ATH -YANNI, INITIATIVE ÉCOLOGIQUE DE PORTEE NATIONALE

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Pour sûr, Ath Yenni a bien besoin d’un petit toilettage! Ça commençait à faire trop. Trop d’ordures semées à tout-va, trop de sacs en plastique, trop de trop. Hélas, à quelques exceptions près, ça ne diffère pas du reste de la Kabylie et de l’Algérie.

Ces exceptions existent heureusement et elles sont le fait de l’organisation citoyenne des habitants comme à Zoubga, commune d’Illilten, un exemple à suivre.

Il y a quatre ans, un groupe de citoyens d’Ath Yenni a pris conscience du danger sur l’écosystème que présentait l’incroyable envahissement des polystyrènes. Sous la présidence de Kamel Tirèche, ils créent “Ecovolonterre” dont la mission et l’ambition sont contenues dans l’appellation. Ecologie, volontariat, terre: tout est dit.

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Un premier volontariat est organisé en 2010 en collaboration avec une autre association, “Relais Solidarité”. Il a consisté en installations de poubelles publiques. Une décision suivie d’effet puisque l’APC a emboîté le pas en généralisant l’initiative.

L’autre action au crédit d’Ecovolonterre a une portée plus pédagogique. Elle consiste en une dotation en sac à pain en tissu pour tous les foyers d’Ath Yenni. Si cette initiative permet de renouer avec la tradition, elle vise surtout à réduire l’inouïe circulation des sacs en plastique engendrée par l’achat de pain. Le nombre de sachets sortant quotidiennement de chez le seul boulanger est impressionnant. Multipliez par le nombre de commerçants. C’est le vertige.

On le sait depuis un moment déjà: le sachet en plastique pollue le sol, l’air, l’eau. Volatile, il vogue partout, y compris dans l’eau où les mammifères marins comme la tortue s’étouffent en s’alimentant de ce qu’ils confondent avec des méduses. La pollution du sol est garantie. Un sac en plastique se fabrique en une seconde. Il est utilisé en moyenne 20 minutes. Mais il faut 400 ans pour qu’il soit éliminé dans la nature. 1 seconde, 20 minutes, 400 ans!

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Le 4 juillet prochain, Ecovolonterre organise une nouvelle édition de volontariat annuel:

ramassage des ordures sauvages, des sacs en plastique, etc. Mais au-delà de cet acte d’utilité et de salubrité publique, le but poursuivi est davantage pédagogique et citoyen: faire prendre conscience de la nécessité de la préservation de l’environnement et du développement durable. C’est cela, l’écologie. On dit qu’elle est culturelle. Cette culture ne nous est pas inconnue. Elle a toujours été nichée dans le geste du montagnard ménageant la terre qui le nourrit.

Comme jusqu’alors les volontaires (quelque 200 par édition) étaient plutôt des enfants, Kamel Tirèche, le président d’Ecovolonterre, lance un appel afin que les adultes et, surtout, les jeunes, ainsi que les femmes, les rejoignent. Quand on sait que ce volontariat écologique annuel se déroulera en plein Racont’Arts, ce festival itinérant qui fête sa 10ème édition à Ath Yenni, on se met à rêver à l’impact que cela produira et au symbole que cela revêtira. Une communion avec une forme d’universalité, celle de tous les gestes qui, partout dans le monde, convergent vers cette tâche sacrée: sauver la planète de la pollution. Le monde commence pour chacun par son village.

Ecovolonterre ne s’arrête pas là. Le 12 juillet à 19h, réunion publique suivie d’un concert d’Idir, de Mouloud Kebbous et d’autres artistes,

se tiendra à la mairie du 18e arrondissement de Paris. But: ramasser des fonds afin de rendre l’action permanente. Encore un acte citoyen qui renoue avec l’ancienne organisation solidaire et sociale de la Kabylie, et qui prouve la relative négligence de l’Etat ainsi que la capacité de s’en passer.

Ce mal ne touche pas qu’Ath Yenni. C’est toute l’Algérie qui est gangrenée. Nous vivons sous la corrosion du plastique.

Il est évident que si l’Etat ne bouge pas le petit doigt, c’est que de gros intérêts privés sont en jeu. La production de tous ces objets polluants profite à des entreprises privées bien en cour. Et pour boucler la boucle, la conscience citoyenne s’est évaporée. Il faut tout reprendre à zéro.

Apprendre aux enfants dès l’école le respect de l’environnement, le respect de l’hygiène collective et surtout cette évidence que ce qui appartient à tous, au Beylik comme on dit, appartient aussi à chacun.

du 2 au 9 juillet Racont’Arts revient cette année à Ath Yenni, d’où il est parti il y a dix ans

Puisqu’on y est, sachons que Racont’Arts, ce festival atypique qui bourlingue de village en village, revient cette année d’où il est parti il y a dix ans. Ce sera du 2 au 9 juillet. Il se tient dans l’esprit d’humilité et d’audace contenu dans ce vers d’Antonio Machado: «Toi qui chemines, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant.»

Le festival avait démarré en 2004, à l’initiative de trois mousquetaires: le peintre Denis Martinez, feu Salah Silem et Hacène Metref. Il fallait inventer le chemin. Il a mené à cette dixième édition et une aura presque internationale.


8ème édition du festival itinérant « Raconte-Arts »;

“Il était une fois l’esprit des Raconte-Arts”

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[

Réalisation krissmars.com (tournage, écriture, montage)

Taourirt Amokrane, Juillet 2011

pour voir la vidéo, cliquer sur le lien (…)

->http://vimeo.com/41565491]


Voilà comment les organisateurs définissent leur concept:

«Racont’Arts est une histoire de travail collectif, certes. Il réunit dans la convivialité la plus absolue, artistes, bénévoles et villageois, sans aucun protocole. Mais c’est surtout une panoplie d’activités, dans une ambiance de cour des miracles.

Le festival est multidisciplinaire et ne connaît aucune limite. Tout est bon à prendre dès lors qu’il s’agit vraiment de créativité.

On y trouve de tout et pour tous les goûts: cinéma, théâtre, photos, littérature, poésie, musique, performances, installations, processions, expositions en tous genres; programme pour les enfants.

Beaucoup d’inventivité et beaucoup d’énergie pour une rencontre tout en mouvement. Le tout dans un patchwork incroyable!

Le festival occupe les espaces disponibles et ne rechigne devant aucune difficulté. Notre maître mot est l’adaptation à toutes les situations.
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Certaines activités qui peuvent paraître insolites dans notre pays portent désormais notre marque de fabrique:

déambulation nocturne avec des bougies, à travers les ruelles de village;

rencontres intellectuelles (conférences, tables rondes) dans les tajemaits;

spectacles à domicile ou dans les cafés maures;

expositions dans les ruelles et placettes de village, etc.

Sans oublier, car c’est le cœur palpitant de notre projet, l’action que mène inlassablement Martinez, depuis le début, dans les tajemaits.»

On ne saurait mieux dire.

