LIGUE ARABE, LE GRAND TOURNANT ISLAMISTE?

Un état des lieux malheureusement conforme aux tendances lourdes de la Ligue arabe depuis sa fondation.

Il incite à la recherche des meilleures voies pour la mobilisation des peuples et des forces de progrès pour des solutions anti-impérialistes, pacifiques et démocratiques aux maux qui accablent depuis des décennies les peuples de cette région.


pdf-3.jpg

par Hassane Zerrouky

Le Soir d’Algérie

le 28 mars 2013

En accordant le siège, initialement occupé par le pouvoir en place à Damas, à l’opposition syrienne représentée par la “Coalition nationale syrienne” (CNS), et en laissant le soin à chaque Etat membre d’aider militairement les insurgés syriens, la “Ligue arabe” a franchi un pas qui n’augure rien de bon.

Le Qatar, qui accueillait ce sommet arabe, aura été l’acteur principal de cette mesure qui aura certainement pour conséquence d’enterrer à jamais toute possibilité de solution politique et pacifique à un conflit qui a pris une dimension interconfessionnelle.

L’émir du Qatar a justifié l’octroi du siège de la Syrie, resté vacant depuis sa suspension en novembre 2011, à l’opposition, par «la légitimité populaire dont elle jouit en Syrie et du soutien dont elle bénéficie à l’extérieur». Le drapeau de la «révolution» syrienne a remplacé celui du régime de Damas dans la salle où s’est tenu ce rendez-vous annuel des chefs d’Etat arabes.

L’Algérie, l’Irak mais aussi le Liban ont marqué leurs distances par rapport à cette décision unanimement soutenue par les pétromonarchies, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, ces trois derniers pays ayant en commun d’être dirigés par des gouvernements dominés par les islamistes.

Tous les Etats membres de la “Ligue arabe”, à de très rares exceptions, sont des alliés dociles des Etats-Unis.

Cette mesure intervient quelques jours après la désignation d’un «Premier ministre syrien» pour les «territoires libérés», Ghassan Hitto, membre des Frères musulmans, imposé par le Qatar, dont la «nomination» a entraîné de sérieuses tensions au sein du CNS.

Son président, Ahmad Moaz Al-Khatib, a démissionné, officiellement en raison d’un manque de soutien international à la lutte du peuple syrien. En vérité, il reprochait «notamment au Qatar de vouloir contrôler l’opposition» et, selon l’un de ses amis, d’avoir imposé l’élection de Ghassan Hitto, soutenu par les Frères musulmans. «J’ai fait une promesse à notre grand peuple que je démissionnerai si une ligne rouge était franchie. Aujourd’hui, j’honore ma promesse» a-t-il déclaré.

L’Armée syrienne libre (ALS) a également annoncé son refus de reconnaître Ghassan Hitto comme Premier ministre au motif qu’«il n’a pas été choisi par consensus», a estimé l’un de ses responsables, Louaï Moqdad. Officiellement le Qatar est pour une solution politique. Dans son discours au Sommet de Doha, l’émir du Qatar a appelé à «une solution politique en Syrie, à condition qu’elle n’implique pas un retour en arrière, à savoir un compromis avec le régime de Bachar Al- Assad.

Dans la résolution adoptée par le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement arabes, les participants ont spécifié que «chaque Etat membre a le droit d’apporter, selon sa volonté, tous les moyens d’autodéfense, y compris militaires, pour soutenir la résistance du peuple syrien et de l’Armée syrienne libre». Reste à savoir si cette mesure modifiera le rapport des forces militaires sur le terrain.

Principal bénéficiaire de ce tournant de la Ligue arabe, les djihaddistes de Djebhat Nosra. Chacun sait que ce groupe armé, qui contrôle avec ses autres alliés islamistes, une partie d’Alep, la capitale économique syrienne, est soutenu par les pétromonarchies, principalement le Qatar. Et que dans les régions qu’il contrôle, la loi islamiste est en vigueur, des exécutions extrajudiciaires sont commises.

Une certitude, la chute du régime de Bachar, dernier verrou sur la route de Téhéran qui est en vérité l’objectif final de cette guerre qui ne dit pas son nom, signe la fin d’un cycle, celui de régimes autoritaires issus de la décolonisation se référant au nationalisme arabe, pour ouvrir la voie à des régimes à dominante islamiste liés à l’Occident capitaliste.

Les pétromonarchies, en particulier l’Arabie saoudite et le Qatar, principaux bailleurs de fonds de la mouvance islamiste, principalement sa branche salafiste, sont sur le point de voir leur rêve réalisé: un monde arabe et maghrébin aux couleurs vertes, avec l’instauration de dictatures religieuses allant du golfe Persique à l’Atlantique, avec l’aide et le soutien de Washington.

Et dans ce cas de figure, les régimes autoritaires, y compris en Algérie, sont responsables de cette situation, ne serait-ce que pour avoir verrouillé leurs sociétés à toutes les expressions porteuses de progrès social, de démocratie et de modernité, creusant le lit à la pire alternative : la voie islamiste réactionnaire.

H. Z.

Source de cet article :

Le Soir d’Algérie

Chronique du jour:

CE MONDE QUI BOUGE
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/03/28/article.php?sid=147055&cid=8


LAICITÉ ET DÉBAT D’OPINIONS AUTOUR DE L’AFFAIRE DE LA CRECHE BABYLOUP

islamophobie-300x166.jpg

islamophobie-300x166.jpg

À mes camarades du Front de gauche :

cachez cet islam que je ne saurais voir…

[

27 Mars 2013

le blog de Madjid

->http://madjid.fr/?p=572]

En tant que citoyen, élu Front De Gauche, musulman d’apparence et athée, je vous devais, camarades, la sincérité. Je pensais que des responsables du Front de Gauche se seraient manifestés pour saluer la décision de la Cour de Cassation concernant la crèche Baby Loup. Beaucoup se sont manifestés, mais pour tenir le même discours que Marine Le Pen, Manuel Valls, ou Jean-François Copé. Tout ceci a de quoi interroger…

pdf-3.jpg

Nous avons un problème camarades. Je me demande encore comment lors de la campagne des présidentielles, il a été possible de célébrer la main sur le cœur la France métissée et le multiculturalisme et dans le même temps, s’aligner sur la droite et l’extrême droite pour bannir les musulmans des sphères publique et privée. Pour beaucoup, un musulman est forcément intégriste. Jamais un raccourci aussi insultant n’a été fait pour les catholiques ou les juifs.

Nous avons un problème, camarades. Vous n’êtes pas sans savoir que l’on parle de l’islam comme de la seconde religion de France. Vous n’êtes pas fan des religions ? Moi non plus. Est-ce à dire qu’il faut les combattre jusqu’à convertir tous les croyants en de parfaits agnostiques ou athées ? Ces personnes de confession musulmane ne vivent pas toutes en vase clos, enfin pas encore. A force de signifier aux musulmans que l’islam est incompatible avec la République, vous allez réussir à les exclure de la société. Comme si l’islam n’était pas déjà la cause de trop nombreuses discriminations, la gauche dite progressiste à décidé de bannir toute visibilité musulmane de notre vue. A rebours des évolutions de notre Nation.

Nous avons un problème camarades. Car de quoi parlons-nous? Du port du voile dans les services publics? Loupé. On parle du port du voile par certaines femmes qui travaillent dans le secteur privé, dans lequel jusque-là la loi de séparation des églises et de l’Etat ne s’applique pas. Logique. On parle donc de femmes, qui souvent travaillent avec des enfants en vue de les éduquer et les épanouir. Que vient donc faire l’islam dans cette histoire? Ces femmes dispensent-elles en cachette aux enfants des cours d’arabe ou de prière? Ces femmes appelleraient-elles ces enfants avec des prénoms musulmans? Pire, les obligeraient-elles à manger halal? C’est ridicule n’est-ce pas? Vous êtes en effet ridicules.

Nous avons un problème camarades. Il est inconséquent de dénoncer la montée de l’islamophobie et vouloir dans le même temps l’entretenir en signifiant plus particulièrement aux femmes qu’elles doivent choisir l’assimilation ou l’exclusion. Il est inacceptable de faire le lit de la droite et du FN en emboîtant le pas à celles et ceux qui voudraient voir disparaître l’islam du paysage sociétal. Vous incitez par ces positions, au repli communautaire et religieux que vous dites combattre. Est-il concevable de s’appeler Mohamed ou au hasard Madjid et être considéré comme étant pleinement français ? Vous développez, camarades, ce qu’on appelle communément le syndrome de l’exclu. Mais je vous l’annonce, les arabo-musulmans de ce pays n’ont plus vocation à être des victimes, il faudra compter avec. À leurs côtés. Ou pas.

Nous avons un problème camarades. La laïcité est trop souvent brandie comme un étendard pour mieux cacher une vraie détestation de l’islam. Or, le vivre ensemble c’est précisément accepter les religions tant qu’elles ne se font pas oppressantes et qu’elles ne demandent pas à régir la vie politique et publique. Quelles sont les revendications qui vous poussent à rejeter ainsi des millions de personnes de par leur foi? Allez-vous nous parler du halal à la cantine? Des piscines mixtes? Ces arguments repris par les Guéant et autre Hortefeux? Combien de cas? Combien? Oui, le dossier est vide.

Nous avons un problème camarades. En stigmatisant les musulmans dans leur ensemble, vous niez la réalité. Vous niez ces femmes et hommes musulmans qui tous les jours étudient sans combattre la mixité, et ce du lycée à l’université, sans faire montre de leur foi. En s’adaptant donc déjà à la société dans laquelle ils vivent et en y apportant leur contribution. Vous refusez d’admettre qu’on est plus intelligent quand on se mélange culturellement, y compris avec des musulmans. Il m’avait pourtant semblé que le Front de Gauche défendait plus que n’importe quelle autre famille politique, les quartiers populaires, dans toutes leurs diversités. À croire que beaucoup au Front de Gauche les ont désertés au point de les ignorer.

On ne lutte pas contre un prétendu obscurantisme en voulant imposer un autre obscurantisme bien réel celui-là: l’anticléricalisme primaire, sur lequel surfent les plus réactionnaires pour mieux exclure les musulmans de ce pays, étrangers ou français.

fdg.jpg
Parce-que tout l’arsenal répressif mis en place ne vise que les musulmans, je vous le dis : tout ça va laisser des traces, des traces indélébiles.

Vous avez un problème, camarades.

Source : Le blog de Madjid

Pour lire l »article, repris sur le site uam93, cliquez ici

========================

prg.jpg

Affaire Baby Loup :

position du PRG-93

Au delà de nos sensibilités et nos lectures politiques que l’on est légitimement fondé à appliquer à la compréhension des attendus de la loi de 1905 , nous tenons à rappeler à chacun qu’il s’agit là d’une décision de justice au terme d’un processus procédurier conforme aux lois de la République dont le respect de «l’autorité de la chose jugée » représente un impératif catégorique qui ne supporte aucune dérogation. C’est d’autant plus vrai que le processus de recours prévu par nos lois n’est pas encore épuisé.

Pour lire la suite cliquez ici

========================
iphobe.jpg

L’article sur

«Manuel Valls et sa cohorte d’islamophobes»

que le site du « Point » a censuré

Nous publions ici l’article sur «Manuel Valls et sa cohorte d’islamophobes» que le site du « Point » a censuré. Texte à charge de Sihem Souid, publié puis retiré le mercredi 20 mars du site LePoint.fr. Il est resté en ligne de 8 heures à 17 heures.

[

le 27 mars 2013

uam 93

->http://www.uam93.com/news/larticle-sur-l-manuel-valls-et-sa-cohorte-dislamophobes-r-que-le-site-du-l-point-r-a-censure.html]

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, vous faites fausse route !

Le Point.fr – Publié le 20/03/2013 à 08:55

Sihem Souid considère qu’en remettant en cause la décision de justice dans l’affaire Baby-Loup Manuel Valls a rompu avec tous les usages.

