PARIS – CHORALE DE CHANTS ARABO-ANDALOUS – dirigée par Saad Eddine Elandaloussi

Ami(e)s mélomanes.

La Chorale de chants arabo andalous

de l’Ensemble el Andaloussia de Paris

dirigé par SAAD ed Dine el ANDALOUSSI

est heureuse de vous annoncer qu’elle reprend ses activités

le mardi 1er octobre

à 19H

Cité internationale des arts de Paris

Les personnes intéressées sont priées de prendre contact

en appelant le 06 70 49 08 30.

Chorale de chants arabo-andalous

dirigée par Saad Eddine Elandaloussi

CITÉ INTERNATIONALE DES ARTS

18, rue de l’hôtel de ville 75004 Paris

Tél: 06.70.49.08.30

Facebook: Ensemble ELANDALOUSSIA de Paris – SAAD EDDINE ELANDALOUSSI

Les Mardis de 19 h00 à 21h00

Métro: Pont Marie (Ligne 7) Bus : 67


http://www.youtube.com/watch?v=NVntzjDK6sc


MOUTON DE L’ AÏD ET LE PROBLÈME DE FOND ÉCONOMIQUE ET ÉCOLOGIQUE

À l’approche de l’Aïd et des éternelles questions qui assaillent les citoyens, les consommateurs et la société, il y a un problème de fond, national, à la fois économique et écologique qui dépasse et englobe les conséquences du sacrifice massif du mouton et ses répercussions sur le cheptel ovin algérien.

Le document-reportage du Quotidien d’Oran met l’accent sur les problèmes sensibles des prix de la viande, de la spéculation, du gaspillage économique, des comportements sociaux et psychologiques.

Ils s’éclairent encore davantage dans le cadre global qui en est le soubassement à la fois économique et politique, dont l’envergure stratégique nationale apparaît mieux à travers les données de l’étude adressées par Saci BELGAT à Socialgerie.


À QUELQUES JOURS DE L’AÏD: LE MOUTON DE LA DÉRAISONKamel M. – le Quotidien d’Oran – le 29 septembre 2013;


POUR UN DÉBAT SÉRIEUX SUR L’AGRICULTURE«UNE MISE EN COUPE RÉGLÉE DE LA STEPPE PAR LA CASTE DES GROS ÉLEVEURS»étude de Saci BELGAT – adressée à socialgerie le 6 septembre 2013;


Autres documentations accessibles sur Internet: LA DÉSERTIFICATION DANS LES STEPPES ALGÉRIENNES: CAUSES, IMPACTS ET ACTIONS DE LUTTENedjraoui Dalila et Bédrani Slimane“Virtigo” Revue électronique de l’environnement;


À QUELQUES JOURS DE L’AÏD:

LE MOUTON DE LA DÉRAISON

Kamel M.

le Quotidien d’Oran

le 29 septembre 2013

À quelques semaines de l’Aïd El Adha, les chefs de famille ne se font aucune illusion quant à la cherté du prix du mouton.

Et ils ont bien raison. Parce que dans la périphérie de leur ville comme dans toutes les régions voisines, c’est le branle-bas de combat. La tendance sur le marché? Il semble que les intermédiaires se soient donné le mot, malgré les assurances de certains professionnels, pour «afficher» un prix supérieur de quelques milliers de dinars par rapport à l’année écoulée. Pourtant, les conditions semblaient théoriquement réunies -notamment avec des frontières mieux surveillées- pour infléchir les prix.

Dans les campagnes, les centres-villes et même dans de somptueuses villas, les locaux et les garages sont refaits, repeints, meublés de mangeoires et d’abreuvoirs. Dans quelques jours ces lieux vont recevoir les stars du moment, les moutons de l’Aïd.

Les maquignons et les revendeurs ne lésinent plus sur les moyens, «ce ne sont pas des étables, ce sont de vraies résidences spacieuses avec toutes les commodités assurant un séjour confortable», se vante un maquignon connu sur la place de Chelghoum Laïd, une référence en la matière, ajoutant dans ce sens «ici la litière de paille est changée chaque jour, la grande salle est chauffée ou climatisée selon la saison, avec la présence d’un vétérinaire s’occupant de l’alimentation et des soins, tout cela engendre des charges qui se répercutent automatiquement sur le prix». Donc, le maquignon fournit toutes ces explications pour pouvoir aborder, par la suite, le sujet qui fâche. Celui du prix. D’emblée il avertit «il n’y aura pas cette année un mouton à moins de 40.000 DA». Et d’expliquer: «pendant les 12 derniers mois, les prix des agneaux de 6 mois, 14 à 18 kg, ont vacillé entre 25 et 30.000 dinars, et pour en faire de grands moutons, dans les conditions citées plus haut, cela suppose de grandes dépenses». Il poursuit dans le même sillage, «le quintal de son vaut aujourd’hui 2300 à 2500 dinars, celui de l’orge 3500 dinars, l’avoine à 4000 dinars et la botte de foin à 500 dinars, même l’eau coûte très cher en cette période de chaleur!».

Un vétérinaire confirme et avance d’autres arguments, «pendant quelques années, la cherté du mouton a poussé les consommateurs et les bouchers à sacrifier les brebis et les agnelles, pendant les fêtes surtout, indifférents au fait que ce sont les mères productrices qu’on élimine». Et se basant sur des statistiques sérieuses, il explique «le nombre de mariages en Algérie est de 300.000 unions par an. La tradition veut qu’on sacrifie des brebis, chez les deux familles. À raison de 5 brebis par fête (un minimum), c’est 1,5 million de brebis et autant de naissances en moins», il va plus loin encore «la période de ces fêtes, juin-août, coïncide exactement avec celle de reproduction des ovins».

Il reconnaît que lui-même était à plusieurs reprises mobilisé pour assurer le contrôle des abattoirs et des endroits d’égorgement des moutons constatant que «10 % des brebis immolées étaient en période de gestation». Il dénonce «le laxisme des abattoirs qui ne font rien pour empêcher ce massacre». Il préconise «la promulgation urgente d’une loi qui fait des brebis et des agnelles des espèces protégées, donc interdites à l’abattage et à la consommation, du moins pour quelques années, le temps de reconstituer un cheptel proportionnel à la population».

Il cite le Soudan, pays qui, pour une population équivalente à la notre, dispose d’un cheptel ovin 6 fois plus important, soit 120 millions de têtes.

C’est ce qui a fait réagir un cadre de l’agriculture, «notre filière ovine est victime d’une hémorragie dans sa matrice productrice», et argumente, «le cheptel ovin national est estimé à 20 millions de têtes, le mouton en représente 15%, soit 3 millions de têtes, il y a un déficit d’au moins 1,5 million de têtes».

Il poursuit: «la classe moyenne algérienne connaît ces dernières années une certaine aisance financière, la demande est devenue très forte», et par conséquent , «un déficit dans l’offre et une forte demande, on est donc dans les conditions idéales pour une hausse des prix».

Il conclut sur une note pessimiste. «Si rien n’est fait pour stopper la spirale infernale des prix, dans quelques années, seule une petite classe d’Algériens pourra accomplir ce rite».

«Sbakh» et «Ouled Djellal»

Autre lieu, autres hommes et autre rapport au mouton. Le lieu s’étend de la wilaya d’Oum El-Bouaghi à Batna au Sud et M’sila et Sétif à l’Ouest en passant par la wilaya de Mila dans son extrême sud. Cette vaste étendue, formée de plaines et de montagnes est le «Sbakh». Ici on voue au mouton un respect presque religieux. Le label «mouton du Sbakh» est synonyme d’un élevage en plein air, d’une alimentation bio composée de thym, d’armoise blanche et d’alpha qui couvrent les montagnes de la région en hiver et d’un riche et variable pâturage de prairies au printemps. D’ailleurs la devise des fellahs de la région qui dit que «lorsque vous goûtez la viande du Sbakh, vous saurez que vous n’avez jamais mangé de viande», est confirmée par tout le monde. Et c’est en ces périodes de fêtes que les éleveurs de ces contrées lointaines et isolées voient débarquer chez eux des gens de Constantine, d’Annaba et même d’Alger, à la recherche de ce mouton dont la réputation a dépassé les frontières. Ici les prix sont de 2000 à 3000 dinars supérieurs à ceux du marché mais, dira avec satisfaction un éleveur, «tous ceux qui sont déjà venus, sont toujours revenus».

Retour à Constantine, dans un quartier huppé d’El Khroub, c’est là, et pour la deuxième année consécutive, au rez-de-chaussée de sa superbe villa qu’un ancien cadre a parqué la centaine de moutons qu’il vient d’acquérir chez un éleveur, une ancienne connaissance, de ‘’Ouled Djellal », un autre label d’excellence. La remise accordée dans ce cas d’achat en nombre important était conséquente, ce qui laisse présager des gains maximaux, en deux mois. Surtout que l’affaire était lancée après une véritable opération de marketing sur les goûts et les préférences d’une clientèle potentielle visée. Le mouton d’Ouled Djellal est connu par son élégance, sa grande taille, sa longue queue et sa démarche majestueuse. Autre particularité de ce lot de moutons, ils portent tous des cornes.

Ce revendeur, explique sa stratégie «je vise une certaine classe aisée qui, au jour du choix du mouton, arrive en famille, c’est-à-dire femme et enfants». Et, ajoute-t-il, «je sais par expérience, que les enfants aiment le mouton à cornes», et s’inspirant d’un dicton célèbre, il dira «ce que enfants veulent, parents veulent».

Prié de chiffrer cet investissement, il se lance sans hésitation «le prix d’achat, après remise est de 50.000 dinars. En deux mois, chaque mouton me coûte 10.000 dinars en aliments, eau et électricité», en plus, ajoute-t-il, «je mets à la disposition de ma clientèle un fourgon avec chauffeur pour que l’animal soit fourni à domicile, le jour voulu». «Mon mouton est cédé à plus de 75.000, voire 80.000 dinars», et conclut avec le sourire, «à l’instant où je vous parle, tout le lot est déjà vendu».

