OPINION SUR L’APPROCHE DIPLOMATIQUE ET STRATÉGIQUE DE L’AFFAIRE LIBYENNE PAR L’ ALGÉRIE

“L’ ALGÉRIE FACE À LA CRISE LIBYENNE”

par Abed Charef

le 27 octobre 2011

L’Algérie et l’Egypte auraient dû jouer un rôle de premier plan dans la recherche d’une solution à la crise libyenne. Mais les deux pays n’ont pas participé à la compétition: ils ont été éliminés dès les préliminaires.

La mort de Maammar Kadhafi marque la fin d’un cycle en Libye, et ouvre une longue période d’incertitudes pour toute la région. Dans un tel contexte, l’Algérie doit, à son corps défendant, gérer une partie des conséquences de cette crise, ce qui devrait pousser à revoir, de manière critique, l’attitude algérienne tout au long de la crise.

Même si elle pouvait être contestable, la position algérienne a été assez logique au départ. Mais des flottements ont rapidement pris le dessus au fur et à mesure que la situation sur le terrain évoluait. N’ayant pas su s’adapter, l’attitude algérienne est, par la suite, apparue totalement décalée, pour finir dans le vague.

Dans un premier temps, quand des manifestants ont défié le régime de Maammar Kadhafi à Benghazi, les dirigeants algériens sont restés de marbre. Pas seulement à cause de leur peu d’enthousiasme pour les idéaux démocratiques, ni en raison d’une sympathie particulière envers le dirigeant libyen, mais parce que les principaux centres de décision du pays font la lecture qu’ils maitrisent: lecture sécuritaire et raison d’état.

On est alors en pleine tourmente en Tunisie et en Egypte. Les dirigeants algériens et libyens font la même lecture des évènements. Ils ne voient pas dans cette contestation une soif de liberté, ni un appel au changement, mais une menace contre le régime et une tentative de déstabilisation. Kadhafi s’apprête donc à réprimer, et l’Algérie approuve discrètement. Après tout, tout État est responsable de l’ordre sur le territoire qu’il contrôle, et aucun état n’accepte la contestation de son pouvoir. Et puis, on fait ce qu’on sait faire le mieux. En l’occurrence, réprimer. Alger et Tripoli sont donc sur la même longueur d’ondes.

La position algérienne face à ce qui se passe en Libye est probablement arrêtée dans trois cercles: le président Abdelaziz Bouteflika, qui se considère encore comme ministre des affaires étrangères et qui connait le colonel Kadhafi depuis quarante ans; l’armée, qui a des soucis de sécurité aux frontières; et les services de sécurité, supposés être très présents en Libye, mais dont la réaction laisse supposer qu’ils n’ont pas vu venir la tempête.

Ces trois cercles convergent naturellement vers ce qui les unit: garantir le statu quo, éviter toute déstabilisation, éviter également toute menace sur les frontières du pays, et sauver éventuellement de vieilles amitiés. Car quoiqu’on dise, Kadhafi a été pendant longtemps un proche, sinon un ami de l’Algérie. Pendant la guerre de libération, Tripoli a abrité la base la plus célèbre des services spéciaux algériens, la célèbre base Didouche, ce qui laisse évidemment des traces.

D’autres éléments ont favorisé cette position. En février, on est en plein printemps arabe, et l’Algérie vient à peine de sortir d’une semaine d’émeutes qui a fait trembler le pouvoir. Tout ce qui vient de la rue est donc une menace, en Algérie comme en Libye. Et les pouvoirs en place sont naturellement solidaires les uns des autres.

De plus, les contestataires libyens sont des inconnus. Personne ne sait qui ils sont réellement, et les autorités algériennes, comme tous les régimes, ont peur de l’inconnu. D’autant plus que des manipulateurs professionnels les prennent rapidement en charge sur le plan médiatique.

Tout ceci explique la position algérienne, mais ne la justifie pas. Et il faudra bien se poser certaines questions un jour: comment, malgré un compagnonnage aussi long, l’Algérie n’a-t-elle pas décelé les fractures qui s’opéraient au sein du clan Kadhafi? Comment des dissidences d’hommes aussi importants que d’anciens ministres de la justice et de l’intérieur n’ont pas été décelées et exploitées suffisamment tôt?

PESER SUR L’ÉVOLUTION DE LA CRISE

Cette position adoptée au départ par les autorités algériennes a, par la suite, plombé la position de l’Algérie, qui a toujours eu une étape de retard. Il ne s’agissait même pas, pour l’Algérie, de soutenir la démocratisation de la Libye. Il s’agissait seulement de ne pas se mettre hors jeu, de garder des cartes, pour préserver les intérêts du pays, et garder une certaine influence pour peser sur le déroulement et l’issue de la crise. Et sur ce terrain, les erreurs sont manifestes.

Pour peser sur l’issue du conflit, il fallait deux préalables: faire une bonne évaluation de la situation, et établir des ponts avec les deux parties. Or, sans aller jusqu’aux dénonciations folkloriques concernant l’envoi de mercenaires algériens pour aider Kadhafi, il semble bien que l’Algérie a péché sur ce terrain. Elle a longtemps refusé de considérer le CNT comme un interlocuteur.

Plus tard, elle n’a pas su adapter sa position en fonction de ce qui se passait sur le terrain. Quand l’aviation de l’OTAN a commencé à bombarder la Libye, il était évident que l’issue de la crise ne pouvait plus être seulement interne. Quand l’aviation de l’OTAN a immobilisé les troupes de Kadhafi, il était devenu évident que celui-ci ne pouvait plus gagner. Quand l’Union Africaine a été dessaisie du dossier, il était évident que la solution avait changé de nature. Enfin, quand Barak Obama a déclaré que Kadhafi ne faisait plus partie de la solution, un nouveau pas avait été franchi, mais l’Algérie ne semble pas en avoir tenu compte. Et ce n’est que lors de la réunion de la Ligue arabe au Caire que l’Algérie a officiellement établi un premier contact avec le CNT, alors que celui-ci avait largement pris le contrôle du pays.

L’ancien ambassadeur Abdelaziz Rahabi a noté que ces erreurs sont dues, entre autres, à l’absence de fonctionnement institutionnel de la diplomatie algérienne et du pays de manière générale. Ce qui pose un problème primaire de la gestion des affaires du pays: non seulement les positions officielles privilégient les intérêts du régime sur ceux du pays, mais de plus, l’Algérie ne dispose pas des structures en mesure de s’adapter à une situation mouvante, comme le fut la crise libyenne. Les institutions algériennes ne fonctionnent même plus en temps normal. Comment peuvent-elles fonctionner correctement en temps de crise?

La centralisation excessive de la décision interdit aux acteurs algériens de prendre des initiatives et de s’adapter. La nature des relations au sein des cercles du pouvoir interdit à qui que ce soit de prendre la moindre initiative tant que le président Bouteflika lui-même n’a pas donné son aval. Or, celui-ci n’est pas en mesure d’impulser la vitesse et la dynamique qu’impose une situation comme la crise libyenne. C’est dire le handicap que constitue la présence d’un homme comme M. Bouteflika au sommet du pouvoir. Non seulement sa lecture des évènements, établie selon une grille datant du milieu du siècle passé, est en décalage total avec le réel, mais le fonctionnement des centres de décision s’en trouve paralysé, ce qui ne permet pas les adaptations nécessaires pour défendre au mieux les intérêts du pays.

Sans aller jusqu’à une reconnaissance du CNT dès les premiers moments, ni à un soutien résolu aux contestataires, rien n’interdisait à l’Algérie d’établir des ponts avec les rebelles libyens dès le mois de mars. Ceci offrait l’avantage de mieux préserver l’avenir, de connaitre le CNT et sa composante, et de garder un œil sur la destination des armes libyennes au moment où les arsenaux se vidaient.

Établir une relation avec le CNT pouvait aussi être utilisé comme moyen de pression sur Kadhafi, pour l’amener à tempérer son discours et à négocier. Peut-être était-ce même un moyen de l’aider à éviter les erreurs qui ont conduit à l’irréparable, la guerre civile. Car si le régime algérien est borgne, celui de Kadhafi était aveugle. Et il était toujours possible de l’aider à éviter le pire.

RATTRAPAGE

M’Hamed Yazid avait l’habitude de dire que quand on n’arrive pas à résoudre une crise, on peut toujours essayer de la canaliser. Dans le cas libyen, il était tout à fait possible de donner à la crise une tournure précise. Quitte à aider franchement les rebelles et à menacer Kadhafi. Car l’enjeu, pour l’Algérie, était énorme: c’est toute la carte de la région qui est en train d’être redessinée, et ce sont des milliers de kilomètres de frontières qui sont désormais exposées à toutes sortes de menaces. Toutes les frontières de l’Algérie dans la zone du Sahara sont désormais exposées. Le risque était tel qu’il justifiait une véritable prise de risques avant que d’autres n’imposent leurs solutions. L’ampleur de ces risques méritait même de hausser le ton envers les grandes puissances qui ont la prétention d’imposer leur hégémonie dans la région.

Mais aujourd’hui que le mal est fait, un rattrapage est-il possible? Oui, à condition de supprimer les deux handicaps majeurs qui entravent l’action de l’Algérie: revenir à une évaluation rationnelle de la situation, et mettre en place les institutions en mesure de réaliser les objectifs fixés, en utilisant les arguments et les moyens disponibles.

En termes d’évaluation, cela ne devrait pas se limiter à la Libye, mais inclure la Tunisie, l’Egypte et l’ensemble de la région du Sahel. C’est pratiquement la moitié de l’Afrique qui se trouve concernée, avec des enjeux énormes. Les bouleversements qui s’opèrent ne peuvent être gérés en colmatant les brèches, mais en devenant, ou en redevenant un acteur de cette recomposition. Et, contrairement à ce qu’on croit, les moyens existent, et ne sont pas seulement militaires. Il faut être présent, et organisé en conséquence.

Pourquoi n’avoir pas envoyé un million d’Algériens en Tunisie cet été, en doublant ou en triplant éventuellement l’allocation devises, pour aider l’économie tunisienne et offrir une possibilité de vacances aux Algériens, s’est demandé un ancien ministre? C’était là un formidable moyen d’aider la Tunisie qui souffre de la baisse de ses ressources touristiques, de contribuer à la stabilité de ce pays, et de prendre des gages sur l’avenir. Au lieu de cela, un ministre algérien a déclaré qu’il allait mobiliser les cités universitaires pour organiser les vacances des Algériens!

Il est possible d’aller de l’avant, aussi bien en Libye que dans d’autres pays. À condition d’innover, de sortir des archaïsmes dominants, d’avoir de l’ambition. À condition surtout que la nature du pouvoir en place ne constitue pas un frein, voire une prison, qui interdit toute action. Autrement, l’Algérie sera contrainte de subir indéfiniment les évènements, de polémiquer pour savoir s’il faut pleurer Kadhafi ou non, s’il faut maintenir l’asile offert à sa famille, pendant que la carte de la région se dessine ailleurs.

En d’autres circonstances, la crise libyenne aurait dû être gérée par l’Algérie et l’Egypte. Ces deux pays auraient dû imposer une solution, leur solution, celle qui préserve leurs intérêts, car ceux qui imposent la solution en tireront forcément les dividendes. Or, les deux pays ont été éliminés avant le déclenchement de la crise libyenne. Ils n’ont pas du tout participé à la compétition. L’Algérie a été réduite à publier une série de démentis, qui l’ont placé constamment sur la défensive. Une position indigne de son histoire, et dangereuse pour sa sécurité.

Mais l’Algérie peut-elle avoir de l’influence sur le changement dans la région si elle-même ne change pas?

