LES « TIC » -TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION- ET L’ENSEIGNEMENT EN ALGÉRIE

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Ahmed Bensaada

le 23 Novembre 2013

site www.ahmedbensaada.com/

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Lorsque les TIC (Technologies de l’Information et de la Communication) ont fait leur apparition dans le monde de l’éducation – elles étaient alors affublées de l’épithète «nouvelles» –, nombre d’enseignants leur prédisaient le même sort que l’audiovisuel, c’est-à-dire celui de gadgets voués à l’obsolescence à plus ou moins moyen terme.

Mais, bien au contraire, l’essor fulgurant de l’informatique et la diversification de ses applications grand public n’a fait que renforcer la présence voire la prolifération de ces technologies dans les écoles à travers le monde.

Et les chiffres sont édifiants. Selon l’UIT (Union Internationale des Télécommunications), le nombre d’internautes dans le monde est passé de 16 millions en 1995 à plus d’un milliard en 2005. En 2013, il dépasse les 2,7 milliards, soit environ les 2/5 de la population mondiale. Cette même source indique que le taux de pénétration de l’Internet dans les ménages dans le monde ne cesse d’augmenter et devrait atteindre les 41% à la fin de cette année avec une grande disparité entre les pays développés (80%) et ceux en voie de développement (28%)[[ IUT, «L’UIT publie les derniers chiffres et classements mondiaux relatifs aux technologies», 7 octobre 2013,

http://www.itu.int/net/pressoffice/press_releases/2013/41-fr.aspx#.Un9exXB9J8E]].

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Les ventes des ordinateurs, des tablettes électroniques, des téléphones intelligents et autres dispositifs électroniques ont atteint des chiffres astronomiques. La popularité des réseaux sociaux, la facilité d’accès aux sites de partage de l’information et la rapidité croissante dans le domaine des communications ont changé notre façon d’appréhender le monde et d’être en relation avec autrui.

Les TIC et la pédagogie

Progressivement, nos classes se remplissent de cette génération d’élèves qu’on appelle les «digital natives» (en français : natif numérique, numérien ou digiborigène) qui sont des personnes nées pendant ou après l’introduction générale des TIC, qui ont grandi avec elles, qui les ont intégrées dans leur style de vie et qui ont si bien interagi avec elles à un âge précoce, qu’ils ont une meilleure compréhension des concepts qui les sous-tendent.

Dès 2001, Marc Prensky, inventeur du terme «digital natives», déclarait que «nos élèves ont radicalement changé. Les étudiants d’aujourd’hui ne sont plus les personnes pour qui notre système éducatif a été conçu pour enseigner»[[Marc Prensky, «Digital Natives, Digital Immigrants», On the Horizon, MCB University Press, Vol. 9 No. 5, Octobre 2001,

http://www.marcprensky.com/writing/Prensky%20-%20Digital%20Natives,%20Digital%20Immigrants%20-%20Part1.pdf]].

Il faut se rendre à l’évidence : les TIC ne sont ni une mode passagère, ni une curiosité technologique. Elles sont là pour rester dans nos vies et notre école doit non seulement s’y adapter, mais, surtout, utiliser ses capacités pour en faire un outil efficace et performant au service de l’acte d’enseigner.

De nombreuses études ont montré l’impact de l’utilisation des TIC dans un cadre scolaire. En effet, une intégration judicieuse des TIC a des effets positifs sur la réussite scolaire[[OCDE, «Les élèves qui maîtrisent l’informatique obtiennent de meilleurs scores à l’école, selon une étude de l’OCDE», 24 janvier 2006,

http://www.oecd.org/fr/general/leselevesquimaitrisentlinformatiqueobtiennentdemeilleursscoresalecoleselonuneetudedelocde.htm]] et le développement de différentes compétences transversales[[Karsenti, T., Goyer, S., Villeneuve, S. & Raby, C. (2005), «L’impact des technologies de l’information et de la communication (TIC) sur la réussite éducative des garçons à risque de milieux défavorisés», Université de Montréal, 2005, 138 pages,