Il y a des traditions républicaines que des républicains piétinent régulièrement. Nicolas Sarkozy avait donné l’exemple en distribuant les bons et les mauvais points aux juges, faisant fi de la séparation des pouvoirs. Manuel Valls – est-ce un hasard ? – marche dans ses pas. En remettant en cause une décision de justice, l’arrêt Baby-Loup pris par la Cour de cassation, la plus haute juridiction française, le ministre de l’Intérieur rompt avec tous les usages. Quand la gauche crie avec les islamophobes, il n’y a plus de digues pour contenir les discours et les actes que les fonctionnaires qui dépendent de Valls ont le devoir de réprimer.

Laïcité? La belle affaire! Le locataire de la place Beauvau lui-même, comme son prédécesseur devenu président de la République, n’hésite pas à promener son Chalghoumi partout où il peut pour dire aux musulmans qu’il est leur représentant. Là également, le premier flic de France au menton prognathe oublie la séparation de l’État et de la mosquée. Exactement ainsi que le révèle le nègre et l’ancien bras droit du prétendu imam de Drancy, comme Nicolas Sarkozy a fait campagne dans les mosquées lors de la présidentielle de 2012 avec l’aide de Chalghoumi, toujours sous le coup d’une interdiction du territoire américain pour sa formation religieuse extrémiste, et du recteur de la Grande Mosquée de Paris.

La laïcité, nous dit a contrario la Cour de cassation, c’est la nounou qui l’a respectée et non la direction de la crèche soutenue par Manuel Valls et sa cohorte d’islamophobes, dont Jeannette Bougrab, l’ex-présidente de la Halde (Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité), qui règle ses problèmes psychologiques et identitaires personnels sur la place publique.

Monsieur le Ministre de l’Intérieur, vous faites fausse route, et comme on dit dans une maison que j’ai bien connue, force doit rester à la loi. Et il semble que dans votre département, l’Essonne, on en soit revenu aux attaques de diligence. C’est dire si vous avez du travail… On n’imagine pas Christiane Taubira, ministre de la Justice, commenter une décision du ministère de l’Intérieur.

[

Sihem Souid

Source : demainOnLine

->http://www.demainonline.com/2013/03/21/larticle-sur-manuel-valls-et-sa-cohorte-dislamophobes-que-le-site-du-p]


uam93.jpg

Une proche de Taubira dénonce «Valls et sa cohorte d’islamophobes»

«Le premier flic de France au menton prognathe», «Manuel Valls et sa cohorte d’islamophobes»: l’auteure du texte publié puis retiré mercredi 20 mars du site LePoint.fr ne mâche pas ses mots.

Sihem Souid réagit ainsi à la critique par le ministre de l’intérieur de la décision de la Cour de cassation sur l’affaire de la crèche Baby Loup. «Nicolas Sarkozy avait donné l’exemple en distribuant les bons et les mauvais points aux juges, faisant fi de la séparation des pouvoirs. Manuel Valls – est-ce un hasard? – marche dans ses pas», déplore l’ancienne adjointe de sécurité qui avait dénoncé, dans un livre très médiatisé, “Omerta dans la police” (2010), des faits de racisme et de discriminations au sein de la police aux frontières d’Orly.

Le problème, c’est que Sihem Souid, qui, depuis 2009, était adjointe administrative à la Préfecture de police, a été détachée au ministère de la justice il y a quelques semaines.

Cette proche de la garde des sceaux Christiane Taubira – elles ont participé ensemble à la campagne d’Arnaud Montebourg lors de la primaire socialiste – est chargée de mission au service de l’accès au droit et de l’aide aux victimes, Place Vendôme. «On n’imagine pas Christiane Taubira, ministre de la justice, commenter une décision du ministère de l’intérieur», conclut-elle son texte.

Charge contre Jeannette Bougrab

Et cela fait donc un peu désordre, à l’heure où les deux ministres affichent autant que faire se peut leur complicité… La tribune «Monsieur le ministre de l’intérieur, vous faites fausse route! » est restée en ligne de 8 heures à 17 heures. Elle a été twittée, retwittée, et, malgré son retrait, reste inscrite de manière indélébile dans la mémoire du Web.

Finalement, l’article a été supprimé, pas en raison du ministre de l’intérieur, mais à cause de la charge qu’il contient également contre l’ancienne patronne de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde) d’avril à novembre 2010, Jeannette Bougrab. (…)

Sources: cliquez ici


NI HAÏK, NI HIDJAB NI SEINS À L’AIR

Akram Belkaïd

La chronique du blédard

Le Quotidien d’Oran

28 mars 2013

Il fut un temps où l’Algérie indépendante entendait dévoiler ses femmes. Bien sûr, la méthode n’était pas celle, brutale, qui fut utilisée, un temps et en vain, par le colonisateur à la fin des années cinquante. Non, il s’agissait de progressisme volontariste, l’objectif étant de donner aux Algériennes les mêmes droits que les hommes. Les deux premières décennies de l’Algérie indépendante furent donc, vaille que vaille, celles de la mixité, des têtes découvertes et des jupes plus ou moins courtes. Puis, vint la régression que nous connaissons aujourd’hui avec ses voiles imposés par des prédicateurs influencés par le Machrek et le Golfe.

Dernièrement, et pour dénoncer cela, des femmes ont défilé à Alger habillées du haïk traditionnel. Une petite vaguelette blanche qui a fait beaucoup parler d’elle et dont l’objectif était de revendiquer une authenticité bien algérienne face aux hidjabs, niqabs et autres djelbabs. On pourrait applaudir à cet acte de résistance contre la propagation dans le pays de ces accoutrements étrangers et d’un autre âge (à ce sujet, les hommes pourraient aussi se pavaner à leur tour en seroual-loubia pour dire tout le mal qu’ils pensent de la tenue kamiss-claquettes). Le problème, c’est qu’on ne lutte pas contre une régression par une autre régression. En clair, le haïk n’est pas la solution, bien au contraire. Il faut même se demander si le hidjab ne lui est pas préférable car, au moins, il ne cache pas le visage de la femme et la laisse plus libre de ses mouvements. Mais n’entrons pas dans ce genre de raisonnement, il ferait trop plaisir aux conservateurs qui savent servir à merveille ce genre d’arguments spécieux.

Non, le vrai objectif est de faire en sorte que les Algériennes aient les mêmes droits que les Algériens. Une égalité qui passe par l’abrogation du “Code de la famille” que plus personne ne semble réclamer. Il est vrai que certaines de ses anciennes contemptrices sont désormais tirées d’affaire, ayant accédé à de hautes fonctions ou sévissant au sein de l’Assemblée nationale. Oui, défendre l’égalité homme-femme, c’est dire haut et fort qu’il faut interdire la polygamie, qu’il faut légiférer sur l’égalité d’accès à l’emploi, qu’il faut criminaliser les violences conjugales et qu’il faut mettre fin au scandale honteux de la répudiation et des femmes mises à la porte de chez elle par la simple volonté masculine. C’est reprendre le combat de nos aînées, leur dire que ce qu’elles réclamaient n’était pas utopique car un peuple qui bride et brime une part de lui-même ne s’en sortira jamais.

C’est aussi commencer le combat à la maison, dans la cellule familiale, pour que les pères mais aussi les mères – qui sont trop souvent les outils de répression de leurs propres filles – fassent en sorte que les frères aient les mêmes devoirs que leurs sœurs, notamment en ce qui concerne les tâches ménagères, et que ces mêmes sœurs aient les mêmes libertés que leurs frères. Bien entendu, ce n’est pas facile, ce n’est pas évident dans une société à la fois patriarcale, méditerranéenne et musulmane. Mais là est le vrai combat. Il n’est pas dans l’exhumation d’un bout de tissu blanc aussi dentelé et fin soit-il…

Cette petite manifestation en faveur du haïk témoigne de cette confusion et de cette absence de discernement propres à nos sociétés. Le manque de culture politique, la volonté de frapper les esprits par le biais du buzz médiatique en sont responsables mais aussi l’égotisme, véritable maladie de ce début de siècle comme le montre l’explosion des réseaux sociaux sur internet où chacun raconte sa vie dans les moindres détails comme s’il s’agissait d’une aventure extraordinaire. Mais, ce genre d’actions fait rarement avancer les choses et seul compte le travail de fond et de proximité. Et, avec lui, l’explication, et l’argumentation. Cela vaut pour ces jeunes femmes arabes qui empruntent le sillage des Femen ukrainiennes en exhibant leurs poitrines nues pour revendiquer leurs droits et faire passer un message féministe et anti-intégriste. Sans surprise, ce mode d’action a les faveurs élogieuses des médias occidentaux et de leurs chroniqueurs en mal d’engagements (que feraient-ils d’ailleurs si le monde arabe n’existait pas?).

Mais il faut vraiment être naïf – ou cynique – pour affirmer qu’une poitrine nue peut changer les choses. Bien sûr, cela offre une petite notoriété, un visa pour l’Europe, peut-être même un prix d’une quelconque fondation humaniste avec à la clé une rétribution bienvenue. Cela donne lieu à un moment de célébrité warholien et contribue à alimenter en sujets l’industrie française de l’indignation et des mobilisations sélectives. Car, il y a celle qui enlève le haut et celles et ceux qui s’inquiètent et tempêtent pour elle, ce qui leur offre aussi, le moment de célébrité… Mais, tout cela ne fera certainement pas disparaître le machisme et la misogynie en Algérie, Tunisie ou ailleurs dans le monde arabo-musulman. Une poitrine à l’air avec inscrit sur elle un message politique? Les intégristes y trouvent matière à fulminer et à menacer, les imams une occasion pour donner de la fatwa rétrograde et la majorité silencieuse, celle qui, demain, pourrait enfin comprendre pourquoi l’égalité entre les hommes et les femmes est si vitale, va se demander si tout cela est bien sérieux.

Comme je l’ai déjà écrit dans un texte récent: n’est pas Lady Godiva qui veut [[Lignes quotidiennes, lundi 31 décembre 2012.]]. Et ces néo-militantes seraient mieux inspirées de s’en retourner vers des modes d’actions plus classiques, certes moins spectaculaires et moins susceptibles de les rendre célèbres, mais, à terme, bien plus efficaces à l’image du «Grassroots commitment» cher aux sociétés civiles anglo-saxonnes. La cause des femmes est une affaire trop sérieuse pour être réduite à ce genre d’actions, certes risquées et dangereuses, mais néanmoins guignolesques et narcissiques…


LE BIDONVILLE MAHIEDDINE, IL Y A 63 ANS …

1_2_Mahiedine_1_debut_.jpg

______________________________________

à l’historien anglais Jim House qui a retrouvé ces articles de Liberté dont je lui avais signalé l’existence

Je vous remercie, vous m’avez fait retrouver avec émotion mes premiers pas vers le parti communiste.

J’avais choisi comme thème de l’article la Cité Mahieddine, bidonville monstrueux qui m’impressionnait par son immensité quand je me rendais à la piscine des Groupes Laïques, aujourdhui toujours présente alors que le bidonville a été rasé, dans le quartier où se dressent après l’indépendance le grand Complexe sportif et la Salle Harcha.

J’avais signé la série des trois articles « Rabah Serradj » (c’était adjress renversé). Le pseudo a continué à être utilisé par moi puis par d’autres;

L’année universitaire venait de s’achever (j’étais en troisième année de médecine), j’allais bientôt terminer mon mandat de président de l’AEMAN depuis octobre 49, le mois suivant j’allais diriger la délégation de la jeunesse étudiante qui se rendait au Congrès de l’UIE à Prague et six mois après, j’ai adhéré officiellement au PCA.

Durant l’été, j’ai offert à la rédaction de “Liberté” de faire un reportage sur le terrain social, un domaine qui me passionnait et qui a été à la base des positions que j’avais défendu sans résultat jusqu’à l’année précédente au sein du PPA-MTLD que j’ai quitté en 1949 après la crise dite faussement « berbériste » .

L’aspect identitaire de cette crise, hypertrophié par la direction nationaliste petite bourgeoise de la rue Marengo, n’était qu’un élément du malaise qui traversait le mouvement national, alors que l’aspect social était sous jacent, ce qui a entraîné à la même époque un mouvement de passages de syndicalistes du MTLD vers le PCA, notamment chez les traminos (dont Belaid KLhelifa)

Rachid Dalibey reprsentait ces dokers qui avaient bataillé pour l’élire élu au Conseil Général de l’Algérois.

