MOULOUD OUMEZIANE NOUS A QUITTÉS :

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ancien dirigeant syndical courageux,

un des animateurs de l’aile nationale progressiste de l’UGTA

Saoudi Abdelaziz lui rend hommage dans son blog

algerieinfos-saoudi.com, le lundi 29 octobre 2012:

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J’ai travaillé pendant près de deux ans à la Centrale UGTA, lorsque Mouloud Oumeziane en était le secrétariat général. C’était avant que le pouvoir n’impose de nouveau sa tutelle sur l’UGTA, à l’automne de 1968…

Ancien dirigeant syndical, Mouloud Oumeziane nous a quittés

et reprend son article de février 2010, précédemment mis en ligne par socialgerie le 27 février 2010, article 206

MÉMOIRE SYNDICALE : LA DEUXIÈME CAPORALISATION, EN 1968

http://www.socialgerie.net/spip.php?article206


PARIS – 19 NOVEMBRE au 4 DECEMBRE – MAGHREB DES FILMS – PROGRAMME

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Pour son édition 2012, Le Maghreb des films se déroulera,

à Paris,

à l’Institut du Monde Arabe (IMA), du 19 au 23 novembre 2012

et

aux 3 Luxembourg, du 28 novembre au 4 décembre

ainsi que dans de nombreuses villes de périphérie et en Région.

La programmation parisienne comportera une cinquantaine de films de tous formats et de toutes durées, organisés en 5 thèmes:


1. « Algérie, du rêve à la réalité – de 1980 à 2012 » :


Cette ultime séquence viendra clore le cycle de films commémorant le 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie.

On y verra ou reverra

les deux derniers films de Merzak Allouache,

les rares,

« Rachida » de Yamina Bachir-Chouikh,

« Octobre, automne à Alger » de Malik Lakhdar Hamina

ou « Douleur muette » de l’irremplaçable Azzedine Meddour


2. « Algérie, une nouvelle vague, carte blanche à Marion Pasquier et à la revue Bref » :


Pour donner à voir ce « nouveau » cinéma algérien qui se fait en dehors des circuits officiels et annonce une nouvelle génération de cinéastes.


3. « Tunisie, quelle révolution ? » :


Il y a presque deux ans que la révolution tunisienne a éclaté.

Le moment est venu de voir comment le cinéma tunisien l’a représentée. De nombreux films se sont tournés et se tournent encore. Nous essaierons d’en faire le point avec les cinéastes intéressés.

À travers leurs films, bien entendu, mais également à l’occasion d’une table ronde les réunissant.

Quoiqu’il en soit, cette nouvelle séquence tunisienne traduit elle aussi l’émergence d’une nouvelle génération qui trouve sa place aux côtés de talents déjà confirmés, Mohamed Zran et Nadia El Fani


4. Un hommage particulier sera rendu à deux de ces talents, évoqués ci-dessus:


à Mohamed Zran avec la programmation de tous ses films, notamment «Dégage»,

et à Nadia el Fani avec “Même pas mal” et ses deux précédents opus.

Ces deux auteurs, chacun à sa manière a depuis longtemps opté pour une approche documentaire (y compris dans la fiction, s’agissant de Mohamed Zran).

Approche, démarche, sans doute, la mieux à même, en l’occurrence, de rendre compte des enjeux de la réalité tunisienne.


5. Enfin, une sélection d’« inédits » des 3 principaux pays du Maghreb viendra compléter cette riche quinzaine.


Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site du Maghreb des films

http://maghrebdesfilms.fr/Le-MdF-2012-a-Paris-le-programme


Voir aussi le Maghreb des films en région :

le samedi 10 et 17 novembre à Besançon,

les vendredi 16 et samedi 17 novembre à Roubaix et Lille,

le dimanche 18 novembre à Lyon La Duchère, etc.

Se reporter à

http://maghrebdesfilms.fr/Le-MdF-en-novembre-2012-en-region


DERRIERE LES MALHEURS DU MONDE ARABO-ISLAMIQUE: QUELQUES FAITS REVELATEURS

Y a-t-il une malédiction qui a frappé pour l’éternité les peuples dans l’aire géopolitique arabe, africaine et islamique ? Inutile de chercher les causes de leurs malheurs dans d’obscures et fumeuses visions essentialistes d’ordre culturel, religieux ou civilisationnel, même si ces dernières servent de paravents et de diversions d’une réelle efficacité quand les opinions sont désorientées et manipulées ! Il suffit, pour y voir plus clair, d’observer quelques uns des mécanismes par lesquels les appareils militaires, diplomatiques, médiatiques et les officines secrètes des différents impérialismes, secondés par leurs relais locaux conscients ou inconscients, ont dominé et instrumentalisé les courants nationaux et populaires dans leurs diverses composantes. De quoi inciter les forces et courants politiques sains de ces nations à combiner vigilance et unité d’action au service de leurs aspirations sociales, démocratiques et pacifiques. L’inventaire objectif et sans passion des malheurs passés ne peut que favoriser la maturation démocratique et civique des opinions et des peuples face aux enjeux du temps présent.

Dans sa dernière et substantielle livraison, le blog http://chiricahua.over-blog.com/ donne une image saisissante – qui pourra parfois surprendre certains – de quelques uns de ces mécanismes, pervers mais bien réels, aux échelles nationale, régionale et internationale.

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[

REGARDE LES COLONELS TOMBER

Mardi 30 octobre 2012

->http://chiricahua.over-blog.com/article-regarde-les-colonels-tomber-111909713.html]

http://chiricahua.over-blog.com/article-regarde-les-colonels-tomber-111909713.html

M’AS-TU-VU EN HADJ?

par Arezki Metref

Le Soir d’Algérie

“ICI MIEUX QUE LA-BAS”

le 28 octobre 2012

De mon temps — celui de Sidna Nouh, le Noé des autres —, Aâmi l’Hadj, c’était vraiment quelqu’un. Mieux, c’était même quelque chose. Une rareté. Rare pour une foule de raisons. Des Hadj, il y en avait, quoi? Allez, deux max par circonscription électorale du deuxième collège. Autant dire un pourcentage statistiquement insignifiant qui génère la rareté.

Rare aussi parce que ce qu’on pourrait appeler le profil du Hadj n’était pas monnaie courante. Le pèlerinage était la consécration d’un chemin de piété, d’une vie de spiritualité exemplaire de moralité, ou du moins était-elle censée l’être.

Rare encore parce qu’il fallait avoir les moyens d’accomplir ce pèlerinage, et que très peu les possédaient.

Le résultat est que dans notre société, traditionnellement, quel que soit le degré de religiosité que l’on observe, Aâmi Hadj inspirait le respect. Pas seulement pour son âge vénérable — le pèlerinage s’effectuant alors à un âge canonique —, mais aussi pour le mystère charrié par l’immersion dans l’univers spirituel de l’islam.

Quel que soit le degré d’incrédulité que l’on peut éprouver vis-à-vis des religions, peu nombreux sont les hommes qui demeurent insensibles à la puissance d’une démarche spirituelle. Voilà pourquoi, même si nos rêves de gosse n’étaient pas articulés autour de l’obsession du pèlerinage, du temps de mon enfance, on éprouvait plus que de l’admiration pour Aâmi Hadj supposé détenteur d’un pouvoir quasi surnaturel.

C’était un temps où le pèlerinage se faisait à l’échelle artisanale.

