« TOI QUI ENTRE à LA BNF, N’OUBLIE PAS FERNAND IVETON»

A l’occasion de la remise traditionnelle du prix « Maurice Audin », le site « Algérie-infos » (Saoudi Abdelaziz) a rendu compte de la cérémonie autour de laquelle a été évoqué également la mémoire de son camarade Fernand IVETON, lui aussi victime comme tant d’autres patriotes algériens, des lois d’exception colonialistes adoptées et mises en oeuvre sous l’égide du gouvernement socialiste dans lequel, aux côtés de Guy Mollet, s’illustra aussi avec zèle le futur président de la République française François Mitterand.

La cérémonie de remise du prix Audin de mathématiques s’est déroulée le 22 juin à 14 h dans le petit auditorium de la Bibliothèque nationale de France en présence de 140 personnes. Le Président du jury, Wendelin Werner, a remis leurs prix aux lauréats. A l’occasion du cinquantenaire de la signature des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, Gérard Tronel a remis, au nom de l’association Maurice Audin, un prix exceptionnel à Hacène Belbachir et à Tahar Boulemezaoud pour leurs contributions à la coopération franco-algérienne…

Au cours du colloque qui a suivi, La guerre d’Algérie, cinquante ans après, Henri Alleg, Roland Rappaport, Raphaëlle Branche, Mohamed Harbi, Nathalie Funès, Jean-Luc Einaudi, Gilles Manceron et Benjamin Stora, ont rappelé les circonstances dans lesquelles était née l’ »Affaire Audin » et ce qu’elle avait de symbolique dans la mesure où elle avait généré des situations de non-droit « légalisées » par des procédures du type « pouvoirs spéciaux » et articles « ad-hoc » de la constitution de 1958.

Lire la suite sur le lien suivant

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-toi-qui-entre-a-la-bnf-n-oublie-pas-fernand-iveton-107602319.html

FRANCE-ALGERIE : ENCORE UNE RECONCILIATION ?

Laurent Fabius est attendu en Algérie. Dominique de Villepin appelle à une « une réconciliation historique » entre la France et l’Algérie. Ce matin, les journaux algériens titrent d’abondance sur le sujet. Cela déclenche forcément des souvenirs.

Les politiciens ont la mémoire courte, nos médias aussi, car on s’est déjà réconcilié !

Jeudi 28 juin 2012

Par Saoudi ABDELAZIZ

Rappelez-vous, Laurent Fabius lui-même

avait activement participé, il y a trente ans, avec son compère Jacques Attali, à la préparation de la très fameuse réconciliation historique, conclue entre Chadli Bendjedid et François Mitterrand. Dès novembre 1981, quelques mois après son élection, le nouveau président français est accueilli en grandes pompes à Alger et va même déposer des fleurs à El Alia sur la tombe de Houari Boumediene. Les nouvelles relations baigneront dans l’oubli historique et une atmosphère idyllique.

Le prix du baril de pétrole n’arrêtait pas de grimper. Les importations de produits français grimpent vertigineusement. Les devises pompées par nos prédateurs sont placées ou investies en France, où elles sont accueillies avec bienveillance.

En cette première moitié des années 80, ce fut donc une belle réconciliation.

Paris était devenu le lieu de week-end habituel des gouvernants algériens qui ont commencé, dès cette époque, à y acquérir leurs pieds à terre. Même l’élite intellectuelle et artistique n’était pas oubliée dans la distribution des devises. C’était aussi l’époque bénie des bourses d’études, avec la bagnole assurée au retour. Pour les Algériens des couches moyennes, c’était le temps de la « vie meilleure » et des copieuses allocations de devises. Avant la chute du baril et le signal des manifestations de 1986 à Constantine, puis de 1988 dans tout le pays.

Mais il n’y avait pas que les plaisirs économiques.

En ces temps-là, on avait l’impression que l’Etat algérien, entraîné dans le tourbillon de la belle vie et des mondanités libérales, avait abandonné toute méfiance à l’égard de l’ancienne puissance dominante. François Mitterrand, le ministre de l’intransigeance « Algérie française » des années 50, est devenu le parrain du chadlisme. Les accords stratégiques sensibles se multiplient entre les deux états : relance de la coopération militaire, formation de policiers algériens en France. Cette francophilie aigüe va même pousser Chadli Bendjedid à demander à son nouvel ami de lui former une garde républicaine présidentielle, à l’image du GIGN que Mitterrand avait créé pour asseoir le présidentialisme policier qui connaîtra son apogée sous Sarkozy. Cette unité spéciale sera formée à Aix-en-Provence et prendra le nom de GIS. Pour l’histoire rappelons que l’assassin de Mohamed Boudiaf en faisait partie.

La dernière réconciliation algéro-française a marqué le départ de la révision néolibérale dans notre pays et de trente années de désastre national : ouverture débridée aux produits étrangers accompagnée de la liquidation des capacités nationales de production, inégalités sociales vertigineuses. La manière dont les relations entre les deux pays ont été nouées est un des facteurs décisifs de ce désastre.

En attendant, petite proposition pour les réconciliateurs. S’il vous plaît, faites que la compagnie Renault accepte de créer son usine à Jijel, c’est-à-dire de respecter nos besoin nationaux d’aménagement du territoire.

SAOUDI ADELAZIZ

1er à 3 JUILLET – ALGER: ALGERIE, 50 ANS APRES: LIBERER L’HISTOIRE

Rencontre internationale

« Algérie 50 ans après : libérer l’Histoire »

Du 1er au 3 juillet 2012

à la Bibliothèque Nationale El Hamma, Alger


PROGRAMME


Dimanche 1 juillet 2012

OUVERTURE : 08H30


Séance 01 : 09h00-11h00

Présidente : KHADDA Naget

ELSENHANS Hartmut :

Illusions françaises dans la guerre d’Algérie et nostalgies d’antan dans son historiographie versus structures d’une décolonisation inévitable.

DIAWARA Manthia :

De la Nation au panafricanisme.

EL KORSO Mohamed :

Libérer l’histoire : une question de méthode.

SIBLOT Paul :

Nécessité et conditions d’une réflexion commune sur l’histoire des rapports franco-algériens

ABANE Belaïd :

L’indépendance 50 ans après. Comment aller au-delà des deux moments fondateurs de l’état national algérien moderne : Novembre et la Soummam ?


Pause café


Séance 02 : 11h30-13h00

Président : MONNOYER Jean – Maurice

BENAOUM Ahmed :

Mémoire, identité, sciences du passé et pouvoirs

BANCEL Nicolas :

Réception en France des études postcoloniales.

BOUMAZA Nadir :

Réflexion sur les processus d’historicisation du fait colonial et de la guerre de libération.

TOUILI Mohammed :

Exemplarité et actualité du combat du F.L.N durant la Guerre de libération nationale (1954-1962).

SIARI- TENGOUR Ouanassa et SOUFI Fouad :

Les mémoires de l’Histoire.


Pause déjeuner


Séance 03 : 14h30-16h00

Président : BANCEL Nicolas

PERRENOUD Marc :

Historiographie suisse sur la guerre d’Algérie.


TAUBERT Fritz :


Contribution à la recherche sur le phénomène de décolonisation : la situation diplomatique entre RFA, RDA, France et Algérie en guerre.

MELASUO Tuomo :

La Guerre d’Algérie et la sensibilisation des pays nordiques à la décolonisation.


AZIZA Mimoun :


Le Maroc et la guerre d’indépendance algérienne.

BEKKOUCHE Hédi :

La Tunisie et la guerre d’indépendance algérienne.


Pause café


Séance 04 : 16h30-18h30

Président : EL KORSO Mohamed

CHACHOUA Kamel :

Émigration vers la France et structures coloniales en Algérie.

CARLIER Omar :

La réunion des 22, sociologie de groupe et logique de l’action.

CHEKKAT Rafik :

Tradition des opprimés, histoire et critique de la notion de progrès chez Frantz Fanon et Walter Benjamin.

FANON Olivier :

Pourquoi Frantz Fanon dérange-t-il 51 ans après ?

SALEM Jean :

L’Algérie dans le parcours d’intellectuels français : (Derrida, Labica …)


Lundi 2 juillet 2012

Séance 05 : 09h00-11h00

Présidente : BENDANA Kmar

LASZLO Nagy :

L’indépendance : renaissances nationale et sociale. Quel projet de société pour l’Algérie et les pays du tiers-monde dans les années 1960 ?

GUIGNARD Didier :

Appréhender la colonisation foncière au-delà du face à face franco-algérien.

BESSAOUD Omar :

La paysannerie algérienne dans l’agriculture coloniale

ALI-BENALI Zineb :

Les femmes d’Algérie dans les luttes et les résistances nationales. Quel genre d’histoire?

PALLADINO Paola :

Mémoire et silence sur la participation des femmes à la lutte de libération nationale


Pause café


Séance 06 11h30-13h00

Président : MELASUO Tuomo

DERRAS Omar :

Participation sociale et vitalité associative en Algérie.

BELAÏD Habib :

La « société civile », en Tunisie : rupture et continuité (époque coloniale et postcoloniale)

FATES Youcef :

L’état des lieux du mouvement sportif en 1962: héritage et reconstruction

AÏT-EL-DJOUDI Dalila :

Le cas des prisonniers de l’ALN

BELHADEF Soraya :

Sur les manifestations de décembre 1960


Pause déjeuner


Séance 07 14h30-16h00

Président : AZIZA Mimoun

MANCERON Gilles :

La nécessaire reconnaissance par la France des crimes de la colonisation et la remise en cause des histoires officielles

MAUSS- Copeaux Claire :

Au delà des représentations partisanes et des dénis actuels, comment construire un récit historique ? L’exemple du 20 août 1955 et de ses suites.

MONNOYER Jean – Maurice :

De l’état de guerre à l’Etat souverain : réflexion sur la souveraineté dans le cadre de l’histoire algérienne depuis 1830″.

BENDANA Kmar :

Les mémoires politiques : naissance et contours d’un genre

MEDJAOUI Abdel’alim :

Itinéraire d’un universitaire dans les rangs du Front et de l’Armée de libération nationale


Pause café


Séance 08 16h30-18h30

Président : MANCERON Gilles

BROWER Benjamin :

Le Hadj durant la période coloniale.

MEBAREK BEN ALLEL Sid Ahmed :

Récit de la mort de Mohammed Ben Allel le 11 nov. 1843

KCHIR Khaled :

Lectures d’Ibn Khaldoun aux XIX et XXème siècles.

CHIBOUH Brahim :

Que reste-t-il des tribus décrites par Ibn Khaldoun ?


Mardi 03 juillet 2012

Séance 09 09h00-11h00

Président : SIBLOT Paul

DIAKHATE Lydie :

L’histoire pour mémoire et l’autonomie de l’art.

MEDIENE Benamar :

Arts vivants comme représentations de la société et de l’Algérien.

CHOMINOT Marie :

L’indépendance par l’image.

CHOUKROUN Jacques :

Cinéma de la guerre

DENIS Sébastien :

Des images pour libérer l’histoire


Pause café


Séance 10 11h30-13h00

Président DIAWARA Manthia

YELLES-CHAOUCH Mourad :

Identité nationale et patrimoine littéraire en Algérie

KHADDA Naget :

les écrivains de la décennie 50 : écrivains de la conscience nationale.

TENGOUR Habib :

Parcours de poésie en Algérie de 1972 à 1994

BOUAYED Anissa :

Le don des peintres à l’Algérie en 1964 : espoirs et déconvenues d’une internationale de l’art ?

