SYRIE: LES OPPOSANTS DE L’INTÉRIEUR CONTRE L’INTERVENTION ÉTRANGÈRE

Un Conseil national syrien (CNS) a été constitué à Istanbul à la fin août dernier, il s’efforce depuis de coiffer le combat pour le changement en Syrie et de rallier à lui l’ensemble de l’opposition syrienne. Dans un article intitulé « L’opposition syrienne en quête de structuration à Istanbul », le Monde.fr d’hier fait le point. Extraits

« Le CNS peine encore à rallier l’ensemble de l’opposition syrienne. Les opposants de l’intérieur, réunis à la mi-septembre près de Damas, n’ont pas l’intention de le rejoindre, a affirmé jeudi l’écrivain syrien Michel Kilo. « Les opposants réunis au sein du Conseil national sont favorables à une intervention étrangère pour résoudre la crise en Syrie alors que les opposants de l’intérieur sont contre », a-t-il justifié.

Âgé de 71 ans, cet écrivain est une figure historique de l’opposition au régime du Baas, au pouvoir en Syrie depuis 1963. Il a été emprisonné de 1980 à 1983 puis de 2006 à 2009. Il appartient à une autre coalition d’opposants: le Comité national pour le changement démocratique (CNCD), qui regroupe des partis « nationalistes arabes », kurdes, socialistes et marxistes, ainsi que des personnalités indépendantes.

« Si l’idée d’une intervention étrangères est acceptée, nous irons vers une Syrie pro-américaine et non pas vers un Etat libre et souverain », a-t-il souligné. « Une demande d’intervention étrangère aggraverait le problème, car la Syrie entrerait dans la violence armée et le confessionnalisme alors que nous, à l’intérieur, y sommes opposés », a-t-il dit.

Autre grief, selon Michel Kilo, les opposants à Istanbul ne les ont pas consultés et leur ont seulement proposé « d’envoyer trois représentants » sur les soixante et onze membres de l’intérieur. Le CNCD a élu son propre conseil central, composé de quatre-vingts membres, dont un quart de « jeunes révolutionnaires », ces militants qui ont lancé le mouvement et l’animent au travers d’Internet ».

Lemonde.fr avec Afp. 29 septembre 2011

SYNDICALISTES MENACÉS EN ALGÉRIE

malaoui1.jpg

malaoui1.jpg

INTIMIDATION ET MENACE DE MORT

CONTRE LE SYNDICALISTE DU SNAPAP

RACHID MALAOUI

http://lanationdz.com/2011/09/26/intimidation-et-menace-de-mort-contre-le-syndicaliste-du-snapap-rachid-malaoui/

Dimanche 25 septembre 2011 à 19h40 M. Akroune Belgacem, officier de police des Renseignements Généraux (RG) c’est présenté au domicile des propriétaires du local loué au SNAPAP pour les inviter à mettre un terme au contrat de location et expulser le Syndicat de ce local où il a son siège national.

Selon l’officier, les services de police auraient reçu des instructions de la présidence de la République pour mettre fin aux activités de Rachid Malaoui.

Toujours selon cet officier de police il se pourrait que Malaoui soit assassiné et que ce cas le local occupé par le SNAPAP soit scellé pour une période de 5 ans et que les propriétaires soient traînés devant les tribunaux.

L’officier de police a déclaré avoir reçu des instructions pour fouiller le siège à la recherche de documents importants.

D’après lui M .Malaoui recevrait de l’argent de l’étranger versé sur un compte CPA.

L’agent des RG a proposé à la secrétaire du syndicat de travailler pour la police pour fournir des informations sur les activités tenues au siège national.

Il a proposé au propriétaire d’expulser le SNAPAP tout en lui promettant un nouveau locataire disposé à payer 600 euro par mois et à faire un paiement d’avance sur 5 ans des loyers.

Ces menaces surviennent après la fermeture de la Maison des Syndicat, le cambriolage de la Maison des Syndicats, la tentative de liquidation physique sur Rachid Malaoui, le harcèlement et la maltraitance (coups et, blessures) de femmes syndicalistes.

Le président du SNAPAP R.MALAOUI

La secrétaire générale du SNAPAP N.GHOZLANE

ALGER 26 09 2011

WADAH KHANFAR, AL-JAZEERA et LE TRIOMPHE DE LA PROPAGANDE TÉLÉVISUELLE

1-3145-407eb.jpg

Al-Jazeera, la chaîne d’information qatariote qui s’est imposée en 15 ans dans le monde arabe comme une source originale d’information, s’est soudainement engagée dans une vaste opération d’intoxication visant à renverser les régimes libyen et syrien par tous les moyens. Ce revirement, démontre Thierry Meyssan, n’est pas le fruit de la conjoncture, mais a été préparé de longue date par des personnalités qui ont su cacher leurs intérêts personnels au grand public. Révélations…

1-3145-407eb.jpg Wadah Khanfar

La chaîne qatariote Al-Jazeera a annoncé la démission de son directeur général, Wadah Khanfar, et son remplacement par un membre de la famille royale, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, le 20 septembre 2011.

Cheikh Hamad est un cadre de Qatargas. Il a travaillé pendant un an à Paris-La Défense au siège de Total. Il présidait par le passé le Conseil d’administration d’Al-Jazeera.

Cette nouvelle est présentée dans la presse atlantiste de trois manières différentes: soit comme une démission forcée et une reprise en main de la chaîne par l’État, soit comme une vengeance de l’Autorité palestinienne après la diffusion des Palestinian Papers, soit enfin comme une conséquence des fuites de Wikileaks exposant certaines des connexions de M. Khanfar avec les États-Unis.

Si toutes ces interprétations peuvent contenir une part de vérité elles masquent la raison principale: le rôle du Qatar dans la guerre contre la Libye. Ici, un retour en arrière est nécessaire.

L’origine d’Al-Jazeera : une volonté de dialogue

Al-Jazeera a été conçu par deux personnalités franco-israéliennes, les frères David et Jean Frydman, après l’assassinat de Yitzhak Rabin, dont ils étaient proches. Selon David Frydman [[Cf. entretiens avec l’auteur.]], l’objectif était de créer un média où des Israéliens et des Arabes pourraient débattre librement, échanger des arguments, et apprendre à se connaître, alors que ceci était interdit par la situation de guerre et bloquait toute perspective de paix.

Pour créer la chaîne, les frères Frydman bénéficièrent d’un concours de circonstances: la compagnie saoudienne Orbit avait conclu un accord avec la BBC pour créer un journal télévisé en arabe. Mais les exigences politiques de la monarchie absolue saoudienne se révélèrent vite incompatibles avec la liberté de travail des journalistes britanniques. L’accord fut résilié et la majorité des journalistes arabisants de la BBC se retrouvèrent au chômage. Ils furent donc récupérés pour fonder Al-Jazeera.

Les frères Frydman tenaient à ce que leur télévision soit perçue comme une chaîne arabe. Ils parvinrent à convaincre le nouvel émir de Qatar, Hamid bin Khalifa al-Thani, qui, avec l’aide de Londres et de Washington, venait de renverser son père —accusé de sentiments pro-Iraniens—. Cheikh Hamad bin-Khalifa comprit rapidement les avantages qu’il pouvait tirer à se trouver au centre des discussions israélo-arabes, qui duraient depuis un demi-siècle déjà et s’annonçaient encore longues. Au passage, il autorisa l’ouverture à Doha d’un bureau du ministère israélien du Commerce, à défaut de pouvoir ouvrir une ambassade. Surtout, il vit l’intérêt pour le Qatar de concurrencer les riches médias saoudiens pan-arabes et de disposer d’un média qui critique tout le monde, sauf lui.

Le montage financier initial prévoyait à la fois une mise de fonds des frères Frydman et un prêt de l’émir de 150 millions de dollars sur 5 ans. C’est le boycott des annonceurs organisé par l’Arabie saoudite et l’absence de revenus significatifs de la publicité qui a conduit à modifier le schéma initial. En définitive, l’émir est devenu le bailleur de fonds de la chaîne et donc son commanditaire.

Des journalistes exemplaires

Durant des années, l’audience d’Al-Jazeera a été tirée par son pluralisme interne. La chaîne s’enorgueillissait de laisser dire une chose et son contraire. Sa prétention n’était pas de dire la vérité, mais de la faire surgir du débat. Son émission phare, le talk show de l’iconoclaste Faisal al-Qassem, intitulé « L’Opinion contraire », se régalait à bousculer les préjugés. Chacun pouvait trouver des motifs de se réjouir de certains programmes et d’en déplorer d’autres. Peu importe, ce bouillonnement interne a eu raison du monolithisme de ses concurrents et a bouleversé le paysage audio-visuel arabe.

Le rôle héroïque des reporters d’Al-Jazeera en Afghanistan et durant la troisième guerre du Golfe, en 2003, et leur travail exemplaire contrastant avec la propagande des chaînes satellitaires pro-US, transforma l’image de la chaîne d’une station polémique en média de référence. Ses journalistes payèrent au prix fort leur courage : George W. Bush hésita à bombarder les studio de Doha, mais fit assassiner Tareq Ayyoub [[« La guerre contre Al-Jazeera », article de Dima Tareq Tahboub résumé dans notre ancienne rubrique « Tribunes et décryptages », Réseau Voltaire, 6 octobre 2003.]], arrêter Tayseer Alouni [[« La presse arabe dans la ligne de tir », Réseau Voltaire, 15 septembre 2003.]] et incarcérer Sami el-Hajj à Guantanamo [[Voir notre dossier Sami el-Hajj.]].

La réorganisation de 2005

Cependant les meilleures choses ont une fin. En 2004-05, après le décès de David Frydman, l’émir décida de réorganiser complètement Al-Jazeera et de créer de nouveaux canaux, dont Al-Jazeera English, alors que le marché mondial se transformait et que tous les grands États se dotaient de chaînes d’information satellitaires. Il s’agissait clairement d’abandonner l’effervescence et les provocations du début, de capitaliser une audience atteignant désormais les 50 millions de téléspectateurs, pour se positionner comme un acteur du monde globalisé.

Cheikh Hamad bin-Khalifa fit appel à un cabinet international qui lui avait dispensé une formation personnelle en communication. JTrack s’était spécialisé dans l’entraînement des leaders arabes et d’Asie du Sud-Est pour leur apprendre à parler le langage de Davos : comment donner aux Occidentaux l’image qu’ils ont envie de voir. Du Maroc à Singapour, JTrack a ainsi formé la plupart des responsables politiques soutenus par les États-Unis et Israël —souvent de simples fantoches héréditaires— pour en faire des personnalités médiatiquement respectables. L’important n’est pas qu’ils aient quelque chose à dire, mais qu’ils sachent manier la langue de bois globale.

Toutefois, le Pdg de JTrack, ayant été appelé à de hautes fonctions gouvernementales en Afrique du Nord, il dût se retirer avant d’avoir achevé la transformation du Al-Jazeera Group. Il confia la suite des opérations à un ancien journaliste de Voice of America qui travaillait depuis plusieurs années déjà pour la chaîne qatariote et appartenait à la même confrérie musulmane que lui : Wadah Khanfar.

