – qui a inspiré les dirigeants indépendantistes algériens –, pour les droits de l’Homme, qui incluent celui de l’accès au savoir, notamment historique.

Si un tel droit ne leur était pas reconnu, ainsi d’ailleurs qu’à tous les nationaux, nos nouveaux compatriotes ne deviendraient jamais des citoyens à part entière et ils resteraient éternellement des citoyens entièrement à part.

par Severine Labat (*)


(*) Chercheure au CNRS/CADIS