UN NOUVEL HOMMAGE AUX ÉPOUSES, MÈRES, FILLES ET SŒURS « COURAGE »

Avec un retard de plusieurs mois dont le site s’excuse, Socialgerie publie une des contributions qu’un ancien oranais, lecteur assidu du site, nous avait fait parvenir avant l’interruption momentanée de nos mises en ligne. La lettre reste d actualité, car elle répondait à l’appel du 8 mars: « Faire de toute l’année une journée de lutte permanente pour les droits féminins et rendre chaque jour justice à la moitié de la Nation. »

Les lecteurs du site remercieront notre ami de ses efforts pour explorer les mémoires de sa ville natale. Plus particulièrement au sujet de celles dont on parle si peu, les femmes qui même lorsqu’elles étaient moins visiblement et politiquement engagées, ont su dans les tourmentes du quotidien, se battre et se tenir debout, simplement parce qu’elles refusaient viscéralement un monde dénué de justice pour leurs êtres proches et leurs compatriotes.

C’est en grande partie à elles, toujours en filigrane dans les luttes et supportant leur poids le plus douloureux, que nous devons d’avoir vu nos enfants s’acheminer dans un monde plus respectueux de chacun et chargé d’espérance.

Avec l’espoir que tous ces témoignages continueront à mettre en lumière ce que des centaines de milliers des femmes algériennes ont affronté et enduré dans l’anonymat de l’honneur et de la dignité.

M. S.


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À la suite de l’appel à contributions que vous avez lancé sur le site, et au moment où l’on se prépare à célébrer la Journée de la Femme que l’on souhaite belle et radieuse à toutes les femmes de ce monde qui leur reste toujours injuste, je voudrais attirer l’attention sur un groupe de femmes dont on parle peu ou prou : le groupe des épouses, mères et sœurs et filles [[Pour les filles de militants, je pense à l’émouvant interview de Djamila Amrane avec la regrettée Halima Ghomri, la fille de Tahar Ghomri, dans ‘Des femmes dans la guerre d’Algérie, Karthala, Paris 1994′.]]de militants.

Cet intérêt m’est ancien pour avoir connu et suivi le parcours de quelques femmes touchées par ce phénomène. Par ailleurs, je suis aussi un lecteur assidu de votre site et donc informé des hommages mérités sur de défunts militants. Cependant, je m’étais toujours posé la question de ce qu’étaient et allaient devenir celles qui les avaient côtoyés. Je ne pouvais m’empêcher de me demander quand justice – celle de l’histoire – allait leur être rendue, avec la difficulté personnelle que je n’étais pas formé pour recueillir les témoignages, et donc de participer d’une manière effective à ce processus. Je vous envoie avec beaucoup de craintes cet essai, en espérant que cela engendrera de meilleures narrations des visiteurs du site sur ces remarquables femmes.

Ce groupe de femmes, silencieux, mais combien sublime quand on le côtoie, s’est retrouvé, soit par la force des choses, soit par hérédité, soit par alliance, impliqué dans une tourmente à laquelle il n’était pas forcément préparé. Certes, dans l’histoire de notre pays et plus particulièrement au sein du mouvement progressiste, il a existé des couples qui partageaient le même idéal. [[Il serait grandement bénéfique pour les jeunes lecteurs que des témoignages et enquêtes soient transmis par les lecteurs contemporains sur quelques figures et situations qui ont fait honneur aux sacrifices et luttes féminines (on a en tête aussi les Abbassia Fodil, Gaby Gimenez, Baya Allaouchiche, Alice Sportisse, Jacqueline Guerroudj, Elliette Loup, pour les plus connues d’entre elles et tant d’autres).]] Et l’on ne peut que s’enorgueillir d’avoir même eu des couples célèbres. Chacun de nous peut en énumérer quelques-uns, mais un rapide survol des militants et de leurs familles nous enseignerait que la plupart des autres femmes, sœurs et mères de militants étaient de véritables anonymes…

Jeunes épouses ne sachant pas dans quel pétrin elles allaient s’enchevêtrer. Des mères à courir derrière le mari ou le fils qui eux-mêmes ne faisaient que courir parce que pourchassés par les vilains. Femmes au foyer, parfois ne possédant pas un métier pour palier au mari militant permanent ou trop absent pour tenir un boulot.

Et d’autres aussi ont eu à subir les méfaits au sein même de leur foyer, car il faut reconnaitre que beaucoup de militants n’avaient pas toujours pu se libérer des carcans de notre société.

Et pourtant, elles ont tenu le coup, et ont apporté leur contribution à la libération du pays, comme à élever une famille.

Je me permets d’utiliser un exemple plus près de nous: Dans sa belle contribution au débat sur le livre de Mohammed Rebah, A. Noureddine parle avec beaucoup d’affection de mâ Hafsa, cette mère-courage, et lui reconnait aussi le fait de lui avoir épargné des sévices, sinon le pire de ses poursuivants. [Voir l’article «La révolution confisquée», (commentaire de A. Noureddine du livre «Des chemins et des hommes» de Mohamed Rebah), mis en ligne sur socialgérie, [http://www.socialgerie.net/spip.php?article152 ]]

Mâ Hafsa fait partie de ce groupe encore plus restreint de celles dont le calvaire ne s’est pas arrêté à l’indépendance du pays. Cette fois-ci, c’était subir les méfaits des «frères», les disparitions des hommes, la clandestinité, les terribles difficultés financières, les enfants qui grandissent sans le père et qui ne grandissent pas comme souhaité par toute mère. Tout cela, ces femmes-là ont eu à le gérer comme elles ont pu ou su. Ne l’oublions pas.

L’historien Aabid Ahmed dans sa parfaite narration des grèves des dockers d’Oran souligne l’impact des incertitudes et les bouleversements engendrés au sein des familles des lutteurs. [Voir «Février 1950: Un défi cinglant à l’État colonial: La grève historique des dockers d’Oran» mis en ligne sur socialgerie: [http://www.socialgerie.net/spip.php?article182 ]]

Et bien d’autres dont les lecteurs de Socialgerie pourraient nous renseigner.

Dans le cas familier de la ville d’Oran, je pense à une mère qui non seulement avait eu à vivre le calvaire avec son mari, mais aussi ses enfants qui avaient suivi leur père après l’indépendance. [[ Le père de cette famille menait une activité militante publique avant la guerre de libération dans la région de Tlemcen. Il poursuivit cette activité après l’indépendance et connut les déboires avec les différents régimes. Ses enfants, devenus enseignants universitaires, ont suivi le chemin et les tracas de leur père. Selon les témoignages que j’ai pu avoir, leur mère a donné le plus exemple de courage et de dignité devant tant d’aversion. Il doit y en avoir certainement d’autres exemples similaires dont l’histoire mérite d’être connue.]] Et à d’autres, dont cette femme qui s’était mariée, au début des années cinquante, à un militant aujourd’hui disparu, Hamou Kraba et que je nomme avec la double crainte de rétrécir encore plus l’histoire sociale et politique de l’Algérie qui semble se limiter à quelques noms seulement, et en sachant aussi – pour avoir gagné son amitié – qu’il n’aurait aimé que l’on parlât de lui en oubliant ses camarades. Une jeune femme mariée à un militant permanent et très actif, voyageant beaucoup et dont l’expérience internationale l’avait emmené à rencontrer Mao bien avant beaucoup de gens dans ce monde, et qui comptait parmi ses amis intimes ceux qui allaient être la fierté de l’Algérie. Une jeune mère, dont le mari avait été sauvé in-extrémis quelques années auparavant des griffes du tribunal militaire grâce à une campagne internationale de solidarité menée par ses camarades d’ici et d’ailleurs, et aussi grâce à un coup de génie de ses avocats, [[Ce procès, parmi d’autres touchant des responsables plus importants, avait été largement couvert par Alger-républicain et Liberté. Le regretté Laid Amrani était un des avocats avec Joe Nordmann. Dans ses mémoires, (Aux Vents de l’Histoire, Actes Sud, Arles 1996), ce dernier indiquait que ce procès-la lui avait fourni la première approche, sur le terrain, des problèmes coloniaux. Peu d’années plus tard, il revint en Algérie pour la défense, toujours de militants nationalistes algériens de différents bords, tels que Kiouane, Hadj-Ali et Akkache, tous les trois poursuivis pour la même infraction à l’Article 80. Et en 1957, ce fut pour le procès de Fernand Yveton. Maitre Nordmann consacrera sa carrière et jusqu’à un âge avancé, à la défense des militants nationalistes africains et malgaches, ainsi que des étudiants européens de gauche.]] a eu à gérer durant la guerre de libération, toute seule et avec de très faibles ressources une famille de trois enfants. Et elle a des histoires à raconter sur les hantises du mari disparu, sur la crainte de l’inconnu, sur les descentes de la police, de l’armée et de la gendarmerie, sur les attentes incertaines devant les portes des camps et autres lieux infâmes.