MAUROUARD Elvire :

La Présence d’Haïti au Premier Festival Panafricain d’Alger de 1969


Pause déjeuner


Séance 11 14h30-16h00

Président : ELSENHANS Hartmut

HADDAB Mustapha :

Pour une histoire de la question linguistique

BENRAMDANE Farid :

Dénomination, Transition et institutions en Algérie

ATOUI Brahim :

Sur la toponymie

YERMECHE Ouarda :

Patronymie : du syndrome nominal à la carence nominative.

ZEMOULI Yasmina :

Etat civil et patronymisation.


Pause café


Séance 12 16h30-18h30

Président BEKKOUCHE Hédi

MERDACI Abdelmadjid :

La question du départ des Pieds-Noirs en 1962

DAUM Pierre :

Les « Pieds-Noirs » restés en Algérie en 1962

JEBAHI Mabrouk :

La jeunesse et la perception du nationalisme en Tunisie

HADJ ALI Smaïl :

Le traitement de la « crise algérienne » de la décennie 1990 par la sphère savante française.


SAMARA ADEL :

Clôture des travaux


50ème ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE: LISTE D’UNE PARTIE DES RENCONTRES COLLOQUES… ANNONCÉS SUR SOCIALGERIE


[ORAN : Amulli wis-50 n timunent (uzarug) n Dzayer – jeudi 5 juillet 2012
Tiddukla tadelsant Numidya n Wehran ad tessudes tafilt tagnennayt s yezwel : “Tamaziɣt d umussu aɣelnaw Adzayri”->br537]


[ALGER – COLLOQUE EL-WATAN : CINQUANTE ANS APRÈS L’INDÉPENDANCE, QUEL DESTIN POUR QUELLE ALGERIE?

Les 5, 6 et 7 juillet 2012

ALGER – RIADH EL FETH – SALLE COSMOS->br535]


[1er à 3 JUILLET – ALGER

ALGÉRIE, 50 ANS APRÈS : LIBÉRER L’HISTOIRE Bibliothèque Nationale El Hamma, Alger

PROGRAMME…->br534]


[ALGER – 2 au 4 juillet 2012

Esprit Frantz Fanon

Rencontres d’Alger

Complexe culturel Laâdi Flici. Boulevard Frantz Fanon->br533]


[22 JUIN au 8 JUILLET 2012 – PARIS – IMA et Maghreb des Films
« 50ème ANNIVERSAIRE DE L’INDÉPENDANCE DE L’ ALGÉRIE » – PROGRAMME DES FILMS->br531]


26 JUIN – LYON- CONFÉRENCE : ALGÉRIE 50 ANS APRÈS !


[18 JUIN 2012 – PARIS – CONFÉRENCE – DÉBAT:

RENCONTRE AUTOUR DU LIVRE DE RACHID ZEGGAGH“PRISONNIERS POLITIQUES FLN EN FRANCE
PENDANT LA GUERRE D’ALGERIE
1954-1962 – La prison un champ de bataille”
– Espace Louise Michel – 42 ter rue des Cascades – 75020 Paris->br532]


[IREMMO – PARIS – 22 au 25 MAI 2012 : SEMAINE SPÉCIALE ALGÉRIE
Programme->br517]


[9 MAI 2012 – SAINT FONS – RENCONTRE DÉBAT : « À LA LUMIERE DES COMBATS PASSÉS,TRAÇONS LA ROUTE DE L’AVENIR »

MALAAK SHABAZZ (fille de MALCOLM X) – MIREILLE MENDES FRANCE (fille de FRANTZ FANON) – et NKOSINATHI BIKO (fils de STEVE BIKO)->br521]
.


[50 ème ANNIVERSAIRE DE L’INDEPENDANCE DE L’ALGERIE

du mercredi 11 avril au dimanche 14 avril 2012 – aux 3 Luxembourg


RENÉ VAUTIER AU « MAGHREB DES FILMS » – 12 séances et 19 films->br481]


17 MARS – ÉVIAN: « LES ACCORDS D’ ÉVIAN: LA PAIX EN ALGÉRIE? »thème retenu par l’ASSOCIATION LES AMIS DE MAX MARCHAND, DE MOULOUD FERAOUN ET DE LEURS COMPAGNONS dans le cadre de son assemblée générale annuelle;


12, 13, 14 MARS : TROIS JOURS POUR L’AMITIÉ FRANCO – ALGÉRIENNE – CINQUANTENAIRE DE L’INDÉPENDANCE – Siège du Parti communiste français – 2 place du Colonel Fabien – Paris;


11 MARS – PARIS: RENCONTRE DES « AMIS DE L’HUMANITE » AVEC H.ALLEG, Cdt AZZEDINE, P.PRADEL, N.BOUDIAF.


PCA-CDL (Combattants de la libération) et FLN-ALN DANS LA GUERRE D’ INDÉPENDANCE: LIENS UTILES SUR SOCIALGERIE »


10-11 mars 2012 – NÎMES: « LA FÉDÉRATION DE FRANCE DU FLN 1954 – 1962 »


[ MAGHREB DES FILMS – PROGRAMME MARS – AVRIL 2012

10 mars – Paris – La Pagode « Le Soleil assassiné » de Abdelkrim Bahloul – projection organisée par “CinéHistoire” en partenariat avec “Maghreb des Films”;

14 mars- Paris – 3 Luxembourg : « OAS, un passé très présent» – de Djamel Zaoui;

11 au 17 avril: “HOMMAGE À RENÉ VAUTHIER”->br465]


3 MARS – DOUARNEMEZ: 1962-2012 – CINQUANTENAIRE DE L’ INDÉPENDANCE DE L’ALGERIE


29 Février – CENTRE CULTUREL ALGÉRIEN – PARIS : «LES RESISTANCES FRANÇAISES A LA GUERRE D’ALGÉRIE»


RÉPONSES DE ANDRÉ NOUSCHI & BERNARD DESCHAMPS À QUELQUES PROVOCATIONS DE NOSTALGIQUES DU COLONIALISME


[10-11 février 2012 COLLOQUE NICE : 50e ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA GUERRE D’ALGÉRIE

vendredi 10 février à 18h30 : représentation de “Le contraire de l’amour”, d’après le Journal (1955-1962) de Mouloud Feraoun

samedi 11 février de 9h à 17h30 – colloque: “POURQUOI UNE FIN DE GUERRE SI TRAGIQUE”.->http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article4820]


7 février 2012 – ODÉON“LE CONTRAIRE DE L’AMOUR” – MOULOUD FERAOUN À L’ODÉONarticle de Arezki Metref – Le Soir d’Algérie


LE CHANT DE LA HONTE


26 JANVIER – PARIS : « MAURICE AUDIN, LA DISPARITION » FILM DE FRANÇOIS DEMERLIAC – DISPONIBLE EN DVD


21 JANVIER 2012 – MALAKOFF – RENCONTRE-DÉBAT : 50ème ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA GUERRE D’ ALGÉRIE


11 JANVIER 2012 – PARIS – CINÉMA LA CLEF PROJECTION / DÉBAT : « LA BATAILLE D’ALGER »


28 décembre 2011HENRI ALLEG – LES JEUNES COMMUNISTES DU 15ème – PARIS – & SON LIVRE : « MÉMOIRE ALGÉRIENNE – SOUVENIRS DE LUTTES ET D’ESPÉRANCES ».


19 JANVIER 2012 – CENTRE CULTUREL ALGÉRIENPARIS : TABLE-RONDE SUR LA GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE


DANS LES MEDIAS

TELEVISION


[Témoignages, documentaires historiques, reportages, mais aussi rendez-vous festifs: TV5MONDE met l’Algérie à l’honneur pour commémorer le Cinquantenaire de son indépendance.

Parmi les programmes à retrouver au fil de l’année (…)->http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/cinquantenaire-independance-algerie-fevrier-2012/p-20418-TV5MONDE-une-programmation-aux-couleurs-de-l-Algerie.htm]


Esprit Frantz Fanon, Rencontres d’Alger, du 2 au 4 juillet 2012

Esprit Frantz Fanon, Rencontres d’Alger, du 2 au 4 juillet 2012
Complexe culturel Laâdi Flici. Boulevard Frantz Fanon

”Non, nous ne voulons rattraper personne. Mais nous voulons marcher tout le temps, la nuit et le jour, en compagnie de l’homme, de tous les hommes.”

Lundi 2 juillet
8h -9h
«Esprit Frantz Fanon» : inauguration.
Ouverture de la Rencontre

9h30-11h
Modérateur : Omar Lardjane

Intervenants :
Samir Amin (Egypte)
Frantz Fanon en Afrique et en Asie,

Aijaz Ahmed (Inde)
Frantz Fanon : le philosophe révolutionnaire,

Mireille Fanon Mendès-France (France)
Les bombes à retardement du colonialisme : une lecture de Fanon

11h30-13h00
Modérateur : Mohamed Hennad

Intervenants :
Ehsan Shariati (Iran)
L’Algérie comme modèle universel de libération, selon Fanon,

Tarik Ali (Pakistan)
Fanon, Guevara : “médecins sans frontières”

Tierno Monénembo (Guinée)
Le blues de l’indigène
13h00-14h00 : Débat

Mardi 3 juillet
“Nous voulons marcher tout le temps…”
9h-10h30
Modérateur : Daho Djerbal

Intervenants :
Georges Corm (Liban)
Relire Fanon pour mieux comprendre le monde arabe

Bernard Founou-Tchuigoua (Cameroun)
Auto-décolonisation : Fanon avait-il raison ?

Prabir Purkayashta (Inde)
La nation à l’heure de la mondialisation

11h-12h30
Modérateur: Zoubir Arous

Intervenants :

Helmy Shaârawi (Egypte)
Les révoltes populaires actuelles à la lumière de Fanon

Padmanabhan Krishna Murthy (Inde)
Fanon : le penseur révolutionnaire universaliste

Khayri Mansour (Palestine)
Fanon: l’idée d’une révolution audacieuse
12h30 – 13h30 : Débat

Mercredi 4 juillet
“En compagnie de l’homme, de tous les hommes. »
9h-11h
Modérateur : Abdelatif Rebah

Intervenants :

Mohamed Hafez Dyab (Egypte)
La leçon de Fanon : mémoire non sujette à l’oubli

Lies Boukraa (Algérie)
Identité et conscience nationale chez Fanon

Githa Hariharan (Inde)
Résistance par l’écriture : évoquer Fanon en contexte indien
Aminata Dramane Traoré (Mali)
Actualité de la pensée de Frantz Fanon

11h30-13h
Modérateur : Abdelhak Benouniche

Intervenants :

Mohamed Bouhamidi (Algérie)
De l’aliénation chez Fanon

Idriss Terranti (Algérie)
Fanon et la naissance de la psychiatrie algérienne

Alice Cherki (France)
Orphelins de Fanon ?
13h00-14h00: Débat

14h00 : Clôture de la Rencontre


____

Fethi Benslama « Abattre un régime injuste est un début, cela ne fait pas la justice »

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Psychanalyste (*), Fethi Benslama est aussi un fin connaisseur du monde arabe et de l’islam. Défenseur de la laïcité, militant de l’« égaliberté », il revient sur les contradictions qui travaillent la Tunisie, un an et demi après la chute du tyran Ben Ali

Publié sur Humanite (http://www.humanite.fr), 22 juin 2012

Où en est-on du «processus» du soulèvement tunisien ? Que reste-t-il de la révolution, depuis que les islamistes d’Ennahdha ont remporté les élections ?