Une femme d’un certain âge, accompagnant ses petits enfants chez le maquignon pour prendre des photos avec «leur mouton», dissimule mal une certaine gêne et l’exprime. «Je ne sais pas si, au milieu de tout ce tumulte, on perpétue vraiment le geste auguste du Prophète Ibrahim, il y a des siècles». Plus loin, les deux enfants, heureux, posent avec leur ‘‘cher » mouton.

Sources: Le Quotidien d’Oran

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POUR UN DÉBAT SÉRIEUX SUR L’AGRICULTURE

« UNE MISE EN COUPE RÉGLÉE DE LA STEPPE PAR LA CASTE DES GROS ÉLEVEURS»


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Le premier Ministre Abdelmalek Sellal a annoncé lors de sa visite d’inspection et de travail dans la wilaya de Naama, «un soutien de l’état à l’Agropastoralisme».

Qu’en est – il de l’état de la steppe, à qui ont été attribués les gros crédits et les concessions des parcours, quel usage a été fait des terres et de l’argent distribués à tout vent.

Comment opère la mafia de la steppe qui a mis sous coupe réglée un des plus vastes territoires écologiques.

Répondre à ces questions et informer les citoyens des enjeux c’est faire œuvre utile.

Commençons par informer le sujet :

Sur une superficie de 22,68 millions d’hectare que compte la steppe les statistiques fournies par le haut-commissariat au développement de la steppe (HCDS) font état de 17,38 millions d’hectare dégradés à très dégradés,3,9 millions d’hectares moyennement dégradés, et seulement 1,4 millions d’hectares en bon état, c’est-à-dire en mesure de supporter une charge pastorale appréciable.

La charge appréciable requise est d’environ 4 ha/ brebis et sa suite (1agneau).

Dans une logique d’aménagement et de restauration éco-pastorale des parcours steppiques plus de 76% de la superficie totale est à mettre en défens intégrale, c’est-à-dire interdite au pacage, 10,9% doivent au minimum subir une protection par des rotations et un sous pacage, pacage contrôlé avec une sous charge pastorale à définir en fonction d’un diagnostic exhaustif de l’état du couvert végétal, de la nature des sols et de leur état, c’est dire la gravité du niveau de dégradation au plan écologique de cet espace vital.

Ce travail d’investigation indispensable, doit réunir phytosociologues, forestiers, pédologues, aménagistes, zootechniciens, socio anthropologues et économistes. Confié dans les années 1980 au HCDS, on connait la suite. Le Haut commissariat au lieu de s’atteler à sa mission d’organe de l’état en charge du développement de la steppe, si on croit les révélations de la presse privée, a muté en une machine de détournement de l’argent public.

Cette catastrophe écologique de grande ampleur dont on n’a pas encore mesurée toute l’étendue aurait fait réagir plus d’un gouvernement soucieux de l’avenir de l’Algérie-nation-état et société, de la protection des sols et de l’équilibre agro-pastoral.

Cette absence de réactivité de la gouvernance à tous les niveaux risque dans ce cas de nous précipiter dans une crise majeure à moyen terme. Il est admis que l’Algérie dispose d’une très faible superficie agricole utile (SAU). Le ratio par habitant est de 0, 16 ha, il est le plus faible de tous les pays Méditerranéens. Le faible Stock de sols agricoles conjugué au faible niveau de fertilité des sols crée une situation de grave dépendance aux marchés mondiaux. La question qui nous est posée c’est comment assurer une alimentation saine et en quantité aujourd’hui à 39 millions d’habitants et à 50 millions d’ici 2020.

Pour conjurer cette catastrophe imminente, l’Algérie, contrainte et forcée par la pression démographique et les besoins incompressibles en produits agricoles, est amenée à puiser et à bonifier une grande part du stock des sols des hautes plaines et de la steppe. Si tant est qu’on ait la volonté de desserrer le nœud coulant de la dépendance alimentaire, au moins 2 millions d’ha des contrées semi arides steppiques doivent être bonifiés, dans la décennie qui vient, c’est-à-dire mis en valeur, et dotés de systèmes d’irrigation d’appoint.

L’Algérie d’aujourd’hui a les capacités financières et humaines pour faire mieux que ce que les colons ont fait entre 1905 et 1930 en bonifiant 1,5 millions d’ha pour leurs besoins. Nous en avons l’expertise et une jeunesse prête à en découdre et venir à bout du fatalisme et de l’assistanat insufflé par le système de la rente et des prébendes.

Face à cette urgence, et ce n’est pas faute de n’avoir pas été averti par les experts nationaux et étrangers, les gouvernements successifs sont restés de marbre, quand ils ne font pas le dos rond ou encore fendre dans un langage d’usage dithyrambique. Deux de nos éminents scientifiques experts en sociologie et en écologie de la steppe – M. Boukhobza et S.Djebeili, ont été des premiers à nous alerter. Pour leur courage et leur engagement ces deux éminents scientifiques ont payé de leur vie.

Nous écrivions il y à de cela 6 mois «une petite lumière frémissante dans l’hiver froid de la steppe, il semble que l’actuel premier ministre a la volonté de prendre la question avec le sérieux qui s’impose, attendons pour voir, si ce ne sont pas que des annonces d’aubaine, chat échaudé craint l’eau froide».

En effet le chat échaudé a ses raisons de craindre l’eau froide, et la suite l’a conforté dans son scepticisme.

Un peu d’histoire pour éclairer le propos. Le périmètre de Dhayet Zraguet (Commune steppique de Aïn Skhouna, Daïra de Hassasna, Wilaya de Saïda) fort de 4800 ha a été mis en service en 1984. Il a demandé de gros investissements sur fonds publics, et faisait vivre 500 familles de l’une des communes les plus déshérités du territoire national.

En 1994, et après moins de 10 ans d’exploitation, il fut bonnement et simplement abandonné à cause d’une facture d’électricité de 5 millions de DA non honorée par les attributaires fellahs auprès de la SONELGAZ.

Ajoutons que la durée de vie d’un investissement de cette taille est de 60 à 100 ans.

Que représente cette facture au regard des investissements consentis par l’état, si ce n’est la volonté malsaine de détruire les capacités de production du pays et l’amarrer au commerce juteux de l’import -import.

Qui plus est, les fellahs exploitants avaient donné leur accord pour assainir les comptes suivant un échéancier, mais ailleurs, on ne l’entendait pas de cette oreille d’autant que le cercle infernal de l’importation génère de grosses fortunes et des alliances dans le pouvoir.

Sa réhabilitation pour laquelle nous avons travaillé et milité fut annoncée à grand renfort médiatique; mais qu’en est-il exactement.

À la place de la conduite d’eau en fonte de 600 mm de l’ancien réseau d’irrigation tombé en désuétude par manque d’entretien (Photo 1 A), celle-ci est remplacée par une canalisation en PVC de 40 mm (Photo 1 B), il s’agit ni plus ni moins que d’un cautère sur une jambe de bois.

La nouvelle canalisation à diamètre réduit suffira à peine à irriguer une dizaine d’hectare au lieu des 4800 ha que compte le périmètre.

Faut-il aussi remettre en l’état le mini barrage de stockage de l’eau, le réseau de distribution, les bornes et les prises d’eau en bout des parcelles.

Encore et sous les pressions des réseaux politiques les mieux structurés du pays, au lieu de procéder à une évaluation, à un audit de la gestion passée, on ouvre la vanne du trésor public. D’ors et déjà nous savons, instruit par le passé, qui va s’engouffrer dans ce chenal et en profiter à plein tube de la nouvelle «zakat», certainement pas les 500 familles de zraguet et les cohortes de petits éleveurs des contrées oubliées de la steppe.

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photo 1A

conduite d’eau en fonte de 600 mm de l’ancien réseau d’irrigation

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Le périmètre de Dhayet Zraguet (photo 2B) dont tout le système d’irrigation a été détérioré

Les photos ont été prises le 4 avril 2013 c’est-à-dire un peu moins d’un mois après la visite du premier ministre sur les lieux du périmètre irrigué de Dhayet Zraguet. Au fond, nous comprenons la sagesse des fellahs du terroir qui ne croient pas en ces annonces tapageuses mais sans effets.

Qu’est ce qui explique la paralysie des gouvernements successifs devant les agissements d’une mafia et

Comment on est arrivée là?

Depuis l’indépendance, hormis l’intermède de la révolution agraire et de la 3ème phase tuée dans l’œuf, les parcours steppiques sont soumis à une coupe réglée par les gros éleveurs. Cette caste a tellement grossie qu’elle met les institutions de l’état en demeure de subir sa loi.

Ce qui s’est passé à Tiaret rapporté par El Watan du 20/01/2013 ne lève le voile que sur une infime partie de l’iceberg. Sa partie cachée est plus scandaleuse. L’opinion nationale «groggy» par la redistribution inégale de la rente, mal ou peu informée s’y intéresse peu.

Cette caste de gros éleveurs contrôle à elle seule 46% du cheptel, soit environ 6 millions de têtes, alors qu’elle ne représente que 3,8% des propriétaires.

Elle entretient pour des besoins de spéculation financière, de rente, qu’elle place dans les réseaux juteux de l’import- import, de la spéculation immobilière au nord et du commerce en tous genres et particulièrement de l’or, un cheptel évalué à plus de 12 millions de têtes, alors que tous les spécialistes s’accordent à dire que dans l’état actuel la steppe ne peut supporter 6 millions d’ovins.

Le surpâturage est la source principale de la dégradation de la végétation et par-delà des sols. Elle empêche par son poids financier et politique toute solution durable. En fait, elle a pris l’état et la société en otage.

Ces ramifications dans les instances du centre de la décision sont connues de la place publique. Elle a une capacité impressionnante d’adaptation et de captation des crédits bonifiés. Du côté d’El Aricha, el Khateir, Sougueur, Naama, Ain Dheb, Ain Skhouna, Bouktob, Ain Sefra, Ain Lahjal et d’autres contrées, des concessions de terres sont accordées avec crédit pour des plantations d’oliveraies, de palmiers dattiers en pleines steppes. C’est comme si on demandait à un astronaute de planter un beau cerisier sur la lune -Au fait c’est l’astuce trouvée pour détourner de l’argent public de manière clean.

