SYRIE: «LE CNS SE DÉCHIRE EN INTERNE»

« Le CNS n’est pas l’émanation de l’opposition syrienne, mais un groupe très disparate constitué et financé par le Qatar et appuyé par la France », affirme le chercheur Fabrice Balanche, cité par Armin Arefi dans cet article très documenté publié par Le Point.fr

Syrie : l’opposition en voie de décomposition ?

Le Conseil national syrien vient de voir 20 de ses membres faire défection pour créer une organisation concurrente.

Bachar el-Assad s’en frotte les mains. Considéré par Alain Juppé comme « interlocuteur légitime » de la communauté internationale sur la Syrie, le Conseil national syrien (CNS) se déchire en interne. En effet, dimanche, la principale coalition de l’opposition au régime de Bachar el-Assad a vu vingt de ses membres faire défection pour créer une organisation concurrente: le Groupe patriotique syrien. « Le Conseil national syrien s’est formé sans parvenir à obtenir de résultats satisfaisants et sans être capable de répondre aux demandes des insurgés présents à l’intérieur de la Syrie », indique le groupe dans un communiqué transmis à Reuters.

La création de la nouvelle instance, présidée par Haitham al-Maleh, un ancien juge et opposant de longue date, est le dernier revers en date pour une opposition minée par les désaccords. « Intervention étrangère, partenaires ou actions à mener contre Moscou, le moindre positionnement les oppose », affirme le spécialiste de la Syrie Barah Mikail [[Barah Mikail: directeur de recherche sur le Moyen-Orient à la Fondation pour les relations internationales et le dialogue externe (Fride) et auteur de “La Syrie en cinquante mots-clés” (éditions L’Harmattan)]]. Déjà, en juin 2011 avait été créé un autre mouvement concurrent, le Comité national de coordination des forces de changement démocratique en Syrie (CNCD), qui regroupe des partis de gauche, kurdes, ainsi que des intellectuels syriens. Principal point de discorde entre les deux organes, la question de l’intervention étrangère en Syrie. Totalement exclue par le CNCD, elle est dorénavant publiquement évoquée par le CNS, depuis le pilonnage sans fin de l’armée syrienne contre la ville martyre de Homs.

Pourtant, les deux partis ont fusionné le 30 décembre dernier au Caire, après avoir parachevé un accord autour des principes d’une période de transition en Syrie. Mais, coup de théâtre, deux semaines plus tard, le CNS fait volte-face. Son président, l’universitaire Burhan Ghalioun, va même jusqu’à démentir avoir signé le texte, expliquant que celui-ci « ne constituait pas un document politique » comme il avait été présenté par le CNCD. « Dans les faits, la frange islamiste du parti n’avait pas été consultée, ce qui a obligé Ghalioun à reculer », explique Barah Mihail.

Le rôle du Qatar

Si les grandes figures du CNS sont des laïcs, la majorité du Conseil est formée d’islamistes syriens, financés par le Qatar. Ce n’est donc pas un hasard si c’est dans l’émirat que s’est déroulé le 9 février le Congrès du CNS, ou encore si c’est Doha qui a financé le sommet à Tunis des « Amis de la Syrie », où le CNS tenait la vedette au milieu d’une soixantaine de pays. « Le CNS n’est pas l’émanation de l’opposition syrienne, mais un groupe très disparate constitué et financé par le Qatar et appuyé par la France », affirme pour sa part le chercheur Fabrice Balanche [Fabrice Balanche: maître de conférences à l’université Lyon-2 et directeur du [Groupe de recherches et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (Gremmo). ]]. En mars dernier, Paris s’était déjà tenu aux avant-postes de la contestation en Libye, en étant le premier pays à reconnaître un organe semblable, le Conseil national de transition, aujourd’hui au pouvoir.

« Le CNT disposait tout de même de membres à l’intérieur de la Libye« , souligne Fabrice Balanche. « Le CNS, lui, n’est constitué que d’exilés, qui n’ont que très peu de contacts avec la révolte sur le terrain », ajoute le chercheur. Pour dissiper les craintes, le CNS se livrerait à de la communication, en mettant en avant des « costumes-cravates », explique Barah Mikail. Son président, Burhan Ghalioun, vit en France depuis 30 ans. Son porte-parole, Bassma Kodmani, chercheur associé au CERI (Sciences-Po), a quitté la Syrie il y a 43 ans. « Il existe chez ces personnes une aspiration à la diversité ethnique, religieuse et idéologique, mais elle est bloquée par les islamistes », renchérit le spécialiste.

L’Iran visé

Malgré des divergences manifestes, la France veillerait à ce qu’aucun autre groupe d’opposition n’émerge à l’étranger. Outre le soutien diplomatique, le Quai d’Orsay se serait opposé en octobre dernier à la tenue à Paris d’une conférence de presse de Syriens de l’intérieur, dont l’opposant historique Michel Kilo. « La France ne veut pas déplaire aux Qataris, avec lesquels elle entretient des liens diplomatiques et économiques privilégiés », indique Fabrice Balanche.

Et l’émir Hamad ben Khalifa Al Thani aurait mis un point d’honneur à faire tomber Bachar el-Assad. « Le Qatar a lancé dans la région un mouvement de libération « frériste » (des Frères musulmans, NDLR) pour éviter que l’ensemble du monde arabe ne soit déstabilisé », analyse Fabrice Balanche. S’il a participé à l’intervention militaire en Libye, le Qatar entretient des liens très étroits avec les islamistes d’Ennahda en Tunisie, et avec les Frères musulmans en Égypte. « Le Qatar adopte une posture pragmatique en se plaçant aux côtés des forces du moment, qui sont les islamistes », note de son côté Barah Mikail.

Autre ambition qatarie, l’affaiblissement, par l’intermédiaire de la Syrie, de son allié chiite iranien, bête noire des monarchies sunnites du Golfe. Et cela porte ses fruits. Après des tractations avec l’émir Al Thani, Khaled Mechaal, le chef politique du Hamas, organisation largement financée par Téhéran, a annoncé qu’il déménageait de Damas pour s’installer à Doha.

Armin Arefi, 29 février 2012. Le Point.fr

LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES SELON LA SM, l’ANP ET LA PRÉSIDENCE


La Troïka parle

par Chiricahua

Mercredi 29 février 2012

Dans la Chronique de la guerre des lâches (2), il était question du « directoire » formé par la SM, la Présidence de la république et l’Armée. Cette troïka avait déclenché ladite guerre des lâches au cours de laquelle 200 000 personnes perdirent la vie, sans compter les traumatismes profonds que la barbarie de ce conflit aura occasionnés à la société tout entière, sans compter la question des disparus qui laissera des plaies à jamais ouvertes.

Pourquoi ce rappel? Parce que les protagonistes de la sinistre troïka viennent de s’exprimer, chacun à son tour, à propos des prochaines élections législatives.

La SM d’abord.

Par le truchement de l’un de ses hauts gradés, promu généralement aux relations publiques, Mohamed Chafik Mesbah -appelons-le MCM pour faire court ainsi que pour la proximité phonétique avec la MGM: il a bien à charge d’amuser la galerie-, elle vient de peindre un sombre tableau de l’avenir immédiat du pays. Selon MCM, il est trop tard pour tout : pour des réformes, pour des élections, pour la sauvegarde même de l’unité du pays. Trop tard. Diable! Est-ce à dire alors que l’Algérie va disparaître? Mais qu’est-ce qui la menacerait à ce point? Ne cherchez pas bonnes gens, vous risqueriez de perdre votre temps dans un quizz sans intérêt. La réponse est simple et en forme de symptôme: chaque fois que les siloviki entament cette rengaine –sans la SM, l’Algérie sera rattrapée par ses vieux démons qui ont noms tribalisme, régionalisme, haine du pouvoir central; L’Algérie ne peut pas exister sans son cœur battant, le principe vital qui lui donne corps et cohérence: la SM-, cela signifie qu’ils perdent l’initiative, du terrain à tout le moins.

Certes, il n’est pas sans intérêt d’examiner ce que dit MCM à propos des élections. Il les déclare inutiles et met en garde… le FFS qui perdrait son âme s’il y participait, dit, en substance, le policier! Nous ne savions pas que l’âme du FFS importait à ce point aux siloviki. Aït Ahmed est averti.

Plus sérieusement, que veut dire au juste cette mise en garde contre les élections de la part de la SM? La réponse ressortira de l’examen de la position des deux autres acolytes.

La Présidence, maintenant.

Le locataire en place a pris la parole à deux reprises ces derniers jours pour inciter les Algériens à s’abstenir de s’abstenir. Il faut voter, a-t-il répété, si l’on veut ouvrir la voie aux grands changements dont notre pays a besoin pour occuper la place qui lui est due dans le concert des nations.

Paroles verbales. Depuis quand, est-ce l’assemblée nationale qui détient la réalité du pouvoir en Algérie? Cela fait tout de même 13 ans que cet homme dispose d’un pouvoir sans limites; que n’a-t-il pris des mesures à même d’induire de vrais changements, au moins dans les domaines les plus cruciaux? Au lieu de quoi, il a abreuvé un peuple -qui ne l’écoute plus- de discours soporifiques sur la concorde civile à laquelle personne ne croit car tout le monde sait bien que sans justice il n’est pas possible d’envelopper les crimes dans les draps de l’oubli.

Cela étant, l’insistance avec laquelle l’homme appelle aux urnes est significative: elle est l’indice indubitable d’un accord (tacite ou formel) entre lui et les formations islamistes qui seront appelées à former la majorité de l’assemblée nationale.

Parions que Rached Ghannouchi a dû offrir ses bons offices et s’entremettre entre le président et les formations islamistes. Gageons également que l’homme d’une très grande culture et d’un sens politique très fin qu’est Ghannouchi aura pu éprouver combien les islamistes algériens étaient encore loin du compte, contaminés qu’ils le sont, par imprégnation, par la pratique politique du système siloviki, faite d’exclusive, d’affairisme et de violence.

L’Armée, enfin.

Cela ne s’est vu sous aucune latitude: qu’une armée enjoigne aux médias de ne plus la surnommer «la Grande Muette»! L’armée algérienne l’a fait!

On s’est perdu en conjectures sur le sens de cette mise en garde. Pourtant, il suffit de la prendre au pied de la lettre: je ne suis pas muette, J’AI MON MOT À DIRE, nous annonce l’armée. Mais est-ce bien à «nous», c’est-à-dire au bon peuple de ce pays, que la mise en demeure s’adresse?

Bien évidemment, non. Il est clair que l’injonction est dirigée vers les deux autres acolytes, la SM et la Présidence, qui croient pouvoir parler et agir en faisant comme si la Muette était définitivement hors-jeu. Je suis encore là, veut-elle dire, et il faudra compter avec moi, encore et toujours.

À l’évidence, la hiérarchie de l’armée voit d’un très mauvais œil les cajoleries que le Président distille sans compter aux islamistes. Elle en a peur car elle ne sait pas ce qu’elles cachent ni sur quoi elles peuvent déboucher.