http://www.thierrykarsenti.com/pdf/publications/2005/impactTICreussite.pdf]] tout en facilitant le déploiement d’approches pédagogiques très intéressantes comme la pédagogie du projet[[Stéphane Côté, «Pédagogie par projet et intégration des TIC : quel impact sur la motivation scolaire?», Thèse de maîtrise, Université de Montréal, 2008, p.136,

https://papyrus.bib.umontreal.ca/xmlui/bitstream/handle/1866/8116/Cote_Stephane_2008_memoire.pdf?sequence=1]] ou le jumelage pédagogique [[Voir, par exemple, le projet «Québec-Algérie»: Science Animée, «Projet Québec-Algérie», 2007-2008,

http://mendeleiev.cyberscol.qc.ca/scienceanimee/Projets/Projet2008/Algbec_home_Flash.htm]].

Les TIC et les outils en classe

En plus de modifier notre manière d’enseigner et d’apprendre, les TIC s’attellent actuellement à transformer les outils que les enseignants utilisent en classe.

Initialement, c’est tout seul que l’ordinateur fit son entrée en classe. S’ensuivit alors deux importants branchements successifs de cet appareil: tout d’abord à Internet puis, ensuite, à un projecteur multimédia. Pendant ces longues années, toute cette avancée technologique cohabitait avec le bon vieux tableau de classe (noir puis blanc). Ce n’est plus le cas depuis que le tableau numérique interactif (TNI) conquiert inexorablement nos classes.

Comparativement à la projection d’un ordinateur sur un écran, ce nouvel outil présente d’indéniables avantages. Il s’agit d’une installation fixe, facile à mettre en œuvre, qui permet de s’affranchir de la souris au profit d’un stylet ou du doigt et disposant d’outils (via certains logiciels) facilitant l’enseignement. Le TNI est conçu pour les présentations multimédias, la navigation sur Internet, l’enregistrement des cours pour un usage ultérieur ou pour être diffusé sur la toile.

L’équipement des classes en TNI a connu un engouement «politique» dans de nombreux pays et a donc fait l’objet d’investissements massifs.

En Angleterre, par exemple, environ 100% des classes en sont équipées, ce qui correspond à un parc de 200 000 TNI présents dans les établissements scolaires.

En février 2011, le gouvernement du Québec a décidé d’équiper en TNI toutes les classes du niveau primaire et secondaire de la province. Plus de 40 000 tableaux numériques devaient être achetés en cinq ans pour un budget total s’élevant à 240 millions de dollars. Moins d’un an après le lancement de cette mesure, plus de 10 000 TNI ont été installés dans les écoles québécoises[Diane Lafond, [«Le programme d’achat de tableaux blancs interactifs (TBI) destiné aux écoles», “ Le Sans Papier”, 31 décembre 2012,

http://benhur.teluq.ca/wordpress/sanspapier/chroniques/technologies/technologie1_0113/]].

Ce programme a été cependant suspendu en novembre 2012, à la suite d’un changement de gouvernement et des présomptions de malversation. La ministre actuelle de l’Éducation a déclaré qu’elle voulait prendre le temps nécessaire pour «faire le point sur la situation»[ [Tommy Chouinard, «Tableaux blancs interactifs: Québec suspend le programme», “La Presse”, 19 novembre 2012,

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201211/18/01-4595166-tableaux-blancs-interactifs-quebec-suspend-le-programme.php]].

Grosso modo, on estime que dans les pays membres de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), une classe sur sept est équipée d’un TNI[ [Nathalie Côté, «Tableau blanc interactif: l’impact sur la réussite n’est pas démontré, selon des chercheurs» “Le Huffington Post” Québec, 8 mai 2012,

http://quebec.huffingtonpost.ca/2012/05/08/tableau-blanc-interactif-impact-reussite_n_1499064.html]].

Bien que l’impact du TNI sur la réussite des élèves n’ait pas été explicitement démontré, de nombreuses recherches montrent que son utilisation dans le cadre scolaire engendre un accroissement significatif de la motivation des élèves ainsi qu’une augmentation de l’appréciation des cours de la part des enseignants et des élèves, par le biais d’une utilisation plus variée et plus dynamique des ressources [10][[Becta, «What research says about interactive whiteboards», 2003,

http://www.hpedsb.on.ca/ec/services/cst/elementary/math/documents/whiteboards_research.pdf]].