L’ingéniosité de cette mafia, riche et assurée de ses relais et de ses réseaux dans les centres de distribution de la rente se met en position d’investissement. Elle arrache la concession de centaines d’hectares et les crédits qui vont avec, elle mime des plantations en bordure de routes d’oliviers ou de palmiers, abandonne le reste et transfert l’argent détourné vers des lieux plus cléments, pour le moment la destination en est l’Espagne. Les terres et les banques ibériques ne doivent pas trop les dépayser, et rappellent un peu la trace des anciens conquérants partis des steppes d’Afrique du nord.

Elle s’est même essayée (amusée) à la pisciculture en pleine steppe, idem le projet finalisé au compte du contribuable est vite abandonné et les ristournes en millions de Da convertis en Euros sont transférées en lieu ibéro-idylliques.

Pourquoi la redistribution de crédits en l’état n’est pas la solution:

Toutes les pratiques commerciales en steppes sont et seront frappées du sceau de la spéculation tant qu’on ne s’attaque pas au mode de production en cours (type de féodalisme à définir). L’état affaibli continuera à financer à fond perdu une caste dont la nocivité est vérifiée.

Ce qu’un esprit sain peut ne pas comprendre, c’est que l’état est en position de force pour forcer la sortie de crise et imposer un mode de gestion et de production rationnel de la steppe.

Les terres steppiques relèvent du domaine public, et sont de sa responsabilité mais il (l’état) est hypnotisé par les réseaux puissants en son sein qui interdisent toute solution moderne à la gestion de ce territoire. C’est ce qu’on appelle en langage triviale «se faire hara-kiri».

Les intérêts des petits éleveurs qu’on oppose à cette gestion rationnelle, ne sont que la devanture qui cache la forêt (celle des gros éleveurs et spéculateurs de tous poils). En fait ce pis- aller et utilisé pour barrer la route à ceux qui prônent une solution radicalement novatrice, productrice de biens et préservant ces écosystèmes fragiles.

Quand l’état distribue de l’orge à prix soutenu et constant idem, les gros éleveurs forts de leurs positions et complicités dans l’administration se servent à volonté, le surplus quand il ne va pas dans les circuits de la spéculation est semé, ils emblavent des terres improductives en mettant à mal la végétation en place et participent dans l’impunité totale à la dégradation des parcours.

Même les services vétérinaires de l’état sont mis gracieusement à leurs services alors qu’ils ne participent aucunement à l’effort national, et ne s’acquittent d’aucun impôt. Ils captent toutes les aides de l’état tout en maintenant le prix de la viande ovine au dessus de 1200 DA/ Kg et l’agneau de base en cette veille de l’aïd à plus de 40000 DA.

Les terrains mis en défens sont quasi quotidiennement violés, quand ce n’est pas avec la complicité de l’administration en gestion de ces parcours.

Au fait ses intérêts de caste s’entrechoquent de manière violente avec ceux de l’état et de la communauté nationale. Nous en arrivons à la conclusion que cette caste qui tient en otage l’état et avec les petits éleveurs est nocive à la steppe et à la nation.

Les institutions crées par l’état sont vites détournées de leurs missions.

Le cas patent est celui du HCDS, crée justement pour appliquer les mesures de restauration et de protection des parcours steppiques, cette institution s’est vite retrouvée dans des scandales de détournement rapportés par la presse. D’une institution de développement, ce haut-commissariat s’est transformé en une gigantesque machine d’essorage et de dilapidation et de détournement des deniers du trésor public. La complicité est telle que chaque fois que la presse nationale en parle on remet le couvercle vite fait. Les intouchables veillent au grain, vous pouvez dormir en paix braves gens.

Quelles solutions pour une équation qui s’est compliquée depuis l’indépendance:

  • 1- Avant tout la solution, est d’ordre politique– elle exige une remise à plat de la gouvernance et le rétablissement de la force publique. «Force est à la loi ».
  • 2- Le domaine de la steppe appartient à la collectivité nationale, en retour elle mérite une information, d’autant qu’elle paie cher ce laxisme- le prix de la viande ne cesse de grimper au point qu’un kg (viande ovine) représente le 1/10 du salaire médian.
  • 3- Si le cheptel appartient à son propriétaire, les parcours sont de la responsabilité de l’état et leur aménagement est de son ressort.
  • 4- En somme c’est à l’état et à la puissance publique de gérer ces espaces. La force est à la loi et non aux réseaux furent les plus puissants.
  • 5- Peut-on aménager et rétablir les équilibres sans une mise en défens intégrale et/ ou contrôlée de la majorité des parcours. Certainement non et voilà pourquoi à Tiaret on agresse, puis on licencie celui qui ne fait qu’appliquer la loi. L’impunité en steppe n’est pas une exception, elle est la règle.
  • 6- Cette mise en défens intégrale doit être précéder par un travail de cartographie et d’inventaire des sols, de la flore des parcours pour décider de la forme, de la durée et des rotations de pacage une fois les parcours restaurés.
  • 7- Engager une véritable politique de modernisation de l’élevage ovin, en créant des fermes d’élevage et d’engraissement dans les hautes plaines céréalières. Ces fermes doivent être équipées de tous les moyens techniques modernes de production et de prophylaxie sanitaire, ensilage, production de foins et autres aliments du bétail, entretien sanitaire du cheptel.
  • 8- Procéder à des formations qualifiantes en élevage de jeunes de ces localités, les aider à s’installer. D’où l’urgence d’ouvrir des centres d’apprentissage du métier de berger.
  • 9- Procéder à des travaux de rootage pour améliorer l’infiltration des eaux de surface,
  • 10- Relancer l’idée du barrage vert en diversifiant les essences végétales, privilégier les espèces indigènes – repiquage de touffes d’alfa, sélectionner des graines et procéder à des semis en périodes favorables pour la reprise,
  • 11- Installer des stations météorologiques automatiques dans les principaux centres, avant d’élargir le maillage reprendre les anciennes stations datant du temps de la colonisation.

Ce sont là quelques idées pour un programme national de restauration des parcours steppiques et de l’agropastoralisme, afin que ce territoire redevienne comme avant- «le pays du mouton».

BELGAT SACI- Agronome –

Mostaganem le 6 septembre 2013

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Autres documentations accessibles sur Internet

et signalées par des visiteurs de socialgerie:


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DOSSIER : LE DÉSERT ET LA DÉSERTIFICATION :
IMPACTS, ADAPTATION ET POLITIQUES

[LA DÉSERTIFICATION

DANS LES STEPPES ALGÉRIENNES :

CAUSES, IMPACTS ET ACTIONS DE LUTTE

Nedjraoui Dalila et Bédrani Slimane->doc4221]

“Virtigo”

Revue electronique de l’environnement

http://vertigo.revues.org/5375

Volume 8 Numéro 1 | avril 2008

“Le désert et la désertification : impacts, adaptation et politiques”

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[SAÏDA Pour un renforcement du dispositif de protection de la steppeA.B. Le Soir d’Algérie – le 5 juin 2013

 >http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2013/06/05/article.php?sid=149744&cid=4]

repris sur ACTAGRAL – 5 juin 2013 – M. Meddeber


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LA GUERRE EN SYRIE

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Michel Collon à Algeriepatriotique :

«La guerre en Syrie est un plan de recolonisation dont fait partie l’Algérie»

Entretien réalisé par Mohsen Abdelmoumen

le 25 septembred 2013

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Michel Collon :

«On a perdu le réflexe de se méfier du colonialisme.»

D. R.

Algeriepatriotique : Comment évaluez-vous le développement de la situation en Syrie en ce moment?

Michel Collon : Je crois que l’on assiste à un tournant historique. On voit que les Etats-Unis, qui ont été, jusqu’à présent, très arrogants et se permettaient de déclencher des guerres assez facilement, sont maintenant face à une résistance très forte en Syrie, face aussi à un refus de la Russie et face à la résistance croissante des pays du Sud.

Le sentiment qui se développe en Amérique latine, en Afrique, dans le monde arabe aussi et en Asie bien entendu, est que les Etats-Unis sont une puissance déclinante, qu’ils mènent une politique égoïste visant seulement à voler les richesses pendant que les peuples restent dans la pauvreté, et qu’il est donc temps de résister à ces guerres qui sont purement économiques, des guerres du fric, et qu’il faut construire un front par rapport aux Etats-Unis et à leurs alliés européens, puisque l’Europe suit les Etats-Unis de manière très docile et hypocrite et est impliquée dans ce système.

Nous avons réalisé une série d’entretiens avec des personnalités aussi divergentes les unes que les autres, notamment Paul Craig Roberts qui fut conseiller de Reagan. Un point revient souvent: dans le monde occidental, aujourd’hui, les anti-guerre par rapport à ceux qui dénonçaient la guerre du Vietnam, par exemple, sont à droite. Pourriez-vous nous faire un commentaire à ce sujet?

Michel Collon : Nous avions, en Europe, un mouvement anti-guerre extrêmement puissant qui s’était développé justement pendant la guerre du Vietnam.

Ce mouvement a été très affaibli. On en a vu encore une pointe en 2003 au moment où Bush a attaqué l’Irak et où nous étions des millions dans la rue, mais il faut bien constater que quand les Etats-Unis ont attaqué la Libye, quand ils sont intervenus en Yougoslavie et en Afghanistan, il n’y a pas eu de forte résistance.

Je pense qu’il faut analyser le problème en se demandant comment la Gauche européenne qui avait toujours été en principe anti-guerre, anti-coloniale, anti-injustices sociales, se retrouve maintenant, à de très rares exceptions, aux côtés des Etats-Unis et de l’Otan, dans une grande alliance qui englobe Israël, l’Arabie Saoudite, le Qatar et toutes ces dictatures épouvantables qui prétendent qu’elles vont apporter la démocratie en Syrie.

Et la gauche européenne marche avec ça? C’est une comédie et il est très important d’expliquer d’où cela provient.

Je pense qu’on a perdu le réflexe de se méfier du colonialisme, de refuser la guerre et de rechercher des solutions politiques aux problèmes.

On a perdu cette idée que les nations ont le droit de décider de leur système social, de leur avenir, de leurs dirigeants et que ce n’est pas à l’Occident colonial de dire qui doit diriger tel ou tel pays.