[[ en cliquant sur les titres on parvient aux documents originaux.]]


1_2_Mahiedine_1_debut_.jpg

Une vue de la cité Mahieddine (Alger)

BIDONVILLES : CITÉS DE LA FAIM

I

article de

Rabah SERRADJ

Liberté

juillet 1950

N°s 369, 370 et 371

[

DE L’ANCIEN CHATEAU

DU BEY MAHIEDDINE

Les cris des hommes torturés

parvenaient aux habitants des cavernes

->img3566]

Sur les flancs d’une hauteur d’Alger, au-dessus de Belcourt, s’étale une des plaies hideuses du colonialisme dans notre pays, le bidonville Mahieddine, qu’on a pompeusement appelé « Cité » et qui est en réalité un enfer dans lequel vivent plusieurs milliers d’êtres humains.

S’il subsiste encore quelques incrédules, on devrait leur conseiller volontiers la visite de ce « chef-d’œuvre » de la colonisation pour leur faire perdre leurs dernières illusions sur la « mission civilisatrice du colonialisme » et autres légendes du même goût.

Prenons donc, au-dessus de la rue de Lyon, le chemin Fontaine-Bleue. Sur notre gauche en montant, des immeubles datant de quelques années seulement avec des pots de fleurs sur les balcons et de jolis rideaux. Sur notre droite un talus assez haut et qui cache la vue. Rien de plus naturel semble-t-il, mais quelle stupeur lorsqu’en montant un peu plus nous frappe brusquement le spectacle désolant d’un nombre immense de bicoques étagées sur une terre brulée de soleil.

Un serrement de cœur nous prend lorsque, quittant le chemin de Fontaine-Bleue, nous nous engageons sur la route blanche poussiéreuse qui pénètre au cœur de la cité. Au-dessous de nous, sur un petit plateau qui surplombe le chemin Fontaine-Bleue, c’est le désordre d’un marché avec ses étalages pêle-mêle et plus loin, de l’autre côté comme pour souligner le contraste, la belle piscine des Groupes Laïques, aux lignes régulières.

Au-dessus de nous c’est l’étagement invraisemblable des baraques. C’est l’aspect brutal de tous « les villages nègres », avec ici une particulière densité, qui n’empêche cependant pas d’apercevoir parfois, comme une vision d’un autre monde, au loin, un petit coin de mer bleue avec les voiles blanches de bateaux de plaisance.

Vous croyez avoir tout vu, mais en montant encore vous apercevez un peu à l’écart, sur une colline, deux ou trois petites agglomérations d’environ 50 guitounes, également serrées les une contre les autres, bien entourées de fils barbelés et qui ont l’air de camps de concentration dans lesquels on a parqué les nouveaux arrivants pour les empêcher d’étendre leur « domaine », un domaine qu’ils partagent d’ailleurs avec quelques volailles ne payant pas de mine.

Un peu plus bas cependant, au milieu des arbres, se trouve le château du R.P.F. Faivre, maire de Birmandreïs, ami de Pierre de Gaulle, et mari de l’arrière-petite-fille de Germain-Brantôme. Il occupe là 25 pièces et trouve que c’est peu.

C’est dans les dépendances de ces habitations, appartenant anciennement aux beys Mahieddine, féodaux bien connus dans la région de l’Arba, qu’ont été amenés et parqués pendant 45 jours plusieurs dizaines de militants progressistes arrêtés à l’occasion du complot colonialiste ; c’est là qu’ils furent l’objet des pires sévices. Et les habitants de la cité habitant le voisinage ont pu entendre les cris de ceux qu’on maltraitait dans les grands couloirs de cette succursale de la trop fameuse villa des Oiseaux.

En montant encore plus haut, on parvient au boulevard Bru, qui surplombe toute la cité. On peut le longer puis redescendre le long du chemin Kablé ; on a alors fait le tour de cette agglomération où sont entassés plus de dix mille habitants.

Mais c’est dans le détail qu’on peut apprécier davantage la hideur des conditions dans lesquelles sont obligés de vivre ces «rescapés de la misère» de tous les coins d’Algérie.

La nécessité d’économiser la place a conduit à transformer de véritables cavernes en lieux d’habitation : on nous disait pourtant que l’homme des cavernes vivait il y a plusieurs milliers d’années.

On se demande parfois si les cabanes en planches sont véritablement faites pour des hommes, tant elles ressemblent à des niches avec leurs dimensions réduites, et pourtant, on nous assure qu’il vit là jusqu’à plus de 10 personnes, cependant que les guitounes, où il faut se courber pour entrer, abritent jusqu’à 2 ou 3 familles.

L’exiguïté des dimensions ne le cède qu’à la diversité et à l’invraisemblance des matériaux utilisés à la construction de ces baraques: les constructions en pierre ou en terre battue sont tout à fait exceptionnelles ; par contre, beaucoup de planches, des volets de fenêtre, des sommiers de lits, des tôles, des morceaux de barrière, des bidons, des cageots , des corbeilles, des blocs fixant les tôles qui servent de toit, tout cela tient en un équilibre plus ou moins stable et forme les «maisons» de cette « cité », auxquelles on accède souvent par une gymnastique périlleuse grâce à des escaliers creusés à même la terre.

On frémit en pensant à ce que deviennent l’hiver les gens qui logent dans ces habitations, dont l’intérieur, sans air et sans lumière, est réduit à sa plus simple expression, avec un plancher qui ne diffère en rien du sol du dehors.

Dans les ruelles tortueuses, des rigoles, car il n’y a pas d’égouts.

Partout les mouches et la poussière, au milieu desquels jouent des nuées d’enfants.

Quelques fontaines, installées par la municipalité Tubert, sont les bienvenues dans cette cité.

Mais les ordures croupissent en tas, faute d’être enlevées, et ce n’est pourtant pas la faute des habitants, car on remarque que le devant des baraques et des magasins est soigneusement balayé.

Tout montre l’âpreté de la lutte pour la vie : ces gens pauvrement habillés mais dont on sent dans leur tenue qu’ils s’efforcent de l’être le mieux possible, ces étalages misérables où l’on vend les choses les plus élémentaires, tout juste de quoi vous garder en vie : quelques pains, des planchettes pour faire du feu, des légumes, du petit lait dans des outres portées par un âne. A côté des vieux habits, de vieux meubles, de vieux souliers.

Un épicier nous montre un cahier rempli de la liste des achats faits à crédit pas ses clients : ils sont modestes, mais le cahier est plein.

Nous avons vu de près la misère de ces gens ; mais ces hommes n’admettent pas passivement la situation qui leur est faite par un régime cruel qui les a chassés des terres qu’ils possédaient. Tout en eux respire le désir d’arracher un meilleur avenir ; en discutant avec eux, le soir, au cours de ces veillées de Ramadhan, nous n’avons pas cessé d’admirer leur énergie et leur dignité, leur solide bon sens, leur grande affabilité. Ils nous ont mieux aidé à pénétrer l’âme de notre peuple et à comprendre qu’avec de telles qualités, il est invincible, pour peu qu’on l’aide à trouver la voie de l’avenir.

R.S.

La semaine prochaine

Les origines de la « cité ».


mahieddine_.jpg

[

BIDONVILLES : CITÉS DE LA FAIM

II

LE QUARTIER

MAHIEDDINE

RENDEZ-VOUS

DES EXILÉS

->img 3570]

Les colonialistes n’ont décidément pas de chance quand ils affirment avoir amélioré la condition sociale des Algériens : le bidonville existait-il avant la conquête de 1830 ? Non puisqu’il remonte à une cinquantaine d’années. Et tout ce qu’on peut observer dans cette cité vient nous démontrer qu’elle est un phénomène essentiellement colonial.

Là se rencontrent en effet les populations de toutes les régions d’Algérie, chassées de leur terre natale par la faim et l’arbitraire. Ces hommes bruns, au visage marqué par les souffrances et les difficultés de la vie et qui portent sur le front un tatouage en croix, viennent probablement de la région des Ouled-Naïl. Ces autres avec leur langage pittoresque sont descendus des Aurès. Ici l’accent chantant et délicieux des territoires du Sud, surtout de la région de Djelfa et de Barika, là-bas le langage rude des montagnards du Djurdjura.

Ce sont les femmes et les fillettes qui portent le plus nettement la trace de cette origine rurale avec leurs foulards, leurs pendentifs, leurs anneaux autour des chevilles, leurs robes au bord desquelles courent des rubans de différentes couleurs.

C’est un peu de nos douars et de nos tribus qui s’est transporté en plein Alger.

Mais le regard de tous dit combien a été aride et pénible le chemin de l’exil après lequel ces familles sont venues échouer ici.

Cet exode lent et continu de familles entières vers la cité Mahieddine a commencé depuis plus d’un demi-siècle, puisqu’on nous a montré un de ses premiers habitants, un homme d’une cinquan …/…

3_4_mahieddine_2_desson_.jpg

Près de son misérable étalage, à la cité Mahieddine, un vieux marchand attend patiemment les acheteurs devenus rares

(Dessin de Mohamed Nouar)

…/…
de ces baraques alors qu’il n’en existait que quelques unes, tout près du château des beys Mahieddine passé aux Germain-Branthome. Aujourd’hui ces quelques baraques sont devenues un millier ; pendant la guerre, on comptait 7000 cartes de ravitaillement. Au dernier recensement général on a dénombré plus de dix mille personnes ; et le mouvement n’est pas fini : chaque jour arrivent des familles nouvelles qui se groupent de préférence à la Cité selon les régions d’origine : la cité Mahieddine est un thermomètre de la misère des campagnes algériennes.

Commune histoire

Ces habitants nous racontent leur histoire, toujours la même.

Cet homme à l’allure solide, Djaballah Ahmed, originaire de Medoukal, près de Batna, a maintenant les cheveux gris ; mais il était encore enfant lorsqu’il dû quitter son village pour aller chercher du travail.

Ils étaient 8 gosses dans la famille ; la vie, bien que difficile pouvait être affrontée, car le père possédait suffisamment de terre pour ne pas laisser la famille mourir de faim : un hectare irrigué avec des palmiers et des arbres fruitiers, et à côté une terre labourable. C’était l’héritage d’un oncle et Djaballah nous répète les noms de ces parcelles avec amour, du ton bouleversant d’un homme pour qui la terre représente la vie.

Mais le caïd était, est-ce bien la peine de le dire, un homme rapace et malhonnête. Comme le père de Djaballah avait besoin d’argent, il vendit provisoirement la terre au caïd sa terre pour la somme de 375 francs ; Djaballah devait récupérer son bien dès qu’il rembourserait cette somme au caïd.

Et ils sont des milliers

C’était une pratique courante, mais dangereuse quand on n’avait pas la garantie d’un papier signé.

Lorsque Djaballah fut en mesure de rembourser le caïd quelle ne fut pas sa stupeur lorsqu’il constata que celui-ci venait de réaliser une fructueuse opération en vendant sa terre à un tiers pour 450 francs, sans papier d’aucune sorte. Que faire à l’époque contre l’absolutisme d’un caïd ? Ajoutons d’ailleurs que par la suite, ce serviteur zélé de l’Administration abandonna sa charge et se sauva en emportant avec lui tous les impôts du douar. L’Administration souffrait à son tour, ô pauvre victime, du brigand quelle avait encouragé des années durant, à jeter des familles entières dans la misère.

Des milliers de Djaballah ont été frappés par les expropriations massives et celles-ci, loin de rester limitées aux époques de la conquête ou de l’insurrection de 1871, se sont poursuivies de manière continue et se poursuivent toujours, déversant un flot humain incessant vers les bidonvilles.

Au même moment, la famille des beys Mahieddine abandonnait à Germain-Branthome (le « Djerman » bien connu des ouvriers agricoles de la Mitidja, l’homme aux 99 domaines), un château situé sur une hauteur d’Alger, avec tous les terrains environnants.

Une triste renommée

Les beys Mahieddine ont une renommée sinistre dans la Mitidja.

On voit se dresser au sud de l’Arba, sur la montagne, le château qu’ils ont construit en faisant transporter des pierres de la rivière par une chaîne d’ hommes longue de plus d’un kilomètre.