Les TIC et les manuels scolaires

Outre le tableau, les TIC se sont aussi «attaqués» au manuel scolaire. Les maisons d’édition ont fait d’énormes efforts pour présenter des versions numériques de leurs nouveaux ouvrages pédagogiques. Des collections numériques entières sont actuellement disponibles sans pour autant avoir mis fin aux versions papier.

Le manuel numérique est très profitable aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. Il peut être présenté à l’ensemble de la classe à l’aide d’un projecteur multimédia ou d’un TNI. Il est possible, entre autres, de zoomer sur des notions importantes, d’annoter le texte, de sauvegarder des signets ou d’utiliser les hyperliens qui y figurent pour enrichir le cours.

Les maisons d’éditions ont créé des sites web auxquels il est possible d’accéder à distance pour consulter ou télécharger diverses ressources comme les guides pédagogiques, les situations s’apprentissage et d’évaluation (SAÉ) ou les grilles d’évaluation des compétences disciplinaires et transversales.

La tablette électronique dont la popularité grand public ne cesse de grandir s’est aussi introduite dans la classe. Les manuels scolaires ainsi que les cahiers d’apprentissage ou d’activités peuvent y être installés via des applications dédiées.

Bien que sa généralisation soit loin d’être atteinte, de plus en plus de classes à travers le monde s’équipent entièrement de tablettes[ [Darrell Etherington, «Apple Has Sold Over 8M iPads Direct To Education Worldwide, With More Than 1B iTunes U Downloads», 28 février 2013,

http://techcrunch.com/2013/02/28/apple-has-sold-over-8m-ipads-direct-to-education-worldwide-with-more-than-1b-itunes-u-downloads/]]. En plus d’être attrayante, la tablette permet d’alléger considérablement le cartable de l’élève étant donné qu’elle peut contenir tous ses manuels scolaires et bien d’autres outils sous forme numérique.

Comme de plus en plus d’écoles sont actuellement équipées de technologies sans fil, de nouvelles fonctionnalités pédagogiques de la tablette ont été implémentées. Ainsi, dans un tel environnement, lorsqu’une classe est équipée de tablettes et de manuels numériques, chaque élève peut réaliser des activités proposées dans le manuel et l’envoyer par le réseau à l’enseignant et ce, à titre individuel. L’enseignant reçoit les travaux de ses élèves, les commente ou les note et les renvoie à l’élève. Il est évident que cette interactivité surjective entre l’enseignant et l’ensemble des élèves pris individuellement favorise et facilite la différenciation pédagogique.

Cette interaction ou collaboration peut se faire aussi bien entre l’enseignant et l’apprenant ou entre les apprenants eux-mêmes lors de projets collaboratifs à l’aide de la tablette. Cela peut aussi se faire en dehors des murs de la classe pour autant qu’un réseau sans fil soit disponible. Ce qui fait dire à certains que «le développement des technologies sans fil et des interfaces tactiles augmente de manière significative l’interactivité et la collaboration chez les apprenants»[[Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante (CRIFPE), «Recherche : iPad à l’école: quels usages, quels impacts?»,

http://tactile.crifpe.ca/p/recherche]].

Quelles leçons pour l’Algérie?

Mais qu’en est-il du cyberespace algérien? Est-ce que l’école algérienne réussit à suivre la direction et le rythme imposés par les systèmes éducatifs occidentaux?

D’après les plus récents chiffres publiés par l’IUT, le nombre d’utilisateurs d’Internet en Algérie dépassait à peine 15% en 2012 alors qu’il était respectivement de 41,4% et 55% pour la Tunisie et le Maroc [[International Telecommunications Union (ITU), «Measuring the Information Society», Rapport 2013, pp. 230-231,

http://www.itu.int/en/ITU-D/Statistics/Pages/publications/mis2013.aspx]]. Et il n’y a pas que les chiffres bruts qui sont inquiétants. En effet, entre 2005 et 2012, le nombre d’internautes n’a été multiplié que par 3 alors que nos voisins ont fait beaucoup mieux. Ainsi, pour la même période, la Tunisie et le Maroc ont augmenté leurs nombres d’utilisateurs d’Internet par 5 et 7, respectivement[[International Telecommunications Union (ITU), «World Information Society Report», Rapport 2006, p. 108,

http://www.itu.int/osg/spu/publications/worldinformationsociety/2006/wisr-web.pdf]].