Nous avons un grand examen de conscience et une analyse à faire: comment se fait-il que ceux qui devraient être à gauche se retrouvent avec ceux que je considère, moi, comme l’extrême droite, à savoir Israël, l’Arabie Saoudite et le Qatar?

D’après les informations que nous avons récoltées à travers nos entretiens et qui se confirment, Barack Obama serait otage du lobby israélien, notamment via l’Aipac et ses partisans, comme Susan Rice, Lindsay Graham, etc., et les néo-conservateurs pro-israéliens. Qu’en pensez-vous ?

Michel Collon : C’est une thèse très répandue que les Etats-Unis sont dirigés par Israël et je ne suis pas d’accord avec cette position. Je pense, en fait, que c’est le contraire. Ce n’est pas le chien qui commande à son maître, c’est le maître.

Quand vous regardez l’économie israélienne et son budget, vous voyez bien que la force est aux Etats-Unis et qu’Israël est ce que j’appelle le «porte-avions» des Etats-Unis au Moyen-Orient.

Bien sûr, le lobby est un phénomène qui joue, mais le jour où l’élite des Etats-Unis décidera qu’Israël ne nous est plus utile ou qu’il nous fait du tort parce que tout le monde arabe est en train de résister et nous allons perdre notre crédit et notre marge de manœuvre au Moyen-Orient, ce jour-là, les Etats-Unis lâcheront Israël. Il y a des fantasmes sur le lobby juif qui dirigerait le monde, mais je ne crois pas à cette théorie.

L’Aipac n’est pas une vue de l’esprit…

Michel Collon : Nous sommes dans un monde dirigé par les multinationales. Quand vous voyez qui a le pouvoir de contrôler les richesses, de décider l’économie, de contrôler Wall Street, la City, Frankfurt, etc., ce sont des multinationales. Et le fait qu’il y ait quelques patrons juifs n’est pas le problème. Je pense vraiment que l’on doit s’en prendre au système des multinationales et ne pas prendre la conséquence pour la cause.

Vous avez dit dans l’émission de Taddéï: «Vous m’inviterez un jour car ce sera au tour de l’Algérie d’être ciblée par une frappe ou une guerre.» Le pensez-vous toujours?

Michel Collon : Oui, je pense que ce qu’il se passe en Tunisie et au Mali et l’attaque contre la Syrie annoncent qu’effectivement les Etats-Unis sont en train d’exécuter un plan de recolonisation de l’ensemble du monde arabe et des pays musulmans – puisqu’il y a l’Iran aussi – qui ont échappé au colonialisme classique.

Clairement, l’Algérie fait partie des cibles, comme l’Iran, et donc il est très important de voir qu’en défendant l’autodétermination du peuple syrien, on empêche les Etats-Unis d’attaquer les cibles suivantes.

Ce que je dis dans ce cas, c’est que, en fait, il s’agit toujours de la même guerre. Nous sommes dans les différents chapitres d’une même guerre de recolonisation.

Entretien réalisé par Mohsen Abdelmoumen


ETATS UNIS – RUSSIE- LA GUERRE DES MISSILES: DES INFORMATIONS DE PRESSE QUI POURRAIENT ÊTRE TRÈS ÉCLAIRANTES

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Si ces informations sur l’affaire des missiles s’avéraient exactes, on comprendrait mieux les récentes évolutions diplomatiques à l’ONU et l’assagissement des têtes chaudes des va-t-en guerre.

Espérons que ces évoolutions géopolitiques Favorisent les évolutions de paix, de souvernaineté des peuples et de démocratie.

LA GUERRE DES MISSILES A-T-ELLE ÉTÉ PERDUE PAR LES ÉTATS-UNIS FACE A LA RUSSIE?

Le 13 septembre 2013, le journal libanais “As-Safir” repris et traduit en français par l’“agence iranienne IRIB” puis par d’autres sites Internet, vient de présenter une version inédite de l’affaire des 2 missiles américains tirés en Méditerranée orientale le 3 septembre dernier.

Rappel des événements du 3 septembre 2013

Selon la version officielle qui avait été donnée le jour même par les agences de presse, c’est la Russie qui avait détecté le lancement de ces deux missiles balistiques en Méditerranée, lesquels étaient ensuite «tombés en mer».

Si l’on résume leurs différentes dépêches et communiqués, les agences de presse russes et le ministère russe de la Défense avaient précisé:

  • que « le lancement, qui a eu lieu à 10H16 de Moscou (06H16 GMT), a été détecté par les stations radar à Armavir (sud de la Russie)»;
  • que « les engins ont été lancés de la partie centrale de la Méditerranée vers la côte est»;
  • qu’il « y a eu en effet deux lancements, ils sont tombés dans la mer»;
  • que « le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a informé le président russe Vladimir Poutine, commandant en chef des armées».

Selon les agences de presse occidentales, ce n’est que «un peu plus tard» que «le ministère israélien de la Défense a[vait] annoncé avoir mené avec succès dans la matinée un tir de missile radar dans le cadre d’un exercice militaire israélo-américain».

Encore un peu plus tard dans la journée, et cette fois-ci de nouveau de Russie, l’agence de presse russe “Interfax” indiquait que, «selon une source militaro-diplomatique russe, il pouvait s’agir de tirs visant à affiner les relevés météorologiques», et citait une autre source russe affirmant qu’il était «possible que les destroyers de la 6e flotte de la Marine américaine aient tiré à blanc ou des leurres pour tester l’efficacité du système de la défense antimissile syrien. Ces tirs pourraient avoir pour but d’intimider le peuple syrien et désorganiser la communauté internationale».

Les informations (non confirmées) du 13 septembre 2013

Selon les informations parues 10 jours après dans le journal libanais “As-Safir” (journal dont le titre signifie « L’Ambassadeur »), la réalité aurait été bien différente de cette présentation:

  • les radars russes les auraient détectés immédiatement;
  • les systèmes de défense anti-missile russes auraient alors été déclenchés, détruisant l’un des deux missiles en plein air et déviant l’autre de sa trajectoire de façon à ce qu’il s’abime en mer »;
  • aussitôt après la neutralisation des 2 missiles, les services du renseignement russe auraient contacté leurs homologues américains pour leur dire que « toute attaque contre Damas est comme si Moscou était pris pour cible « ;
  • Obama et les dirigeants militaires américains auraient alors pris toute la mesure, à la fois de l’efficacité du système de défense anti-missile russes et de la détermination de Poutine à aller jusqu’à un conflit planétaire si nécessaire pour empêcher Washington de parvenir à ses buts;
  • les Américains auraient alors demandé au gouvernement israélien de revendiquer le double tir de missile Anchor comme un « test », ce qu’Israël aurait fait pour éviter à Washington une perte irréparable de crédit sur ses capacités militaires.
  • Obama aurait réalisé qu’il n’avait plus le choix que d’être contraint à la volte-face diplomatique spectaculaire à laquelle on a assisté. Il se serait mis d’accord avec Moscou sur une tactique de sortie de crise: le gouvernement russe aurait caché la vérité pour éviter l’humiliation aux États-Unis, en échange de quoi Washington aurait donné son accord préalable au scénario consistant à demander à Damas de placer ses armes chimiques sous contrôle international et se signer la Convention de l’ONU sur leur interdiction.
  • du coup, – et selon une autre analyse diffusée par IRIB – la Syrie n’aurait plus d’autre solution que de se placer sous le parapluie nucléaire russe.

Commentaires

L’avenir dira si cette version des événements est réelle ou si elle est en tout ou partie enjolivée. Force est néanmoins de constater que si ce succès militaire russe se révélait exact, il permettrait d’un seul coup:

a)- de comprendre le revirement américain à 180°,

b)- de mesurer mieux encore les erreurs dramatiques de la diplomatie française,

c)- de comprendre pourquoi une partie du Moyen-Orient semble actuellement sur le point de basculer dans l’orbite russe:

  • la Syrie ne peut désormais plus rien refuser à Moscou ; il est même probable que, si Moscou l’exige, Bachar-El-Assad sera contraint de céder le pouvoir dans le cadre d’un plan de paix global;
  • l’Iran, qui espère que la Russie va lui livrer des missiles S-300, vient de demander l’aide de Moscou sur la crise nucléaire, et cela d’autant plus que le gouvernement russe semble prêt à signer avec Téhéran un accord pour construire un deuxième réacteur dans la centrale iranienne de Bouchehr;

Tous ces événements, mis bout-à-bout, semblent indiquer qu’un changement géopolitique majeur est en cours au niveau mondial. L’époque de l’hyper-hégémonie américaine est irrésistiblement en train de céder la place à une nouvelle époque, pour le plus grand bénéfice de Moscou et de Pékin.

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Ici, c’est la cour des Grands, il n’y a pas de place pour Merkel, Cameron ou Hollande. C’est à ce genre de photo, et au marchandage géopolitique qu’elle révèle, que l’on comprend à quel point les États-Unis sont parvenus à faire disparaître les puissances européennes de la scène mondiale, en les engluant dans une Tour de Babel ingérable à leur botte.

Quant à la France, au lieu de tenir le rôle traditionnel d’équilibre qui est le sien et qui lui aurait pu lui valoir un retour en force de son influence dans la région et dans le monde, elle poursuit dans sa stratégie suicidaire.

Devenue une colonie américaine par Union européenne interposée, dirigée par une caste qui se vautre dans la servilité à Washington, s’apprêtant à disparaître davantage encore dans le « Grand Marché Transatlantique », notre pays fait tout bonnement le choix de lier son sort à la puissance américaine en déclin.

Puissance américaine qui, de surcroît, traite la France comme un larbin dont les avis comptent pour zéro, comme elle vient de le montrer avec une cinglante désinvolture sur cette affaire syrienne.

François Asselineau


liens pour accéder aux vidéos de »François Asselineau »:

Site Internet : http://www.u-p-r.fr/

Facebook : http://www.facebook.com/upr.francoisasselineau

Twitter : https://twitter.com/#%20%21/UPR_Asselineau

Blog : http://www.francoisasselineau.fr/

Tumblr : http://upr-asselineau.tumblr.com/


PARIS – 2 OCTOBRE 2013: L’ACB OUVRE LES GUILLEMETS à AKRAM BELKAÏD

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Mercredi 2 octobre 2013

à 19h à l’ACB

à

Akram Belkaïd

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«Retours en Algérie»

http://www.acbparis.org/images/Photos/2013/1310002_acbog-belkaid.jpg

Editions Montparnasse

Soirée animée par Arezki Metref

Une plongée émouvante et brillante dans l’Algérie d’aujourd’hui, sans concession mais pleine d’espoir. […] Un carnet de route admirable de sensibilité et de précision. » Les Echos, 14 juin 2013.