À la fois professionnellement compétent et politiquement sûr, M. Khanfar s’attacha à donner une couleur idéologique à Al-Jazeera. Tout en donnant la parole à Mohamed Hassanein Heikal, l’ancien porte-parole de Nasser, il fit de cheikh Yusuf al-Qaradawi —qui avait été déchu de sa nationalité égyptienne par Nasser— le « conseiller spirituel » de la chaîne.

Le virage de 2011

C’est avec les révolutions en Afrique du Nord et dans la péninsule arabique que Wadah Khanfar a brutalement modifié la ligne éditoriale de sa rédaction. Le Groupe a joué un rôle central dans l’accréditation du mythe du «printemps arabe»: les peuples, avides de vivre à l’occidentale, se seraient soulevés pour renverser des dictateurs et adopter des démocraties parlementaires. Rien ne distinguerait les événements de Tunisie et d’Égypte, de ceux de Libye et de Syrie. Quant aux mouvements du Yémen et de Bahreïn, ils n’intéresseraient pas les téléspectateurs.

En réalité, les Anglo-Saxons se sont efforcés de surfer sur des révoltes populaires pour rejouer le vieil air du «printemps arabe» qu’ils avaient organisé dans les années 1920 pour s’emparer des anciennes provinces ottomanes et y installer des démocraties parlementaires fantoches sous contrôle mandataire. Al-Jazeera a donc accompagné les révoltes tunisienne et égyptienne pour écarter la tentation révolutionnaire et légitimer de nouveaux gouvernements favorables aux États-Unis et à Israël. En Égypte, il s’est même agi d’une véritable récupération au profit d’une seule composante de la contestation: les Frères musulmans, représentés par le prêcheur star de la chaîne… cheikh Yusuf al-Qaradawi.

Indignés par cette nouvelle ligne éditoriale et par le recours de plus en plus fréquent au mensonge [Par exemple : [« Al-Jazeera met en scène une manifestation monstre à Moscou contre Bachar el-Assad», Réseau Voltaire, 2 mai 2011]], certains journalistes comme Ghassan Ben Jedo claquent la porte.

Qui tire les ficelles de l’info ?

Quoi qu’il en soit, il faut attendre l’épisode libyen pour que les masques tombent. En effet, le patron de JTrack et mentor de Wadah Kanfhar n’est autre que Mahmoud Jibril (le « J » de « JTrack », c’est « Jibril »). Ce manager aimable, brillant et creux, avait été conseillé à Mouammar Kadhafi par ses nouveaux amis états-uniens pour piloter l’ouverture économique de la Libye après la normalisation de ses relations diplomatiques. Sous le contrôle de Saif el-Islam Kadhafi, il avait été nommé à la fois ministre du Plan et directeur de l’Autorité de développement, devenant de facto le numéro 2 du gouvernement, et ayant autorité sur les autres ministres. Il mena au pas de charge la dérégulation de cette économie socialiste et la privatisation de ses entreprises publiques.

1-3164-86cc2.jpg Mahmoud Jibril avec son ami et partenaire en affaires Bernard-Henri Lévy, dans Tripoli conquise.

À travers l’activité de formation de JTrack, Mahmoud Jibril avait noué des relations personnelles avec presque tous les dirigeants arabes et d’Asie du Sud-Est. Il disposait de bureaux à Bahreïn et à Singapour. M. Jibril avait aussi créé des sociétés de négoce, dont une chargée du commerce du bois de Malaisie et d’Australie avec son ami français Bernard-Henri Lévy.

Mahmoud Jibril avait suivi ses premières études universitaires au Caire. Il y avait fait la connaissance de la fille d’un des ministres de Nasser et l’avait épousée. Il avait poursuivi ses études aux États-Unis, où il avait adopté les thèses libertariennes qu’il essaya d’introduire dans l’idéologie anarchiste d’el-Kadhafi. Surtout, M. Jibril avait rejoint la confrérie des Frères musulmans en Libye. C’est à ce titre qu’il avait placé les Frères Wadah Kanfhar et Yusuf al-Qaradawi à Al-Jazeera.

Durant le premier semestre 2011, la chaîne qatariote est devenue l’instrument privilégié de la propagande pro-occidentale : elle a nié autant que possible l’aspect anti-impérialiste et anti-sioniste des révolutions arabes et a choisi dans chaque pays les protagonistes qu’elle soutenait et ceux qu’elle conspuait. Sans surprise, elle a soutenu le roi de Bahreïn —un élève de Mahmoud Jibril— qui faisait tirer sur la foule, tandis que cheikh al-Qaradawi appelait à l’antenne au Jihad contre el-Khadafi et el-Assad, accusés mensongèrement de massacrer leur propre peuple.

M. Jibril étant devenu le Premier ministre du gouvernement rebelle libyen, le sommet de la mauvaise foi aura été atteint avec la construction dans des studios à Doha de répliques de la Place verte et de Bab el-Azizia où furent tournées de fausses images de l’entrée des « rebelles » pro-Us dans Tripoli. Que n’ai-je lu comme insultes lorsque j’ai annoncé cette manipulation dans les colonnes de Voltairenet.org ! Pourtant Al-Jazeera et Sky News diffusèrent ces fausses images le second jour de la bataille de Tripoli, semant le désarroi parmi la population libyenne. Ce ne fut en réalité que trois jours plus tard que les « rebelles » —presque exclusivement les Misrata— entrèrent dans Tripoli dévastée par les bombardements de l’OTAN.

Il en va de même avec l’annonce par Al-Jazeera de l’arrestation de Saif el-Islam Kadhafi et de la confirmation de cette capture par le procureur de la Cour pénale internationale Luis Moreno-Ocampo. Je fus le premier, sur les ondes de Russia Today, à démentir cette intoxication. Et là encore, je fus l’objet de quolibets dans certains journaux jusqu’à ce que Saif el-Islam vienne réveiller en personne les journalistes enfermés au Rixos et les conduise sur la vraie place Bal el-Azizia.

Interrogé sur ces mensonges par le canal arabe de France24, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustafa Abdul Jalil revendiqua une ruse de guerre et se réjouit d’avoir ainsi accéléré la chute de la Jamahiriya.

Quel avenir pour Al-Jazeera ?

Le détournement d’Al-Jazeera en instrument de propagande pour la recolonisation de la Libye ne s’est pas fait à l’insu de l’émir de Qatar, mais sous sa houlette. C’est le Conseil de coopération du Golfe qui, le premier, a appelé une intervention armée en Libye. Le Qatar a été le premier membre arabe du Groupe de contact. Il a acheminé des armes pour les « rebelles » libyens, puis a envoyé son armée au sol, notamment lors de la bataille de Tripoli. En échange, il a obtenu le privilège de contrôler tout le commerce des hydrocarbures effectué au nom du Conseil national de transition.

Il est encore trop pour savoir si la démission de Wadah Khanfar marque la fin de sa mission au Qatar, ou si elle annonce une volonté de la chaîne de retrouver la crédibilité qu’elle avait mis 15 ans à gagner et 6 mois à perdre.

Thierry Meyssan

LES COMMUNISTES SYRIENS SOUTIENNENT LE MOUVEMENT POUR DES RÉFORMES DÉMOCRATIQUES MAIS METTENT EN GARDE SUR L’INGÉRENCE IMPÉRIALISTE CROISSANTE ET LES RISQUES D’UN « SCÉNARIO LIBYEN’

Flag-map_of_Syria-2.png

Flag-map_of_Syria-2.png

Communiqué de Husein Nemer

premier sécrétaire

du Parti communiste syrien (unifié)

Traduction JC pour

http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Nous tenons à vous présenter une brève analyse des événements successifs qui se sont déroulés dans notre pays, la Syrie, afin de mettre en lumière certains faits, d’une part, et tordre le cou à certains mensonges montés de toute pièce et médiatisés par la propagande impérialiste visant la Syrie.

depuis mars, le déchaînement des médias

et de la propagande impérialiste

Depuis que les événements ont commencé en mars dernier, des dizaines de chaînes de télévision en Amérique, en Grande-Bretagne et en France, certaines chaînes dans le monde arabe, et des centaines de sites internet ont travaillé d’arrache-pied pour falsifier la réalité sur ces événements, en tout cas pour l’opinion publique mondiale, avec des programmes spécifiques diffusés en ce sens, jour et nuit.

Le président Américain fait des déclarations quotidiennes comprenant des menaces directes visant la Syrie, ainsi qu’une ingérence flagrante dans les affaires internes du peuple Syrien. Plusieurs hauts dignitaires de l’Union européenne suivent les pas du président Américain.

Ces menaces et ces ingérences ont atteint un sommet lorsque le président Américain a affirmé l’illégitimité du régime Syrien. Des sanctions sévères et injustes ont été imposées au peuple Syrien et à son économie. Plus dangereux encore, des plans sont discutés et impulsés par l’OTAN afin de lancer des vagues de frappes aériennes pendant plusieurs semaines contre 30 sites stratégiques en Syrie, ressemblant exactement à ce qui s’est passé en Yougoslavie.

Certains hauts dignitaires Européens ne vont pas hésiter à appeler à traiter la situation en Syrie avec des méthodes qui en ferait une pâle copie de la crise Libyenne. Des dizaines de milliers de civiles ont été massacrés, des dizaines d’usines et de sites économiques ont été détruits par des frappes aériennes, et pendant ce temps, la Libye est divisée.

Des Etats-membres de l’alliance impérialiste internationale essaient, par tous les moyens possibles, de faire adopter une résolution du Conseil de sécurité condamnant la Syrie, qui serait suivie par des résolutions successives contre la Syrie et la soumettre au chapitre 7 de la Charte de l’ONU, afin qu’une campagne agressive puisse être légitimée. Grâce à l’opposition de la Russie et de la Chine, accompagnées de l’Afrique du sud, l’Inde, le Brésil et le Liban, les tentatives impérialistes au Conseil de sécurité de l’ONU sont tout simplement, jusqu’à présent, un échec.

Toutes ces manœuvres sont justifiées de deux façons :

  • Des manifestants sont tués en Syrie, on a recours à des méthodes sécuritaires dans le traitement des manifestations;
  • La manipulation des insuffisances du régime en Syrie, tels que le manque de démocratie et le monopole du pouvoir exercé par le parti au pouvoir, afin de faire pression sur le régime pour qu’il adopte des changements internes, bien que tout changement interne doive être considéré comme une partie intégrante de la souveraineté nationale de n’importe quel pays;

ce qui s’est passé en Syrie

En fait, plusieurs manifestations ont eu lieu dès le mois de mars, appelant à des réformes sociales, économiques et démocratiques. La majorité de ces revendications ont été soutenues par notre parti comme une façon de s’opposer aux effets néfastes de la mise en œuvre de mesures économiques libérales, issues des accords passés avec le FMI, et de la transformation de la Syrie en une économie de marché. Les effets ont été très mauvais sur le niveau de vie des pauvres et des couches moyennes.

La direction politique du pays a été constamment mise en garde, par la presse du parti, des rencontres officielles ou des mémorandum officiels, le dernier il y a cinq semaines de cela. Les manifestations étaient pacifiques.