Aujourd’hui, on atteint l’échelle industrielle. Le nombre, non seulement annule la magie, mais il engendre la banalisation. Pour moi, le Hadj d’aujourd’hui ne dégage rien de spirituel, de profondément indicible, et même de cette pureté attribuée au Hadj d’autrefois. Bien sûr, chaque époque, celle de mon enfance pas moins que d’autres, a connu ses faux dévots, ses jouisseurs sans freins qui lavent leurs os à l’eau de zem-zem une fois venue la vieillesse, ses noceurs incorrigibles devant l’Éternel qui, à l’orée de l’ultime voyage, s’achètent une place au paradis.

Mais là encore, c’est une question de proportions et, de même qu’il y avait peu de vrais Hadj, il y avait aussi très peu d’aspirants à La Mecque comme à une machine à laver de tous les péchés. Actuellement, ça n’a plus de sens. Le pèlerinage est souvent, non pas l’accomplissement spirituel auquel il est destiné, mais un simple ajout à l’attirail du nouveau riche ou de l’ancien — ou pas — pistonné.

Une fois qu’on a construit son R+2, coulé sa dalle de sol, ajusté son lustre stambouliote, agrandi son garage à la hauteur de la 4X4 à 200 patates et des poussières, on peut ajouter au pack du parfait algérien intégré au miracle bouteflikien la frime du titre de Hadj. C’est le plastron des temps tartuffes!

Le Hadj d’aujourd’hui dépasse à peine la quarantaine contre le double jadis, et se prélasse souvent dans des professions matelassées, entrepreneur, banquier, gros commerçant, ou dans des positions de bénéficiaire de la rente, fonctionnaire de l’Etat ou d’un parti propriétaire de l’État, membre d’une clientèle politique ou tribale. Il ira de préférence accomplir de multiples pèlerinages de sorte à être plusieurs fois Hadj, ce qui augmente d’autant un faux prestige symétrique à la fausse admiration qui lui est dévolue dans un jeu de trompe- l’œil où chacun trouve son compte.

Mais le Hadj bafoue les règles d’éthique et de justice censées être contenues dans l’islam s’il se laissait privilégier pour acquérir un passeport, s’il payait parfois la dîme qui n’est rien d’autre que de la corruption ou s’il achetait très cher le précieux sésame pour être dans le quota, ce qui revient à profaner par l’argent ce qui relève du domaine du cœur, la religion. Mais tu parles, l’essentiel, c’est de se pavaner avec le titre.

L’aspirant au Hadj d’aujourd’hui est donc un friqué à ras-bord ou un pistonné plein pot, ou les deux si possible, et souvent. S’il n’est ni l’un ni l’autre, il est certainement ancien moudjahid ou fils de chahid, ce qui pose la question de la relation biscornue qu’on entrevoit entre le pèlerinage et l’histoire nationale. En quoi ceci a-t-il à voir avec cela?

Enfin, et dans la plupart des cas, le Hadj new look ne connaît ni ne s’intéresse vraiment à l’islam comme histoire, spiritualité, géopolitique. Il estimera qu’en dehors de trois ou quatre affirmations, éculées et plus que banales, archaïques, qui permettent de ramener dans le droit chemin des égarés qui questionnent, il est contreproductif de s’encombrer de connaissances forcément inutiles, le tout étant dans… l’apparence.

Enfin, le Hadj d’aujourd’hui reviendra du pèlerinage léger spirituellement, puisque son expérience aura consisté à se mouvoir dans la multitude, mais sûrement lourd de présents terrestres qui connaîtront moins les chemins de l’offrande que ceux du troc: bijoux en or de faible densité, eau de zem-zem, foulards et j’en passe.

Contrairement à celui d’hier tout de discrétion et d’humilité, le Hadj d’aujourd’hui est gonflé d’ostentation et de m’as-tu-vu, théâtralisant son pèlerinage au mieux. Il parle haut et fort, et si, à la rigueur on peut ignorer la loi, nul n’est censé ne pas savoir qui il est. Cette théâtralisation donne lieu à tout un folklore consistant en de véritables fêtes quasiment avec concert de youyous en stéréo dès l’aéroport, des cortèges dignes des processions de voitures officielles en dictature puis enfin, une fois arrivé, à des agapes à répétition.

Décidément, les temps ont changé et le Hadj avec. Mais cela non plus n’est pas nouveau. Heureusement que le Hadj d’hier existe aussi aujourd’hui même s’il est débordé par le nombre. Il y a encore, heureusement, et c’est peut-être même la majorité, des hommes qui accomplissent le pèlerinage pour la foi et dans la simplicité. De retour chez eux, ils montent dans une voiture discrètement, et leur chemin d’initiation continuera à prospérer dans leur cœur.


P. S.: «Un bon Indien est un indien mort». J’ai attribué cette citation au général Lee. Il n’en a jamais été l’auteur. Puis, rectifiant, je l’ai donné au général Curtis. Il en existe un, de général Curtis, mais il est notre contemporain et il n’a rien à voir avec les Indiens de l’époque. Le véritable auteur de cette phrase célèbre serait le général Custer. Néanmoins, je suis presque tenté de commettre une autre imprécision pour recevoir un rectificatif du lecteur vigilant, — il se reconnaîtra,— qui m’a signalé les deux erreurs. Deux fois merci.

A. M.

LIBAN: DEUX PRISES DE POSITION: PARTI COMMUNISTE LIBANAIS et ORGANISATIONS PALESTINIENNES


COMMUNIQUÉ DU PARTI COMMUNISTE LIBANAIS – à l’occasion du 88 ème anniversaire de sa création Ensemble pour consolider la paix civile – Ensemble pour le changement démocratique radical – Beyrouth, le 24 octobre 2012.


QUI CHERCHE A IMPLIQUER LES PALESTINIENS DANS LES CONFLITS DE LA RÉGION? – par Fadwa Nassar- le vendredi 26 octobre 2012.


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QUI CHERCHE À IMPLIQUER LES PALESTINIENS

DANS LES CONFLITS DE LA RÉGION?

par Fadwa Nassar

vendredi 26 octobre 2012

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L’attentat du quartier Ashrafieh, qui a visé le colonel Wissam al-Hassan, chef de la section des Renseignements dans les FSI libanaises et le coup d’Etat raté de l’opposition du «14 mars» pour revenir au pouvoir, ont de nouveau été l’occasion pour certaines forces et médias libanais de remettre en cause la présence palestinienne au Liban.

Ce n’est ni la première tentative, ni la dernière, semble-t-il, vu la virulence des attaques anti-palestiniennes lancées par ces forces et médias, chaque fois que la situation sécuritaire au Liban est mise à l’épreuve.

Aujourd’hui, c’est la mort d’un ouvrier palestinien, qui a osé affronter les lignes de tirs dans un quartier de la capitale où l’armée libanaise était intervenue pour instaurer le calme, qui a déclenché cette campagne sournoise où LE Palestinien est devenu le «fauteur de troubles». Cet ouvrier aurait été armé et aurait tiré contre l’armée. Mais, par un heureux hasard, un passant, admirant la bravoure de celui-ci, avait pu filmer son trajet en train de braver les tirs avant de succomber, touché par des balles de «provenance inconnue»?!

La fin tragique des uns, dans un Liban en crise d’identité, a une fois encore alimenté la haine contre les Palestiniens.