Akram Belkaïd est né en 1964 à Alger, de mère tunisienne et de père algérien. Journaliste et essayiste, il écrit notamment pour Le Quotidien d’Oran, Le Monde diplomatique, Afrique magazine et Maghreb Émergent.

Il est déjà l’auteur d’Être arabe aujourd’hui (Carnets Nord, 2011).

Il vit à Paris.


Renseignements :

ACB : 37 bis rue des Maronites 75020 Paris

M° Ménilmontant.

Tél : 01.43.58.23.25 .

Mail : contact@acbparis.org


Retrouvez toute notre actualité sur notre site,

rubrique « l’agenda de l’ACB »

ainsi que l’actualité de nos partenaires sur « l’ACB vous informe »


25 au 30 SEPTEMBRE – ALGER – BIBLIOTHÈQUE NATIONALE – RENCONTRE : LE SUD QUELLES ALTERNATIVES?


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DÉROULEMENT DES TRAVAUX – PROGRAMME


LES DÉFIS DU SUD – déclaration de SAMIR AMIN à l’APS – le 25 septembre 2013 – en marge de la rencontre internationale: « Le Sud, quelles alternatives? »


autres liens


1_1231342_571181892942284_2138549406_n.jpg

rencontre organisée par

l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC)

en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA)

et le forum du Tiers-monde (FTM)

et en partenariat avec la Bibliothèque nationale d’Algérie

De nombreux chercheurs, intellectuels et écrivains d’Algérie et de nombreux pays seront présents.

En tout, une trentaine d’altermondialistes se réuniront à Alger du 25 au 30 septembre, avec un large éventail d’angles de recherche.

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PROGRAMME


mercredi 25 septembre 2013

10h

Inauguration officielle

Déroulement des travaux

sous la direction de Samir Amin


[

SÉANCE I

14h30 – 18h 30

“CRITIQUE DES THÉORIES ET DES POLITIQUES DE DOMINATION”

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  • Aijaz AHMAD (Inde)
  • Liess BOUKRAA (Algérie)
  • Fikret BASKAYA (Turquie)
  • Abdou IBRO (Niger)
  • Hee-Yeon CHO (Corée du Sud)

Jeudi 26 septembre 2013


[

SÉANCE II

9h – 13h

“À PROPOS DES BRICS ET D’AUTRES ÉMERGENCES”

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  • Mohamed BOUHAMIDI (Algérie)
  • François HOUTART (Belgique)
  • Aiguo LU (Chine)
  • Paulo NAKATANI (brésil)

[

SÉANCE III

14h 30 – 18h 30

“CRITIQUES DES NOTIONS DE CRISE ÉCOLOGIQUE ET DE RARÉFACTION DES RESSOURCES”

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  • Gian DELGADO (Mexique)
  • Victor Hugo JIJÖN (Équateur)
  • Tran Daë LOI (Vietnam)
  • TCHUIGOUA (Cameroun)
  • Song TIAN (Chine)

Samedi 28 septembre 2013


[

SÉANCE IV

9h – 13h

“MONDE ARABE: ANALYSE ET PERSPECTIVES”

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  • Hocine BELLALOUFI (Algérie)
  • Mamdouh HABASHI (Egypte)
  • Nouri KACHOUKH (Tunisie)
  • Majed NEHME (Syrie)
  • Haifa ZANGANA (Irak)

[

SÉANCE V

14h 30 – 18h 30

“LA QUESTION AGRAIRE FACE AUX EXIGENCES DE DÉMOCRATISATION ET DE PROGRÈS SOCIAL ET CULTUREL”

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  • Sandeep CHACHRA (Inde)
  • Kin Chi LAU (Chine)
  • Isha SHIVJI (Tanzanie)
  • Antonio TUJAN (Philippines)

Dimanche 29 septembre 2013


[

SÉANCE VI

9h – 13h

“QUELLES ALTERNATIVES DE DÉVELOPPEMENT?”

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  • Pavel BLANCO (Mexique)
  • Hassania DRISSI CHALBI (Maroc)
  • Abdelatif REBAH (Algérie)
  • Cherif Salif SY (Sénégal)

[

SÉANCE VII

14h 30 – 18h 30

“QUELLES PROPOSITIONS ALTERNATIVES, THÉORIQUES ET PRATIQUES, FACE À LA GLOBALISATION?”

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  • Demba Moussa DEMBELE (Sénégal)
  • Firoze MANJI (Kenya)
  • Smail HADJ ALI (Algérie)
  • Hocine ZAHOUANE (Algérie)

Lundi 30 septembre 2013


[

SÉANCE VIII

9h – 13h

“SOLIDARITÉ ET COOPÉRATION SUD/SUD POUR CONFORTER LES SOUVERAINETÉS NATIONALES ET L’ÉMANCIPATION DES PEUPLES”

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  • Issaka BAGAYOGO (Mali)
  • Panthéa KIAN (Iran)
  • Murthy PADMANABHAN KRISHNA (Inde)
  • Aziz Salmone FALL (Sénégal)

[

SÉANCE IX

15h – 18h

“SYNTHÈSE PAR SAMIR AMIN”

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haut de page


LES DÉFIS DU SUD

SELON SAMIR AMIN

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http://www.youtube.com/watch?v=BJjXzwGKNhU&feature=c4-overview-vl&list=PLtSc0caa6OpsrTEKyB734HPcHtbn-2FtV

Dans une déclaration à l’APS en marge de la rencontre internationale ouverte mercredi à la Bibliothèque nationale sous le thème: « Le Sud, quelles alternatives? » Samir Amin a souligné que « les défis auxquels font face aujourd’hui les pays du Sud est d’aspect politique, celui des interventions militaires et politiques accrues des pays coloniaux mais aussi socio-économique d’autant que ces pays nécessitent un projet national souverain en tant que tel, axé, au premier chef, sur les intérêts nationaux ».

Ce projet, a-t-il ajouté, doit nécessairement être fondé sur « le changement, et ce, dans trois domaines, la justice sociale et économique, en d’autres termes, la concrétisation d’un projet de développement bénéfique à toutes les couches populaires ».

Il s’agit deuxièmement de la démocratisation de la société à savoir « le changement radical et progressif des relations sociales dans tous les domaines ».

Quant au troisième point il se rapporte, selon lui, à la « consécration de l’indépendance nationale en mettant à l’abri la politique étrangère des pays du Sud des pressions étrangères ».

S’agissant des moyens de réalisation d’un consensus commun entre les pays du sud notamment dans le cadre des développements internationaux de de l’heure, M. Amin a précisé que les conditions actuelles ne permettent pas ce consensus, soulignant que ce sont « les conflits politiques et sociaux qui pourraient offrir les conditions idéales à un tel consensus ».

[Source: APS

repris dans algerieinfos-saudi->http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-ls-defis-du-sud-selon-samir-amin-120257166.html]

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Samir Amin: « La seconde vague d’émancipation du Sud »

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-samir-amin-la-seconde-vague-d-emancipation-du-sud-120193857.html

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SOCIALGERIE: REDÉMARRAGE APRÈS L’ÉTÉ

Chers visiteurs du site

L’été va toucher à sa fin. Avec toutes les activités du pays, le site fera lui aussi dès que possible sa rentrée.

Comme annoncé en juillet, « Socialgerie », pour différentes raisons pratiques liées à son statut entièrement bénévole, avait mis en veilleuse aussi bien la mise en ligne de documents et contributions sur l’histoire et les problèmes du mouvement social et politique algérien, que les commentaires et documents concernant l’actualité nationale et internationale.
Nous sommes persuadés qué la fréquentation des sites amis très valables aura largement comblé cette lacune alors que l’actualité s’est accélérée et aggravée durant l’été.

Nos excuses donc et encore un peu de patience aux amis qui ont adressé au site leur correspondance et leurs contributions, souvent des plus intéressants. Ils auront compris que l’absence de réaction durant cette période n’était pas de l’indifférence.

Avec nos remerciements et à bientôt

25 au 30 SEPTEMBRE – ALGER – BIBLIOTHÈQUE NATIONALE – RENCONTRE: LE SUD QUELLES ALTERNATIVES?

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1_1231342_571181892942284_2138549406_n.jpg

rencontre organisée par

l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC)

en collaboration avec le Forum mondial des alternatives (FMA)

et le forum du Tiers-monde (FTM)

et en partenariat avec la Bibliothèque nationale d’Algérie

De nombreux chercheurs, intellectuels et écrivains d’Algérie et de nombreux pays seront présents.

En tout, une trentaine d’altermondialistes se réuniront à Alger du 25 au 30 septembre, avec un large éventail d’angles de recherche.

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Samir Amin: « La seconde vague d’émancipation du Sud »

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SUR LE MIGRANT SUBSAHARIEN, LA PRESSE ALGÉRIENNE VERSE DANS LA XÉNOPHOBIE

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Cet article est une étude de la représentation des migrants subsahariens telle qu’elle se dégage de 44 articles publiés dans 4 quotidiens algériens: “El Chourouk”, “El Khabar”, “L’Expression” et “El Watan”. Il a été publié initialement dans un ouvrage collectif “Le Maghreb et les migrations subsahariennes: le rôle des associations et des syndicats” (Tunis, la fondation Friedrich Ebert décembre 2011).

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Les migrants subsahariens en Algérie:

impuissances du racisme ordinaire.

Yassin Temlali

Maghreb Emergent

21 septembre 2013

L’Algérie est aujourd’hui considérée comme un important pays de transit pour les migrants subsahariens en route pour l’Europe. Son aisance financière relative fait aussi d’elle un pôle d’attraction pour une autre catégorie de migrants, qui s’installent principalement dans les villes du Sud, attirés par les chantiers du Programme spécial de développement destiné à cette région[[Mohamed Saib Musette, chercheur spécialisé dans les migrations. Interview, revue électronique méditerranéenne Babelmed (www.babelmed.net), avril 2007.]].