Fethi Benslama. Nous sommes dans un moment difficile et paradoxal, où le péril et ce qui sauve coexistent. La crainte et l’espérance sont en prise. Le soulèvement a permis la libération de la dictature, mais la libération n’est pas la liberté. Abattre un régime injuste ne fait pas la justice. Il faut construire les conditions durables de la liberté et de la justice. Et là le processus de transition se heurte à des intérêts divergeant avec la visée de la révolution, à une volonté d’appropriation, souvent d’ailleurs au nom de la révolution à laquelle on veut mettre fin.

La situation s’est progressivement tendue en Tunisie, il y a une accélération au cours des dernières semaines vers une confrontation lourde de conséquences. Il est clair maintenant que le parti Ennahdha, d’orientation islamiste, ainsi que le gouvernement qui en est majoritairement l’émanation veulent exercer un pouvoir hégémonique et changer la société tunisienne selon leur conception religieuse. Ils rencontrent une résistance très forte de la part de la société civile tunisienne, de l’opposition républicaine du centre et de la gauche, du puissant syndicat tunisien l’UGTT, de la presse et des élites intellectuelles.

Ennahdha a fait croire au cours des dernières années qu’il avait changé, qu’il était devenu un parti démocrate d’inspiration islamique. Or, les actes et les discours démontrent le contraire. Les élections du 23 octobre 2011, où il a obtenu la majorité à l’Assemblée constituante (40 % des sièges), avec seulement 20 % des électeurs à cause de l’éparpillement des voix de la gauche dans des centaines de listes, l’ont grisé. Nous avons vu progressivement ressortir les vieux réflexes que l’on croyait abandonnés.

Il y a donc un danger en Tunisie de se retrouver avec un régime pire que le précédent, mais la vitalité de la résistance est telle qu’elle fait reculer chaque fois le pouvoir islamiste. La récente affaire du Printemps des arts est un exemple parmi bien d’autres de la persistance d’un atavisme menaçant pour les libertés. Ennahdha s’est joint aux mouvements salafistes pour accuser des artistes d’outrage au sacré et déclencher une campagne de menaces et d’intimidations inacceptable.

Rached Ghannouchi, le président de ce parti, a même appelé à une manifestation de colère avec les extrémistes, qui aurait pu provoquer de graves troubles. Le prétexte en était, entre autres, un tableau qui s’avère être au Sénégal et non exposé à Tunis ! Par la suite, il a fait machine arrière et a annulé la manifestation devant les risques de violence. Les Tunisiens, en résistant, font l’expérience réelle d’une démocratie naissante qui n’a pas été octroyée une fois pour toutes, mais qui résulte d’un combat quotidien. C’est impressionnant ce que les femmes et les hommes font aujourd’hui pour défendre la possibilité ouverte par la révolution et s’en montrer dignes. C’est en ce sens que je peux user de la fameuse expression d’Hölderlin : «Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve.»

Le pouvoir islamiste ne semble pas en mesure de redresser le pays et de répondre aux aspirations économiques et sociales des classes défavorisés, à cause de son incompétence, de son idéologie libérale, et du retour des automatismes identitaires de l’islamisme. Il manipule ceux qu’on appelle les salafistes, dont une partie constitue sa base, pour faire régner une atmosphère d’intimidation et de peur. Il s’empare de tous les leviers du pouvoir dans la haute administration en y plaçant son personnel, sans se soucier de son aptitude à en assumer les tâches.

En un mot, l’hypothèse d’un islamisme qui se recycle dans les responsabilités est mise en doute pour le moment.

Dans votre essai, Soudain la révolution ! (1), vous faites remarquer que l’idéologie islamiste brillait par son absence au déclenchement 
du soulèvement…

Fethi Benslama. C’est exact, pendant le soulèvement les islamistes étaient absents, aucune revendication de type identitaire ou religieux n’est apparue. Souvenons-nous que les trois mots récurrents des insurgés étaient «travail, liberté, dignité» , c’est ce qui a marqué par la suite tous les soulèvements dans le monde arabe. Je persiste à penser que la demande fondamentale des peuples concerne les droits politiques et socio-économiques. Les motifs identitaires sont devenus secondaires.

Mais comment expliquer, 
alors, la victoire électorale des islamiste?

Fethi Benslama. La raison essentielle de cette victoire tient à l’implantation ancienne du mouvement Ennahda dans les espaces où vivent les populations défavorisées qui n’ont pas profité des effets de la croissance économique de la Tunisie au cours des quinze dernières années. Les islamistes sont apparus du fait de cette proximité, de la répression qu’ils ont subie et des valeurs morales opposées à la corruption qu’ils clamaient comme les plus aptes à réaliser le droit d’avoir des droits.

Les islamistes ont été choisis, majoritairement, comme moyens, et non aux fins d’imposer leur idéologie. Lors des élections, si je ne savais pas qui était exactement ce parti, j’aurais pu voter pour lui. Dans ses tracts, il n’y avait aucun point qui se rapportait à l’idéologie islamiste. C’était le programme d’un parti de gauche ou du centre-gauche dont la laïcité allait de soi. Dans le discours des leaders, l’islam apparaissait comme un supplément d’âme compatible avec la démocratie. Il y a eu un déguisement très habile. Face à lui, la gauche était dispersée entre des centaines de listes, prise dans la bêtise de la lutte «du narcissisme des petites différences», mal implantée localement ; ses leaders, très instruits, avaient les manières d’acteurs appartenant à une démocratie vieille de deux cents ans, la Suède par exemple !

Dans votre Déclaration d’insoumission 
à l’usage des musulmans et de ceux 
qui ne le sont pas (2), vous expliquez que 
le paradigme identitaire de l’islamisme s’est développé à l’aune d’une modernité «qui a ignoré son sujet». Qu’entendez-vous par là ?

Fethi Benslama. Les pays du monde arabe sont entrés dans la modernité vers le milieu du XIXe siècle. N’oublions pas, d’ailleurs, qu’à la fin des années 1970, les mouvements politiques dominants dans cette région sont des partis de gauche, laïques, et même marxistes pour certains. Les pays du monde arabe ont tout pris de la modernité, sauf ce que j’appelle la «révolution subjective». Je veux dire que les grandes idées de la modernité n’ont pas affecté en profondeur le sujet de la tradition, elles l’ont ébranlé sans le transformer. La transformation passe par une modification des rapports de pouvoir qui n’a pas eu lieu. Pas seulement le pouvoir politique dans la cité, où les Arabes ont vécu sous le règne de tyrannies terribles, mais le pouvoir domestique, le pouvoir sur le sexe et les relations de genre. Bref, le patriarcat a subsisté, sauf dans quelques pays, comme la Tunisie. Ce qui a manqué, c’est la relève de l’ancien sujet, assujetti à la tradition, la relève du sujet en citoyen, selon le principe de «l’égaliberté», pour parler comme Étienne Balibar.

L’ébranlement sans la possibilité d’une telle relève du sujet a conduit à l’impasse, et a ouvert à la prolifération de l’idéologie islamiste, qui proposait une issue par le ciel.

Revenons sur votre approche de l’islam. 
Que pensez-vous de l’expression «islam modéré», qui réapparaît fréquemment 
dans le débat public  ?

Fethi Benslama. Pour moi, parler d’islam «modéré» ne veut pas dire grand-chose. Il y a des musulmans démocrates et d’autres qui ne le sont pas. Les musulmans d’aujourd’hui veulent majoritairement les inventions politiques de l’Occident, sans parler des inventions scientifiques et techniques, cela va de soi, mais considèrent en même temps que l’Occident a échoué spirituellement. C’est une discussion de fond qu’on ne peut déplier ici. Ils pensent aussi qu’il y a des forces hégémoniques en Occident qui veulent convertir au «Même» toute l’humanité, et les musulmans au premier chef. C’est pourquoi ils veulent associer à l’invention politique leur propre identité spirituelle, en pensant que ça peut marcher ensemble. Je fais là une synthèse, et je parle de l’islam comme si c’était un bloc homogène. Il faudrait entrer dans les détails et dans le jeu des différences sur le fond et sur la forme. Disons simplement que ce que je viens d’indiquer est une tendance axiale qui n’est pas près d’être modifiée. Que chacun en prenne la mesure.

Dans votre Déclaration d’insoumission, 
vous proposez de distinguer l’islam 
comme fait religieux et l’Islam, avec 
une majuscule, comme civilisation. 
Pouvez-vous développer ?

Fethi Benslama. La base de la civilisation, dans l’ensemble de l’humanité, est religieuse. Mais ce que les hommes ont produit sur cette base dépasse le fait religieux. Non seulement leurs créations le dépassent, mais bien souvent elles lui opposent des contre-pouvoirs. C’est ainsi qu’ont pu se développer des arts, des littératures, des philosophies affranchis de la religion. Je m’attache à le montrer particulièrement pour l’Islam. Je dirais même que ce qui a été fait de mieux dans l’Islam relève de la résistance à la religion. Prenons le cas d’Averroès (philosophe arabe du XIIe siècle – NDLR), dans son fameux Traité décisif. Sous les dehors d’une tentative de conciliation de la religion et de la philosophie (la logique), il soumettait la première à la seconde. Ce qui fait problème, ce n’est pas la religion en soi, mais l’appropriation du politique par les religieux. À la limite, je dirais que l’islam n’est pas le problème, on y trouve le pire et le meilleur, comme dans toutes les grandes constructions, mais ce sont les musulmans qui doivent faire des choix dans un vaste héritage. Qu’est-ce qu’ils gardent, que doivent-ils abandonner, quels compromis ? Voilà la grande affaire des vivants à l’égard des morts. Le deuil dans les civilisations est un enjeu considérable.

La distinction que vous faites entre islam 
et Islam ne risque-t-elle pas d’être elle-même instrumentalisée ? La France a déjà été confrontée, au-delà de la question de l’islam, à ce problème d’associations cultuelles tentant de se faire passer pour culturelles afin d’obtenir des aides publiques et contourner ainsi la laïcité.

Fethi Benslama. Un glissement est en effet toujours possible. Pour obtenir la paix dans les banlieues difficiles, certains acteurs politiques sont tentés de fermer les yeux, de faire du clientélisme. Je crois qu’il n’y a pas de solution toute faite pour éviter de telles dérives. Un pragmatisme orienté par un républicanisme démocratique résolu est de bon aloi. Il ne faut pas perdre de vue que les dérives ont pour toile de fond des contextes sociaux très difficiles, qui réclament des réponses sociales énergiques. Au-delà, c’est à la société civile de se mobiliser, aux associations de résister. En Tunisie, si Ennahdha a dû récemment renoncer à inscrire la charia dans la Constitution, c’est uniquement parce que les progressistes tunisiens ont manifesté sans relâche. Ce n’est absolument pas un geste des islamistes, une concession de leur part, comme on peut le lire ou l’entendre ici et là. Ce genre de lecture minimise à la fois le mérite des laïques et la dangerosité des islamistes déguisés en démocrates.

Vous rappelez dans Soudain la révolution ! que l’un des slogans brandis au moment de la chute de Ben Ali, était « game over » (« partie terminée »). Vous considérez que cela témoigne d’un nouveau rapport au politique. N’est-ce pas surtout l’indice d’une inscription dans la vision classique de la démocratie libérale, qui tend à rabattre le politique sur le marché, celui-ci étant effectivement conçu comme un jeu, avec des concurrents à éliminer ? Un jeu fort peu ludique pour ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre . ..