Il y a quelques mois, ce fut la révolte des jeunes du camp de Nahr el-Bared contre le système de contrôle installé par l’armée libanaise, qui avait déclenché la campagne contre la présence palestinienne. Les Palestiniens s’étaient révoltés contre un système injuste qui les empêchait de circuler même à l’intérieur du camp, puisqu’il fallait produire des «autorisations» ou montrer leur identité à chaque barrage de l’armée, installé dans le camp même et non seulement à ses entrées. Bien qu’il n’y ait aucune animosité contre l’armée, sa direction ou ses soldats, car celle-ci ne fait qu’appliquer les directives du gouvernement et de la classe politique libanaise, les jeunes Palestiniens du camp de Nahr el-Bared ont réclamé la fin des contrôles et des barrages, qu’ils ont jugé humiliants.

Mais des politiciens et une certains presse aux abois ont vite fait de dénoncer la soi-disant participation des Palestiniens aux combats dans le nord du pays, contre l’armée libanaise, aux côtés des «rebelles» syriens qui par ailleurs, pourrissent la vie des Libanais, depuis que des députés du «14 mars» leur ont offert la possibilité de lancer des attaques contre le régime syrien à partir du Liban.

Dans les deux cas, les organisations palestiniennes, nationales (Fateh, FPLP et FDLP et FPLP-CG) et islamiques (Hamas et Jihad islamique) ont déploré les combats inter-libanais et appelé au calme toutes les parties pour l’intérêt de la nation et de la Palestine, ont affirmé se situer à l’écart de tous les conflits internes au Liban et dans la région, et ont dénoncé les tentatives de certains d’impliquer les Palestiniens dans leurs conflits.

Le communiqué des forces et organisations palestiniennes présentes au Liban, publié ce 24 octobre, suite à leur réunion au siège de l’ambassade de Palestine, a affirmé ce qui suit:

  • 1 – Nous dénonçons l’assassinat du colonel Wissam el-Hassan.
  • 2 – Nous affirmons que les organisations palestiniennes sont attachées à l’unité, à la sécurité et à la stabilité du Liban. Elles appellent toutes les forces et tous les partis libanais au calme et au dialogue pour préserver le Liban d’une guerre civile.
  • 3 – Nous affirmons l’unité de la position palestinienne au Liban: nous ne serons qu’un élément de stabilité dans ce pays, nous refusons les tentatives de nous impliquer dans la crise interne libanaise et nous ne permettrons à personne d’utiliser les camps palestiniens pour viser la paix civile au Liban, comme nous refusons toute forme de guerre civile.
  • 4 – Nous réclamons des forces politiques libanaises et des médias une grande précision et attention dans le traitment de l’information, et leur demandons de ne pas impliquer le peuple palestinien dans les troubles récents, d’autant plus que l’ensemble des organisations palestiniennes refusent de couvrir tout individu palestinien dont l’implication a été prouvée.

    Nous réclamons de ne pas faire porter à l’ensemble du peuple palestinien toute erreur individuelle qui pourrait survenir, comme dans toutes les sociétés humaines.

Même si certaines voix irresponsables arabes (des «révolutionnaires de pacotille») appellent les Palestiniens à participer aux combats fratricides qui secouent certaines parties de la nation, par solidarité ou par intérêt (les Palestiniens étant considérés comme des «professionnels» de la lutte armée), l’expérience douloureuse des Palestiniens, depuis le fameux alignement de feu Arafat aux côtés de Saddam Hussayn, contre le Koweit et l’alliance des Etats arabes placée sous égide américaine, est encore dans les mémoires. Des milliers de Palestiniens furent expulsés du Koweit laissant des milliers de familles palestiniennes sans ressources, sans compter le financement de l’OLP qui fut mis en difficulté, celle-ci ne pouvant plus payer ni ses bureaux, ni les organisations palestiniennes qui y sont affiliées.

Pour la résistance palestinienne et ses organisations, seul le peuple palestinien paie ses erreurs aussi lourdement, probablement à cause de l’état d’exil dans lequel il se trouve, entre autres.

Pour les organisations palestiniennes au Liban, il s’agit non seulement d’une position de principe, mais bien d’une position servant à protéger les réfugiés palestiniens et la cause palestinienne, et notamment le droit au retour.

Car le fait d’impliquer les camps de réfugiés dans tout conflit secondaire ou marginal, d’autant plus qu’il ne s’agit pas de révolutions mais de guerres civiles, signifie l’éparpillement des Palestiniens, au grand bonheur de l’État sioniste et de ses nombreux alliés dans le monde occidental, qui veulent en finir avec la question des réfugiés palestiniens et de leur objectif de retourner en Palestine, dans toute la Palestine, et non seulement en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

C’est l’enjeu principal, c’est le premier enjeu d’ailleurs, de tout le conflit dans la région: les puissances impériales veulent instaurer une «paix» où les réfugiés n’ont pas le droit de retourner dans leur pays, leurs villes et villages d’origine, et réserver une enclave appelée État palestinien, où l’État sioniste contrôle non seulement les frontières, le sous-sol et le ciel, mais aussi la démographie et la population, alors que la résistance palestinienne lutte pour la libération de toute la Palestine «du fleuve à la mer», et le retour des réfugiés.

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Fadwa Nassar

24 octobre 2012

sources: assawra

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COMMUNIQUÉ DU PARTI COMMUNISTE DU LIBAN

ANNIVERSAIRE DE SA FONDATION

ET GRAVITÉ DE LA SITUATION!

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COMMUNIQUÉ DU PARTI COMMUNISTE LIBANAIS

à l’occasion du 88 ème anniversaire de sa création

Ensemble pour consolider la paix civile

Ensemble pour le changement démocratique radical

Le Parti Communiste libanais a publié, à l’occasion du 88ème anniversaire de sa création, le communiqué suivant adressé au peuple libanais, spécialement aux Communistes:


Libanaises, Libanais,

Le 88ème anniversaire de la création du PCL coïncide cette année avec de grands dangers qui menacent notre pays dans son unité et peuvent l’entrainer, si nous n’y prenons pas garde, dans le cercle vicieux de la violence basée sur les divisions confessionnelles abhorrés.

En effet, depuis l’assassinat du général Wissam El Hassan, chef de la division de l’information au sein des FSI, les deux parties de la classe dirigeante, surtout les représentants des forces du 14 mars, cherchent toute sorte d’opportunités afin de déstabiliser « la partie adverse », s’appuyant pour y faire sur les divisions confessionnelles qu’ils avaient déjà utilisées afin de renforcer leur régime et d’augmenter leurs parts et leurs intérêts. Tandis que ceux qui se trouvent aujourd’hui au gouvernement ne font rien pour atténuer la crise sociale qui sévit, bien au contraire, ils renforcent cette crise et, en même temps, se désintéressent de la sécurité des Libanais, ouvrant les portes de la patrie aux vents des guerres qui nous viennent des régions alentour.

Libanais, Camarades,

Les gens du régime tentent de remettre notre pays dans l’œil du cyclone. Ne peut-on voir dans les événements des derniers jours, à Beyrouth, Tripoli et tout le long de la route côtière, du Nord au Sud, une tentative de remettre en avant les projets visant à émietter le territoire national et à diviser le peuple ? Ce qui veut dire en clair la liquidation du Liban et la transformation du peuple libanais en une multitude de groupes confessionnels?

N’avons-nous pas appris des quinze années de guerre civile, entrecoupée de plusieurs agressions israéliennes et multinationales, que la division ne peut que mener notre pays à la mort et nos concitoyens à la désespérance et à l’émigration ? N’avons- nous pas assez payé de notre vie et avons-nous oublié si rapidement que notre résistance et notre unité, il y a trente ans, ont pu libérer notre pays ; bien plus, elles ont créé un exemple suivi par les peuples arabes.