[Source: Le Quotidien d’Oran

L’Actualité Autrement Vue

le 27 octobre 2011->http://www.lequotidien-oran.com/?news=5159774]


POSITIONNEMENTS ET RÔLE DES INTELLECTUELS ALGÉRIENS »

… L’Algérie fait très probablement l’objet de discussions dans les états-majors occidentaux. Le plus vaste pays d’Afrique, le plus grand rivage du Sud de la Méditerranée, l’un des principaux producteurs de gaz, ne peut laisser indifférent. Il y a donc fort à parier que des think tank phosphorent dans le secret des cabinets ministériels occidentaux… Quid de notre système de défense ? Je ne parle pas de notre appareil militaire qui est entouré, je l’espère, d’un secret bienvenu. Je parle de la capacité de notre société à résister à des sirènes étrangères qui pourraient lui vanter les bénéfices d’une sortie du système actuel pour entrer dans les «délices» d’une démocratie occidentale à l’ombre de laquelle elle pourrait «prospérer». Il n’est pas indifférent de noter que c’est somme toute l’une des sociétés les plus frustes du monde arabe qui s’est abandonnée à la mainmise étrangère. Les sociétés tunisienne et égyptienne sont plus sophistiquées, plus urbaines. Elles offrent bien moins de prise aux pièges. La société égyptienne, quoi qu’on en dise, a une tradition artistique, littéraire, importante. Elle a enfanté des intellectuels de renom, qui se sont largement exprimés et dont les noms sont respectés.

Taha Hussein, Naguib Mahfoud, sont de ceux-là. Tewfiq El Hakim, dans son livre, “Le journal d’un substitut de campagne”, a décrit à merveille la société dans laquelle il baignait. En même temps, tout en étant profondément immergés dans l’Egypte profonde, ils étaient ouverts sur le monde. En témoignent l’énorme succès du Prix Nobel Naguib Mahfoud, ou les adaptations théâtrales d’Œdipe Roi par Tewfiq El Hakim. Ces intellectuels ont participé aux combats politiques. Ils ont joué un rôle d’aiguillon et d’éclaireurs pour leurs compatriotes qui les écoutaient parce qu’ils leur ressemblaient.

Le rôle des intellectuels est en effet de fournir du sens à ce qui n’est parfois perçu que comme un gigantesque chaos. Ils contribuent donc de façon déterminante à armer les sociétés dans lesquelles ils évoluent contre d’éventuelles dérives. Ils le font d’autant mieux qu’ils procèdent de la matrice culturelle familière à leurs peuples… En Algérie, Alloula, Benhadouga étaient plutôt dans cette veine. Ils parlaient la langue du peuple et partageaient son imaginaire. Kateb Yacine, bien que francophone, était dans ce cas. D’autres encore répondent à cette définition. Ce n’est pas un hasard s’ils sont respectés en Algérie.

Certains ne trouveront pas place dans cette classification, parce qu’ils sont porteurs d’une rupture inconsciente. Ils ont exprimé, avec une force bienvenue, leur rage contre le terrorisme et l’intégrisme, au moment où des dizaines de milliers d’Algériens étaient massacrés dans des conditions atroces. Je songe aux Agneaux du Seigneur de Khadra ou au Serment des Barbares de Sansal. Ce dernier pose en particulier la question de l’identité qui lui semble être la racine du drame. C’est bien de poser la question. C’est périlleux de vouloir y répondre de façon simple. C’est le piège dans lequel tombe Sansal.

Dans un documentaire qui lui a été consacré par Arte (http://videos.arte.tv/fr/videos/boualem_sansal-4192426.html), il en vient à ce qui explique peut-être la faveur dont il jouit en Occident, notamment en France. La dénonciation pertinente de l’intégrisme produit en lui une sorte d’aveuglement. Il en vient à jeter par-dessus bord à peu près tout ce qui pourrait faire sens en Algérie. La culture, parce qu’adossée à une religiosité étouffante, est honnie. Son émotion est convoquée au moment où il voit des pieds-noirs embarquant sur les bateaux de l’exode. Cette émotion peut être justifiée. Mais pourquoi n’a-t-il pas de mots pour son peuple enfumé, emmuré, massacré ? Il y a plus grave. Parlant de son livre, “Le Village de l’Allemand”, il explique benoîtement le lien étroit entre les maquisards du Front de Libération Nationale, le Front Islamique du Salut et le Nazisme! Il parle même d’une étrange rencontre organisée par Hitler avec notamment des leaders algériens. L’objet de la rencontre en question aurait été de sceller une alliance avec l’ennemi commun franco-britannique, en échange de la promesse du Führer de permettre l’instauration de l’islamisme comme régime de gouvernement dans les futurs Etats indépendants! “Ce que le jour doit à la nuit”, de Yasmina Khadra, semble laisser planer l’ombre de la nostalgie de l’époque coloniale. Toutefois, c’est le privilège de l’écrivain que de nourrir la complexité des choses. Le tableau se simplifie singulièrement quand le même Yasmina Khadra confie l’adaptation cinématographique de son ouvrage à un nostalgique assumé de cette période, sioniste notoire de surcroît, Alexandre Arcady…

Il n’est pas question de chasse aux sorcières ici. Je ne crois pas aux intentions malveillantes. Mais on ne peut éluder ce constat évident d’une rupture entre les intellectuels les plus connus en France et la société algérienne. Ce n’est pas tout d’être reconnu à l’étranger. Ce n’est même rien si on ne l’est pas d’abord par les siens.

Écoutons Jacques Berque, intellectuel algérien authentique, réagir à la création en France du CISIA (Comité international de solidarité avec les intellectuels algériens): J’ai appris qu’un Comité international de solidarité avec les intellectuels algériens a été créé. La solidarité mondiale doit s’exercer pour protéger tout Algérien et tout intellectuel menacé dans le monde. C’est un devoir pour chacun de nous. J’ai moi-même exercé ce devoir de solidarité pour Abraham Serfati et deux ou trois autres en Tunisie. Mais laissez-moi vous dire ce que toute une vie d’expérience m’a appris: premièrement, les problèmes d’une société, seule cette société peut les résoudre; deuxièmement, une intelligentsia est évidemment en correspondance avec l’ensemble du monde, mais elle doit d’abord être en phase avec sa propre société.

La société algérienne ne peut pas être représentée, encore moins armée et défendue, par des intellectuels qui ne se sentent à l’aise que sur des plateaux de télévision où on leur manifeste d’autant plus de sympathie qu’ils expriment tout haut ce que leurs hôtes n’osent dire. Ils confortent ainsi la fausse opinion que leurs protecteurs se font de ladite société et alimentent les fantasmes qui ont présidé aux expéditions coloniales. Ils se font aussi, à leur corps défendant, les justificateurs des interventions occidentales en ne voyant dans le mal absolu que l’intégrisme et non le sort fait par la prétendue «communauté internationale» aux peuples du Sud ou l’idée que se font de la justice internationale les puissances qui aident Israël à détruire la Palestine…

Brahim Senouci

Le Quotidien d’Oran

le 27 octobre 2011

Pour lire l’article en entier: “LE GRAND ECART DES INTELLECTUELS ALGÉRIENS”, cliquer sur le lien…

LE PEUPLE TUNISIEN AFFIRME SA SOUVERAINETÉ

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En participant massivement et sereinement à l’élection de l’Assemblée constituante, le 23 octobre 2011, les électeurs tunisiens ont pris une part active à la détermination du futur politique de leur pays. Les premiers résultats confirmaient la victoire attendue du parti Ennahda, suivi de Ettakatol et du Congrès pour la république (CPR).

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Le 23 Octobre 2011 on vote en Tunisie

La campagne électorale a été marquée par une nette polarisation du débat politique autour de la question de l’islamisme. L’épisode du film Persepolis diffusé sur la chaîne de télévision Nessma a dramatisé durant quelques jours cette polarisation avant que la sérénité ne reprenne le dessus. Cette polarisation, largement entretenue par les médias étrangers qui suivent de près la vie politique tunisienne – Aljazeera et les télés arabes d’un côté, France 24 et les télés des pays du Nord de l’autre – a eu l’inconvénient de faire passer au second plan des questions pourtant vitales pour l’avenir du processus ouvert par la chute de Ben Ali: L’assainissement des appareils de répression laissés en place à la chute du dictateur (police, justice…), la persistance de pratiques autoritaires et antidémocratiques sur les médias, les choix économiques à réaliser en cette période de crise mondiale, la non-résolution de l’épineux problème du chômage, le maintien des inégalités sociales, de la pauvreté et de graves déséquilibres régionaux entre un littoral relativement riche et l’intérieur du pays beaucoup plus pauvre, le positionnement de la Tunisie sur l’échiquier politique international, en particulier sur la question de la Palestine…

Coïncidence, le jour même où le peuple tunisien votait pour élire une Assemblée constituante, le président du CNT libyen, Mustapha Abdeljallil, proclamait l’instauration de la charia et la réintroduction de la polygamie. La victoire des Frères musulmans étant attendue en Egypte lors du prochain scrutin de novembre, il n’en fallait pas plus pour que resurgisse le spectre d’un Sud de la Méditerranée entièrement islamiste. «Le printemps arabe, se mue en automne islamiste» en concluaient certains animateurs de télévisions européennes toujours aussi rigoureux et profonds dans leurs analyses …

De quoi parle-t-on ?

Ennahda, islamisme, islamistes, salafisme… ont dominé la campagne et occupent une place centrale dans les commentaires et analyses médiatiques. L’exemple algérien de 1991 est même convoqué pour conforter les positions des uns et des autres.

Tout le monde parle effectivement d’islamisme et d’islamistes. Or, pour avancer et tenter de comprendre la situation, il y a nécessité de débattre, d’échanger. La question étant particulièrement délicate et complexe, il vaut mieux, si l’on veut réellement se comprendre, commencer par clarifier, un tant soit peu, les notions d’islamisme et d’islamistes afin d’éviter d’utiliser un terme identique pour désigner des choses différentes voire contraires. Les accords et désaccords éventuels n’en seront que plus clairs.

Pour certains, un régime est islamiste dès qu’il décrète que l’islam est religion d’État. Si l’on retenait ce critère, on en conclurait que, le Liban mis à part, pratiquement tous les régimes arabes sont islamistes, y compris ceux présentés comme «régimes remparts» : Ceux de Ben Ali, Moubarak, El Assad… Nous-mêmes en Algérie vivrions-nous, sans le savoir, sous un régime islamiste.

Pour d’autres, un régime est islamiste dès qu’il décrète la charia comme loi fondamentale ou source principale des lois. La Libye de Abdeljallil et l’Egypte de Moubarak seraient ainsi considérés comme des régimes islamistes.
Certains qualifient tout parti faisant référence à la religion d’islamiste. Le RND et l’ANR feraient alors partie, pour prendre un exemple connu, de la mouvance islamiste.

Pour d’autres, la présence au gouvernement d’un parti islamiste, seul ou en coalition avec des partis non islamistes, donnerait automatiquement un caractère islamiste au régime. Le régime algérien, encore une fois, serait islamiste du fait de la présence du MSP dans la coalition gouvernementale. Et le régime turc serait également islamiste, même si le gouvernement de l’AKP est constitutionnellement le défenseur de la laïcité… Et comment qualifier le gouvernement de MM. Benbitour et Benflis qui comprenaient à la fois des ministres islamistes du MSP et des ministres laïcs du RCD?

On voit relativement bien à quelles impasses mènent de telles démarches. Mais comment, dans ces conditions, caractériser l’islamisme? On peut – sans prétention aucune à clore le débat sur la question – définir l’islamisme comme un mouvement ayant pour objectif politique explicite l’instauration d’un régime théocratique. On entend par-là un régime où le politique et le religieux sont organiquement liés et où le premier aspect (le politique) est subordonné au second (le religieux) et légitimé par lui.

Ce régime théocratique peut prendre plusieurs formes. Celle d’un monarque proclamé Dieu comme dans la monarchie népalaise avant qu’elle ne soit renversée. Celle d’un régime du clergé comme dans l’Etat du Vatican pour les chrétiens ou dans la République islamique d’Iran pour les musulmans chiites. Une variante, plus modeste, de ce second cas est celle d’une famille royale se proclamant gardienne des lieux saints de l’islam (Arabie saoudite). Une troisième forme est celle d’un régime où le clergé est remplacé par un parti ou un mouvement politique dont les principaux chefs sont des hommes de religion. C’était le cas du régime des Talibans d’Afghanistan. Il peut exister d’autres formes de régime théocratique. L’une d’entre elles peut prendre la forme d’un régime militaro-islamiste où soldats et religieux se partagent le pouvoir. Le Soudan du tandem El Bachir-Tourabi incarnait ce type de régime.