A. M.


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PARIS – 3 & 4 JUILLET: PROJECTION DE TROIS FILMS DE LAM LÊ: « CÔNG BINH, LA LONGUE NUIT INDOCHINOISE » – « POUSSIÈRES D’EMPIRE » – « 20 NUITS ET UN JOUR DE PLUIE »

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[

IMMIGRÉS DE FORCE

LES TRAVAILLEURS INDOCHINOIS

DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE

->http://immigresdeforce.us5.list-manage1.com/track/click?u=c82887a5cbd7945197321c95b&id=2d0143c498&e=28b2cfcdc5]

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Pour fêter la sortie

du DVD

« Công Binh,

[la longue

nuit indochinoise »
->http://www.immigresdeforce.com/le-film]

le cinéma LA CLEF,

36 rue Daubenton

Paris 75005

Métro Censier-Daubenton

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propose

deux soirées

spéciales:

mercredi

3 juillet 2013

à 18h00

projection de

« Công Binh »

poussiere-d-empire-Lam_Le.jpg

suivie

à

20h30

de la

projection

de

“Poussière d’empire”

Lam LÊ, 1984


jeudi

4 juillet 2013

à 18h00

projection de

“Công Binh”

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suivie

à 20h30

de la

projection de

“ 20 nuits

et

un jour de pluie”

Lam LÊ, 2006


Les deux soirées

seront animées

le-film-lam-le.jpg

par le réalisateur

Lam LÊ

Avec possibilité

d’achat sur place

de DVD


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Vous pouvez trouver le DVD

(ou le commander)

chez votre marchand

à partir du

1er juillet 2013

ou

[

le commander

chez le producteur

en cliquant ici

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Plus d’informations sur le site:

www.immigresdeforce.com


Dossier de presse


SYRIE: MISSION DE LA LIGUE ARABE EN JANVIER 2012 – LE RAPPORT ENTERRÉ – TÉMOIGNAGE DE AHMED MANAI

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TÉMOIGNAGE DE AHMED MANAI

OBSERVATEUR DE LA LIGUE ARABE EN SYRIE

LE RAPPORT DE MISSION CONFISQUÉ

TÉMOIGNAGE SUR LE RÔLE DES ÉTATS ARABES, DES GRANDES PUISSANCES ET DE L’ONU

À écouter afin de prendre en considération le caractère
évolutif et contradictoire de la crise syrienne

Ahmed Manaï

observateur de la Ligue arabe en Syrie

et président de l’ITR

sur la crise en Syrie

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http://youtu.be/hDomLmEduxU


extraits:

…/…

Si je me fais témoin aujourd’hui c’est parce que on m’a mis dans cette situation… … fin 2011, la Ligue arabe a constitué une mission en Syrie, une mission d’observateurs… 160 à 170 observateurs pour lesquels on avait fixé une mission :

La mission est de répondre à 4 questions

  • …1ère question : est ce que les manifestations pacifiques qui se faisaient dans les villes et les villages syriens étaient oui ou non contrecarrées pas la violence policière?
  • … 2ème question : est-ce qu’il y a une présence militaire massive dans les villes et dans les villages syriens?
  • …3ème question : est-ce que les medias nationaux et internationaux ont une certaine présence en Syrie?
  • … 4ème question : elle intéresse les prisonniers politiques, enfin les prisonniers … c’est-à-dire les gens qui ont été arrêtés à partir du 15 mars 2011 – début de la crise syrienne

Cette mission a été constituée de 160 à 170 observateurs, tous d’un certain âge………… niveau éthique et morale…… pour 90% d’entre eux des ambassadeurs, représentants des ministères des Affaires étrangères des pays concernés (14 pays arabes ont envoyé des représentants), des officiers supérieurs des armées arabes… des colonels, des lieutenants généraux…… et il y avait aussi des représentants des ministères de l’intérieur … des hauts fonctionnaires des ministères de l’intérieur…

Sur l’ensemble il y avait 7 à 8% des représentants des sociétés civiles suivant … nous étions une quinzaine à peu près… j’étais parmi ces gens-là…

Nous avons constitué une quinzaine de groupes qui se sont réparti sur tout le territoire syrien à raison d’à peu près 10 personnes par gouvernorat/ arrondissement……

… travail la journée rapports chaque soir adressés à la rédaction de la Ligue arabe à Damas

…… vers 4ème 5ème jour on a commencé à douter de cette mission…: attaques calomnieuses contre le chef de mission……… campagne organisée contre cette mission: campagne menée par les medias arabes avec à leur tête Arabia Al Jazeera c’est-à-dire par les pays qui en principe ont envoyé cette mission

…… au bout de 15 jours certains pays ont retiré leurs représentants… au début les pays du Golfe puis le Maroc etc…

On est resté moins nombreux mais on a fait notre travail, et le premier rapport……

…Ce 1er rapport … début de lecture devant le Conseil de la la Ligue arabe au Caire … ce rapport a été complètement délaissé…… … et les représentants de la ligue arabe sont partis le lendemain au Conseil de sécurité de l’ONU…… et réclamer l’intervention de l’OTAN…… tout simplement refaire ce que l’OTAN a fait en Libye…… cela n’a pas réussi parce que la Russie et la Chine ont opposé leur droit de veto………

Depuis le mois de janvier 2012…… c’est du temps perdu, des vies perdues, une bonne partie de la Syrie qui est détruite… des dizaines de milliers de morts…… des milliers de destructions universités……… tout cela non pas pour le bien du peuple syrien, au contraire,

Ceux qui demandent au peuple syrien la « démocratie »… de se débarrasser de son chef je peux vous en citer quelques uns c’est l’Arabie Saoudite, c’est le Qatar entre autres –très grande démocratie……dans le monde ……-

Je reviens aux 4 points du rapport, pourquoi cela a tellement gêné la Ligue arabe et pourquoi elle a enterré ?

  • À la 1ère question est ce que la police est violente avec les manifestants? le rapport de 160 observateurs répartis sur tout le territoire syrien, rapport basé sur des rapports quotidiens… Ce rapport là a dit non, au contraire ce qui arrive souvent est que les manifestants parmi lesquels il y a des gens armés…… ce sont eux qui tiraient sur la police pour la provoquer et l’obliger à tirer sur les manifestants……… et très souvent ces tireurs/ gens armés tiraient aussi bien sur les civils, les collègues et amis avec lesquels ils manifestaient que sur la police……

    C’est ce qui a cassé tout le projet des « ligueurs »…… des chefs de cette ligue arabe, cad à l’époque le Qatar (lequel entre parenthèses avait acheté contre monnaie sonnante et trébuchante………la cession de la Palestine…… actuellement la cession de Oman ……) le Qatar, l’Arabie Saoudite et derrière eux toute une panoplie d’états………tous ceux dont les chefs crient depuis 2 ans Bachar doit partir… partira le mois prochain… la semaine………
    (rappel des guerres puniques où Caton s’adressait aux senateurs romains …… delenda cartago ……) Depuis 2ans ½ les gens appellent Bachar à partir et il n’est pas parti, et il est même en train de régler………
  • La 2ème question : est ce qu’il y a une présence militaire? et bien non…… le seul cas où il y a eu une présence militaire…… blindés…… c’était à Homs…, et le général Dabi, chef de la mission avait téléphoné au ministre de la Défense syrien… et… une heure après……… les blindés étaient retirés aussitôt
  • 3ème question les medias: et bien les medias il y en avait, il y en avait des dizaines… syriens… représentants d’agences de presse… de télévision… mais aussi des … médias étrangers d’un peu partout…… le seul problème posé aux journalistes était que le visa qui leur était accordé l’était pour une semaine ou 10 jours et …… après intervention de la mission, les visas ont été un peu plus longs……

    Beaucoup de journalistes sont entrés clandestinement…… l’un d’entre eux le journaliste français Gilles Jacquier était là, il est mort, il a été tué…… par ceux-là même qui voulaient l’utiliser………
  • La dernière question celle des prisonniers : obtenir les listes des prisonniers – autour de 6200 –

    au cours de 2 ou 3 amnisties un peu plus de 4000 ont été libérés…… les autres ayant été retenus par ce qu’ils avaient commis d’autres délits tels l’usage de la violence………