Pire encore, l’Algérie est à la traîne comparativement à l’ensemble des pays arabes et seuls Djibouti, les Comores et la Mauritanie ont de plus mauvais résultats[[International Telecommunications Union (ITU), «Measuring the Information Society», Rapport 2013, Op. cit, p. 62]].

Le résultat algérien (15,2%) est bien en deçà de la moyenne des pays en développement (30,7%), de la moyenne mondiale (38,8%) et encore moins de celle des pays développés (76,8%)[[Ibid, p. 10]].

En termes de pénétration d’Internet dans les foyers algériens, l’ambitieux programme Ousratic lancé en 2005 et qui prévoyait brancher toutes les familles algériennes à l’horizon 2010 n’a pas donné les résultats escomptés, loin de là[[Ahmed Bensaada, «Plaidoyer pour des classes branchées en Algérie», “Le Quotidien d’Oran”, 8 avril 2007,

http://mendeleiev.cyberscol.qc.ca/scienceanimee/Articles/TIC_08042007.pdf]].

Dans le domaine scolaire, le ratio élèves/ordinateur était, en 2011, de 44 pour les lycées et de 120 pour les collèges[[INRE (Algérie), «Les TIC au service de l’éducation», EducRecherche, n°2, 2011, pp. 5-7]]. À titre de comparaison, les chiffres datant de 2003 (d’il y a donc 10 ans) montrent que ce ratio était inférieur à 10 dans la plupart des pays développés[[Ahmed Bensaada, «Place de l’école dans le cyberespace algérien», “Le Quotidien d’Oran”, 11 mai 2008,

http://mendeleiev.cyberscol.qc.ca/scienceanimee/Articles/Ecole_virtuelle_11052008.pdf]]. La moyenne de ce ratio dans les pays de l’OCDE est passée de 10 à 5 entre les années 2000 et 2006[[Educational Research and Innovation, «Are the New Millennium Learners Making the Grade?», Technology Use and Educational Performance in PISA 2006, OECD Publishing , 28 avril 2010, p.47,

http://www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/education/are-the-new-millennium-learners-making-the-grade_9789264076044-en#page48]].

Tous ces chiffres montrent que l’Algérie doit prendre des mesures sérieuses et courageuses en matière de TIC pour, au moins, combler le fossé numérique qui s’est creusé avec les pays voisins et les pays arabes. Un investissement majeur s’impose dans l’équipement et le réseautage des établissements scolaires (prioritairement ceux du cycle primaire), mais surtout dans la formation des enseignants qui sont la clé de voute de tout le système éducatif. Malgré les efforts louables dans ce domaine[[INRE (Algérie), «Les TIC au service de l’éducation», Op. Cit., p.6]], très peu d’entre eux intègrent les TIC dans leurs pratiques quotidiennes, exception faite de certains pionniers en la matière. Selon de nombreux témoignages, il semblerait que l’usage le plus répandu est celui de l’utilisation (spécialement par les enseignants de science) d’un ordinateur et d’un projecteur multimédia pour illustrer certaines notions du cours.

Ce problème se pose avec encore plus d’acuité actuellement dans la mesure où un très grand nombre d’enseignants sont toujours recrutés sans aucune formation pédagogique et encore moins celle relative aux TIC.

Selon le ministre de l’Éducation de l’époque, environ 60% des collèges algériens ne possédaient pas de laboratoire d’informatique en 2011[[INRE (Algérie), «Les TIC au service de l’éducation», Op. Cit., p.20]]. De l’aveu de certains enseignants et élèves du cycle moyen, même lorsque ce laboratoire existe, il est très peu (souvent pas du tout) utilisé, même dans les grandes villes du nord du pays.