C’est pourquoi nous nous adressons aujourd’hui à vous, pour vous demander de refuser tout appel à la division lancé par ceux qui veulent nous diviser pour asseoir leurs pouvoir et leurs privilèges.

Nous vous appelons à l’unité afin de préserver la paix civile.

Nous vous appelons à faire front commun contre les comploteurs et ceux qui propagent le terrorisme et la mort, de créer une unité populaire solide basée sur un programme de changement radical revalorisant l’esprit du «Front de Résistance patriotique libanaise». Un programme ayant pour fondement les reformes politiques nécessaires visant à mettre fin à l’Etat des quotas confessionnels et préparant notre avancée vers un Liban souverain, indépendant, démocratique, arabe.

Ensemble nous bâtirons un pays où règnent l’égalité et la justice sociale.

Le Bureau politique

Du Parti Communiste libanais

Beyrouth, le 24 octobre 2012

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بيان في العيد الثامن والثمانين للحزب الشيوعي اللبناني

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معا من أجل تثبيت السلم الأهلي

معا من أجل التغيير الديمقراطي الجذري

أيها اللبنانيون، أيها الشيوعيون،

يأتي العيد الثامن والثمانون للحزب الشيوعي اللبناني، والوطن يعيش مخاطر كبيرة كادت أن تودي بوحدته وأن تدخله، مجددا، في دوامة الإرهاب والعنف المستند الى الشرذمة المذهبية والطائفية البغيضة.

فمنذ ما قبل اغتيال اللواء وسام الحسن، وأهل النظام، خاصة أولئك المتواجدين خارج الحكومة، يتحينون الفرص للانقضاض على بعضهم بعضا، ويدفعون قسما من الشعب ضد القسم الآخر، وينفخون في نار الطائفية التي طالما استخدموها لإعادة إنتاج نظامهم وزيادة حصصهم وامتيازاتهم. بينما من هم في الحكومة يتحايلون على وجع الناس وأوضاعهم الاجتماعية الصعبة، وينأون بنفسهم عن الفلتان الأمني، ويشرّعون أبواب الوطن على رياح الحروب الإقليمية.

أيها اللبنانيون، أيها الشيوعيون،

أدخل أهل النظام بلدنا مجددا في عنق الزجاجة. فما جرى في الأيام الماضية في بيروت وطرابلس وعلى طول الخط الساحلي، من الشمال الى الجنوب، ليس سوى استكمال للمخططات الداعية الى تقسيم الأرض والشعب، بل والى الغاء وجودنا الوطني وتحويلنا الى محميات طائفية. ألم تعلمنا سنوات الحرب الأهلية وما تخللها من اعتداءات صهيونية ومتعددة الجنسيات أن الانقسام يودي بالوطن الى الهلاك وبالمواطن الى حافة اليأس والاغتراب؟ ألم نتعظ بعد من كل الأثمان التي دفعناها؟ هل نسينا أننا يوم توحدنا في مقاومة العدوان والاحتلال، منذ ثلاثين عاما بالتمام والكمال، استطعنا ليس فقط تحرير أرضنا، بل شكلنا نموذجا تحتذي به الشعوب العربية؟

لذا ندعوكم اليوم الى نبذ دعاة التفرقة الذين لا يضمرون لنا سوى الخراب للحفاظ على مواقعهم وامتيازاتهم.
ندعوكم الى الاتحاد من أجل نبذ الطائفية وصيانة السلم الأهلي الذي، وحده، يصون الوطن.

ندعوكم الى مواجهة مفتعلي الفتن ومعممي الإرهاب والقتل بوحدة شعبية متينة مستندة الى برنامج للتغيير الديمقراطي الجذري يستعيد روح المقاومة الوطنية، التي انطلقت من بيروت لتحرر كل شبر من تراب الوطن، ويستند الى إصلاحات سياسية تنهي فعل دولة المحاصصة وتدخلنا جميعا الى رحاب الوطن السيد المستقل الديمقراطي الوطني العربي.

معا نبني لبنان المساواة والعدالة.

بيروت في 24 تشرين الأول 2012

المكتب السياسي للحزب الشيوعي اللبناني


ASSISTONS-NOUS à UN RETOUR DU RELIGIEUX?

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Abdennour Bidar, philosophe.

Henri Pena-Ruiz, philosophe, spécialiste de la laïcité.

Jean-Louis Schlegel, sociologue des religions.

Entretiens croisés réalisés par Laurent Etre

l’Humanité – les débats

le 19 octobre 2012

Rappel des faits

Film islamophobe et flambée 
de violence en réaction, tensions en France à la suite de publications de caricatures, jeunes Français basculant 
dans l’islamisme radical...

Le flux de l’actualité nous abreuve d’événements et 
de faits divers qu’il n’est pas toujours évident de remettre 
en perspective. Le risque est grand de verser dans l’amalgame, mais aussi, face au déchaînement des passions, de renoncer à comprendre et à débattre. Si l’islamisme semble aujourd’hui l’intégrisme le plus bruyant, il ne saurait éclipser les autres. Par exemple, n’a-t-on pas vu il y a quelques mois un groupe d’intégristes catholiques, Civitas, tenter d’interdire la représentation d’une pièce 
dans un théâtre parisien? 
Reste que pour éviter à la fois le relativisme et l’angélisme, il n’y a d’autre voie que de déplacer le curseur de la réflexion : au lieu de se laisser enfermer dans le piège des comparaisons, s’interroger sur le phénomène religieux en tant que tel et sur 
le moyen de réaffirmer 
la laïcité, indispensable 
au «vivre ensemble».L. E.

Comment expliquez-vous la montée en puissance, ou du moins la plus grande visibilité, des différents intégrismes? Ce phénomène est-il la partie émergée d’un nouvel essor du religieux?

Henri Pena-Ruiz: S’agit-il d’un retour du religieux au sens de la libre spiritualité, ou bien plutôt de ce qu’on appelait jadis le cléricalisme, c’est-à-dire la volonté de faire de la religion non pas seulement une référence spirituelle pour ceux qui croient en Dieu mais une sorte de conception du monde ayant des prétentions théologico-politiques? J’ai plutôt tendance à penser que nous sommes face au retour du cléricalisme religieux, même si cette réflexion doit être adaptée en fonction des caractéristiques particulières de chaque monothéisme (par exemple, les musulmans feront valoir qu’ils n’ont pas de clergé à proprement parler…).

Jean-Louis Schlegel: La montée en puissance des fondamentalismes et des intégrismes a sans doute de nombreuses raisons.

Des raisons externes: la nouvelle vague de sécularisation depuis trente-quarante ans correspond à la montée de l’individualisme, du consumérisme, du désir d’autoréalisation, d’une société éclatée, plurielle, «liquide», de flux et de réseaux mondialisés, avec une crise économique permanente qui renforce les forts et affaiblit les faibles. Ceci ravive chez tous, mais surtout chez les plus fragilisés, beaucoup de peurs et d’angoisses parfois irrationnelles. Dans ce contexte, la religion peut fournir son arsenal d’espérance, de consolation, de motivations pour l’action, mais surtout une identité «dure», parfois dans un sentiment d’ «apocalypse» générale.

Des raisons internes: sont touchées de plein fouet les grandes institutions établies – les Eglises et les confessions de vieille tradition: très affaiblies, mais aussi très rigides, elles semblent incapables d’apporter des réponses crédibles et libèrent un espace pour toutes sortes de quêtes religieuses et parareligieuses, individuelles et communautaires, qui échappent à toute régulation – d’où les dérives identitaires, communautaristes, intégristes.