Par-delà leurs différences, tous ces régimes ont ceci de commun qu’ils sont l’expression, non d’un contrat politique librement passé par des citoyens égaux en droits, mais d’une communauté de croyants extrêmement hiérarchisée, fonctionnant de haut en bas, et, où la place assignée à chacun est fonction de son degré d’adhésion explicite, ostensible pour ne pas dire ostentatoire, au pouvoir religieux en place. Les femmes occupent pratiquement toujours une situation seconde, derrière les hommes. Les minorités religieuses, les agnostiques et les athées peuvent éventuellement être tolérés, mais ils sont pratiquement toujours marginalisés. C’est pourquoi les régimes théocratiques sont, par essence, non démocratiques. Et lorsque sous le poids de leurs propres contradictions – renvoyant elles-mêmes aux contradictions de la société – ils tentent de conjuguer pouvoir théocratique des clercs et pouvoir démocratique du peuple, ces régimes entrent en crise, comme on a pu le voir en Iran où deux légitimités s’affrontent : celle du guide de la révolution désigné par les chefs religieux et celle du président ou des députés du parlement, désignés par leurs partis et élus directement par le peuple.

Ennahda est-il islamiste ?

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Rached Ghannouchi : Chef du mouvement Ennahdha

Si l’on s’en tient à une définition un tant soit peu objective de l’islamisme sans tomber dans le procès d’intention permanent, sans chercher systématiquement à détecter le double discours de ses dirigeants et sans nier les différences politiques réelles entre acteurs d’une même famille politique et idéologique, il faut bien avouer qu’on ne peut, en toute rigueur, tirer un trait d’égalité et placer sur le même plan, les Talibans d’Afghanistan, l’AKP de Turquie, le FIS algérien, le Hezbollah libanais, le mouvement AQMI, Ennahda de Tunisie, le Hamas palestinien…

L’AKP, parti conservateur de centre droit qui se réfère aux valeurs islamiques, s’est toujours prononcé, depuis sa création en 2001, pour la séparation du religieux et du politique. Il se réclame de la laïcité. Le Hezbollah a, quant à lui, renoncé au projet d’instauration d’un Etat islamique au Liban. Constatant l’impossibilité d’un tel régime au pays du Cèdre, il se prononce depuis le début des années 1990, sous l’influence de l’imam Muhammad Hussein Fadlallah, pour un «État humaniste» (Dawlat al-Insan).

Les échecs répétés du mouvement islamiste traditionnel dans le monde poussent, ces dernières années, un certain nombre d’entre eux à prendre exemple sur l’AKP qui connaît un extraordinaire succès au pays d’Atatürk. Un processus complexe et forcément conflictuel, inégal d’un pays à l’autre et d’une formation à l’autre, est à l’œuvre dans ce courant. Une décantation s’opère entre une tendance majoritaire conservatrice, mais qui accepte le cadre d’un régime démocratique sécularisé à défaut d’être franchement laïc, et une tendance minoritaire qualifiée, à tort ou à raison, de salafiste et qui continue à opposer comme antagoniques régime islamique et régime démocratique.

Une telle évolution est à la fois interne et externe à ses mouvements. Elle est l’enjeu d’une intense lutte politique et idéologique interne à chaque parti, lutte qui se traduit par des crises, des scissions et des recompositions. Elle est en même temps le produit de la résistance de forces contraires, extérieures à la mouvance islamiste: Armée antidémocratique mais laïque turque, communautés sunnites, chrétiennes et druzes libanaises et partie de la communauté chiite libanaise opposée au projet théocratique du Hezbollah à sa fondation, régime dictatorial mais séculaire tunisien… C’est cette dialectique – luttes internes/pressions externes – qui pousse progressivement, dans les conditions politiques actuelles, une partie du mouvement islamiste international à cesser d’être islamiste – c’est-à-dire à renoncer à instaurer un État théocratique – pour devenir conservatrice sur le plan idéologique, politique, des mœurs et de l’économie mais dans le cadre d’un régime démocratique sécularisé. Une telle dialectique n’est pas mécaniste et pourrait tout à fait fonctionner en sens inverse, dans le sens de la réaffirmation théocratique. Mais une telle hypothèse ne serait valide que dans une conjoncture politique marquée par la montée d’un islamisme triomphant, comme celle que nous avons vécue au cours des années 1980-1990. Nous ne sommes plus, pour l’instant, dans cette phase.

Pour en revenir à Ennahda, tout indique que ce mouvement, islamiste à ses origines, est entré, suite à la répression du régime Ben Ali, à l’évolution de la société tunisienne et au nouveau contexte politique international, dans une dynamique de renonciation au projet d’instauration d’un régime théocratique. Il est tout à fait plausible que certains dirigeants de ce parti et qu’une partie de ce mouvement n’ait pas abandonné, au fond d’eux-mêmes, le projet théocratique. Mais le discours et la pratique officiels dominants du mouvement vont indéniablement aujourd’hui dans le sens du respect du régime démocratique et de la citoyenneté. Une lutte a certainement commencé au sein de ce mouvement entre une aile théocratique et une autre conservatrice. De la vigilance et de la fermeté du peuple et des forces politiques tunisiennes non-islamistes, à défendre avec force et tranquillité le régime démocratique, dépendra également l’issue de cette lutte interne à Ennahda.

La direction du parti Ennahda a fait une partie du chemin. Cela est positif. Il est à signaler que des forces politiques tunisiennes, démocratiques et progressistes, l’ont accompagné dans cette évolution. Il revient aux partis non islamistes de poursuivre dans cette voie sans concession vis-à-vis du programme et des références d’Ennahda, mais sans le diaboliser inutilement et improductivement.

Les enjeux politiques actuels

La question de l’évolution politique d’Ennahda ne se réduit cependant pas à un débat purement idéologique entre islamisme et laïcité. La nature et l’évolution d’un courant politique sont déterminées avant tout par le rôle politique réel et concret qu’il joue dans une conjoncture historique précise.

Si l’on observe le contexte politique tunisien, on s’aperçoit qu’il est marqué par un certain nombre d’éléments. En dépit de l’élection d’une Assemblée constituante, la Tunisie n’a pas achevé sa révolution démocratique. Le dictateur est tombé, mais le régime Ben Ali n’a pas été totalement remis en cause. La police et la justice n’ont pas été épurées des éléments les plus compromis dans la répression des opposants et dans le maintien d’un régime de terreur policière à l’égard de la population. La répression frappe encore des opposants. La liberté de la presse n’est pas encore totale. La même politique économique et sociale ultralibérale se poursuit, ce qui entraine une aggravation de la situation sociale des couches les plus défavorisées et le maintien de la mainmise des puissances du Nord (France, Italie…) sur l’économie du pays. Sur le plan international, la politique pro-impérialiste de l’ancien régime n’a pas été dénoncée ni remise en cause.

Dans ces conditions et tenant compte de l’évolution du vainqueur de l’élection à la Constituante, il semble que l’enjeu politique principal ne réside pas aujourd’hui dans l’instauration d’un régime théocratique mais dans l’approfondissement et l’achèvement du processus démocratique et social ouvert par le mouvement du 17 décembre 2010 qui a abouti à la chute du dictateur.

Le nouveau gouvernement, quel qu’il soit, sera jugé sur sa capacité à relever tous ces défis, à préserver et à étendre les libertés démocratiques, à en finir avec les restes du régime dictatorial, à rompre avec la politique de soumission aux intérêts financiers et économiques des grandes puissances du Nord (UE, Etats-Unis…), à résorber la fracture géographique entre le «riche littoral» et le «pauvre intérieur», à réduire les inégalités sociales et à définir et mener une politique étrangère non-alignée sur les grandes puissances.

Les forces politiques seront, quant à elles, jugées sur leur capacité à apporter des réponses à ces problèmes et à aider le peuple tunisien à se prendre en charge, à définir ses revendications, ses objectifs et à s’organiser pour les porter lui-même.

La Tunisie entre de toute évidence dans une nouvelle phase politique, une phase pleine d’incertitude, dangereuse – comment ne le serait-elle pas au vu de son histoire et de la conjoncture internationale – mais ô combien exaltante pour le peuple tunisien et pour tous ceux qui, au-delà, suivent de près et avec intérêt, admiration et espoir, le processus ouvert par le sacrifice de Mohamed Bouazizi.

Hocine Belalloufi

Mardi 25 Octobre 2011

MARSEILLE – « CINÉMA LES VARIÉTÉS » : « ICI ON NOIE LES ALGÉRIENS , 17 OCTOBRE 1961 » – FILM DE YASMINA ADI.

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Espace Franco – Algérien PACA

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ICI ON NOIE LES ALGÉRIENS

17 Octobre 1961

Film documentaire

de YASMINA ADI

France-1h30

en collaboration

avec Aflam-diffusion

des cinémas arabes

Projection tous les jours

à 15H30

Cinéma Les Variétés

(angle canebière) Marseille

Le film : À l’appel du Front de Libération Nationale (F.L.N.), des milliers d’Algériens venus de Paris et de toute la région parisienne, défilent, le 17 octobre 1961, contre le couvre-feu qui leur est imposé.

Cette manifestation pacifique sera très sévèrement réprimée par les forces de l’ordre.

50 ans après, la cinéaste met en lumière une vérité encore taboue.

Mêlant témoignages et archives inédites, histoire et mémoire, passé et présent, le film retrace les différentes étapes de ces événements, et révèle la stratégie et les méthodes mise en place au plus haut niveau de l’Etat :

manipulation de l’opinion publique,

récusation systématique de toutes les accusations,

verrouillage de l’information afin d’empêcher les enquêtes..


Pour l’Espace Franco-Algérien PACA Méditerranée.

Mlle Ghania OUDALI

Téléphone 06.17.42.34.96

E.Mail ghania.oudali@live.fr

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A FONDS PERDUS – LE CULOT QATARI

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Ce qui se passe dans le monde arabe nous fait perdre nombre de nos repères anciens.

On applaudit des «rebelles», adoubés des plus beaux sobriquets, dont celui de «démocrates», alors qu’ils font subir à leurs anciens bourreaux et tortionnaires des traitements parfois pires – en tout cas plus expéditifs — que ceux qu’ils ont endurés pendant des décennies (pendaison de Saddam et exécution sommaire et inhumaine de Kadhafi).

On soutient des mouvements portés à bout de bras par l’Otan et les armadas militaires occidentales qui ne cachent pas des convoitises coloniales semblables à celles du début du siècle écoulé.

On rallie la cause des monarchies les plus rétrogrades qui sont au «garde-à-vous» devant leurs maîtres; ils leur sont reconnaissants d’avoir ravi à leurs sujets et aux autres coreligionnaires le monopole de la question religieuse pour en faire un usage approprié à leurs intérêts.

Quel est justement le secret du rapport de domination-soumission qui lie les monarchies arabo-musulmanes à leurs commanditaires du complexe militaro-industriel états-uniens?

Un analyste américain crédible nous livre, avec son regard propre, le secret de ce qui pousse un «petit poucet», un Etat «fast-food», miraculeusement tiré des sables du désert d’Arabie dans le seul prolongement d’un baril de pétrole, sans profondeur historique aucune, à se joindre résolument à une intervention étrangère dans un autre pays arabe et à devenir un fervent partisan et soutien de la «rébellion»(*). David B. Roberts, directeur au Royal United Services Institute du Qatar, rappelle dans son étude que ce minuscule émirat arabe de seulement 1,6 million de personnes, des étrangers pour la plupart, riche en pétrole et gaz, a été le premier pays arabe à reconnaître le Conseil national de transition, après avoir assuré l’écoulement du pétrole libyen pour le compte des rebelles afin de contourner les sanctions et participé à l’effort de guerre occidental en fournissant du gaz, du diesel et des millions de dollars d’aide. En mars dernier, il a surpris le monde entier en envoyant six avions de combat Mirage (probablement toute sa force de chasse opérationnelle) se joindre à des opérations aériennes de l’Otan. David B. Roberts va au-delà du soutien symbolique ou moral d’un pays arabe à l’action de l’Otan médiatiquement esquissé: «Le Premier ministre qatari, Cheikh Hamad ben Jassim al-Thani, a avoué l’envoi d’armes “défensives” aux rebelles, mais l’arsenal parvenu à Tripoli suggère que le soutien est allé encore plus loin. Les forces spéciales du Qatar auraient assuré une formation d’infanterie de base pour les combattants rebelles libyens dans les montagnes de Nafusa, à l’ouest de Tripoli, et à l’est. L’armée qatarie a même transporté des combattants libyens de retour de Doha pour des opérations spéciales. Et dans l’assaut final contre Kadhafi, à Bab al-Aziziya, le 24 août, les forces spéciales du Qatar ont été vues sur les lignes du front.»