La morale

de cette affaire est limpide: la Présidence compte sur les élections pour affaiblir ses deux acolytes. La SM ne veut pas entendre parler de l’émergence possible (personne n’étant en mesure de prédire ce qui sortira des urnes) d’un nouveau pôle de pouvoir -une assemblée nationale pluraliste et combative. L’armée, plombée par la faramineuse corruption de sa hiérarchie, ne voit de salut que dans le statu-quo.

Le peuple algérien peut mettre d’accord les membres de la troïka: soit en allant voter en masse pour des candidats qu’il obligera, en restant mobilisé jour et nuit, à prendre la responsabilité historique de défaire le système pièce par pièce (comme la glorieuse Convention montagnarde l’avait fait) ; soit en boycottant activement et totalement le scrutin, renvoyant ainsi la troïka à ses apories.

Chiricahua, 29 février 2012. Le Courrier du courroux (9). Chiricahua-overblog


voir sur socialgerie:

DÉBAT ÉLECTIONS, article 749

DÉBAT AUTOUR DE LA SIGNIFICATION DES « ÉLECTIONS » LÉGISLATIVES PROCHAINES : POUR OU CONTRE LA PARTICIPATION?, article 748


ARCELOR-MITTAL ANNABA – PRODUCTION DE TUBES D’ACIER: IMPUISSANCE DU CHEF DE L’ETAT?

Privée des commandes de Sonatrach, la Tuberie de Annaba, l’unique entreprise du Maghreb spécialisée dans la fabrication de tubes sans soudure peut-elle éviter la liquidation? «Bien que le dossier est parvenu jusqu’à la Présidence, les travailleurs de ladite entreprises ne s’en réjouissent pas: aucune commande n’est enregistrée», écrit ce matin Yazid Ferhat dans le Quotidien d’Oran.

La Tuberie d’ArcelorMittal Annaba otage de la certification «Premium Connection»

La “Tuberie sans soudure” d’ArcelorMittal Annaba est toujours sans commandes, malgré les assurances des pouvoirs publics.

Actuellement l’entreprise ne tourne qu’à 35 % de ses capacités grâce à de petites commandes passées en 2011. Les travailleurs entretiennent l’espoir de réaliser un lot d’un projet de Sonatrach de 1000 km de pipes. Un projet loin d’être acquis malgré «un accord de principe» qui se trouve otage d’une nouvelle exigence de certification: «Premium Connection»

L’année 2011 a été celle de petites commandes pour la Tuberie sans soudure (TSS) d’ArcelorMittal Annaba Pipes & tubes Algeria (AMPTA).

En septembre de la même année, la société CAMEG (Comptoir Algérien du Matériel Electrique et Gazier), filiale de Sonelgaz a repris un appel d’offres suspendu depuis 2009 dans lequel AMPTA a soumissionné et décroché une commande 85 km de pipelines pour 513 milliards de DA.

En mai 2011, elle a participé à une petite commande de tubes de forage (un lot de 13 km) du groupement Sonatrach-AGIP.

Ces petites commandes qui ne rassurent guère sur l’avenir de l’entreprise puisqu’elles ne peuvent faire tourner la production que pour 3 mois pas plus.

Actuellement l’entreprise tourne à 35 % de ses capacités.

Le carnet de commande «normal» d’une année équivaut à 32.000 tonnes de tubes pour une capacité annuelle de 115.000 tonnes. Pour l’année 2012 l’horizon est encore incertain. Les directives du Chef de l’Etat données aux entreprises du secteur de l’Energie en vue de traiter en priorité avec les entreprises locales n’ont pas permis à l’unique entreprise du Maghreb spécialisée dans la fabrication de tubes sans soudure de sortir d’affaire.

Bien que le dossier est parvenu jusqu’à la Présidence, les travailleurs de ladite entreprise ne s’en réjouissent pas: aucune commande n’est enregistrée.

Ils restent néanmoins accrochés au seul espoir qui leur reste: celui de décrocher un lot dans un projet de Sonatrach de 1000 km de pipes.

«L’AMPTA a soumissionné et a eu un accord de principe sur la possibilité de lui accorder un lot», nous a révélé une source proche de l’entreprise ArcelorMittal Annaba. Elle est retenue pour l’instant parmi les soumissionnaires, pas plus.

Nouvelle exigence qualité

Notre source ne croit pas vraiment à un possible retour de Sonatrach au portefeuille-client de l’AMPTA, car elle devenue du jour au lendemain «trop» exigeante en matière de qualité même pour les pipes qui ne nécessitent que les homologations les plus courantes de type API 5L. «Pour prétendre au marché de Sonatrach, AMPTA doit dorénavant justifier d’une certification Premium Connection», précise notre source qui a indiqué que Sonatrach a dépêché une équipe d’experts de l’Agence Nationale de Contrôle et de Régulation des Activités dans le Domaine des Hydrocarbures, appelée «Autorité de Régulation des Hydrocarbures» pour vérifier sur place la qualité des produits. Les experts ont conclu à l’exigence de l’homologation Premium Connection, alors qu’il y a une année et demie les experts de Sonatrach étaient «satisfaits de la qualité de nos produits et ont donné un avis favorable pour travailler avec nous».

Notre source s’interroge sur ce virage amorcé en 2010 d’autant que l’incident de 2008 a été «définitivement»réglé. En 2008, un tube défectueux s’est glissé dans une commande de tube de transport de gaz à Bir El Ater. À cause d’une petite fissure dans un tube qui a explosé, une dizaine de km de pipes a été déterrée. Ce qui était pourtant pris en charge par la Tuberie.

Depuis, l’entreprise a investi dans un équipement de contrôle ultrason. Cet équipement est capable de détecter la moindre perforation. Un investissement de 12 millions de dollars pour optimiser la qualité a été nécessaire.

Il convient de rappeler que depuis 1978 la Tuberie fournissait Sonatrach et Sonelgaz en tubes. Elle a réussi à placer 15.000 km de tubes (Skikda-Berrehal-Annaba sont faits par les tubes de la TSS) sans qu’on signale le moindre problème jusqu’à cette date fatidique de 2008.

Yazid Ferhat, 28 février 2012. Le Quotidien d’Oran

10 Mars : PÉTROLE, GAZ – LES ENJEUX ÉNERGÉTIQUES & 31 Mars : L’EAU ET L’AGRICULTURE AU PROCHE ET AU MOYEN-ORIENT

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UNIVERSITÉ

POPULAIRE

MÉDITERRANÉE

MOYEN-ORIENT:

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Samedi 10 Mars :

Pétrole, Gaz :

les enjeux énergétiques

Samedi 31 Mars :

L’eau et l’agriculture

au Proche et Moyen-Orient


Samedi 10 Mars :

“PÉTROLE, GAZ: LES ENJEUX ÉNERGÉTIQUES

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Séance 1 : 10h30 : “Le pétrole arabe : Des mutations profondes et des enjeux grandissants”, avec Nicolas Sarkis (Directeur du centre arabe d’études pétrolières et de la revue Le pétrole et le gaz arabes, Paris);

Séance 2 : 14h : “Violence de la rente pétrolière, Algérie – Lybie – Irak”, avec Luis Martinez (Directeur de recherche à Science Po – CERI) ;

Séance 3 : 16h15 : “Les acteurs internationaux de l’industrie pétrolière et gazière au Proche et Moyen Orient” avec Jean-Pierre Sereni (Journaliste).

En savoir plus


:

Samedi 31 Mars :

“L’EAU ET L’AGRICULTURE

AU PROCHE ET AU MOYEN-ORIENT”

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Séance 1 : 10h30 : “Les grands défis agricoles en Méditerranée”, avec Pierre Blanc (enseignant-chercheur CIHEAM-IAMM) et Bertrand Hervieu (Inspecteur Général de l’Agriculture – CGAAER) ;

Séance 2 : 14h : “La gestion des ressources agricoles au Maghreb”, avec Marc Dufumier (ingénieur agronome, chaire d’agriculture comparée à AgroParisTech) ;

Séance 3 : 16h15 : “Se nourrir en Méditerranée”, avec Sébastien Abis (analyste politique et administrateur au CIHEAM).


Participation à la journée : 12 € / 8 € (étudiants et demandeurs d’emploi)

Renseignements et inscriptions:

universite-populaire@iremmo.org

iReMMO, 5/7 rue Basse des Carmes, 75005 Paris

01 43 29 05 65

www.iremmo.org


DETTE AU NORD ET AU SUD: UN RICHE DOSSTER DU CADTM

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Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde

www.cadtm.org

[Bulletin électronique n°96

Lundi 27 février 2012->http://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=108]


SOMMAIRE

Dette au Nord


// La crise de la dette européenne : véritable manne financière pour les argentiers

par Christine Vanden Daelen – 24 février

L’Union européenne, qui formait autrefois avec les États-Unis un bloc de prospérité pour les (…) La dette ou comment s’enrichir sans risque ? L’accroissement de la dette publique européenne est (…)

Lire la suite


// La Grèce doit rompre avec la Troïka et suspendre le paiement de la dette

par Eric Toussaint – 23 février

Il faut de manière urgente que les mouvements sociaux d’Europe expriment dans les faits une (…)

Lire la suite


// Eric Toussaint : « La Grèce doit se rebeller face à la Troïka et suspendre le paiement de sa dette »

par Eric Toussaint, Carlos Bedoya – 22 février

Eric Toussaint, docteur en sciences politiques et président du Comité pour l’Annulation de la (…) Comment caractérisez vous le moment que traversent plusieurs pays de l’Union Européenne (UE) qui (…)

Lire la suite


// Communiqué de presse

Dexia demande au Conseil d’Etat de rejeter le recours du CADTM et d’ATTAC contre les garanties de l’Etat belge


22 février

Le groupe Dexia, qui doit annoncer officiellement ce jeudi 23 février ses résultats pour l’année (…)

Lire la suite


// Pas explosion des dépenses mais baisse des recettes

par Angelique Schaller – 22 février

Un meeting a lancé l’audit citoyen de la dette à Marseille. Une opération parmi d’autres d’une (…)

Lire la suite


// Bruxelles : Solidarité avec les Grecs devant le conseil U.E (15/02/12)

par Patrick Taliercio – 20 février

Hier, à l’appel du collectif Solidarité à la Grèce qui résiste et avec le soutien du CADTM, a eu lieu (…)
Lire la suite


// La Grèce en lutte de 2012 comme l’Espagne de 1936 pour les peuples d’Europe!

par Sonia Mitralias – 19 février

Le cours de l’histoire s’accélère et les événements cataclysmiques des derniers jours en Grèce (…)

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// Déclaration de Quito en soutien au peuple grec

– 16 février

Quito, Equateur, 15 février 2012 Nous, mouvements sociaux d’Amérique latine et du monde réunis à (…)

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// Les Travailleurs d’Eleftherotypia sont de retour avec leur propre journal!

par Moissis Litsis – 16 février

Ça y est ! C’est fait ! Les travailleurs d’Eleftherotypia, un des plus grands et plus prestigieux (…) Depuis le mercredi 15 février, les kiosques dans tout le pays affichent à côté des journaux (…)

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// Belgique. Sauvetage des banques : non négocié ; Naufrage du peuple: négociation en cours

par Pauline Imbach – 15 février

Quand le gouvernement veut imposer l’austérité … C’est la crise ! La Belgique vit au dessus de (…)

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// La lettre d’information de l’audit citoyen, n°2

par Collectif pour un audit citoyen de la dette publique – 14 février

L’initiative d’audit citoyen de la dette publique suit son cours. Suite au succès de l’appel à (…) Cette dynamique populaire, locale, a été le facteur décisif du succès retentissant du week-end de (…)

Lire la suite


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// VIDÉOS
Athènes, janvier 2012


par Patrick Taliercio – 13 février

Des images d’Athènes sous austérité avec Sonia et Giorgos Mitralias.