Elles ont été bien vite manipulées par des religieux fondamentalistes et des groupes radicaux à l’idéologie obscurantiste.

De pacifiques, les manifestations sont devenues armées, visant à atteindre des objectifs qui n’ont rien à voir avec des réformes politiques et sociales. Les forces de sécurité ont commis plusieurs erreurs injustifiables dans le traitement de ces manifestations. Des dizaines de civils et de soldats ont été tués. Des gangs armés se sont constitués, attaquant des propriétés publiques et privées, et mettant en place des barricades dans certaines villes où ils ont pris le dessus. Dans les tout derniers mois, ces bandes armées se sont chargées de mettre sur pied des sites armés dans les régions frontalières entre la Syrie, d’une part, et la Turquie, la Liban, la Jordanie et l’Irak pour s’assurer une continuité dans le ravitaillement en armes et en équipements divers.

Quoi qu’il en soit, les bandes armées n’ont pas réussi à établir une base frontalière stable. Cela a coûté à la vie à des centaines de civils et de soldats, plus de 2 000 victimes. Dans le même temps, certains événements ont été exagérés. Des faits ont été falsifiés. Les équipements dernier cri électroniques et médiatiques ont été utilisés afin de faire passer l’armée Syrienne comme étant complètement responsable de ces actes, et de déresponsabiliser totalement les bandes armées.

réformes sociales et démocratiques adoptées par le gouvernement

Pressé par les événements, le gouvernement a adopté plusieurs réformes sociales et démocratiques comprenant: l’annulation des lois d’urgence, des tribunaux exceptionnels, et le caractère légal accordé aux manifestations pacifiques. Récemment, une nouvelle loi électorale et une loi permettant la création de partis politiques ont été adoptées. Est en cours de préparation une nouvelle constitution ou une constitution modifiée.

De nouvelles lois couvrant les domaines des médias et de l’administration locale ont également été adoptées.

Les objectifs de ces lois et mesures sont: casser le monopole du pouvoir exercé par le parti Baath, pour établir une société pluraliste et démocratique, pour garantir les libertés publiques et privées, pour aider au développement de la liberté d’expression et à la reconnaissance du droit de l’opposition à une activité politique pacifique.

En dépit de nos réserves quant à certains articles, ces lois sont très importantes. Pendant plus de quarante années, notre parti a lutté pour que de telles lois soient adoptées. Si ces lois étaient mises en œuvre, elle pourraient être un pas important en avant, dans la transition de la Syrie vers une société démocratique et pluraliste.

De vastes secteurs de l’opposition nationale pacifique ont accueilli positivement ces mesures, tandis que l’opposition fondamentaliste et armée s’en tient toujours au slogan du renversement du régime, attisant les tentions communautaires.

Tenter de dépeindre le problème comme s’il s’agissait d’une lutte communautaire ou religieuse serait une falsification flagrante des faits.

la situation actuelle en Syrie

Nous pouvons résumer la situation de la façon suivante :

  • Les tentions armées dans les villes Syriennes ont diminué. Les bandes armées ont subi de lourdes pertes. Cependant, certaines d’entre elles sont capables de reprendre leurs activités;
  • Les manifestations pacifiques n’ont pas disparu et ne sont pas confrontées à la violence de l’État, à moins qu’elles se soient accompagnées d’agissements violents.
  • L’État a invité l’opposition nationale à participer à un dialogue politique général visant à contribuer à la réalisation de la transition à la démocratie et au pluralisme de façon pacifique. Ce dialogue doit affronter de nombreuses difficultés, la plus importante d’entre elles est la pression de groupes armés qui s’opposent au dialogue pacifique et à une solution pacifique, et dépendent du soutien de l’étranger.
  • Les menaces impérialistes et colonialistes contre la Syrie se sont intensifiées. Bien que ces menaces posent de nombreuses difficultés, nous devons être prêts à les affronter.

Pour ce qui est de la situation dans notre pays, il apparaît que :

  • Les mouvements de protestation existent toujours à différents niveaux. Ils diffèrent d’un gouvernorat à l’autre. On peut remarquer que la plupart des mouvements partent des mosquées, des zones rurales et des taudis, pour se diriger vers les centres-villes;
  • Les mouvements parmi les minorités ethniques ou religieux sont rares. Dans les usines, les universités et les syndicats, il n’y a pas de mouvement;
  • Dans les cercles de la grande bourgeoisie, qu’elle soit industrielle ou économique, en particulier dans les grandes villes comme Aleppo, Lattakia et Damas, il n’y a pas de mouvement;
  • Il n’y a aucun mouvement parmi les clans et les tribus ;
  • L’opposition se compose d’un large spectre de partis très divers. Certains sont patriotiques, s’opposant à l’ingérence étrangère et aux bandes armées. De plus, il faut compter avec les Frères musulmans qui peuvent être considérés comme le parti le plus actif et le mieux organisé dans le pays et à l’étranger.

Il y a également plusieurs groupes traditionalistes avec différentes orientations, dont l’influence devient clairement visible dans des rassemblements et manifestations dans différentes régions. Ces groupes ne cachent pas leurs objectifs qui sont typiquement réactionnaires et sectaires.

Sur place, les groupes les plus actifs et importants depuis le début des manifestations sont les coordinations locales qui comprennent des groupes de jeunes n’ayant pas d’orientations ou de plans idéologiques communs clairs si ce n’est le slogan: «A bas le régime!». Ils sont vulnérables aux pressions externes et internes.

L’opposition en exil composée essentiellement d’intellectuels, de traditionalistes, de personnes qui ont abandonné le régime et ont certains contacts à l’intérieur (Khadam et Refaat Al Assad).

à l’étranger

Durant la dernière période, ces forces ont organisé plusieurs conférences à l’étranger (exceptée une rencontre organisée à l’hôtel Samir Amis à Damas par l’opposition interne), dans l’objectif de mobiliser des forces et de coordonner leurs positions Des différences idéologiques, politiques ainsi que d’intérêts l’ont emporté. Certaines forces d’opposition à l’étranger ont travaillé dur pour obtenir le soutien des forces étrangères colonialistes.

  • Jusqu’à présent, les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne mènent la campagne internationale de menaces et de provocation contre le régime en Syrie visant à imposer de plus en plus de sanctions contre la Syrie, en particulier des sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’autres organisations internationales, la Russie et la Chine continue de s’opposer à de telles sanctions et mesures. La Turquie a choisi une position opportuniste qui fluctue en fonction de ses intérêts régionaux et politiques. Grosso modo, il y a une unanimité internationale dans l’opposition aux mesures militaires directes contre la Syrie, comme cela s’est produit en Libye, étant donné que la Ligue arabe et le Conseil de sécurité de l’ONU n’adoptent pas de résolutions ouvrant la voie à cette perspective. Le conflit sur cette question est féroce.
  • Excepté le Qatar qui joue un rôle vital et important dans la conjuration contre la Syrie, il existe différentes opinions et position dans le monde Arabe concernant la situation en Syrie;
  • Jour après jour, la situation économique se détériore, la pression sur les conditions de vie des masses s’intensifie;
  • Le régime est cohérent et offre de grandes potentialités. Cinq mois après le début des événements, aucune des institutions de base (le parti, l’armée, la sécurité, les institutions d’État, les ambassades, les organisations populaires, les syndicats, le Front national progressiste…) n’a connu de divisions;

Assurément, le tableau n’est pas statique, et doit être perçu dans ses aspects dynamiques, son évolution et son développement jour après jour.

parmi les évolutions possibles

Parmi les scénarios possibles :

  • La crise pourrait continuer encore pendant une longue période, menant à d’autres catastrophes, bains de sang et souffrances;
  • Un effondrement menant à l’anarchie générale, une guerre civile ou quelque chose de ce genre, ouvrant la voie à une intervention extérieure;
  • Une division claire dans l’opposition peut se produire, faisant en sorte qu’une partie d’entre elle s’ouvre à un dialogue sérieux avec le régime pour parvenir à un nouveau contrat social dans le pays;
  • Un terme aux divergences d’approches et à l’ «immobilisme» en ce qui concerne les forces du régime;

Il y a deux issues possibles: soit l’avancée vers une solution politique à la crise rendant possible une fin rapide et définitive, soit la poursuite du recours au traitement sécuritaire de la crise quelqu’en soit le prix.

Il est difficile de prédire la manière dont une solution décisive sera atteinte.

Certains événements inattendus peuvent se produire, poussant tous les partis à trouver un accord, ou à accepter un accord imposé par des puissances étrangères pour aider le pays à trouver une issue au tunnel dans lequel il s’est engouffré.

où en est le parti désormais?

Pour commencer, nous aimerions attirer votre attention sur le fait que notre parti avait envoyé un mémorandum au commandement régional à la veille de la 10ème conférence nationale du parti Baath en 2005. Le parti avait demandé à ce que l’État soit séparé du parti, que la démocratie et les libertés soient garanties, que les lois d’urgence soit levées, qu’une loi démocratique pour les partis soit adoptée, que les prisonniers d’opinion et politiques soient libérés, que l’on mette un terme à la domination du parti Baath sur les syndicats, que la corruption soit combattue, etc.

En outre, nous tenons à ajouter que le parti a affirmé, dans tous les documents adoptés dans la dernière période, qu’il soutenait la position nationale de la Syrie.

Pour réaliser cet objectif, les besoins sociaux, économiques et démocratiques des masses populaires doivent être satisfaits. Nous avons discuté en détail de ces revendications dans nos conférences et documents.

Dans son analyse de la crise profonde actuelle de notre pays, notre parti avait indiqué clairement que la principale contradiction se trouve entre la formule politique selon laquelle le pays est gouverné depuis des décennies et les revendications de démocratie, de développement social, économique et culturel dont a besoin la société Syrienne.

Le fond de notre position, c’est que cette formule politique repose sur le monopole de l’autorité par le parti Baath, la tutelle sur le mouvement populaire et ses organisations. Cette formule a mené à la décadence et à la bureaucratie, et à la corruption de l’appareil d’État. Par conséquent, les plans de réforme économique et sociale doivent être pris en considération, mis au niveau des exigences de progrès.

En bref, notre parti estime que le fond de la crise actuelle réside dans le décalage entre la structure du régime et les tâches que doit affronter la Syrie. Dans le même temps, le parti insiste sur le fait que l’ennemi et les forces impérialistes font de leur mieux pour utiliser ce décalage interne pour rendre possible la conjuration contre la Syrie, et l’utiliser comme un cheval de Troie pour servir son objectif bien connu, comme nous l’avons mentionné ci-dessus.

En conséquence, le Parti communiste syrien (unifié) n’est pas neutre pour ce qui est de l’alternative nécessaire, d’une part, et des moyens nécessaires pour atteindre cet objectif, d’autre part.

Une solution politique passant par la poursuite de réformes véritables et radicales est la seule issue à la crise. Les mesures sécuritaires ne font que développer les facteurs de la crise, et l’approfondir toujours plus tout en vidant de son sens le contenu des réformes.