Le renseignement qatari n’est pas en marge. Ali al-Salabi, un des imams les plus en pointe de Libye, exilé au Qatar depuis de nombreuses années, n’est autre que le frère Ismaïl al-Salabi, le chef de la katiba du 17 Février, faction rebelle islamiste, réputée pour avoir reçu un important soutien financier du Qatar.

Al-Jazeera, la chaîne satellitaire basée à Doha, a pour sa part lourdement assisté les rebelles libyens sur le plan médiatique.

L’activisme diplomatique qatari est récent. Il date du milieu des années 1990. Mettant à profit ses ressources colossales et sa position géostratégique, l’émirat intervient dans la solution des différends au Moyen-Orient et au-delà.

Au fil des ans, il s’est impliqué, avec un succès mitigé, dans divers conflits internationaux: en 2008, sa médiation dans le conflit libanais sombre dans l’impasse, après dix-huit mois de tractations.

Plus récemment, les accords provisoires conclus, sous sa houlette, entre le gouvernement yéménite et les rebelles Houthi ne semblent pas pouvoir faire long feu.

L’auteur de l’étude rappelle le caractère démesuré des ambitions de l’émirat, comme celle de se mettre à la pointe de l’opinion démocratique arabe contre «un dictateur largement détesté» ou de faire de la figuration dans l’opération Desert Storm, avant de s’appesantir sur la «rupture spectaculaire de la politique étrangère traditionnelle» du Qatar depuis «le tournant libyen, dans une région traditionnellement dominée par les Etats mastodontes».

Le scénario libyen peut-il se reproduire en Syrie? «Si l’élite qatarie avait la capacité et la possibilité de le faire, elle aurait probablement choisi d’intervenir pour arrêter la répression brutale du président syrien Bachar Al-Assad contre les dissidents. Par ailleurs, comme tout Etat sunnite méfiant à l’endroit de l’expansion du pouvoir chiite dans la région, le Qatar aurait exploité l’occasion de détourner la Syrie de son orientation actuelle en faveur de l’Iran.»

Ce n’est donc pas l’ambition et la prétention qui font défaut mais la capacité d’agir seul. Qu’est ce qui autorise un tel culot?

Le Qatar dispose de certains «atouts structurels», exogènes pour l’essentiel: la sécurité du pays est garantie par les Etats-Unis via l’énorme base Al Udeid de l’US Air Force, qui dispose de la plus longue piste du Moyen- Orient, et les installations militaires de Sayliyah, le pré-positionnement le plus important de l’armée américaine en dehors du plateau continental Etats-Unis.

Au plan intérieur, l’émirat ne fait pas le poids: en dépit de leurs ressources, les 250 000 sujets de Sa Majesté sont loin d’être des guerriers et se complaisent dans un conservatisme fait de structures familiales et tribales fortement hiérarchisées, et d’une remarquable «déférence institutionnelle» qui place l’émir du Qatar, Hamad ben Khalifah Al Thani, bien que non élu, dans un grand respect de la part de la plupart des Qataris depuis qu’il a pris la succession de son père par un coup d’Etat en 1995.

Si l’on croit le chef d’état-major des forces aériennes du Qatar, le monde arabe est resté sans leadership les trois dernières années. Son pays aspire naturellement à devenir le principal médiateur entre le monde musulman et l’Occident, «un interlocuteur hautement spécialisé entre les deux mondes».

La carte maîtresse du Qatar reste l’Islam politique: il soutient que les islamistes sont «une partie indélébile» du paysage politique et un potentiel explosif. N’y cherchez cependant pas un quelconque amour divin. Tout est question d’intérêts sonnants et trébuchants car le Qatar a appris à compter: «Certes, les raisons pour lesquelles le Qatar s’est engagé avec autant de véhémence sont nombreuses. Avant tout, il va bénéficier économiquement de l’ère post-Kadhafi pour avoir apporté un soutien si franc et si prompt aux rebelles. Le Qatar disposera probablement d’une part non négligeable dans le pétrole de la Libye, l’industrie du gaz et les secteurs connexes comme le transport et la sécurité des installations».

Des Indignés de Rome (contre l’austérité et la finance) avaient écrit sur leur banderole samedi 15 octobre courant: «On ne veut pas du futur. Rendez-nous notre passé.» Ils ne pouvaient pas si bien dire.

Ammar Belhimer

ambelhimer@hotmail.com

(*) David Roberts, Behind Qatar’s Intervention In Libya : Why Was Doha Such A Strong Supporter of The Rebels ?, Foerign Affairs, September 28, 2011.


HOMMAGE AU COMMUNISTE ET ANCIEN CONDAMNÉ À MORT GEORGES ACCAMPORA À LA CLINIQUE DE BAB EL OUED-BAÏNEM QUI PORTE SON NOM (*)

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INVITATION et introduction À LA CÉRÉMONIE D’HOMMAGE À GEORGES ACCAMPORA;


LETTRE À JULIETTE, texte de FATEH AGRANE le 28 10 2011;


“HOMMAGE – TÉMOIGNAGE” de SADEK HADJERES, octobre 2011;


“LA GRÈVE DE 40 JOURS” témoignage de PIERRE COTS, octobre 2011;


VIDEO: “Reda Doumaz et le groupe « caméléon » rendant hommage à Georges Acampora” le 29 octobre 2011

:


TÉLÉVISION ALGÉRIENNE – JOURNAL – 2 NOVEMBRE 2011


VIDÉO – MONTAGE PHOTOSALGER – HAMMAMET – Samedi 29 Octobre 2011 HOMMAGE À GEORGES ACCAMPORA


Articles dans la presse;


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HOMMAGE A GEORGES ACAMPORA

Chères sœurs, chers frères, chers amis et chers camarades.

Nous avons le plaisir et la joie de nous retrouver ensemble, dans ce bel établissement, pour rendre hommage à un des nôtres, à un des fils de l’Algérie combattante, Georges Acampora.

À travers Georges Acampora, nous rendons hommage, à toutes les filles et fils de l’Algérie qui à travers les millénaires, les siècles et les années, à travers l’Histoire ont résisté, combattu, libéré et construit notre pays.

Je vous demande d’observer une minute de silence, à la mémoire de nos martyrs, de tous nos martyrs à travers l’Histoire…

Je vous remercie.

La cérémonie d’aujourd’hui se déroule à la veille de la célébration de l’anniversaire du 1er Novembre 1954, alors que nous venons de célébrer le 75e anniversaire de la création du Parti Communiste Algérien.

Jetons un regard sur notre programme de cet après-midi

1) Nous donnerons d’abord la parole à M. Sid Ahmed Kessar, qui nous expliquera, en l’absence du Docteur Djamel Sakheri, comment et pourquoi les promoteurs de cette clinique ont voulu honorer Georges Acampora, en donnant son nom au centre de dépistage du cancer. En réalité, c’est un hommage des enfants de Bab El Oued à un enfant de Bab El Oued!

2) Fatah Agrane donnera ensuite lecture du message de Sadek Hadjeres adressé aux participants à l’hommage à Georgeot

3) La parole sera donnée à M. Mustapha Boudina, président de l’Association des anciens condamnés à mort.

4) Khaled Gallinari donnera ensuite lecture d’un passage d’un livre en cours de finition de Pierre Cots, autre militant , autre enfant de Bab El Oued et ancien détenu à Serkadji et à El Harrach. Il nous révèlera, un Georges Acampora, syndicaliste.

5) Les amis de la Protection civile, famille professionnelle du lieutnant-colonel Acampora, auront ensuite la parole.

6) Nous ferons une Halte musicale, avec Réda Doumaz que nos amis connaissent bien, puis avec H’ssan Agrane, du Groupe musical « caméleon », qui sont venu bénévolement participer à cet hommage

7) L’après-midi se terminera avec l’ouverture d’un débat et les interventions des anciens détenus, condamnés à mort et moudjahidine, de toutes celles et ceux qui veulent prendre la parole. Dans l’invitation qui nous a été adressée à tous, on nous priait non seulement d’assister à l’hommage, mais de participer à cet hommage. Alors faisons-le!

Qui est Georges Acompora ?

Abdelmoumène Noureddine donne quelques jalons de la vie de Georges Antoine Acampora.

Avant de donner la parole aux différents intervenants, essayons de rassembler quelques éléments biographiques. Il nous a été particulièrement difficile de rassembler des éléments du chemin et du combat du fils de Bab El Oued. Il ne fallait pas trop compter sur notre ami, qui comme vous le savez est d’une discrétion et d’une modestie proverbiales. Heureusement qu’il y eut l’aide de Juliette. Nous noterons qu’il y a eu très peu d’écrits, de textes, de coupures de journaux, de photos, de témoignages. La dureté de la guerre de libération, la répression ont tout emporté. Mais enfin essayons !

Georgeot est né à la mi-février 1926 , rue d’Orléans au vieux quartier de la Marine, à Bab El Oued. C’est là qu’il ira à l’école primaire. Sa maison natale, comme son école primaire seront rasées dans ce quartier vétuste. Toute la famille ira habiter à quelques centaines de mètres de là, mais toujours à Bab El Oued.
Les parents sont d’origine italienne. Georgeot sera le dernier des six frères et sœurs.
Le père Augustin Acampora vient d’Italie, il est marin pêcheur chez un patron à la Pérouse , aujourd’hui Tamenfoust.

Antoine, c’est le second prénom de Georgeot, quitte l’école à 14 ans, malgré qu’il était bon élève, sa mère ne voulait pas, mais il fallait bien tous travailler pour survivre.

Il travaille comme ouvrier pêcheur et se souvient comment il transportait à la force des bras et sur ses épaules les cageots de poissons à partir d’Hussein Dey pour les vendre au marché de Belcourt.

Sa mère Clémentine Castagna, travaillait chez elle, à domicile, comme cordonnière.

Georges Antoine commencera ensuite à travailler chez Spinoza, comme apprenti tourneur, puis chez Fotiadis près de l’Agha, toujours en tant que tourneur. Il passera ensuite à l’usine Job de tabac à Bab El Oued, dans l’entretien du matériel. C’est chez Job, que cet ouvrier deviendra syndicaliste à la CGT et c’est là qu’il dirigera une grève de 40 jours de l’ensemble des quatre usines de tabacs de Bab El Oued.

En 1950, en début d’année, Acampora adhère au Parti Communiste Algérien (PCA). Comment y est-il venu ?

Il nous l’a confié en juillet autour d’un café: «hé bien comme j’étais sur le quartier, je connaissais des camarades qui y activaient pour le PCA; j’ai commencé à participer à des actions sociales avec les camarades, sans être membre du parti. Ensuite on assiste aux premières grèves, et là, tu commences à voir, à comprendre, à rentrer dans l’action. Je n’avais ni mon père, ni ma mère, ni mon frère dans ces idées-là. Les choses de la famille ce n’était pas ça… Je connaissais des camarades dans le quartier, alors j’y suis allé tout seul, à la section de Bab El Oued… C’est dans l’action avec les camarades que j’ai décidé d’entrer au PCA»

Acampora effectue son service militaire à Cherchell, ça l’aidera quand il a fallu qu’il prendre les armes pour libérer son pays. Quelques mois après novembre 54, au printemps 55, le PCA crée ses propres maquis et ses propres Combattants De la Liberation les CDL , tout en poursuivant ses démarches pour prendre contact avec la direction du FLN et sceller les accords FLN-PCA pour l’intégration des CDL au sein de l’ALN . Au sein des groupes de choc, Acompora participera à l’attaque du commissariat de la Redoute. Comme ouvrier tourneur expérimenté, il réparera les mitraillettes, rectifiera les culasses au sein des ateliers des pompiers. «Je rentrais une arme à la fois» dit-il.

Sur dénonciation Georgeot est arrêté à la caserne, torturé, emprisonné à Serkaji, puis fut condamné à mort.