À l’indépendance, le retour tant souhaité du mari à la maison. Et la perte rapide des illusions à cause des conneries voyantes des autres. Et les maladies interminables, conséquence directe des sévices et d’une vie pourtant jeune mais sans répit pour le corps. Commencer à travailler tard avec le refus par l’employeur algérien de reconnaitre une activité militante pourtant publique. Ce même employeur qui voyait d’un mauvais œil la réapparition d’un syndicat représentatif et dynamique. Le coup d’état, une autre entrée en clandestinité, arrestation ou plutôt reddition pour sauver un innocent pris comme otage. [[ Il s’agit d’un jeune innocent, employé des Chemins de fer et qui fut enlevé. Gasmi, c’était son prénom, est maintenant lui-même retraité des mêmes Chemins de fer. Cet évènement m’a été gracieusement rappelé en Octobre 1993 par un historien d’Oran qui avait été lui-même arrêté et emprisonné au même endroit.]] Le vieil ami fidèle, qui lui remettait de l’argent, prétextant qu’il ne faisait que rendre ce qu’il devait au mari. [[L’ami fidèle, Ammi Bouziane, est un ancien soudeur des Chemins de fer. Il est toujours en vie et doit avoir dépassé les quatre-vingt dix ans]] Tout cela sans savoir où donner la tête, et surtout comment faire vivre et gérer une famille qui s’élargissait. Et les maladies incessantes qui étaient là, à lui rappeler qu’elles pouvaient être évitées si son mari avait choisi une autre voie. Mais en existait-il réellement une autre ? Non. La conviction restait partagée. La retraite – forcée pour cause de maladie, par ce même employeur toujours ingrat envers ceux qui avaient participé directement à la libération du pays. Une pension au début carrément misérable, que les luttes des autres travailleurs avaient un peu valorisée. Et puis la fin sur un lit d’un hôpital crasseux, car la dernière plaie refusait de se cicatriser. Une vie fatigante, mais qui a aussi fatigué celle des proches.

Avec l’euphorie générée par le football, elle acheta un drapeau neuf pour, me dit-elle aider les jeunes et aussi pour honorer le père qui aimait beaucoup son pays. Ce même drapeau qu’on lui a volé le soir même du balcon de la maison !!

Ce que je viens de présenter n’est qu’un exemple infime parmi tant d’autres venant de tous les horizons politiques du mouvement national. Il serait vain de penser que seuls le combat ou l’idéologie du mari ou du frère avaient formé ces femmes-là. Cette femme-là en est une démonstration parfaite. Elle fait partie de celles qui ne cherchaient pas à être seulement un effet d’entrainement, mais des mères, des épouses, des sœurs et des filles.

Celles qui ont toujours su garder leur affection à leurs fous de maris, de frères ou sœurs ou d’enfants.

Il nous faudrait aussi fêter ces merveilleuses femmes et célébrer leur vie. Beaucoup sont déjà parties. D’autres sont sur le chemin, fatiguées, malades et tout aussi déçues que leurs hommes. Envoyons les jeunes les faire parler. Ils apprendront beaucoup d’elles. Invitons-les à nous raconter leur histoire.

Le numéro 38 de Liberté/El Hourriya dont vient de nous gratifier Socialgerie commence avec ce rappel des femmes qu’elles sont «la moitié de la nation en lutte». Derrière chaque militant, fameux ou pas, il y avait cette remarquable moitié.

Il nous faudrait leur montrer toute notre affection, car il n’est pas toujours aisé de vivre avec quelqu’un qui a choisi de se sacrifier pour que les autres en profitent.

Un lecteur assidu.

« ROMAN DE KABYLIE » (SEBRAFER) de AREZKI METREF

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Présentation de « Roman de Kabylie »

( Sefraber) d’Arezki Metref

à l’Association de culture berbère

( ACB)

37 bis rue des Maronites Paris 20 Métro : Menilmontant ( Ligne 2).

Mercredi 6 octobre à 19 HEURES

Pour tous renseignements : 0143582325

Animée par Nourredine Saadi

ROMAN DE KABYLIE ou la vie des ancêtres

Ce roman d’amour n’est pas œuvre de simple imagination : tamurt «le pays» des ancêtres, y est montré dans toute sa véritable richesse, propre et «singulière», ainsi qu’en témoigne la diversité de sa longue culture de constante résistance, dans un va et vient fécond entre tradition et modernité, en dépit de –ou grâce à- une longue oralité.

Culture aujourd’hui foisonnante, présente jusque très loin de son foyer natal grâce à l’activité de sa diaspora, et de ses nombreux hommes et rares femmes qui ont pu et su fréquenter activement les précoces écoles laïques françaises de Kabylie.

Culture toujours dynamique jusqu’aujourd’hui, ouverte et en mouvement constamment créatif déjà enrichi au dialogue avec les cultures internationales, tel, rapporté ici, cet exemple d’adaptation par un créateur kabyle d’une pièce de théâtre …chinois!

La culture kabyle, vivante et toujours prolifique, occupe bien désormais une place reconnue dans le patrimoine culturel universel, par goût de justesse et souci esthétique de l’expression.

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Ce « roman » qui n’en est pas un mais beaucoup plus, parlera à celui qui, pour toujours, est tombé amoureux des montagnes éblouissantes de la Kabylie, de ses plages écumantes, de ses torrents, de ses forêts, de son ciel infini, de ses villages bruissant de jeunesse, d’espérance et de souvenirs, joyeux ou héroïques que l’auteur fait resurgir au hasard de ses promenades et de ses rencontres

« Irene » Un bateau juif à l’assaut du blocus de Gaza

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« IRENE »

UN BATEAU JUIF À L’ASSAUT DU BLOCUS DE GAZA

Al-Oufok le 26 septembre 2010, avec les agences de presse.

Un bateau, avec à son bord une dizaine de militants pacifistes juifs israéliens, européens et américains, a quitté dimanche le port de Famagouste, dans le nord de Chypre, vers la bande de Gaza. Ses occupants espèrent briser symboliquement le blocus israélien, selon une journaliste de l’AFP.

« C’est un devoir sacré pour moi en tant que survivant (de la Shoah, ndlr) de protester contre la persécution, l’oppression et l’enfermement de tant de gens, dont plus de 800.000 enfants à Gaza», a expliqué à l’AFP Reuven Moshkovitz, 82 ans, l’un des passagers.

Le bateau, baptisé Irene, est un voilier qui bat pavillon britannique. Le trajet vers Gaza devrait, en théorie, durer environ 36 heures. «Nous avons une stratégie de non-violence et de non-confrontation, si l’armée israélienne arrête le bateau, nous ne les aiderons pas à l’emmener au port (d’Ashdod, ndlr)», a indiqué Yonatan Shapira, un ancien soldat israélien, membre de l’équipage.

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Le voilier « Irène », avec à son bord des militants pacifistes, quitte Chypre en direction de Gaza, le 26 septembre 2010.

***

Un bateau juif parti de Chypre est en route vers Gaza

Un bateau chargé d’aide destinée à la population de Gaza et affrété par des groupes juifs du monde entier a pris la mer aujourd’hui à 13h32 heure locale.

Le bateau, Irène, qui vogue sous pavillon britannique, a embarqué dix passagers et un équipage. Ce sont des Juifs des États Unis, du Royaume Uni, d’Allemagne et d’Israël. Il y a aussi deux journalistes britanniques.

Dans ce moment de crise dans les pourparlers de paix, des Juifs, des Israéliens, lancent un appel pour que soit levé le siège de Gaza et pour la fin de l’occupation.

Le chargement du bateau comporte de l’aide symbolique sous forme de jouets pour les enfants et d’instruments de musique, des cahiers, des filets de pêche pour les pêcheurs gazaouites et des prothèses pour des interventions orthopédiques dans les hôpitaux de Gaza.

L’organisation hôte à Gaza est le Programme de santé mentale de Gaza, dirigé par le docteur Eyad Sarraj, médecin psychiatre.

Le bateau va tenter de rejoindre la côte de Gaza et de décharger son aide en un acte non violent, symbolique de solidarité et de protestation. Un appel sera fait à la levée du siège de Gaza pour que la circulation des biens et des personnes vers Gaza et depuis Gaza soit possible.

Le bateau arbore de multiples étendards de paix qui portent les noms de douzaines de Juifs ayant exprimé leur soutien à cette action, symbole du large soutien à ce bateau de la part de Juifs du monde entier.