Nous affirmons que la situation actuelle rend nécessaire un dialogue constructif et loyal entre toutes les forces patriotiques et honnêtes, indépendamment des différences d’opinions et d’idées dans l’objectif de parvenir à un accord ou à un plan de réformes radicales répondant aux besoins des masses populaires et des garanties sur la création d’un État civil laïc et démocratique s’opposant aux plans impérialistes et Israéliens dans la région.

Si le dialogue nécessite l’existence d’un climat propice, le dialogue même pourrait contribuer à créer un tel climat, car les autres options ne conduiraient qu’à de nouveaux bains de sang, de nouveaux désastres pour le pays et pour le peuple.

Chers camarades,

Étant donné la faiblesse des médias Syriens face aux gros médias de l’impérialisme, à la mobilisation des forces du monde entier contre la Syrie, et à l’alliance anti-Syrienne composée des puissances impérialistes ainsi que de leurs marionnettes dans la région, y compris la Turquie, qui a adopté une politique pragmatique pour se partager l’hégémonie dans la région avec les pays européens, pour toutes ces raisons, notre parti espère que tous les partis communistes, ouvriers et démocratiques dans le monde contribueront à diffuser ces précisions dans l’opinion publique de leurs pays respectifs.

logo_annour.png

Ainsi, nous appelons ces partis à soutenir la Syrie car elle est le plus important des pays Arabes à résister aux plans impérialistes de domination du Moyen-Orient, et à s’opposer fermement au plan Américano-Israélien visant à diviser la région en diverses entités communautaires dont le contrôle serait rendu plus facile.

La Syrie soutient également la résistance nationale en Palestine, au Liban et en Irak. De plus, elle soutient le droit du peuple Palestinien à libérer ses territoires et à fonder un État national avec Jérusalem comme capitale.

Sources:

solidarité internationale

26 septembre 2011


note: les sous-titres sont de socialgerie


FEMMES – AFGHANISTAN – THÉÂTRE: COMBATTRE L’INJUSTICE

Afghanistan-child-bride-007.jpg

ACTING OUT THE AFGHAN OUTRAGE

Exprimer le scandale afghan

UN ATELIER DE THÉÂTRE PERMET AUX FEMMES DE RÉÉCRIRE ET TRANSFORMER LES SCENARIOS DE LEURS VIES

Aunohita Mojumdar

Guardian Weekly

Vendredi 23 septembre 2011 14.38 EDT

Article history

Afghanistan-child-bride-007.jpg

Unicef’s Photo of the Year 2007. Photograph: STEPHANIE SINCLAIR/UNICEF/HO/EPA

Sur la scène, un père fait pression sur sa fille pour qu’elle épouse un homme plus âgé, un commandant, pour résoudre les problèmes financiers de la famille. La fille résiste et son père la bat; la mère de la fille intervient et la fille menace de se suicider.

La scène n’est pas inconnue pour une audience de femmes afghanes. Des mariages forcés, de mineures, sont des évènements habituels, et la tradition l’emporte souvent sur la loi. Tout aussi familier est le pouvoir de «commandants», et autres chefs de groupes de milices qui ont combattu dans des conflits mais n’ont pas été désarmés soit par opportunisme politique ou à cause de l’incapacité de l’état d’exercer son autorité.

Cette scène, où des éléments des guerres d’Afghanistan pendant les 30 dernières années sont représentés est une tribune exceptionnelle pour les femmes pour venir à bout de leurs traumatismes et exprimer leurs sentiments. Changer la scène telle qu’elle est jouée sur la scène est un pas puissant pour la plupart des femmes, qui ont ressenti un manque de contrôle sur leur propre vie.

Malgré les milliards de dollars d’aide, les institutions afghanes restent faibles et corrompues.

Bien que le gouvernement ait introduit un plan pour «une justice de transition» qui reconnaît les souffrances des victimes de la guerre, accepte les poursuites en justice et fournit des indemnisations; en 2007, ce plan a été devancé par une loi qui accordait l’amnistie à tous ceux qui avaient participé au conflit, y compris ceux accusés de crimes de guerre. Ceci a relégué nombre d’Afghans dans des sentiments d’ impuissance.

S’adressant à une salle de femmes – jeunes et vieilles, éduquées et analphabètes, de classe moyenne ou pauvre – Zahra Yagana invite l’auditoire à intervenir. «Montez ici et racontez nous comment vous pourriez changer la situation,» dit-elle, les encourageant à se défaire de leurs inhibitions.

Yagana travaille pour Qanoon Guzari, un projet de théâtre dirigé par l’Organisation afghane des droits humains et la démocratie (Ahrdo). Il s’attaque aux problèmes que rencontrent les femmes: le patriarcat, le mariage forcé, la violence domestique, le manque d’accès aux emplois et au divorce.

Yagana a connu une expérience personnelle brutale de mariage forcé, de violence domestique, de patriarcat et de pénurie.

Mariée à 13 ans à un homme qui s’est révélé plus tard un intoxiqué de la drogue, elle a lutté contre la violence et une pauvreté débilitante, travaillant 16 heures par jour à un four à briques pour soutenir sa famille alors que son mari avait vendu tous les biens de la famille. La plupart des femme dans la salle peuvent témoigner de situations similaires dans leur voisinage ou leur propre maison.

Farida Majidi, 39 ans, se décrit elle-même comme «une femme au foyer sans éducation». Elle a perdu plusieurs membres de sa famille dans les conflits. Un beau-frère a été tué par les moudjahidin parce qu’il travaillait pour le gouvernement soutenu par les Sovietiques, un autre a eu les jambes explosées par une mine, tandis que deux neveux ont été tués par des inconnus armés. Après que sa maison ait été touchée par un missile, la famille est partie en Iran comme réfugiés.

«Après notre retour à Kaboul, je suis restée à la maison. J’avais trop peur de sortir. J’étais préoccupée par ce que les gens diraient de moi,» a dit Majidi. Le premier jour où elle est venue à l’atelier de théâtre elle n’a pas voulu découvrir son visage ou parler. Mais l’expérience de la communauté des femmes, de leurs récits et de l’atelier lui-même, ont graduellement gagné sa confiance.

«J’ai appris beaucoup de choses. je sais maintenant que je suis courageuse. Je peux partager mes idées.
J’ai décidé de travailler en faisant des objets artisanaux à la maison. Je contribue aux revenus de la famille, et mon mari aussi en est content. Il m’a même déposé ici aujourd’hui en route pour son travail,»
dit-elle fièrement. Le certificat Ahrdo qui certifie que Majidi a complété deux semaines de formation se trouve dans son coffre-fort chez elle avec ses bijoux.

Les traumatismes émotionnels sont peut-être la retombée la plus largement méconnue des guerres brutales d’Afghanistan.

Pratiquement chaque Afghan a perdu un membre de sa famille ou a eu une expérience directe avec la violence. Bien qu’on estime que 60% souffrent d’un désordre de stress post traumatique lié à un conflit, les établissements de santé mentale sont presque inexistants et ce n’est que très récemment que les travailleurs sociaux ou communautaires commencent à être formés pour être confrontés à ce réservoir d’angoisse.

La majorité des morts sont des hommes, mais ce sont souvent les survivants, les femmes, qui ont supporté le choc de la violence psychologique et physique à la maison, conséquence du conflit. De même, les restrictions sociales ont souvent handicapé les femmes pour qu’elles trouvent des moyens pour se débrouiller, et limité les interaction avec un réseau social plus large.

Wasima Amiri est une jeune femme éveillée, dans la vingtaine, qui a commencé sa propre affaire comme entrepreneur, faisant des confitures et des condiments. Sa vie est relativement confortable maintenant, mais elle porte le poids de ses années antérieures lorsque sa famille était affaiblie par la maladie de son père, obligé à rester couché pendant 11 ans, jusqu’à sa mort. «Avant de venir ici, je ne pouvais pas partager mes sentiments,» dit-elle. «À la maison, nous n’avions pas l’habitude de parler. il y a des choses dont on ne peut pas parler avec sa famille… Ici j’ai pu ouvrir mon esprit et mon cœur ».

Dans le cadre de ce projet, les femmes veulent poursuivre le processus jusqu’au gouvernement, suggérant des lois qui, d’après elles, pourraient être promulguées pour améliorer leur vie. «Je voudrais que le gouvernement assure des lieux de travail sûrs pour les femmes,» dit Majidi . «Le gouvernement devrait faire une loi pour construire des zones de travail sans danger, des industries où les femmes pourraient se sentir en sécurité et confortables.»

Yagana voudrait renforcer la loi pour l’élimination de la violence contre les femmes. En Afghanistan la coutume interdit aux étrangers, même aux autorités, d’entrer dans la maison familiale. «Ils devraient faire en sorte qu’il soit impossible pour les hommes d’infliger de la violence contre leurs femmes dans leurs maisons,» dit-elle. «La loi devrait rendre possible aux autorités d’entrer plus facilement dans une maison et emmener l’homme en prison lorsqu’ elles savent qu’il violente sa femme».

Bien que ce «théâtre législatif» ne peut pas remplacer l’action du gouvernement, il offre à ces femmes plus de force.

Plutôt que d’attendre que le gouvernement fasse quelque chose, elles transforment leur vie elles-mêmes.

COLÈRE ET REVENDICATIONS LÉGITIMES DES JEUNES CHÔMEURS

tahar_bellabes.jpg

Pas une semaine ne passe en Algérie sans que des militants associatifs ou syndicaux ne soient interpellés par les services de sécurité. À Ouargla où la colère des chômeurs gronde depuis des années le militant Tahar Belabbes qui vient de nouveau d’être interrogé par la police, raconte une situation intenable.

tahar_bellabes.jpg
Tahar Belabbes

Entretien avec Tahar Bellabes: La police traque les mouvements sociaux.

Peux-tu nous expliquer les raisons de ton interpellation, le 18 septembre dernier, par la police à Ouargla?

J’étais dans le bureau du directeur de l’emploi de la wilaya de Ouargla – fermé par les chômeurs ce jour-là – quand je reçois un appel téléphonique de ma famille m’informant que la police me cherchait. Arrivé chez moi, les éléments de la police judiciaire m’ont embarqué dans leur véhicule.

Au niveau du commissariat de police, après un interrogatoire sur le rôle du comité national des chômeurs et le rassemblement qu’il compte organiser le 25 septembre prochain à Ouargla, un officier m’a remis une convocation pour me rendre, en urgence, à la sûreté de wilaya de Batna. J’ignore toujours l’objet de la convocation, et j’attends l’avis de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH) que préside Me Mostefa Bouchachi.

Lors de l’interrogatoire, j’ai senti que les officiers étaient un peu gênés. D’ailleurs, l’un d’eux m’a déclaré qu’il ne supportait plus que la police, censée traquer les délinquants et lutter contre le banditisme, soit transformée en police qui traque les mouvements sociaux.