Ce n’est que début 1959, qu’il passera de Serkaji à El Harrach. Il venait de bénéficier d’une grâce et sa peine fut commuée en travaux forcés à perpétuité, avec 181 patriotes condamnés à mort. De ce passage à El Harrach il conservera une belle, de ses rares photos, avec un groupe de jeunes prisonniers. Il montre le jeune qui est au centre, «c’est notre muezzin» dit-il et c’est moi qui le réveillait chaque matin pour qu’il lance l’appel à la prière. C’est vrai qu’un condamné à mort apprend à ne pas s’endormir avant l’aube.

Mon idéal demeure

Le 11 mars 1991, après le séisme qui a secoué les partis communistes et les pays socialistes, le journal l’Humanité, organe central du Parti Communiste Français, publiait un entretien avec Georges Acampora.
«le mouvement de libération national, déclare-il, a canalisé tous les patriotes sur l’objectif de l’indépendance de L’Algérie. Les communistes algériens ont participé à ce large mouvement de libération nationale. A cette époque la perspective socialiste donnait à notre combat un objectif à long terme. Nous avons partagé cet espoir avec des nationalistes issus du MTLD (Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques).

Personnellement j’ai participé après l’indépendance aux brigades de travail volontaire pour la réforme agraire. Nous avons aidé les paysans à occuper les grandes propriétés laissées vacantes par le départ des colons. Nous avons participé bénévolement au reboisement des régions entières napalmées. Je me souviens du rassemblement de L’Arbaatach. Plus d’un million de personnes étaient là. La venue de Che Guevara à Alger avait enthousiasmé notre jeunesse. Aujourd’hui ces arbres atteignent une hauteur respectable. Le socialisme n’est peut-être plus à l’ordre du jour, mais je reste profondément attaché à mon idéal. Je continue à militer au Parti de l’Avant- Garde Socialiste (PAGS). J’espère que la façon dont s’est déroulé la Guerre du Golfe va faire tirer aux peuples de la région les enseignements nécessaires pour qu’une telle tragédie ne puisse se renouveler»

Si vous interrogez aujourd’hui Georgeot sur les mêmes sujets, il vous renouvèlera ses convictions politiques et idéologiques et vous redira: «mon idéal demeure!»

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À l’occasion de l’hommage qui a été rendu par la moubadara du 24 février aujourd’hui au camarade Georges Acampora , une lettre a été lue, adressée à la camarade Juliette sa femme!

LETTRE À JULIETTE

Bonjour camarade !

Aujourd’hui je voudrais te dire des tas de choses!

Comme, comment m’apprendre à tresser le courage, tailler l’espoir pour en faire emblème! comment allaiter le condamné a mort avant la guillotine!

Te dire de m’apprendre à résister et lutter pour deux, pour mille, pour l’idéal!

Je me contenterais juste de te demander de me raconter l’histoire du (pull)

Le pull destiné A Fernand, il avait froid le camarade en ce début du mois de février 1957 dans le quartier des condamnés a mort de la prison de Barberousse a ALGER! Sa femme est venue te voir pour lui transmettre à travers son compagnon Georgio, un pull qui puisse le tenir au chaud car c’était ton jour de parloir!

Et tu te présentas fierté! à la porte de la prison voulant faire la chaine pour voir ton amour GEORGIO, les femmes présentes sur les lieux t’avaient alors demandé de ne pas rentrer ce jour là! Étonnée et angoissée tu avais foncé vers la porte et là on t’informa que FERNANT IVETON à été guillotiné a l’aube, avec ses compagnons Mohamed OUENNOURI et MOHAMED LAKHNECHE.

La terre avait tremblé sous tes pieds, et tu avais éclaté en sanglots, les femmes t’avaient dis alors! surtout pas devant eux! Ne pleures pas devant «l’isstiaamar» le colonialisme.

Ils les ont guillotinés à l’aube!… le poète Nazim Hikmet disait dans une lettre de prison à sa bien aimée pour la rassurer «on ne va quand même pas arracher la tête d’un homme comme on arrache un navet!»

Et pourtant ma chère JULIETTE! Comme l’avait dis le jour même de l’exécution ANNIE FIORIO STEINER détenue au même moment et a la même prison dans le quartier réservé aux femme!

Ce matin ils ont osé

C’était un matin clair

Aussi doux que les autres

Ou vous aviez envie

De vivre et de chanter.

Vivre était votre droit

Vous l’avez refusé

Pour que par votre sang

D’autres soient libérés.

Que vive votre idéal

Et vos sangs entremêlés

Pour que demain ils n’osent plus

Ils n’osent plus

Nous assassiner.

En sanglots tu te présentas au parloir devant GEORGIO qui te répéta la même chose «ne pleures pas, veux tu faire plaisir aux gardiens? Ressaisis toi, oui, à l’aube ils ont exécuté Fernand Iveton et les deux frères! Surtout ne pleures pas!

Le couffin a été remis et le pull d’IVETON c’est GEORGIO qui l’a mis jusqu’à la fin , jusqu’à ce qu’il tombe en lambeaux !

La légende dit que ce pull a été porté par tous les condamnés à mort exécutés et ceux restés en vie!

Par nos chouhada tombés au champ d’honneur pour que vive l’ALGERIE libre et indépendante!

Ce pull a voyagé dans le ciel bleu d’ALGERIE! Pour raconter le rêve des martyrs pour la justice, la solidarité et la liberté!

Ce pull qu’a porté GEORGIO et toi ma chère JULIETTE nous le porterons toujours sur notre dos et dans nos cœurs! La légende dit qu’il avait trois couleurs, vert, blanc et rouge frappé d’un croissant et d’une étoile!

JULIETTE je t’embrasse !

aujourd’hui je voudrais te dire des choses! que je ne pourrais jamais parler de GEORGIO, OUENNOURI, IVETON, LAKHNECHE, sans penser à toi! et à tes semblables, résistants anonymes de notre peuple!

Que je ne pourrais jamais penser au combat sans me rappeler ton doux sourire et ta voie cristalline!

Que je ne pourrais jamais parler liberté sans condamner le colonialisme!
Tu sais JULIA rien qu’hier sur les colonnes d’EL WATAN deux journalistes de ce quotidien ont écrit en réponse à un historien indigné devant leur aplaventrisme devant l’OTAN que «la lutte contre l’impérialisme est un combat d’arrière garde», c’est sûr qu’ils ne t’ont pas connue! c’est sûr qu’ils n’ont pas porté le pull d’IVETON et d’un million et demi de «chouhada»! savent- ils au moins qu’ils parlent du stade suprême d’un ordre qui a engendré le colonialisme?

Je t’embrasse mère, camarade !

FATEH AGRANE

28 10 2011

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HOMMAGE – TÉMOIGNAGE DE SADEK HADJERES

Chers amis et camarades,

J’aurais été infiniment heureux d’être présent physiquement avec vous aujourd’hui pour honorer notre cher camarade et frère Georgeo. Mais je suis de tout cœur avec vous et près de lui pour lui rendre un hommage qu’il mérite: celui de lui dédier l’oeuvre de vie qu’est l’ouverture d’une clinique médicale, vouée à la santé et au bien-être moral des citoyens et citoyennes.

De loin, j’imagine comme vous le constatez sans doute vous-mêmes que notre camarade, malgré l’âge, les émotions et les épreuves traversées a dû conserver le sourire amical et le calme en toutes circonstances. Ce sourire, ce calme, cette amabilité envers ses semblables, je les lui ai toujours connus depuis nos rencontre sur le terrain des luttes il y a une soixantaine d’années, agrémentées aussi par les rencontres amicales et familiales où résonnait le rire de son épouse Juliette et son accent inimitable de Bab El Oued.

Comme bien d’autres, j’ai toujours été ému par ce tempérament souriant, calme et affable chez un homme aux fortes et indéracinables convictions patriotiques et de classe. Un Homme ouvert en même temps aux joies, aux espoirs et aux malheurs de ses semblables, compréhensif à leurs problèmes, prêt sans hésiter à leur apporter solidarité et fraternité. Un seul ennemi pour lui: l’injustice sociale et le chauvinisme identitaire. Avant comme après l’indépendance, il n’a cessé de combattre ces deux fléaux par son exemple, au péril de sa liberté et de sa vie. Non pas pour gagner des honneurs ou des profits, mais comme une chose naturelle et humaine, conforme à l’idéal généreux pour lequel il s’est engagé.

Je me bornerai ici à trois ou quatre flashs, quelques moments de son long itinéraire marqué par l’abnégation et la modestie…

Mon souvenir le plus lointain avec Georgeo remonte au début des années cinquante. C’est l’époque ou après avoir quitté le PPA-MTLD puis été président des étudiants musulmans (AEMAN), j’ai fait le choix d’adhérer à une cellule de base du PCA comme nombre d’autres travailleurs et étudiants. Je le trouvais souvent au siège de la région d’Alger du PCA qui venait de passer de la rue Cavaignac à la rue des Tanneurs. Ses activités syndicales et militantes lui avaient valu d’être élu membre du comité régional d’Alger puis de son bureau, à l’époque où le secrétariat avait été assumé par des camarades dynamiques et combatifs comme Taleb Bouali, Mahmoudi, Dalibey, Khellef, Gadiri.

Mais Georgeo, tout en participant activement aux réunions de ces instances, n’était pas un homme de bureau, tout comme les Belaid Khelifa (lui aussi ancien PPA-MTLD et responsable syndical des Traminots), Tayeb Bouhraoua, Mustapha Saadoun tous deux infatigables activistes et bien d’autres. On avait plus de chances de les retrouver, seuls ou ensemble, avec les ouvriers des Tabacs de Bab el Oued, les dockers en pleine action, les pêcheurs ou travailleurs des conserveries de Chiffalo et de la côte Ouest, les habitants des ruelles de la Casbah ou de du bidonville Mahieddine, les travailleurs agricoles du douar Heuraoua vers Ain Taya, ceux de toute la Mitidja et les paysans du piémont de l’Atlas Blidéen, sans compter les meetings d’union patriotique comme celui, mémorable, tenu au cinéma Donyazad pour la fondation du Front Algérien de 1951.

Deuxième souvenir aussi précis. Vers juin-juillet 1956, dix huit mois après le déclenchement du 1er novembre 54, Bachir Hadj Ali et moi-même nous nous étions répartis les rencontres individuelles avec de nombreux responsables et combattants des groupes de CDL (Combattants de la Libération) pour les informer et avoir leurs avis sur les décisions du Comité central du PCA après un mois d’échanges et de débats qui ont suivi la rencontre à Alger avec Abbane Ramdane et Benkhedda, dirigeants du FLN-ALN. Georges Accampora faisait partie des camarades que j’ai rencontrés dans un studio de la rue Pirette. Je n’étais pas étonné de voir avec quelle maturité politique il avait compris l’opportunité et les modalités de l’intégration des combattants communistes dans l’ALN.

À la vérité, ce fut le cas de la quasi-totalité des camarades combattants consultés. Un seul avait d’abord souhaité que les CDL continuent à maintenir leur autonomie totale y compris par la création de maquis indépendants du FLN. Ce camarade faisait partie d’un regroupement provisoire de volontaires communistes dans les monts au dessus de Bouinan, il se disait conforté dans cette conviction par l’accueil extraordinaire fait par la population des campagnes et des villes à l’opération de Henri Maillot. Mais convaincu – et pas seulement par discipline – il combattra dans l’ALN avec un courage exemplaire, affrontant comme l’a bien montré l’ouvrage de Mohamed Rebbah, les mêmes embûches et discriminations que ses camarades Noureddine Rebbah ou Mustapha Saadoune.

Quant à Georgeo, les orientations proposées par le comité central lui paraissaient l’évidence même: il les appliquera avec notamment l’attaque du commissariat de police de La Redoute (aujourd’hui El Madania). Ce qui lui valut la condamnation à mort ainsi qu’à Mourad Akkache, un autre acteur de l’opération, qui était le frère de Ahmed Akkache, qui lui de son côté fut condamné aux travaux forcés pour ses activités de dirigeant du PCA .

Un camarade m’a demandé récemment si Gorgeo n’était pas dans l’attentat manqué contre le général Massu. Non, c’était Briki Yahia, ancien rédacteur à Alger républicain, qui était lié au groupe impliqué et fut de ce fait lui aussi condamné à mort. Les renseignements de localisation nous étaient parvenus par des sympathisants de longue date du travail de masse culturel. L’arme du tireur s’était enrayée, ce qui était fréquent pour des mitraillettes Sten déjà durant la guerre mondiale. Il aurait fallu par précaution deux armes et deux tireurs. Une autre leçon est que si le FLN avait été moins réticent à des contacts PCA- FLN, c’est un stock des carabines américaines modernes qu’il aurait été possible de récupérer par une opération combinée ALN-CDL.