Giorgos Mitralias : le piège de l’austérité en Grèce

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// Crise de la dette en Europe : À quoi s’attendre en 2012 ?

par Daniel Munevar – 13 février

Les premières semaines de janvier 2012 ont suffi à éliminer toute illusion sur la capacité des (…)

Lire la suite


// Nouveau traité MES, l’Europe sourde aux réclamations des peuples

par S. Berwez – 13 février

Le 2 février dernier, les ministres des finances de la zone euro ont signé la nouvelle mouture du (…)

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// Combien de temps encore la population espagnole devra-t-elle rembourser une dette qui n’est pas la sienne ?

par Yves Julien, Jérome Duval – 11 février

La dette de l’Etat espagnol est dans le point de mire de toute l’Europe, du fait que les marchés (…)

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Venezuela

// Et de trois : après la Bolivie et l’Équateur, le Venezuela quitte le CIRDI!

par Cécile Lamarque – 24 février

Le Venezuela a annoncé qu’il se retirait du CIRDI, le Centre international de règlement des (…)
Lire la suite


Maroc

// Maroc. Le mouvement du 20 février un an après

par Chawqui Lotfi – 20 février

Une leçon particulière des processus révolutionnaires dans la région arabe concerne, au-delà de (…)

Lire la suite

_____

// Maroc : Appel STOP TGV !

– 17 février

Les associations signataires du présent appel : Souhaitent donner une suite concrète aux (…)

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Sénégal

// Abdoulaye Wade contre le peuple sénégalais

par Demba Moussa Dembélé – 20 février

La validation de la candidature du président Abdoulaye Wade par le Conseil Constitutionnel a (…)

Lire la suite


Écologie / Climat

// Le forum social thématique de Porto Alegre

par Béatrice Whitaker – 12 février

Dans un contexte de crise du système capitaliste sans précédent, dans une conjoncture sociale (…) Ces pillages seront institutionnalisés à Rio, en juin prochain, lors de la conférence (…)

Lire la suite


Dette et santé – Lutte contre la pauvreté

// « La faim est faite de main d’homme et peut être éliminée par les hommes»

par Jean Ziegler, Eric Toussaint – 11 février

Interview de Jean Ziegler par Éric Toussaint à l’occasion de la sortie de son dernier livre en (…) Quel lien faites-vous entre l’endettement des pays et la faim qui tenaille une partie très (…)

Lire la suite


Les dossiers


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// Interpellons nos élus sur le Mécanisme européen de stabilité!

Une initiative belge pour ouvrir le débat sur notre avenir. Participez à l’action citoyenne d’interpellation des parlementaires belges sur le Mécanisme européen de stabilité

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// Collectif pour un audit citoyen de la dette

D’où vient la dette ? A-t-elle été contractée dans l’intérêt général, ou bien au bénéfice de minorités déjà privilégiées? Qui détient ses titres? Peut-on alléger son fardeau autrement qu’en appauvrissant les populations? Ces questions, de plus en plus nombreux sont ceux qui se les posent. Dans toute l’Europe et en France un large débat démocratique est urgent, car les réponses apportées à ces questions détermineront notre avenir.

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// Campagne Internationale pour la suspension immédiate du paiement de la dette de la Tunisie

La Tunisie a besoin de mobiliser, de toute urgence, toutes ses ressources financières, afin de faire face aux nécessités de la situation actuelle, notamment : l’extrême pauvreté, l’indemnisation des chômeurs, l’amélioration de la situation matérielle des salariés, etc.

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// Dette : les grecs et la Debtocracy.

Un documentaire intitulé Debtocracy – Chréokratia (Chréos est le mot grec pour « dette ») fait fureur en Grèce depuis la mise en coupe réglée du pays sous les fourches caudines du FMI. Voici une traduction de ce film qui explique les mécanismes de l’assujetissement d’un pays par ce que les économistes appellent la Dette Odieuse.

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[AGENDA
cliquer sur le lien…->http://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=108]


28 février 1986 : L’ASSASSINAT « INEXPLIQUÉ» D’OLOF PALME

FAUTEURS DE GUERRE ET MARCHANDS D’ARMEMENTS

Y SONT-ILS POUR QUELQUE CHOSE?

Le 28 février 1986, le Premier ministre suédois Olof Palme (59 ans) est abattu à bout portant par un inconnu alors qu’il sort paisiblement d’un cinéma de Stockholm, au bras de son épouse Lisbet. On a d’abord mis en cause un alcoolique déséquilibré, qui sera condamné puis acquitté en appel. Son assassin ne sera donc jamais identifié.

Il avait accédé pour la première fois au poste de Premier ministre le 14 octobre 1969 puis l’avait recouvré le 8 octobre 1982 après en avoir été chassé six ans plus tôt par une coalition «bourgeoise».

Aujourd’hui encore, l’évocation d’Olof Palme semble difficile en Suède (Le Monde, 28/2/2006). «C’est incroyable qu’il y ait si peu d’ouvrages écrits sur lui et aucune biographie digne de ce nom quand on pense à sa place dans l’histoire du pays, s’étonnait vingt après l’assassinat, Claes Arvidsson, éditorialiste au quotidien conservateur Svenska Dagbladet. Palme est devenu un sujet tabou.». Claes Arvidsson, estime que l’hostilité à l’égard de ce dernier n’est pas une simple question d’image. «Il a vraiment voulu rendre la Suède plus socialiste à travers une sorte de réformisme révolutionnaire. Non pas en nationalisant les entreprises, car cela n’a jamais été l’ambition des sociaux-démocrates suédois, mais en renforçant le contrôle étatique.»

Palme mena une politique internationale courageuse contre la guerre du Viêt Nam, l’apartheid et la prolifération des armes nucléaires. Il provoqua la rupture des relations diplomatiques entre la Suède et les États-Unis pour avoir participé personnellement, en tant que ministre, à une manifestation d’opposants à la guerre du Viêt-Nam. Il ne manifesta jamais la moindre tolérance pour l’apartheid sud-africain et milita toujours pour son abolition.

Parmi certains journalistes de ma génération, un rapport avait été établi entre l’assassinat inexpliqué d’Olof Palme et celui du ministre algérien des Affaires étrangères quatre ans plus tôt, le 3 mai 1982. L’avion de Mohamed Seddik Benyahia avait été abattu d’un tir de missile provenant de territoires kurdes. Avec lui sont morts 15 médiateurs algériens du MAE qui l’accompagnaient dans sa mission.

Pourquoi ce rapprochement? Comme Palme, Benyahia fut l’un des artisans obstinés de la cessation des hostilités entre l’Irak et l’Iran. Cette guerre, que Mohamed Seddik Benyahia, diplomate de talent, œuvrait à arrêter, a été au siècle dernier une des plus juteuses pour l’industrie mondiale de l’armement.

Théorie du complot? À la veille de son assassinat, Olaf Palme s’apprêtait à rendre publique le scandale de la corruption pratiqué par Bofors, cette entreprise suédoise fondée par Alfred Nobel (celui des prix) fabriquant du matériel d’artillerie. À l’époque on disait que le procureur Tornbjorn Sebell avait découvert par hasard des milliers de pages de documents sur le trafic international de l’armement vers la guerre Irak-Iran! Ces documents indiqueraient que les producteurs européens, réunis au sein d’un cartel occulte, fournissent coûte que coûte les belligérants du conflit Irak-Iran. Mieux, il semble que ce cartel clandestin existait depuis des lustres. Il aurait même été fondé par Alfred Nobel lui-même à la fin du siècle dernier.

Synthèse blog, 28 février 2012


Le secteur de l’armement ne connaît pas la crise

« Les données pour 2010 démontrent […] la capacité des principaux acteurs à continuer de vendre des armes et des services militaires malgré la crise.» Cette affirmation du Docteur Susan Jackson, chercheur sur l’industrie de l’armement, est confirmée par le “Stockholm International Peace and Research Institute” (SIPRI). D’après ce think tank, les ventes effectuées par les entreprises productrices d’armement seraient en constante augmentation et représenteraient en 2010 une somme de 411.1 milliards d’euros. Alors que la plupart des secteurs économiques subissent la crise de plein fouet, l’industrie de l’armement continue de prospérer et commence même à attirer la convoitise des investisseurs.

Un rapide coup d’œil sur le classement des cents plus grandes entreprises productrices d’armement, publié par le SIPRI, met en avant l’omniprésence de l’Occident dans un secteur au combien stratégique. Si les entreprises américaines sont largement majoritaires dans ce Top 100 avec 46 firmes, les représentants européens ne sont pas en reste puisque EADS se classe 7e et Thales 11e, loin derrière la 2e place du britannique BAE System. Les entreprises occidentales bénéficient principalement de la demande de certains pays émergents, qui ne connaissent pas la crise et tentent aujourd’hui de combler leur retard militaire par des achats importants d’armement. L’Inde est certainement l’un des meilleurs exemples de cette tendance. Après avoir commandé pour plus de 650 millions de dollars d’armes à la Russie en 2011, New Dehli a lancé l’un des plus gros appels d’offre internationaux de ces dernières années pour se doter d’avions de combat, et qui a bénéficié au Rafale français.

La bonne santé de l’armement s’explique également par les mutations intervenues depuis déjà quelques années. Par exemple, les producteurs offrent désormais toute une gamme de services: soutien logistique, formation, maintenance et réparation, qui accompagnent les achats de matériels, surtout si l’équipement en question est technologiquement complexe et novateur. Par ce biais, la crise économique et le ralentissement des commandes n’impactent que partiellement le chiffre d’affaire.

Principal témoignage de la bonne santé de l’industrie de l’armement, les entreprises et les investisseurs commencent à s’intéresser grandement à ce secteur qui devient peu à peu une valeur refuge.

Affaires stratégiques.info, 27 février 2012

Sources : “Stockholm International Peace Research Institute”, “SIPRI Top 100”, “Le Courrier de Russie”, “Portail de l’Intelligence Stratégique

LA RUSSIE ET L’ÉVOLUTION DU MONDE

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Article de Vladimir Poutine sur la politique étrangère

Dans mes articles, j’ai déjà abordé les principaux défis extérieurs auxquels la Russie est confrontée à l’heure actuelle. Cependant, ce thème mérite d’être discuté plus en détails, et pas seulement parce que la politique extérieure fait partie intégrante de toute stratégie nationale. Les défis extérieurs et l’évolution du monde qui nous entoure nous poussent à prendre des décisions d’ordre économique, culturelle, budgetaire et d’investissements.