La naissance de votre mouvement remonte à plusieurs années. D’aucuns parlent d’un mouvement manipulé…

Notre mouvement a vu le jour en 2004. Des milliers de jeunes sont sortis dans les rues de Ouargla pour réclamer de l’emploi et dénoncer la politique de recrutement des entreprises algériennes et des multinationales. Ces dernières recrutent des centaines d’employés sans passer par le bureau de l’Agence nationale de l’emploi tel que prévu par la législation algérienne. L’ancien directeur de l’ANEM à Ouargla nous a informés que sur 1400 entreprises qui existent dans la région, 600 seulement recrutent par le biais de l’ANEM. Plus de la moitié des entreprises recrutent par d’autres voies. Ces entreprises évitent de recruter des jeunes «non recommandés» pour éviter des mouvements de grève. Les chefs de ces entreprises ont peur de recruter des jeunes de la région qui vont revendiquer leurs droits sociaux professionnels.

Tout cela pour expliquer les raisons qui ont poussé à la naissance de notre mouvement de protestation.

Comment se fait le recrutement ?

Les entreprises recrutent des jeunes que leur recommandent des généraux, des ministres et d’autres hauts responsables de l’Etat. Les ministres issus des partis du pouvoir exercent un quasi monopole sur le recrutement pour renforcer la base sociale de leurs partis dans la région. A cet effet, les élus locaux au niveau des APC et de l’APW ainsi que les parlementaires de la région sont devenus les instruments de ces membres du gouvernement. Nous avons constaté également que les élus et les partis du pouvoir dans la région ne souhaitent pas que le problème de chômage soit réglé. Ces responsables ainsi que la maffia politique et économique aimeraient toujours instrumentaliser les chômeurs lors des différentes campagnes électorales.

Simple exemple : à Ouargla, un député et un colonel de la gendarmerie nationale ont crée une société de gardiennage qui travaille chez les multinationales. Des élus APW ont crée des entreprises dans différents domaines.

Tout cela a poussé les jeunes du sud à se révolter en 2004 et à sortir dans les rues de plusieurs wilayas : Ouargla, Laghouat, Ghardaia… J’ai été emprisonné avec d’autres jeunes, alors que je n’avais que 23 ans, avant que la pression populaire oblige les autorités judiciaires à nous libérer. On a été condamnés à deux mois de prison avec sursis.

Qu’en est-il du «Mouvement des enfants du sud» ?

En Algérie, tout le monde sait qu’il existe une structure chargée de diaboliser et de ternir l’image des mouvements sociaux. Cette appellation « Mouvement des enfants du sud » a été choisie pour désigner du doigt les enfants du sud et les présenter comme des gens qui veulent porter atteinte à l’unité nationale. La même accusation a été portée contre les enfants de la Kabylie durant plusieurs années.
Pour briser tout mouvement de revendication, le pouvoir algérien accuse les animateurs de racisme, de régionalisme, d’extrémisme ou tout simplement de vouloir semer l’anarchie dans la société. C’est ainsi qu’en 2004, on nous a accusés de vouloir la scission entre le sud et le nord du pays. Certains sont allés jusqu’à évoquer les Accords d’Evian ! Plus le mensonge est gros plus il passe, dit-on. Les Algériens ne croient plus à ces mensonges.

Pour éviter les infiltrations et autres manipulations, nous avions décidé de créer une organisation des chômeurs.

Quelles sont vos principales revendications ?

Nos revendications sont d’ordre social. Nous demandons de l’emploi pour notre jeunesse, une allocation chômage, la protection sociale des chômeurs, la gratuité des soins… Nous revendiquons que cessent les poursuites judiciaires contre les animateurs du comité national des chômeurs. A cet effet, nous exigeons la libération de nos deux camarades « Aldjia Adel et Zoouane Hamza » de Ouargla condamnés à trois ans de prison ferme. Notre seule revendication politique, c’est le droit à l’organisation et la manifestation ; un droit reconnu par la constitution algérienne.

Nous ne demandons pas l’impossible, même si je sais qu’à Ouargla, on peut créer des milliers d’emplois pour les enfants de la région.

Vous avez lancé un appel pour un rassemblement le 9 octobre devant la présidence de la République à Alger. Pourquoi avez-vous choisi ce lieu?

Nous allons organiser un rassemblement le 25 septembre prochain à Ouargla, et le 9 octobre, nous allons tenir un sit-in devant la présidence de la République à El Mouradia. Le choix du lieu est dicté par le fait que deux ministres de la République ont insulté notre mouvement. Le ministre du travail, Tayeb Louh nous a traité de «mal élevés», lors d’une rencontre avec lui, alors que son collègue de l’Intérieur et des collectivités locales, Dahou Ould Kablia, a déclaré récemment que notre mouvement «a humilié l’Algérie à l’étranger». Cette déclaration prouve que le ministre de l’Intérieur ne connaît pas la situation de la jeunesse algérienne.

Chafaa Bouaiche

Mardi 20 Septembre 2011


ASPECTS TACTIQUES ET STRATÉGIQUES DE L’INITIATIVE PALESTINIENNE à L’ ONU

3288294-4712630.jpg

…/…

Une bataille à mener et à gagner

La bataille pour imposer l’intégration d’un Etat palestinien à l’ONU ne modifiera pas comme par enchantement le rapport de force actuellement en faveur d’Israël. Elle débouchera encore moins sur la fin de l’odieuse et inacceptable colonisation de toute la Palestine. Mais ce n’est pas une raison pour refuser de la mener car cette bataille ne s’oppose nullement, bien au contraire, à l’action visant à inverser le rapport de force au profit des Palestiniens. Il s’agit d’une bataille tactique qui constitue un jalon dans l’objectif stratégique qui consiste à réaliser les objectifs historiques du mouvement national palestinien.

Cette bataille contribue d’abord à accroître l’isolement d’Israël sur la scène politique et diplomatique régionale et internationale. Les menaces israéliennes de mesures de rétorsion dures (déclarer caducs les accords d’Oslo, interdire de sortie les responsables de l’Autorité palestinienne de Cisjordanie, bloquer les revenus de l’Autorité, voire annexer des colonies…) prouvent que l’initiative palestinienne fait peur aux dirigeants sionistes. Ils sont sur la défensive. Ils craignent en particulier que les Palestiniens puissent contester l’occupation de la Cisjordanie par 500 000 colons devant la Cours pénale internationale (CPI).

Par son caractère modéré – l’obtention d’un petit strapontin à l’ONU – la demande palestinienne brise le consensus politique de la société israélienne et de son régime et rallie à la cause palestinienne les gouvernements qui, à l’instar de ceux de Turquie ou d’Egypte, étaient jusqu’ici les alliés stratégiques d’Israël. Isoler Israël ne signifie pas gagner à la cause de sa destruction un maximum d’Etats mais juste gagner les plus modérés d’entre eux, ceux qui acceptent le fait colonial sioniste, mais qui refusent l’outrance des dirigeants de cet Etat. C’est cela qui fait mal à Israël aujourd’hui. Perdre un à un ses anciens alliés. Perdre son aura et son statut d’éternelle victime démocrate des barbares du monde arabe.

Cette bataille a comme autre avantage, non négligeable, d’amener l’Autorité palestinienne à rompre avec sa stratégie de soumission, de négociation sans lutte. Une stratégie suicidaire qui a divisé et affaibli le peuple palestinien et qui a amené beaucoup de Palestiniens et de sympathisants de leur cause dans le monde à considérer que Mahmoud Abbas et son gouvernement collaboraient avec l’occupant. Comment ne pas se féliciter que ces anciens alliés contre-nature rompent leur alliance totalement stérile pour les Palestiniens car uniquement avantageuse aux Israéliens ? Une telle rupture ne peut que réintégrer dans le combat des forces qui en avaient été retranchées et qui ne pesaient plus dans le rapport de force au profit des Palestiniens. Elle ne peut que renforcer l’unité des mouvements de résistance et ouvrir de nouvelles perspectives de lutte à ce peuple.

Un autre avantage, non négligeable, consiste à dissiper la pseudo brouille entre les Etats-Unis et Israël afin de mieux faire apparaître aux yeux du plus grand nombre la collusion étroite entre ces deux compères. En dépit de ses belles et douces paroles, Obama n’est pas différent des présidents qui l’ont précédé. Il ne peut pas être différent, même s’il le voulait.

Cette bataille présente enfin un dernier atout, celui de rompre avec la fiction d’une unanimité de la communauté internationale. Il apparaît aujourd’hui clairement qu’il existe deux camps et chaque Etat doit choisir le sien. Il n’existe plus de processus de paix, de communauté internationale et autre Quartette pour le parrainer. Cette approche relève de la mystification. Il n’y a aucun consensus international possible entre dominants et dominés. Une telle clarification constitue déjà une immense victoire pour la cause palestinienne.

3288294-4712630.jpg

Un combat long et multiforme

Délégitimer le droit qu’Israël s’octroie de coloniser de nouvelles terres et imposer la reconnaissance internationale d’un Etat palestinien est très important. Car l’enjeu politique immédiat ne réside pas, contrairement à ce qu’affirme par exemple le Djihad islamique, dans la disparition de l’Etat colonial d’Israël, mais dans l’effacement accéléré de ce qui subsiste de la Palestine. Les Palestiniens ne sont pas aujourd’hui en situation de terrasser le colonisateur. Ils sont au contraire en condition d’être terrassés par lui et de perdre toute leur terre. Il est facile, dans ces conditions, de renvoyer la libération de la Palestine aux calendes grecs et d’affirmer que l’on combattra durant encore cent ans, mille ans s’il le faut et que l’on vaincra par ce qu’on a raison et que la légitimité se situe de notre côté. Il ne s’agit là, malheureusement, que de belles paroles. Combien de peuples, combien de pays, combien d’Etats ont disparu depuis la nuit des temps sous les coups de colonisateurs et d’envahisseurs, en dépit de la légitimité de leur résistance ? Il ne suffit pas d’avoir raison ni d’avoir le bon droit de son côté pour triompher. Même le courage et la détermination à lutter ne suffisent pas toujours à assurer la victoire.

Pour inverser le rapport de force face à un ennemi puissant, il faut du temps, de la patience et de la persévérance. Il convient surtout de ne pas refuser de mener des combats locaux, partiels, sectoriels, des combats qui semblent petits, sans intérêts, mais qui, accumulés, contribuent à renverser la vapeur. Pour vaincre dans la guerre, il faut livrer des batailles et veiller à gagner chacune d’entre elles ou le maximum, non par des mots, mais par des actes. Et ces batailles se livrent sur tous les terrains : militaire certes, mais aussi politique, diplomatique, économique, social, culturel, sportif… Il ne faut mépriser aucun terrain de lutte et ne pas opposer chaque bataille particulière à l’issue finale de la guerre.

Pour gagner face à une ennemi infiniment supérieur en force, il convient, surtout à l’ère moderne, de disposer d’une stratégie efficace, voire efficiente. Or, qui peut nier aujourd’hui qu’Israël, soutenu inconditionnellement par la seule superpuissance du monde, par l’UE et le Japon et accepté par la majorité absolue des Etats de la planète, y compris les Etats arabes, dispose d’un rapport de force écrasant face aux Palestiniens ? Qui peut, sur cette base, nier que le mouvement national palestinien se retrouve dans l’impasse dans son tête-à-tête avec Israël ?