Depuis Londres, Richard Kuper du groupe des « Juifs pour la Justice pour les Palestiniens » membre du groupe organisateur, a déclaré aujourd’hui que le bateau juif pour Gaza est un acte de protestation symbolique contre l’occupation israélienne des territoires palestiniens et contre le siège de Gaza, ainsi qu’un message de solidarité envers les Palestiniens et les Israéliens désireux de paix et de justice.

« Le gouvernement israélien n’a pas le soutien de tous les Juifs » a dit Richard Kuper. « Nous en appelons aux gouvernements et aux peuples du monde pour qu’ils s’expriment et agissent contre l’occupation et contre le siège ».

Concernant le risque d’interception par la marine israélienne, Richard Kuper a précisé: «  ceci est une action non-violente. Nous aspirons à rejoindre Gaza, mais nos militants ne s’engageront dans aucune confrontation physique. Ils n’offriront donc aucune raison ni excuse aux Israéliens pour recourir à la force ou pour les attaquer. »

Reuven Moskovitz, passager de 82 ans, a dit qu’il a consacré sa vie à faire d’ennemis des amis. « Nous sommes deux peuples mais nous avons un même avenir » a-t-il ajouté.


contacts

Le n° de téléphone satellite pour joindre les passagers à bord est le 00 8821668610337

Contact presse à Londres pour des interviews des organisateurs : Yosh 00 44 7816 44 8307

Contact presse JNews en Israël : Miri 00 972 549270796

Soutiens :

Organisations juives et individus de Hollande, Allemagne, Etats Unis, Suisse, Danemark, Suède, Belgique, France, Autriche, Australie et Israël

Organisateurs et sponsors:

Juifs Européens pour une Paix Juste (EJJP), Jews for Justice for Palestinians (Royaume Uni), Jüdische Stimme für einen Gerechten Frieden in Nahost (Allemagne), American Jews for a Just Peace (USA), Jewish Voic for Peace (USA), Jews Against the Occupation (Sydney, Australie)


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Al-Oufok, le 27 septembre 2010, avec les agences de presse:

« IRENE »

Rami Elhanan : « C’EST AINSI QUE LES MURS FINISSENT PAR TOMBER »

Des pacifistes juifs – européens, israéliens et américain – ont appareillé dimanche du port de Famagouste, dans le nord de Chypre, à destination de la bande de Gaza, dans une tentative de briser symboliquement le blocus maritime imposé par Israël.

À bord d’Irene, un petit voilier bleu et blanc, ont pris place une juive américaine, un Britannique, une Allemande et quatre Israéliens opposés au blocus imposé par l’État hébreu à l’enclave palestinienne depuis 2006.

« Nous voulons montrer au monde que tous les juifs n’approuvent pas la politique israélienne », a expliqué à l’AFP Édith Lutz, foulard turquoise dans les cheveux et étoile de David autour du cou.

« C’est un devoir sacré pour moi en tant que survivant (de la Shoah, ndlr) de protester contre la persécution, l’oppression et l’enfermement de tant de gens, dont plus de 800.000 enfants, à Gaza », a pour sa part estimé Reuven Moskovitz, un Israélien de 82 ans. « L’État d’Israël est un rêve magnifique qui s’est réalisé, il faut faire en sorte qu’il ne devienne pas un cauchemar. Je suis sioniste, je crois que j’ai ma place sur cette terre, mais ce n’est pas une raison pour voler la terre des Palestiniens et violer les droits de 1,5 million de personnes », a-t-il ajouté. Avant de quitter le port, il s’est lancé, sous l’oeil éberlué de la police chypriote turque, dans un solo d’harmonica, un chant hébreu pour la paix.

Le voilier a quitté Famagouste à la mi-journée, après des préparatifs très discrets, en partie de peur de sabotages ou de pressions qui pourraient empêcher son départ. « Nous avons choisi Famagouste car nous savions que les autorités (chypriotes) turques étaient favorables à ce type d’action, mais nous n’avions aucune garantie qu’ils nous laissent partir », a indiqué Yonatan Shapira, un ancien officier israélien, membre de l’équipage. En fin d’après-midi, le bateau a quitté les eaux territoriales chypriotes sans encombre, a-t-il précisé par téléphone satellitaire. L’opération, dont le budget dépasse les 20.000 livres (23.500 euros), a été financée par des dons récoltés notamment par différentes branches de l’organisation « Juifs européens pour une paix juste ». À bord, une petite cargaison de jouets, livres, matériel de pêche ou encore médicaments, « une aide symbolique » pour la population de Gaza.

Le trajet vers Gaza devait, en théorie, durer quelque 36 heures. Les militants ont l’intention de hisser à l’approche de Gaza des drapeaux de paix multicolores arborant les noms de dizaines de juifs soutenant leur action. « Nous avons une stratégie de non-violence », a souligné Yonatan Shapira.

Parmi les passagers, Rami Elhanan, 60 ans, dont la fille Smadar a été tuée à 14 ans dans un attentat-suicide. « Nous nous tapons la tête contre un mur de haine très dur. Mais notre objectif est de faire des fissures dans ce mur, car c’est ainsi que les murs finissent par tomber », a-t-il déclaré. « La chose la plus intelligente que pourrait faire Israël, c’est de nous laisser passer, ainsi personne ne se rappellera de nous. Mais quoi qu’il se passe, le pire m’est déjà arrivé, je n’ai pas peur », a-t-il poursuivi.

Le 31 mai dernier, à l’aube, des commandos israéliens ont donné l’assaut à un convoi humanitaire maritime, baptisé « La flottille de la liberté », tuant 9 passagers turcs. Après la vague de réprobations internationales soulevée par l’assaut, Israël a accepté d’alléger le blocus qu’il impose à Gaza depuis juin 2006.


LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION À PARTIR D’ORAN «Fini l’arabe dialectal dans les classes !»

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L’instruction a été adressée à toutes les directions de l’éducation

LE MINISTRE DE L’ÉDUCATION À PARTIR D’ORAN

LA MESURE a été décidée tout récemment par le département de Benbouzid.

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«Fini l’arabe dialectal dans les classes !»

Les matières enseignées en arabe doivent être dispensées dans une langue parfaite. Les maîtres et enseignants de la philosophie, l’histoire, les sciences naturelles, les mathématiques, physique et la géographie sont donc appelés à bannir dans leur communication avec les élèves l’arabe dialectal.

La mesure a été décidée tout récemment par le département
de Benbouzid. L’instruction ministérielle a été adressée à toutes les directions de l’éducation du pays en vue de son application dès la présente rentrée scolaire.

À Oran, aussitôt reçue, l’instruction a été dispatchée sur l’ensemble des écoles de tous les paliers. Ce qui semble motiver le département de Benbouzid à ordonner une telle mesure, est ce constat incontestable relevé
un peu partout dans les établissements scolaires où la langue
arabe n’est utilisée que dans les tableaux des classes et les cahiers des écoliers tandis que le gros du travail se fait en arabe dialectal.

Cela est d’autant plus vrai lorsque les maîtres se mettent
dans la rude besogne des explications des leçons des matières techniques comme les mathématiques, les sciences naturelles, la physique ou la chimie.

Face à cette décision administrative, les inspecteurs de l’éducation se disent otages d’une mesure tronquée des moyens d’accompagnement.

Le contrôle du niveau de suivi de la mesure pose, à plus d’un titre, le problème.

« Comment peut-on mettre à exécution une telle décision si des mesures de contrôle ne viennent pas compléter l’instruction?», se plaignent en effet, des responsables de l’éducation.

Cependant, d’autres mesures supplémentaires seront annoncées dans les tout prochains jours. La «généralisation de la langue arabe dans les écoles»
sera suivie par d’autres mesures portant sur le suivi de la mise en
œuvre de l’instruction du ministère de l’Education nationale.

Selon des sources proches du département de M. Benbouzid, les inspecteurs de l’éducation assumeront la lourde tâche de sillonner les écoles du pays en vue d’assister les enseignants dans la mise à exécution de cette décision.

Pour leur part, plusieurs professeurs des matières techniques ne
cachent pas leur étonnement, expliquant que l’important est de transférer
les connaissances aux élèves, peu importe le moyen et la langue utilisés.

D’autant que les programmes adoptés à la
faveur des dernières réformes scolaires sont à la fois lourds et surchargés.

Sur un autre plan, le ministre de l’Education nationale a insisté sur la nécessité de redresser le niveau comportemental des élèves sans pour autant recourir aux privations des notes des examens du fait de leur mauvaise conduite dans les classes.

Le même instruction est explicite, sanctionnant davantage les collégiens indisciplinés.

Ce volet exige un travail de fond dont la mise en application des textes tout en se référant au règlement intérieur qui régit le secteur de l’éducation.

WAHIB AÏT OUAKLI

Journal L’EXPRESSION, le 22 septembre 2010, page 4

Le 6 octobre 2010, à l’IMA: HOMMAGE A MOHAMED ARKOUN

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Un hommage sera rendu à Mohamed ARKOUN

à l’Institut du Monde Arabe

le mercredi 6 octobre 2010 à 18h 30.