…/…

Voilà, cette mission, si on avait vraiment voulu en faire une mission pour résoudre la crise syrienne, …… la crise syrienne serait résolue depuis le mois de janvier 2012………

Mais malheureusement cette mission était un guet-apens pour la Syrie… ceux qui l’ont faite, ceux qui l’ont envoyée, ceux qui l’ont financée… … estimaient que la Syrie ne pouvait pas l’accepter, parce que il y avait tellement de contraintes qui touchaient peut-être la souveraineté syrienne, mais la Syrie avait accepté

Personne n’en parle, la Ligue arabe est partie au conseil de Sécurité sans avoir le rapport de mission…

…/…


sur socialgerie:

INTERVIEW AVEC AHMED MANAÏ – OBSERVATEUR DE LA LIGUE ARABE EN SYRIE;

dans l’article SYRIE – OPINIONS – DÉBATS – LA BATAILLE DE LA DÉSINFORMATION MÉDIATIQUEsocialgerie le 23 février 2012;


PARIS – 2 JUILLET 2013 – JOURNÉE D’ÉTUDES: « ARCHIVES ET SOCIALISME APRÉS MARX »

Autour des fonds de Paul Lafargue,

Charles et Jean Longuet

2 juillet 2013

Archives nationales, hôtel de Soubise

60 rue des Francs-bourgeois

75003 Paris (rez-de-chaussée)

Journée d’étude organisée par

les Archives nationales,

les Archives départementales de la Seine-Saint-Denis,

la Fondation Jean-Jaurès

et la Fondation Gabriel Péri.

Entrée libre dans la limite des places disponibles

Renseignements et contact

jean-numa.ducange@univ-rouen.fr


L’histoire des socialismes français est marquée par une
longue tradition d’études, de Georges Lefranc à Madeleine
Rebérioux, et dont les héritages sont encore présents dans
les travaux récents. Alors que beaucoup de recherches se
concentrent désormais davantage sur le second vingtième
siècle, la présente journée entend revenir sur la période
antérieure, de la Commune de 1871 à l’entre-deux-guerres,
à l’occasion de la mise à disposition d’archives nouvelles.

Les fonds de Paul Lafargue (1842-1911) et Charles Longuet
(1839-1903), découverts dans les archives du Parti communiste
français, et celui de Jean Longuet (1876-1938), qui
vient d’être donné aux Archives Nationales par ses descendants,
constituent en effet un ensemble permettant de
réexplorer cette histoire.

Par leurs liens familiaux, ces trois figures représentent une
forme de continuité avec Karl Marx et elles ont toutes joué
un rôle important dans l’histoire des socialismes. Au-delà des
itinéraires biographiques propres qui seront présentés à
travers les nouvelles archives, la journée entend revenir aussi
sur l’histoire des idées socialistes, en présentant les
recherches récentes sur le sujet.

L’histoire de ces fonds, qui ont connu les multiples aléas du
vingtième siècle, sera également présentée. Plusieurs représentants
d’institutions de toute l’Europe conservant des
fonds d’archives liés à l’histoire des socialismes interviendront
au cours de cette journée, occasion unique de mettre
en valeur un ensemble d’archives dont certaines parties
demeurent méconnues.

La dernière partie sera consacrée à un échange entre historiens
et archivistes sur ces thématiques, afin de prolonger
les premiers travaux publiés, qui seront présentés à l’occasion
de cette journée (inventaires et présentations historiques
des différents fonds d’archives).


[

PROGRAMME

cliquer sur le lien …

->doc3977]


[

INVITATION

cliquer sur le lien …

->doc3978]


ALGER – 29 JUIN – 14h: CONFÉRENCE AVEC LE PROFESSEUR OMAR AKTOUF

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حزب الحرية والعدالة

Parti de la liberté et de la Justice

Akkavar n Tlelli D Teghdemt

INVITATION

Nous avons le plaisir de vous inviter

à une

Conférence-Débat

organisée dans le cadre du

«Forum Liberté et Justice»

mis en place par le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ)

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La conférence, sous l’intitulé

«Quelles politiques économiques

pour quelle économie émergente?

Appliquer des modèles

ou repenser les paradigmes?»

sera animée par le professeur algéro-canadien

Omar Aktouf

le samedi 29 juin

de 14h00 à 17h00

à la salle des conférences

mairie de la Casbah

boulevard Zirout Youcef

INGRACHEN Amar

Membre du Bureau National du PLJ

Chargé des affaires économiques et sociales


Note: sur socialgerie voir la présentation du livre de OMAR AKTOUF:

[« HALTE AU GÂCHIS. EN FINIR AVEC L’ÉCONOMIE-MANAGEMENT À L’AMÉRICAINE » par Ammar Belhimer – le Soir d’Algérie

en cliquant sur le lien: (…)->1212]

AU LIBAN, CE QUE DEVOILENT LES CÂBLES DE WIKILEAKS

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par Nidal Aboulayal

Nouvelles d’Orient

Les blogs du Diplo
lundi 24 juin 2013

Une fois n’est pas coutume, je publie sur mon blog un invité, Nidal, qui travaille depuis longtemps sur le Liban. Il a décortiqué, ce que peu de personnes ont fait, les câbles de Wikileaks (cablegate) sur le pays du Cèdre.

Datant de bien avant les printemps arabes, ils permettent de comprendre quelle stratégie les Etats-Unis et leurs alliés ont développé pour diminuer l’influence du Hezbollah, et d’éclairer l’escalade des conflits aujourd’hui au Liban [ [Conflits qui ont fait au moins douze morts dans les rangs de l’armée au sud du pays ces derniers jours.]].

Alain Gresh

L’éditorialiste As‘ad AbuKhalil évoque, en mai 2012, «un complot visant à entraîner le Hezbollah dans une guerre civile pour discréditer la Résistance et pour saper l’énergie militaire du parti»[[Al-Akhbar, Beyrouth.]].

Un an plus tard, le 18 mars 2013, le chef de l’armée libanaise Jean Kahwagi accuse «tous ceux qui poussent à la discorde dans le pays»[[As-safir, Beyrouth, 18 mars 2013]].

Le 1er avril suivant, en présence de l’ambassadeur de France, le patriarche maronite Mgr Bechara Raï dénonce «des forces obscures [qui] œuvrent à désarticuler les Etats et les institutions, et à tenter inlassablement d’allumer la “fitna” [division] entre les différentes confessions qui jusque-là coexistaient paisiblement et cela, quelle ironie, au nom de la démocratie et du printemps arabe[[L’Orient-Le Jour, Beyrouth, 2 avril 2013]].».

Le 6 juin, Scarlett Haddad cite des «sources sécuritaires»[[«Un front interne pour venger Qousseir?», L’Orient-Le Jour, Beyrouth, 6 juin 2013]]: «il existe quelque part au Liban une main secrète qui veut détruire la cohésion de l’armée pour ouvrir la voie à une confrontation directe entre les communautés chiite et sunnite, dans le but d’affaiblir le Hezbollah et de l’entraîner dans (…) un affrontement interne destructeur (…)».

Le même jour, le commandement de l’armée émet un communiqué appelant «à se méfier des complots visant à faire revenir le Liban en arrière».