Comment sortir de cette impasse ? Telle est la question principale qui se pose aux Palestiniens et à tous les habitants du monde arabe. Et ce n’est pas avec des professions de foi aussi courageuses soient-elles et le refus de mener quelques batailles «sans intérêt» qu’ils s’extrairont de la mauvaise passe dans laquelle ils sont.

Cela s’avère d’autant plus vrai que la victoire de la résistance libanaise en 2006, l’émergence d’un puissant mouvement international de solidarité avec le peuple palestinien à la suite de l’agression de Gaza en 2009 et le processus de révolutions démocratiques et sociales qui s’est ouvert cette année dans le monde arabe ouvrent enfin des perspectives et indiquent dans quelle sens cette stratégie doit se forger. Face à un système impérialiste de domination à trois têtes (grandes puissances occidentales, Israël et les régimes arabes), il s’agit de travailler à la convergence des résistances et mouvements de libération, des mouvements démocratiques et sociaux et des régimes qui résistent à cette domination dans toute la région. Le peuple palestinien n’est plus seul face à Israël. Il dispose, comme nous l’avons vu en Turquie et en Egypte, pour ne citer que ces deux cas, d’alliés qui peuvent l’aider à desserrer l’étau qui l’étrangle. En livrant des batailles comme celle de l’ONU, il forge un vaste front qui le renforce et qui isole et affaiblit ses ennemis.

…/…


[pour lire l’article en entier

cliquer sur le lien: …->http://www.lanation.info/La-Palestine-a-l-ONU-mirage-ou-realite_a299.html]


LES INTELLECTUELS « ORGANIQUES » DANS LA TRAGÉDIE LIBYENNE

LE MEILLEUR ET LE PIRE

Conformément à la résolution 1973, ou du moins l’interprétation qu’ils en ont faite, l’OTAN ne devrait-il pas à présent bombarder… les positions du CNT? En effet, c’est celui-ci qui est désormais le pouvoir et ce sont les autres, les «gueddafistes», qui sont à présent «les rebelles».

C’est donc le nouveau pouvoir, le CNT, qui aujourd’hui «bombarde son propre peuple», à Syrte et ailleurs, et qui tombe sous le coup de la résolution 1973 de l’ONU.

Je plaisante? À peine. Car on voit ainsi à quoi a été réduit le droit international. C’est le cas aussi de la reconnaissance de l’Etat palestinien. Le Gouvernement français s’était empressé de reconnaître le CNT libyen alors que rien ne prouvait sa légitimité. C’est de l’étranger que le CNT a tiré d’abord sa légitimité. Mais le gouvernement français ne veut pas reconnaître l’Etat Palestinien qui lui, est légitime depuis 60 ans… depuis toujours. Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères français, cherche actuellement, sous mille prétextes, à décourager les palestiniens de présenter leur candidature à l’ONU. On se souvient par contre de la vitalité et de l’énergie dont il avait fait preuve pour convaincre de l’intervention étrangère en Libye puis pour que le CNT occupe, sans attendre, le siège de la Libye à l’ONU.

Ce renversement de situation en Libye où c’est désormais le nouveau pouvoir en place qui bombarde des populations civiles n’a semble-t-il pas été prévu. Il explique la gêne actuelle de l’alliance OTAN-CNT libyen, son hésitation à installer le CNT dans la capitale, et son insistance à annoncer que «la lutte n’est pas finie tant que Gueddafi n’est pas mis hors d’état de nuire». Ces contradictions dévoilent chaque jour les buts réels de l’intervention militaire étrangère aux yeux de l’opinion arabe et mondiale.

Comme par un heureux hasard, l’actualité vient elle-même dénoncer cette situation et ceux qui cherchent à la justifier. Au même moment où le CNT s’installait précautionneusement à Tripoli sous la protection de l’OTAN, les Talibans attaquaient le quartier général de l’OTAN à Kaboul. Où sont les « révolutionnaires », à Kaboul ou à Benghazi ? L’OTAN et les insurgés libyens avaient justifié l’intervention militaire par le rapport de force disproportionné entre les forces du régime de Gueddafi et les insurgés, et afin d’éviter qu’ils soient écrasés. Les résistants afghans eux affrontent une armada de l’OTAN infiniment plus puissante et meurtrière. Un 1er novembre 1954 quelques dizaines d’hommes s’étaient levés contre la France et toute la puissance de l’OTAN derrière elle. Ces hommes là ne demandaient pas qu’on fasse la révolution à leur place.

Les révolutions arabes continuent de charrier le meilleur et le pire. Je lisais dans un journal français (« le Nouvel Observateur » 13 septembre 2011) un reportage sur une jeune Libyenne de 24 ans qui s’enorgueillait d’avoir fourni des renseignements à l’OTAN, par le relais d’Eldjazeera, sur les cibles libyennes à attaquer, quand l’intervention militaire se préparait. Elle décrit tout cela avec force détails. Elle rodait, le jour, la nuit, autour des sites, prenait des notes, utilisait plusieurs portables. Vrai ou faux ? On finit par se méfier de tout tant l’intoxication médiatique a pris des proportions nouvelles. Mais c’est significatif d’un état d’esprit où on ne sait même plus ce qu’est la trahison, où elle est banalisée, voire valorisée. Ici 50 ans après l’indépendance, en Algérie, une famille se vantera d’avoir été proche de la France pendant la colonisation, comme d’un label de distinction sociale. Un autre algérien, résident pourtant en Algérie, et même parfois haut fonctionnaire, se vantera lui d’avoir la double nationalité algérienne et française. Il vous expliquera que «c’est uniquement pour des raisons pratiques, pour ne pas avoir à demander de visa», sans se rendre compte qu’il exprime ainsi son peu de considération pour 2 nationalités, aussi bien la Française que l’Algérienne en réduisant un acte majeur à une raison si triviale. Et on les verra souvent, est-ce un hasard, justifier l’intervention étrangère.

LES NOUVEAUX INTELLECTUELS ORGANIQUES

Dans les CNT qui fleurissent actuellement, ici des intellectuels syriens connus appellent à l’intervention étrangère; certains d’entre eux ont la double nationalité : française et syrienne. Là ce sont des cadres intellectuels libyens de nationalité anglaise ou américaine qui avaient appelé l’OTAN à l’aide. On assiste à l’émergence d’une nouvelle catégorie d’intellectuels organiques. Ils ne sont pas comme l’émigration politique intellectuelle du siècle passé qui vivait difficilement et clandestinement dans les pays occidentaux. Ils s’en distinguent par le fait qu’ils bénéficient en général d’une situation confortable, dans des universités occidentales, ou dans les médias chargés d’émettre en direction des pays arabes comme la BBC, France 24 etc. Grâce à la lutte des peuples arabes et après avoir été longtemps ignorés, ils bénéficient désormais de la sollicitude des plateaux de télévision des grands medias occidentaux. Le message, bien que feutré, est clair : «nous vous avons accueilli longtemps, il est temps de nous rendre nos bienfaits ». Ces nouveaux intellectuels organiques semblent être libres et indépendants de pensée. Ne dénoncent-ils pas les pouvoirs dans leur pays. Mais les apparences peuvent être trompeuses. Qu’on y prête attention et on s’apercevra qu’il n’y a jamais, chez eux, la moindre critique du pouvoir du pays où ils vivent où dont ils ont pris la nationalité, le Royaume Uni, La France ou les Etats-Unis. Gueddafi ou Bachir El Assad seront dénoncés mais pas l’action de la France au Sénégal ou en Afghanistan. Pas celle des Etats Unis en Irak ou vis à vis de la Palestine. Comment dénoncer en effet ceux qui vous rémunèrent, dans les universités desquels vous enseignez. Ces nouveaux intellectuels organiques ressemblent comme une goutte d’eau aux mêmes de leur pays natal. A la différence que leur complaisance à l’égard du pouvoir concerne celui du pays occidental où ils vivent.

La mondialisation devient chez eux alors une idéologie de justification leur permettant de masquer toutes ces contradictions ou d’essayer de les concilier, de vivre avec. Elle se transforme en la théorie d’un monde où la nationalité, l’indépendance n’ont plus de réalité et d’utilité si ce n’est dans la vision nostalgique d’une génération qui, comme ils la critiquent, « s’accroche aux idéaux des années 70 et à l’épopée de la lutte anticoloniale et du mouvement de libération ».C’est ainsi que ce sont multipliées, ces derniers temps, sous la plume des nouveaux intellectuels organiques, des analyses qui convergent étrangement toutes vers la justification du droit d’ingérence et des interventions militaires actuelles. Elles puisent d’une manière ou d’une autre leur inspiration dans les théories qui proclament «la fin de l’Histoire», l’universalité du capitalisme occidental, la généralisation de la communication grâce aux nouvelles technologies et donc la fin des antagonismes du 20éme siècle entre l’Occident impérial et le reste du monde, entre pays dominants et pays dominés. Ainsi nous est proposée sous le couvert d’un modernisme de pacotille une réédition de la vieille idéologie colonialiste et de quoi justifier la remise en cause de l’acquis essentiel des révolutions du 20éme siècle : la libération de la domination étrangère et la souveraineté nationale. Ce qu’on nous propose, en fait, c’est un Alzheimer historique.

LA BRIGADE DE TRIPOLI

Sur la chaîne France 24, les 8, 10 et 11 septembre, un reportage passe en boucle, au sujet de la «brigade de Tripoli», une brigade de «rebelles» libyens composés d’émigrés arabes binationaux, d’Angleterre, des USA, d’Irlande… Le reportage vise, d’évidence, à convaincre du rôle joué par les «rebelles libyens» dans la prise de Tripoli. Toujours les mêmes images : armes flambant neuf fournis par l’OTAN, rien à voir avec la Kalach’ traditionnelle du « rebelle », débauche de tirs nourris en l’air ou à l’aveuglette, V de la victoire devant les caméras, un ennemi «gueddafiste» invisible, des insurgés qui font retraite pour laisser l’OTAN nettoyer la place. Le héros du reportage, Sam, un homme jeune, la trentaine, de père libyen et de mère irlandaise. Propre, net, rasé de frais, barbe claire effilée, soignée, des gants noirs, une tenue de camouflage élégante, un vrai héros de cinéma. Il ajuste posément, devant la caméra, comme au stand de tir, au loin, un «gueddafiste» juché sur un pickup. Celui-ci ne bouge pas, comme pour la pose, avant d’être abattu et de s’écrouler. Il ne restait plus à notre héros qu’à souffler sur le canon de son arme, comme dans les westerns. Puis il part à l’assaut avec sa brigade. Le commentateur français, soudain islamophile, nous dit que la brigade n’a rien bu ni mangé depuis le matin, vu le Ramadhan. Mais celui qui a monté le reportage a laissé trainer un plan qui surprend notre héros Sam la cigarette aux lèvres en plein jeûne. A la fin du reportage (du film j’allais dire) Sam confie tristement mais virilement qu’un de ses amis est mort et qu’il va devoir annoncer la nouvelle à ses parents à son retour en Grande Bretagne. Puis il s’éloigne lentement du champ de la camera. Coupez !