Initialement prévue pour ce lundi 27 septembre, la rencontre organisée en hommage au Pr. Mohammed Arkoun, décédé dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 septembre, aura lieu le 6 octobre, à 18 h 30, à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris.

Pour rendre hommage à l’islamologue professeur émérite de la Sorbonne ont confirmé leur présence Jean Daniel, cofondateur et éditorialiste du Nouvel Observateur; Olivier Abel, philosophe et membre du conseil scientifique du Centre civique d’étude du fait religieux (CCEFR ), institut qu’avait fondé et que présidait M. Arkoun; Claude Geffré, théologien dominicain et cofondateur du Groupe de recherches islamo-chrétien (GRIC); et Rachid Benzine, islamologue et chercheur associé à l’Observatoire du religieux.

Sont notamment attendus (et sous réserve de confirmation) le directeur du pôle Religions au sein du ministère des Affaires étrangères Joseph Maïla, le poète Adonis et le philosophe Edgar Morin.

Vidéo, témoignages et moment musical ponctueront cet hommage, où plusieurs centaines de personnes sont attendues. Un livre d’or sera à la disposition des anciens étudiants, confrères, amis, lecteurs de l’œuvre d’Arkoun ou de tout un chacun désirant apposer un message en l’honneur du penseur disparu.

http://www.saphirnews.com

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RACHAD TV, mardi 28 sept; حوار على امباشر مع المحامي أحمد سي مزراق تقييم وآفاق 5 سنوات بعد ميثاق السلم والمصالحة

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كونوا في موعد حصة « من الأمس إلى الغد »

الثلاثاء 28 سبتمبر 2010

على الساعة 19:00 بتوقيت الجزائر – 20:00 توقيت أوربا

حوار على المباشر مع المحامي أحمد سي مزراق

تقييم وآفاق 5 سنوات بعد ميثاق السلم والمصالحة

RachadTV accueille

Maitre Ahmed Simozrag

Bilan et perspectives 5 ans après la charte pour la réconciliation

Mardi 28 septembre 2010, 19:00 Alger – 20:00 Europe

أرسلوا أسئلتكم مسبقا على العنوان التالي

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1 – www.rachad.tv

2 – http://www.livestream.com/rachadtv

3 – www.ustream.tv/channel/rachad-tv

كما يمكن المشاركة في الحصص المفتوحة للحوار بالاتصال:

1 – التلفوني على الرقم : 00442031293081

2 – على حساب rachadtv على Skype

Aussi sur youtube :

http://www.youtube.com/rachadtv

http://www.youtube.com/yourachad

LES DESSOUS D’UNE MACHINATION CONTRE LA LUTTE ANTI-CORRUPTION

Le texte ci-dessous est repris d’un entretien mis en ligne par « Le Quotidien d’Algérie », le 14 septembre dernier, après la condamnation à six mois de prison avec sursis du Dr Djilali Hadjadj, honorablement connu pour sa probité, son courage intellectuel et civique.

L’entretien éclaire sur des pratiques malheureusement fréquentes, sinon systématiques, contre ceux qui dénoncent de façon concrète des faits irréfutables de corruption.

Les faits ainsi mentionnés, gagneraient pourtant à faire l’objet de vérifications et de larges débats publics.

Ainsi que « Socialgerie » l’indiquait dans une de ses livraisons, la lutte contre la corruption cessera d’être seulement un effet d’annonce et ne deviendra efficace que si elle s’appuie sur de considérables mobilisations citoyennes.

Faire reculer la corruption qui se généralise est un des objectifs majeurs des luttes démocratiques et sociales pour une alternative nationale à la crise qui détruit l’Algérie.

PS: Nouvelle confirmation de qui précède (voir à ce propos le commentaire de Mustapha Hammouche dans le quotidien « Liberté »: le représentant de l’APN (Assemblée Nationale), bien élue comme tout le monde le sait, vient de déclarer en substance que … la corruption est un problème trop sérieux pour justifier la création d’une Commission d’enquête de l’Assemblée, dite « Populaire »!
On ne saurait mieux exprimer le mépris envers tout un peuple à qui on assène avec un grand sérieux: ne cherchez pas à comprendre, c’est ainsi et pas autrement.

Après cinq jours de détention, Djilali Hadjadj a comparu hier devant le tribunal correctionnel de Sidi M’hamed, près la cour d’Alger, pour «faux et usage de faux et complicité de dilapidation de deniers publics»

Il a été condamné à 6 mois de prison avec sursis et son épouse à 2 mois avec sursis.

Assis parmi de nombreux prévenus, notamment des délinquants, Djilali Hadjadj, président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption, semble très serein. ..

Pour accéder au texte en entier et au forum, , cliquer ici…


Djilali Hadjadj au Temps d’Algérie :

«Des parties refusent mes critiques au sujet de la lutte contre la corruption»

Vous avez été arrêté suite à l’émission d’un mandat d’arrêt alors que vous vous apprêtiez à voyager à Marseille à partir de la wilaya de Constantine. Parlez-nous des conditions de votre arrestation…

En réalité, j’ai été surpris d’être appréhendé par les services de sécurité sans connaître le chef d’accusation.

J’ai essayé d’avoir des informations et je n’ai eu aucune réponse jusqu’à ma traduction devant le tribunal où j’ai appris que j’étais accusé de faux et usage de faux et dilapidation de deniers publics. J’ai su aussi que le mandat d’arrêt a été lancé depuis neuf mois. Mais ce qui est étonnant,

c’est que je n’ai reçu aucune convocation de la police me spécifiant que je suis condamné à trois ans de prison ferme par contumace dans une affaire de faux et usage de faux,

sachant que j’étais présent sur le terrain à travers mes déclarations à la presse et mes participations dans les émissions de télévisions satellitaires et mes activités en tant que président de l’Association algérienne de lutte contre la corruption et membre de Transparency International et je participe aussi aux congrès nationaux et internationaux.

Qu’en est-il alors de l’accusation portée contre vous ?

Je pense que cette accusation est très lourde. Je suis médecin et il est de mon devoir de soigner les citoyens et il est de mon devoir de soigner les personnes les plus proches de moi.

J’ai soigné ma femme qui souffrait d’une maladie, étant médecin possédant la carte professionnelle. J’ai été convoqué par les services sécuritaires en 2006 concernant cette accusation et j’ai assuré que les certificats délivrés à ma femme sont réglementaires et il n’y a aucun faux et usage de faux.

Mais selon le dossier du tribunal, vous n’étiez pas en exercice à cette période…

Je suis agrémenté par tous les organismes chargés de la santé et j’étais président du Conseil national de déontologie. Je possède aussi une carte professionnelle et je peux soigner n’importe quelle personne qui a besoin de moi, même si je n’étais pas dans mon bureau ou à la maison.

Dans quelle catégorie classez-vous cette accusation ?

Ce n’est pas nouveau pour les plaintes qui ont été portées contre moi. 59% sont des plaintes en diffamation et j’ai été jugé devant 100 juges environ. Je pense que cette nouvelle plainte est liée à mes déclarations et mes écrits concernant la lutte contre la corruption.

Comment ça ?

Un Conseil des ministres s’est tenu le 25 juillet où il a été décidé de créer une institution pour lutter contre la corruption, dans le cadre de la loi de finances complémentaire 2010. Dans la mesure où je suis président de l’Association de lutte contre la corruption, j’ai publié un communiqué critiquant cette institution et j’ai déclaré aux médias que la lutte contre la corruption nécessite une volonté politique et un travail de terrain et le phénomène ne sera pas réglé par la promulgation de lois. Je pense que certaines parties veulent me faire taire et mes déclarations leur déplaisent malgré le fait qu’elles soient fondées sur des études et des analyses pratiques.

Par Adel R.

L’ARBITRAIRE JUDICIAIRE ET POLICIER PRÉTEND REMPLACER LES JUGEMENTS DIVINS

Les trois articles de presse reproduits ci-dessous (de Ahmed HALFAOUI, Mohammed BOUHAMIDI et Arezki AIT LARBI) réagissent comme beaucoup d’autres, à des pratiques de milieux officiels de plus en plus répandues: le bâton et la prison, comme substituts aux défaillances de ce qui devrait être une saine éducation civique et religieuse.

Les libertés individuelles fondamentales, proclamées dans les textes constitutionnels, sont ainsi bafouées à l’encontre de simples citoyens alors même qu’ils ne portent atteinte ni à leurs concitoyens ni à l’ordre public.

Cependant que la tolérance et une complaisante complicité, sont réservées aux faits de haute corruption et de dilapidation des biens publics, condamnés aussi bien par les prescriptions islamiques que par le droit positif.