Si la rapide descente aux enfers du pays est présentée en Occident comme une conséquence de la guerre civile syrienne, ces diverses déclarations montrent qu’une autre lecture est très répandue au Liban: selon elle, il existe avant tout une volonté de provoquer des violences confessionnelles. Pour le Hezbollah et ses alliés, le but est de discréditer la Résistance et de rabaisser l’organisation au statut de «milice confessionnelle». Cette lecture de l’actualité se fonde sur les câbles diplomatiques américains publiés par l’organisation Wikileaks de M. Julian Assange — ceux concernant le Liban ayant fait l’objet d’un traitement détaillé par le quotidien Al-Akhbar en décembre 2010.

Ces documents explicitent comment, après l’échec militaire de la guerre menée par les Israéliens à l’été 2006 contre la population et les infrastructures civiles libanaises, un changement stratégique radical se met en place, visant à faire prendre en charge par la société libanaise elle-même l’offensive contre sa Résistance. Mais cette nouvelle stratégie qui consiste à stigmatiser le Hezbollah impliquera la radicalisation, et par conséquent la militarisation, de la scène politique libanaise, au risque d’une guerre civile.

À l’époque et depuis juillet 2005, le gouvernement est dirigé par un obligé de la famille Hariri, M. Fouad Saniora; il sera remplacé à la tête du Conseil des ministres à partir de novembre 2009 par M. Saad Hariri, l’héritier politique du clan et chef du camp pro-occidental et pro-saoudien dit «du 14 Mars». Quelques semaines à peine après la révélation du cablegate au Liban, un retournement d’alliances politiques en faveur des alliés du Hezbollah provoquera la démission du gouvernement, et M. Najib Mikati devient premier ministre en juin 2011.

Si, pendant les bombardements de 2006, les responsables gouvernementaux affichent publiquement une unité nationale de façade, les câbles diplomatiques racontent une autre histoire… Les Américains remarquent (06BEIRUT2513, 1er août 2006) 6][[Les 250 000 câbles diplomatiques sont intégralement disponibles sur le site de [l’association Wikileaks. Chaque câble cité dans l’article est mentionné par sa référence officielle, à partir de laquelle le lecteur pourra le retrouver grâce au moteur de recherche CablegateSearch. ]] cette «position bizarre et contradictoire [de] nombre de nos interlocuteurs chrétiens, sunnites et druzes: ils déplorent ce qu’ils voient comme les excès de l’offensive israélienne, tout en espérant qu’Israël parviendra à affaiblir le Hezbollah ».

Plusieurs fois, les pertes civiles ne sont déplorées que parce qu’elles nuisent à l’image des positions pro-américaines au Liban.

Les responsables gouvernementaux vont jusqu’à prodiguer de bons conseils aux Israéliens: il faudrait envahir des villages du Sud, plus de bombardements ici ou là, détruire la télévision du Hezbollah, Al-Manar…

Deux ans après la guerre, le ministre de la défense Elias Murr ressasse encore (08BEIRUT372, 11 mars 2008): «Israël ne doit pas bombarder des ponts et des infrastructures dans les régions chrétiennes. (…) Si Israël doit bombarder tous ces endroits dans les régions chiites, pour des raisons opérationnelles, alors ce sera le problème du Hezbollah.»

M. Boutros Harb (député et ancien ministre) a une étonnante source d’inquiétude: il ne faudrait pas «donner l’impression au monde arabe qu’Israël est vulnérable et pourrait être détruit par une offensive arabe» (1er août 2006, 06BEIRUT2513). Et M. Walid Joumblatt, leader druze, regrette l’existence d’«une nouvelle génération de soldats israéliens qui ne sont plus aussi stimulés et motivés que leurs prédécesseurs. (…) Ce serait dangereux pour Israël et pour la région si cela était révélé» (6 août, 06BEIRUT2540).

Dans le monde arabe et au Liban, la fin de la guerre est considérée comme une victoire du Hezbollah. L’option militaire n’a pas permis de détruire la Résistance, et a anéanti le mythe de la «dissuasion» israélienne. Il faut alors mettre en place une stratégie de substitution pour vaincre le Hezbollah.

Ainsi M. Samir Geagea, dirigeant de l’extrême droite chrétienne, suggère-t-il (25 juillet 2006, 06BEIRUT2471): «La clé pour démanteler le Hezbollah comme force militaire est d’en faire “un problème intérieur”, c’est-à-dire de faire comprendre au peuple libanais que le Hezbollah est la menace qui a causé tant de destruction au pays. La pression politique résultante, accompagnée de la dégradation continue de ses capacités infligée par l’armée israélienne, est le seul chemin vers le désarmement.»

Pour M. Geir Perdersen, envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies au Liban (5 août 2006, 06BEIRUT2539), «Israël a besoin de trouver rapidement un moyen pour permettre à des “facteurs politiques” de gérer la menace du Hezbollah (…) Un tel facteur serait l’opinion publique libanaise ».

Mais pour retourner les Libanais contre la Résistance, il va falloir travailler en profondeur la société, car plusieurs câbles témoignent de la fierté de la population pour le Hezbollah et de sa solidarité avec les réfugiés au-delà des confessions (06BEIRUT2474, 06BEIRUT2518). Même dans le fief de la famille Hariri, «dans la ville de Saïda, les trois communautés chiite, sunnite et chrétienne, se montrent solidaires du Hezbollah».

Pour « libaniser » le problème, il faut faire perdre au Hezbollah son statut de résistance légitime face à Israël pour le ramener à une simple milice confessionnelle. M. Marwan Hamadeh, ministre proche de M. Joumblatt (29 juillet 2006, 06BEIRUT2490), explique que «le gouvernement libanais et l’armée demanderont que le Hezbollah livre seulement ses roquettes et autres armements lourds. Il ne se soucie pas des petites armes, telles que les fusils d’assaut AK-47, puisque tout le monde au Liban est armé». Ainsi, il s’agit simplement de le priver de ses moyens face à Israël, alors que l’on pousse les autres communautés à s’armer à leur tour.

L’ambassadeur saoudien «chuchote à l’ambassadeur» américain (25 janvier 2007, 07BEIRUT133) «“nous devons aider Saad [Hariri], Walid [Joumblatt] et même [Samir] Geagea,avec de l’argent et des armes».

En avril 2008 (08BEIRUT490), M. Joumblatt s’inquiète de «l’entraînement des milices sunnites de Saad [Hariri, constituées de] 15 000 membres à Beyrouth, et plus à Tripoli» sur les «mauvais conseils» du chef des Forces de sécurité intérieure (FSI), le général Ashraf Rifi. D’ailleurs, «les Jordaniens ont refusé d’entraîner des membres des FSI [dans le cadre d’un programme américain], au motif qu’ils ne voulaient pas être impliqués dans l’entraînement de “la milice de Saad”».

Le 11 mai (08BEIRUT652), l’ancien président de la République Amine Gemayel affirme que «les leaders du 14-Mars savent comment mettre leurs milices en ordre de marche, mais ils auraient besoin de “l’appui tranquille” des Etats-Unis [et] d’armes dans les prochains cinq ou six jours pour pouvoir battre le Hezbollah».

Le 15 mai, M. Joumblatt (08BEIRUT698) ne dit rien d’autre: «Nous devons nous préparer à un autre round. Nous devons maintenir le secret à ce sujet et être bien organisés.»

La révélation de l’implication de M. Rifi dans la création d’une milice sunnite n’a évidemment pas été oubliée. Début 2013, l’ambassade américaine, l’ambassadeur saoudien et le premier ministre français font ouvertement connaître leur soutien à la prorogation, par voie législative, du mandat du chef des FSI au-delà de l’âge légal de départ en retraite. Pris entre ces ingérences étrangères et le refus absolu de ses ministres alliés du Hezbollah, le premier ministre Nagib Mikati est contraint à la démission le 22 mars. Moins d’une semaine plus tard, en pleine crise politico-sécuritaire, le général Rifi est ostensiblement reçu par l’ambassadrice américaine et par l’ambassadeur français Patrice Paoli.