La Russie fait partie d’un grand monde, aussi bien du point de vue de l’économie et de la diffusion de l’information que de la culture. Nous ne pouvons pas et ne voulons pas nous isoler. Nous espérons que notre ouverture permettra d’améliorer le bien-être et la culture des citoyens russes et de renforcer la confiance, qui devient une ressource rare.

Mais nous prendrons systématiquement appui sur nos intérêts propres et nos objectifs, et non pas sur des décisions dictées par un tiers. La Russie n’est respectée et prise au sérieux que lorsqu’elle est forte et qu’elle se tient fermement campée sur ses positions. La Russie a pratiquement toujours eu le privilège de pouvoir mener une politique étrangère indépendante. Et ce sera le cas également à l’avenir. Qui plus est, je suis convaincu qu’il n’est possible d’assurer la sécurité dans le monde qu’avec la Russie, et non pas en s’efforçant de l’évincer, d’affaiblir ses positions géopolitiques et sa capacité de se défendre.

Les objectifs de notre politique étrangère revêtent un caractère stratégique, non conjoncturel, et reflètent la place exclusive de la Russie sur la carte politique mondiale, son rôle dans l’histoire et dans l’évolution de la civilisation.

Nous poursuivrons, évidemment, une politique proactive et constructive, visant à renforcer la sécurité globale, à renoncer à la confrontation, à réagir efficacement aux défis tels que la prolifération des armes nucléaires, les conflits régionaux et les crises, le terrorisme et le trafic de drogue. Nous ferons tout pour que la Russie dispose des derniers acquis du progrès scientifique et technologique, et pour assurer à nos entreprises une place importante sur le marché mondial.

Nous ferons tout pour que la mise en œuvre du nouvel ordre mondial, basé sur les réalités géopolitiques contemporaines, se déroule de manière progressive, sans perturbations inutiles.

La confiance érodée

Comme auparavant, je pense que les principaux postulats incluent le caractère indivisible de sécurité pour tous les Etats, l’inadmissibilité de l’utilisation hypertrophiée de la force, et le respect à la lettre des principes fondamentaux du droit international. Le mépris de ces règles provoque la déstabilisation des relations internationales.

Et c’est précisément à travers un tel prisme que nous percevons certains aspects du comportement des Etats-Unis et de l’Otan, qui ne s’inscrivent pas dans la logique du développement contemporain, et qui sont fondés sur les stéréotypes de la politique des blocs. Tout le monde comprend à quoi je fais allusion. Il s’agit de l’expansion de l’Otan, qui se traduit notamment par le déploiement de nouveaux moyens d’infrastructure militaire, ainsi que les projets de l’Alliance (sur l’initiative des Américains) de mise en place en Europe du bouclier antimissile (ABM). Je n’aurais pas abordé ce thème si ces jeux n’étaient pas menés à proximité immédiate des frontières russes, s’ils n’affaiblissaient pas notre sécurité et s’ils ne contribuaient pas à l’instabilité dans le monde.

Notre argumentation est bien connue, ce n’est pas la peine d’y revenir, mais, malheureusement, elle n’est pas prise en considération par nos partenaires occidentaux, qui refusent de l’entendre.

Il est préoccupant de voir que bien que nos « nouvelles » relations avec l’Otan n’aient pas encore acquis une forme définitive, l’Alliance commet déjà des actes qui ne contribuent en aucun cas à l’établissement d’un climat de confiance. En elle-même, une telle pratique affecte le calendrier international, empêche de définir un ordre du jour positif dans les relations internationales et ralentit les changements structurels.

Une série de conflits armés, menés sous le prétexte d’objectifs humanitaires, sape le principe séculaire de souveraineté nationale. Un autre vide, moral et juridique, se crée dans les relations internationales.

On dit souvent que les droits de l’homme priment sur la souveraineté nationale. C’est indéniable, de la même manière que les crimes contre l’humanité doivent être sanctionnés par la Cour pénale internationale. Mais lorsqu’en s’appuyant sur cette disposition, la souveraineté nationale est facilement violée, lorsque les droits de l’homme sont défendus de l’extérieur de manière sélective, et que ces mêmes droits sont violés au cours de ce processus de « défense », y compris le droit sacré à la vie, il ne s’agit pas d’une cause noble mais de démagogie pure et simple.

Il est important que l’ONU et le Conseil de sécurité puissent s’opposer efficacement au diktat de certains pays et à l’arbitraire sur la scène internationale. Nul n’a le droit de s’octroyer les prérogatives et les pouvoirs de l’ONU, notamment en ce qui concerne l’utilisation de la force contre des Etats souverains. Il est avant tout question de l’Otan, qui cherche à s’arroger des compétences qui ne sont pas celles d’une « alliance de défense. » Tout cela est plus que sérieux. Nous nous souvenons des vaines exhortations au respect des normes juridiques et de la décence humaine élémentaire de la part des Etats qui ont été victimes d’opérations « humanitaires » et de bombardements opérés au nom de la « démocratie. »
Ils n’ont pas été entendus, et on ne voulait pas les entendre.

Apparemment, l’Otan, et d’abord les Etats-Unis, ont leur propre perception de la sécurité, qui est foncièrement différente de la nôtre. Les Américains sont obsédés par l’idée de s’assurer une invulnérabilité absolue, ce qui est utopique et irréalisable, aussi bien sur le plan technique que géopolitique.

C’est précisément le fond du problème.

L’invulnérabilité absolue pour l’un impliquerait la vulnérabilité absolue de tous les autres. Il est impossible d’accepter une telle perspective. Toutefois, pour des raisons bien connues, beaucoup de pays préfèrent ne pas en parler ouvertement. Mais la Russie appellera toujours les choses par leurs noms, et elle le fera ouvertement. Je voudrais souligner une nouvelle fois que la violation des principes d’unité et d’indivisibilité de la sécurité, et ce en dépit des nombreux engagements contractés selon ces principes, est susceptible d’engendrer des menaces très graves. En fin de compte, cela concerne également les Etats qui, pour diverses raisons, sont à l’origine de telles violations.

Le printemps arabe: les leçons et les conclusions

Il y a un an, le monde a été confronté à un phénomène nouveau — des manifestations pratiquement simultanées dans de nombreux pays arabes contre les régimes autoritaires. Au départ, le printemps arabe était interprété comme porteur d’espoir de changements positifs. Les Russes étaient du côté de ceux qui aspiraient aux réformes démocratiques.

Cependant, il s’est rapidement avéré que dans de nombreux pays, la situation n’évoluait pas selon un scénario civilisé. Au lieu d’affirmer la démocratie et de défendre les droits des minorités, on a assisté à l’évincement de l’adversaire, à son renversement, une force dominante se trouvant remplacée par une autre force plus agressive.

L’ingérence extérieure, qui s’est rangée du côté de l’une des parties au conflit, ainsi que le caractère militaire de cette ingérence, ont contribué à une évolution négative de la situation. Tant et si bien que certains pays ont éliminé le régime libyen grâce à l’aviation, en se protégeant derrière des slogans humanitaires. Et l’apothéose a été atteinte lors de la scène répugnante du lynchage barbare de Mouammar Kadhafi.

Il faut empêcher de réitérer le scénario libyen en Syrie. Les efforts de la communauté internationale doivent être avant tout axés sur la réconciliation en Syrie. Il est important de réussir à stopper au plus vite la violence, quelle que soit son origine, d’ouvrir enfin le dialogue national, sans conditions préalables, sans ingérence étrangère et en respectant la souveraineté du pays. Cela créerait des prémisses à la mise en œuvre réelle des mesures de démocratisation annoncées par le gouvernement syrien. Le plus important est d’empêcher une guerre civile à part entière. La diplomatie russe a travaillé et travaillera dans ce sens.

Après une expérience amère, nous nous opposons à l’adoption de telles résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies, qui seraient interprétées comme un coup d’envoi à une ingérence militaire dans les processus intérieurs en Syrie. Et c’est en suivant cette approche fondamentale que la Russie et la Chine ont bloqué, début février, une résolution qui, par son ambiguïté, aurait encouragé en pratique la violence exercée par l’une des parties en conflit.

À cet égard, étant donné la réaction très violente et presque hystérique au veto sino-russe, je voudrais mettre en garde nos collègues occidentaux contre la tentation de recourir à un schéma très simple utilisé auparavant: en l’absence d’aval du Conseil de sécurité des Nations Unies, formons une coalition des Etats intéressés. Et à l’attaque.

La logique même d’un tel comportement est pernicieuse. Elle ne mène à rien de bon. En tout cas, elle ne contribue pas au règlement de la situation dans un pays frappé par un conflit. Pire encore, elle déstabilise davantage l’ensemble du système international de sécurité et détériore l’autorité et le rôle central de l’ONU. Rappelons que le droit de veto, ce n’est un caprice, mais une partie intégrante de l’ordre mondial consacrée par la Charte des Nations Unies – sur l’insistance des Etats-Unis, d’ailleurs. Ce droit implique le fait que les décisions, auxquelles s’oppose au moins un membre permanent du Conseil de sécurité, ne peuvent pas être cohérentes et efficaces.

J’espère que les Etats-Unis et d’autres pays tiendront compte de cette expérience amère et ne chercheront pas à lancer une opération militaire en Syrie sans l’aval du Conseil de sécurité des Nations Unies. D’ailleurs, je n’arrive pas à comprendre d’où viennent ces « démangeaisons belliqueuses ». Pourquoi manque-t-on de patience pour élaborer une approche collective ajustée et équilibrée, d’autant plus qu’elle commençait à prendre forme dans le projet de résolution syrienne, mentionné plus tôt. Il ne restait plus qu’à exiger la même chose de l’opposition armée que du gouvernement, en particulier de retirer les unités armées des villes. Le refus de le faire est cynique. Si nous voulons assurer la sécurité des civils, ce qui est la priorité de la Russie, il est nécessaire de raisonner tous les camps impliqués dans le conflit armé.

Et il existe également un autre aspect. Il s’avère que dans les pays touchés par le printemps arabe, de même qu’en Irak à l’époque, les sociétés russes cèdent leurs positions acquises au cours des décennies sur les marchés locaux et perdent des contrats commerciaux importants. Et les créneaux vacants sont récupérés par les acteurs économiques des pays qui ont contribué au renversement des régimes en place.

On pourrait penser que dans une certaine mesure, ces événements tragiques n’ont pas été motivés par le souci du respect des droits de l’homme, mais par la volonté de redistribuer les marchés. Quoi qu’il en soit, nous ne pouvons bien sûr pas rester les bras croisés. Et nous avons l’intention de travailler activement avec les nouveaux gouvernements des pays arabes afin de rétablir rapidement nos positions économiques.

Dans l’ensemble, les événements dans le monde arabe sont très instructifs. Ils montrent que la volonté d’instaurer la démocratie en utilisant la force peut conduire et conduit souvent au résultat inverse. On assiste à l’émergence de forces, y compris d’extrémistes religieux, qui cherchent à changer la direction même du développement des pays et la nature laïque de leur gestion.