Après ces trois articles, sont indiquées également quelques références aux positions communistes, dont celles du PAGS, en matière de liberté de conscience et de respect de toutes les convictions religieuses et idéologiques tournées vers un fonctionnement démocratique et de justice sociale de l’Etat et de la société.

Les intertitres en caractères gras du texte arabe d’Al Massa d’Octobre 1989 résument ce point de vue:
« Nous sommes contre toute main-mise sur la religion; nous revendiquons la liberté de conscience; chaque individu est libre dans ses propres rapports avec ALLAH ».


LA GRANDEUR D’UN PAYS, par Ahmed Halfaoui, le 23 septembre 2010;


Des signes récurrents nous le font craindre – LES CONSÉQUENCES DE CETTE FOI QUI S’ÉBRANLE! par Mohamed Bouhamidi, La Tribune, le23-09-2010;


« Une justice aux ordres, détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide » entretien avec Arezki Aït-Larbi (Journaliste, initiateur du collectif SOS Libertés).


article de Al-Massa d’Octobre 1989 dans lequel Sadek Hadjerès avait donné son point de vue sur la liberté de conscience,


“UN AXE DE TRAVAIL DES PLUS ACTUELS, COMMUNISTES ET REPRESENTATIONS DE L’ISLAM” socialgerie, article 179



LA GRANDEUR D’UN PAYS

Un grand pays se caractérise par le sentiment de solidité qu’il dégage et par sa capacité à absorber les moindres contradictions qu’il secrète. Un grand pays est habité par un peuple sûr de son unité que rien ne peut fragiliser. Un grand pays est grand par son peuple, qui ne tolère pas que quiconque soit brimé pour ses opinions. Un grand pays n’a pas peur du dernier quidam qui sort des rangs, parce qu’un grand pays n’a pas besoin que ces citoyens marchent en rangs. C’est ce que les Algériens qui voient grand souhaitent à leur pays, l’Algérie.

Du moins c’est ce qu’ils devraient souhaiter. Et c’est de cela qu’il faut convaincre ce procureur du tribunal d’Aïn el Hammam et tous les autres qui lui ressemblent. Ce représentant de la République a forcé la dose dans son réquisitoire. Il a demandé trois ans de prison ferme contre deux ouvriers jugés, parce que surpris par des policiers en train d’étancher leur soif, durant la journée, pendant le ramadhan. Ils étaient sur leur lieu de travail, un chantier. Ils auraient mis en danger l’édifice social du pays! Venons-en au crime.

D’après les avocats de la défense, il n’y aurait aucune loi qui interdit de rompre le jeûne. Donc, le code pénal n’a pas pu servir de source de référence pour notre procureur. Il a dû, par conséquent, puiser dans d’autres textes, le montant à payer en années d’enfermement. En réfléchissant bien, dans ce cas, il n’y a que les textes religieux qu’il soit possible d’invoquer. Mais là, la peine encourue qui fait autorité parmi les exégèses, n’est pas celle-là, et elle relève de la conviction personnelle et non de la coercition judiciaire. Le croyant, si c’est le cas, ne subit aucune peine publique et doit expier la dérogation qu’il a, volontairement, faite au dogme, par la libération d’un esclave (règle obsolète de nos jours), sinon par le jeûne de deux mois lunaires consécutifs, sinon il doit alimenter soixante pauvres.

On est loin des trois ans de prison, qui coûtent beaucoup plus cher que soixante repas. Trente-six mois de salaires, rien que ça, plus la privation de liberté, plus tous les frais de justice, plus le préjudice moral, plus les conséquences familiales et sociales. Alors que, de surcroît, l’Islam, sachant qu’on ne pénètre pas dans l’intimité de la foi ou du manque de foi, ne prévoit pas de clergé et repose sur la croyance et l’obéissance à ses préceptes, librement consenties. C’est pour cela, d’ailleurs, qu’il n’y a rien de prévu dans les textes juridiques et c’est pour cela que le procureur est obligé de faire dans la jurisprudence personnelle. Le drame est que c’est bien le cas. Obnubilé par la mission qui lui a été confiée de rendre justice à la société, qu’il est censé représenter, il se prend la tête et frappe fort. En cela, il ressemble étrangement à ces muphtis que même l’Arabie saoudite est en train de réduire au silence. À la différence près qu’un muphti n’a pas de pouvoir judiciaire. En attendant de voir ce que va décider le juge, en espérant qu’il ne suivra pas l’accusation, sinon ce serait déjà bien parti pour que la justice se drape ouvertement du manteau de l’arbitraire. Si les
«prévenus» sont emprisonnés, on aura la confirmation que la machine est en place pour s’immiscer dans tout ce qui peut déranger un ordre dont on ignore, terriblement, les commandements.

On s’est situé jusqu’ici dans la situation où les concernés se reconnaissent, eux-mêmes musulmans. Il paraît qu’ils ne le sont pas. Les choses se compliquent. La question qui se pose, ici, est de savoir combien de policiers, de tribunaux, de procureurs et de juges il faudra pour qu’il y ait une équité de traitement entre les citoyens vis-à-vis de ce même délit. On exclut d’office les étrangers non musulmans dont la visibilité sociale permet de les identifier, en considérant que la répression inquisitrice ne concerne que les nationaux, en excluant ceux «d’origine étrangère», tout aussi visibles, comme tels. Là, cela rappelle quelque chose qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée. Ceux-là seraient des citoyens à part, non concernés par la même justice que leurs compatriotes.

par Ahmed Halfaoui, le 23 septembre 2010

Pour lire l'[article en ligne, sur www.lejourdalgerie.com, cliquer sur le lien:
http://www.lejourdalgerie.com/Editions/230910/Rubriques/evenement.htm->http://www.lejourdalgerie.com/Editions/230910/Rubriques/evenement.htm]

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Des signes récurrents nous le font craindre

LES CONSÉQUENCES DE CETTE FOI QUI S’ÉBRANLE!

La presse n’avait pas fini de parler de la chose qu’elle arriva au cœur d’Alger.

Rue Abane Ramdane, vers les heures médianes de la journée, tout juste en face du palais de justice – quel symbole! – un homme défaille. Les passants et les jeunes du quartier entendent la question en une fraction de seconde. Vite, de l’eau et du sucre. En cette journée de jeûne, du mois de Ramadhan correspondant à août 2010, cet homme risquait le coma diabétique. Est-ce l’expression exacte? Les gens l’entourent, le secourent, le font boire en urgence. Depuis le temps que nous gérons tous des parents ou des amis diabétiques, nous connaissons au moins par
ouï-dire les symptômes, le diagnostic et le remède. Ainsi fut fait! En plein jour, devant Dieu et devant les hommes, des personnes charitables ont secouru un passant en difficulté en le faisant boire sucré en plein carême.

Le palais de justice touche le Sénat et ces deux lieux emblématiques de la loi et de la République expliquent la forte présence policière. Or la force publique n’est pas intervenue pour empêcher que soit commise, en ces lieux plus parlants que d’autres, une éventuelle atteinte à l’Islam, voire à l’ordre public.

Pourtant – et cela ne pouvait pas rater – un quidam, bien en barbe et en signes extérieurs de la piété militante, qui passait à ce moment, n’a pas manqué de vilipender le malade et de souligner l’outrage qu’il faisait à la religion ainsi de boire en public. Les jeunes gens du quartier ne se sont pas privés de le rabrouer mais en s’expliquant. Le quidam, superbe, leur rétorqua que dans ce cas le malade devait se protéger. Le mot arabe «yestar rouhou» est difficilement traduisible. Le sens dépend strictement du contexte. L’expression veut dire se protéger, se cacher. Mais ici, on ne le comprend que dans le sens de se dérober aux regards, non pas se cacher mais cacher de soi quelque chose. Nous le pratiquons dans ce sens depuis si longtemps. «Es star rouhek», cache ta honte, cache ta conduite honteuse. Ainsi la conduite du malade surpris par le malaise dans la rue est une honte et il existerait des circonstances religieuses ou sociales ou culturelles dans lesquelles la maladie engendre la honte de ses conséquences.

Est-elle si loin la vieille idée médiévale que la maladie est une forme de punition mais qu’elle est aussi pour le malade une expiation ? Ce rapport à la maladie devrait en toute logique exclure le recours aux soins pour bénéficier du maximum de report de péchés. Et tout autour de nous, nous entendons cette explication que la souffrance allège le poids de nos transgressions et donc qu’elle devient, en toute logique expiatoire, souhaitable.

Ne vous préoccupez pas de l’autre logique qui a mené nos ancêtres en Islam à produire une médecine et une pharmacopée de référence avec Ibn Sina que nous présentons comme une fierté de notre civilisation arabo-islamique. Bienvenue sur ces terrains idéologiques et culturels qui ne craignent pas la contradiction.