Avant et pendant la conquête, ces beys faisaient régner la terreur dans la région : ils faisaient enduire de miel leurs sujets indociles ou peu rentables et les laissaient aux mouches et au soleil, ou les faisaient marcher sous le fouet sur des épines venimeuses, les emmuraient vivants ou les précipitaient dans un lac très profond qu’on peut toujours voir.

Les habitants de la région gardent un souvenir vivace de ces méfaits, de même que celui de leur ignoble trahison lors de la conquête.

C’est avec le plus grand mépris que la population juge ces féodaux en décomposition qui voient peu à peu se rétrécir, non pas leur pouvoir sur les masses, qui est inexistant, mais les ressources que leur ont procurées leur despotisme et leur trahison.

Très vite leurs domaines sont passés aux mains d’autres féodaux, plus puissants, aux mains des véritables tenants du colonialisme, dont Germain-Branthome n’est pas le moindre.

Sur cet espace vide des hauteurs de Belcourt viendront s’installer, nous verrons prochainement avec quelles difficultés, les victimes des féodaux et de la grosse colonisation ; nous verrons comment ils luttent avec fermeté et courage.

En vérité la cité Mahieddine, tant par ses origines que pas son contenu actuel, est à l’image même du régime que demain tous ensemble nous abattrons !

R.S.


mahieddine_.jpg

[

LES CITÉS DE LA FAIM

sont aussi les Cités

DE LA LUTTE ET DE L’ESPOIR

->img3574]

TERRIBLE est l’existence dans cette cité Mahieddine qu’un de ses habitants surnommait avec une ironie amère le « Hollywood» algérois. Il faut d’abord, en cette période de chômage, trouver du travail: la plupart des hommes triment dans la pénible profession de docker; on les voit remonter le soir vers la cité, harassés et noircis, rapportant à leurs enfants dans un couffin la maigre subsistance que leur labeur continuel suffit à peine à payer. Ils redescendront dès l’aube suivante, comme redescendront aussi de nombreuses femmes qui, elles aussi, vont chaque matin, comme bonnes, achever leur santé déjà usée dans les buildings de la ville.

Pas de repos pour eux. Bienheureux s’ils ont encore un toit pour s’abriter: car le problème de l’habitat à la cité Mahieddine est un véritable drame. Bon gré mal gté, on s’est résigné à laisser s’installer là le flot incessant des émigrés. Mais que de difficultés rencontrées !

Il faut d’abord une somme suffisante pour acheter les matériaux nécessaires à l’édification d’une baraque. Il faut ensuite pouvoir l’installer. Or, si en principe cela ne coûte qu’une taxe de séjour de 40 francs par mois, payés aux H.B.M., la réalité est autre.

Il faut échapper aux griffes de Pastor, le préposé à la gestion, à la renommée bien triste dans toute la population de la cité. Les habitants s’exposent en effet, s’ils ne se soumettent pas à ses conditions draconiennes, à voir peser sur eux la menace de démolition de leur baraque une fois édifiée.

Il est vrai qu’on peut aussi, en payant un certain loyer, habiter des baraques appartenant à des personnes qui ont eu des facilités pour en construire un grand nombre et les louer.

Si les moyens financiers ne vous permettent pas tout cela, vous avez la dernière ressource de passer la nuit, moyennant redevance, dans une baraque collective.

Au logement insalubre et précaire, aux salaires de famine pour un travail inhumain, s’ajoutent les brimades policières et les tracasseries administratives de toutes sortes.

Aspiration au bonheur

Comment voulez-vous qu’avec tout cela, les habitants de la cité Mahieddine se montrent satisfaits de leur sort et ne s’éveillent pas à la vie revendicative et politique.

Ces hommes et ces femmes aspirent au bien-être et ne veulent plus croupir dans leur misère : la vie grouillante et dense de la cité témoigne de la vitalité intense de ses habitants.

Est-ce le contraste de la misère environnante, mais jamais enfants ne nous ont semblé plus intelligents, plus curieux et les yeux plus brillants d’espoir que ces gosses vifs et dégourdis de la cité Mahieddine qui étudiaient longuement sur le chemin Fontaine-Bleue un jeu de leurs camarades européens plus favorisés, ou ces fillettes qui traçaient à la craie, près d’une marelle, ces dessins merveilleux et révélateurs d’une âme qui cherche à s »épanouir.

En vérité, ces pères qui le soir peuvent enfin porter affectueusement leurs enfants dans les bras, ne veulent plus vivre comme par le passé. Prenant le frais devant leur bicoque, ils doivent certainement penser à une vie où leur femme ne sera plus condamnée à être enfermée des années durant dans l’obscurité et la fumée entre quatre murs de planches et sur deux mètres carrés de terre battue.

Ils ne veulent plus vivre comme par le passé, ces jeunes, qui font le vide devant ces deux marchands d’illusions montés sur des méharis et qui viennent du lointain sud vendre leur graisse d’autruche, remède universel contre toutes les maladies.

La lutte est la seule issue

L remèdes contre tous leurs maux, les habitants de la cité Mahieddine savent aujourd’hui qu’il est dans leur lutte pour une véritable libération nationale, pour la terre à ceux qui la travaillent et pour des condition de vie décentes.

Après une longue phase d’incompréhension, les hommes et femmes de la cité accordent aujourd’hui une confiance grandissante au parti communiste algérien qu’ils considèrent comme faisant partie d’eux-mêmes : n’est-ce pas lui qui les a guidés l’an dernier lorsqu’ils ont réussi par leur action unie et puissante, à empêcher la démolition d’une construction à peine achevée; ce jour-là plus de 600 personnes rassemblées ont fait reculer policiers et administration colonialiste et depuis, on n’a jamais plus reparlé de démolition dans le quartier.

Le parti communiste est devenu partie intégrante de leur vie, il les mène sans cesse à la lutte.

les dockers de la cité, avec tous leurs frères du port, ont combattu courageusement contre la guerre du Vietnam et pour de meilleurs salaires.

Avec le parti communiste, tous les habitants d la cité, sans distinction, réclament aujourd’hui le retrait des prérogatives des H.B.M. et la gestion de la cité par le comité de quartier élu par les habitants.

Ils exigent la cessation des brimades policières.

Ils veulent des conditions de vie décentes.

Ils sont sûrs de les arracher par leur lutte opiniâtre.

Ils les arracheront car, à côté d’eux, lutte tout le peuple algérien: ce vendeur de « Liberté » que nous avons rencontré sur le boulevard Bru, les ouvriers qui font marcher les machines puissantes du port, les fellahs des campagnes, etc…

Ils les arracheront un jour très prochain. Ce jour-là la cité Mahieddine ne subsistera plus que dans nos souvenirs ; et les yeux si beaux de cette fillette, qui portait son petit frère sur le dos et souriait malgré sa misère, s’ouvriront sur une toute autre réalité.

Rabah SERRADJ

FIN

« Liberté » n°s 369, 370, 371.


HOMMAGE à AHMED BENAZIZA, LE RÉCIDIVISTE DE L’HONNEUR

algerie_drapeau-29f14.jpg

_______________________________

message de Sadek Hadjerès

Mes condoléances attristées à sa famille, ses amis et camarades de lutte

Ma peine est d’autant plus grande qu’il me rappelle les très durs moments où travailleurs, étudiants et militants
s’étaient dressés en 1965.

Ils résistaient, à la fois au coup porté aux perspectives démocratiques par le putsch militaire du 19 juin
et contre la répression du mouvement social et syndical, lequel avait commencé à reprendre de l’ampleur après les coups d’arrêt
donnés dans les premiers mois de l’indépendance par l’interdiction du PCA et la caporalisation brutale de l’UGTA.

Des conditions très dures avaient frappé les militants du PCA et ceux de l’éphémère ORP, elle même victime des faux pas de ses hâtives orientations et structurations.

Dans ces moments difficiles, l’ex fidaï, le communiste et syndicaliste Benaziza a mené un combat courageux avec un grand nombre de ses camarades mobilisés sous la direction régionale clandestine autour de Tayeb Bouhraoua dont il était proche.

Il a subi comme des dizaines de ses camarades d’odieuses conditions d’arrestation et d’emprisonnement.

Face à la dégradation du pays au cours des décennies suivantes, il a gardé ses convictions patriotiques et internationalistes, de classe et de large union de lutte.

Il laisse aux jeunes générations l’exemple de la modestie, du courage et de l’abnégation au service d’un idéal de liberté et de justice sociale.

Sadek Hadjerès

le 22 mars 2013


AHMED BENAZIZA, LE RÉCIDIVISTE DE L’HONNEUR

Par Fateh Agrane

Dimanche 24 mars 2013

blog algerieinfos-saoudi

algerie_drapeau-29f14.jpg
Nous avons enterré la dépouille du camarde

Ahmed Benaziza

aujourd’hui samedi 23 Mars à 14h 30,

au cimetière d’El Alia Alger,

mais figurez vous,

jamais son idéal ne le sera.

Ils étaient là, ses amis, ses camarades et voisins pour un ultime adieu, car ils ne reverront plus sa digne et fière silhouette, dorénavant avec et auprès d’eux!

Ammi AHMED comme aime l’appeler la génération d’après guerre fut un militant modeste et généreux, de ceux qui ont donné à l’ALGERIE le meilleur d’eux même sans rien prendre !

Dar-El-Beida.10.jpg

Je me rappelle au début des années quatre vingt dix, on venait de sortir de la clandestinité Ammi AHMED était membre de la cellule du parti de l’avant-garde socialiste (PAGS) de Dar El Beida

On l’informa qu’une liste de bénéficiaires de terrains à bâtir à El Hamiz Dar El Beida a été affichée
comportant son nom,

furieux il se dirigea sur le champ à la mairie pour dire au maire «qui t’a permis d’afficher mon nom sur cette liste de vautours?»

Ce dernier lui répliqua «c’est une liste d’anciens Moudjahidines à qui nous avons donné un morceau de terrain à bâtir»

-svp Monsieur ! Rayer mon nom, je ne suis un ancien combattant, je le demeure toujours et de morceau de terrain à bâtir, pas demandeur!

J’ai combattu pour toute l’ALGERIE pas pour un morceau d’elle!!!

Ammi Ahmed avait refusé ce cadeau empoisonné des arrivistes du FIS pour justifier leurs actions prédatrices sur les terrains de la commune! ils savaient très bien d’où il venait cet humble géant!

goulot.jpg

Ahmed Benaziza est né à CHERCHELL en 1936

Jeune il adhéra au parti communiste Algérien (PCA) dans sa région, aux côtés de Mustapha Saadoune.

Membre des CDL (combattants de la liberté) et de l’ALN après accord ente le PCA et le FLN pour l’intégration des CDL au sein de cette dernière.

Il fut à deux reprises condamnés à mort par le colonialisme français et échappa a la guillotine après que ses peines aient étés comniées en condamnation a perpétuité

À sa libération en 1962 et sans répit il alla continuer son combat au sein des travailleurs de l’ex Ogsa devenu par la suite Office National de l’Aviation et de la Météo (Onam) puis avec l’appellation actuelle Enema.

Il constitua aux coté de l’autre camarade communiste Tayeb Bouhraoua le premier syndicat de l’entreprise

Il adhéra au Front de libération nationale après l’indépendance sur directive du PCA.

Il fut militant du parti de l’avant-garde Socialiste (PAGS) depuis sa création en 1966 jusqu’à sa mise a mort après le congrès de 1990.

Toute sa vie a été une vie de luttes ouvrières et syndicales, il fut membre de l’union territoriale UGTA de ROUIBA qui englobait la zone industrielle.

Membre de la commission exécutive nationale de la fédération nationale des transports

Il était chef de bureau d’information aéronautique de l’Enema jusqu’à sa sortie en retraite

Ahmed Benaziza a connu aussi la prison Algérienne quand il fut déporté à JIJEL suite a son opposition au coup d’état du 19 juin, il fut membre de L’Organisation de la résistance populaire.

Et a été arrêté dans la région de Ain Defla ou il venait de participer a une réunion avec feux Embarek, Benkehla et d’autres militants.

Le récidiviste !