La Russie a toujours eu de bonnes relations avec les représentants modérés de l’islam, dont l’idéologie est proche des traditions des musulmans russes. Et nous sommes prêts à développer ces relations dans les conditions actuelles. Nous sommes intéressés par la dynamisation des liens politiques, commerciaux et économiques avec tous les pays arabes, y compris, je le répète, ceux qui viennent de traverser une période de troubles. De plus, selon moi il existe de réelles conditions permettant à la Russie de conserver à part entière ses positions de leader sur la scène moyen-orientale, où nous avons toujours eu de nombreux amis.

En ce qui concerne le conflit israélo-arabe, la « recette miracle » qui permettrait de régler la situation n’a toujours pas été trouvée. Il ne faut en aucun cas baisser les bras. Etant donné la proximité de nos relations avec le gouvernement israélien et les dirigeants palestiniens, la diplomatie russe continuera à contribuer activement au rétablissement du processus de paix de manière bilatérale et dans le cadre du Quatuor pour le Moyen-Orient, en coordonnant ses actions avec la Ligue arabe.

Le printemps arabe a également mis en évidence que l’opinion publique mondiale se formait aujourd’hui avec l’utilisation la plus active des technologies avancées de l’information et de la communication. On peut dire qu’Internet, les réseaux sociaux, les téléphones portables, etc. se sont transformés, avec la télévision, en un outil efficace aussi bien de la politique nationale qu’internationale. C’est un nouveau facteur qui demande réflexion, notamment afin qu’en continuant à promouvoir la liberté exceptionnelle de communication sur le web, on réduise le risque de son utilisation par les terroristes et les criminels.

On emploie de plus en plus souvent la notion de « puissance douce » (soft power), un ensemble d’outils et de méthodes pour accomplir des tâches de politique étrangère sans utiliser les armes, grâce à des leviers informationnels et autres. Malheureusement, ces méthodes sont souvent utilisées pour encourager et provoquer l’extrémisme, le séparatisme, le nationalisme, la manipulation de la conscience de l’opinion publique et l’ingérence directe dans la politique nationale des Etats souverains.

Il convient de faire clairement la distinction entre la liberté d’expression et l’activité politique normale, d’une part, et l’utilisation des outils illégitimes de puissance douce de l’autre. On ne peut que saluer le travail civilisé des organisations humanitaires et caritatives non gouvernementales. Y compris par leurs critiques actives des autorités en place. Cependant, les activités des « pseudo-ONG » et d’autres organismes ayant pour but de déstabiliser, avec le soutien étranger, la situation dans tel ou tel pays, sont inacceptables.

Je veux parler des cas où l’activité d’une organisation non gouvernementale n’était pas motivée par les intérêts (et les ressources) des groupes sociaux locaux, mais était financée et entretenue par des forces extérieures. A l’heure actuelle, il existe dans le monde de nombreux « agents d’influence » des grandes puissances, des alliances et des corporations. Lorsqu’ils agissent ouvertement, il s’agit simplement d’une des formes de lobbyisme civilisé. La Russie dispose également de telles institutions – l’agence fédérale Rossotroudnitchestvo, la fondation Rousski mir (Monde russe), ainsi que nos principales universités, qui élargissent la recherche d’étudiants talentueux à l’étranger.

Mais la Russie n’utilise pas les ONG nationales d’autres pays et ne finance pas ces ONG et les organisations politiques étrangères afin de promouvoir ses propres intérêts. La Chine, l’Inde et le Brésil ne le font pas non plus. Selon nous, l’influence sur la politique nationale et sur l’opinion publique dans d’autres pays doit être exclusivement ouverte. De cette façon, les acteurs agiront de manière la plus responsable possible.

Les nouveaux défis et menaces

L’Iran se trouve actuellement sous les feux des projecteurs. Evidemment, la Russie est préoccupée par la menace croissante du lancement d’une opération militaire contre ce pays. Si cela se produisait, les conséquences seraient vraiment désastreuses. Il est impossible d’imaginer leur véritable ampleur.

Je suis convaincu que ce problème doit être réglé uniquement de manière pacifique. Nous proposons de reconnaître le droit de l’Iran de développer son programme nucléaire civil, y compris le droit de produire de l’uranium enrichi. Mais il faut le faire moyennant le placement de toute l’activité nucléaire iranienne sous le contrôle minutieux et fiable de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Si cela fonctionne, on pourra lever toutes les sanctions contre l’Iran, y compris unilatérales. L’Occident s’est laissé emporter par sa tendance à vouloir châtier certains pays. À la moindre contrariété, il engage des sanctions, voire lance une opération militaire. Je voudrais rappeler que nous ne sommes plus au XIXe ou même au XXe siècle.

La situation autour du problème nucléaire nord-coréen est tout aussi sérieuse. En faisant une entorse au régime de non prolifération, Pyongyang exige ouvertement le droit de disposer du nucléaire militaire et a déjà réalisé deux essais nucléaires. Le statut nucléaire de la Corée du Nord est inacceptable pour nous. Nous sommes toujours en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne, par des moyens exclusivement politiques et diplomatiques, et nous appelons au rétablissement des négociations à six.

Cependant, de toute évidence, tous nos partenaires ne partagent pas cette approche. Je suis convaincu qu’il faut être particulièrement prudent à l’heure actuelle. Les tentatives pour tester la résistance du nouveau dirigeant nord-coréen, ce qui provoquerait des contre-mesures irréfléchies, sont inadmissibles.

Rappelons que la Russie et la Corée du Nord ont une frontière commune, et, comme nous le savons, on ne choisit pas ses voisins. Nous poursuivrons un dialogue actif avec le gouvernement de ce pays et le développement des relations conviviales, tout en incitant Pyongyang à régler le problème nucléaire. Ce serait évidemment plus facile si l’atmosphère de confiance mutuelle se renforçait sur la péninsule et si le dialogue inter-coréen se rétablissait.

Dans le contexte des passions déchaînées par les programmes nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord, on commence à réfléchir inévitablement à la manière dont les risques de prolifération de l’armement nucléaire apparaissent, et qui les renforce. On a l’impression que les cas devenus plus fréquents d’ingérence étrangère, brutale et même armée, dans les affaires nationales d’un pays, peuvent inciter tels ou tels régimes autoritaires (et pas seulement) à se doter de l’arme nucléaire. En pensant que la possession de cette arme les protégerait. Et ceux qui ne la possèdent pas n’ont qu’à attendre une « intervention humanitaire. »

Que cela nous plaise ou non, l’ingérence étrangère pousse effectivement vers une telle manière de penser. Et c’est la raison pour laquelle le nombre de pays où les technologies nucléaires militaires sont « à portée de main » ne diminue pas, mais augmente. Dans ces conditions, l’importance des zones affranchies d’armes de destruction massive et créées dans différentes parties de la planète s’accroît. A l’initiative de la Russie, une discussion sur les paramètres d’une telle zone au Moyen-Orient a commencé.

Il faut tout faire pour que personne ne soit tenté d’obtenir une arme nucléaire. À cet effet, les combattants de la non prolifération doivent changer eux-mêmes, notamment ceux qui se sont habitués à punir d’autres pays par la force militaire au mépris de la diplomatie. C’était, par exemple, le cas en Irak, dont les problèmes n’ont fait que s’aggraver après une occupation de près de dix ans.

Si on parvenait enfin à éradiquer les motivations qui poussent les Etats à posséder une arme nucléaire, on pourrait alors rendre le régime international de non prolifération véritablement universel et solide grâce aux traités en vigueur. Un tel régime permettrait à tous les pays intéressés de profiter pleinement du nucléaire pacifique sous le contrôle de l’AIEA.

Cela serait très bénéfique pour la Russie, car nous travaillons activement sur les marchés internationaux, nous construisons de nouvelles centrales nucléaires avec des technologies modernes et sûres, et nous participons à la création de centres internationaux d’enrichissement d’uranium et de banques de combustible nucléaire.

L’avenir de l’Afghanistan est également préoccupant. Nous avons soutenu l’opération militaire destinée à apporter une aide internationale à ce pays. Mais le contingent militaire international sous l’égide de l’Otan n’a pas rempli la mission assignée. Le danger terroriste et la narcomenace émanant d’Afghanistan demeurent. En annonçant le retrait de leurs troupes de ce pays en 2014, les Etats-Unis créent dans ce pays et les pays voisins des bases militaires sans aucun mandat, sans objectif et délais clairs de leur activité. Bien sûr, cela ne nous convient pas.

La Russie a des intérêts évidents en Afghanistan. Et ces intérêts sont parfaitement légitimes. L’Afghanistan est notre voisin proche, et il est dans notre intérêt que ce pays se développe de manière stable et pacifique. Et surtout qu’il cesse d’être la principale source de la narcomenace. Le trafic de stupéfiants est devenu l’une des principales menaces, il sape le fond génétique des nations tout entières, crée un milieu prospère pour la corruption et le crime et conduit à la déstabilisation de la situation en Afghanistan même. Il est à noter que non seulement la production de stupéfiants afghans ne se réduit pas, mais l’année dernière, elle a augmenté de près de 40%. La Russie est la cible d’une véritable agression de l’héroïne, qui inflige un immense préjudice à la santé de nos concitoyens.

Etant donné l’ampleur de la menace émanant de la drogue afghane, il n’est possible de lutter qu’en s’unissant, en s’appuyant sur l’ONU et les organisations régionales – l’OTSC (Organisation du traité de sécurité collective), l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai) et la CEI (Communauté des États indépendants). Nous sommes prêts à envisager une augmentation significative de la participation de la Russie à l’opération d’aide au peuple afghan. Mais à condition que le contingent international en Afghanistan agisse de manière plus énergique dans notre intérêt également, qu’il s’attelle à la destruction physique des plantations de drogue et des laboratoires clandestins.

Les opérations antidrogue intensifiées en Afghanistan doivent s’accompagner du démantèlement des filières de transport des opiacés sur les marchés extérieurs, de la suppression des flux financiers sponsorisant le trafic de stupéfiants, ainsi que du blocage des fournitures des produits chimiques utilisés pour la fabrication de l’héroïne. L’objectif consiste à mettre en place dans la région un système complexe de sécurité antidrogue. La Russie contribuera réellement à l’unification efficace des efforts de la communauté internationale afin de parvenir à un changement radical dans la lutte contre la narcomenace mondiale.

Il est difficile de faire des pronostics sur l’évolution de la situation en Afghanistan. L’histoire nous enseigne que la présence militaire étrangère ne lui a pas apporté la paix. Seuls les Afghans sont capables de régler leurs propres problèmes. Selon moi, le rôle de la Russie consiste à aider le peuple afghan à créer une économie stable et à améliorer la capacité des forces armées nationales de lutter contre la menace du terrorisme et du trafic de drogue, avec la participation active des pays voisins. Nous ne sommes pas opposés à ce que l’opposition armée, y compris les talibans, se joigne au processus de réconciliation nationale, à condition qu’elle renonce à la violence, reconnaisse la constitution du pays et rompe ses liens avec Al-Qaïda et d’autres organisations terroristes. En principe, j’estime que l’établissement d’un Etat afghan pacifique, stable, indépendant et neutre est tout à fait réalisable.