Mais ceux-là mêmes qui veulent affaiblir le Hezbollah au nom du «monopole des armes à l’armée libanaise» refusent de faire de cette armée une force capable de défendre le pays face aux ambitions israéliennes. Ainsi M. Elias Murr consacrera toute l’année 2009 à faire capoter, de manière détournée — afin de ne pas apparaître comme un «traître au Liban et un pion des Etats-Unis» (08BEIRUT1780) — le don du gouvernement russe à l’armée de matériel militaire lourd, dont 10 avions MIG-29.

Un incident va pousser le Hezbollah à tourner ses armes «vers l’intérieur», alors que jusque-là, il était largement et avant tout perçu comme une organisation de résistance à Israël. En août 2007 (07BEIRUT1301), M. Hamadeh, ministre des télécommunications, prétend découvrir l’existence d’un réseau de communication du parti: les Américains s’amusent de son «apparente furie devant cette découverte». Un an plus tard, en avril 2008, le même ministre «redécouvre» le système de communication du Hezbollah: «“Iran Telecom” est en train de prendre le contrôle du pays!» (08BEIRUT523).

Cette fois, la crise s’enclenche: alors qu’un conseiller du premier ministre admet en privé que «le réseau ne peut pas être séparé des activités militaires du Hezbollah face à Israël]» ([08BEIRUT586, 1er mai 2008), le gouvernement déclare publiquement le contraire, M. Hamadeh remet une carte détaillée du réseau de la Résistance aux Américains, M. Hariri une version aux Saoudiens, et le gouvernement lance une campagne médiatique avant de le déclarer, par décret, illégal et anticonstitutionnel le 6 août 2008.

Le Hezbollah réagit en prenant le contrôle de Beyrouth, affronte les milices pro-gouvernementales, confisque leurs armes et les remet à l’armée, qui suit de près l’avancée des militants. L’armée annule la décision sur le réseau de communication mais, ainsi, la Résistance a tourné ses armes contre des Libanais.

Le gouvernement lance alors une vaste opération de communication ayant pour thèmes le «coup d’Etat du Hezbollah» et «l’humiliation des sunnites libanais». Dès lors, la dénonciation des armes du Hezbollah devient le thème central porté par le 14-Mars, qui adopte une tonalité de plus en plus ouvertement confessionnelle et raciste (assimilant les chiites libanais à des étrangers dont la loyauté irait à l’Iran).

Suite aux événements, un certain nombre de gradés sunnite proches du 14-Mars démissionnent de l’armée (11 mai 2008, 08BEIRUT661). Parmi ces démissionnaires, un certain Amid Hammoud rejoint M. Hariri pour réorganiser sa milice en déroute. Il annoncera en octobre 2012 «avoir de nouveaux plans pour “armer la communauté sunnite et affronter le Hezbollah”[[Cité par Al-Akhbar, 25 octobre 2012.]]»; son nom resurgit en mars 2013, lorsque des miliciens sunnites impliqués dans les attaques contre les Alaouites de Tripoli (la capitale régionale du Nord) dénoncent leur propre instrumentalisation[[Al-Akhbar, Beyrouth, 12 mars 2013]], et accusent M. Hammoud d’être responsable d’une récente vague d’attaques à la grenade et de saborder les tentatives d’apaisement entre les groupes armés.

Parallèlement au développement des milices, les extrémistes sunnites bénéficient d’une dangereuse promotion. Ainsi le cheikh salafiste Ahmad Al-Assir se livre-t-il à une surenchère de provocations confessionnelles et sécuritaires hebdomadaires qui risquent régulièrement de dégénérer en affrontements. En décembre 2012, le député du Courant du Futur (le parti de M. Hariri), M. Okab Sakr (présenté comme l’intermédiaire entre les Saoudiens et les rebelles syriens) demande, en échange d’otages libanais retenus en Syrie, la libération par le Liban d’un responsable jordanien d’Al-Qaida[[Al-Akhbar, 17 janvier 2013]].

L’armée devient elle-même une cible. En mai 2012, suite à la mort d’un cheikh dont le convoi avait tenté de forcer un barrage près de Tripoli, des députés du Futur appellent la population à expulser les soldats accusés de collusion avec le Hezbollah. Début février 2013, des groupes armés sunnites attaquent des militaires à Ersal, massacrent deux soldats et, là encore, des élus sunnites du Futur dénoncent l’armée. Fin mai, trois soldats sont tués dans une nouvelle attaque près d’Ersal dans ce qui apparaît comme une vaste opération destinée à entraîner l’armée dans le conflit [Al Joumhouria, 30 mai 2013.]]. Début juin, durant les combats de Qoussair en Syrie, et alors que les mouvements proches d’Al Qaida apparaissent de plus en plus menaçants au Liban[[Jaffar al-Attar, As-Safir, Beyrouth, 1er juin 2013.]], des députés du 14-Mars et des sheikhs sunnites adoptent une position confessionnelle qui menace une armée qui, à Tripoli, se fait quotidiennement tirer dessus[[Scarlett Haddad, cf. la note [[4] et Al-Akhbar, «Hariri tire sur l’armée», 5 juin 2013.]].

Sous couvert de soutien militaire à la révolution syrienne, c’est un étrange mélange des genres entre fondamentalisme religieux, haine confessionnelle contre les chiites et les alaouites, récupération des slogans des révolutions arabes, et volonté de «revanche» contre le Hezbollah, qui finit d’enterrer le sunnisme politique, néolibéral et pro-occidental, que prétendait incarner le camp de M. Hariri.

L’agitation confessionnelle permanente, l’armement des milices, la multiplication des groupes salafistes, accompagnés de la délégitimation de l’armée, provoquent des tensions croissantes dans le pays, au risque de déclencher une nouvelle guerre civile dans un pays multiconfessionnel qui craint le remake du «scénario irakien» ou, désormais, du «scénario syrien».


Auteur du blog et de la revue de presse Loubnan ya Loubnan.


MOLDAVIE: L’ANTI-COMMUNISME EN ÉCHEC:

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la faucille et le marteau ainsi que le nom «communiste» ne sont plus interdits

Si l’offensive anti-communiste s’intensifie dans toute l’Europe, elle prend des formes plus brutales en Europe de l’est: en Moldavie comme en Hongrie, l’interdiction même des symboles, du nom et de l’idéologie communistes est désormais mise sur la table.

La Moldavie, au-delà de la taille relativement modeste de ce pays, est un territoire stratégique entre Russie et Union européenne, un territoire où existe un Parti communiste de masse qui n’a pas renié le nom ou les symboles communistes après 1991.

Loin d’avoir chuté, le Parti communiste de la République de Moldavie (PCRM) a connu depuis une irrésistible ascension, après que les dernières illusions sur la restauration du capitalisme sont tombés.

Entre 2001 et 2009, sous la présidence de Vladimir Voronin, ce sont les communistes qui ont gouverné cette République de 4 millions d’habitants.

Les dernières élections de 2009 ont fait du PCRM, plus que jamais, le premier parti du pays avec 44,76% des voix, soit 30 points devant le Parti libéral-démocrate, deuxième formation du pays !

Toutefois, en vertu des mécanismes de constitution d’une majorité parlementaire, avec ses 48 sièges, les communistes ont du laisser le pouvoir à la dite «Alliance pour l’intégration européenne» composée des quatre autres partis de droite libéraux, nationalistes pro-roumains et européistes.