Le développement de ces migrations préoccupe les autorités algériennes[[« À l’heure actuelle, il s’agit de réagir à une situation d’urgence, en l’occurrence l’afflux de plus en plus important d’immigrants illégaux […] sur notre territoire » (déclaration du ministre de l’Intérieur, Noureddine Zerhouni, «L’Expression» du 14 mai 2009). Les préoccupations gouvernementales sont essentiellement sécuritaires. Un haut responsable de la Police algérienne les résume en « l’évolution du phénomène migratoire de ressortissants étrangers et sa connexion avérée avec les autres formes d’activités criminelles organisées. » (« L’Algérie devient une terre d’immigration », « El Watan », 3 juin 2009).]]. Les dispositifs sécuritaires ont été renforcés. Un nouvel instrument législatif, la loi 08-11 du 25 juin 2008, a été adopté. Ce texte a aggravé les sanctions pénales des délits de « séjour illégal » et d’« entrée illégale » sur le territoire national et a donné au ministre de l’Intérieur, ainsi qu’aux walis (préfets), des pouvoirs étendus en matière de gestion des flux migratoires.

Le traitement que réservent les médias algériens aux migrations subsahariennes vers l’Algérie nous a interpellés par l’impression qu’il dégage d’une véritable unanimité nationale sur leurs présumés dangers, entre le gouvernement, les journalistes et la population. Il nous a également interpellés par ses dérogations à des règles élémentaires du journalisme (vérification des informations, précision des sources…) et sa contradiction avec certains discours tenus dans les médias sur l’Afrique et souvent teintés de «tiers-mondisme»[[Un exemple de ce discours est un éditorial intitulé «La loi et la dignité humaine», qui condamne les arrestations musclées d’immigrants subsahariens à Alger (« El Watan », 8 juin 2009).]].

Nous tenterons dans ce travail de saisir les lignes dominantes du traitement médiatique de ces migrations, en examinant 44 articles en arabe et en français, publiés entre le 2 mars 2008 et le 31 octobre 2009[[Nous justifions le choix de la date ouvrant la période de publication de ces articles par le souci de rendre compte de la couverture des débats autour de la loi du 25 juin 2008.]] dans quatre quotidiens privés. Notre objet n’étant pas une analyse discursive circonstanciée, nous avons estimé pertinent de travailler sur un corpus aussi exhaustif.

Le choix de la presse écrite nous a été dicté par l’accessibilité de ses archives. L’accès aux archives des chaînes de radio et de télévision (toutes publiques) n’est pas aisé, outre que ces médias expriment le point de vue gouvernemental et nul autre point de vue. Nous avons sélectionné les 44 articles dans la presse quotidienne car son lectorat est plus important que celui des publications à périodicité différente (hebdomadaires, etc.)[5][[Le tirage de la presse non quotidienne ne dépasse pas 275.000 exemplaires sur 2.430.000 représentant le tirage global de la presse. La presse quotidienne cumule 2.155.000 exemplaires/jour, dont 1.255.000/jour pour les quotidiens arabophones et 900.000/jour pour ceux francophones (le ministre algérien de la Communication, Rachid Boukerzaza, 22 avril 2008). La situation ayant certainement évolué depuis la date de cette déclaration, nous donnons ces chiffres à titre simplement indicatifs.]] . Nous les avons sélectionnés dans des quotidiens privés, les tirages de ces journaux étant, de loin, plus importants que ceux des quotidiens publics, très modestes[[Le tirage d’« El Moudjahid » ne dépasse pas 10.000 exemplaires selon l’article « El Moudjahid (Algérie) » de l’encyclopédie électronique « Wikipedia » qui, toutefois, ne cite pas la source de cette information]]comme, du reste, leur crédibilité.

Ces quatre quotidiens sont : « El Chourouk », « El Khabar », « El Watan » et « L’Expression ». Les tirages des deux premiers, arabophones, atteignent quelque 1.250.000 lecteurs. « El Watan » (150.000 exemplaires/jour) n’est pas le premier quotidien francophone, une position occupée par « Le Quotidien d’Oran » (165.000 ex./jour)[[Ces chiffres ont été obtenus de sources internes à ces deux journaux.]], mais à la différence de celui-ci, il n’est pas marqué régionalement, ni par son nom ni par sa distribution[[En plus, le moteur de recherche du « Quotidien d’Oran » est loin d’être performant : il ne nous a affiché aucun résultat pour une recherche (effectuée le 30 novembre) avec le mot-clé : « africain ».]]. Le choix de « L’Expression » a été motivé, quant à lui, par deux raisons : la première est qu’il est un des plus importants « seconds grands tirages » francophones ; la seconde est que ses archives sont parmi les plus facilement accessibles de la presse algérienne.

« Des migrations strictement illégales »

Dans les articles étudiés, les migrations subsahariennes en Algérie sont présentées comme des migrations essentiellement irrégulières. Il n’y est nulle mention des accords régissant la circulation des personnes entre l’Etat algérien et les Etats subsahariens frontaliers. Le séjour des ressortissants du Mali en Algérie, par exemple, est régi par des accords les dispensant des formalités de visa[[Pour les formalités de séjour en Algérie des ressortissants maliens, voir le site du ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine : www.mmeia.gov.ml.]]. Le rappel d’une telle vérité n’est pas inutile : il permettrait d’expliquer aux lecteurs que les immigrants irréguliers maliens sont entrés légalement sur le territoire algérien et que des ressortissants d’autres Etats subsahariens, pour ne pas avoir à demander un visa algérien, se procurent des faux passeports maliens.

La méconnaissance de ces accords peut être à l’origine de fausses informations, dont voici un exemple relevé dans « El Chourouk » du 28 octobre 2008 : « ‘’El Chourouk’’ s’est longuement entretenu avec nombre de harragas[[« Harragas », littéralement les brûleurs, signifie en Algérie « migrants clandestins ».]] arrêtés, en provenance de différents pays comme le Mali, le Niger […] qui se sont infiltrés en Algérie par la frontière sud. »

Dans notre corpus, l’Algérie est aussi présentée, le plus souvent, comme étant, pour les migrants subsahariens, un pays de simple transit. Ainsi, elle n’est qualifiée de « pays d’accueil » que dans 9 articles sur 44. Or, on sait que depuis longtemps, les saisonniers maliens et nigériens vont y travailler de façon tout à fait légale[[M. S. Musette appelle « migration alternante » cette migration saisonnière. Interview, revue électronique méditerranéenne Babelmed (www.babelmed.net), avril 2007.]]. En outre, 40% des migrants irréguliers (dont l’écrasante majorité sont des Subsahariens,) la considèrent comme leur destination finale[[Elle le devient pour certains migrants qui ont échoué à traverser la Méditerranée et y restent bloqués sans possibilité de retour dans leurs pays dans des conditions décentes.]] selon une étude menée par le CISP[[Le CISP (Comité international pour le développement des peuples) est une ONG italienne présente en Algérie.]] il y a quelques années. Ce pourcentage n’a pas dû beaucoup changer, sinon dans le sens de la hausse, vu le durcissement des contrôles aux frontières européennes.

«Le migrant subsaharien : une menace multiforme»

Huit des 44 articles étudiés utilisent des termes aussi explicites que «danger», «menace» pour qualifier les migrations subsahariennes en Algérie[[Il faut noter, cependant, que certains de ces articles, comme « La forteresse Europe et le délit de solidarité » (« L’Expression », 4 juin 2009) ne sont pas hostiles aux immigrants subsahariens.]]. « Ils sont de plus en plus nombreux et, surtout, de plus en plus dangereux », lit-on dans «L’Expression» du 31 décembre 2008, en sous-titre d’un article intitulé «Constantine: Les clandestins écument la cité». La simple présence d’immigrants subsahariens dans un lieu est synonyme de «problèmes». «Après les problèmes survenus dans des villes du Sud: Une commission gouvernementale pour évaluer les ‘’centres d’attente’’[[«Centre d’attente » est le terme juridique officiel désignant les centres de regroupement des migrants en voie d’expulsion.]]», titre «El Khabar» du 28 avril 2009. «El Chourouk» du 29 septembre 2008 détaille, lui, ces «problèmes». Il titre: «Ils se sont transformés en bandits et en faux hommes d’affaires qui ont fait de l’escroquerie une profession: Des milliers de harragas africains importent en Algérie les épidémies, les pratiques occultes et la prostitution». Le sous-titre qualifie ces «harragas» d’« indésirables envahisseurs » et de « bombe à retardement à cause des menaces qu’ils constituent sur tous les plans […] ».

Dans un article paru le 28 avril 2009 (« 7 individus aux mains de la police »), « El Khabar » fait d’« Africain » un synonyme de « repris de justice » : « Les services de sécurité […] ont arrêté sept individus, dont deux Africains et deux dangereux éléments » ! Un autre article du même quotidien (8 janvier 2009) est intitulé « Les agressions en augmentation au quartier Coucou Plage, à Bordj El Bahri ». On y apprend que ce quartier d’Alger connaît « une effrayante croissance du nombre d’agressions et de vols, sans parler de [son] envahissement par les immigrants africains » !

Ces immigrants sont également perçus comme un facteur de dissension au sein de la communauté nationale. Le surtitre et le titre d’un article d’« El Khabar » du 26 mars 2009 l’affirment on ne peut plus clairement : « Escarmouches entre la population locale et les forces de sécurité à cause des immigrants africains ».

« Un criminel, réel ou potentiel »

Dans les 44 articles analysés, nous avons relevé seulement 11 occurrences de l’adjectif « subsaharien » et du substantif « Sahel », employés pour évoquer la région située au Sud du grand Sahara. Nous en avons relevé 5 du terme « subsaharien », utilisé comme adjectif de « migrant » ou comme substantif signifiant dans le contexte « migrant portant la nationalité d’un Etat subsaharien ». En revanche, nous avons relevé 124 occurrences du terme « africain ». Il est employé soit comme adjectif (pour « migrant », « réseau » …), soit comme substantif désignant les immigrants originaires d’Afrique subsaharienne. Son acception restrictive trace une frontière symbolique entre l’« Afrique blanche », l’Afrique du Nord, et le reste du continent.