Retenons que pour le quidam, l’assistance à personne en danger et les soins urgents relèvent de la honte. Notez qu’il aurait pu s’enquérir des raisons qui poussaient tant de personnes à l’encourager dans l’outrage.

Non, il ne le fait pas. Il englobe tout le monde dans la réprobation en faisant le reproche de boire à une personne qu’il ne connaît pas et dont il ne cherche pas à saisir les raisons d’une telle conduite. Il y a quelque chose qui cloche dans cette attitude.

Spontanément, il considère les gens attroupés comme des handicapés mentaux, incapables de discerner le mal en train de se faire. Sinon, il leur aurait demandé ce qui se passait. Il ne le fait pas et donc la logique sous-jacente de sa conduite est qu’ils sont en incapacité de discernement. Alors, il admoneste tout le monde en stigmatisant le «déjeûneur».

Nous avons pris l’habitude de ce genre de personnages depuis les années 1980. Ils nous attendaient dans les cimetières pour nous rappeler à la peur de Dieu et des tourments de la tombe. Puis, ils ont captivé les âmes des enfants dans les écoles et leur ont enjoint de dénoncer leur père et mère qui ne s’appliquaient pas strictement à leurs devoirs religieux. Il fallait pour les sauver de la géhenne les admonester à temps. Puis, ils leur ont enjoint d’égorger père et mère récalcitrants pour ne pas payer pour eux et sauver leur propre âme de la géhenne. Puis, ils ont égorgé les enfants pour leur éviter cette vie de péchés à la base et les envoyer directo des utérus au paradis. La vie entre les deux est peut-être une erreur et les prescriptions pour la vivre dans le droit chemin sont peut-être superflues? Puis, ils finirent par tuer en masse et sans distinction les gens de tous âges.Le poète turc a raison de nous appeler à ne pas «être comme le poisson / qui vit dans la mer/ sans connaître la mer/…» (Nazim Hikmet) mais il est si difficile de comprendre cette mer humaine qui nous baigne et qui est nous-mêmes. Etre familiers du phénomène ne veut pas dire le comprendre. Il existe une continuité compacte entre l’admonestation du malade et le couteau sur la gorge des bébés. Elle est compacte mais facilement mise à jour.

Si le quidam s’est permis cette attitude devant tant de personnes, c’est qu’il sait à notre place ce qui est socialement convenable. C’est lui qui sait comment nous devons adorer Dieu, Le prier, Lui rendre grâce etc. Il est porteur de la vérité religieuse. Il est le modèle. Et s’il nous montre le droit chemin, c’est qu’il y est. Et il est dans la certitude d’y être. Et s’il sait quelle route mène au paradis c’est qu’il est autorisé entrer même s’il proteste que ses portes ne s’ouvre que par la grâce de Dieu car protester, c’est être sur le chemin et rajouter aux bonnes actions la bonne conduite.

Dans toute cette conduite, seule la sanction obnubile le prêcheur, Dieu devient une suite de formalités. Admonester reste le premier pas, celui qui mène à la sanction. Au bout, le pécheur sera sauvé s’il revient dans le droit chemin ou puni, s’il persiste dans le mal. Non seulement notre quidam, prêcheur est le modèle à suivre, l’assuré d’être sur le bon chemin, il énonce et exécute la sanction.

Pourquoi les milices religieuses et les groupes terroristes portaient les germes de sa défaite? Parce qu’il était ce prêcheur. Il était un méga-prêcheur. Et il est allé partout pour remplir son rôle de rédempteur de la société. Il est allé dans les maisons, il a installé ses milices religieuses et fouetté les ivrognes de passage. Et comme seul programme politique, il a proposé l’observance des devoirs religieux qu’il a confondus avec un programme politique. Les chefs en avaient peut-être un. La base et les cadres moyens ne voulaient que s’assurer de la victoire absolue des préceptes religieux. Nous devions entrer, tous, dans les registres de la sainteté. Satan devait trouver la mort en Algérie. En chaque pécheur redressé, Satan perdait une âme et une bataille. Il a fallu tuer beaucoup de gens pour tuer Satan. Et comme on n’est jamais sûr de l’avoir bien tué dans le pécheur égorgé, on mutile le cadavre du pécheur. La mutilation reste la seule preuve de sa mort. Elle reste surtout la seule preuve que le pécheur est bien poursuivi après sa mort. Le pécheur ne peut pas s’en tirer aussi facilement. Alors, on s’acharne. Le raffinement dans la cruauté n’est jamais gratuit. Il ne concerne plus que les désirs –ou plutôt que le désir- de l’assassin. Car en tuant le pécheur, le prêcheur devient un assassin. Il lui faut absolument pour rester dans la logique de l’au-delà poursuivre le mort dans l’au-delà et entamer le travail d’Azraël. Il lui faut devenir lui-même un élément de l’au-delà. Nous sommes en plein délire.

C’est pour cela qu’il est si difficile de parler avec un terroriste de la logique de ses actions. Et pourquoi, il est si difficile de l’imaginer. On reste avec des questions insolubles dans la tête: «Pourquoi, ont-ils tué des bébés et pourquoi de pauvres villageois et pourquoi de pauvres gens», etc.

La logique du rédempteur est une logique de mort. Quel qu’il soit. Car il faut être bien fragile pour manifester tant de peur pour notre religion devant une transgression.

Racontons une histoire pour l’expliquer. La guerre d’Algérie battait son plein quand ma génération entrait à l’école. Pour la majorité écrasante, c’était l’école indigène. Le Ramadhan était dur, très dur. Aucun aménagement horaire n’allégeait l’épreuve et vers les années cinquante, cela se passait en été, je crois. Et tous les jours que Dieu faisait, les paras, les appelés ou les territoriaux nous en faisaient baver. Nous étions souvent obligés d’amener le repas de la rupture sur le lieu de travail pour les ouvriers postés comme les receveurs ou chauffeurs des transports algérois. Dans cette lutte féroce, vous le savez qu’elle a été féroce, ces soirées de Ramadhan, on nous parlait de religion et on nous parlait de Meriem-Marie. Avec quel ravissement religieux, nous racontait-on le miracle de La Vierge mais aussi avec quel sérieux nous racontait-on le droit des gens du livre sur les gens du Livre. Quelques enfants algérois ont peut-être eu aussi l’insigne privilège d’être conduits par une grand-mère dans la cathédrale de Notre- Dame d’Afrique pour voir le Christ et pour voir sa mère. Ils ne s’effrayaient pas de la foi des autres ; ils avaient la leur consistante pour l’accepter tranquillement.

Comment nos parents ont-ils réussi dans cette adversité qui visait aussi leur foi à rester inébranlables dans leur piété ? Pour la seule raison qu’en leur cœur, leur foi était dans une solide demeure. Elle ne s’ébranlait pas si facilement. Elle a même été solide comme du roc.

A contrario, ce quidam, come ceux qui surveillent si des maçons chrétiens boivent dans l’intimité d’une carcasse en chantier, ont la foi bien fragile. Très fragile. Ils ont besoin de l’aide de l’Etat, appareil policier et appareil judiciaire en tête, pour la conforter. Les malades ont le droit de ne pas jeûner et les chrétiens n’ont aucune obligation d’observer le jeûne. Cette fragilité de la foi nous interpelle tous sur ses significations profondes. Sur celles qui nous ont menés sur les voies d’une tragédie qui se perpétue et sur celles d’une nouvelle tragédie.

Les pouvoirs publics ont le devoir de mesurer dans quels périls nous emmènera la traque des chrétiens et des musulmans distraits de leur devoir. Poursuivre des gens dans leur intimité reconduit les procédés qui ont été mis en place par les milices religieuses des années rouges. Les gens ont raison de dire que la logique de ce processus sera ensuite de vérifier si les gens font leurs prières, puis s’ils vont à la mosquée, puisque tous les actes de la foi doivent être publics pour être vérifiés et contrôlés. Ibn Toumert l’a fait. Mais l’inquisition espagnole l’a fait aussi pour les morisques. Ce n’est pas nouveau. Et c’est ce qui rend le dérapage inexcusable.

Et encore plus inexcusable dans ce contexte général de défis multiples, dont le défi de la cohésion nationale. Il serait dramatique pour nous musulmans – et pour notre pays avec toutes ses confessions – d’accompagner un retour subreptice des délires meurtriers.

par Mohamed Bouhamidi, La Tribune, le23-09-2010

Pour lire l’article en ligne, sur le site www.latribune-online.com, cliquer sur le lien: http://www.latribune-online.com/suplements/culturel/40247.html

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« Une justice aux ordres, détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide « 

entretien avec Arezki Aït-Larbi (Journaliste, initiateur du collectif SOS Libertés).