Il ne s’agit pas d’un «retour du religieux», mais d’une forte recomposition du religieux dans une société soumise à de nouvelles formes de sécularisation, qui n’ont plus grand chose à voir avec celles de la première modernité, industrielle et urbaine. Jusqu’au milieu du XX° siècle, on parlait de perte, de recul du religieux. Aujourd’hui, on assiste plutôt à une dissémination, une pluralisation, où le désir de visibilité dans l’espace public, par exemple, correspond aussi à une société où l’être semble mesuré par le paraître. Ce qui ne se voit pas n’existe pas. Les croyants aussi veulent leur part de cet «être vu», et ce d’autant plus qu’ils sont affaiblis. Ou encore, les plus radicaux deviennent ouvertement menaçants parce qu’ils se sentent menacés dans leur existence.

Abdennour Bidar: Pour ma part, je pense qu’il y a bien un nouvel essor du religieux. Mais la religion n’est pas l’avenir de l’humanité. Si elle revient aujourd’hui, en force et avec violence, c’est que «la nature a horreur du vide».

En l’occurrence, la religion revient occuper un espace à peu près complètement abandonné par notre civilisation humaine matérialiste – l’espace du questionnement sur le sens et la valeur profondes que l’homme voudrait donner à son existence. La religion, les religions, ont eu pendant longtemps le monopole de ces questions.

Elles reviennent aujourd’hui parce que nous n’avons toujours pas réussi, pour l’instant, à accomplir la promesse de la modernité, d’une «sortie de la religion» vers une civilisation qui permettrait à l’être humain de s’accomplir davantage, d’approfondir davantage le rapport à ses possibilités intérieures qu’il ne le faisait avec le support religieux. La science, la technique, la politique, qui étaient chargées de renouveler cette espérance que l’homme avait mise en lui-même ont échoué: elles ont certes donné à l’homme toujours plus de droits et de moyens de s’exprimer, et donc d’extérioriser une partie de ces possibilités intérieures, mais elles n’ont pas produit finalement une humanité plus consciente, plus sage, et pire encore elles ont produit souvent l’inverse de ce qu’elles avaient promis (elles ont engendré au moins autant d’asservissements nouveaux que d’émancipations).

En ce début de XXIème siècle, la religion revient ainsi parce que tout ce qui l’avait remplacé est désenchanté, tout est en crise, et donc en attendant mieux – ce que Nietzsche appelait «une nouvelle aurore» après la «mort de Dieu» – des individus et des peuples choisissent cette régression. Régression parce que le moteur spirituel de l’humanité de demain reste à inventer.

Marx caractérisait la religion comme «opium du peuple» mais aussi «soupir de la créature opprimée», la mettant ainsi en lien direct avec l’exploitation de l’homme par l’homme. Cette approche est-elle toujours valable?

Abdennour Bidar: Cette définition de Marx est à peu près aussi insignifiante que toutes celles que la modernité occidentale a données de la religion, dont le phénomène a été continuellement sous-estimé de la part de penseurs aveuglés par le préjugé de supériorité de leur athéisme.
_Les XIXème et XXème siècles ont été en Occident deux siècles d’incompréhension profonde du sens du religieux – et ça continue chez la plupart de nos intellectuels…
_Oui, la religion a été instrument d’exploitation, illusion consolatrice, ciment de société, etc. Mais elle a été surtout bien plus que cela: un formidable incubateur de la réflexion de l’homme sur ce qui, en lui-même, dépasse sa condition finie – dans mes livres, je l’appelle une «matrice» dans laquelle l’homme a été élevé, et dont nous devons maintenant sortir en comprenant ce qui, en elle, a été pendant si longtemps mis en gestation.
_Les dieux ont été pendant des millénaires les incubateurs et les cryptogrammes de notre propre puissance créatrice. Or curieusement aujourd’hui que nous nous demandons si nous allons réussir à «sortir de la religion» ou si nous sommes condamnés à redevenir religieux, c’est l’explosion de cette puissance créatrice entre nos propres mains qui nous sollicite et nous inquiète le plus: nous sommes dans une multitude de domaines au bord de la toute-puissance (nucléaire et génétique, par exemple)…

De là, l’urgence de comprendre engin que nous avons rendez-vous avec ce que la religion a toujours cherché à nous dire: nous sommes faits pour devenir «comme des dieux», et nous devons impérativement réfléchir à ce que cela implique en termes de responsabilité et de grande image de nous-mêmes à construire. Malgré quelques apparences, quelques fantômes, les dieux sont partis. Mais leur toute-puissance est arrivée. C’est pourquoi il nous faut aller chercher quelque chose en ce sens là du côté de la religion – et ce n’est qu’après avoir recueilli son héritage qu’elle pourra mourir en paix.

Jean-Louis Schlegel: À mon avis, la formule de Marx n’est pas fausse comme critique du religieux. Il y a bien un «soupir de la créature opprimée» (le mot polémique «opium» étant plus contestable).

Mais la formule n’épuise pas la définition de la religion, dans le sens suivant: même si le règne de la liberté était établi contre l’empire de la nécessité, il y a fort à parier que la religion n’en disparaîtrait pas pour autant. Factuellement, la « foi » et la pratique religieuse ne disparaissent absolument pas avec un degré supérieur d’instruction et/ou de richesse. C’est plutôt le contraire qui se passe (on peut dire, évidemment, que c’est la cerise sur le gâteau…, mais on risque aussi de se faciliter la tâche avec ce genre de réflexion).
_Il y a un problème de fond: les Lumières (et Marx était un homme des Lumières) ont cru que la Raison éclairée était capable d’illuminer sans reste le sens de la vie et de la mort, collective et individuelle. Ou que la Raison, malgré des limites, suffit à une vie bonne. C’est là typiquement une pensée de «rationaliste», respectable et même admirable, mais qui ne correspond pas à l’expérience vécue. Et quand elle veut s’imposer politiquement, cela devient une illusion délirante, totalitaire en puissance.

L’ «âme» humaine individuelle, la conscience morale, les liens collectifs entre humains qui sont aussi des mortels passionnés et angoissés, c’est beaucoup plus compliqué. Cela ne mène pas ou ne mène plus automatiquement à la foi religieuse, mais la religion propose ses réponses immémoriales à ces questions-là. À l’époque «post-métaphysique» reste la question métaphysique, et c’est bien le problème.

Henri Pena-Ruiz: La mondialisation capitaliste entraîne une déshumanisation des sociétés. Elle est perçue à raison comme sans âme, destructrice. Et du coup, par un amalgame contestable, elle peut affecter la notion de progrès d’une connotation très négative. C’est dans ce contexte qu’on observe effectivement, dans un certain nombre de pays, la tentation d’un retour à des traditions communautaristes censées réchauffer l’existence quand la glaciation capitaliste la rend difficile.

Il y a un couplage évident entre la figure de l’ultralibéralisme capitaliste et le retour à la compensation religieuse, identitaire et communautariste. C’est ce qui fait l’extraordinaire actualité et pertinence explicative de la conception de Marx. À condition de bien comprendre ce que Marx entend par «opium du peuple». L’opium, c’est à la fois un sédatif qui endort la douleur et quelque chose qui transfère la solution des problèmes réels dans un ailleurs imaginaire. Autrement dit, Marx pointe que la compensation religieuse peut être un détournement par rapport à la connaissance des causes réelles, mais aussi qu’elle est le symptôme d’une souffrance sociale.