Le migrant « africain » a, dans les productions médiatiques analysées, une image foncièrement négative : il est associé à d’affreuses maladies dont il serait le vecteur et à des activités criminelles qu’il exercerait. Les rares articles dans lesquels il n’est pas assimilé à un danger ambulant sont[[Un seul article rapportant des faits sécuritaires rend le gouvernement responsable du sort des immigrants subsahariens : « Lutte contre l’immigration clandestine : 99 affaires traitées en 6 mois » (« El Watan », 31 août 2009)]]:

  • la couverture d’un atelier spécialisé sur les migrations (« Les spécialistes débattent des flux migratoires au CREAD à Alger : Il n’y a pas que la misère qui fait fuir ! », « El Watan », 16 mai 2009) ;
  • une interview du chercheur M. S. Musette (« L’Expression », 3 juin 2009) ;
  • 2 tribunes libres documentées (« La forteresse Europe et le délit de solidarité », « L’Expression », 4 juin 2009, et « La migration du Sud et les pays du Nord », « El Watan », 14 décembre 2008) ;
  • des articles portant sur les pourparlers algéro-européens relatifs à la gestion des flux migratoires subsahariens: («L’Algérie ne veut pas jouer au gendarme de l’Europe», «El Watan, 2 juin 2009, «Les pays du Sud jouent au gendarme de l’Europe», «El Watan», 11 août 2009 »; «Contacts entre l’Otan et l’Algérie : pour un nouveau plan de lutte contre l’émigration clandestine », El Khabar, 30 juin 2009);
  • Des éditoriaux opposés au traitement sécuritaire des migrations subsahariennes (« La loi et la dignité humaine », « El Watan », 8 juin 2009) ou à la collaboration d’Etats nord-africains aux politiques migratoires étrangères (« Basse besogne égyptienne », « El Watan », 10 septembre 2009) ;
    * Des entretiens avec des immigrants (« Algérie africaine ou pas », « El Watan », 3 juillet 2009).

Beaucoup d’exemples peuvent être fournis de l’image négative des immigrants subsahariens dans les productions médiatiques examinés. Dans un article d’« El Chourouk » du 29 septembre 2008 (déjà cité), le journaliste, sans citer de source, énumère les métiers de ces « Africains », inventant des proportions imaginaires au moyen de termes comme « la plupart », « le reste »… : « La plupart de ces Africains exercent le métier de cordonnier. D’autres travaillent dans l’agriculture […]. Quant au reste, ils errent dans les rues à la recherche de travail ou se livrent à la mendicité et n’hésitent pas à recourir à l’agression et au vol. […] Certains constituent une véritable menace pour la sécurité des citoyens […]. D’autres ont formé une bande de malfaiteurs spécialisée dans le cambriolage ou des réseaux de faux-monnayeurs.»

L’image du migrant subsaharien n’est pas meilleure dans le quotidien francophone « L’Expression ». Dans son édition du 2 août 2008, sous le titre « Les candidats à l’esclavagisme moderne », un article évoque les «effets néfastes [de l’immigration irrégulière] sur la santé publique, par la propagation de certaines maladies comme le sida», avant de souligner les liens présumés de cette immigration avec la criminalité : « [Les services de la gendarmerie] ont réussi à établir que le phénomène a des liens avec d’autres formes de criminalité, en plus du terrorisme. Il s’agit, notamment du trafic de drogue et de la contrebande. » Un autre article du même quotidien (31 décembre 2008, déjà cité) illustre aussi éloquemment l’image désastreuse des immigrants subsahariens dans les médias : « Ils sont impliqués dans divers trafics, celui de billets de banque […], de stupéfiants, de drogue ainsi que [dans] des cas d’arnaque.»

« El Watan », un des rares quotidiens à avoir dénoncé le « racisme ordinaire » anti-noir, n’échappe pas toujours à cette unanimité xénophobe. Dans son édition du 9 octobre 2008 (« La lutte s’intensifie à Maghnia ») le journaliste affirme, sans fournir la moindre preuve et sans citer de source: « L’immigration clandestine s’accompagne souvent des autres formes de criminalité telles que la contrebande, le trafic de stupéfiants et d’armes, la contrefaçon, [….] L’activité principale de ces migrants clandestins reste, d’ailleurs, pour la plupart l’escroquerie ou le trafic de billets. »

« Un faussaire et un faux-monnayeur »

De par leurs tentatives de régulariser leur situation, supposée toujours « illégale », les migrants subsahariens participeraient à propager le fléau de la corruption dans l’administration : c’est ce que suggère un article d’« El Khabar » du 18 juillet 2009 intitulé « Des certificats de résidence pour 4.000 dinars pour les Africains ». Mais, surtout, ces migrants sont eux-mêmes sont des faussaires patentés. Dans 14 des 44 articles de notre corpus, les termes « faussaire », « faux–monnayeurs » et leurs équivalents sont employés pour les désigner.

Un article d’« El Khabar » du 28 octobre 2009 établit, dès le titre, une équivalence entre immigration irrégulière et falsification de documents, le réseau démantelé qu’il évoque étant spécialisé dans les deux activités: «Arrestation à Annaba de 70 Africains actifs dans un réseau de falsification [de documents officiels, NDLR] et d’immigration clandestine». Dans «El Chourouk» du 17 juillet 2009, nous lisons en surtitre et en titre: «Les Africains arrêtés font venir les ‘’harragas’’ en Algérie avec de faux documents: Découverte de diplômes universitaires, de cachets officiels contrefaits et de spiritueux». Après avoir énuméré documents falsifiés et objets saisis, le journaliste rappelle que la majorité des membres du gang « résident en Algérie illégalement» et fait remarquer, en des termes clairement racistes : « Ce gang criminel [ne s’est pas contenté] de suivre la ‘’tradition’’ [souligné par lui, NDLR] des bandes africaines qui se livrent à la falsification des certificats attestant le statut de résident ou de réfugié […].»

« El Chourouk » du 22 août 2009 titre un autre article: «Une vaste opération de recherche d’Africains qui ont introduit sur les marchés de la fausse monnaie ». Nous y lisons : « [Un responsable] de l’Union des commerçants [nous] a déclaré que quantité de fausse monnaie a été introduite sur les marchés par une maffia algérienne, avec l’aide d’Africains». L’auteur contredit aussitôt ce sous-titre et cite la même source affirmant que « […] derrière [cette activité] se tiennent des étrangers, en l’occurrence des Africains, avec l’aide de commerçants algériens ».

« Un trafiquant de drogue, un escroc et un proxénète »

Deux autres images sont associées au migrant subsaharien, celles de trafiquant de stupéfiants et d’escroc. Nous avons relevé la première dans 11 articles sur 44; l’un d’eux (« El Chourouk » du 29 mars 2009) va jusqu’à parler d’investissements « africains » dans le trafic de drogue[[Titre: «Surveillance étroite sur les Africains dans le but de faire échouer les plans d’’’investissement’’ dans le trafic de drogue». Un autre exemple: «El Khabar» du 31 octobre 2009 qui écrit en surtitre: «Ils étaient en possession de 23 kilogrammes de kif traité et de 21 passeports falsifiés».]].
Nous avons relevé la seconde image dans 8 articles. Dans un article d’« El Chourouk » du 18 juillet 2009 intitulé « Deux libériens escroquent un médecin vétérinaire et lui subtilisent 300 millions de centimes »), nous lisons : « Les affaires d’escroquerie, dont les protagonistes sont des immigrants illégaux des différents pays africains, continuent de défrayer la chronique. […] » Après avoir relaté le fait divers annoncé dans le titre, l’auteur conclut : « Cet incident fait partie de centaines d’autres qui ont vu des victimes algériennes tomber dans les filets d’Africains, en apparence naïfs et stupides mais qui, en réalité, sont bien plus rusés que ce que l’on peut imaginer. »

Les escroqueries décrites sont parfois présentées comme étant strictement « africaines ». Ainsi, « L’Expression » du 10 août 2009 titre : « Des courriers postaux pour escroquer les Algériens : L’arnaque à l’africaine » et parle dans le corps de l’article d’« affaires d’arnaques de type africain [qui] ont touché plusieurs villes du pays […]».

Dans 6 articles de notre corpus, les immigrants subsahariens sont des membres actifs d’un réseau de prostitution, les immigrantes se livrant, elles, à la prostitution. Dans un article intitulé « Des ressortissants africains dans le plus grand réseau de prostitution employant des enfants à Oran » (« El Chourouk » du 16 septembre 2009), nous lisons : « Selon nos sources, ils louaient ces maisons […] pour les transformer en lieux de débauche et autres pratiques immorales[[A aucun moment l’auteur ne cite la source de l’information. Nous pouvons toutefois supposer qu’il s’agit des services de sécurité cités au début de son article.]]. » « L’Expression » du 6 octobre 2009 (« Annaba : Des réseaux clandestins démantelés ») décrit, quant à lui, en ces termes les activités d’un réseau de « clandestins » maliens : « [Ils ont] élu domicile dans la vieille ville qu’ils ont transformée en lieu de débauche et en atelier de falsification de tous types de documents administratifs. »

« Un terroriste et un trafiquant d’arme »

Les liens présumés entre migrations subsahariennes et terrorisme sont évoqués dans 8 des 44 articles examinés. « L’Expression » du 31 décembre 2008 se contente de les suggérer : « [Les migrants subsahariens] atteignent la ville […] souvent avec de faux papiers grâce à des réseaux de passeurs, qui activent souvent au profit des groupes terroristes. » Le même journal, dans son édition du 2 mars 2008, est plus explicite : « Carrefour […] de l’immigration clandestine, l’Algérie est en passe de devenir une ‘’capitale’’ de repli pour les extrémistes d’Al Qaïda ».

Dans un article d’« El Chourouk » du 24 mai 2009 (« Découverte d’un réseau international de passeurs au service d’organisations armées activant dans le Sahara », le récit du démantèlement du réseau se poursuit ainsi : « Les aveux de nombre de personnes arrêtées ont permis […] de dévoiler un dangereux plan consistant pour les organisations armées à exploiter les groupes de migrants clandestins dans le trafic d’armes vers les villes de l’Est du pays. » Les informations, notons-le, ne sont attribuées à aucune source précise.