Devant la popularité croissante du Parti communiste depuis 2009, la classe dirigeante moldave a paniqué. Le 1 er octobre 2012, elle a fait passer une motion au Parlement interdisant

«sur tout le territoire, avec des objectifs politiques de propagande, les symboles communistes (comme la faucille et le marteau)».

Depuis octobre, le Parti communiste mobilise ses forces, emmène dans les rues des dizaines de milliers de personnes, ce fut le cas dernièrement pour les manifestations pour la Victoire sur le fascisme, le 9 mai dernier.

Sous un rapport de forces de plus en plus défavorable à la coalition gouvernementale – le Parti communiste est donné grand gagnant des prochaines élections législatives de 2014 – le gouvernement a été contraint au recul

Ce 4 juin, c’est la Cour constitutionnelle de Moldavie qui a déclaré anti-constitutionnel le projet de loi proposé par le gouvernement visant à interdire les symboles communistes, faucille et marteau.

Le PCRM pourra donc continuer de porter le nom de «communiste» et maintiendra la faucille et le marteau comme symboles du parti, sur ses affiches, tracts ou bulletins de vote.

Le président du PCRM, Vladimir Voronin, a salué cette décision de la Cour Constitutionnelle. Il a renversé l’accusation, proposant plutôt de juger ceux qui ont contribué à la ruine du peuple moldave, tout en désignant comme ennemi la seule force qui puisse le défendre: le Parti communiste.

En Moldavie, comme ailleurs en Europe, l’offensive anti-communiste qui prend de multiples formes vise à effacer, faire disparaître, transformer les symboles et le nom des partis communistes.

La résistance est la première des nécessités.

En Moldavie, elle a payé!

LE FONDS JACQUES BERQUE TRANSFÉRÉ DE BELFORT À FRENDA

Ce fonds documentaire, remis par Madame Berque, au maire de Belfort, M. Jean Pierre Chevènement, a été, pendant plusieurs années, l’objet d’un remarquable travail. Classé, répertorié, fiché et microfilmé, il sera remis officiellement, à l’Algérie, le 25 juin 2013.

Ce patrimoine culturel sera mis à la disposition des chercheurs, enseignants et étudiants algériens et étrangers, qui souhaitent y avoir accès à Frenda, ville natale de Jacques Berque, lieu aussi chargé d’histoire puisque c’est là que s’était réfugié Ibn Khaldoun, au XIVè siècle, pendant quatre années, pour s’y consacrer à l’écriture de La Muqaddima (Prolégomènes)…

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par Meriem Mahmoudi

Le Quotidien d’Oran

23 juin 2013

Fruit sublime, de plus d’un demi-siècle de recherche, d’un effort soutenu, d’un travail acharné, ce fonds est dédié par Jacques Berque à sa ville natale et, en particulier, à l’Algérie qui célèbre le cinquantenaire de son indépendance. Par ce don généreux, qui met en exergue son amour indéfectible, Jacques Berque, l’enfant du terroir, célèbre, d’une manière vivante fort originale, le cinquantenaire de l’indépendance de son pays de naissance.

Après une longue attente et des démarches souvent périlleuses, Madame Julia Berque, par sa volonté inébranlable et sa ténacité, voit, aujourd’hui, se concrétiser le projet, si cher à son cœur, celui de transférer, dans la ville de Frenda, le fonds de son époux, M. Jacques Berque, conformément à ses dernières volontés.

Ce fonds documentaire, remis par Madame Berque, au maire de Belfort, M. Jean Pierre Chevènement, fera, pendant toutes ces années, l’objet d’un remarquable travail, pour classer, répertorier, ficher et microfilmer, avant d’être remis officiellement, à l’Algérie, le 25 juin 2013.

Ce patrimoine culturel sera mis à la disposition des chercheurs, enseignants et étudiants algériens et étrangers, qui souhaitent avoir accès à la plénitude de l’œuvre de ce fils de l’Algérie, dans toute sa richesse et sa diversité.

En effet, les autorités algériennes, et une délégation française, conduite par M. Julien Berque, arrivent le 25 juin à Frenda, dans le but de finaliser la réception du fonds documentaire, octroyé par Jacques Berque, à sa ville natale.

Ce legs est cédé, en partie, à la ville de Belfort et à celle de Frenda, sous un contrat qui prévoit, en ces termes, que «la ville de Belfort et celle de Frenda, avec laquelle J. Berque était lié, se concerteront, afin d’envisager le transfert du fonds J. Berque, concernant l’Algérie et le Coran, dès que les conditions matérielles seront assurées à Frenda.»

Après un travail qui exige de patientes recherches, un labeur de longue haleine qui s’étale sur plus d’un demi-siècle, M. Jacques Berque fait un don inestimable, non seulement à la France et à l’Algérie, mais à l’humanité entière.

Dans ses écrits, il aborde tous les thèmes, tant sur le plan social, qu’historique, ethnique et religieux. Dans ce fonds, on relève, également, des écrits biographiques, qualifiant Jacques Berque d’auteur. Cette section comporte les différentes versions de ses grandes monographies.

Sa thèse de doctorat rédigée au Maroc, intitulée “‘les structures sociales du Haut Atlas”, ainsi qu’une thèse, sur “les Seksaoua”, sont classées, parmi ses nombreux écrits d’auteur.

Rappelons qu’en 2004, la bibliothèque, qui porte le nom de son généreux donateur, a déjà réceptionné un lot important d’ouvrages, comprenant des livres de l’auteur et certains de sa propre bibliothèque

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Ses activités, ordonnées et classées, reflètent la multiplicité de son œuvre. _ Regroupées (brouillons, autographes, dactylographies abondamment corrigées, documents de travail) elles retracent, fidèlement, le parcours du traducteur.

En effet, J. Berque traduit, avec subtilité, diverses œuvres: poèmes d’Ibn Roumi, les grandes odes de l’antéislamique, musique sur le fleuve, les plus belle pages de Kitab el Aghani.

Après sa retraite, il se confine, dans la sérénité de sa maison de Saint Julien en Born, se consacre, entièrement, à la méditation et à la traduction du Coran. Pour ce travail délicat et rigoureux, il entretient une longue et fructueuse correspondance, avec les plus éminents théologiens du monde musulman. Le traducteur a une maîtrise parfaite de la langue arabe et du Coran qu’il apprend, dès son plus jeune âge, à l’école coranique de sa ville natale.

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Dans la préface de ‘“relire le Coran”, on apprend que: «Jacques Berque nous rappelle que l’Islam est une culture, une relation sensible au monde, une appréhension poétique de la création. Et ce n’est pas un hasard, s’il n’a abordé cette réflexion, sur le Livre Sacré, qu’au terme d’une existence de recherche et d’incursions, en profondeur, dans ce monde arabe, dont il a perçu l’unité, la diversité et la complexité, pratiquant la langue et ses dialectes, la vie quotidienne, les grands mouvements de la pensée et les interpellations, sans fin, des traditions et des modernités.»

Préfacier, il rédigea les premières pages de nombreux ouvrages, telles que la préface dédiée à Monsieur Rahmani Slimani, pour son “livre de contes kabyles”, et à son assistante et collaboratrice, Madame Odette Petit, pour son ouvrage consacré à “la dérivation à la langue arabe”.

Les préfaces rédigées par M. Jacques Berque représentent 30% de l’ensemble du fonds.