L’instabilité ancrée pendant des années et des décennies constitue un terreau fertile pour le terrorisme international. Tout le monde reconnaît qu’il s’agit d’un des plus dangereux défis pour la communauté internationale. Je voudrais souligner que les zones de crise qui engendrent les menaces terroristes se trouvent à proximité des frontières russes, bien plus que de nos partenaires européens ou américains. Les Nations Unies ont adopté la Stratégie antiterroriste mondiale, mais on a l’impression que la lutte contre ce mal n’est toujours pas menée selon un plan universel commun et de manière cohérente, mais dans un régime de réaction aux manifestations les plus aiguës et les plus barbares de la terreur, lorsque l’indignation publique des actions provocantes des terroristes est au plus haut degré. Le monde civilisé ne doit pas attendre qu’une autre tragédie similaire à celle du 11 septembre 2001 à New York ou de l’école de Beslan se produise pour commencer à agir de manière collective et déterminée.

Toutefois, je suis loin de vouloir nier les résultats obtenus dans la lutte contre le terrorisme international. Ils sont bien tangibles. Ces dernières années, la coopération entre les services de renseignement et les forces de l’ordre de divers pays s’est nettement renforcée. Mais les réserves dans la coopération antiterroriste sont évidentes. Que peut-on dire si jusqu’à présent, des doubles standards demeurent encore, et qu’en fonction du pays, on perçoit les terroristes différemment, en les considérant comme « mauvais » ou « pas trop mauvais. » Certains n’hésitent pas à utiliser ces derniers dans leur jeu politique, par exemple pour déstabiliser des régimes indésirables.

Je dirais également que toutes les institutions de la société – les médias, les associations religieuses, les ONG, le système d’éducation, la science et les entreprises, doivent être pleinement utilisées dans la prévention du terrorisme. On a besoin d’un dialogue interconfessionnel et, dans un sens plus large, intercivilisationnel. La Russie est un pays multiconfessionnel et nous n’avons jamais connu de guerres religieuses. Nous pourrions apporter notre contribution à la discussion internationale sur ce sujet.

L’Asie-Pacifique acquiert une nouvelle dimension

La Chine, centre crucial de l’économie mondiale, est un voisin de la Russie. Les délibérations sur son futur rôle dans l’économie mondiale et les affaires internationales sont désormais à la mode. L’année dernière, la Chine s’est hissée au deuxième rang dans le monde en termes de PIB, et à court terme, selon les experts internationaux, notamment américains, elle dépassera les Etats-Unis pour cet indice. La puissance globale de la République populaire de Chine augmente également, y compris son aptitude à projeter ses forces dans diverses régions.

Quelle attitude la Russie doit-elle adopter dans le contexte du facteur chinois qui prend rapidement de l’ampleur?

Premièrement, je suis persuadé que la croissance de l’économie chinoise n’est pas une menace mais un défi qui comporte un potentiel colossal de coopération dans le domaine des affaires, ainsi qu’une chance de gonfler les « voiles » de l’économie russe avec le « vent chinois. » La Russie devrait établir plus activement des liens de coopération en conjuguant les potentiels technologique et industriel des deux pays et en mettant à profit, certes de manière intelligente, le potentiel chinois, aux fins de relance économique de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russes.

Deuxièmement, la politique de la Chine sur l’échiquier mondial n’offre aucun prétexte à accuser Pékin de chercher à dominer la planète. La voix de la Chine est, en effet, de plus en plus audible dans le monde, et la Russie s’en réjouit, car Pékin partage la vision russe de l’ordre mondial équilibré actuellement en gestation. Les deux pays continueront à s’assister mutuellement dans l’arène internationale en réglant conjointement les problèmes aigus à l’échelle régionale et mondiale et en renforçant la coopération au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), du G20, et d’autres organismes multilatéraux.

Enfin, troisièmement, la Russie a réglé tous les problèmes politiques cruciaux dans ses relations avec la Chine, dont le plus important est le litige frontalier. Un mécanisme solide et étayé par des documents juridiquement contraignants a été mis en place dans les relations bilatérales. Les deux gouvernements ont atteint un niveau de confiance sans précédent dans leurs rapports. Cela permet à la Russie et à la Chine d’agir dans un esprit de partenariat authentique basé sur le pragmatisme et la prise en compte des intérêts mutuels. L’actuel modèle des relations sino-russes paraît extrêmement prometteur.

Ceci dit, les relations entre la Russie et la Chine ne sont certainement pas dépourvues de problèmes. Des frictions surviennent de temps en temps. Les intérêts commerciaux des deux Etats dans les pays tiers ne coïncident pas toujours, la Russie n’étant pas entièrement satisfaite par la structure des échanges commerciaux et par le niveau peu élevé des investissements mutuels. La Russie se prépare à surveiller de près les flux migratoires en provenance de Chine.

Toutefois, mon idée clé est la suivante: la Russie a besoin d’une Chine prospère et stable, et je suis persuadé que la Chine, à son tour, a besoin d’une Russie forte et florissante.

Un autre géant asiatique, à savoir l’Inde, fait également preuve d’une croissance rapide. La Russie et l’Inde sont traditionnellement liées par les relations d’amitié et les deux gouvernements les qualifient de partenariat stratégique privilégié. Son reforcement sera bénéfique aussi bien à nos deux pays qu’au système polycentrique tout entier en gestation dans le monde.

Nous assistons non seulement à la croissance de la Chine et de l’Inde, mais à l’augmentation du rôle de la région Asie-Pacifique tout entière. Dans ce contexte, de nouvelles perspectives de travail fructueux s’offrent dans le cadre de la présidence russe au sein de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC). En septembre 2012, la Russie accueillera le sommet de l’APEC à Vladivostok, où elle y met rapidement en place des infrastructures modernes, ce qui contribuera au développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russes et permettra à la Russie de rejoindre les processus dynamiques d’intégration au sein de la « nouvelle Asie. »

La Russie attache actuellement et continuera à attacher à l’avenir une importance prioritaire aux relations avec ses partenaires du groupe BRICS.
Cette structure inédite créée en 2006 est la démonstration la plus spectaculaire du passage d’un monde unipolaire à un ordre mondial plus équilibré. Le groupe réunit cinq pays dont la population s’élève à près de trois milliards de personnes, et qui sont dotés des plus importantes économies émergentes, de gigantesques ressources naturelles et de main-d’oeuvre, ainsi que de marchés intérieurs colossaux. Après l’adhésion de l’Afrique du Sud, le groupe BRICS a acquis une dimension réellement mondiale, et il génère déjà plus de 25% du PIB de la planète.

Les pays membres du groupe sont en train de s’habituer à travailler ensemble au sein de cette structure et de s’adapter les uns aux autres. Il s’agit, notamment, de mettre en place une meilleure coordination en matière de politique internationale et de coopérer plus étroitement au sein de l’ONU. Toutefois, après avoir atteint sa vitesse de croisière, le BRICS, fort de ses cinq membres, exercera une influence extrêmement perceptible sur l’économie et la politique mondiales.

Ces dernières années, la diplomatie et le milieu des affaires russes ont commencé à attacher une plus grande importance au développement de la coopération avec les pays asiatiques, latino-américains et africains. Dans ces régions, la Russie bénéficie toujours d’une sympathie sincère. J’estime que l’un des objectifs de la prochaine période sera l’intensification de la coopération commerciale et économique entre la Russie et ces pays, ainsi que la mise en oeuvre de projets conjoints dans les secteurs de l’énergie, des infrastructures, des investissements, des sciences et technologies, des banques et du tourisme.

Le rôle croissant des régions susmentionnées dans le système démocratique de gestion de l’économie et des finances mondiales se reflète dans l’activité du G20. J’estime que ce groupe deviendra prochainement un instrument stratégiquement important, non seulement de gestion en période de crise, mais également de réformes à long terme de l’architecture financière et économique de la planète. La Russie présidera le G20 en 2013. Certes, le pays devrait profiter de sa présidence pour améliorer, entre autres, l’interaction entre le G20 et d’autres structures multilatérales, notamment avec le G8 et bien sûr l’ONU.

Le facteur européen

La Russie est une partie intégrante et organique de la Grande Europe, de la civilisation européenne au sens large du terme. Les citoyens russes se considèrent comme des Européens. Nous sommes loin d’être indifférents face à l’évolution de l’Union européenne.

C’est la raison pour laquelle la Russie initie la transformation de l’espace entre les océans Atlantique et Pacifique en une entité économique et humanitaire unifiée que les experts russes qualifient d’Union de l’Europe et qui renforcera davantage les moyens et les positions de la Russie dans le cadre de son revirement économique vers l’ »Asie nouvelle. »

Dans le contexte de l’essor de la Chine, de l’Inde et d’autres économies émergentes, les chocs financiers et économiques qui secouent l’Europe, auparavant oasis de stabilité et d’ordre, ne nous indiffèrent pas. La crise de la zone euro concerne forcément la Russie, étant donné avant tout que l’Union européenne est le plus grand partenaire économique et commercial de notre pays. Il est évident que la situation en Europe est largement déterminante pour les perspectives de développement du système économique mondial dans son ensemble.

La Russie a activement rejoint les mesures internationales visant à soutenir les économies européennes en difficulté, elle participe constamment à la prise de décisions collectives au sein du Fonds monétaire international (FMI). La Russie n’exclut pas en principe la possibilité d’offrir, dans certains cas, une aide financière directe.

Néanmoins, j’estime que les injections financières en provenance de l’étranger ne peuvent constituer qu’une solution partielle. Le règlement intégral du problème nécessite des mesures énergiques systémiques. Les dirigeants européens sont confrontés à la nécessité de mettre en œuvre des réformes d’envergure visant à remanier foncièrement plusieurs mécanismes financiers et économiques destinés à assurer une véritable discipline budgétaire. La Russie a intérêt à avoir affaire à une Union européenne forte, correspondant à la vision de l’Allemagne et de la France, car nous souhaiterions concrétiser le puissant potentiel de partenariat entre la Russie et l’UE.

L’interaction actuelle de la Russie avec l’Union européenne n’est tout de même pas à la hauteur des défis mondiaux, avant tout sur le plan du renforcement de la compétitivité de notre continent commun. Je suggère de nouveau qu’un effort soit fait afin de créer une communauté harmonieuse d’économies entre Lisbonne et Vladivostok. Et à terme, il s’agit de créer une zone de libre-échange, voire des mécanismes encore plus sophistiqués d’intégration économique. Cela nous permettrait de bénéficier d’un marché commun continental se chiffrant à plusieurs milliers de milliards d’euros. Se trouve-t-il des gens pour douter que ce serait une excellente idée et que cela correspondrait aux intérêts des Russes et des Européens?

Une coopération plus étroite dans le secteur de l’énergie, allant jusqu’à la création d’un complexe énergétique unifié de l’Europe, est un autre sujet de réflexion. Les étapes importantes visant à atteindre cet objectif sont la construction des gazoducs Nord Stream via la mer Baltique et South Stream via la mer Noire. Les deux projets ont bénéficié du soutien de plusieurs gouvernements, et les plus importantes sociétés énergétiques européennes y participent. Après la mise intégrale en exploitation de ces gazoducs, l’Europe disposera d’un système d’approvisionnement en gaz fiable et flexible et indépendant des caprices politiques de qui que ce soit. Ce sera une contribution réelle et non pas factice à la sécurité énergétique du continent. Or, ce problème revêt une importance particulière étant donné la décision de certains pays européens de réduire ou de renoncer totalement à l’énergie nucléaire.