Fethi Benslama. Vous avez raison. Le mot «jeu» en français est ambigu. Il faudrait pouvoir user de la distinction anglaise entre «play» qui désigne le jeu libre et «game» qui se réfère au jeu avec des règles et un tiers arbitral.

Le capitalisme s’est radicalisé au cours des dernières décennies en substituant au «game» un «play» sans limites.

Il y a derrière le «game over» brandi par les manifestants tunisiens l’idée de passer de la dictature qui impose un jeu réglementé jusqu’à l’abus, à un jeu ouvert mais avec des règles.

L’islamisme veut les deux à la fois : la contrainte politique et morale et le libéralisme économique. Le marché mondialisé peut s’en accommoder parfaitement. C’est même un idéal pour lui, car dans les démocraties occidentales, il est obligé à certaines concessions coûteuses pour lui. Ah, s’il pouvait s’en passer ! Mais il le fait de plus en plus, à travers l’invention d’une forme perverse de la démocratie. C’est ce qui règne aujourd’hui.

Ce qui me frappe à travers la crise actuelle, c’est l’émergence d’un nombre important de pervers économico-narcissiques, des prédateurs qui utilisent la démocratie pour détruire la vie sociale de millions d’êtres 
humains, en toute impunité.

Bien plus, avec les encouragements des élites d’État.

(*) Fethi Benslama dirige l’UFR d’études psychanalytiques de l’université Paris-Diderot.

(1) Soudain la révolution ! éditions Denoël, 2011, 10 euros.

(2) Déclaration d’insoumission à l’usage des musulmans et de ceux qui ne le sont pas, 2005, rééditée en 2011 
chez Flammarion, collection Champs, 5 euros.

Entretien réalisé par 
Laurent Etre


COMPRENDRE L’EGYPTE: « ENTRE REVOLUTION ET CONTRE-REVOLUTION »

Pourquoi n’ont-ils pas tiré ? Pourquoi le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) a-t-il, après bien des hésitations, accepté l’élection au poste de président d’un dirigeant des Frères musulmans ? Parce que l’Egypte de l’après 25 janvier 2011 a profondément changé et parce qu’un retour à l’ordre ancien n’est plus possible. Mais la lutte continue et ce scrutin n’est qu’une étape dans la longue transition entamée depuis la chute du président Hosni Moubarak.

L’Egypte entre révolution et contre-révolution
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lundi 25 juin 2012, par Alain Gresh

…..
Durant d’interminables et étouffantes journées, dans un climat pesant, l’Egypte a retenu son souffle. Elle attendait la proclamation des résultats du second tour de l’élection présidentielle, retardée heure après heure. Sous un soleil de plomb, malgré les difficultés du choix, dans l’ordre et sous la supervision de juges, les électeurs avaient déposé leur bulletin dans l’urne, aussi nombreux qu’au premier tour. Les bureaux étaient restés ouverts jusqu’à 22 heures le 17 juin pour permettre à chacun d’accomplir son devoir. Peu d’incidents avaient été signalés. Le vainqueur devait être proclamé officiellement le mercredi 20 et les résultats qui tombaient dans la nuit confirmaient que M. Mohammed Morsi, le candidat des Frères musulmans, soutenu par de nombreuses forces de la révolution, l’avait emporté. L’association indépendante Juges pour l’Egypte, qui avait supervisé le scrutin [1], entérinait sa victoire.

Pourtant, rapidement, l’atmosphère s’alourdit. L’adversaire de M. Morsi, le général Ahmed Chafik, déposa des recours devant le Comité supérieur pour le contrôle de l’élection présidentielle, qui décida d’ajourner la publication des résultats. Parallèlement, les médias, dirigés par les même hommes que du temps de M. Hosni Moubarak, reprenaient rumeurs et désinformations, expliquant que les Frères avaient bourré les urnes, qu’ils avaient perdu, qu’ils préparaient une insurrection armée ! En réalité, la décision n’était déjà plus ni entre les mains des électeurs ni dans celles du soi-disant comité de contrôle, mais du seul CSFA qui cherchait à mesurer les conséquences d’une victoire qu’il avait cherché à éviter. Il avait mis tout son poids derrière le général Ahmed Chafik, le dernier premier ministre de M. Moubarak. Ce militaire fait partie de la clique des hommes d’affaire (et des officiers) qui avait mis le pays en coupe réglée depuis deux décennies — le 2 mars 2011, lors d’un débat resté dans les mémoires entre M. Chafik, encore premier ministre, et l’écrivain Alaa Al-Aswani, l’auteur de l’inoubliable Immeuble Yacoubian, ce dernier avait apporté de nombreux documents confirmant la corruption de M. Chafik, l’obligeant à démissionner. Représentant de ce que l’on appelle ici les fouloul, les « restes » de l’ancien régime – les ci-devant, comme on disait au temps de la révolution française –, il a rassemblé autour de lui l’« Etat-profond », celui qui avait fait profil bas après la chute du dictateur et qui lutte maintenant avec énergie pour la reconquête de tous ses privilèges. Tous ceux qui n’ont rien oublié, ni rien appris.

Finalement, après de longues hésitations, le CSFA devait plier le 24 juin et M. Morsi était proclamé vainqueur ; il annonçait sa démission de la confrérie et du Parti de la liberté et de la justice (PLJ) et affirmait sa volonté d’être le président de tous les Egyptiens. Pour la première fois dans l’histoire de l’Egypte républicaine, un civil devient président. Pour comprendre ce tournant, il suffit de se promener dans les rues du Caire et d’écouter les Egyptiens, notamment les jeunes : quel que soit leur choix, ils ne veulent plus que le pouvoir soit confisqué, ils veulent avoir leur mot à dire, ils veulent que leur avis compte. C’est la génération de la révolution, celle qui se mobilise dans chaque ville et même village. L’heure des dictatures militaires est passée. Ces jeunes qui fêtent la victoire de M. Morsi, portant parfois des masques des Anonymous, dansant sur des rythmes endiablés, portant en triomphe un copte — avec sa grande croix — qui se félicite de la défaite du général d’ancien régime, ressemblent peu à des hordes barbues prêtes à déferler sur le monde civilisé.

Pourtant la faible marge de la victoire de M. Morsi, à peine 1 million de voix, face à un candidat représentant cet ordre ancien contre lequel le peuple s’est soulevé au début 2011, en dit long sur le rejet que suscitent les Frères musulmans dans une partie de la population et sur les contradictions de la transition en cours.

Les résultats du premier tour de la présidentielle avaient créé un choc au sein des forces révolutionnaires. Au coude à coude, mais n’obtenant chacun qu’environ un quart des voix, M. Morsi, arrivé légèrement en tête, et le général Chafik. M. Hamdin Sabbah ensuite, candidat peu connu de tendance nassérienne, rassemblait plus de 20 % des suffrages — comme ici rien n’est simple, lui et son parti s’étaient alliés aux Frères pour les législatives. Quant au quatrième, M. Aboul Foutouh, il obtenait 17,5 % des voix. Ensemble, les candidats proches de la révolution, MM. Sabbahi, Aboul Foutouh et quelques autres rassemblaient près de 40 % des voix, mais se retrouvaient éliminés du scrutin.

Comment réagir ? Que faire au second tour ? Pour l’écrivain Al-Aswani, un critique virulent des intégristes, le choix était clair : « Nous ne sommes pas avec Morsi, nous soutenons la révolution. » Une position qu’explicitait l’éditorial de Mostafa Ali [2] : « De manière tragique, certaines forces favorables à la révolution décrivent de manière erronée une organisation conservatrice et vacillante comme les Frères musulmans, qui ont plus d’une fois trahi les objectifs de la révolution (et ils pourront le faire à nouveau dans le futur) comme des fascistes religieux. Et assimilent ainsi cette force qui s’est compromise de manière opportuniste avec l’ancien régime à l’actuel régime qui cherche à anéantir l’ensemble de la révolution. »

Le spectre d’un Etat théocratique imposé par les Frères hante certains. Pourtant, pour la majorité des forces révolutionnaires, l’armée et l’ancien régime, qui gardent le contrôle de l’essentiel des leviers du pouvoir, sont les forces à abattre, contre lesquelles s’est créé un front commun le 22 juin. M. Morsi, entouré de partis impliqués dans la révolution, de figures symboliques comme Wael Ghonim ou Al-Aswani, se sont engagés sur une plate-forme commune de lutte contre le CSFA et notamment ses décisions dans les semaines qui ont précédé l’élection.

« Nous avons commis une erreur majeure après la chute du président Moubarak, c’est d’accepter de laisser le pouvoir aux mains du CSFA. » Nous sommes le 14 juin et M. Aboul Foutouh, candidat malheureux à l’élection présidentielle, vient de l’apprendre : la haute cour constitutionnelle a déclaré illégale la loi qui avait permis l’élection du Parlement, ce qui entraine sa dissolution. De plus, elle vient d’abolir la loi interdisant aux personnalités de l’ancien régime de se présenter aux élections, et d’autoriser le général Chafik à concourir pour le second tour de la présidentielle, les 16 et 17 juin.

En Egypte, on l’a dit, rien n’est simple. Durant ces jours de crise, M. Hamdin Sabbahi effectue le (petit) pèlerinage (omra) à La Mecque et se cantonne dans un silence prudent, ne prenant position pour aucun des deux candidats restés en lice. Marqué par son idéologie nassérienne, il répugne à critiquer l’armée.

En revanche, M. Aboul Foutouh, un ancien dirigeant des Frères musulmans, cherche à édifier un large front contre les militaires. La soixantaine (un junior dans le contexte politique local), charismatique, il dégage une énergie débordante. Longtemps président du syndicat des médecins, il a été emprisonné à plusieurs reprises, durant de longues années. Marginalisé par la confrérie qui le considérait trop libéral, il a participé de manière active à toute l’épopée de Tahrir et y a acquis une grande autorité, notamment chez les jeunes Frères. Très tôt, il annoncé qu’il se présenterait à l’élection présidentielle et il s’est engagé sur un programme de réformes démocratiques du pays, d’un Etat civil, d’une égalité entre hommes et femmes, d’une égalité des citoyens autorisant notamment qu’un copte soit élu président de la République. Il a rallié autour de lui une vaste coalition de tendances et de personnalités — une de ses conseillères économiques est marxiste —, et obtenu aussi le surprenant soutien pour le premier tour de la présidentielle des salafistes, inquiets d’une hégémonie des Frères musulmans sur la scène politique. En Egypte, rien n’est simple.

Pour M. Aboul Foutouh, comme pour beaucoup d’autres forces, le choix du second tour était clair : soit le retour de l’ancien régime avec le général Chafik, soit un pas en avant avec l’élection d’un candidat civil et dans la lutte pour « la chute du pouvoir militaire ».

Dans les semaines qui ont précédé l’élection présidentielle, le CSFA avait lancé une offensive pour consolider sa mainmise institutionnelle. Le 4 juin, le ministère de la justice a entériné le droit des militaires d’arrêter et de juger des civils. Après l’acquittement, durant le procès de M. Moubarak, d’importants cadres du ministère de l’intérieur, responsables de la mort de centaines de manifestants, et nombre de policiers accusés d’avoir tiré sur des manifestants ont été blanchis.

A la suite du verdict du 14 juin, le CSFA a repris en mains le pouvoir législatif qu’il avait cédé au Parlement et a adopté une déclaration constitutionnelle additionnelle qui met l’armée à l’abri de toute « ingérence » des civils et limite le pouvoir du futur président. Il s’est arrogé aussi un droit de regard sur l’écriture de la future constitution.