Condamné donc doublement à mort par le colonialisme français, ou il subira d’atroces tortures il se retrouva encore dans celle de son Algérie indépendante à Jijel trois ans après l’indépendance!

À sa vue et en lisant son dossier le responsable de la prison s’écria, ah ! Tu es un récidiviste

Et Ahmed Benaziza avec son sourire et calme olympien de répondre!

-n’êtes vous pas indépendants, nous le sommes depuis trois ans, ces ex condamnations sont celles de la colonisation, l’Istaamar.

Ammi Ahmed Benaziza connaîtra la torture dans la prison de son pays après celle infligée par le colonisateur sans pour cela abdiquer, à sa libération il reprendra naturellement sa place dans la bataille pour l’édification nationale et il fut un de ses dignes fils

Repose en paix camarade, tu as semé, tu nous as fait aimer le combat pour la dignité et l’honneur, pour la justice sociale et la liberté ! Merci.

Fateh Agrane, 23 mars 2013


« Saout ech Chaâb » (La Voix du Peuple) en Tunisie صوت الشعب

Sawt_Echaab.jpg

Sawt_Echaab.jpg

Sawt_Echaab_n_91.jpg

Depuis la Tunisie

le titre

صوت الشعب

Saout ech Chaab

‘la Voix du Peuple »

rappelle aux militants algériens

les décennies de leurs luttes ardentes

et pleines d’abnégation

Vingt ans après la disparition du Saout -Echaâb » algérien, le chemin de la juste cause des peuples et des travailleurs se poursuit dans tout le Nord de l’Afrique, la Méditerranée et le reste du monde

Sawt_Echaab_n_83.jpg

Grands succès

et solidarité

à nos camarades et compatriotes

du Maghreb des peuples

UN LIVRE SUR L’OTAN, QUI ÉCLAIRE AUSSI L’ACTUALITÉ EN SYRIE, AU MALI…

pdf-3.jpg


« …/… À mon humble avis, être entendu est la chose la plus importante. Internet et les réseaux sociaux ont contribué à ce processus.

Je pense que, pour être entendu, il est également important de proposer des analyses rigoureuses et bien articulées.

C’est une tâche difficile qui doit être accomplie, et qui fait partie d’un processus culturel plus large incluant l’éducation et la rééducation.

Modifier les forces hégémoniques dominant la société ne peut se faire qu’en établissant de nouveaux courants de pensée pouvant contester leur hégémonie. La critique ne suffit pas non plus, une alternative et un meilleur programme doit être articulé et proposé. La critique en elle-même est inutile si l’on n’offre pas parallèlement un programme alternatif. Pensée et action doivent également être liées dans un processus pratique …/… « 


nato_globalization.jpg

ENTRETIEN AVEC MAHDI DARIUS NAZEMROAYA

L’OTAN n’amène que

la destruction, la pauvreté,

l’insécurité et la misère.

Elle doit être abolie

Apprécié pour la rigueur et la justesse de ses analyses le sociologue canadien Mahdi Darius Nazemroaya (*), 30 ans, s’est imposé comme un des meilleurs connaisseurs de l’OTAN.

Ses investigations, traduites en de nombreuses langues, ont acquis une audience internationale et son ouvrage «The globalisation of NATO» [«La mondialisation de l’OTAN»] fait aujourd’hui référence.

En 400 pages denses, fascinantes, préoccupantes, il nous fait prendre la mesure de la menace que l’OTAN fait peser sur la paix du monde et l’avenir de nombreux peuples.

Il nous fait également prendre conscience de l’urgence qu’il y aurait à obtenir la dissolution de cette dangereuse organisation.

ENTRETIEN

19 MARS 2013

THÈMES (S.CATTORI) : L’OTAN

Silvia Cattori : Dans votre remarquable ouvrage vous mettez en lumière les stratégies mises en place par l’OTAN pour étendre son emprise militaire dans le monde. J’aimerais vous demander ce qui vous a motivé à consacrer tant d’énergie à un sujet aussi ardu et exigeant. Comment en êtes-vous venu à considérer que l’analyse du rôle de l’OTAN et des stratégies qu’elle a mises en place était une tâche absolument essentielle?

mahdi_n_20120815114848483.jpg
Mahdi Darius Nazemroaya : Les graines de ce livre ont été semées en 2007. J’avais alors rédigé un petit manuscrit mettant en relation les guerres en Afghanistan et en Irak (qui avaient fait suite aux tragiques évènements du 11 septembre 2001) avec l’expansion de l’OTAN, le projet de bouclier antimissiles états-unien – que je décrivais comme s’étant finalement couvert du manteau d’un projet de l’OTAN, – et le concept de ce que les néoconservateurs et leurs alliés sionistes appellent «destruction créative» pour redessiner la restructuration des pays du Moyen-Orient, et l’encerclement aussi bien de la Chine que de la Russie.

J’ai toujours considéré que tous les évènements négatifs auxquels le monde est confronté étaient les éléments d’un ensemble; ou de ce que le savant et révolutionnaire hongrois György Lukács a appelé «totalité fragmentée».

Les guerres en «série», l’accroissement des lois de sécurité, la guerre contre le terrorisme, les réformes économiques néolibérales, les « révolutions colorées » dans l’espace post-soviétique, la diabolisation de différentes sociétés par les médias, l’élargissement de l’OTAN et de l’Union Européenne, et les fausses accusations au sujet d’un programme d’armement nucléaire iranien font partie d’un tout.

Un de mes articles publié en 2007 [[Publié d’abord sous le titre «La mondialisation de l’OTAN» puis sous le titre modifié «La mondialisation de la puissance militaire: l’expansion de l’OTAN». Cet article a été traduit en de nombreuses langues, y compris en arabe par la chaîne qatari d’information Al-Jazeera.]], posait également les principales bases de cette feuille de route et reliait tous les éléments de la guerre perpétuelle à laquelle nous assistons.

J’ai écrit ce livre parce que je pensais que c’était un sujet très important.

J’ai lu la plupart des textes de l’abondante littérature concernant l’OTAN et aucun n’examine l’OTAN dans la perspective critique où je me place.

De même qu’aucun ne relie l’OTAN de manière pertinente à une «vue d’ensemble» des relations internationales.

Un chercheur de l’Université Carleton m’a dit que mon livre était comme une Bible des relations internationales et de tous ses sujets importants. Je vois moi aussi mon livre sur l’OTAN de cette manière.

Ma principale motivation pour écrire ce livre était d’amener les lecteurs à prendre conscience de la nature impérialiste des conflits internationaux modernes et de les aider à en voir la «totalité» au lieu de ses éléments «fragmentés». Quand vous voyez l’ensemble, vous êtes en mesure de prendre de meilleures décisions.

Je pense avoir donné de l’OTAN une évaluation correcte. Dans sa bibliothèque à Bruxelles il y a un exemplaire de mon livre. C’est l’OTAN elle-même qui a annoncé son acquisition comme l’une des ressources de sa bibliothèque, en novembre 2012.

Ce livre est ma contribution, en tant que chercheur, pour essayer de permettre aux lecteurs de prendre des décisions en connaissance de cause en voyant au-delà des effets de miroirs et des éléments fragmentés du tableau.

Aujourd’hui dans le monde, les gens sont de façon générale plus instruits. Mais malheureusement l’ignorance se répand en ce qui concerne les relations de pouvoir et ce qui se passe dans ce domaine au niveau mondial.

Nous entrons dans une ère trompeuse de l’histoire où beaucoup de gens à travers le monde sentent de plus en plus qu’ils ne peuvent rien faire d’autre que d’être des spectateurs impuissants, réduits à n’être que des particules, des rouages, ou des extensions d’une immense machine invisible sur laquelle ils n’ont aucun contrôle.

Les scénarios du livre de George Orwell «1984» se sont pour l’essentiel réalisés. Les gens sont devenus étrangers à leur monde et gouvernés de plus en plus par cette machine capitaliste invisible qui travaille à détruire toutes sortes de façon alternatives de vivre ou de penser; l’ordre qui s’impose aujourd’hui à nous est comme un resserrement de la «cage d’acier» de Max Weber [[La «cage d’acier» (ou «cage de fer») est un concept sociologique introduit par Max Weber qui se réfère à la rationalisation accrue de la vie sociale, en particulier dans les sociétés capitalistes occidentales. Ainsi la «cage d’acier» enferme les individus dans des systèmes fondés uniquement sur l’efficacité, le calcul rationnel et le contrôle.]] qui réduit de plus en plus notre indépendance et nos mouvements.

La plupart des gens regardent maintenant les nouvelles et la télévision passivement. Ils essaient de se distraire de la réalité; ils tentent d’engourdir leur conscience et de vivre dans un faux état de bonheur qui leur permet d’ignorer la réalité et les misères du monde. Collectivement, nos esprits ont été colonisés, on leur a fait croire à un faux ordre des choses. L’humanité est en train d’être de plus en plus déshumanisée.

Peut-être que j’ai l’air hégélien, mais les gens deviennent étrangers à eux-mêmes. Ils deviennent aussi étrangers aux capacités de leur propre esprit et aux talents dont ils ont été dotés.

Mais la vérité est que nous ne sommes pas séparés des évènements et des processus qui façonnent ce monde. Nous ne devrions pas devenir les esclaves des objets ou des structures de notre propre fabrication, que ce soit le capitalisme ou les structures politiques.

Nous ne devons pas devenir de simples spectateurs de notre parcours de vie.

L’hégémonie est un processus continu de leadership, de contrôle, et d’influence qui implique à la fois la contrainte et le consentement. Mais son emprise n’est jamais totale et elle peut toujours être combattue.

Nous voyons des défis à l’hégémonie dans la construction de blocs historiques qui affrontent les centres de pouvoir impérialistes et capitalistes. Le Mouvement bolivarien d’Hugo Chávez et l’ALBA sont des exemples réussis d’une contestation de l’hégémonie traditionnelle des élites compradores qui gouvernent la région au bénéfice de forces extérieures.

Silvia Cattori : Un grand chapitre passionnant et troublant de votre livre est consacré à l’Afrique. L’entrée en guerre de la France au Mali n’a pas dû être une surprise pour vous. La déstabilisation de ce pays affaibli, engendrée par l’intervention de la France en Libye, n’ouvre-t-elle pas une grave crise dans tous les pays du Sahel, de l’Atlantique à la Mer rouge?

Mahdi Darius Nazemroaya : Dès le début j’ai soutenu que la division du Soudan, l’intervention française en Côte d’Ivoire soutenue par les États-Unis, et la guerre de l’OTAN en Libye, faisaient partie d’une deuxième «ruée vers l’Afrique». J’ai expliqué que la guerre en Libye visait à déstabiliser d’autres parties de l’Afrique et aurait un effet d’entraînement sur une large partie de ce continent incluant des pays comme le Niger et le Mali.

Dans mon livre, j’ai examiné le Sahel qui est constitué par les terres intérieures de l’Algérie, du Niger, de la Libye, et du Mali.

La guerre de l’OTAN contre la Libye a déclenché une réaction en chaîne, comme une démolition contrôlée, que les États-Unis et leurs alliés utilisent pour contrôler une vaste portion de l’Afrique et de ses ressources.

Comme la première «ruée vers l’Afrique» qui a été déclenchée par une crise économique dans les pays industrialisés de l’Europe occidentale, ces évènements concernent en fait le contrôle des ressources.

Alors que les États-Unis s’impliquaient davantage en Afrique, son gouvernement et le Pentagone se sont mis à parler de plus en plus de l’expansion des facilités dont disposait Al-Qaïda en Afrique et de la manière dont l’armée américaine et ses alliés devaient combattre cette organisation en augmentant leur présence sur le continent africain. En fait, les États-Unis ont constitué en 2011 un budget pour l’actuelle guerre au Mali sous le couvert de la lutte contre Al-Qaïda en Afrique de l’Ouest.

Des intérêts stratégiques comme l’obsession grandissante des États-Unis pour le Golfe de Guinée et l’approvisionnement en pétrole en Afrique de l’Ouest sont occultés dans un récit qui nous parle de la lutte contre les groupes terroristes rangés sous le label d’Al-Qaïda.