Force m’est de déclarer franchement que le Troisième paquet énergie, dont la Commission européenne a assuré le lobbying et qui vise à évincer du marché les entreprises russes intégrées, ne contribue pas au renforcement de nos relations. Qui plus est, étant donné la déstabilisation accrue des fournisseurs d’hydrocarbures autres que la Russie, il exacerbe les risques systémiques menaçant le secteur énergétique européen et constitue un obstacle aux investissements potentiels dans de nouveaux projets d’infrastructure. En s’entretenant avec moi, de nombreux politiques européens se montrent critiques envers le paquet. Il s’agit d’avoir le courage d’éliminer cet obstacle de la voie de notre coopération mutuellement avantageuse.

J’estime qu’un partenariat authentique entre la Russie et l’Union européenne est impossible sans l’abolition des barrières qui entravent les contacts humains et économiques, avant tout du régime des visas.
L’introduction d’un régime sans visas donnerait une puissante impulsion à une véritable intégration de la Russie et de l’Union européenne, elle permettrait d’élargir les contacts culturels et d’affaires, avant tout entre les petites et moyennes entreprises. La menace pour l’Europe de l’afflux des prétendus immigrés économiques en provenance de Russie, relève largement de l’imagination. Les Russes ont l’occasion d’exploiter leur savoir-faire professionel dans leur patrie, et l’éventail de ces possibilités ne fait que s’élargir.

En décembre 2011, la Russie a concerté avec l’Union européenne des mesures conjointes visant à établir un régime sans visas. Elles peuvent et doivent être appliquées sans tergiverser. Mon intention est de continuer à me consacrer à ce problème de la manière la plus active.

Les relations russo-américaines

Ces dernières années, un grand effort a été réalisé afin de développer les relations entre la Russie et les Etats-Unis. Toutefois, la matrice de ces relations n’a pas toujours pas été radicalement transformée et elles continuent de connaître des hauts et des bas. Une telle instabilité dans le partenariat entre la Russie et les Etats-Unis est due, en partie, à la pérennité de certains stéréotypes et phobies. La façon dont la Russie est perçue par le Congrès américain est particulièrement révélatrice. Toutefois, le problème crucial réside dans le fait que le dialogue et la coopération bilatéraux ne s’appuient pas sur une base économique solide. Les échanges commerciaux sont loin d’être à la hauteur du potentiel des économies russes et américaines. Il en est de même pour les investissements bilatéraux. Ainsi la toile protectrice qui éviterait à nos relations des oscillations conjoncturelles n’a toujours pas été tissée. Il s’agit de la créer.

La compréhension mutuelle entre les deux pays ne s’améliore pas non plus étant donné les efforts réguliers des Etats-Unis pour procéder à une « ingénierie politique », notamment dans des régions traditionnellement importantes pour la Russie et également au cours des campagnes électorales russes.

Je répète que l’initiative américaine de créer l’ABM européen suscite notre préoccupation tout à fait légitime. Pourquoi la Russie est-elle plus alarmée que les autres pays? Le fait est que l’ABM européen impacte les forces stratégiques de dissuasion nucléaire dont seule la Russie dispose dans ce théâtre, ce qui compromet l’équilibre militaire et politique peaufinée pendant des décennies.

Le lien indissoluble entre l’ABM et les armes stratégiques offensives est consacré par le nouveau traité de réduction des armes nucléaires START signé en 2010. Le traité est entré en vigueur et il se montre efficace. C’est un résultat crucial en matière de politique internationale. La Russie est prête à examiner divers éléments susceptibles de constituer l’agenda russo-américain en matière de contrôle des armes pour la prochaine période. La règle immuable dans ce domaine est le respect du rapport de forces et l’abandon des tentatives d’utiliser les pourparlers afin de s’assurer des avantages unilatéraux.

Qu’il me soit permis de rappeler que dès 2007 j’ai proposé au président George W. Bush à Kennebunkport de régler le problème de l’ABM. Si elle avait été adoptée, mon initiative aurait modifié la nature traditionnelle des relations russo-américaines et aurait imprimé une impulsion positive au processus. Qui plus est, en réalisant à l’époque un progrès dans le domaine de l’ABM, nous aurions littéralement ouvert la voie à la création d’un modèle foncièrement nouveau de coopération, proche d’une alliance, notamment dans plusieurs autres domaines sensibles.

Cela ne s’est pas produit. Il serait certainement utile de réexaminer l’enregistrement des pourparlers à Kennebunkport. Ces dernières années, le gouvernement russe a également avancé d’autres initiatives visant à trouver un terrain d’entente dans le domaine de l’ABM. Toutes ces propositions restent en vigueur.

Quoi qu’il en soit, nous ne voudrions pas mettre une croix sur la recherche de compromis dans le règlement du problème de l’ABM. Nous souhaiterions éviter que le système américain soit déployé à une telle échelle que cela rendrait nécessaire la mise en œuvre des mesures de rétorsion que la Russie a rendues publiques.

Récemment, j’ai eu un entretien avec M. Kissinger. Nous nous voyons régulièrement. Et je partage entièrement l’opinion de ce véritable professionnel, selon lequel une coopération étroite et empreinte de confiance entre Moscou et Washington est particulièrement requise au moment où le monde traverse des périodes turbulentes.

Globalement, la Russie était prête à fournir un effort réellement important afin de développer ses relations avec les Etats-Unis et de réaliser un progrès qualitatif, à condition toutefois que les Américains appliquent dans la pratique le principe du partenariat équitable et mutuellement respectueux.

La diplomatie économique

En décembre 2011, la Russie a adhéré à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) au terme d’une épopée longue de plusieurs années. J’aimerais faire remarquer qu’à l’étape finale de ce processus, l’administration de Barack Obama et les dirigeants de plusieurs puissances européennes ont apporté une contribution active à la finalisation des accords.

En toute honnêteté, ce processus long et ardu nous a souvent donné envie de « claquer la porte » et de tout abandonner. Toutefois, la Russie n’a pas cédé aux émotions. Au final, notre pays a obtenu des compromis avantageux: les intérêts des producteurs industriels et agricoles russes ont été respectés dans l’attente d’une concurrence accrue de la part des entreprises étrangères. Les acteurs économiques russes bénéficieront de nouvelles possibilités considérables pour accéder au marché mondial et pouvoir y protéger leurs droits de manière civilisée. Pour moi, c’est cela qui constitue le principal résultat et non pas le fait symbolique de l’adhésion de la Russie au « club » mondial du commerce.

La Russie respectera les normes de l’OMC, au même titre que tous ses autres engagements internationaux. Je compte sur un respect similaire des règles du jeu de la part de nos partenaires. Qu’il me soit permis de faire remarquer en passant que nous avons déjà intégré les principes de l’OMC sur la base juridique de l’Espace économique commun regroupant la Russie, la Biélorussie et le Kazakhstan.

En analysant notre façon de promouvoir les intérêts économiques russes sur l’échiquier mondial, on se rend compte que nous en sommes encore à l’étape de l’apprentissage pour le faire de manière systémique et cohérente. Contrairement à nos divers partenaires occidentaux, nous ne possédons pas encore la technique pour promouvoir correctement les mesures profitables aux entreprises russes sur les plateformes où s’effectuent les échanges commerciaux internationaux.

Or, il nous incombe la tâche de résoudre des problèmes cruciaux dans ce domaine en tenant compte du fait que le développement innovateur revêt une importance prioritaire pour la Russie. Il s’agit de garantir à la Russie des positions équitables dans le système actuel des relations économiques mondiales et de réduire au minimum les risques inhérents à l’intégration du pays à l’économie mondiale, notamment dans le contexte de l’adhésion mentionnée à l’OMC et de l’adhésion imminente de la Russie à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

La condition sine qua non est un accès plus libre et non-discriminatoire de la Russie aux marchés extérieurs. Actuellement on ne prend pas de gants à l’étranger avec les acteurs économiques russes. Ils sont confrontés à des mesures restrictives de nature commerciale et politique, on érige des barrières qui désavantagent les entreprises russes dans la concurrence.

Il en est de même en ce qui concerne les investissements. La Russie cherche à attirer des capitaux étrangers dans son économie en leur ouvrant les secteurs les plus intéressants et en leur offrant de véritables « morceaux de choix », notamment dans le secteur de l’énergie et des hydrocarbures. Or, les investisseurs russes ne sont pas choyés à l’étranger, voire sont souvent ostensiblement repoussés.

Les exemples sont légion. Il suffit de rappeler l’histoire de l’allemand Opel que les investisseurs russes n’ont finalement pas pu acquérir, même en dépit de l’approbation de la transaction par le gouvernement de la République fédérale d’Allemagne et de la réaction positive des syndicats allemands. Il y a également des cas scandaleux où les entreprises russes se voient refuser la jouissance des droits d’investisseur après avoir investi des sommes considérables dans des actifs à l’étranger. Ces exemples sont particulièrement fréquents en Europe centrale et de l’Est.

Tout cela nous inspire l’idée de la nécessité de renforcer l’accompagnement politique et diplomatique des entreprises russes sur les marchés extérieurs et d’accorder un soutien plus massif à nos projets d’envergure et revêtant une importance symbolique. Il ne faut pas non plus oublier que face à la concurrence déloyale, la Russie est à même de réagir de manière symétrique.

Le gouvernement et les associations des milieux d’affaires russes devraient coordonner plus précisément leurs efforts dans l’arène internationale, mieux promouvoir les intérêts des entreprises russes et les assister dans l’implantation sur de nouveaux marchés.

J’aimerais également attirer l’attention sur un fait important qui détermine largement le rôle et la place de la Russie dans le rapport de forces politiques et économiques actuel et futur au niveau international. Il s’agit du territoire immense de notre pays. Il ne correspond certes plus à un sixième des terres émergées, néanmoins la Fédération de Russie reste l’Etat le plus étendu et doté de ressources richissimes sans égales au monde. Je ne parle pas seulement du pétrole et du gaz mais également des forêts, des terres agricoles et des réserves d’eau douce pure.

Autrement dit, le territoire russe est la source de la force potentielle de la Russie. Auparavant, l’étendue immense du territoire russe assurait principalement la protection de la Russie contre les invasions étrangères. Aujourd’hui, en appliquant une stratégie économique judicieuse, elle pourrait devenir la base cruciale pour augmenter la compétitivité du pays.

J’aimerais évoquer notamment la pénurie d’eau douce qui s’aggrave rapidement dans le monde. On peut prévoir à court terme le déclenchement d’une compétition géopolitique pour les ressources aquatiques et pour la possibilité de fabriquer des produits nécessitant une grande consommation d’eau. La Russie obtient ainsi un atout majeur. Or, elle est consciente de la nécessité de gérer cette richesse avec parcimonie et en faisant des calculs stratégiques.