Parallèlement, l’Etat-profond a poursuivi son action en faveur du général Chafik, mobilisant tout ce qui lui reste de moyens, et ils sont nombreux : médias à la botte — y compris souvent ceux qualifiés d’indépendants, détenus par des hommes d’affaires liés aux cercles du pouvoir —, intellectuels d’ancien régime, penseurs « libéraux » mobilisés contre la dictature islamique, mais silencieux sur celle des militaires. Tous les mensonges les plus farfelus ont été bons pour discréditer les islamistes : au Parlement tunisien, ils auraient fait adopter le rétablissement de la polygamie ; M. Morsi aurait décidé de privatiser la compagnie du canal de Suez, symbole depuis sa nationalisation par le président Gamal Abdel Nasser en 1956, de l’indépendance de l’Egypte ; les Frères auraient accumulé des armes, ils voulaient transformer l’armée sur le modèle iranien, ils allaient rétablir l’impôt spécial (jaziya) sur les coptes, ils allaient fermer les cinémas et les théâtres, etc. Une des fables les plus spectaculaires, et qui a fait le tour du monde : le Parlement aurait envisagé une loi permettant à un homme d’avoir des relations sexuelles avec sa femme dans les six heures qui suivent son décès. Comme du temps de M. Moubarak, ou des autres dictateurs arabes, « Nous ou les islamistes » reste le mot d’ordre de tous les ci-devant, qui cherchent le maintien de l’ordre établi.

Il faut le reconnaître, cette propagande a porté : plus de douze millions d’Egyptiens ont voté, au second tour, pour un candidat de l’ancien régime, alors qu’ils ne sont pas tous, loin de là, favorables à un retour en arrière. Les Frères musulmans portent leur part de responsabilité, comme en témoignent leurs résultats électoraux : alors que M. Morsi avait obtenu au premier tour 5,7 millions de suffrages, son parti avait regroupé presque le double lors des élections législatives de la fin 2011-début 2012.

La confrérie paie ses erreurs et ses louvoiements entre la révolution et l’armée. Fortement réprimés sous le régime de M. Moubarak, les Frères n’ont commencé à participer aux manifestations que le 28 janvier 2011, trois jours après le début de celles-ci, même si ses militants les plus jeunes étaient sur la brèche dès les premières heures. Ils ont joué un rôle actif durant le bras de fer qui a opposé la rue à M. Moubarak et contribué grandement, par leur organisation, à la résistance face aux offensives de la police.

Après la chute du raïs, cette organisation, fondamentalement conservatrice dans ses orientations, a cherché un terrain d’entente avec le CSFA. Elle s’est dissociée des jeunes manifestants, notamment en novembre 2011, quand les affrontements avec l’armée au Caire provoquèrent une quarantaine de tués. Les Frères, désireux que les élections législatives se tiennent à tout prix, dénoncèrent des « agissements irresponsables », ce que de nombreux jeunes ne leur ont pas pardonné.

Ayant remporté une large majorité au Parlement, ils ont fait preuve d’une volonté hégémonique qui leur a aliéné bien des sympathies. Et la décision, malgré leurs engagements antérieurs, de participer directement à l’élection présidentielle, a avivé les craintes. Fahmi Howeidy, un éditorialiste respecté de tendance islamiste, dont les articles sont repris à travers tout le monde arabe, a sévèrement critiqué cette entrée dans la bataille présidentielle. Mais il pense que les responsabilités des impasses de la période précédente sont partagées : « Au Parlement, les libéraux et les autres partis ont refusé toute proposition des Frères de présider des commissions. Ils ont joué l’échec, alors même que l’assemblée a pris des mesures positives : réforme du baccalauréat, transformation du statut de 700 000 travailleurs précaire, salaire maximum, etc. » Pour lui, la bataille en Egypte n’oppose pas laïques et religieux, mais partisans de l’ancien régime et de la démocratie.

En acceptant, le 22 juin, la création d’un front avec les forces révolutionnaires, les Frères ont pris acte de leur isolement. Ils se sont engagés à combattre le pouvoir militaire, notamment en demandant l’abrogation de la déclaration constitutionnelle additionnelle et le retour du Parlement élu. Maintenant que leur candidat est président, ne chercheront-ils pas à s’entendre à nouveau avec le CSFA ? Quelles seront les modalités d’écriture de la nouvelle constitution ? Les questions restent posées, mais le 24 juin marquera, quoi qu’il en soit, une étape importante dans l’histoire de l’Egypte et de la liquidation de l’ordre ancien, notamment de la mainmise sur l’économie d’une clique corrompue.

Dans « Le Monde diplomatique »

Dans le numéro de juillet, en kiosques mercredi 27 juin, un dossier « Tourisme, l’industrie de l’évasion » fait le point sur les vicissitudes d’un secteur crucial en Egypte, et dans « Scrutin libyen sur fond de chaos », Patrick Haimzadeh revient sur un pays lui aussi bouleversé par le « Printemps arabe », neuf mois après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.…

« Les Frères musulmans égyptiens pris au piège du pluralisme » (aperçu), Alaa Al-Din Arafat, mai 2012.
En contradiction avec leurs engagements, les Frères musulmans vont présenter un candidat à l’élection présidentielle, ce qui n’a fait qu’aggraver les divisions de l’organisation, victime de ses relations compliquées avec les militaires et de la concurrence des groupes salafistes.

« Retour sur le “printemps arabe” » (aperçu), Gilbert Achcar, mai 2012.
Qui sont les moteurs des révoltes arabes ? Des ouvriers aux membres des professions libérales, chacun a joué un rôle, mais bien différent selon le pays.

« Révolte égyptienne, avec ou sans Twitter » (aperçu), Navid Hassanpour, février 2012.
« Si vous voulez libérer une société, vous n’avez qu’à lui donner accès à Internet. » Les événements égyptiens offrent un terrain d’étude unique pour vérifier la validité de cette maxime. En effet, une décision de M. Moubarak, alors au pouvoir, a constitué une expérience grandeur nature pour mesurer le poids politique des médias sociaux.

« L’Egypte en révolution », Alain Gresh, juillet 2011.
Si le renversement du président Hosni Moubarak a marqué une première étape, la révolution n’est qu’au tout début du gué. Partout, dans la rue comme dans les usines, s’exprime l’aspiration à la liberté et à des changements dont les pauvres ne seraient pas les laissés-pour-compte.

« Comprendre le réveil arabe », Manière de voir nº 117, juin-juillet 2011.
En quelques semaines, le mouvement de contestation s’est étendu du Maroc à l’Irak, il a balayé les dictatures tunisienne et égyptienne, mobilisé au Yémen comme en Syrie, au Bahreïn comme en Libye. Quelles sont les caractéristiques de ce réveil arabe ? Comment a pris fin une stagnation qui aura duré quarante ans ? Quel rôle jouent les islamistes dans ces mobilisations ? Quelles sont les dimensions culturelles de ces révoltes ?

Notes

[1] Ahram online, 20 juin 2012.

[2] « Last Call : Will the revolution or the counter-revolution write Egypt history », Ahram online, 22 juin 2012.
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16 commentaires sur « L’Egypte entre révolution et contre-révolution »

permalien Salem L :
25 juin @14h07 »

Cette election de Mr MORSI, Léader des FM est une bonne chose car elle permettra aux FM de montrer ce dont ils sont capables en matière de justice, de libertés, de droits et surtout les solutions aux problèmes de chomage, d’amélioration du niveau de vie etc.. Il ne faut pas s’étonner de cette issue car le retour à la dictature militaire est impensable surtout s’agissant d’un candidat qui représente l’ancien régime honni ! S’agit-il d’un bon choix, seul l’avenir le dira ! Ce qui est frappant c’est la dissolution d’un parlement élu à une majorité pour les FM et les Salafistes qui ont un but commun : un régime théocratique, la seule différence est liée au temps et si demain, à l’issue d’autres elections législatives cette majorité change de camp et si l’initiative de l’élaboration d’une nouvelle constitution incombait à un camp dont les idées sont diamétralement opposées à celle des FM, et surtout quelles prérogatives pour un Président élu démocratiquement c’est la crise politique assurée et tout ça parceque dans ce pays et d’autres le role de l’armée n’est pas clairement défini à l’instar des pays modernes ou l’armée a pour prérogatives la défense de la sécurité de la patrie et de la constitution et laisser la politiqiue aux politiciens !
permalien Houcine :
25 juin @15h00 « »

@ d´Accord Salem !

Il n´y a pas beaucoup de divergences entre nous, en terre d´Ahmed Schawki et Madame Leila Abou Al Aala.

Nous pourrons donc reprendre la discution, allant dans votre sens, apres la fin de notre revue d´histoire (l´Egypte sous la dynastie des mafieux albanais).

Nous sommes deja arrives aux evenements autour du Colonel M. Orabi, et nous pensons revoir ceux de Jamal Abd an-Nasser.

– http://de.wikipedia.org/wiki/Gamal_…

– Leila Abou Al Ala :

Lyrics Alley, Couloured Light, the Minaret, the translator !

– Ahmed Schawki :

asch-Schawkiyat (Nahj Al Borda), Kleopatra, la Princesse andalouse,

– Cordialement

Samya
permalien deMontigny :
25 juin @15h16 « »

Dans un scénario qui verrait les frères solidement établis, et dans une position de pouvoir représentant le choix par les urnes, pourrait-on s’attendre à la même réaction de la part des médias occidentaux que lors de l’élection du Hamas ?

Dans la presse Nord-Américaine, on peut déjà voir paraître certains articles qui expriment une sorte de nostalgie faussement désintéressée face à l’époque Mubarak.

La démocratie est souhaitée parce que l’on a l’impression de pouvoir influencer ses résultats, mais ce n’est ce que l’on annonce.
permalien __1___1__k__a_2__2__ :
25 juin @16h15 « »

tout ce que font les fm sont des contre-révolutions financées par les monarchies wahabites pour faire oublier les rois maroc-jordanie-saouds-qatar-bahrein. ils doivent trembler maintenant car ce n’est pas rien d’usurper la révolution, d’où peut être l’ouverture proposée à tous les égyptiens et à l’Iran.
permalien Sarah :
25 juin @16h39 « »

Par contre Bashar Al Assad est un vrai résistant qui a hérité de son pays et de son peuple(?) par la grâce de son feu père le dictateur,qui est payé par la Russie et l’Iran,et on attand toujours de ce vrai anti-impérialiste qu’il utilise son armée à autre chose qu’à tuer son peuple ;par exemple à libérer le Golan.
permalien X :
25 juin @17h57 « »

tout ce que font les fm sont des contre-révolutions financées par les monarchies wahabites pour faire oublier les rois maroc-jordanie-saouds-qatar-bahrein. ils doivent trembler maintenant car ce n’est pas rien d’usurper la révolution, d’où peut être l’ouverture proposée à tous les égyptiens et à l’Iran.

Enfin un autre complot cette fois ci annoncē par kk. Mais cette fois ci avec des preuves : l’ouveruture des FM aux égyptiens et à l’Iran !!!!