Ce que fut plus tard le comportement de Goergeo face à la police, au tribunal militaire ou dans les couloirs de la mort de Serkadji Barberousse, ses compagnons de détention le diront mieux que moi.

Mais ces sinistres souvenirs seront atténués, sans être effacés, par l’accession de l’Algérie à une nouvelle étape de son existence, celle où le combattant anti-colonialiste intransigeant donnera sa pleine mesure dans les œuvres d’édification nationale, sollicitant de nos compatriotes toujours plus d’esprit de large rassemblement des forces populaires et davantage encore d’exigences en matière de droits sociaux et démocratiques. Comme ses camarades et compatriotes sensibles à ce message, Accampora a participé à ces nouveaux combats syndicaux, associatifs et politiques comme citoyen, sans chercher à tirer gloire de sa qualité d’authentique moudjahid. Il a assumé ce nouveau combat d’intérêt national dans les rangs du PCA puis du PAGS. Il en a partagé de façon exemplaire les joies, les sacrifices et les déceptions, donnant à tous l’image de ce que devrait être un militant communiste. Il l’a fait en particulier dans deux domaines et de deux façons: par son activité professionnelle d’une part, par sa proximité et son immersion dans la base sociale et populaire d’autre part. Il n’est pas étonnant que cette double qualité ait scellé une solide amitié entre lui et des hommes comme Mohand Saïd Mazouzi et Ali Zaamoum, de grands Sages comme lui qui savaient mener de front l’engagement patriotique et social aussi bien dans l’appareil d’Etat qu’au cœur de la population.

Professionnellement, comme agent de la Protection civile qu’il était déjà quelques mois avant guerre, il a dès l’indépendance contribué par son exemple à insuffler à cette institution l’efficacité, le dynamisme et l’organisation qu’en attendent les citoyens, devenant ainsi rapidement un cadre de valeur, respecté et reconnu de ses collègues et de la hiérarchie.

Mais les responsabilités professionnelles et administratives ne l’ont pas éloigné de l’engagement comme fils de Bab El Oued, au plus près de ses concitoyens d’un quartier éminemment populaire. Un engagement quotidien qu’il considère comme la base d’un militantisme d’avant-garde. Son « avant-gardisme » ne considère pas de haut les travailleurs et les couches défavorisées à qui il faudrait apporter les lumières et dicter les conduites. Il s’exprime avant tout par l’action et l’exemple concret en accompagnement des problèmes et des prises de conscience hésitantes ou contradictoires de ses concitoyens. Quand il transporte en pleine nuit à l’hôpital une mère prête d’accoucher alors que des voisins malgré leur bonne volonté se sont dérobés en raison du couvre feu et de grave insécurité, voila ce qui reste en mémoire des gens, voilà la lumière qui éclaire encore mieux que tous les slogans et discours prononcés pour ou contre les communistes. C’est ce qui est resté chez les enfants du quartier devenus adolescents ou adultes. Et qui explique largement pourquoi il n’est rien arrivé à cet européen d’origine dans un quartier qu’il ne voulait pas quitter. C’est le secret de tant d’autres qui, comme Baptiste Pastor «le Rouge» dans ce quartier avait traversé toute la guerre de libération sans être agressé par les «pieds noirs» racistes mais qui le respectaient, jusqu’au jour où il fut assassiné après le cessez le feu par des sbires patentés de l’OAS.

Je voudrais terminer cette évocation en disant simplement deux choses.

La première, c’est que je suis fier d’être de la même mouvance que des compatriotes de la qualité humaine de Georges Accampora, qui comme Iveton, Maillot, Raffini et tant d’autres ont prouvé par les faits une chose importante: ce qui compte le plus dans le combat d’émancipation politique et sociale des peuples, ce n’est pas l’identité génétique ou culturelle mais les actes.

La deuxième est mon souhait, dans les dures épreuves que traverse aujourd’hui et que continuera à affronter le monde, que les jeunes générations apprécient à leur valeur la leçon de courage, d’humilité, de sagesse et de sensibilité que nous donne notre frère et camarade Georgeo.

Je vous remercie.

Sadek Hadjerès

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LA GRÈVE DE 40 JOURS

Pierre Cots, ancien responsable du PCA à Bab El Oued, ancien détenu à Serkadji, à El Harrach, à Lodi, actuellement loin d’Alger, a voulu participé à l’hommage rendu à son camarade de lutte. Il nous a autorisé à publier un passage de ses mémoires en cours de préparation. Il raconte:

… Georges Torrès, emprisonné aussi à Serkadji, ignorant presque tout de certains camarades, voulait en savoir davantage sur Georges Acampora qui, tout comme nos camarades Yahia Briki, Abdelkader et Jacqueline Guerroudj, croupissait dans une cellule de condamné à mort. Par hasard, j’étais l’un des seuls présents dans la salle à pouvoir évoquer son parcours, certes avec des lacunes. Les autres camarades ne l’avaient pas ou guère connu, à l’exception de Lakhdar Kaïdi en raison de leurs activités syndicales.

Parle-moi un peu de ce camarade que je n’ai jamais eu l’occasion de rencontrer, me demanda-t-il.

Que veux-tu savoir de lui? Je vais te dire le peu que j’en sais car c’est un camarade de grande discrétion. Bien, je commence par te le décrire: il est grand, mince, ses cheveux sont noirs et abondants, ses yeux sont foncés, souvent souriants et surtout animés d’éclairs d’intelligence. Enfin, il a le nez busqué et de grande taille. Il est très doux mais pas toujours très causant. Il se déplaçait avec une grosse moto et a réalisé son rêve au début des années cinquante, celui de devenir pompier*. Sa compagne, Juliette, est très souriante et parle beaucoup plus que lui. Ce qui la caractérise, c’est son accent à couper au couteau. Je ne connais aucune femme qui ait de telles inflexions. Ses expressions sont typiques des habitants de Bab-El-Oued.

Lorsque j’ai fait la connaissance de Georges – on l’appelle Georgeot – ce devait être en fin de l’année cinquante et un ou au début de cinquante-deux, il revenait d’un voyage en URSS où il s’était rendu avec une délégation syndicale. Il n’était pas encore membre du PCA. Il n’avait pas compris certaines choses lors de son voyage, notamment le concept de la dictature du prolétariat. Il était employé en tant qu’ouvrier tourneur ou ajusteur, je ne me souviens plus très bien, chez Job, une fabrique de cigarettes de Bab-El-Oued. Tu sais, presque toutes les fabriques de cigarettes sont implantées à Bab-El-Oued.

À son retour de voyage ou peu après, il a trouvé un grand mécontentement chez les travailleurs de toutes ces usines, Job, Bastos, Mélia et Berthomeu, dont les salaires étaient très bas et les cadences de travail difficiles à tenir. Un mot d’ordre de grève avait été lancé et suivi par la quasi totalité des personnels. A l’usine de mon quartier, chez Mélia, hormis un contremaître personne ne travaillait.

Comme je traversais une période de chômage, celle-ci dura un mois et demi, les camarades de la section m’ont demandé d’aider les grévistes à organiser la solidarité. Etant tout à fait disponible, j’ai volontiers accepté cette tâche.

Nous avons constitué deux équipes. Tous les matins, avec une grande corbeille en lattes de roseau, nous nous rendions chez les commerçants du marché de la rue de l’Alma et des rues adjacentes pour y collecter des denrées alimentaires, du riz, des haricots secs, des légumes frais, du pain, parfois un peu de viande chez Dahan un boucher de la rue Chateaudun qui se disait sympathisant du PCA et du fromage chez, Catherine, qui tenait boutique à l’intérieur du Marché couvert et qui était la femme d’un camarade maçon. Le syndicat distribuait ensuite tout le produit de notre collecte aux plus nécessiteux des grévistes. Je te rappelle que ceux-ci étaient clients chez les commerçants, bien sûr. Cela expliquait peut-être leur générosité!

La grève a duré, je crois, une quarantaine de jours. Elle a été dure en raison du comportement des patrons et de la police qui, tous les jours, venait provoquer les piquets de grève constitués d’hommes et de femmes avec lesquels les heurts étaient quotidiens et parfois très forts. Quand les policiers déferlaient avec leurs motos sur les piquets de grève, les travailleuses, avec une combativité admirable et beaucoup de courage se portaient au-devant des motards. Les chocs étaient souvent violents, mais elles ne reculaient pas. La police envoyait quelquefois l’un des siens, un inspecteur, pour tenter de glaner des informations durant les assemblées générales qui se tenaient tous les matins à la salle Barbusse, une grande cave louée par la section de Bab-El-Oued de l’UJDA qu’elle avait mis à la disposition des grévistes*. Mais, tu penses bien, le flic ne passait pas inaperçu, étant immédiatement repéré, il était chahuté jusqu’à ce qu’il parte penaud et honteux d’être la risée des travailleuses et travailleurs. Cela finissait évidemment par de grosses rigolades.

En l’absence de Braham Moussa, secrétaire du syndicat des tabacs – il était en délégation en Chine – Georges dirigeait cette grève aidé par des membres du Parti employés dans ces usines. Il y avait Belgacem, Hamadoui, Chaouch Mokhtar, dit Bébert, le frère de Baptiste Pereto, Cecile Di Fusco et d’autres dont j’ai oublié les noms.

Je dois ajouter que Braham Moussa, entre temps revenu de son séjour en Chine, bien que responsable du syndicat des tabacs, s’était montré peu enthousiaste pour assister les grévistes. Il consacrait une grande partie de son temps à jouer aux dominos et à la «ronda»**, dans un café maure situé sous les arcades en face du marché Nelson, non loin du cinéma Le Majestic. Je te donne toutes ces précisions parce que j’imagine que tu connais mal Bab-El-Oued puisque tu habites à l’opposé de la ville.

Un matin, avec tous les grévistes, par petits groupes pour ne pas éveiller les soupçons de la police, nous nous sommes rendus à la préfecture d’Alger en empruntant des artères différentes et avons réussi à occuper le hall central et les escaliers. Nous avons pu manifester pendant quelques minutes avant que les flics ne nous évacuent de là.

Vincent Yvorra, ce bon camarade de Bab-El-Oued, nous avait accompagné, il était enchanté de se retrouver au milieu des travailleurs et le succès de la manifestation le rendait heureux comme un poisson dans l’eau. Le fait d’avoir traversé une partie de la ville sans attirer l’attention de la police avait été un réel exploit!

Georges Acampora avait, pratiquement seul, parfaitement dirigé cette grève.

Par la suite ou un peu avant, je ne sais plus, il adhéra au Parti et devint l’un des dirigeants de la section de Bab-El-Oued. Voilà ce que je peux te dire de Georges Acampora.

Le Parti a fait à cette occasion deux adhésions, celle de Hamadoui et de Belgacem, tous deux employés à la fabrique de cigarettes Berthomeu à la rue de Dijon.

Un autre témoignage sur cette grève mémorable nous a été fourni en juillet 2011 par Juliette :

«Un jour, une grève s’est préparée. Un coup de sifflet de Georgeot, et l’usine tout entière a cessé le travail! Le patron avait dit à Georgeot: «Un homme comme vous mériterait d’être fusillé!» Elle éclate de rire puis poursuivit fièrement: «Il était jeune, mais il a fait arrêter l’usine!»

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Reda Doumaz et le groupe « caméléon »

rendant hommage à Georges Acampora

le 29 octobre 2011

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pour accéder à la vidéo, cliquer sur l’image

->http://www.youtube.com/watch?v=fDCu5Vmsvpc&feature=youtu.be]

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TÉLÉVISION ALGÉRIENNE –

JOURNAL – 2 NOVEMBRE 2011

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http://www.entv.dz/tvfr/video/index.php?t=JT19H_02-11-2011->http://www.entv.dz/tvfr/video/index.php?t=JT19H_02-11-2011]

entre 9′ 36 et 13′

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VIDÉO – MONTAGE PHOTOS

ALGER – HAMMAMET

Samedi 29 Octobre 2011

HOMMAGE À GEORGES ACCAMPORA

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http://www.youtube.com/watch?v=qSSb52CdpAQ->http://www.youtube.com/watch?v=qSSb52CdpAQ]

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Articles de presse – octobre 2011

(*) Un nouveau centre médical privé a été baptisé samedi à Alger du nom de Georges Acampora, en reconnaissance du combat de ce militant de la cause nationale algérienne, fidaï et ancien condamné à mort par l’armée française.