Eminent professeur et pédagogue raffiné, il obtient la chaire d’histoire sociale de l’Islam contemporain à Paris. Un autre volet, très important de sa personnalité, est sa passion de former des élèves et de leur inculquer une méthode scientifique sur le plan sociologique. D’un port altier, de toute sa personne émane un sentiment de grandeur, teintée de simplicité. Ce grand seigneur, comme aime à l’appeler M. Jean Pierre Chevènement, attire naturellement les étudiants qui l’abordent. Ceux-ci témoignent, appréciant son entière disponibilité à leur égard, et son abnégation.

Durant toute sa vie, il partage son temps entre l’enseignement, les recherches et les missions à l’étranger. Il publie de nombreux ouvrages qui traitent de l’histoire sociale et de l’Islam. Une grande partie de ses cours au Collège de France est rassemblée dans ce fonds.

Conférencier à travers le monde, lors de ses missions, Jacques Berque multiplie les conférences. Les thèmes soulevés s’articulent autour «de l’anthropologie historique de Louis Massignon» de «l’Islam» et autour d’un «essai de la traduction du Coran.»

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Membre de l’Académie de langue arabe, au Caire, professeur honoraire au Collège de France, sociologue et orientaliste, Jacques Berque donne à l’Institut du monde arabe des conférences où, après la publication de son ouvrage “Essai de traduction du Coran” il présente, à un large public, le livre fondateur de l’Islam. Ces conférences font partie de ce fonds.

Après l’exil de Mohamed V, Jacques Berque quitte précipitamment le Maroc pour l’Egypte où il devient expert international. Son fonds comprend un “rapport sur l’organisation sociale du Maroc”, daté du premier décembre 1958, puis un deuxième intitulé «rapport de mission en Tunisie» daté du 31 décembre 1959.

Durant sa longue vie, M. Jacques Berque est, également, directeur de recherche de nombreuses thèses en histoire sociale et religieuse. Ce fonds sublime, de plus d’un demi-siècle de recherche, d’un effort soutenu, d’un travail acharné est légué par Jacques Berque, à sa ville natale et, en particulier, à l’Algérie qui célèbre le cinquantenaire de son indépendance.

Par ce legs généreux qui met en exergue son amour indéfectible, Jacques Berque, l’enfant du terroir, célèbre d’une manière vivante et fort originale, le cinquantenaire de l’indépendance de son pays de naissance

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QUELQUES ASPECTS DE LA PENSÉE DE JACQUES BERQUE

Enraciné, avec foi, dans le terroir algérien, il tente d’être un pont qui fait communiquer; d’ailleurs, par son appartenance, il est lui-même un pont, entre les deux rives. Il rejette l’idée, que la naissance de jeunes nations creuse un fossé avec la France. Il veut que celle-ci soit un pont entre l’Europe et le monde arabe.

Son vœu, le plus cher, est de voir se resserrer le lien entre le Nord et le Sud, pour faire face à l’intégrisme. Passeur des deux rives, les générations futures lui seront redevables de l’arche qui enjambe la Méditerranée, afin de faciliter le rapprochement des peuples, et l’édification de la paix.

Homme politique, sa vocation se manifeste, lorsqu’il prend ouvertement ses distances avec le protectorat marocain. C’est ainsi, que nommé administrateur civil au Maroc entre 1934 et 1953, il n’approuve ni la politique ni les perspectives du protectorat français, ce qui lui vaut l’interdiction de séjour au Maroc.

Il écrit: «les faits de mon rapport de 1946, et plus encore de mes tentatives réformistes, fut de me reléguer dans un coin reculé du Haut Atlas, entre 1947 et 1953. J’assistais, de là, rongeant mon frein, à la dégradation scélérate du Protectorat.»

Par ses tentatives réformistes, «il fait raser les prisons et lieux de détention politiques, construisant écoles, infirmeries et lieux de prières, dans une perspective de développement social, rural et urbain.»

Par conviction anticolonialiste, alors que l’Algérie est à feu et à sang, Jacques Berque publie, dans le journal Le Monde, une libre opinion où il se prononce, sans ambigüité, pour l’indépendance de l’Algérie. (1956)

Sociologue, Jacques Berque manifeste, non seulement, une sensibilité et une générosité algérienne, mais une vision du monde, analogue à la société maghrébine. Sa connaissance parfaite de la langue et de la religion musulmane lui permet de mieux comprendre l’Algérie profonde; leur relation était, pourrait-on dire, intime. Tout au long de sa vie, il demeure un homme perspicace, conscient des difficultés, sachant se mettre à l’écoute des hommes et des évènements de son pays de naissance.

Jacques Berque, est l’initiateur du dialogue entre les peuples et les religions. C’est un penseur qui prône le rapprochement des peuples par la coopération, qui doit être considérée comme une stratégie, où l’intérêt est partagé. Elle est, à la fois, devoir de solidarité, une nécessité économique politique et sociale. L’échange de techniques, qu’on intègre à son propre outillage et méthodes, ne peut être qu’efficace et bénéfique, pour les peuples.

C’est un penseur qui s’applique à imposer une nouvelle vision de l’Islam. Il fonde ses espoirs sur un Islam de progrès, ouvert sur le dialogue, non sur le choc, des civilisations, et dont le développement, à partir de la France, ne manquerait pas de jouer un rôle déterminant, à l’échelle du monde musulman.

Dans“ ‘il reste un avenir”, il écrit: «la France doit assumer son islamité et les musulmans de France doivent assumer leur francité.» Il dénonce, avec force l’utilisation du religieux à des fins politiques, du Sacré à des fins profanes et prédit la défaite inexorable de l’intégrisme.

Jacques Berque oppose à la réalité, le rêve de voir naitre de nouvelles Andalousies, où les trois religions Abrahamiques coexistent, dans la paix et la compréhension mutuelle.

Homme des deux rives, ses recherches audacieuses et approfondies sont, généreusement, léguées aux générations des deux rives. Espérons que ce riche fonds documentaire encouragera les chercheurs à venir découvrir la vie exaltante de M. Jacques Berque, à travers ses écrits, et à suivre ses traces. C’est ainsi qu’il compte céder le flambeau, entre les mains des générations futures.

Aujourd’hui, avec l’accomplissement de ses dernières volontés, son âme sereine plane, librement, dans le monde des lumières.

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BRÉSIL. ENTRETIEN AVEC JOAO PABLO RODRIGUEZ CHAVES, DIRIGEANT DU MST(*)

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21 mai 2013

par Gerardo Elorriaga,

Joao Pablo Rodriguez Chaves
[[Joao Pablo Rodrigues Chaves, membre de la Coordination nationale du MST (Brésil), vient de recevoir le prix Paix et Réconciliation 2013 de la mairie de Guernica [ville bombardée le 26 avril 1937 par les troupes franquistes et nazies et dont Picasso a peint un tableau entre mai et juin 1937], pour récompenser une lutte qui s’est vue entravée par la répression étatique et des assassinats « clandestins », par des malfrats au service des grands propriétaires.]]

À côté des immenses routes brésiliennes campent plus 150.000 familles paysannes qui aspirent devenir propriétaires d’une petite exploitation. Le Mouvement de Travailleurs Ruraux sans Terre (MST) soutient cette revendication des travailleurs agricoles (journaliers, précaires, saisonniers, etc.) depuis sa création il y a trois décennies. Aujourd’hui, cette organisation est devenue un des mouvements sociaux les plus importants de l’Amérique « latine ». Il poursuit sa lutte dans un contexte encore plus complexe et mondialisé, dans lequel convergent d’énormes intérêts économiques et des affrontements sociaux d’ampleur. Joao Pablo Rodrigues Chaves, membre de la Coordination nationale du MST, vient de recevoir le prix Paix et Réconciliation 2013 de la mairie de Guernica [ville bombardée le 26 avril 1937 par les troupes franquistes et nazies et dont Picasso a peint un tableau entre mai et juin 1937], pour récompenser une lutte qui s’est vue entravée par la répression étatique et des assassinats « clandestins », par des malfrats au service des grands propriétaires.