Arrestations de non-jeûneurs ou de chrétiens, une justice surprenante de rapidité, ambiance d’inquisition distillée jusque dans certains médias : les libertés semblent menacées. Journaliste et militant des droits de l’homme, Arezki Aït-Larbi se mobilise pour sensibiliser l’opinion publique face aux intolérances : ce dimanche, quatre chrétiens seront jugés à Larbaâ Naït Irathen, alors que les non-jeûneurs de Akbou passeront devant le juge le 8 novembre.

Quelle est votre réaction suite au procès de mardi dernier intenté aux deux journaliers, Hocine Hocini et Salem Fellak, à Aïn El Hammam ? Vous avez été sur place lors de ce procès, que pensez-vous de la mobilisation citoyenne autour de l’affaire?

Arezki Aït-Larbi:Ce procès a révélé les dérives tragiques d’une justice aux ordres, lorsqu’elle est détournée au service d’une idéologie intolérante et liberticide. On a appris au cours de l’audience que la police judiciaire a eu l’accord du parquet avant d’interpeller les deux «délinquants». Le procureur a justifié cette expédition par le risque de les voir lynchés par la foule en colère. «Faux!», s’insurge un avocat, témoin de l’attroupement, «la seule foule en colère ce jour-là était devant le commissariat pour exiger leur libération !». Lors de leur inculpation, un magistrat du parquet a tenu des propos affligeants. En apprenant leur foi chrétienne, il leur a conseillé de «changer de pays et d’aller en Europe, car ici c’est une terre d’Islam!».

Lorsque des magistrats, censés dire le droit et veiller au respect des lois, s’autorisent des mensonges et des dérapages de café maure, cela révèle l’ampleur de la menace qui pèse sur nos libertés. Que ces dérives soient dictées par des convictions idéologiques ou qu’elles répondent aux besoins d’une provocation planifiée par des forces occultes, cela devient suffisamment inquiétant pour alerter notre vigilance. Un motif d’espoir toutefois, la spontanéité de la mobilisation citoyenne contre l’arbitraire. Près de la mosquée de Aïn El Hammam, j’ai entendu un vieillard, connu pour sa piété et sa sagesse, exprimer sa désapprobation avec colère: «S’ils ont mangé durant le Ramadhan ou s’ils ont choisi une autre religion, c’est leur problème avec leur Créateur! Que viennent faire la police et la Justice?»

Comment expliquer la rapidité de la justice dans ce genre d’affaires alors que le parquet refuse de s’autosaisir dans des affaires bien plus graves, comme les scandales de corruption?

Arezki Aït-Larbi: Dans les régimes autoritaires, la justice est réduite au rôle d’appendice servile de la logique politico-policière. Avec le religieux qui a, peu à peu, squatté la place du politique, puis du judiciaire, il est plus «gratifiant» pour la carrière d’un magistrat de pourchasser des «délinquants cultuels» au nom de la religion, que de s’attaquer à la corruption au nom de la morale et des lois de la République. Dans le premier cas, les cibles sont issues des couches défavorisées de la société. Dans le second, les parrains sont au cœur du pouvoir. De hauts responsables ont été cités dans la presse pour corruption ou détournement de fonds publics. Les coupables présumés n’ont opposé aucun démenti aux accusations et la justice a détourné le regard.

“SOS Libertés” a lancé, le 10 août dernier, la veille du Ramadhan, un appel au «respect des libertés de conscience». Quelle en a été la portée ? Pourquoi la «classe politique» ne s’est-elle pas solidarisée avec cette initiative?

Arezki Aït-Larbi: SOS libertés a été créé au printemps 2008, lors des persécutions de chrétiens dans l’Ouest algérien, notamment avec l’affaire Habiba K. de Tiaret qui avait défrayé la chronique. Ce Collectif, qui milite pour «le droit de chaque citoyen de pratiquer le culte de son choix, ou de n’en pratiquer aucun», est un cadre informel ouvert, un cri de ralliement qui intervient pour alerter l’opinion lorsque des libertés sont agressées. Notamment les «libertés orphelines» (comme la liberté de culte), qui ne concernent qu’une infime partie de la population et qui, par conséquent, n’intéressent pas les acteurs politiques.

À la veille du Ramadhan, nous avons appelé au respect de la liberté de conscience et demandé au gouvernement d’autoriser l’ouverture de cafés et restaurants pour permettre à ceux qui ne jeûnent pas d’exercer leurs droits dans la discrétion. Car si le musulman pratiquant est respectable, le citoyen qui ne pratique pas, ou qui a choisi une autre religion, ne l’est pas moins. A l’Etat d’organiser la cohabitation de tous, en protégeant les libertés de chacun. Avec le procès de Aïn El Hammam et les autres qui sont en cours pour «délit religieux», nous n’avons visiblement pas été entendus.

Quelles seraient les vraies raisons de cette recrudescence de l’intolérance? Est-ce «l’islamisation» rampante de la société? L’excès de zèle de certains fonctionnaires? Une «ambiance» de bigotisme imposée ou encouragée d’en haut?

Arezki Aït-Larbi: C’est un peu la conjonction de tous ces facteurs. Pour «isoler politiquement le terrorisme», le pouvoir avait tenté, dès le début des années 1990, de récupérer les mots d’ordre intégristes, avant d’en devenir le maître d’ouvrage. Aujourd’hui, le piège est en train de se refermer sur la société pour aboutir, au nom d’une «réconciliation nationale» frelatée,à la reddition de l’Etat de droit devant les injonctions des «émirs». Des barons du régime réputés pour une spiritualité de rite Johnny Walker (ce qui, par ailleurs, relève de leur liberté) multiplient les signes ostentatoires de bigoterie pour se conformer aux nouvelles normes sociales. Sur ce terreau, se sont greffées des provocations occultes sur fond de recomposition dans le sérail. Pour donner aux islamistes radicaux de nouveaux gages de «bonne foi» et conforter l’alliance national-islamiste, le pouvoir n’hésite plus, au mépris de la Constitution et des pactes internationaux ratifiés par l’Algérie, à sacrifier les chrétiens et les «mauvais» musulmans, considérés comme des «déviants», dont l’existence même est vécue comme une «offense aux principes de l’Islam».

Certains pensent qu’après plus de vingt ans de lutte sécuritaire contre l’intégrisme, il semble que ce dernier ait idéologiquement remporté la partie. Qu’en pensez-vous?

Arezki Aït-Larbi: En effet, la défaite militaire du terrorisme s’est paradoxalement soldée par une victoire idéologique de l’intégrisme. Outre des référents idéologiques communs et des passerelles entre le pouvoir et les islamistes, cela renvoie aussi à une prédisposition pathologique du système à récupérer les slogans de ceux qui le contestent avec le plus de virulence, pour se perpétuer. Pour rétablir l’équilibre et imposer le respect de la diversité dans une société plurielle, une seule voie: la lutte sur le terrain. C’est une erreur de croire à un miracle du «segment moderniste» de l’armée pour restaurer les libertés. Il n’y a rien à attendre non plus des puissances occidentales, plus sensibles aux vertus du négoce qu’à la défense de libertés hors de leurs frontières.

Le verdict des deux journaliers a été fixé au 5 octobre : une date symbole. Y voyez-vous un quelconque message de la part des autorités?

Arezki Aït-Larbi: Si message il y a, il est sans doute involontaire. Lorsqu’un corps comme celui de la magistrature assume une déchéance aussi affirmée, il ne s’encombre pas de subtilités.

Biographie express:

Militant du printemps berbère, Arezki Aït-Larbi a été arrêté le 20 avril 1980 et déféré à la cour de sûreté de l’Etat avec 23 autres personnes. En 1981, il est de nouveau arrêté à l’université d’Alger et passera huit mois en prison. Membre fondateur de la première Ligue algérienne des droits de l’homme, il est arrêté une nouvelle fois en juillet 1985 et inculpé d’atteinte à l’autorité de l’Etat. En février 1989, il est parmi les fondateurs du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

Il démissionne de ce parti en octobre 1991 et entame une carrière de journaliste à L’Hebdo Libéré, puis à Ruptures. Après l’assassinat de Tahar Djaout en mai 1993, il crée, avec un groupe d’artistes et d’intellectuels, le Comité vérité, qui émet des doutes sur la thèse officielle attribuant l’attentat au GIA. Correspondant de plusieurs publications étrangères, notamment Le Figaro, Ouest-France et le Los Angeles Times, les autorités lui refusent une accréditation officielle depuis 1995. On lui doit, l’été dernier, l’ouvrage de témoignages sur le printemps berbère, Avril 80.