Le soutien aux Russes de l’étranger et la culture russe

dans le contexte international

Le respect de sa patrie est notamment conditionné par l’aptitude de cette dernière à protéger ses citoyens et les personnes appartenant à la même ethnie à l’étranger. Il est important de ne jamais oublier les intérêts des millions de Russes vivant à l’étranger ou se rendant dans d’autres pays en congé ou en mission. Je voudrais souligner que le ministère russe des Affaires étrangères, ainsi que toutes les missions diplomatiques et consulaires sont tenues de fournir une aide et une assistance réelle aux Russes 24 heures sur 24. Les diplomates doivent réagir immédiatement, sans attendre que les médias ne tirent la sonnette d’alarme, aux collisions survenant entre nos citoyens et les autorités locales, ainsi qu’aux incidents et aux accidents de transport.

Nous agirons avec la plus grande détermination afin d’obtenir que les gouvernements letton et estonien mettent en œuvre les nombreuses recommandations des plus importantes organisations internationales relatives au respect des droits généralement reconnus des minorités ethniques. L’infâme statut de « non-citoyen » est inacceptable. Comment peut-on d’ailleurs accepter le fait qu’un Letton sur six et un Estonien sur treize soient des « non-citoyens » dépourvus des droits politiques, électoraux, sociaux et politiques fondamentaux, ainsi que de la possibilité d’utiliser librement la langue russe.

Prenons à titre d’exemple le référendum qui s’est tenu tout récemment en Lettonie et portant sur le statut de la langue russe. Il a de nouveau clairement montré à la communauté mondiale l’acuité du problème. Le fait est que plus de 300.000 « non-citoyens » se sont de nouveau vu refuser le droit de participer au vote. Et le refus de la Commission électorale centrale de Lettonie d’accorder à la Chambre sociale russe le statut d’observateur au référendum est absolument révoltant. Or, les organisations internationales chargées de faire respecter les normes démocratiques généralement reconnues semblent se murer dans leur silence.

Globalement, la façon dont la problématique relative aux droits de l’homme est exploitée dans le contexte des relations internationales est peu susceptible de satisfaire la Russie. Premièrement, les Etats-Unis et d’autres pays occidentaux cherchent à monopoliser la protection des droits de l’homme, la politiser intégralement et en faire un moyen de pression. Parallèlement, ils ne tolèrent pas les critiques à leur égard et y réagissent d’une manière extrêmement maladive. Deuxièmement, le choix d’objets de monitorage par les défenseurs des droits de l’homme est sélectif. Au lieu d’appliquer des critères universels, les Etats qui ont « privatisé » ce dossier, agissent à leur guise.

La Russie se sent victime de la partialité, du parti pris et de l’agressivité des critiques malintentionnées dont elle est l’objet et qui dépassent parfois toutes les bornes. Les critiques justifiées des défauts ne peuvent qu’être saluées et donner lieu à des conclusions adéquates. Or, face aux critiques infondées, qui s’abattent vague après vague et visent à manipuler systématiquement l’attitude des citoyens des pays en question envers la Russie, ainsi qu’influencer directement la situation politique en Russie, on se rend compte que ces efforts ne sont pas motivés par des principes démocratiques de la plus haute moralité.

Le domaine des droits de l’homme ne doit être monopolisé par personne.
La Russie est une jeune démocratie, et elle se montre souvent excessivement modeste en ménageant l’amour-propre de ses partenaires aguerris. Or, la Russie a son mot à dire: nul n’est parfait quant au respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Les démocraties bien établies commettent également des violations sérieuses dans ce domaine, et il ne faut pas les passer sous silence. Certes, il ne s’agit pas d’échanger tout bêtement des accusations insultantes, sachant que toutes les parties profitent d’une discussion constructive des problèmes relatifs aux droits de l’homme.

Fin 2011, le ministère russe des Affaires étrangères a publié son premier rapport Sur la situation des droits de l’homme dans certains pays du monde. J’estime que cette activité devrait s’intensifier, notamment afin de contribuer à une coopération plus large et équitable dans la totalité du secteur des problèmes humanitaires et à la promotion des principes fondamentaux de la démocratie et des droits de l’homme.

À ce propos, les faits mentionnés ne sont qu’une partie de l’accompagnement informationnel et propagandiste des activités internationales et diplomatiques de la Russie et de la création d’une image objective de la Russie à l’étranger. Force nous est de reconnaître que nos succès en la matière ne sont pas nombreux. Nous sommes souvent battus sur le terrain informationnel. C’est un problème à part entière et à plusieurs facettes auquel il s’agit de se consacrer sérieusement.

La Russie est l’héritière d’une grande culture reconnue aussi bien en Occident qu’en Orient. Mais nos investissements dans les industries culturelles et dans leur promotion sur le marché mondial restent encore très faibles. La renaissance de l’intérêt mondial envers le domaine culturel et celui des idées qui se traduit par l’implication des sociétés et des économies dans le réseau mondial d’information offre des opportunités supplémentaires à la Russie, dotée de talents confirmés dans la production des valeurs culturelles.

La Russie est non seulement à même de conserver sa culture mais de l’utiliser en tant que facteur puissant de promotion sur les marchés mondiaux. L’espace russophone englobe pratiquement tous les pays de l’ex-URSS et une partie significative de l’Europe de l’Est. Il ne s’agit pas d’un empire mais d’une expansion culturelle. Ce ne sont pas les canons, ni l’importation de régimes politiques mais l’exportation de l’enseignement et de la culture qui contribueront à la création d’un cadre favorable aux produits, aux services et aux idées russes.

La Russie doit renforcer de plusieurs crans sa présence dans le monde en matière d’enseignement et de culture et l’augmenter tout particulièrement dans les pays où une partie de la population parle ou comprend le russe.

Il est nécessaire de discuter sérieusement de la manière la plus efficace d’améliorer la perception objective de la Russie grâce à l’organisation dans notre pays d’importants événements internationaux, à savoir du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) en 2012, des sommets du G20 et du G8 en 2013 et 2014, de l’Universiade de 2013 à Kazan, des Jeux olympiques d’hiver de 2014, ainsi que des Coupes du monde de hockey sur glace et de football de 2016 et de 2018.

* * * * *

La Russie est disposée à continuer d’assurer sa sécurité et de faire respecter ses intérêts nationaux par le biais de sa participation la plus active et la plus constructive à la politique mondiale et au règlement des problèmes mondiaux et régionaux. Notre pays reste ouvert à une coopération sérieuse et mutuellement avantageuse, ainsi qu’au dialogue avec tous ses partenaires étrangers. Nous nous employons à comprendre et à prendre en compte les intérêts de nos partenaires, mais nous les prions de respecter également les nôtres.

© Moskovskie Novosti

Vladimir Poutine

le 27 février 2012


23 Février au 11 Mars 2012: LA SEMAINE ANTI COLONIALE

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signalée par le site Frantz Fanon international:


Agenda disponible sur le site http://www.anticolonial.net


et le [programme détaillé de la semaine anticoloniale 2012

sur le lien …->http://www.anticolonial.net/spip.php?article2433]


LA QUESTION POSÉE PAR Serge LETCHMINY!

[voir la réponse de Guy Langlois

sur le site “frantzfanoninternational”->http://www.frantzfanoninternational.org/spip.php?article304]


6 MARS 2012 – PARIS – IREMMO: RENCONTRE AVEC YVES AUBIN DE LA MESSUZIERE

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Rencontre

Mardi 6 Mars 2012

Rencontre avec Yves Aubin de la Messuzière

autour de son ouvrage

“Mes années Ben Ali”

Un ambassadeur de France en Tunisie

18h – 20h


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Présentation de l’éditeur

Les Tunisiens ont été heurtés par la position de la France la veille de la Révolution. Un diplomate français un peu «à part», et non des moindres, Yves Aubin de La Messuzière, ancien ambassadeur de France en Tunisie, en a pris acte et a décidé de rompre le silence. Il avait déjà détonné et séduit la société civile, en fréquentant les opposants au régime ou encore en ouvrant, pour la première fois en 130 ans, les grilles de sa résidence au public, à une époque où toutes les chancelleries occidentales faisaient fortifier leurs enceintes.

N’étant plus tenu par le devoir de réserve, l’auteur ne mâche pas ses mots sur le cartel des familles, le «cas » tunisien, l’ambiance de fin de règne, diagnostiquant chez l’autocrate Ben Ali un syndrome indonésien, selon le bon mot de Jacques Chirac, ou qualifiant Abdelwahab Abdallah de Raspoutine tunisien.

L’auteur nous fait part de ce qu’il a toujours su et en partie tu. Toutes les questions sont posées. Tous les protagonistes de la scène politique tunisienne et française sont présents. Et, en annexe, deux télégrammes diplomatiques secrets dont la publication a été exceptionnellement autorisée.

Un grand moment de vérité, non dénué d’humeur, sur l’exercice tragi-comique du pouvoir dans un «Makhzen républicain».

Entrée libre.


iReMMO

5, rue Basse des Carmes 75005 Paris

Maubert Mutualité

01 43 29 05 65

www.iremmo.org

MAGHREB DES FILMS – PROGRAMME MARS – AVRIL 2012

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Samedi 10 mars à 10h 30

à La Pagode

57, rue de Babylone 75007:

« Le Soleil assassiné »

de Abdelkrim Bahloul,

CinéHistoire en partenariat avec Maghreb des Films

En présence de Charles Berling ou du réalisateur

Suivi d’un débat

sur “les pouvoirs algériens et la démocratie”

avec Omar Carlier professeur à l’Université Paris 7

Dix ans après l’indépendance de l’Algérie, le poète Jean Sénac qui a choisi d’y demeurer, est surveillé par la police du régime. Ses prises de position en faveur des minorités, sa défense de la langue française et son homosexualité affichée irritent le nouveau régime. et la police politique le surveille.

D’autant que ses poèmes attirent un public populaire et que son émission de radio rencontre un grand succès dans la jeunesse …

Pour en savoir plus

http://maghrebdesfilms.fr/Lettre-d-information

http://maghrebdesfilms.fr/Soleil-assassine


Mercredi 14 mars

21h

aux 3 Luxembourg :

«OAS, un passé très présent»

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de Djamel Zaoui,

en mémoire de Mouloud Feraoun,

Salah Ould Aoudia,

Ali Hammoutène,

Marcel Basset,

Robert Geymard,

Max Marchand,

assassinés par l’OAS

le 15 mars 1962

débat animé

par Mouloud Mimoun

avec le réalisateur

et

Jean-Philippe Ould Aoudia


AVRIL 2012

Du mercredi 11 au mardi 17 avril

HOMMAGE À RENÉ VAUTHIER

aux 3 Luxembourg

9 films programmés

avec le Maghreb des Films

vidéo signalée par des lecteurs de socialgerie

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“DÉJÀ LE SANG DE MAI ENSEMENÇAIT NOVEMBRE”

“AU NOM DE LA CIVILISATION par René Vautier

->http://www.youtube.com/watch?v=pKJ8rejC1dU]

reprise sous le titre

La Vérité sur l’invasion en Algérie de 1830

disponible aussi à l’adresse …


http://maghrebdesfilms.fr