De ce point de vue, il faut donc bien distinguer la figure fanatique du religieux et la libre spiritualité ne revendiquant rien sur la puissance publique.

Mais attention, que la revendication religieuse puisse apparaître comme le signe d’une souffrance sociale ne veut pas dire qu’elle est légitime. Dans certains milieux qui se disent progressistes, voire de gauche, on entend dire parfois qu’il faudrait être compréhensif et pas trop exigeant sur la question de la laïcité, dans la mesure où une partie de la population se trouve reléguée et stigmatisée pour des raisons socio-économiques. Or, ce n’est pas parce que des femmes et des hommes souffrent d’aliénation socio-économique qu’il faut les laisser dans l’aliénation juridique et politique. Marx, d’ailleurs, soulignait bien la valeur de chaque registre d’émancipation.

Certes, l’émancipation laïque n’est pas suffisante, car évidemment, si on donne à tous les citoyens les mêmes droits mais qu’ils n’ont pas les mêmes possibilités concrètes, sociales et matérielles, alors cela ne fonctionne pas. Mais cela ne veut pas dire qu’elle soit de moindre importance. Jaurès était exemplaire sur ce point, lui qui voulait que la République soit à la fois laïque et sociale. Il se refusait à choisir entre les deux émancipations et concevait au contraire ce que j’appelle une «dialectique de l’émancipation».

La laïcité a-t-elle besoin d’un nouveau souffle, pour faire face aux pressions des intégrismes?

Abdennour Bidar : La laïcité doit faire face à plusieurs nouveaux défis. Mais pour le comprendre, il faut sans doute expliciter sa fonction sociale: elle est la condition qui permet la coexistence et la coopération de tous – le vivre ensemble – dans une société pluriculturelle; elle fixe à l’expression des différences individuelles et communautaires les règles et les limites nécessaires pour que ces expressions de soi ne contreviennent pas à celle d’autrui, n’altèrent pas la qualité des échanges que l’on peut avoir avec lui, et ne nuisent pas au bon exercice de la fonction (métier, service) que chacun remplit dans cette société.

Le défi auquel elle est confrontée aujourd’hui découle directement de cette définition: nous vivons dans une société pluriculturelle, qui voue un véritable culte à l’expression de soi, de son identité, de sa différence, etc.

L’individu contemporain comprend donc généralement très mal qu’on puisse vouloir limiter ou règlementer l’expression de cette identité.

À cet égard, le cas de la femme enfermée dans sa burqa n’est peut-être qu’un exemple extrême de cette revendication générale à «être soi» qui traverse toute notre société.

Voilà le contexte dans lequel la laïcité a un rôle difficile et décisif à assumer : elle doit faire prendre conscience aux individus qu’ils ne peuvent pas s’en tenir, dans les différents espaces publics et dans leurs différents rôles sociaux, à la revendication pure et simple de cet affichage qui consiste à dire : «je suis comme ça, c’est à prendre ou à laisser». La laïcité, avec ses règles, est un appel à la responsabilité, à la prise en compte de l’autre, à la prise en compte que dans une société aussi diverse chacun ne peut pas se permettre de vivre selon ses propres lois ou désirs – le risque étant encore un degré supplémentaire d’atomisation du corps social.

Un exemple : le fait que dans une entreprise des salariés demandent un horaire aménagé pendant le Ramadan requiert, notamment, l’application de la règle laïque selon laquelle cela ne doit pas affecter les conditions de travail des autres employés (règle de l’équité de traitement).

Jean-Louis Schlegel : À mon avis, le problème principal de la laïcité aujourd’hui est qu’elle souffre elle aussi, durement, de la nouvelle vague de sécularisation: elle est méconnue, ignorée, affaiblie dans les consciences, tronquée dans sa lettre et ses principes par les nouvelles générations, les nouvelles croyances hors du modèle catholique – le grand adversaire de naguère. On ne sait plus où passent les frontières entre le religieux et le politique. Je comprends d’autant mieux l’irritation laïque devant nombre de transgressions de la laïcité que je suis irrité aussi. Mais je regrette que le «camp laïque» réagisse dans son affaiblissement comme l’Eglise catholique dans la même situation: c’est «la faute aux autres», et donc on se raidit, on invoque la laïcité pour tout et n’importe quoi, on réclame le rappel de la Loi, on exige des exclusions et des sanctions…

Or les conditions sociales de 1905 ont presque totalement disparu: c’est une réflexion neuve et courageuse sur la laïcité qu’il faudrait, au lieu de la sanctuariser comme une «vache sacrée» intouchable.

Henri Pena-Ruiz : Je pense qu’il ne faut pas redéfinir la laïcité, mais la réaffirmer, sans géométrie variable. Les théoriciens de la «laïcité ouverte», ou ceux qui parlent de «laïcité positive», n’ont jamais accepté, sinon du bout des lèvres, la dé-liaison du politique et du religieux et la réassignation de la religion au rang d’une option spirituelle libre mais privée. Privée ne veut pas dire simplement «individuelle». Cela peut signifier «collectif», mais à condition de bien comprendre que le collectif des croyants n’est en aucun cas coextensif à celui de tous les hommes.

Abdennour Bidar a publié récemment Comment sortir de la religion ?, aux Éditions La Découverte. Jean-Louis Schlegel a codirigé (avec Denis Pelletier) l’ouvrage À la gauche du Christ. Les chrétiens de gauche de 1945 à nos jours, paru en septembre aux Éditions du Seuil. Henri Pena-Ruiz vient de publier Marx quand même, chez Plon.

Entretiens croisés réalisés par Laurent Etre

LE COMPTE-à-REBOURS MALIEN DÉCLENCHÉ

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Hocine Belalloufi

La Nation-info

le 24 Octobre 2012

Le spectre de la guerre se précise au Mali depuis que le Conseil de sécurité de l’ONU, sous l’impulsion de la France et des Etats-Unis, a voté une résolution ouvrant la voie à une intervention militaire des pays de la Cédéao. Qui peut affirmer qu’elle ne débordera sur le territoire des autres pays du Sahel et du Sahara?

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Des combattants du groupe islamiste Mujwa, lié à Al Qaida, dans la ville de Gao (Mali), le 7 août dernier. | Photo Stringer/Reuters

On sait, à tout le moins depuis le «coup de l’éventail» du Dey d’Alger, que la diplomatie constitue une arme redoutable. Elle peut parfois attiser à souhait une querelle, envenimer profondément les relations entre pays voire justifier les pires tragédies aux yeux d’opinions publiques soigneusement conditionnées. Les exemples sont légions. Le dossier des armes de destruction massive irakiennes monté de toutes pièces par les diplomaties anglaises et étasuniennes relevait justement de ce registre. Le feuilleton du nucléaire iranien a pris le relais et se poursuit depuis plusieurs années. La Syrie et le Mali constituent les deux derniers grands exemples de diplomatie belliqueuse dont le but est de pousser à la guerre.

L’équité commande toutefois de préciser que la diplomatie contribue parfois à rapprocher les points de vue, à surmonter certaines incompréhensions voire à établir la paix.

Enfin, la diplomatie peut également avoir pour fonction de masquer l’essentiel : une attaque militaire, des intérêts économiques occultes à préserver ou à satisfaire… Les diplomates se révèlent alors excellents comédiens ou, c’est selon, sacrés bonimenteurs… Rappelons-nous comment a fini Mouammar Kadhafi pourtant reçu en grandes pompes par ses amis occidentaux qu’il accueillait généreusement en vacances dans son propre pays quelques mois seulement avant qu’ils ne se jettent sur lui telle une meute affamée sur un cerf blessé.