Le conflit social se poursuit dans la campagne brésilienne. Au cours de ces trente dernières années, les progrès se sont-ils consolidés ou la situation s’est-elle aggravée?

Le MST a été fondé au cours d’une période de dictature [1964-1985; le MST a vu le jour officiellement en 1984 mais s’est développé au cours des années 1970], et pour nous, la consolidation d’un processus démocratique et les conquêtes économiques, tout comme la politique de crédits agricoles, l’introduction de l’énergie électrique ou l’éducation, constituent des avancées importantes pour les paysans.

Pourtant, la concentration de la propriété s’est accentuée au cours de ces dernières décennies?

Les transnationales, qui achètent des terres pour les affecter à la monoculture d’exportation, constituent un nouveau facteur. Elles cultivent de la canne à sucre pour la production d’éthanol dans l’Etat de São Paulo ou dans le Nordeste du pays; ou plantent des eucalyptus pour faire de la pâte de cellulose à l’aide de capitaux finlandais ou de l’Asie du sud; ou encore se consacrent au marché du soja dans le centre ouest du pays.

Monsanto [un des deux grands groupes, avec Syngenta, des «sciences du vivant» dans l’agro], Bunge [transnationale du grain d’origine brésilienne, Bill Gates [fondateur de Microsoft], George Soros [fonds Quantum] et beaucoup d’autres sont entrés dans ce marché.

L’agriculture brésilienne est-elle un exemple de mondialisation commerciale?

Le capital transnational a pénétré dans notre pays à la recherche de possibilités d’investissements sûrs et rentables au cours d’une période de crise économique récurrente.

Toute l’exportation de grains (blé, maïs, etc.) – sans mentionner le soja, cette légumineuse – est répartie entre cinq ou six firmes.

La production de viande est captée par trois chaînes frigorifiques.

Ce phénomène nous met dans une situation très compliquée, car nous devons faire face non plus à un latifundiste local, mais à une grande entreprise transnationale dont le siège se trouve à New York ou à Helsinki.

Les gouvernements «progressistes» de Lula da Silva et de Dilma Rousseff soutiennent-ils ce développement ?

Dans la mesure où le modèle de développement brésilien est fondé sur le soutien à l’investisseur étranger, on peut dire que Lula a été le père des pauvres et la mère des riches.

Le Brésil consacre en effet 2.000 millions de dollars (1.535 millions d’euros) à des prêts, des subsides pour des infrastructures ou des incitations pour les paysans, alors que les entreprises agro-industrielles disposent de 120.000 millions.

Par exemple, le soja destiné à la consommation interne est soumis à l’impôt alors que celui destiné à l’exportation en est exempté.

Il y a une année trois de vos représentants ont été assassinés. Qui tue au Brésil?

C’est celui qui possède la terre qui tue.

Les grandes entreprises sont très modernes, leurs plantations de São Paulo disposent de la technologie la plus récente, mais le même groupe peut posséder une exploitation tout à fait archaïque, avec un système d’esclavage et des milices armées à Maranhao, au nord-est du pays.

Nous avons également des problèmes avec la police locale qui est dressée contre nous.

Nous sommes persécutés et criminalisés parce que l’agro-négoce est aujourd’hui hégémonique. Ils considèrent les paysans sans terre, les indigènes, les syndicalistes et les écologistes comme étant les «méchants», les ennemis.

Est-ce que des fléaux comme l’esclavage et le travail des enfants persistent?

Ils persistent parce que l’agriculture est mixte. Il y a celle qui est moderne et celle qui est fondée sur le travail bon marché d’une main d’œuvre privée de droits.

Cette agriculture détruit aussi les forêts et fait pression sur les petits propriétaires [ou ceux qui ont occupé des terres et les ont défrichées: posseiros] pour qu’ils vendent leurs terres.

Dans leurs exploitations isolées, les travailleurs sont obligés de payer le logement, la nourriture et les vêtements.

L’année passée, 2.000 personnes qui se trouvaient dans cette situation [de travail forcé et de «consommation» contrainte] ont été libérées.

Est-ce que le pays est conscient des risques que pose cette monoculture intensive, non seulement sur le plan économique mais également sur le plan sanitaire, à cause de l’utilisation massive de pesticides qu’elle exige?

Non. Le Brésil est le plus grand consommateur de produits agro-toxiques du monde, avec une moyenne de 5 kg par personne, soit presque cinq millions de kilos annuels.

Le phénomène est très grave, car ces produits sont répandus par avion, ce qui affecte la santé des êtres humains.

On fumige les pâturages et les cultures de soja, de maïs, d’eucalyptus, mais la production de haricots, de manioc ou de fruits comme la mangue stagne.

Les prix des aliments sont les plus hauts d’Amérique latine, celui des tomates a augmenté de 150%, les rendant plus chers que la viande.

Ce modèle de développement est-il viable?

Ce modèle n’est pas soutenable. Les pays émergents ont besoin de nouveaux procédés de production]. Actuellement on n’investit avant tout dans la technologie destinée à la production de biodiésel. Nous sommes en train de perdre la souveraineté alimentaire; les paysans migrent vers les villes et les grands capitalistes veulent exploiter l’Amazonie pour en extraire le fer et d’autres ressources minérales et «biologiques».

Nous allons avoir d’énormes problèmes sociaux et écologiques.

La classe politique ne semble pas avoir conscience des risques encourus, mais qu’en est-il de la société?

On est conscient du fait que le pays s’enrichit face à un monde en grande partie en crise, qu’une dite classe moyenne réclame de bons logements, des voitures, des télévisions et des frigos… à crédit.

La population brésilienne se concentre en cinq grandes villes: São Paulo, Rio de Janeiro, Belo Horizonte, Fortaleza et Salvador.

Elle se soucie bien peu de ce qui peut arriver au Mato Grosso ou dans l’Amazone, même si la production agricole, au sens large, reste le grand moteur économique du pays.

Actuellement l’augmentation des cas de cancer préoccupe beaucoup, mais il n’y a pas de débat sur les causes de cet accroissement [liés à de nombreux facteurs dans le monde rural comme dans l’enfer urbain à la São Paulo].

« On » pense en termes de croissance économique mais non en termes développement social ; les risques encourus ne sont pas appréhendés ou alors ils sont niés.

*****

Le contexte socio-économique du Brésil de la terre

Exportations agricoles : le Brésil occupe la troisième place à niveau mondial, après les Etats-Unis et l’Union européenne [la France en particulier].

Contrôle des terres : 50% de ses 65 millions d’hectares labourés se trouvent entre les mains de grands groupes économiques, et 54% des cultures sont transgéniques.

Superficie cultivée : les exploitations dépassant les 100.000 hectares ont passé de 22 en 2003 à 2008 en 2011.

Membres du MST : le MST compte 2,5 millions d’affiliés et a été [et est] le principal bras de levier pour l’établissement de 500.000 familles sur des terres.

Les victimes : depuis 1985, 1566 personnes ont été assassinées au Brésil, simplement pour avoir défendu leur droit à la terre.

Seuls 8% de ces crimes ont été jugés.


(*) MST: Mouvement de Travailleurs Ruraux sans Terre.