Tout fini par s’expliquer.
permalien k___11__a22 :
25 juin @18h37 « »

@sarah et aux laquais de clinton

allez vous battre à Gaza avant de donner de leçons… vous croyez que le vernis islamique des fm et des saouds suffit ?qu’ils annulent camp david avant de donner des leçons…
permalien Shanaa :
25 juin @18h50 « »

« Pourquoi n’ont-ils pas tiré ? Pourquoi le Conseil supérieur des forces armées (CSFA) a-t-il, après bien des hésitations, accepté l’élection au poste de président d’un dirigeant des Frères musulmans ? Parce que l’Egypte de l’après 25 janvier 2011 a profondément changé et parce qu’un retour à l’ordre ancien n’est plus possible. Mais la lutte continue et ce scrutin n’est qu’une étape dans la longue transition entamée depuis la chute du président Hosni Moubarak. »

Tout à fait d’accord ! C’est une étaque ! Dés le départ, j’ai précisé : « La rue a parlé ! Plus rien ne sera comme avant… »
Ou encore : Les égyptiens sont un peuple de bâtisseurs, non de coupeurs de têtes ! Et c’est pierre par pierre que le changement se fera » !

Un big merci à A. Gresh pour ces précieuses analyses !
permalien K. :
25 juin @19h53 « »

Anthony Chase Writes in a guest column for Informed Comment

Une unité révolutionnaire fondée sur la reconnaissance du pluralisme de l’Egypte est le seul moyen possible de s’opposer aux tentatives du CSFA de monopoliser le pouvoir. C’est un défi pour les laïcs qui, s’ils espèrent parvenir à contenir la puissance de l’armée, doivent travailler dans la tradition de la coopération islamo-libérale (du mouvement Kefeya à la place Tahrir) qui a porté quelques fruits en poussant les islamistes vers le pluralisme.

C’est également un défi pour la Confrérie, qui doit décider si elle veut être « Frenemie » avec le CSFA – c.-à-d compétir pour le pouvoir au sommet, tout en coopérant pour exclure les autres groupes politiques du pouvoir – ou si elle ose travailler de façon plus coopérative , démocratique avec le kaléidoscope d’acteurs politiques de l’Egypte.

(…)

(…) La place Tahrir a fait sortir le génie [des] revendications [pour les droits politiques et économiques fondamentaux] hors de la bouteille, et il est douteux que les militaires (ou la Confrérie) peuvent les annuler.

(…)

permalien Shanaa :
25 juin @20h42 « »

Sarah : « par exemple à libérer le Golan. »
Rapports de force trés assymétriques, voisin ayant l’arme atomique, l’ONU qui fait un usage sélectif du droit !
Pour le reste il y a du vrai et du faux ! Et depuis l’Irak et la Libye la Novlangue laisse sceptique les plus naifs !
permalien K. :
25 juin @20h44 « »

Vraiment, il faudrait qu’un jour on m’explique comment des dirigeants et des institutions occidentaux de plus en plus laches et/ou corrompus, qui s’entêtent avec une ardeur de tous les instants à mener leurs propres populations droit au mur, (ou, pire encore, des kleptocrates et anti-démocrates personnifiés que sont les roitelets du Golfe) pourraient être d’un secours quelconque pour sortir la région de sa misère socio-économique ?

A moins que l’ICG ne soit dans le fond qu’un rouage du FDG institutionnalisé ?

At a minimum, the international community should express a strong commitment to helping the [Egyptian] economy through what inevitably will be a trying period once it is clear the country is on a path to a genuine democratic transition. Assistance would include the International Monetary Fund’s substantial soft loan package ; financial aid from various countries ; and encouragement of foreign direct investment.

permalien Kinini :
25 juin @20h46 « »

Bonjour :

Merci pour ce billet .Quelques remarques ;cependant .

1)Mr Morsi n’est pas tout à fait un président « civil à part entière  » ;ayant fait son service militaire et participé à la guerre d’octobre 1973 en tant que soldat dans le contingent spécialisé dans les armes chimiques (voir à ce sujet Asharq Al Awsat du 25/6/2012 ;page 8 version papier).

2)Pour la fable spectaculaire ;c’est plutôt à l’origine une fatwa d’un Alim marocain…
permalien X :
25 juin @22h08 « »

Shanaa :

Rapports de force [de la Syrie avec Israēl sont] trés assymétriques, voisin ayant l’arme atomique …..

Oui, vous avez raison c’est d’ailleurs pour ça que l’armēe s’attaque au peuple syrien et aux enfants. Faut qd mēme tester sa force sur qqun non ! Et il vaut mieu qu’il soit plus faible.

Syrie HRW : « La torture est devenue systématique et généralisée

Et encore tjr selon HRW.

Les témoignages effrayants des enfants torturés en Syrie
permalien Shanaa :
25 juin @22h16 « »

X, Je répondais sur la Question du Golan et de l’usage sélectif du droit international, pas plus !
permalien Sarah :
25 juin @22h46 « »

@ Shanaa :

Evidemment que le rapport de force est plus qu’en défaveur de la Syrie,mais je pense qu’il est grand temps que les régimes de la région(cela inclut les régimes pro comme anti-américains)changent,du moins qu’ils évoluent dans le sens du pluralisme,de la lutte contre la corruption,du respect des peuples,pour éviter les catastrophes comme celles de l’Irak,de la Libye.

En effet,ces régimes fermés avec parti unique où on se transmet le pouvoir de père en fils sont une véritable catastrophe pour la région !

Pas de développement économique,pas de pluralisme,états fragiles,pouvoirs instables car manquent de légitimité populaire,répression,népotisme,etc.

Après il ne faudra pas se plaindre quand des vautours viendront dépecer le peu qui reste !

PS:je précise que je suis évidemment contre toute intervention étrangère en Syrie,je suis même pour qu’on arrête toute livraison d’armes aux opposants syriens(car la violence n’arrange rien),mais qu’on ne vienne pas me dire que le régime syrien est tout blanc dans cette affaire,qu’il cherche à apaiser les choses,qu’il est victime d’une grande conspiration,que Bashar ou plutôt le reste des amis de son père sont des démocrates,des anti-impérialistes(surtout quand on connait leurs compromissions…).

ALGÉRIE – CERCLE NEDJMA: « LES ÉLECTIONS ET APRES? »

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Socialgerie reçoit l’invitation suivante que nous transmettons volontiers aux visiteurs du site;

Elle est signée pour le Cercle Nedjma par: Mohammed Harbi (professeur d’histoire), Madjid Benchikh (professeur de
droit), Aïssa Kadri (professeur de sociologie), Ahmed Dahmani (maître de conférences en
économie).

(Contact : cerclenedjma@yahoo.

L’invitation à la réflexion nous rappelle à quel point est pressant le besoin de faire avancer le consensus en vue d’une refondation nationale prenant en compte les expériences heureuses et surtout malheureuses des cinq dernières décennies.

Occasion aussi, en appui et prolongement de cet appel, de mettre l’accent sur ce qui est devenu l’évidence en ce cinquantenaire: Autant le régime algérien actuel ne peut se réformer par lui même, autant la réflexion et les échanges autour d’un Pacte national plus nécessaire que jamais, ne déboucheront sur les changements souhaités s’ils ne sont adossés à l’émergence d’une vaste et forte mobilisation socio-politique alimentée par les problèmes et besoins de la société et de l’Etat.

En cette jonction de la réflexion unitaire et de l’action convergente de vastes forces, résident les enjeux et les taches difficiles d’une relance algérienne indépendantiste, démocratique et sociale.


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Les élections et après ?

La Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (CNISEL)
a tiré des conclusions en contradiction avec celles de la Commission de surveillance, formée de
magistrats – qui, elle, n’a relevé aucune irrégularité.

La relative extériorité de la CNISEL par
rapport au pouvoir a permis à cette dernière de ne pas avaliser les résultats officiels.

C’est ainsi
qu’elle a conclu que «les législatives du 10 mai 2012 ont été entachées par de nombreux
dépassements et infractions, du début de l’opération jusqu’à sa fin, ce qui a terni sa probité et sa
transparence ».


Il est désormais prouvé qu’avec le contrôle des élections par l’administration et la
magistrature, toutes deux dépendantes du pouvoir, celles-ci ne peuvent être ni libres ni honnêtes,
même si le Conseil constitutionnel, comme à son habitude, s’est empressé de les valider.

La satisfaction des puissances occidentales – les Etats-Unis comme l’Union européenne –
montre qu’elles sont plus soucieuses de leurs intérêts économiques et géostratégiques que des
aspirations des Algériens à un Etat de droit respectueux des libertés démocratiques et des droits de
l’homme.

Pourtant la majorité des Algériens a très largement marqué sa désaffection en rejetant ces
élections qui les nient en tant que citoyens et ne règlent aucun de leurs problèmes essentiels.

À la veille du cinquantenaire de l’indépendance, les Algériens ont plus que jamais besoin de
retrouver l’espérance dans leur pays.

Les tensions internes de tous ordres, les périls du contexte
régional, les défis de la mondialisation, exigent une refondation de la République algérienne autour
d’un pacte national concerté entre les différentes composantes et sensibilités socio-politiques et
culturelles du pays.

C’est pourquoi, plus que jamais, nous continuerons d’appeler à une réflexion et
aux engagements de tous les patriotes pour penser et construire une vraie transition qui restitue le
pouvoir à la société: c’est dans cette direction que nous devons tous travailler.

Paris, juin 2012.

Pour le Cercle Nedjma :

Mohammed Harbi (professeur d’histoire)

Madjid Benchikh (professeur de
droit)

Aïssa Kadri (professeur de sociologie)

Ahmed Dahmani (maître de conférences en
économie)

(Contact : cerclenedjma@yahoo.fr)


GRECE: LA VOLONTÉ DE SURVIE CONTINUE DE PROGRESSER

Lundi 18 juin 2012

Saoudi Abdelaziz

algerieinfos

Ce matin, la Bourse d’Athènes gagne 6,44% et les valeurs bancaires s’envolent de 14,53%.

Les financiers n’ont pas refreiné cette giclée de lâche soulagement.

La veille du vote, et c’est une première, l’éditorial de l’honorable quotidien de la City, Le Financial Times , traduisant l’angoisse des milieux financiers, supplie les électeurs grecs: « Résistez à la démagogie d’Alexis Tsipras et de son Syriza. Ne faites pas confiance aux promesses selon lesquelles on peut mettre fin aux accords tout simplement, sans conséquences ». Le journal de la City avertit: «C’est seulement avec les partis qui acceptent les conditions des bailleurs de fonds internationaux que votre pays pourra garder l’euro». L’édito met les points sur le i. «Votre pays ira mieux avec une coalition conduite par Antonis Samaras (du parti de droite Nouvelle-Démocratie) que par Tsipras, qui veut revenir en arrière et fait miroiter un monde qui n’existe pas ».

Cette initiative inédite donne une idée de la férocité de la campagne médiatique menée, non contre le parti communiste KKE comme on on aurait pu l’imaginer, mais contre le “Syrisa”. Cette coalition d’un nouveau type, a été jugée plus dangereuse, car on la pense capable de mettre en œuvre par les urnes et par les rues, une politique gouvernementale de rupture. Syrisa prône en effet l’abandon de la désastreuse politique d’austérité élaborée par la Troïka (Banque centrale européenne, FMI, Commission de Bruxelles) et acceptée par les deux piliers de la classe politique grecques (Pasok et Nouvelle Démocratie).

Craignant un effet domino, les forces de la domination ont considéré que ce plan d’austérité ne devait en aucun cas être abandonné. C’est la ligne internationale de sauvegarde du capitalisme financier qui est ici en jeu, car elle effectue en Grèce un examen de passage jugé décisif.