Nous savons d’expérience que l’Empire américain a en fait travaillé avec ces groupes, aussi bien en Libye qu’en Syrie. Et que l’on cherche à pousser hors d’Afrique la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil, et d’autres rivaux économiques du bloc occidental, mais on n’en parle pratiquement pas.

En lieu et place, on déguise les intérêts des États-Unis et des ses alliés de l’OTAN comme la France, en objectifs altruistes visant à aider des États faibles.

Pour en revenir au Mali. Je n’ai pas été surpris quand le Président François Hollande et son gouvernement ont ordonné aux soldats français d’envahir ce pays. Aussi bien la France que les États-Unis sont très au fait des réserves de gaz et de pétrole au Mali, au Niger, et dans l’ensemble du Sahel.

Mon livre traite de ces points et de la création par le gouvernement français, en 1945, d’un Bureau de recherches pétrolières dans le but d’extraire le pétrole et le gaz de cette région. Quelques années plus tard, en 1953, Paris a délivré des licences d’exploitation à quatre compagnies françaises en Afrique. En raison de ses craintes, à la fois des empiétements américains et des demandes africaines d’indépendance, Paris a créé l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS) pour maintenir son contrôle sur les parties riches en ressources de ses territoires africains qui possèdent du pétrole, du gaz, et de l’uranium.

L’uranium a été important pour garantir l’indépendance de la France vis-à-vis de Washington par la création d’une force de dissuasion nucléaire stratégique, en riposte au monopole anglo-américain.

Ce n’est donc pas un hasard si les zones du Sahel que les États-Unis et ses alliés ont désignées comme faisant partie de la zone où Al-Qaïda et les terroristes sont situés correspondent à peu près aux frontières de l’OCRS, riche en énergie et en uranium.

En 2002, le Pentagone a commencé d’importantes opérations visant à contrôler l’Afrique de l’Ouest. Cela a eu lieu sous la forme de l’Initiative Pan-Sahel, qui a été lancée par l’US European Command (EUCOM) et l’US Central Command (CENTCOM). Sous la bannière de ce projet de l’armée américaine, le Pentagone a formé des troupes du Mali, du Tchad, de la Mauritanie, et du Niger.

Les plans visant à établir l’Initiative Pan-Sahel remontent toutefois à 2001, lorsque l’Initiative pour l’Afrique a été lancée à la suite des attentats du 11 septembre. Sur la base de l’Initiative Pan-Sahel, la Trans-Saharan Counter-terrorism Initiative (TSCTI) a été lancée en 2005 par le Pentagone sous le commandement du CENTCOM.

Le Mali, le Tchad, la Mauritanie, et le Niger ont été rejoints par l’Algérie, le Maroc, le Sénégal, le Nigeria, et la Tunisie. La TSCTI a été transférée en 2008 au commandement de l’AFRICOM récemment activé. Il faut relever que le capitaine Amadou Sanogo, le leader du coup d’État militaire qui a eu lieu au Mali le 21 mars 2012, est l’un des officiers maliens qui ont été formés dans le cadre de ces programmes américains en Afrique de l’Ouest.

L’analyse du coup d’État de 2012 au Mali montre qu’il s’agit d’un acte criminel. Le coup d’État militaire a renversé le Président Amadou Toumani Touré sous prétexte qu’il ne pouvait pas restaurer l’autorité malienne sur le nord du pays. Le Président Amadou était sur le point de quitter son poste et n’avait pas l’intention de rester dans la vie politique, et les élections allaient avoir lieu dans moins de deux mois. Ce coup d’État a essentiellement empêché une élection démocratique d’avoir lieu et l’action du capitaine Sanogo a mis fin au processus démocratique au Mali et a déstabilisé le pays.

Sa nouvelle dictature militaire a été reconnue par l’OTAN et par le gouvernement installé en Côte d’Ivoire par les Français. Les États-Unis ont continué à financer le gouvernement militaire du Mali et des délégations militaires et civiles des États-Unis et d’Europe occidentale ont rencontré le régime militaire de Sanogo.

Peu après, la France a déclaré qu’elle avait le droit d’intervenir en Afrique partout où ses citoyens et ses intérêts étaient menacés.

C’était autant de préliminaires.

Les armes qui sont utilisées au Mali et au Niger aussi bien par les groupes terroristes que par les tribus touaregs sont liées aux actions de l’OTAN en Libye. Plus précisément ces armes viennent des arsenaux libyens pillés, et des armes envoyées en Libye par les Français, les Anglais et les Qataris.

L’OTAN a eu un rôle direct dans ce domaine et l’on sait que les Français ont soudoyé les groupes touaregs et ont contribué à les armer et à les financer durant la guerre contre la Libye.

Du reste, en Afrique, les Français ont toujours manipulé les Touaregs et les Berbères contre d’autres groupes ethniques à des fins coloniales.

Par ailleurs, les tensions entre le Soudan et le Sud-Soudan sont attisées. La région soudanaise du Darfour et la Somalie sont toujours des points chauds. Tout cela fait partie d’un arc africain de crise qui est utilisé pour restructurer l’Afrique et l’englober dans les frontières du bloc occidental.

Silvia Cattori : Quand sous l’impulsion du président Sarkozy, après 33 ans de retrait, la France est revenue dans le commandement militaire de l’OTAN, il n’y a eu aucune protestation. N’est-ce pas le signe que les citoyens ignorent, que cette organisation menace l’humanité et que l’appartenance de leur pays à l’OTAN implique sa subordination à la politique étrangère belliciste de Washington et la perte de sa souveraineté?

Mahdi Darius Nazemroaya : Je pense que ce que le Président Sarkozy a fait en réintégrant la France dans le commandement militaire de l’OTAN est largement le reflet d’un consensus au sein de la classe politique française. Je sais qu’à Paris de nombreuses voix politiques l’ont critiqué, mais si au sein de la classe politique française l’opposition avait été intransigeante, elle aurait pu faire beaucoup plus que parler.

Aujourd’hui, les membres de l’establishment politique français, aussi bien à «gauche» qu’à «droite», se battent entre eux pour savoir qui va le mieux servir les centres impérialistes et capitalistes à Washington et à New York.

L’establishment politique français ne fait pas cela parce qu’il est particulièrement pro-américain, mais parce qu’il est au service du système mondial corrompu qui sert lui-même le capitalisme global dont le centre en voie d’affaiblissement est aux États-Unis.

Ainsi, nous avons aussi besoin de réévaluer ce qu’est l’anti-américanisme, ou d’où proviennent et ce que représentent en fait les sentiments anti-américains.

De larges segments de l’élite de l’Europe occidentale sont au service de ce système mondial parce que leurs propres intérêts y sont investis et y sont liés. Comme les États-Unis sont en voie d’affaiblissement et en lutte pour maintenir leur primauté mondiale en tant que centre du capitalisme, de la régulation et de l’accumulation capitaliste, ils vont de plus en plus déléguer leurs missions impériales à des pays comme la France.

On verra également davantage de compromis entre les États-Unis et des pays alliés comme la France et l’Allemagne.

Il s’agit là d’une décentralisation dialectique du pouvoir des États-Unis visant à renforcer l’hégémonie du système mondial et à maintenir l’Empire américain par délégation.

Il faut noter que ce système capitaliste mondial est fragmenté en blocs, raison pour laquelle nous voyons des rivalités entre les États-Unis, la Chine et la Russie.

De façon générale, la majorité des citoyens dans de nombreuses sociétés sont de plus en plus passifs vis-à-vis des décisions de leurs gouvernements et de leurs dirigeants. C’est le reflet d’un sentiment croissant d’aliénation, de détachement et d’impuissance qui a transformé les êtres humains en marchandises et en objets. Cela fait partie du resserrement de la «cage d’acier» dont je parlais plus haut, en termes weberiens.

Silvia Cattori : La France a été au commencement, avec le Qatar, le principal «parrain» de la déstabilisation de la Syrie [[Voir:

  • «Gérard Chaliand dit quelques vérités sur la Syrie»:

    http://www.silviacattori.net/article3350.html
  • «Syrie : Les victimes de l’opposition armée ignorées»:

    http://www.silviacattori.net/article3416.html]]. La Chine et la Russie ont empêché par leurs vétos l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité qui aurait autorisé une intervention militaire de l’OTAN comme cela a été le cas en Libye.

    Mais on peut se demander si les pays de l’OTAN et leurs alliés arabes ne sont pas en train de réaliser leur plan de déstabilisation de la Syrie par d’autres voies?

    Et pensez-vous que la Chine et la Russie pourront durablement contenir l’OTAN tant que les pays émergents n’auront pas leur mot à dire et les moyens d’imposer un véritable multilatéralisme au Conseil de sécurité?

Mahdi Darius Nazemroaya : En premier lieu, il faut voir que les évènements en Syrie font partie d’une guerre par procuration menée par les États-Unis, l’OTAN, Israël et les dictatures arabes (comme l’Arabie Saoudite), contre la Chine, la Russie, l’Iran et leurs alliés.

Deuxièmement, quand on considère les évènements en Syrie d’un point de vue international, on devrait penser à la Guerre civile espagnole qui a éclaté avant la Deuxième guerre mondiale. De même, on peut considérer les évènements en Libye et en Afrique, et peut-être les invasions antérieures de l’Afghanistan et de l’Irak, en pensant à l’invasion de la Chine par le Japon ou l’invasion de la Tchécoslovaquie par l’Allemagne avant la Deuxième guerre mondiale.

Cela ne signifie pas que la Syrie ou ces évènements soient nécessairement le prélude à une Troisième guerre mondiale, mais ils ont le potentiel d’allumer un vaste incendie au niveau mondial — à moins que l’on ne pense que tous ces évènements font déjà partie de la Troisième guerre mondiale.

Les thèses de Giovanni Arrighi sur les cycles systématiques d’accumulation dans le «système-monde» peuvent nous aider à trouver une base de réflexion. Son travail est important parce que nous pouvons l’utiliser pour lier entre eux, de la Syrie à l’Afrique, les éléments dont nous parlions en termes de «totalité fragmentée» constituant le système mondial.

Les cycles d’accumulation étudiés par Arrighi se rapportent à des périodes de temps qui s’étendent sur une centaine d’année ou plus, durant lesquelles le centre du capitalisme dans le système mondial se situe dans un lieu géographique ou un pays donné. Ses thèses sont fortement influencées par les travaux du savant français Fernand Braudel sur l’expansion du capitalisme. Pour Arrighi ces centres d’accumulation ont été les pouvoirs hégémoniques du système mondial en expansion.

À la dernière étape de chaque cycle, les capitalistes déplacent leurs capitaux de ces centres dans d’autres endroits et finalement dans le nouveau centre capitaliste qui a émergé. Ainsi, chronologiquement, le pouvoir hégémonique du système mondial a été transféré de la ville-État italienne de Gênes aux Pays-Bas, puis en Grande Bretagne et, finalement, aux États-Unis. Le déplacement géographique du centre du système mondial se produit au cours d’une période de crise, au moins pour les anciens centre capitalistes, et dans un court laps de temps.

Nous en arrivons aujourd’hui à la Chine. Ce qui se passe est que le centre du capital est sur le point de sortir des États-Unis. Si l’on suit la tendance soulignée par Arrighi, alors le prochain centre d’accumulation capitaliste du système mondial sera la Chine.

Toutefois d’autres scénarios ne sont pas à écarter, comme une direction globale de toutes les principales puissances capitalistes.

En me référant aux travaux d’Arighi, je veux dire ici que nous avons affaire à un système capitaliste mondial qui inclut la Chine et la Russie. Ni les États-Unis ni la Chine ni la Russie ne veulent perturber ce système. Ils sont en compétition pour en devenir le centre d’accumulation capitaliste.

C’est pourquoi aucune des parties ne veut une guerre directe. C’est pourquoi les Chinois n’ont pas utilisé la dette étrangère américaine pour dévaster l’économie des États-Unis; la Chine souhaite voir un transfert ordonné du centre d’accumulation depuis les États-Unis.

La Chine et la Russie ne changeront pas leurs politiques et leurs positions sur la Syrie ou l’Iran, mais elles veulent éviter une guerre qui perturbe le système capitaliste mondial. Bien sûr, les États-Unis essaient de maintenir leur position en tant que centre du système mondial, par la force brute, ou en impliquant leurs alliés et vassaux dans leurs opérations impérialistes, comme au Mali et en Libye.