Dans quel registre classer le discours actuel d’une certaine diplomatie occidentale qui clame, à qui veut bien l’entendre, que seul le sort du peuple malien lui tient à cœur et qu’il n’existe, promis juré, aucune divergence d’approche avec l’Algérie sur ce dossier ? La diplomatie algérienne tente pour sa part d’éviter toute intervention militaire étrangère au Mali. Mais elle adopte depuis peu un discours volontairement conciliant à l’égard des va-t-en guerre de tous poils. « L’Algérie, a affirmé le porte-parole des Affaires étrangères, a toujours affirmé qu’il était légitime de recourir à tous les moyens, y compris la force, pour éradiquer les groupes terroristes et leurs affiliés du crime transnational organisé dans le Sahel et n’est pas exclusivement pour le tout politique».

Les pays du front dessaisis du dossier malien

En décodant le discours diplomatique national, il apparait que les autorités algériennes sont toujours réticentes vis-à-vis d’une intervention militaire intempestive susceptible de déstabiliser toute la région. Comme le signalait à juste titre Abdelamalek Sellal il y a quelques jours, une guerre pourrait provoquer la formation d’«un foyer d’insécurité qui risque de perdurer» et de s’étendre à d’autres maillons faibles: Niger, Mauritanie, Burkina Faso, Libye… L’Algérie elle-même ne pourra être épargnée. Les combats ont de fortes chances de s’étendre à tout le Sahara. Le pays devra par ailleurs faire face à un afflux de réfugiés chassés par les combats, ce qui ne manquera pas de provoquer une crise humanitaire.

Pourquoi le discours officiel a-t-il ainsi évolué? La réponse est à rechercher dans le revers politique des pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) qui ont fondé le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) qui ambitionnait de résoudre le conflit malien dans un cadre régional, sans ingérences extracontinentales. Tout en affichant leur fermeté à l’égard des groupes armés islamistes, des trafiquants de drogue et autres contrebandiers, les membres du Cemoc replaçaient la question de la sécurité au Mali dans le cadre de la résolution de la crise politique qui frappe ce pays. C’est pourquoi ils exhortaient les différents acteurs de la scène politique malienne, tant à Bamako que dans le Nord du pays, à privilégier la négociation pour résoudre leurs différends.

Le dessaisissement des pays du champ par les grandes puissances occidentales favorables à une intervention militaire a constitué un revers diplomatique et politique pour l’Algérie mais aussi pour tous les autres pays du Cemoc partisans d’une voie pacifique de règlement du conflit. C’est la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cédéao), traditionnellement très proche de l’Elysée, qui enverra 3 000 soldats au Mali, sous couvert de la résolution 2071 du Conseil de sécurité de l’ONU et avec le soutien de l’Union africaine (UA). Les puissances extrarégionales qui tirent les ficelles du conflit resteront en retrait, ce qui ne les empêchera pas d’apporter un soutien logistique (renseignement, transport aérien, drones, formation…) complété par «l’intervention ponctuelle» de quelques commandos d’élites…

Les autorités algériennes et françaises étant déterminés à signer un partenariat stratégique liant les deux pays entendent éviter toute interférence négative venue de la crise malienne. C’est pourquoi, les responsables des deux pays nient toute divergence sur les objectifs des deux pays au Mali. La Cédéao, dont on connaît le degré d’autonomie, courtise les autorités algériennes que l’on souhaite associer ainsi que la Mauritanie.

Une seule option : le sécuritaire

Les déclarations et rencontres multiples qui forment l’actuel ballet diplomatique ne peuvent masquer le fait que l’option sécuritaire a été privilégiée sous la pression des grandes puissances, française et étasunienne en premier lieu. L’Hexagone considère la région du Sahel comme stratégique pour au moins une raison: l’uranium. Exploités par le géant mondial du nucléaire, Areva, le gisement d’Imouraren dans le massif de l’Aïr est proche du Mali et de l’Algérie.

Paris vient d’annoncer le 21 octobre sa décision de reprendre sa coopération militaire avec le Mali. Celle-ci avait été suspendue à la suite du coup d’état militaire du 22 mars dernier. La France avait été alors imitée par l’UE qui vient également de décider de renouer sa coopération militaire avec Bamako.

Après une courte période de flottements, les Etats-Unis ont emboité le pas à leurs alliés du Vieux continent en annonçant une participation multiple à la campagne malienne de la Cédéao : formation, livraison d’armes, transport de troupes, drones… Washington rêve depuis longtemps déjà d’installer une base opérationnelle du Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) sur le continent Noir. La toute récente nomination du général David Rodriguez comme futur Commandant de l’Africom, en remplacement du général Carter Ham, peut-elle relever de la pure coïncidence ? L’une des principales missions de cet ancien Ancien numéro deux de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF) déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan ne consistera-t-elle pas à permettre enfin aux GI’s de disposer d’une base militaire permanente au Sahel ?

On est loin des déclarations de la Conférence d’Alger sur la sécurité et le développement qui s’était tenue en septembre 2011. À une stratégie privilégiant des opérations militaires du Cemoc intégrées au lancement de projets socioéconomiques visant à soustraire à Aqmi les populations pauvres, isolées et ignorées de la région, a succédé une stratégie purement sécuritaire basée sur une offensive de quelques milliers de soldats de la Cédéao. Des bailleurs de fonds, à l’instar de la Banque africaine pour le développement (BAD) ou la Banque islamique de développement (BID) devaient confirmer leurs engagements financiers. Il est clair que le conflit qui s’annonce ne peut que remettre en cause cette démarche globale et menacer les projets économiques communs tel celui du gazoduc transsaharien reliant le Nigéria à l’Algérie via le Niger dont l’entrée en production a été planifiée pour 2015. Le conflit risque également d’empêcher l’achèvement des tronçons restants de la route de l’unité africaine reliant les différents pays de la région et de provoquer des dégâts sur ceux déjà réalisés.

La guerre peut-elle encore être évitée? Le compte-à-rebours déclenché peut-il être stoppé? Cela semble peu probable. Les Etats-membres du Cemoc, en admettant qu’ils en aient réellement la volonté, ne pourront certainement pas empêcher une intervention militaire étrangère au Mali. Seul le peuple malien en a théoriquement les moyens. Encore faut-il qu’il se rassemble autour d’une initiative politique globale, seule à même de résoudre la grave crise politique, économique et sociale qui frappe le pays.

Nous sommes de toute évidence entrés dans une phase active et avancée de déstabilisation du Sahel susceptible de déboucher sur toutes les aventures.

SYRIE : QUI EST AROUR, LE BOUCHER ?

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Bahar Kimyongür (*)

D’abord, nos médias ont fait mine d’ignorer son existence. C’est qu’il faisait un peu tache d’huile sur leur joli tableau printanier.

Une fois que sa barbichette teinte au henné a inondé les écrans télé des pays du Golfe et les rues syriennes acquises à la rébellion, ces mêmes médias ont eu le culot de traiter ses détracteurs de propagandistes du régime de Damas.

Le quidam dont on parle? Adnane Arour, la Bête de l’apocalypse syrienne.

Originaire de Hama, Adnane Arour est un ancien soldat de l’armée syrienne. Il a été limogé, dit-on, pour une sombre histoire de viol.

Il s’engage ensuite dans l’insurrection anti-baathiste. Mais la répression le contraint à fuir le pays.