Adlène meddi

El-Watan, le 24 septembre 2010

Pour accéder à l’article en ligne, cliquer sur le lien:
http://www.elwatan.com/dyn/imprimer.php?link=http%3A%2F%2Fwww.elwatan.com%2Fweekend%2Fenaparte%2Fune-justice-aux-ordres-detournee-au-service-d-une-ideologie-intolerante-et-liberticide-24-09-2010-91494_180.php

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Il est aussi possible d’accéder à l’article de Al-Massa d’Octobre 1989 dans lequel Sadek Hadjerès avait donné son point de vue sur la liberté de conscience, en cliquant ici

ou en se référant à l’article [179 de socialgerie: “UN AXE DE TRAVAIL DES PLUS ACTUELS, COMMUNISTES ET REPRESENTATIONS DE L’ISLAM”
par Sadek Hadjerès ->179]

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CRISES,REVOLTES ET UTOPIES, au VIème CONGRES MARX INTERNATIONAL

le 20 Septembre 2010

Jacques Bidet : « Invoquer la révolte, c’est proclamer le temps de l’insoumission

Congrès Marx international

Du 22 au 25 septembre se tiendra à l’université Paris-Ouest-Nanterre la sixième édition du Congrès Marx international, dans un contexte de montée des résistances face à la crise.

Le philosophe Jacques Bidet, l’un de ses présidents, nous en explique les enjeux.

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Quels seront les moments forts de ce VIe Congrès Marx international ? Le contexte de la crise capitaliste donne-t-il une nouvelle tournure à l’événement ?

Jacques Bidet. Le congrès va croiser le grand mouvement prévu le 23. Nous en ferons naturellement un temps fort, avec un meeting de solidarité ce jour-là, pour expliquer aussi à nos collègues, qui viennent du bout du monde pour ces trois jours, la signification de cette lutte. Nous avons lié ce congrès à l’événement de la crise, avec les résistances qu’elle suscite, non seulement de la France à la Grèce, mais dans le monde entier. La crise est celle du néolibéralisme, qui mobilise les exécutifs nationaux pour la destruction de tout ce qui portait la marque des conquêtes populaires de «l’État social» dans leurs limites, et qui suit aujourd’hui un cours sans contrôle. Nous avons appelé quelques grands témoins, qui peuvent nous aider à affronter la crise de divers côtés. Saskia Sassen, une altermondialiste ancrée dans l’académie radicale des États-Unis, une marxiste engagée et sans complexes. Alvaro Garcia Linera, l’inspirateur de la révolte des Indiens des Andes, réinventeur d’une démocratie directe puisée dans une tradition anticoloniale. Ochy Curiel, une intellectuelle noire, sud-américaine, féministe, militante d’un lesbianisme politique, une femme qui cherche et qui chante… Slavoj Zizek, un surgeon paradoxal de l’espace stalinien. Sa philosophie, aujourd’hui comme hier, se veut insubordonnée et insolente. Un comique et un philosophe dans la même personne, il en a vu d’autres, il sait trouver les mots, les idées, les images qui font qu’on ne se laisse pas impressionner par l’évidence libérale.

«Crises, révoltes, utopies», tel est le thème du congrès. Sur quelle logique repose ce triptyque ? Les révoltes se déclenchent-elles toujours à l’aune de crises ? Les utopies sont-elles indispensables aux révoltes ? Et quid de la notion de révolution ?

Jacques Bidet. Le terme de «révolte» ne vient pas comme une alternative à celui de «révolution». Il n’y a pas de politique d’émancipation sans l’exigence de révolution, une exigence qui vient de loin, et à laquelle s’attachent tant d’expériences. Même chose pour le «communisme», qui fait l’objet du dernier numéro de notre revue (Actuel Marx), publié pour ce congrès. Invoquer la révolte, c’est inviter à penser les révolutions à venir comme des irruptions toujours conjoncturelles, partielles, forcément improvisées et inachevées, et fragiles. Invoquer la révolte, c’est proclamer le temps de l’insoumission, de la désobéissance, de la transgression, du risque. Car le néolibéralisme passe toutes les bornes, fait sauter toutes les digues que des siècles de lutte avaient construites pour la défense des droits sociaux et des droits du citoyen. La révolte ne se substitue pas à un programme et à une stratégie : elle indique l’esprit qui doit les animer. Il n’y a rien d’automatique de la crise à la révolte. Et l’utopie n’est certainement pas suffisante pour passer de l’une à l’autre. Mais la vieille opposition faite entre le marxisme dit « utopique » et le marxisme supposé scientifique était un peu trop sûre d’elle. Car l’utopie s’entend aussi dans un sens positif. L’utopie, c’est le long terme dont on a besoin pour éclairer le court terme.

Quelles sont les grandes perspectives de la recherche marxiste aujourd’hui ? Depuis la précédente édition du Congrès Marx international, quelles évolutions a-t-on pu observer ?

Jacques Bidet. Nous regroupons notre travail par grandes disciplines ou par grands chantiers transversaux (écologie, féminisme). Nous travaillons tous à quelque chose que l’on peut appeler «la théorie», qui est l’objet commun des diverses sciences sociales. Nous voulons qu’elle soit une théorie socialement critique. Nous essayons de faire émerger dans tous les domaines du savoir et de la culture une ligne de force vraiment populaire. Nous avons en commun la référence à Marx, c’est-à-dire, au fond, à un certain altermondialisme. Il y a évidemment du nouveau dans cette période où tout change.

On observe la montée en puissance d’un certain marxisme universel de la langue anglaise et dont l’épicentre est aux États-Unis, mais aussi dans l’ancien Empire britannique, à commencer par l’Inde, tout autant qu’en Europe. Et d’un autre côté, on peut voir que tout un pan du marxisme chinois s’est aussi engagé en ce sens. Ce marxisme-là, et cela est nouveau, peut communiquer avec le marxisme insurrectionnel des Sud-Américains. La planète s’est concentrée. Sans voyages en superjet, seulement par Internet, les liens sont devenus très étroits entre les divers foyers de lutte émancipatrice de par le monde, et aussi entre les chercheurs qui y participent.

Entretien réalisé par Laurent Etre

LES BALAYEURS ET LE « DANGER D’ALLAH » DANS LES MEDIAS ANGLO-SAXONS


Un complot musulman pour tuer le pape! »,

« Six terroristes islamiques arrêtés! »

Le 17 septembre au matin, du «Sun» au «Daily Mail», la presse populaire britannique explose ses sites Internet. La police vient d’arrêter cinq balayeurs dans la rue, âgés de 26 à 50 ans, et un sixième chez lui.

Employés par le conseil municipal de Westminster, ils sont salariés de la société française Veolia Environnement et chargés de nettoyer l’itinéraire que le pape Benoît XVI doit emprunter le lendemain.

Un journal les dit «algériens», un autre «marocains». Peu importe:«ils sont musulmans», explique «The Telegraph», et c’est bien suffisant.

Au fil de la journée, la machination se précise.

En exclusivité, le «Daily Mirror» révèle qu’ils avaient projeté de cacher leurs bombes dans des poubelles, «piégeant ainsi des milliers d’innocents».

D’un bout à l’autre de la planète, la galaxie Internet s’emballe. «Ils seraient entrés illégalement au Royaume-Uni», annoncent les gazettes.

Le site extrémiste américain «Danger d’Allah» explique: «Déguisés en balayeurs – on craint qu’ils ne soient liés à AI-Qaida -, ils avaient planifié le massacre de centaines de pèlerins»…

Et puis tout s’effondre aussi vite.

Le 19 septembre, les balayeurs sont relâchés.

On ne leur reproche rien. «Ils n’aiment vraiment pas le pape, mais c’est tout», dira un enquêteur. La police évoque pudiquement le “principe de précaution”. Circulez, il n’y a plus rien à voir.

Retour en arrière.

Le jeudi 16 septembre, les cinq employés ont terminé leur service. Ils ont rangé leurs balais et prennent le thé à la cafétéria du dépôt de Marylebone, dans le centre-ville.Ils parlent haut en rigolant.

«Ça doit pas être facile de flinguer le pape, avec sa bagnole blindée!, dit l’un.

– Ah ouais? Eh ben moi je te parie qu’un lance-roquettes transperce ça sans problème!», répond l’autre.

À une table voisine, n’écoutant que son courage, un sujet de Sa Majesté file à l’anglaise et dévoile le plan machiavélique à la police.

Le lendemain à 5 h 45, les cinq compères reprennent leur service.

-«Haut les mains! Personne ne bouge!»

La police cerne le dépôt. Menottes pour tout le monde. Et les premiers flashes crépitent.

Le pape, lui, s’est restauré d’une tourte au boeuf et d’un pudding du Yorkshire. Pour accompagner le festin, il a souhaité un Fanta, «sa boisson favorite», ont révélé les journaux.

Et cet attentat culinaire est passé totalement inaperçu …

S. Ch.

Le “Canard enchaîné” du 22 septembre 2010