L’hommage a été rendu au sein de cet établissement sanitaire appelé Centre de diagnostics et de traitement « Saha plus Sekheri », appartenant au Docteur Sekheri Djamel Youcef, et implanté à Hammamet dans la banlieue d’Alger.

La cérémonie s’est déroulée en présence de M. Acampora, d’anciens combattants, d’amis de l’ancien militant, et de membres de la protection civile, institution dont il a fait partie durant sa longue et riche existence. Felix Colozi, ancien compagnon de lutte de Fernand Iveton, condamné à mort par l’armée française, le commandant Azzedine, Boualem Ousseddik, Mustapha Fettal avec qui il avait partagé la cellule de Serkadji en 1956, et de nombreux citoyens anonymes ont tenu ainsi à être présents à une cérémonie empreinte d’émotion.

Le docteur Sekheri a choisi d’honorer Georgio Acampora au nom tous les habitants de Bab el oued, en signe de reconnaissance à son sacrifice, à sa bravoure et à sa modestie légendaire.

Né en Février 1926 à Bab el oued, militant de la cause ouvrière et élément du Parti communiste algérien (PCA), le Franco-Italien Georges Acampora, avait été emprisonné en 1956 et condamné à mort pour l’attentat perpétré contre le commissariat de police de la Redoute (El Mouradia).

Après l’indépendance, George Acampora occupa de hautes fonctions au sein de la protection civile. Il fut colonel avant sa retraite à la fin des années 1980.

Inauguré en juillet dernier, le Centre de diagnostics et de traitement est spécialisé dans le dépistage et la prévention contre le cancer du sein et du col de l’utérus, en médecine générale, en diabétologie et en cardiologie.

source:

Le Financier …

Djazairess …

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HOMMAGE à LÉO FIGUÉRES

à Catherine Margaté , Georges Cormier

et aux camarades de la section de Malakoff du PCF

Chers camarades,

Pourquoi LÉO (FIGUERES) est si cher aux communistes algériens?

Loin de Malakoff, j’apprends seulement aujourd’hui le décès de Léo Figuères. On ne verra plus, sa silhouette familière comme il y à peine deux mois, arpenter malgré l’âge les rues de sa ville, répandant autour de lui avec son accent rocailleux une bonhomie chaleureuse tellement précieuse en ces temps de crise.

Lui absent, il laisse en nous l’image généreuse de l’homme infatigablement au service de la société, de la révolution sociale et de la solidarité internationaliste. J’ai toujours apprécié comment il unissait en sa vie, en ses actions et en sa personnalité, deux traits essentiels : la fermeté de principe et la souplesse dans mise en œuvre de ses idées sur le terrain, prêchant en actes le lien étroit avec la base sociale, l’initiative audacieuse et l’esprit de mobilisation unitaire.

J’ai eu la chance de vérifier chez lui ces qualités, en trois époques de l’Histoire algérienne : sous le joug colonialiste, sous le règne du parti unique après l’indépendance et lors de la tragique dérive de l’Algérie au cours des années 90.

Sous l’ère coloniale, son nom est resté inséparable et emblématique de l’engagement sans réserve de la jeunesse communiste de France en faveur du combat du peuple vietnamien pour son indépendance. Dien-Bien Phu vint couronner la pertinence de cette solidarité anticolonialiste et des sacrifices consentis en sa faveur par lui, par Henri Martin, Madeleine Riffaud et tant d’autres dont les noms sont attachés à cette mémorable résistance. Ils ont par avance préparé le chemin à la difficile et courageuse solidarité des travailleurs et du peuple français sous des formes multiples avec notre propre combat pour l’indépendance nationale.

Après l’indépendance algérienne, assombrie par la dictature exercée au nom du parti unique du FLN contre les travailleurs et les militants progressistes et communistes, Léo Figuères a été dans la direction du PCF parmi ceux qui ont exprimé avec le plus de netteté leur solidarité active avec les espoirs et les aspirations démocratiques et sociales bafouées de notre peuple.

Je le constatai en 1971 lorsqu’en mission d’information à l’étranger auprès des partis frères, je rencontrai clandestinement une délégation de la direction du PCF dont il faisait partie. Je garde un souvenir chaleureux de cette rencontre. Elle consolida notre volonté de lutte contre l’arbitraire antisocial et antidémocratique du système du « parti unique » lorsque j’en fis à mon retour le compte rendu à mes camarades. Malheureusement deux années plus tard, la majorité de la direction du PCF changea inexplicablement de cap en cautionnant pour les quinze années suivantes le système antidémocratique algérien jusqu’aux émeutes d’Octobre 1988. Durant cette longue période, je sais que Léo Figuères et de nombreux autres camarades responsables ainsi que les municipalités qu’ils dirigeaient, ne se sont pas départi de leurs convictions internationalistes. Ils n’ont pas cédé aux arguments fallacieux opportunistes qui prétendaient justifier des positions contre-nature.

Lors des dures et sanglantes années algériennes de la décennie 1990, Léo Figuères et ses camarades ont confirmé leur solidarité internationaliste envers les camarades et citoyens algériens exilés en France pour se protéger de la double persécution de l’intégrisme islamiste et du pouvoir antidémocratique. Tandis que certains communistes français, une fois de plus en retard de phase sur les complexes évolutions algériennes, se dérobaient au début à prêter assistance aux démocrates et communistes algériens, ces derniers ont rapidement trouvé solidarité concrète et compréhension politique naturelles auprès des instances animées par Léo Figuères et ses camarades, dont nombre d’entre eux étaient des vétérans de la solidarité anticolonialiste durant la guerre d’Algérie.

Pour moi et mes camarades, honorer la mémoire de Léo Figuères, c’est honorer ce qu’il y a de meilleur dans les traditions de lutte commune entre les peuples et travailleurs algériens et français. C’est mieux faire face aux difficiles épreuves qui nous attendent pour faire progresser ensemble la cause de l’humanité laborieuse et progressiste, avec l’optimisme réaliste et vigilant qui étaient chevillés au cœur de notre cher Léo.

Sadek Hadjerès,

Ancien membre du secrétariat du PCA

Premier secrétaire du PAGS (1966-1990)

12 Août 2011

CE QUI FAIT MAL C’EST LE MENSONGE

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« Avons-nous à juger, nous, assis de ce côté-ci de nos télévisions, de la façon dont a été tué le fou de Tripoli?», demandait aux Algériens ce samedi matin Kamel Daoud, éditorialiste et écrivain, dans sa chronique vedette du Quotidien d’Oran. «Avons-nous subi les bombes et ses fils pour se déclarer spécialiste en pitié, en indignation trop confortables? Pourquoi nous donnons-nous le droit de les insulter, de les traiter comme des mercenaires de l’Otan alors que c’est leur choix, leur pays, leur terre et leurs morts?» Et d’ajouter: «L’Otan les aide et ils lui donnent du pétrole et alors?»

Et alors? Et bien justement, c’est ce petit détail qui autorise de nombreux Algériens à se défier de la «révolution libyenne», sans doute un retour d’histoire, de mémoire. Vous l’aurez compris, la mise à mort de Khedafi divise l’Algérie. Ma voisine m’a dit, répondant sans le savoir à mon ami Kamel Daoud: «Ce qui fait mal, c’est le mensonge». Khedafi était un tyran et le propre des tyrans avant de devenir des criminels est d’écrire une histoire nationale bâtie sur le mensonge et la propagande. Une histoire qui dépossède tout un peuple, un pays de ses références historiques, qui le réduit, lui interdit le droit de penser et de se penser, jour et nuit harcelé pour lui faire répéter tel un perroquet la légende officielle. Cette légende qui construit de la légitimité par la force et la contrainte, coupe la langue et parfois la tête de tous ceux qui se refusent au rôle de perroquet. Cette propagande entre police et justice aux ordres du tyran et de sa clientèle, se soumet l’ensemble des institutions, les arts et la culture, pour interdire en un mot: la liberté.

Si une « révolution pour la démocratie» devait nous interdire à son tour de la penser en quoi mériterait-elle alors le titre de révolution? Mais l’essentiel est ailleurs.

Depuis le début de l’événement libyen nous sommes soumis, les Algériens comme le reste de la planète, à un véritable lavage de cerveau, à une série de mensonges aussi grossiers les uns que les autres qui sont une insulte à l’intelligence et à la mémoire du monde vue du côté sud de la Méditerranée, depuis ces anciennes colonies que sont nos pays. Face à ces mensonges, nous avons le choix, comme avec Khedafi: soit de répéter tels des perroquets, la légende des puissants, soit de refuser, bien que face à nos télévisions, d’être pris pour des veaux.

Les versions contradictoires de la mise à mort de Khedafi ne sont en fait que l’épilogue dramatique de la légende mensongère qui a accompagné de ses commentaires la violation du territoire libyen par des forces étrangères, le coup d’Etat qu’elles y ont mené et enfin la mise à mort du tyran.

Du début à la fin, cette affaire libyenne n’est que mensonge et propagande, même si tout ceci est mené avec brio par des médias internationaux désormais spécialistes de la désinformation lorsqu’il s’agit de territoires qui ne sont pas ceux de l’Occident. L’avantage de ces territoires comme l’Irak, l’Afghanistan et aujourd’hui la Libye, c’est que les dictateurs qui y régnaient sans partage ont préparé le terrain: pas de médias libres et populaires, pas d’institutions légitimes. Territoire idéal pour y inscrire ce que l’on veut.

En Libye, comme du temps de la colonisation, on commencera par enfoncer dans la tête des téléspectateurs du monde, que ce territoire n’est pas celui d’une nation, juste des terres sans peuple. Subitement, de peuple, les Libyens sont devenus une agglomération de tribus. Sans peuple, la Libye, membre jusqu’alors des Nations-Unis et dont le président était accueilli par les grands de ce monde, est devenue ensuite un pays sans souveraineté territoriale. La tribu de Benghazi accueillant les sauveurs de l’OTAN venu les libérer de la tribu de Tripoli qui deviendra, au cours de la fuite de Khedafi, la tribu de Syrte, avant que celui-ci ne soit tué par la tribu de Misrata.

Et par un tour de passe-passe, alors que l’on reprochait avec raison à Khedafi et à ses fils de ne pas représenter leur peuple, les mêmes puissances étrangères décréteront que, désormais, le seul représentant légitime des Libyens, ce sera le CNT, Conseil National de Transition. Seul ce conseil aura droit au qualificatif de «national», lui hors tribu, hâtivement reconnu par la France avant d’occuper le siège de la Libye à l’Assemblée Générale des Nations-Unis, en septembre 2011.

Son président coopté, Mustapha Abdeljalil, était ministre de la justice du dictateur depuis 2007, avant de rejoindre l’insurrection et de déclarer: «Khedafi porte seul la responsabilité des crimes qui ont été commis en Libye».

Désormais la nation des «insurgés» contre la tribu des «pro-Khedafi» peuvent légitimement s’entretuer.

De part et d’autres, quoiqu’on en dise, il y a eu du courage et de la conviction, des morts également, combien? La propagande n’en fournit pas le chiffre.

En revanche nous savons, par la bouche de Joe Biden, vice-président des Etats-Unis que, «dans cette affaire, l’Amérique a dépensé 2 milliards de dollars et n’a pas perdu une seule vie».

À l’avenir, a-t-il ajouté en substance, l’Amérique s’inspirera de cette expérience pour traiter les affaires du monde.

On le comprend, zéro mort, zéro image des frappes de l’Otan, zéro manifestation, vite fait bien fait. Mission accomplie. La Libye est libre. L’Otan plie bagage et dégage en laissant ouverte la porte du frigidaire où pourrit le méchant.

L’Occident aux mains blanches se retire pendant que des Arabes, armes blanches dans une main, pistolets dans une autre, posent près du cadavre en attendant de rendre des comptes, à leur tour, à la «communauté internationale».