Durant son exil saoudien, il se recycle dans le takfirisme, un courant sunnite radical qui prône l’Inquisition contre tous les courants religieux non sunnites à commencer par les chiites et les alaouites considérés comme «pires que les Juifs».

À partir de 2006, il anime une émission sur Wissal TV où il exhorte les jeunes sunnites à aller égorger les hérétiques chiites et alaouites et à «s’occuper de leurs filles entre 14 et 16 ans».

C’est à croire que sa pieuse retraite en «terre sainte» n’a eu aucun effet sur ses pulsions perverses.

En Occident, certains s’étonnent aujourd’hui que la rébellion syrienne puisse faire preuve de tant de cruauté à l’encontre des forces loyalistes ou de simples citoyens qui ont le malheur d’appartenir à la mauvaise confession.

Depuis son célèbre appel à «hacher les alaouites» et à «donner leur chair aux chiens» en cas d’insoumission au califat qu’il prône, son nom décore les poubelles de nombreuses villes.

Mais sur les pentes du Djebel Zawiya, le «Peshawar» syrien, une zone montagneuse de la province d’Idlib réputée puritaine et réfractaire aux idées progressistes du panarabisme laïc, Arour fait des émules.

Officiellement, les commandants de l’ASL ne voulaient pas de cet énergumène.

Mais il y a quelques jours, Arour a été accueilli en véritable Pierre L’Ermite de cette armée prétendument libératrice.

Arour prononça même le discours inaugural du «Commandement central des conseils révolutionnaires syriens» fraîchement créé dans le Nord de la Syrie en présence de son fils Mohammed Arour lui aussi combattant de la rébellion unifiée.

Avec la verve qu’on lui connaît, Arour s’attaque aux opposants prêts à un cessez-le-feu avec l’armée syrienne, reprochant à ces mêmes militants d’être «plus dangereux que le régime».

À la veille de l’Aïd El Adha, il paraît donc difficile d’envisager le moindre apaisement avec un tel provocateur dans les rangs de la rébellion.

Etaient présents à cette grand-messe démocratique copieusement arrosée d’«Allah ou Akbar» le major de l’ALS Maher Al-Naimi et le lieutenant-colonel Amar Abdullah Al Wawi du Mouvement des officiers libres. Récemment blessé dans une attaque de la base aérienne d’Abou Al Duhur et soigné à Antakya, certaines sources avaient donné Al Wawi pour mort.

À noter aussi que dans son discours, Adnane Arour n’a pas manqué de remercier les Etats turc et jordanien avec une mention spéciale pour la dictature saoudienne: «Moi je sais tous les sacrifices consentis par l’Arabie saoudite» a-t-il confié.

Et de conclure par un vibrant remerciement adressé aux «hommes d’honneur du Qatar et du Liban».

En janvier de cette année, Arour s’était rendu en Libye. En direct de Tripoli, il avait félicité l’aviation de l’OTAN pour son travail de précision dans ses bombardements contre les villes et les quartiers fidèles à Mouammar Kadhafi.

Arour demande la même chose pour son pays. Message très vite reçu par le safari club de BHL qui rempile sur le front syrien aux côtés de ses frères d’armes Kouchner, Glucksmann, Bérès et Bettati (cf. Le Monde, Assez de dérobades, il faut intervenir en Syrie, 22 octobre 2012)

Le Grand Soir tant espéré par les démocrates syriens sincères mais naïfs aura été de courte durée.

Avec le retour d’Arour en Syrie, bonjour l’Apocalypse.


(*) Bahar Kimyongur est auteur de “Syriana, la conquête continue”, Ed. Couleur Livres & Investig’action, 2011 et porte-parole du Comité contre l’ingérence en Syrie (CIS)


Ci-dessous:

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Photo 1 :

Arour avec les commandants de l’insurrection

à Idlib,

octobre 2012.


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Photo 2 :

Manifestation de l’opposition syrienne organisée à Tripoli dans le Nord du Liban au printemps dernier.

On y voit les portraits d’Arour et de Ben Laden, deux figures emblématiques du takfirisme. Sous leur portrait est indiqué: «Nous sommes tous le cheikh Adnane Arour», «Nous sommes tous le cheikh Ben Laden»


INTERVENTION AU SÉNAT FRANÇAIS DE PIERRE LAURENT SUR LE 17 OCTOBRE 1961:

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QUELQUES EXTRAITS

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(voir texte intégral en pièce jointe)

…Ce qui s’est passé ce jour du 17 octobre 1961 n’était pas un évènement isolé
survenu en un lieu et en un moment unique mais le paroxysme d’une politique
de guerre coloniale symbolisée par la mise en place du Préfet de Police
Maurice Papon et couverte voire encouragée par les plus hautes instances de
l’Etat.

On a vu s’effectuer, dans les rues de la capitale une chasse à l’homme
aboutissant à des assassinats et c’est pour cela que je pense comme beaucoup
d’historiens que l’on peut parler en l’espèce d’un crime d’Etat
emblématique….

…L’Humanité, le PCF, ses élus nationaux et parisiens dénonceront dès cette
époque avec d’autres comme Simone de Beauvoir, André Breton, Michel Butor,
Aimé Césaire, Marguerite Duras, Claude Roy, Laurent Schwartz et Hervé
Bourges notamment, l’abomination qui vient de se produire.

Ils interpellent les autorités. Le préfet de police de Paris est le 27
octobre 1961 directement interpellé par Raymond Bossus au Conseil de Paris.
Je me permets de citer ses propos : « « Combien y’a-t-il eu de morts parmi
les Algériens, combien de noyés, combien de décès à la suite de coups ? Jour
après jour, heure après heure, affluent des témoignages d’Algériens jetés à
la Seine. D’autres informations nous sont parvenues: des Algériens ont été tués par balles, frappés à la matraque, à coups de
pieds, arrosés à la lance, étranglés. C’est une honte pour le gouvernement
gaulliste qui jusqu’à preuve du contraire, est bien l’ordonnateur des actes
racistes et criminels de la police. » et il conclut : « la vérité qui éclate
aux yeux de tous est que le peuple algérien, ce peuple qui s’est donné un
gouvernement – le GPRA – ce peuple, dans son ensemble, veut sa liberté dans
l’indépendance »…

…Ne serait-il pas souhaitable à ce sujet que les archives de l’Etat soient
soumises à des règles communes en matière d’archives conformes au
fonctionnement d’un Etat démocratique?

Cela impliquerait que soient versées aux Archives nationales celles de la
préfecture de police de Paris, des ministères de la Défense et des Affaires
Etrangères, quitte à ce que leurs fonds relèvent de dispositions
particulières, précises et justifiées et que les archives des anciens
ministres, Premiers Ministres et Présidents de la République relatives à
leur fonction ne soient pas privatisées par les intéressés mais versés dans
leur ensemble aux Archives Nationales.

Cela aurait aussi le mérite de contribuer à faire la lumière sur les
agissements de la France et de son armée dans les pays africains notamment,
où elle a participé, à de nombreux renversements de pouvoir plus ou moins
sanglants. La fin de rapports coloniaux ou néo –coloniaux avec ces pays,
souhaitée récemment par le président de la République à Dakar, passe par là.
Le développement de nouvelles relations de coopération aussi.

Dans la même logique il faudrait que la notion d’archives «incommunicables» telle qu’elle apparaît dans la loi 2008 soit abrogée.

Pour être fidèles à leur mission scientifique, les historiens ont besoin de
pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs
ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues des
deux rives de la Méditerranée.