Cette mobilisation anti-Syrisa a concerné l’ensemble de la classe politique dirigeante du Monde occidentale, dont on peut aisément imaginer la puissance médiatique. Tous les dirigeants, le président américain Barack Obama en tête, avaient jeté leur autorité dans la balance et mis en garde les neuf millions d’électeurs grecs contre «les conséquences de leur vote.» Avec la même rengaine: voter Syrisa, voter contre l’austérité, c’est sortir de l’Euro et de l’Europe. Même le nouveau président français, François Hollande, a averti les électeurs tentés par le vote Syrisa: «si l’impression est donnée que les Grecs veulent s’éloigner des engagements qui ont été pris et abandonner toute la perspective de redressement, alors il y aura des pays dans la zone euro qui préféreront en terminer avec la présence de la Grèce dans la zone euro ».

« La droite reste talonnée par Syrisa»

« Victoire très étriquée de Samaras», titre ce matin Libération dont l’envoyée spéciale à Athènes, Maria Malagardis, écrit à propos du chef de la droite: «C’est donc en agitant la peur d’une sortie de l’euro si Syriza arrivait au pouvoir et rejetait les engagements du plan de sauvetage que Samaras a mené campagne. Il a gagné, mais de peu. Avec 30% des voix, loin des scores traditionnels de Nouvelle Démocratie avant la crise (près de 40%), il reste talonné par Syriza, qui remporte 26,7% des suffrages et améliore ainsi nettement son score du 6 mai (16%) ».

Les résultats du scrutin d’hier, bien que sensiblement influencé par l’intense campagne médiatique jouant sur la peur, indiquent que la volonté de rupture du peuple grec, sans avoir encore débouché au Parlement, continue de progresser, et que ses forces vives ne sont pas en voie de se résigner. Dans le peuple grec, la politique de la troïka a subi un nouvel échec, incontestable bien que non définitif.

Dès l’annonce des résultats, le gouvernement allemand met de l’eau dans son vin. Fait sans précédent, qui détonne par rapport à l’intransigeance allemande, son ministre des Affaires étrangère se déclare prêt à «discuter des délais nécessaires à la mise en oeuvre des réformes en Grèce», selon Le Point qui précise: «Jusqu’à présent, Berlin était resté inflexible sur le programme de réformes négocié par Athènes avec l’UE et le FMI en échange d’un sauvetage financier, tant du point de vue de son contenu que des délais ».

Ce lâché de lest tactique ne doit cependant pas cacher la poursuite de la politique menée jusqu’ici. Passé le moment médiatique où les forces de la domination sont avantagées, la poursuite de la sale besogne financière ne sera pas acceptée par le peuple grec qui continuera d’exiger la fin de l’étranglement. Jusqu’à la mise en œuvre de la voie de survie préconisée par les forces du changement. “Syrisa” exprime l’instinct de conservation de tout un peuple.

Saoudi Abdelaziz, 18 juin 2012


[

La ténacité des mythes grecs

Par Maria Negreponti-Delivani

docteur d’Etat ès sciences économiques de la Sorbonne

->http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/06/18/la-tenacite-des-mythes-grecs_1719422_3232.html]

En dépit de vos grands airs extrêmement offensants à l’encontre de la Grèce et des Grecs si durement mis à l’épreuve et auxquels vous reprochez de ne « pas payer leurs impôts », ce qui explique votre antipathie à leur égard, vous déclarant plus émue par « les petits enfants du Niger » que par les petits Grecs, je veux croire, madame Lagarde, que vous êtes mal informée. Et ceci, parce que j’entretiens des relations étroites et de longue date avec la France, ses universités et mes nombreux confrères économistes; parce que je ressens une profonde estime et une réelle admiration pour le peuple français, son histoire et sa culture.

Pour toutes ces raisons, j’ai besoin de trouver une explication à ce qui a pu vous faire oublier, compte tenu de votre poste, que c’est à un membre à part entière de l’Union européenne et de la zone euro que vous vous adressiez. Je me permets aussi d’ajouter que le soutien moral apporté jour après jour à la Grèce par des intellectuels Français, des étudiants, des analystes, des écrivains et par nombre de médias, mais aussi la critique sévère de la part du gouvernement français, dont vos déclarations ont fait l’objet, constituent pour nous une lueur d’espoir et une aide précieuse face au génocide économique et social que nous subissons depuis ces deux dernières années et demi.

Je vais donc entreprendre, d’économiste à économiste, de vous présenter quelques éléments qui prouvent que vos déclarations sont infondées et que les Grecs, non seulement payent des impôts mais que ceux-ci sont excessivement lourds et très mal répartis.

Sur la fraude fiscale. La fraude fiscale constitue un phénomène mondial et n’est certes pas le monopole de la Grèce, mais on ne peut nier qu’elle est plus développée ici que dans d’autres pays, tout comme l’économie parallèle d’ailleurs – comparé à la moyenne européenne. Pourtant, si vous n’éprouviez pas autant d’antipathie – pour reprendre vos termes – envers les Grecs, vous verriez aisément que cette importante fraude fiscale n’est pas due aux « Grecs corrompus » et qu’il n’est pas possible de l’éradiquer avec les procédés inhumains et absolument inefficaces que la Troïka impose à la Grèce.

M’adressant à l’économiste éminente que vous êtes, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de vous rappeler l’importance primordiale, dans le problème de la fraude fiscale, de la particularité structurelle grecque. Je vous renvoie donc à des données statistiques officielles, d’où il ressort que la Grèce dispose d’un pourcentage de travailleurs indépendants dans l’emploi total, deux fois et demi plus élevé, par rapport à la moyenne de l’Europe des 27 (40,7 % contre 16,6 %). Voilà comment s’explique le modeste taux des recettes fiscales dans le PIB de la Grèce (pour exemple, il s’élève en 2000 à 34,6 % contre 40,4 % dans l’Europe des 27). Notons par ailleurs que malgré le taux très bas des recettes fiscales, la contribution fiscale des salariés et des retraités Grecs est particulièrement lourde. En effet, cette contribution est presque deux fois plus élevée que celle des salaires et des retraites dans le PIB, tandis que la contribution des non salariés à la charge fiscale totale est nettement inférieure à celle de leur revenu dans le PIB. Et c’est justement parce que la fraude fiscale en Grèce est due, en très grande partie, à la structure particulière de l’emploi, que je soutiens depuis longtemps, malgré les désavantages de ce système, que la Grèce ferait mieux d’adopter l’imposition par la consommation, comme l’a développé Nicholas Kaldor, en y associant naturellement un effort d’incorporation d’éléments de progressivité fiscale. La fraude fiscale constitue indéniablement un grand problème pour la Grèce. Il n’est pas possible cependant de s’y attaquer avec des réformes à ce point sommaires, spasmodiques et surtout si injustes, comme celles systématiquement optées par la Troïka. Vous n’ignorez pas que ces réformes, qui visaient l’appauvrissement des salariés et des retraités, ont mené à une chute brutale – et pas l’augmentation comme escompté naïvement – des recettes fiscales en 2011 et 2012. Ceci sous-entend, chère madame Lagarde, que votre antipathie à l’égard des Grecs nécessite une autre explication que celle dénonçant leurs « efforts pour ne pas payer leurs impôts ».

Quant à votre compassion à l’égard des petits enfants du Niger, je la partage absolument. C’est d’ailleurs pour cela que j’aurais souhaité, venant de vous, que vous eussiez pris soin de persuader les économies riches du monde entier de revoir à la hausse l’aide inacceptablement modeste consentie aux pays du tiers-monde. Sincèrement, j’ai d’ailleurs du mal à comprendre comment la subordination d’un petit pays européen – en l’occurence la Grèce – dont les conditions de vie sont proches de celles du tiers-monde, pourrait venir en aide aux enfants du Niger. Parce qu’il est impossible que vous n’ayez pas remarqué que la Grèce en est arrivé là, après les coups assénés par les mémorandums et les accords de prêt de la Troïka. Pour la cinquième année consécutive, en effet, la Grèce connaît une profonde récession qui a réduit de près de 24 % son PIB, le chômage s’élève à 22 %, à 52 % chez les jeunes, sept jeunes sur dix veulent quitter le pays, les salaires et les retraites ont baissé de 30 %, la pauvreté touche aujourd’hui 40 % de la population, une entreprise sur trois est en dépôt de bilan, les locataires de magasins et d’appartements sont dans l’impossibilité de payer leur loyer, l’Etat-providence s’est effondré et les gens gravement malades n’ont plus accès aux traitements, la criminalité a augmenté en flèche, le nombre des suicides directement liés à la crise a explosé, les sans-abris envahissent chaque soir davantage les trottoirs des grandes villes, on voit de plus en plus de gens chercher dans les poubelles de quoi manger et il arrive que dans les écoles, des enfants s’évanouissent de faim. Je suis donc en droit de me demander si c’est pour cette Europe-là que je me bats depuis mes années d’études.

La ténacité des mythes grecs. Vos propos sur les enfants du Niger et les Grecs, madame Lagarde, sont non seulement irréfléchis, mais suscitent en plus quantité de doutes tout à fait justifiés quant aux intentions du FMI à la tête duquel vous êtes, et à celles des représentants de la Troïka. La question est de savoir si, parallèlement au désir manifeste de punir la Grèce en exemple, une marge est prévue, pour son sauvetage, mais aussi pour la faire sortir de la crise. Un tel doute serait a priori à rejeter – je l’espère en tout cas – car simpliste ou trop malveillant, mais il s’avère, dans le cas de la Grèce, que ce doute est malheureusement bien fondé. Car – hormis le triste historique du FMI, connu pour le désastre qu’il a coutume de laisser sur son passage – la Grèce doit en plus compter avec les réformes commandées par la Troïka qui partent d’un diagnostic complètement erroné des vrais problèmes économiques, et dont les conséquences dramatiques étaient prévisibles, avant même leur mise en œuvre. Excepté le mythe des « Grecs qui ne payent pas leurs impôts » parce qu’ils sont manifestement plus corrompus que d’autres peuples, les programmes de la Troïka sont également fondés sur l’idée complètement fausse d’un secteur public soi-disant surdimensionné. Cette idée totalement gratuite est à la base des réformes imposées à la Grèce. Cette version aurait dû être rejetée dès le début, puisque, comme nous l’avons déjà signalé, le pays compte un taux de travailleurs indépendants très élevé par rapport à l’emploi total et un taux très bas de recettes fiscales comparé à la moyenne européenne.

Au-delà de ce constat général, en tout cas, il y a des données statistiques irréfutables (provenant de l’OCDE), qui indiquent que le nombre de fonctionnaires Grecs, en tant que pourcentage de l’emploi total se situe exactement dans la moyenne européenne, et qui plus est, dans la tranche inférieure. Je serais d’accord avec vous si vous souteniez que le secteur public grec manque d’efficacité et a besoin d’être amélioré, même si des études jugent le niveau de formation moyen des fonctionnaires tout à fait satisfaisant. Pourtant, je ne peux comprendre comment l’hécatombe des licenciements de 150 000 à 200 000 fonctionnaires décidée par la Troïka, rendra le secteur public grec plus efficace. Quant au degré de corruption du secteur public grec, les déclarations quotidiennes sur des phénomènes de corruption d’une envergure énorme, que ce soit au niveau européen ou mondial, ne me persuadent nullement que la Grèce soit en tête. Par contre, j’ai tendance à croire que mon pays est la proie de toutes sortes d’accusations gratuites, injustes et insultantes, et comme ces a priori ne sont pas réfutés – du moins jusqu’à présent – les limites sont repoussées et tout est permis. Autre mythe, sur lequel s’appuie le pogrom lancé par la Troïka contre les travailleurs Grecs, « la paresse », en dépit bien sûr des données officielles qui montrent exactement le contraire: à savoir que les Grecs travaillent en moyenne plus que la moyenne de l’ensemble européen (38,5 heures par semaine contre 35). Mais la pierre angulaire de la politique de la Troïka, c’est-à-dire la réforme de la dévaluation intérieure, appliquée de façon barbare en Grèce depuis deux ans et demi, n’avait dès le début, aucune chance de réussite. Cette politique, dont l’échec est total, part du principe que la baisse du coût de production – c’est-à-dire des salaires – favorise les exportations, et que grâce à l’augmentation des exportations, le pays pourra sortir de la crise. Or, les exportations ne représentent que 24 % du PIB de la Grèce et il est complètement farfelu de s’imaginer qu’une augmentation des exportations soit possible au point de résoudre les problèmes du pays, surtout quand une part importante du secteur productif se trouve gravement diminuée. Ajoutons à cela que la moitié presque des exportations grecques est concurrencée par des produits offerts aussi par des pays émergents, où les salaires sont si bas qu’on ne peut concevoir qu’ils soient adoptés un jour par l’Europe. Il est vrai qu’une augmentation appréciable des exportations grecques a été observée et qui semble être due à la baisse de la consommation intérieure, ce qui a fait crier au triomphe les défenseurs de la Troïka. Mais déjà, on observe une baisse des exportations grecques.