Silvia Cattori : Vous consacrez un long chapitre (p 67 à 113) à l’intervention de l’OTAN en Yougoslavie. Pouvez-vous résumer pour nos lecteurs ce à quoi cette guerre, qui a démembré un pays et généré tant de souffrances, devait aboutir?

Mahdi Darius Nazemroaya : Le démantèlement de la République fédérative socialiste de Yougoslavie a été une étape importante pour ouvrir les portes d’une expansion vers l’Est de l’OTAN et de l’Union Européenne. Il a ouvert la route pour la marche vers les frontières de la Russie et de l’ex-Union soviétique.

L’ex-Yougoslavie était aussi un obstacle majeur vis-à-vis du projet euro-atlantique de l’OTAN et de l’UE en Europe. En outre, la guerre de l’OTAN en Yougoslavie a permis de préparer la logistique des guerres en Afghanistan et en Irak.

Silvia Cattori : Denis J.Halliday [[L’Irlandais Denis J. Halliday a passé une bonne partie de sa carrière auprès des Nations Unies, impliqué dans des actions d’aide humanitaire.

En 1997, il fut nommé Sécrétaire général adjoint et directeur du programme humanitaire en Irak. Un an plus tard, après 34 ans de service au sein des Nations Unies, Halliday a annoncé sa démission en raison des sanctions économiques imposées à l’Irak, qu`il a qualifiées de «génocide».

En 2003, il a reçu Le Gandhi International Peace Award.

Depuis son départ des Nations Unies, Denis Halliday a participé de manière active dans plusieurs actions contre la guerre et les crimes contre l’humanité. Il est présentement membre de l’Initiative de Kuala Lumpur en vue de «criminaliser la guerre».]] écrit dans la préface de votre ouvrage:
«L’OTAN n’amène que la destruction, la pauvreté, l’insécurité et la misère. Elle doit être abolie». Quand on sait qu’il n’y a aucun mouvement qui s’oppose à la guerre, que des ONG comme Amnesty, HRW, MSF, MDM, prennent le parti de l’ingérence militaire des grandes puissances, comme on l’a vu en ex-Yougoslavie, au Soudan, en Libye, en Syrie, que peut-on suggérer à toute une jeunesse en quête de justice et désireuse d’agir pour un monde meilleur? Que peuvent faire concrètement les peuples européens contre la machine destructrice de l’OTAN?

Mahdi Darius Nazemroaya : Comme je l’ai dit, nous en sommes arrivés à la situation décrite par George Orwell dans son roman “1984”. Amnesty International, Human Rights Watch, et une grande partie des ONG de l’industrie humanitaire sont des outils de l’impérialisme pratiquant les deux poids deux mesures. Les organisations d’aide étrangère sont profondément politiques et politisées.

Cela ne signifie pas que tous leurs employés soient de mauvaises gens qui ne veulent pas aider le monde. Bon nombre de leurs employés et des bénévoles sont des gens estimables; ils ne comprennent pas tous les faits et ils ont de bonnes intentions. Ces gens ont été trompés ou aveuglés par la pensée de groupe institutionnelle.

Leurs esprits devraient être débarrassés de tous les préjugés et de la désinformation dont ils ont été nourris; une véritable tâche de dévouement.

Les citoyens des pays de l’OTAN doivent travailler à se positionner eux-mêmes pour informer leurs sociétés respectives sur l’OTAN et finalement les influencer pour qu’elles se retirent de cette organisation. Cela peut être fait de diverses manières. Mais cela commence par une compréhension de ce qu’est l’OTAN et une connaissance non censurée de son histoire.

Je ne suis pas une autorité morale ou un stratège. Se maintenir soi-même sur la bonne voie est déjà un défi assez difficile, je pense. Je n’ai aucun droit à pontifier sur la façon dont les gens devraient vivre. Je vais toutefois vous dire ce que je pense personnellement.

À mon avis, le plus gros problème pour beaucoup de gens est qu’ils veulent changer le monde à une beaucoup trop grande échelle sans s’attaquer aux problèmes immédiats dans leurs propres vies.

Je trouve que la meilleure manière de changer le monde est de commencer par de petits pas dans notre vie de tous les jours. Je parle ici d’ «échelle» et pas de «changement graduel» ou de «rythme».

Faire un monde meilleur commence par votre environnement immédiat. Le changement commence avec vous-même et ceux qui vous entourent, tout comme le devrait la charité. Imaginez si la plupart des gens faisaient cela; le monde serait changé par petites étapes qui aboutiraient collectivement à un changement monumental.

Rien de tout cela ne peut non plus se faire sans patience et détermination, et je souligne encore une fois qu’action et connaissance ne devraient pas être séparées. Je ne sais que dire de plus.

Silvia Cattori : En mettant ensemble les pièces du puzzle vous démontrez magistralement dans votre livre comment ces guerres en série, menées sous des prétextes humanitaires, s’inscrivent dans une stratégie de «destruction créative» conçue par «les néoconservateurs et leurs alliés sionistes», et comment – de la Yougoslavie, à l’Afghanistan, à l’Irak et à la Libye – elles sont toutes liées. Des personnalités de premier plan, comme l’ancien Secrétaire général adjoint de l’ONU Denis J. Halliday qui a préfacé votre ouvrage, vous donnent entièrement raison : l’OTAN est bel et bien le principal danger pour la paix du monde. Mais vous savez qu’en Europe, notamment dans les pays où, comme en France, les organisations juives ont une forte emprise sur les politiques et les médias, dénoncer la stratégie des néoconservateurs et de leur allié Israël [[Par exemple, l’écrivain israélien Israël Shamir, a été accusé d’antisémitisme par Olivia Zemor, Nicolas Shahshahani et Dominique Vidal pour avoir affirmé en 2003 cette vérité: qu’Israël et le lobby juif avaient joué un rôle prépondérant dans la guerre qui devait démembrer l’Irak un pays qu’Israël voulait mettre à genoux.]], ou dénoncer les révolutions colorées suffit à vous faire cataloguer comme «théoricien du complot» et à vous écarter du débat. Que peut-on faire à votre avis pour modifier cette désespérante situation?

Mahdi Darius Nazemroaya : Mon expérience (au Canada) est différente. On ne m’a jamais qualifié de théoricien du complot. Je pense que la censure des médias et le mépris systématique sont des tactiques clés utilisées contre ceux qui remettent en question le récit dominant ou les opinions énoncées par les forces hégémoniques qui dominent la société.

L’objectif visé en diabolisant des personnes ou des groupes sous le qualificatif de «théoriciens du complot» est de les discréditer et de les neutraliser. Cela se produit généralement quand ils ont beaucoup attiré l’attention et quand ils ont aussi quelques idées fausses qui peuvent être ridiculisées et liées à leurs positions.

Néanmoins, ceux qui se voient qualifiés de théoriciens du complot ne devraient pas laisser cette accusation les dissuader de maintenir leurs positions et de continuer à s’adresser aux gens. Car la démoralisation fait partie de la tactique utilisée pour réprimer les points de vue et réflexions «dérangeantes».

Les groupes et les lobbies sionistes ont une présence forte et disproportionnée dans le domaine politique et dans les médias de plusieurs pays, mais il faut reconnaître qu’ils ne sont pas homogènes et qu’ils ne sont pas les seuls facteurs influents; ils font partie d’un bloc d’intérêts pour qui il est important d’empêcher qu’un discours critique n’ébranle les forces hégémoniques qui dominent aujourd’hui la société. Et les lobbies sionistes ne sont pas tous liés à Israël. Il arrive qu’un groupe sioniste travaille à introduire et à imposer à Israël des projets externes. Les motivations de ces groupes ne sont pas toutes les mêmes, mais elles font partie du programme dominant qui s’est développé en ce que les renommés sociologues Giovanni Arrighi et Immanuel Wallerstein ont appelé «système-monde» [ou «économie-monde»].

À mon humble avis, être entendu est la chose la plus importante. Internet et les réseaux sociaux ont contribué à ce processus. Je pense que, pour être entendu, il est également important de proposer des analyses rigoureuses et bien articulées. C’est une tâche difficile qui doit être accomplie, et qui fait partie d’un processus culturel plus large incluant l’éducation et la rééducation.

Modifier les forces hégémoniques dominant la société ne peut se faire qu’en établissant de nouveaux courants de pensée pouvant contester leur hégémonie.

La critique ne suffit pas non plus, une alternative et un meilleur programme doit être articulé et proposé. La critique en elle-même est inutile si l’on n’offre pas parallèlement un programme alternatif. Pensée et action doivent également être liées dans un processus pratique.

Silvia Cattori : Votre livre va-t-il être traduit en français? A-t-il eu la couverture médiatique lui permettant de toucher un large public?

Mahdi Darius Nazemroaya : Mon livre devait être traduit en français en trois volumes par un éditeur en France, mais malheureusement l’accord a fait long feu. En notre temps où la durée d’attention s’amenuise, peu de gens sont intéressés à lire un livre de plus de 400 pages. Très peu d’attention lui a été accordée de la part des grands médias. Il y a plusieurs mois, Le Monde Diplomatique à Paris a contacté mon éditeur aux États-Unis, ainsi que la maison qui le diffuse en Grande Bretagne, pour leur demander l’envoi d’un exemplaire. Je ne sais pas si Le Monde Diplomatique a réellement l’intention de faire une recension d’un livre aussi critique et, très honnêtement, je ne m’en soucie pas vraiment.

Mon ouvrage a eu de bonnes critiques disant que c’est un livre à lire absolument. Il est diffusé dans les universités et les collèges. On en trouve des exemplaires dans les bibliothèques de diverses institutions comme l’Université de Harvard et l’Université de Chicago. Il est référencé à la Haye et dans la prestigieuse collection de la Bibliothèque du Palais de la Paix aux Pays-Bas qui tient à jour les livres relatifs aux lois internationales.

Sur Amazon au Royaume Uni, il est classé comme l’un des meilleurs livres sur l’OTAN et je crois qu’il est en train de prendre un bon départ.

Silvia Cattori

(*) Mahdi Darius Nazemroaya est un sociologue interdisciplinaire, auteur primé, et analyste politique connu. Il est chercheur au Centre de recherche sur la mondialisation à Montréal, collaborateur expert de la Strategic Culture Foundation à Moscou, et membre du Comité scientifique de la revue de géopolitique Geopolitica, en Italie.

Sur son ouvrage « The Globalization of NATO », voir également (en anglais) :

http://www.silviacattori.net/article4005.html

http://www.silviacattori.net/article3834.html

http://www.silviacattori.net/article3780.html

Traduit de l’anglais par JPH


BOBIGNY – 23 MARS: SOIRÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LA GRÉCE

pdf-3.jpg

« Solidarité France-Grèce pour la Santé »

vous informe:

koinwniko_iatreio.jpg

Soirée de solidarité avec la Grèce qui résiste

Le samedi 23 mars

à partir de 17h00

à l’Espace Maurice Nilès

11, rue du 8 Mai 1945, Bobigny

(métro, ligne 5, station Bobigny-Pablo Picasso,

tramway, ligne T1, arrêt La Ferme)

Au programme :

FACE À LA CRISE SANITAIRE,

SOLIDARITÉ CONCRÈTE

AVEC LES DISPENSAIRES SOCIAUX GRECS

Présentation du collectif «Solidarité France-Grèce pour la Santé» et de ses initiatives en cours et à venir, notamment l’envoi d’un convoi de matériel pharmaceutique et médical à destination des dispensaires sociaux grecs.