Nous ne pouvons évoquer les liens présumés entre migrations subsahariennes et terrorisme sans souligner qu’ils ont fait partie des arguments utilisés par le gouvernement pour justifier le durcissement de sa politique migratoire[[Cf. l’article d’« El Watan » du 5 mai 2008 intitulé : « M. Zerhouni : ‘’Il existe des criminels qu’il faut combattre’’ ».]].

Évoquant la loi 08-11 du 25 juin 2008, « El Chourouk » du 5 juillet 2009 titre : « Des sanctions dissuasives contre les sociétés employant des résidents étrangers illégaux ». Le journaliste affirme: «Les rapports des services de sécurité avaient souligné l’implication de nombre d’étrangers, notamment des ressortissants d’Etats africains, dans des réseaux criminels, le commerce de stupéfiants, la falsification de documents, le faux monnayage, sans parler de leur implication dans l’activité terroriste en Algérie. » Faut-il préciser qu’avant juin 2008, les comptes-rendus sécuritaires de la presse ne faisaient presque jamais état de la présence de combattants « africains » dans les rangs des organisations armées algériennes?

Le migrant subsaharien « déshumanisé »

Dans les articles étudiés, les « migrants africains » sont parfois décrits de façon totalement deshumanisante. Ainsi l’intertitre d’un article d’« El Chourouk » du 17 juillet 2009 : « Des Algériens hébergent les immigrants clandestins moyennant 5.000 dinars par tête ». Dans un article d’« El Khabar » du 26 mars 2009, les migrants sont « déchargés » comme une cargaison : « Tinzaouatine a connu la semaine dernière des violences qui se sont soldées par la mort de quatre Africains. La cause en est le ‘’déchargement’’ de centaines de migrants clandestins dans la région.»
Dans le titre d’un autre article d’« El Khabar » du 28 juillet 2009 («Découverte de cinq cadavres d’Africains en état de décomposition avancée à Djanet »), il n’est nulle trace de sympathie pour ces immigrants morts sur le chemin de l’exil. On ne trouvera pas davantage de sympathie dans cet article d’« El Chourouk » du 28 octobre 2008 : « Disparition de dizaines d’« Africains » après les inondations de Ghardaïa. Ce drame est évoqué sous l’angle d’un simple problème de santé publique : « […] Une grande quantité de Chlore a été transportée […] dans les zones sinistrées et des instructions fermes ont été données […] d’interdire les déplacements dans le périmètre concerné par la recherche des disparus pour éviter à la région une véritable catastrophé écologique. »

Des sources essentiellement officielles

Les sources des informations rapportées dans certains articles étudiés ne sont pas précisées. L’article d’« El Chourouk » du 26 avril 2009 (« Les projets de harragas africains qui ont envahi Mostaganem et planifient leurs départ depuis son littoral »), fournit un parfait exemple de cette dérogation à une règle élémentaire du journalisme : « ‘’El Chourouk’’ a appris qu’un groupe d’au moins six Africains […] a tenu une réunion dans un des cafés de Mostaganem. Il a discuté du désir d’un grand groupe d’Africains d’organiser des départs [clandestins, NDLR] depuis le littoral de la wilaya vers les côtes espagnoles.»

Les principaux concernés, c’est-à-dire les migrants eux-mêmes, sont rarement interrogés : la parole leur est donnée dans 4 articles seulement. Les sources citées dans 26 autres articles sont toutes officielles (principalement les services de sécurité).

La perception de la question migratoire comme une question essentiellement sécuritaire fait que même des informations officielles importantes ne sont pas rapportées. Il en est ainsi de certaines conclusions du Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2008, selon lequel le nombre d’étrangers établis légalement en Algérie (à l’exclusion des réfugiés) est de 95.000, soit 0,3% de la population totale du pays[[Yassin Temlali, « Migration irrégulière au Maghreb : chiffres et données », revue électronique méditerranéenne Babelmed (www.babelmed.net), octobre 2009.]].

La plupart des statistiques citées se rapportent aux arrestations et/ou expulsions de migrants subsahariens fournies par les services de sécurité. Il existe pourtant d’autres chiffres qui méritent d’être mentionnés, comme ceux de l’enquête (déjà citée) du CISP[[Cette enquête avait conclu, à l’encontre de l’alarmisme officiel, que le nombre de migrants irréguliers en Algérie était de seulement 26.000.]].

Certains articles ressemblent à de parfaits communiqués de la police. Jugeons-en par ce compte-rendu d’« El Khabar » du 16 septembre 2009 intitulé « Arrestation de 945 migrants clandestins en 3 mois à Tamanrasset»: «Pendant les trois derniers mois, les services de sécurité […] ont arrêté, aux frontières sud de la wilaya de Tamanrasset, 945 migrants clandestins de plusieurs nationalités. 670 d’entre eux ont été arrêté entre le 1er et le 10 septembre courant, c’est-à-dire depuis l’entrée en vigueur des nouvelles instructions concernant la lutte contre l’immigration clandestine.»

Ces articles ressemblent si fort à des communiqués sécuritaires détaillés que comme ceux-ci, ils mêlent, parfois, aux informations relatives à la « lutte contre l’immigration clandestine » d’autres se rapportant à des activités différentes de la police ou de la gendarmerie. Après avoir fourni des chiffres sur les arrestations de « clandestins », l’auteur d’un article de « L’Expression » du 12 octobre 2009 (« Aïn Témouchent : 64 émigrants africains arrêtés » poursuit : « […] Les brigades de la gendarmerie d’Aïn Témouchent ont procédé, […] lors de barrages de contrôle dressés à différents endroits de la wilaya, à la saisie d’importantes quantités de marchandises de contrebande […]Il s’agit principalement d’effets vestimentaires et de chaussures de sport, dont [la valeur] a été estimée à environ 500.000 DA»

Les acteurs autres qu’officiels (ONG, etc.) ainsi que les chercheurs sont rarement interrogés dans les articles analysés. On ne rend compte de leurs points de vue ni dans les articles généraux sur les migrations irrégulières, ni même dans ceux rapportant les débats autour de la loi du 25 juin 2008. Dans l’article de « L’Expression » du 5 mai 2008 intitulé « La circulation des étrangers réglementée », seule la voix du gouvernement est audible. Un autre du même journal, paru le 14 mai 2008 et intitulé « «L’Algérie n’a fait aucune concession à l’Europe», ouvre de larges guillemets au seul ministre de l’Intérieur expliquant qu’en créant des « centres d’attente » pour les migrants irréguliers arrêtés, le gouvernement n’a pas cédé aux pressions européennes. Pourtant, ce sujet intéresse aussi les organisations humanitaires et les Ligues de défense des droits humains.

L’impératif commercial au détriment de la vérité

Le thème des migrations subsahariennes apparaît comme un thème commercialement porteur. Ainsi, bien qu’il semble convaincu que « certains immigrants africains constituent une vraie menace », l’auteur d’un reportage publié dans « El Chourouk » du 13 décembre 2008 (« Une catastrophe humanitaire au cœur du désert ») se montre sensible à la détresse des locataires d’un des camps de rétention administrative du Sud algérien. Pour mieux « vendre » ce sujet, le rédacteur-en-chef lui a ajouté quelques éléments « accrocheurs », à l’exemple de cette phrase dans le sous-titre : « Leur période de détention s’est prolongée et leurs problèmes avec. ». Il lui a, surtout, adjoint cet intertitre hostile : « Ils ont saccagé les WC, transformé l’infirmerie en cuisine et transporté avec eux épidémies et maladies».

Pour rendre un article « sensationnel », un rédacteur en chef peut transformer une information secondaire en information principale. Ainsi, lisons-nous dans le sous-titre d’un article d’« El Chourouk » du 22 août 2009 (déjà cité) : [Selon le responsable de l’information de l’Union des commerçants] quantité de fausse monnaie a été écoulée sur les marchés par une maffia algérienne avec l’aide d’Africains […] ». La suite de l’article sera-t-elle consacrée principalement à la responsabilité desdits « Africains » dans cette « action criminelle » ? Non. Cinq des six paragraphes suivants aborderont le problème général de la fausse monnaie en circulation.

Une prise de conscience des dérapages xénophobes ?

Les dérapages médiatiques que nous venons de décrire semblent être le reflet d’un véritable « racisme ordinaire », dont souffrent les migrants subsahariens en Algérie. Dans le compte-rendu d’une table ronde à laquelle avaient été invités des ressortissants noirs africains vivant à Alger («Algérie africaine ou pas ? », « El Watan » du 3 juillet 2009), le journaliste établit la réalité de ce racisme : « ‘’Kahlouch, nigrou, Babay, esclave’’ : il est devenu banal dans nos rues d’entendre les insultes racistes contre des Africains. ‘’Même durant le premier PANAF [Festival panafricain, NDLR] de 1969, il y a eu des incidents racistes’’, se souvient un historien qui regrette le silence qui entoure le phénomène.»

Ces dérapages médiatiques sont dangereux en ce qu’ils prouvent la distanciation médiocre de médias très influents vis-à-vis du discours xénophobe d’une partie de la population. Ils renforcent les idées reçues à propos des migrants subsahariens ; ils en créent même de nouveaux, comme celui du « Subsaharien trafiquant d’armes pour le compte de Al Qaïda ». Ils compliquent, par conséquent, l’action des ONG et des organismes humanitaires spécialisés et rendent presque illusoire le projet de régularisation des immigrants irréguliers, que les ligues des droits humains appellent de leurs vœux mais que le gouvernement rejette totalement.

Dans sa couverture d’une table ronde du CISP et de la SARP (Société algérienne de recherches en psychiatrie), organisée le 17 décembre 2007, sur le traitement médiatique de la question migratoire en Algérie, « El Watan » écrit : « Racisme ambiant, vocabulaire sécuritaire, amalgames, déshumanisation : telles seraient les dérives du journalisme en Algérie traitant des phénomènes migratoires.[[Titre de l’article: « Médias et migrations : Comment dépasser la stigmatisation ? »]]» Comme nous venons de le voir, depuis 2007, ce sombre tableau ne s’est pas beaucoup éclairci.

Yassin Temlali


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