Est-ce utile de répéter qu’une politique qui part d’un diagnostic erroné des problèmes avec l’intention de les régler est vouée à l’échec ? C’est exactement ce qui est en train de se produire : l’économie grecque, malgré les sacrifices sanglants auquel son peuple est forcé, va de mal en pis. Le taux de sa dette dans le PIB était de 115 % en 2009, et on estime qu’il s’élèvera à 132% en 2020! Sauf que d’ici là, si le « régime mémorandiste » reste en vigueur, la Grèce n’existera plus, puisqu’elle aura bradé la totalité de sa richesse publique au nom de sa « mise en valeur », à un prix défiant toute concurrence.

L’impasse dans laquelle la Troïka a engagé la dette grecque est désormais reconnue et incontestée au niveau planétaire, aussi bien par les économistes sérieux et que par l’ensemble de la presse économique. Or, la Troïka s’obstine à ne rien voir et à ne rien entendre et ses représentants continuent de répéter les stéréotypes du style « la Grèce doit appliquer les mémorandums à la lettre ». Mais ce n’est pas tout, car à la veille des élections la pression est énorme et tous les jours, la menace pèse sous la forme du dilemme « le mémorandum ou le retour à la drachme ». J’ai cependant le sentiment qu’il s’agit d’un faux dilemme, car il est évident que ce sont des forces extérieures à la Grèce qui choisiront pour nous.

En effet, madame Lagarde, les fondements de la Communauté européenne et de la zone euro sont durement secoués, avec l’Espagne qui vient de se mettre sous une sorte de tutelle – naturellement beaucoup plus légère que celle de la Grèce et ce, malgré sa situation beaucoup plus grave, peut-être parce qu’elle a la chance de ne pas être sujette à votre antipathie – et l’Italie qui la suit, mais aussi la France qui n’en est pas très loin elle aussi… Voilà pourquoi, chère madame Lagarde, j’espère que vous êtes consciente du fait que pour la Grèce, le décodage immédiat des paramètres et des implications du dilemme dans lequel vous nous avez enfermés, mais le décodage aussi de vos intentions réelles, sont maintenant une question de vie ou de mort. Puisque, c’est un fait, nous sommes détruits, sans aucun espoir de redressement si nous restons sous le régime mémorandiste, pourquoi alors nous forcer à ce choix ? Car s’il est vrai que vous préparez, dans le secret le plus absolu, notre sortie de l’Union européenne et de la zone euro, évidemment sous les conditions qui vous arrangent (vous mais pas nous), pour quelle raison alors est-ce nous devrions rester inactifs? Et puis, si l’Europe du futur doit devenir celle des seigneurs et des serfs, n’avons-nous pas le droit de décider nous mêmes de notre présence ou non dans l’euro ? Mais encore, si cette Europe, qui n’a malheureusement honoré aucun de ses engagements initiaux, s’est engagée dans une voie funeste, y aurait-il une raison à ce que nous nous préoccupions de vos compassions et de vos antipathies, chère Madame Lagarde, au lieu de chercher coûte que coûte la solution la moins mauvaise pour nous ?

Pour finir, je suis d’avis que le peuple Grec vous doit des remerciements, car la franchise de vos propos, en tant que directrice du Fonds monétaire international, l’a aidé à comprendre où il se trouve, et à prendre les décisions adéquates. Madame Lagarde, vous avez été franche et directe : vous n’éprouvez pour nous aucune sympathie, et tout porte à croire que vous n’êtes pas la seule… Votre cheval de bataille ne peut donc être le sauvetage de la Grèce. Mais alors, je vous en prie, expliquez-nous pourquoi ce chantage à l’euro ?

Je vous prie de recevoir, madame la directrice générale, l’expression de ma considération distinguée.

18 juin 2012

Maria Negreponti-Delivani

docteur d’Etat ès sciences économiques de la Sorbonne

Point de vue. Le Monde.fr


DES MILITANTS ASSOCIATIFS POURSUIVIS POUR « INCITATION à ATTROUPEMENT NON ARMÉ »

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Des militants font l’objet de poursuites

pour «incitation à attroupement non armé»

et sont convoqués par la justice

le 19 juin 2012

à 13h30

au tribunal de Babeloued.

ABDOU BENDJOUDI (MJIC)

YACINE ZAID (Syndicaliste autonome)

OTHMANE AOUAMEUR (RDLD)

LAKHDAR BOUZINI (SNAPAP)


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https://www.facebook.com/photo.php?fbid=373270009399738&set=a.145967918796616.27830.145385028854905&type=1&ref=nf


Le MJIC appelle à un rassemblement de soutien

Des militants des droits de l’Homme

mardi devant la justice

Par : Karim Kebir

http://www.liberte-algerie.com/actualite/des-militants-des-droits-de-l-homme-mardi-devant-la-justice-le-mjic-appelle-a-un-rassemblement-de-soutien-180201

Pour avoir tenté de tenir un rassemblement de soutien à Abdelkader Kherba, un militant au “Comité national pour la défense des droits des chômeurs” (CNDDC) et à la“ Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme” (Laddh),

condamné pour avoir soutenu une manifestation des greffiers à Alger, Abdou Bendjoudi, responsable de la communication du “Mouvement des jeunes indépendants pour le changement” (Mjic),

trois autres militants des droits de l’Homme, Othmane Aouameur, Yacine Zaïd, et Lakhdar Bouzini, devraient comparaître ce mardi devant le tribunal de Bab El-Oued, indique un communiqué du Mjic parvenu hier à la rédaction.

Les quatre mis en cause sont poursuivis pour “incitation à un rassemblement non armé!”, selon les termes de ce communiqué.

Pour les militants du Mjic, un mouvement né dans la foulée des révoltes du début de l’année 2011, cet acte “injuste” et “grave”, qui va à “l’encontre des droits de l’Homme et de tous les fondamentaux du droit et de la démocratie”, est “une entreprise d’intimidation visant à museler toutes les voix revendiquant le respect des droits de l’Homme, des libertés et de la dignité des Algériens de manière pacifique, organisée et constructive”, note le communiqué.

“Le Mjic est conscient que ceux qui sont à l’origine de ces atteintes aux droits de l’Homme n’ont de considération que pour la pérennité de leurs intérêts et privilèges acquis au détriment de l’intérêt du peuple algérien et de l’intérêt suprême de la nation et son intégrité”, ajoute le texte.

Tout en condamnant “vigoureusement cette honteuse machination de la justice”, et se disant engagé à apporter son soutien “indéfectible” à ces militants, cibles, dit-il, de cette “injustice orchestrée par l’appareil judiciaire du régime”, le Mjic appelle toutes les forces “vives de la nation, toutes celles et ceux qui croient en la démocratie et aux droits de l’Homme et, enfin, tous les Algériens dont la conscience citoyenne ne peut accepter une telle injustice” à un

grand rassemblement de soutien

le mardi 19 juin 2012 à 13h30

devant le tribunal de Bab El-Oued, à Alger

.

K K.


RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN

DEVANT LE TRIBUNAL DE BAB EL OUED

le 19 juin

Ghania Lassal

http://www.elwatan.com/actualite/un-enieme-proces-contre-des-militants-se-tiendra-le-19-juin-17-06-2012-175085_109.php

Les défenseurs des droits de l’homme appellent à un rassemblement de soutien avec les quatre militants poursuivis en justice par le parquet d’Alger pour «incitation à attroupement».

Ce sit-in se tiendra mardi 19 juin à 13h30

devant le tribunal de Bab El Oued

où Yacine Zaid, Abdou Bendjoudi, Othmane Aouameur et Lakhdar Bouzidi doivent comparaître.

Ces quatre accusés avaient pris part à un rassemblement de soutien à Abdelkader Kherba, le 26 avril dernier. Ce dernier avait été arrêté lors d’une manifestation de soutien aux greffiers grévistes, puis avait été inculpé et condamné pour le même motif. «Et la boucle est bouclée», ironise maître Noureddine Benissad, président de la “Ligue algérienne de défense des droits de l’homme” (LADDH).

«Après notre arrestation en avril, des observateurs de l’UE pour les élections législatives ont été alertés et dépêchés au commissariat. Les forces de l’ordre nous ont donc relâchés, mais nous avions refusé de signer le PV. Et là, nous apprenons que nous sommes inculpés et passerons directement devant une cour, tout cela pour un délit d’opinion, pour une manifestation pacifique», relate Yacine Zaid, syndicaliste. Selon lui, cette affaire, ainsi que les poursuites et pressions non médiatisées, sont aussi à lier avec l’affaire Tarek Mammeri. «Ils essaient ainsi de museler les voix discordantes et les opinions contradictoires. Le pouvoir balade les militants de commissariats en tribunaux pour les distraire, pour faire diversion», explique M. Zaid.

«Il y a là un véritable harcèlement et un acharnement judiciaire à l’encontre des militants et défenseurs des droits de l’homme. Ce sont des atteintes aux conventions internationales ratifiées par l’Algérie, notamment la convention des droits civils et politiques. Ces principes de liberté d’expression et de rassemblement pacifique sont pourtant intégrés et garantis par la Constitution algérienne», explique maître Benissad.

«Comment des droits fondamentaux peuvent-ils se transformer en délits?», s’interroge-t-il.

La LADDH s’inquiète d’ailleurs des graves dérives et autres répressions enregistrées ces derniers mois, tout comme de nombreuses autres associations, réseaux et ONG internationales.

Et même les pays membres du Conseil des droits de l’homme de l’ONU ont soulevé, au début du mois de juin, leurs préoccupations quant aux violations des libertés individuelles et collectives dans le pays.

Et qu’ils soient syndicalistes, membres d’un réseau pour la défense des libertés ou encore simples citoyens soucieux d’exprimer leurs opinions librement, les temps sont durs pour la liberté d’expression en Algérie. «Pendant que Medelci jure à Genève, devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, que l’Algérie est terre d’ouverture et de tolérance, la chasse aux militants bat son plein», déplore Yacine Zaid, syndicaliste, qui comparaît «pour la 36e fois devant un juge pour motif de militantisme».

Avis partagé par la LADDH. «Il y a un discours officiel qui est somme toute virtuel. Et il y a la réalité, où il n’y a plus de justice, mais des justiciers qui instrumentalisent les lois et le système judiciaire. Raison pour laquelle l’heure est au rassemblement et aux luttes», insiste maître Benissad.-

G.L.