Tout cela peut prêter à sourire. Mais on ne peut s’empêcher d’en être peiné et de se demander laquelle de leurs deux nationalités ces binationaux servent. Mais aussitôt posée, la question parait injuste. Injuste envers l’immense majorité des émigrés arabes en Europe qui accueillent comme nous, avec réserve et méfiance les appels à l’intervention étrangère, et dont le sentiment national est d’autant plus fort, qu’il est renforcé par leur éloignement du pays et les atteintes à leur identité et leur dignité. C’est notamment le cas des centaines de milliers d’intellectuels et de chercheurs arabes qui se trouvent à l’étranger faute des conditions du travail scientifique dans leur pays. Ceux-là sont bien placés pour connaitre la réalité des pays où ils vivent et les mécanismes de domination.

Ils en témoignent souvent d’autant plus lucidement. Ils font partie de ce que le monde arabe a de meilleur. Mais on ne les verra eux, jamais, sur les plateaux de télévision. Le piège est en effet énorme et nouveau: Créer la suspicion envers ceux des nôtres qui ont émigré et qui sont partis pour des raisons économiques ou autres, et qui ne ressemblent en rien à une certaine émigration de confort. Empêcher la jonction de l’intelligentsia arabe, aussi bien celle vivant au pays qu’à l’étranger, dans l’immense élan qui se dessine de réveil du monde arabe, et de volonté de démocratisation et de modernisation. La crise libyenne est décidément pleine d’enseignements

‘MARX au XXIe siècle’ – ANNÉES 2011-2012: PROGRAMME DU SÉMINAIRE

E57DC0DA-77EF-4D2A-8511-2D1C3F2B42FE.png

E57DC0DA-77EF-4D2A-8511-2D1C3F2B42FE.png

pdf_img2353right-doc2352-4.jpg

CENTRE D’HISTOIRE DES SYSTEMES DE PENSEE MODERNE

Université Paris 1

PROGRAMME DU SÉMINAIRE

Marx au XXIe siècle, l’esprit & la lettre

http://chspm.univ-paris1.fr/spip.php?article257

Séminaire hebdomadaire

sous la responsabilité

d’Isabelle Garo (Paris, Lycée Chaptal),

Jean Salem (Paris 1),

Jean-Numa Ducange (Rouen)

et de Stathis Kouvélakis (Londres, King’s College)

avec le soutien du CERPHI

et de la revue ContreTemps (Textuel)


* PREMIER SEMESTRE


samedi 8 octobre 2011 :

Jean SALEM

Professeur de Philosophie
à l’Université Paris 1

“Marx et le matérialisme antique”

_____

samedi 15 octobre 2011 :

Michael LÖWY

Directeur de recherche émérite, CNRS

“Romantisme et marxisme”.

À partir du livre (écrit avec Robert Sayre):
’Esprits de feu. Figure du romantisme anticapitaliste’
(Éd. du Sandre, 2010)

_____

samedi 22 octobre 2011 :

Ian BIRCHALL

Maître de conférences en Philosophie

à l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail

À propos de son ouvrage
‘Sartre et l’extrême-gauche’
(parution prévue aux éd. ‘La Fabrique’, sept. 2011)

Emmanuel BAROT

Maître de conférences en Philosophie

à l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail

À propos de l’édition de l’ouvrage collectif
édité sous sa responsabilité (éd. ‘La Dispute’):

‘Sartre et le marxisme’


samedi 29 octobre 2011 :

Benjamin CORIAT

Professeur d’Économie à l’Université Paris 13

“La crise de la pensée propriétaire
et le retour des Communs”


samedi 5 novembre 2011 :

Mikail BARAH

Directeur de recherches sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient

à la Fondation pour les Relations internationales

et le dialogue extérieur (Madrid)

“Un Moyen-Orient en reconstruction.”

Sur les ‘révolutions’ arabes


samedi 12 novembre 2011 :

Anne CLERVAL

Maîtresse de conférences en Géographie

à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée

“La ’gentrification’ :
une lutte de classes dans l’espace urbain?”


samedi 19 novembre 2011 :

Serge WOLIKOW

Professeur d’histoire contemporaine

à l’Université de Dijon

“Les discussions sur le marxisme
dans l’Internationale Communiste (1919-1943)”


samedi 26 novembre 2011 :

Karel YON

Chargé de recherche en Sociologie,
CERAPS-CNRS (Lille)

“La « démocratie sociale » :

espace de liberté syndicale

ou formatage néolibéral de la lutte des classes?”


samedi 3 décembre 2011 :

Thierry LABICA

Maître de confé­rences

au Dépar­te­ment d’études anglo­phones

de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense

“Que faire des ‘cultural studies’ ?

Autour de l’héritage du marxisme britannique
dans la théorisation de la culture”


samedi 10 décembre 2011 :

Vincent CHAMBARLHAC

Maître de conférences en Histoire contemporaine

à l’Université de Dijon

Discutant : Jean-Numa DUCANGE

Maître de conférences en Histoire contemporaine

à l’Université de Rouen

“Historiographie du socialisme français avant 1914”


* DEUXIÈME SEMESTRE


samedi 28 janvier 2012 :

Roland PFEFFERKORN

Professeur de Sociologie

à l’Université de Strasbourg

“Rapports sociaux de sexe
et articulation des rapports sociaux”


samedi 4 février 2012 :

Nicolas VIEILLESCAZES

Traducteur, Directeur éditorial

aux Éditions Les Prairies Ordinaires

“Le marxisme de Fredric Jameson”


samedi 11 février 2012 :

Tom ROCKMORE

Professeur à Duquesne University (Pittsburgh, USA)

et à l’Université de Pékin

Auteur de : “Marx after Marxism.”

“Interprétations marxistes de Hegel”


samedi 18 février 2012,

toute la journée :

Anne Durand (Paris 1)

Édouard Pacaud (Paris I)

Raphaël Chappé (Paris Ouest)

2e journée du Colloque :

“La réalisation de la philosophie à l’époque du Vormärz”

(NB : la 1e journée aura eu lieu à l’Université de Nanterre,
la veille – vendredi 17 fév.).

_____

samedi 25 février 2012 :

Razmig KEUCHEYAN

Maître de conférences en Sociologie à l’Université Paris 4

“Penser la crise avec Gramsci”


samedi 3 mars 2012 :

Maurice ANDREU

PRCE en Sciences économiques et sociales à l’Université Paris 13

Auteur de : “L’Internationale Communiste contre le capital – 1919-1924”, éd. Actuel Marx Confrontation, PUF, 2003.

“Les manuscrits de prison de Boukharine, 1937-1938”


samedi 10 mars 2012 :

Manlio GRAZIANO

Docteur en Études italiennes,

Enseignant à l’Université Paris 4

“Le rôle politique de l’Église catholique dans le monde.

Géopolitique des religions”


samedi 17 mars 2012 :

Gilbert ACHCAR

Professeur à l’École des Études Orientales et Africaines (SOAS)

de l’Université de Londres

“Marx et l’orientalisme”


samedi 24 mars 2012 :

Christophe DARMANGEAT

PRAG, Université Paris 7

Docteur en économie

“Le marxisme à l’épreuve des progrès de l’anthropologie.

La domination masculine
est-elle née avec les classes sociales?”


samedi 31 mars 2012 :

Jean BATOU

Professeur d’Histoire internationale contemporaine

à l’Université de Lausanne

“L’Accumulation primitive au XXIe siècle.

Back to the Future”


__ Séminaire « Marx au XXIe siècle : l’esprit & la lettre »

un site | http://www.marxau21.fr

un blog | http://marxau21.blogspot.com

un courriel | seminaire@marxau21.fr

Visitez également le blog de la GEME
(Grande édition des œuvres de Marx et Engels en français)


http://lageme.blogspot.com


HOMMAGE AU CAMARADE ABDERRAHMANE FARDEHEB

Sa femme ZOULIKHA et sa fille AMEL rendent hommage au mari et compagnon, au père, à notre camarade FAREDEHEB assassiné par la main intégriste islamiste un matin du 26 septembre 1994

F.A.,


Hommage à toi, mon époux, mon compagnon, mon amant, mon ami, mon frère… Abderrahmane Fardeheb, assassiné le 26 septembre 1994 à Oran à 8h du matin.

« Qui était cet homme si humble et si respectueux»?
disait une vielle dame du quartier venue assister à ses obsèques. Elle
pleurait en silence. «Nous avons entendu dire que c’était un Aalem
K’bir, mais pourquoi élimine-t-on les savants?»


Oui Abderrahmane en
était un. Le professeur Fardeheb est mort pour son engagement
politique, ainsi que son combat envers les laissés- pour- compte.

Son
crime : En avait-il? Il ne portait pas d’arme dans son cartable si
lourd. Oh non! Il avait une trousse d’écolier, remplie de stylos
divers, et de documents de travail, ses cours d’économie.

Et… dans
notre maison son bureau occupait la plus grande place. Les rames de
papiers trônaient sur toutes les étagères, les murs étaient tapissés
des innombrables livres d’économie politiques, de littérature entre
autres Marx, Lénine, Rosa Luxembourg, Ibn Khaldoun, Mouloud Feraoun, Victor Hugo…et d’autres ouvrages aussi divers. Et au milieu de tout ce savoir et cette richesse nous vivions heureux.

Abderrahmane était
timide et respectueux d’autrui, cependant les discussions politiques
le faisaient sortir de sa réserve et l’amenaient à prendre la parole
avec fermeté et intransigeance. Il sortait de ses gonds face à
l’injustice.

Strict, épris de justice, d’équité et fervent défenseur
des plus opprimés, la jouissance destructrice d’une frange de la
société l’écœurait à un point tel qu’il en faisait sien le combat de
tous les jours contre les fourbes et les malhonnêtes.

Mais sa naïveté
l’a conduit à faire une confiance aveugle aux hommes de toutes espèces
sans se méfier. Et quand je lui disais de redoubler de vigilance suite
à «sa condamnation à mort» par les islamistes, aux multiples lettres
de menaces que l’on recevait, il essayait de me rassurer au mieux avec
un sourire mêlé d’appréhension. Un sourire qui disait «n’aies
crainte, nos voisins nous connaissent et ne peuvent pas nous faire de
mal. Le danger ne viendra pas de notre quartier ».


Et pourtant, c’est
ce jeunot de 20 ans, habitant l’immeuble d’en face, cet étudiant
barbu, qui a mis fin à tes jours. Il t’a tiré dessus, puis il a
retourné son arme contre notre fille.

Coup de chance ? Miracle? Elle
s’en est sortie vivante. Le coup de feu a été entendu mais…la balle
assassine n’est pas partie.

Aujourd’hui ton idéal n’est pas mort, il
renaît en tes enfants qui le perpétuent, et tes étudiants qui se
souviennent de toi et qui continuent dans la voie que tu leur as
enseignée. Le relais est assuré sur plusieurs générations.

Repose en
paix, Amel et Mourad sont fiers d’être tes enfants, et ils diront à
leurs enfants quel homme bon et intègre et généreux tu étais.