Présentation des dispensaires sociaux

et débat en présence de Giorgos Vichas,

médecin et animateur du dispensaire social d’Ellinikon-Athènes

catastroika.jpg

Projection du film

Catastroïka

en présence de son réalisateur, Aris Chatzistefanou

Buffet solidaire

Pour infos, signature de l’Appel et dons:

http://initiativegrecqueaparis.wordpress.com/2013/03/20/soiree-de-projections-de-debats-et-de-solidarite-avec-la-grece-qui-resiste/


TUNIS – 26 MARS – 30 MARS – FORUM SOCIAL MONDIAL: TRANSFORM! ET ESPACES MARX AU FSM 2013

Poster_FSM_fr.jpg

Poster_FSM_fr.jpg

pdf-3.jpg

26 mars 2013 – 30 mars 2013, Tunis

Transform! sera présent avec un stand et ses publications

Ateliers co-organisés par Transform! Europe


Mercredi 27 mars

09.00 – 11.30

  • QUEL NOUVEAU TYPE D’INTERNATIONALISME POUR LUTTER POUR LA PAIX?

Co-organisateur : Mouvement de la Paix

Intervenants :

Yousef Habash (Health Work Committees HWC, Palestine),

Lydia Samarbakhsh (Responsable des relations internationales, PCF, France),

Yousef Habash (Palestine),

Helmut Scholz (Parlementaire européen Groupe GUE/NGL, Allemagne),

Willy Meyer (GUE/NGL, Espagne),

Reiner Braun (directeur exécutif de IALANA et membre de la direction du bureau international pour la Paix (IPB).

Modérateur : Walter Baier (Transform!).

Tente Démocratie 1, faculté de droit.


13.00 – 15.30

  • QUELLE RESPONSABILITÉ DE L’EUROPE POUR FAVORISER UN NOUVEAU MODE DE DÉVELOPPEMENT DANS LES PAYS DE LA MÉDITERRANÉE?

Co-organisateurs: CADTM, Raid ATTAC Tunisie

Intervenants :

Christine Mendelsohn (Parti de la gauche européenne),

Marie-Christine Vergiat (parlementaire européenne du groupe GUE / NGL, France),

Mamdouh Habashi (Egypte),

Fatih Chamki (Raid Attac Tunisie, CADTM),

Fabio Amato (Italie),

Gus Massiah (IPAM, France),

Vassilios Chatzilambrou (Député de Syriza, Grèce)

Modératrice : Carla Luis (Transform!, Cultra, Portugal).

Salle : Lecture 3


Jeudi 28 mars

09.00 – 11.30

  • WHAT IS THE RESPONSIBILITY OF EUROPE TO PROMOTE A NEW MODE OF DEVELOPMENT IN THE COUNTRIES OF THE MEDITERRANEAN? _ Preparation for AlterSummit
  • FACE AUX POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ ET AUX FORMES AUTORITAIRES DE GOUVERNEMENT, COMMENT DÉFINIR UNE NOUVELLE AMBITION DÉMOCRATIQUE?

    Préparation à l’ AlterSommet

Co-organisateurs :

CIDEFE,

FAE (Féminisme pour une Autre Europe)

Intervenants :

Fatih Chamki (Raid Attac Tunisie),

Solange Cidreira (EAF, France),

Abir Hmida (Front populaire Tunisie),

Anita Giuriato (EAF, Italie),

Monika Karbowska (EAF France Pologne),

Inès Zuber (GUE / NGL, Portugal),

Hervé Kempf (essayiste, journaliste, France),

Francine Mestrum (Global Social Justice, Belgique),

Paul Murphy (GUE / NGL, Irlande).

Modérateur : Roberto Morea (Transform! Italie).

Salle : M 202


09.00 – 11.30

*- CULTURE SCIENTIFIQUE ET CULTURE TECHNIQUE: DÉMOCRATIE ET ENJEUX DE SOCIÉTÉ

Co-organisateurs :

FMSD (Forum Mondial Sciences et Démocratie),

FMTS (Fédération Mondiale des Travailleurs Scientifiques).

Intervenants :

Josette Rome Chastanet (FMTS),

Janine Guespin (Transform!, Espaces Marx),

un représentant du FMSD.

Salle : C


13.00 – 15.30

  • QUELLE ARTICULATION ENTRE LES MOUVEMENTS SOCIAUX ET CITOYENS ET LES FORCES POLITIQUES DE TRANSFORMATION DANS LE CONTEXTE DE LA CRISE MONDIALE?

    Préparation à l’Alter Sommet

Co-organisateurs :

Collettivo Prezzemolo,

Mémoire des luttes

Intervenants :

Immanuel Wallerstein (historien, USA),

Natassa Theodorakopoulou (Grèce),

Christian Pilichowski (syndicaliste, France),

Mouvement Indignados (Grèce),

Aliou Sané (Y’en a marre, Sénégal),

Bernard Calabuig (FASE, France),

Collettivo Prezzemolo (Italie).

Modérateur/trice:

Chantal Delmas (Espaces Marx),

Christophe Ventura (Mémoire des Luttes).

Tente : S1


16.00 – 18.30

  • LES NOUVELLES CONSTRUCTIONS À GAUCHE POUR DÉPASSER LE FRACTIONNEMENT (FRONTS, COALITIONS …): AVANCÉES ET OBSTACLES.

Intervenants :

Jilani Hammami (Front Populaire Tunisie),

Pierre Laurent (Président du Parti de la gauche européenne),

Babacar Diop « Buuba » (professeur d’histoire, Université de Dakar, membre du Forum Social Africain ; participation à la campagne présidentielle de 2012 en tant que membre de la Coalition),

Théano Fotiou (député de Syriza, Grèce),

Walter Baier (Transform!),

Obey Ament (Espaces Marx, Amérique latine).

Modératrice : Elisabeth Gauthier (Transform!, Espaces Marx).

Salle : AM2


16.00 – 18.30

  • FÉMINISME ET RÉVOLUTION

Co-organisateurs :

FAE (Féminisme pour une Autre Europe),

Osez le Féminisme,

UniEs Vers Elles,

Collectif féministe « Ruptures »

Intervenants :

Chiraz Bitrou (Forum Il Al Amam,Tunisie),

Nadia Chaabane (ANC, Al-Massar Partie, Tunisie),

Marisa Matias (GUE / NGL),

Josette Rome Chastanet (FAE),

Abir Hmida (Patriotes démocrates Tunisie),

Nicoletta Pirotta (FAE, Italie),

Monika Karbowska (CADTM, FAE France Pologne),

Walter Baier (Transform!),

Tina Tesija (Centre d’Etudes féministes de Zagreb Croatie),

Feministes indignates (Espagne),

Sissi Vovou (féministe, Grèce).

Modératrice : Josette Rome Chastanet (Transform !, FAE).

Tente Femmes 1


Vendredi 29 mars

09.00 à 11.30

  • APPROPRIATION SOCIALE ET AUTO-GESTION

Co-organisateurs :

Association pour l’Autogestion,

Rouges et Verts

Intervenants :

Chantal Delmas (Espaces Marx),

un représentant de Rouges et Verts,

des syndicalistes,

Mouvement coopératif (Brésil).

Salle : M219


09.00 – 11.30

  • QUEL CHANGEMENT DE LOGIQUE ÉCONOMIQUE POUR RÉPONDRE AUX BESOINS SOCIAUX, ÉCOLOGIQUES ET FAIRE VIVRE LA COOPERATION? UNE ALTERNATIVE À LA LOGIQUE CONCURRENTIELLE.

    Préparation à l’Alter Sommet

Co-organisateur:

CIDEFE,

GUE/NGL

Intervenants :

Jean-Marie Harribey (conseil scientifique d’Attac, France),

Hervé Kempf (journaliste, auteur),

Søren Bo Søndergaard (GUE / NGL),

Paul Fourier (co-animateur d’International European Space), CGT),

Wilson Arias, député colombien du PDA,

Matyas Benjik (réseau printemps de Prague 2, Attac Hongrie)

Modératrice : Elisabeth Gauthier (Espaces Marx, Transform! Europe).

Salle : M 204


  • ATELIER «APPRENDRE AVEC LE SUD»

Entretiens sur les pédagogies globales de pouvoir et de transformation.

Comment les mouvements et les organisations de l’hémisphère Nord peuvent-ils apprendre les uns des autres et avec les pays du Sud?

Left Forum (Vasemmistofoorumi, Finlande), organisation membre de Transform!

La date et l’heure : à confirmer, voir le programme sur le site du FSM


Jeudi 28 mars, 09.00 – 11.30

  • ATELIER : JUSTICE CLIMATIQUE MONDIALE

ISW (Institut d’Études Sociales, Écologiques et Économiques de Munich, Allemagne) organisation membre de Transform!

Intervenant : Helmut Selinger (ISW),


Logo_Transform_.jpg

www.transform-network.net

FSM_2013_Tunis.jpg

http://www.fsm2013.org


ALGÉRIE : SUIVONS LES INDICES…

pdf-3.jpg

pdf-3.jpg

Smaïl GOUMEZIANE

La Nation info

le 20 Mars 2013

Le PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement) vient de publier son rapport sur l’indice de développement humain pour l’année 2012. Il est instructif à plus d’un titre, notamment pour les questions d’éducation et de santé. Il mériterait une analyse approfondie. Arrêtons-nous cependant, et brièvement aujourd’hui, sur l’indice synthétique de développement humain (IDH) de l’Algérie, et voyons ce qu’il y a derrière ce chiffre.

…/… extraits …/…

Poursuivons cette brève analyse. Cette progression positive de l’IDH sur les trente dernières années, pour positive qu’elle soit, reflète plus prosaïquement une évolution générale de l’IDH dans le monde, à l’exception des pays les plus pauvres notamment Africains (voir tableaux statistiques à la fin du rapport). Cependant, derrière cette évolution générale, l’Algérie est loin de faire un bon score quand on le compare à certains pays.

Primo, voyons d’abord la situation de l’Algérie par rapport aux pays symbolisant comme lui, dans les années 1970/1980, un «modèle de développement»: exportations de produits non primaires pour la Corée du Sud, import-substitution pour le Brésil ou la Turquie, atelier du monde pour la Chine. À l’exception de la Chine (à la 101ème place), les trois autres pays (en particulier la Corée du sud, à la … 12ème place) possèdent un IDH supérieur à celui de l’Algérie. Le modèle algérien n’est donc pas aussi performant que cela.

Secundo, lorsqu’on compare l’Algérie à tous les pays disposant de ressources en hydrocarbures, depuis la Norvège et les Etats-Unis, jusqu’au Venezuela, au Mexique et au Brésil, en passant par la Libye, l’Iran et tous les pays producteurs du Moyen-Orient, on s’aperçoit que l’Algérie est au dernier rang des pays pétroliers en termes d’IDH. Exception faite du Gabon, à la 106ème place, mais dont le PIB/h/PPA, avec 12 521 dollars, est largement supérieur à celui de l’Algérie.

Tertio, au niveau de l’ensemble Méditerranéen, l’Algérie se classe à la 20ème place sur 25 pays, tout juste devant la Tunisie, la Jordanie, l’Egypte, la Syrie et le Maroc bon dernier. Soit plusieurs pays déstabilisés par le «Printemps arabe». Mais derrière l’Albanie, le Liban, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine, la Turquie…

Enfin , au-delà de l’IDH, il faut noter que le revenu national moyen par habitant (PIB/PPA) de 2011, soit 7 643 dollars, est lui-même en régression par rapport à 2008 (8320 dollars), à 2009 (8130 dollars) et à 2010 (7658 dollars). C’est pourquoi, par exemple, l’écart de revenus par habitant entre les Etats-Unis (dont le PIB/PPA/h est de 42486 dollars en 2011) et l’Algérie continue de se creuser. Il était de 19879 dollars en 1993. Il est désormais de 34843 dollars en 2011, soit un quasi doublement!

C’est dire que les problèmes de développement humain de l’Algérie sont loin d’être résolus et que l’IDH, par ailleurs très utile, ne peut seul en rendre compte. Pour s’en convaincre on pourrait rappeler les autres classements internationaux de l’Algérie:

105ème place pour la corruption ;

110ème place pour la compétitivité ;

136ème place pour la liberté d’entreprise ;

141ème place pour la liberté de la presse.

117ème place pour l’égalité des sexes…

Mais tout cela est largement connu et explique les larges mobilisations populaires de ces derniers mois et de ces derniers jours pour l’emploi, pour le logement, pour la santé ou l’éducation…


Pour lire la suite, cliquer sur le lien

http://www.lanation.info/ALGERIE-Suivons-les-indices_a2051.html