La propagande de la guerre propre est finie. Avec les images de la mort de Khedafi, place aux images de la propagande habituelle sur les Arabes et leur célèbre barbarie. Rien ne nous sera épargné par les télés embedded, subitement insouciantes de la dignité des soldats qui tuent et de l’homme à terre qu’ils achèvent, fut-il Khedafi.

Plus d’éthique, plus de déontologie, l’assassinat en direct et en boucle.
Et, retour «à la vigilance», à la surveillance généralisée des propos des Libyens désormais libres. A peine libre, le président du CNT promet la chariaa, «Nous serons vigilants» a dit Alain Juppé. «On vous l’avait bien dit que c’était des fachos», a dit Marine Le Pen.

Soudain les Nations-Unies s’émeuvent et demandent une commission d’enquête sur la mort du tyran. A peine «libres», voilà «les insurgés libyens» sur le banc des accusés. Accusés de barbarie, comme hier leur tyran, coupables de torture, de sodomie, d’humiliations, d’exécution sommaire, de crime de guerre, comme hier leur tyran. Ils bénéficieront cependant de circonstances atténuantes. «Seul Khedafi est coupable»: c’est lui qui a transformé son peuple en loup à force de le traiter en chien.

On oubliera que sa tête avait été mise à prix, mort ou vif, on oubliera que c’est l’OTAN qui l’a traqué depuis ses satellites, puis qui a écrabouillé depuis le ciel le cortège de la fuite d’un malade, avant de disparaître de l’image, l’abandonnant à son destin, on oubliera de se demander: qui a armé et «les insurgés» et les «pro-Khedafi»? Sur l’image planétaire il ne restera que des Arabes. Tous des barbares! À eux le sang, la merde, le bourbier, à eux maintenant de retourner la terre pour enterrer le cadavre, leurs cadavres.

Et pourtant ils n’y arrivent pas. Alors qu’en islam il est recommandé d’enterrer les morts au plus vite, les Libyens n’ont toujours pas enterré leurs morts comme s’ils avaient du mal à écrire l’épitaphe. Que mettront-ils sur les pierres tombales? Morts pour la patrie? Morts pour la France? Morts pour L’Angleterre? Morts pour l’Amérique? Morts pour la chariaa? Morts pour l’Otan? Morts pour le pétrole? Qu’il se débrouille, maintenant, «le peuple libyen en liesse regardant vers l’avenir». Pour l’avenir, Khedafi sera enterré dans le désert dans un endroit tenu secret.

À Syrte, trois cents corps oubliés attendent une sépulture. On ne saura jamais rien ni de leur identité, ni de leurs histoires. TROIS CENTS MORTS.

C’est ce que m’a appris en 1minute et quelques secondes le journal de 20 heures sur FR2. C’était ce dimanche 22 octobre, j’écris pour entretenir ma mémoire.

On y apprend aussi que la ville de Syrte est «un champ de ruine et témoigne de la violence des combats» (images à l’appui). On y apprend également qu’à proximité des canalisations, qui furent la dernière demeure du dictateur, gisent là plus de 300 corps «dans une odeur insupportable» (images à l’appui). Des corps abandonnés après les frappes aériennes de l’OTAN qui, après avoir stoppé la fuite de Khedafi et des siens, terminait ici sa mission de «libération des civils en danger». On y apprend que, selon «les insurgés», ces corps seraient ceux «des pro-Khedafi», mais, honnête, le commentateur, qui, apparemment, est lui aussi libéré de la censure, précise: «parmi eux, de nombreux civils».

Des Libyens, un masque sur le nez, les regardent, sans force pour les enterrer, sans force pour retourner leur terre.

Quand la caméra s’installe dans une maison en ruine, un habitant de Syrte témoigne. Sans arme, il parle arabe mais pas l’anglais, il ressemble à celle que l’on appelle la majorité silencieuse. Il dit: «Nous étions pris entre deux feux». Puis, fixant la caméra, il ajoute, d’une ironie glaçante: «Merci l’OTAN d’avoir détruit ma ville. Merci Sarkozy de m’avoir libéré».

Entre «deux feux», c’est la singularité de l’histoire des Arabes, ces peuples au sud de la Méditerranée.

Toujours entre deux feux, celui de leurs dictateurs rentiers, assis sur les puits de pétrole et celui des exploiteurs de leurs ressources convoitées par les puissances, Amérique en tête et leurs alliés européens, en pleine crise, concurrencé par les nouveaux monstres qui leur dispute la première place.

Nous avons l’habitude, nous avons la mémoire. Depuis que je me souviens, les guerres économiques se transforment pour nous de ce côté-ci du monde, en guerre tout court. Depuis les guerres coloniales jusqu’aux guerres néo-coloniales, avec leurs petits avortons, comme les guerres tribales, les guerres civiles.

Nous avons l’habitude, nous avons la mémoire, des guerres civilisatrices et maintenant des guerres humanitaires, des guerres qui nous protègent… contre nous-mêmes.

Des guerres qui nous apportent la liberté au gré des vents du capitalisme mondial, fluctuant comme un marché volatile et capricieux depuis l’aube de notre histoire contemporaine. Un capitalisme toujours habillé de la propagande aux mains blanches qui a pour nom, liberté, démocratie, pendant que pleuvent sur nos territoires de barbares des tapis de bombes chaque jour plus sophistiquées.

À force, nous avons appris du capitalisme mondial à traduire ses mots dans notre langue: exploitation, pillage, travail arabe, ta gueule, sale bicot, négro.

Faut-il alors s’étonner si d’Alger à Tunis, de Gaza à Casablanca, de Sanâa à Alep, la majorité silencieuse ne croit plus «aux valeurs de l’Occident» et que quand elle lui emprunte ce magnifique instrument que demeurent des élections démocratiques, elle s’en remet «aux valeurs de la religion?»

Dieu est Grand, que sa toute Puissance apporte la crainte aux cupides, aux corrompus, aux tortionnaires. Elle s’adresse à Dieu, le priant, l’implorant de les protéger… en attendant que la majorité silencieuse d’Occident les libère d’au moins un feu, celui des barbares aux gants blancs.

D’Athènes à New-York, d’autres indignés y travaillent. Ils connaissent, eux aussi, l’odeur des grenades lacrymogènes protégeant les banques contre les peuples appauvris, austérisés sans élections démocratiques. Nous aussi, nous avons connu les plans d’ajustements structurels à l’ombre de nos guerres civiles, cette autre guerre au nom de de la modernité, de l’efficacité. Jamais je n’aurais cru que ces plans que je croyais jusqu’alors réservés au continent africain et autres polonais, ces plans destructeurs dont l’efficacité a été critiquée, y compris par ceux qui les ont menés à bien au sein du FMI, de la Banque mondiale, seraient, une décennie plus tard, resservis avec le même cynisme à des Athéniens, des Andalous, des Berlinois, des New-Yorkais, jusqu’au cœur de la City.

Ni l’Orient, ni l’Occident n’ont le monopole de la barbarie, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire des deux côtés du monde. Nous partageons la même prison et notre liberté sera commune ou ne sera pas.

Grandiloquente je suis, mais c’est la leçon que je tire des «révolutions arabes» arrivées, déjà, aux limites du possible avec la «révolution libyenne».

En arabe on dit: une seule main ne peut applaudir.


Samedi 29 OCTOBRE – IVRY – CONFÉRENCE DÉBAT SUR LA SITUATION EN ALGÉRIE ET AU MAGHREB


CAPEF
Collectif des Algériens Progressistes de France


Conférence -débat sur la situation en Algérie et au Maghreb

 Quelles sont ses principales caractéristiques ?

 Quels sont les enjeux géopolitiques et géostratégiques ?

 Quelles conséquences sur l’avenir immédiat et futur en Algérie?

Vous êtes cordialement conviés à en débattre

le Samedi 29 octobre de 14h à 18h

à la salle Saint-Just,

située au 30 rue Saint-Just à Ivry sur Seine

300 m du métro Mairie d’Ivry

La conférence-débat sera animée par le sociologue
Saïd Bouamama


Saïd Bouamama est Sociologue et auteur de plusieurs ouvrages dont:

“J’y suis, j’y vote”

“10 ans de marche des Beurs”

“La France autopsie d’un mythe national”

“Est-ce ainsi que les hommes vivent”, etc.


Plus que jamais, nous devons :

 Prendre conscience des enjeux en cours dans le monde arabe, et dans notre pays.

 Démasquer les vrais objectifs cachés de l’interventionnisme de l’OTAN dans les pays arabes.

 Dépasser nos différences et nous mobiliser contre les appétits néocolonialistes et impérialistes, soutenus par certains intérêts locaux inféodés et compradores.

 Lutter contre les projets de société que veulent nous imposer les forces de la finance mondialisée, en alliance avec certains courants islamistes salafistes dirigées par les pétromonarchies arabes (à l’exemple de ce qui se passe en Libye et en Syrie)


14h00 : Accueil

14h15 : Début de la conférence

15h30 : Débat

16h30 : Echanges autour d’un pot amical

____________________________________________

Déclaration du CAPEF

Algériens attachés aux idéaux de démocratie et de justice sociale, nous affirmons notre volonté d’agir en commun et d’inscrire cette action à la fois:

• Comme contribution aux luttes pour faire triompher la démocratie politique et sociale en Algérie.

• Comme démarche visant à mieux comprendre ce qui se passe dans notre pays, en Afrique du Nord, dans le monde arabe, et au-delà, dans ce qui est désigné par le terme de «mondialisation».

Dans ce cadre, nous considérons que le rassemblement de la gauche algérienne démocratique et sociale est impératif. C’est pourquoi, sans suspendre les échanges pour confectionner un texte et un programme de travail plus complets, nous pensons que les considérations suivantes sont acquises et suffisantes pour travailler ensemble.

1. Nous nous donnons pour nom «Collectif des Algériens Progressistes de France».

2. Nous choisissons d’agir comme collectif progressiste participant pleinement aux luttes pour une Algérie républicaine, démocratique et sociale.

3. Nous sommes convaincus qu’en agissant ensemble nous consoliderons nos accords et surmonterons nos différences, en éclairant et précisant les avis des uns et des autres.

4. Notre collectif, reflet à la fois de notre unité et de notre pluralité, va initier des actions mobilisatrices pour soutenir les luttes au pays et des débats ouverts pour en comprendre les enjeux aux plans national et international.

Notre forum, qui n’a pas vocation à se transformer en parti politique, a pour ambition de s’ouvrir à l’ensemble des forces sociales et politiques partageant ses objectifs.

5. Notre ligne de conduite sera de toujours œuvrer au rassemblement de toutes les forces politiques, sociales et culturelles qui partagent notre finalité, par l’édification d’un large front démocratique, patriotique et de progrès social.

6. Notre éthique est fondée sur la défense des intérêts historiques des travailleurs, la reconnaissance du caractère créatif, précieux, de la différence d’opinion, et l’impératif du rassemblement le plus large, pour une Algérie indépendante, démocratique et de progrès social.

7. Résidents en France, nous considérons comme nécessaire la jonction de nos efforts avec ceux de nos compatriotes au pays qui partagent notre idéal.

Nous nous attellerons en particulier à leur apporter notre soutien fraternel et à populariser leurs luttes et espoirs au sein de notre communauté à l’étranger, auprès des forces démocratiques et progressistes, et de l’opinion publique française.

8. Nous réaffirmons nos choix et nos principes sur les questions majeures suivantes:

  • a. Condamnation du système rentier et parasitaire qui domine l’Algérie.
  • b. Lutte pour une société fondée sur le travail, les libertés individuelles et collectives, l’insertion, et le progrès social pour tous.
  • c. Condamnation systématique du recours à la violence pour se maintenir au pouvoir ou y accéder.
  • d. Condamnation de l’intégrisme islamique comme régime politique susceptible de perpétuer le despotisme, et de tout projet politique qui ne soit pas explicitement fondé sur la reconnaissance des libertés individuelles et collectives.
  • e. Pour l’égalité en droit des hommes et des femmes.
  • f. Pour l’égalité de statut des langues nationales.
  • g. Pour la liberté de conscience, d’expression et d’organisation.
  • h. Pour la séparation de la religion d’avec le politique.
  • i. Pour une politique de progrès et de justice sociale.
  • j. Pour la solidarité avec les peuples du Sud et la condamnation de l’impérialisme sous toutes ses formes.