Zokha Fardeheb

19/09/2011


Mon père, tu as été assassiné le 26 septembre 1994 au petit matin…

Tu es parti, brutalement, mais très…lentement, car je sais aujourd’hui
que tu savais ton heure proche.

Combien de fois cette matinée-là es-tu revenu en arrière? J’ai
compté. Trois fois. Trois fois tu es revenu à la maison pour des
raisons aussi étranges les unes que les autres.

Coïncidences ? Signes du destin? Vas savoir … Tu n’aurais pas
accepté les signes du destin! Voilà un mot qui ne faisait pas
partie de ton vocabulaire. Trop cartésien…

Ta mort a été lente…lente et violente…

26 septembre 2011. 17 années sont passées depuis ton lâche assassinat
et pourtant tout est là, gravé dans ma tête, dans ma mémoire. Tout,
dans le moindre détail. L’avant, et l’après ce jour. Tout défile comme
un film, encore intacte. L’heure est-elle au bilan? Je dirai
malheureusement: Non, pas encore.

Le 29 septembre 2005, a été voté par référendum le décret pour la paix
et la réconciliation nationale. Quelle mascarade, une supercherie!
Une grande trahison que j’ai dû subir, vivant à Alger en cette
période. Une autre douleur, un profond mal-être m’envahissaient.
Toutes les personnes que je croisais dans la rue avec une barbe ou un
kamis, je la voyais les mains encore rouges de sang. Pour moi, être
musulman, croyant, ce n’est pas s’afficher avec un kamis ou une burqa
qui n’est d’ailleurs pas de chez nous. Je ne me souviens pas de ces
accoutrements chez mes grands-parents, pourtant très pieux,
pratiquants et qui prônaient un véritable islam, un islam de paix et
de tolérance.

Ainsi, des milliers d’intégristes sont amnistiés, réintégrés
socialement, indemnisés, jouissant de leurs pleins droits et de leur
totale liberté. Pis encore, il faut les ménager, et ne rien faire qui
puisse les heurter! Le pouvoir n’avait-il pas demandé aux femmes
d’éviter de fumer et de s’habiller décemment pour ne pas les
contrarier! L’argent sale du terrorisme commence à transparaître et
à blanchir avec bénédiction. Tous les repentis, assassins d’hier,
deviennent affairistes aujourd’hui. Ils acquièrent notoriété et biens
à travers grands commerces grosses bâtisses … Ils brassent des sommes
d’argent considérables, jetant de la poudre aux yeux à ceux qui
occultent et esquivent la réalité.

Tes assassins se pavanent dans les rues, affichant orgueil et mépris,
mais toi tu n’es plus… Où est la justice pour laquelle tu t’es battu?
À coup de décret on tente de plonger tout un peuple dans l’amnésie le
privant de son passé, de son identité. Mais rien ne pourra jamais vous
effacer de nos mémoires, ni de l’Histoire.

Ils ont voulu t’éliminer pour que plus jamais tu ne parles, pour que
plus jamais tu n’écrives. Et même mort tu déranges les consciences.
Vos âmes flottent parmi nous, et hantent vos bourreaux. Tu gênais, tu
gênais car tu ne supportais pas l’injustice, « el hogra », et ton passé
de militant de première heure l’a prouvé plus d’une fois:

  • Auprès des femmes parce-que révolté par ce code de la famille, de l’infamie.
  • Auprès des petites gens parce que révolté par leur misère.

Docteur d’Etat à l’université d’Oran en sciences économiques, tu
maîtrisais les chiffres et les statistiques, et ne comprenais pas une
telle misère dans un pays aussi riche. Tu étais révolté par la
corruption que tu ne cessais de dénoncer. Tu ne t’en es jamais caché.

Déjà au tout début de ta carrière universitaire, tu dérangeais les
autorités par ton idéal de justice et de paix. Marxiste, tu voulais
une Algérie libre et fraternelle.

D’abord octobre 88

En octobre 1988 c’est bien toi qu’on est venu chercher, ton bureau
avait été mis sens dessus dessous, toute la maison perquisitionnée.
Les agents de la sécurité militaire étaient furieux, moi, je jubilais,
car tu leur avais échappé ce jour-là, tu étais absent, à l’étranger
pour un colloque. Des années après, tes assassins briseront à tout
jamais tes rêves d’humaniste…

Défenseur des droits de l’homme, tu étais scandalisé par les pratiques
inacceptables et odieuses de l’Etat (arrestations arbitraires,
intimidations…tortures). Tu étais brillant dans tes analyses aussi
bien économiques que politiques, évidemment, la politique était aussi
et naturellement ton « opium », tu disais que la religion divisait les
gens. Tu n’avais pas tort, car c’est au nom de la religion que tout un
peuple a été pris en otage, et des milliers d’innocents en ont été
victimes, comme toi!

Tu étais lucide et conscient des dangers et menaces qui nous
guettaient. La veille de ton assassinat, tu m’en as parlé. En
regardant le film Platoon avec toi, la veille de ton assassinat, je te
disais combien la guerre était destructrice, tu m’avais répondu :
« Benti (ainsi tu m’appelais) dans notre pays, des Algériens tuent
d’autres Algériens, leurs frères, au nom de la religion ».

Tu étais un homme bon, loyal, juste, scrupuleux, incorruptible, fidèle
et tellement humble. Prêt à apporter ton aide au premier venu,
toujours du côté des plus faibles. Tu étais un amoureux de la vie et
des belles choses. Tu avais des principes, envers ta famille, tes
amis et ton pays. Tu étais rêveur, un beau ciel bleu, un avion qui
passe pouvaient de distraire de longues heures. Tu pensais à quoi à ce
moment?

Tellement de choses, tellement de questions restées sans réponses des
années après, car tu n’es plus… Tu aimais et croyais en cette jeunesse
que tu formais à la maison comme à l’université, tu aimais lui parler,
lui expliquer les dangers du système. Tu avais foi en elle, car tu
savais que les changements viendraient d’elle et par elle. Tu aimais
tes étudiants, et tu prenais ton travail à cœur. Tu étais corps et âme
dévoué à ton métier, si noble. Adolescente, je pense avoir été jalouse
de tes étudiants avec qui tu passais beaucoup de temps… aujourd’hui
j’en suis fière, car c’est toute une génération que tu as formée à
l’université d’Oran.

Tu étais travailleur. Je te revois, assis à ton bureau à écrire,
écrire des journées entières…par moment tu en sortais, et me disais
« Benti, tu me fais une q’hiwa (un café)! » … et tu revenais à ton
bureau. Si tu n’étais pas à la faculté, si tu n’écrivais pas tes
articles d’analyses politiques et économiques, tu lisais. Tu étais
infatigable, assoiffé de savoir et de culture. Ainsi tu m’as transmis
le goût pour la lecture… et le savoir.

Tu nous emmenais au théâtre d’Oran, voir les pièces de feu Abdelkader
Alloula, lui aussi assassiné peu de temps avant toi. J’ai appris la
musique avec toi, tu aimais écouter aussi bien du Brel, Brassens,
Aznavour que Faïrouz, Marcel Khalifa, Cheikh el Imam, et toutes ces K7
audio dont les refrains ne cessent de passer dans ma tête… La vie
était belle et douce, mais très tôt, j’ai vite compris que nous
n’étions pas comme les autres puisque notre vie était rythmée par le
militantisme.

Tu étais soucieux de notre avenir et celui de ton pays. Tu m’as
demandé en début de l’année scolaire de te promettre d’avoir mon bac,
à croire que tu savais que tu ne serais plus là. J’ai eu mon bac, et
tu n’étais plus là pour partager cet évènement… comme d’autres
d’ailleurs…

L’heure est-elle au bilan ? Non !

Non, car l’actualité me donne le sentiment que nous sommes bien loin
d’écrire ces lignes de notre histoire, celles des années de sang.
N’est-ce pas là une de nos spécialités. Que savons-nous de notre
passé, si ce n’est ce qu’on veut bien nous enseigner dans les livres
scolaires. Que savons-nous de la guerre de libération. L’histoire de
l’Algérie a-t-elle commencé avec la France?

Quand je vois dans notre actualité, les falsifications de notre
histoire, et le traitement injuste infligé aux grands noms qui ont
voulu une Algérie libre et indépendante, je me dis qu’aujourd’hui on
est bien loin d’établir un bilan qui dénonce les crimes, l’injustice
et rétablit la vérité. Voilà que cinquante années après
l’indépendance, des personnes oublieuses de l’histoire remettent en
cause le nationalisme et le combat de feu Mohamed Boudiaf, et de
Louisette Ighilahriz!

Beaucoup d’erreurs ont été commises, des non-dits, des silences.
J’entends souvent dire : «Passons à autre choses », « à quoi sert de
remuer le passé? », « il est temps d’oublier »… autant de mots, autant
de phrases que je ne peux entendre, que je ne supporte plus. Toute
nation qui se respecte est fière de ses grands hommes.

Aujourd’hui, 16 ans, 17 ans, 18 ans après, votre histoire n’est
toujours pas écrite, on veut vous enfermer dans l’indifférence et dans
l’oubli, vous qui avez été sacrifiés pour une Algérie meilleure dont
tu rêvais. Certains disent que nous nous complaisons dans ce statut
« d’éternelles victimes du terrorisme ». À ceux là, je raconterai
encore et encore l’œuvre de votre vie, afin que nul ne puisse se
perdre dans les méandres de la mémoire!

Je pense à mon frère, trop petit lors de ton assassinat et qui ne se
souvient de rien, ni de notre vie à Oran…ni même de toi ces temps
là…Je le revois, ce 26 septembre 1994, avec son regard hagard,
abasourdi, perdu. Que pouvait-il se passer dans sa petite tête
d’enfant? Alors, à ceux-là encore, je dirais:« Avez-vous le droit de
priver un enfant du souvenir de son père, ont-ils le droit de
l’amputer d’une partie de son identité, de son histoire au nom de
cette tradition du silence autour de la mort? »

Sais-tu qu’on a même osé me dire « n’était-il pas communiste? ».
Communiste! Combien de fois n’ai-je pas été taxée de « bent
echouyou’i » dans le quartier. Est-ce une raison valable pour
t’assassiner? Ont-ils lu tes écrits, t’ont-ils entendu parler?
Savent-ils combien tu aimais ton pays? Savent-ils que tu voulais le
meilleur pour la jeunesse algérienne?

Je te fais le serment que jamais je ne baisserai les bras. Encore et
certainement un caractère qui me vient de toi. Il y a certes des
moments difficiles, où j’ai l’impression de faire face à une coalition
qui veut me faire « oublier et avancer », mais je me relève à chaque
fois, et je continue ma lutte contre l’amnésie collective, contre
l’oubli, pour que plus jamais cela ne se reproduise, pour que jamais
on ne dise «je ne savais pas».

Tant que je fais partie de ce monde, je crierai ton nom, et celui de
tous ceux, comme toi assassinés par la bête immonde. Je ne cesserai de
dire et de raconter ce qui s’est passé, ce que tu as été, ce que tu as
fait, dit, écrit.

Pour que justice soit faite, pour que vos âmes torturées retrouvent la paix,

Ta fille Amel