Au cycle secondaire, tous les lycées algériens sont équipés d’au moins un laboratoire d’informatique. Néanmoins, exception faite des élèves de la filière Technique mathématique, seuls les élèves de première année secondaire sont tenus de suivre un cours d’informatique (sur l’environnement Windows et quelques logiciels de la suite Office) se déroulant dans le laboratoire. En d’autres termes, des cohortes entières d’élèves algériens traversent les cycles primaire, moyen et secondaire et arrivent à l’université en ayant fréquenté un laboratoire d’informatique pendant pas plus d’une seule année scolaire, à raison d’un petit nombre d’heures par semaine.

Certes, de nombreux enseignants demandent à leurs élèves de réaliser des recherches documentaires, en utilisant Internet, sur des sujets précis en relation avec leur cours. Mais, très souvent, au lieu que cette activité soit réalisée dans un laboratoire d’informatique sous la supervision et l’orientation de l’enseignant responsable de la matière, les élèves ont plutôt recours au cybercafé du coin. Il est de notoriété publique que certains gérants de ces endroits ont trouvé un filon en exploitant les carences du système éducatif. Ils préparent des recherches « à emporter » sur des sujets divers qu’ils revendent ensuite aux élèves pour quelques dizaines de dinars la feuille imprimée. C’est à se demander quelle est la finalité pédagogique de cette tromperie collective.

En résumé, les diverses pratiques discutées montrent que l’intégration des TIC dans les écoles algérienne est plus une intégration physique que pédagogique. À ce sujet, Carole Raby mentionne[[Carole Raby, «Analyse du cheminement qui a mené des enseignants du primaire à développer une utilisation exemplaire des technologies de l’information et de la communication en classe», Thèse de Doctorat, Université du Québec à Montréal, Canada, 2004, p. 21]] que l’intégration pédagogique des TIC «ce n’est pas seulement placer les équipements dans les classes, aller au laboratoire 40 minutes par semaine, utiliser les ordinateurs comme une feuille d’exercice électronique […], utiliser des logiciels sans but précis ou enseigner comment utiliser les TIC». Bien que l’intégration physique soit une étape nécessaire, L. Dias avance, à propos de l’intégration pédagogique, que «les technologies sont intégrées lorsqu’elles sont utilisées de manière continue pour soutenir et pousser plus loin les objectifs du programme et pour engager les élèves dans des apprentissages significatifs»[[Dias, L., «Integrating technology», Learning and Leading with Technology 27, 3, 10-13, 21. (1999). Traduction de Carole Raby (voir ref. 34)]].

D’autre part, il est important de noter les disparités en termes d’équipement entre les différents cycles d’enseignements et que le primaire est le parent pauvre de l’intégration des TIC en Algérie. Bien au contraire, la pyramide devrait être complètement inversée et l’École algérienne aurait beaucoup à gagner en ciblant prioritairement les plus jeunes élèves.

De nouvelles structures doivent être créées pour accompagner un réel virage technologique. Citons, par exemple, la mise en place d’une association d’enseignants utilisateurs de l’ordinateur à des fins pédagogiques, l’organisation d’un congrès annuel pour encourager le partage des expériences, la formation continue et la mise à niveau de futurs technopédagogues ainsi que l’instauration d’un prix annuel du ministre de l’Éducation afin de récompenser les meilleures innovations pédagogiques utilisant les TIC. Ajoutons à cela, la nécessité de repenser la formation à l’utilisation des TIC pour les nouveaux enseignants et la création d’une plateforme pour la diffusion et le partage d’expériences pédagogiques pour chaque champ disciplinaire.

Les jumelages pédagogiques internationaux doivent être fortement encouragés pour donner l’opportunité à nos élèves de s’ouvrir au monde et de communiquer avec des jeunes issus de cultures différentes.

Les jumelages pédagogiques nationaux sont d’un intérêt stratégique. En plus de permettre une réelle intégration pédagogique lorsqu’ils sont utilisés judicieusement et de remédier à certaines disparités pédagogiques entre les différentes régions du pays, ils donneront l’opportunité à nos jeunes de se connaître, de se familiariser avec les traditions, les coutumes et les langues locales et de tisser des liens entre eux afin de créer un sentiment d’appartenance à un même pays, une même nation. Ce type de jumelage peut dépasser le cadre de la classe et se généraliser au personnel enseignant, voire aux directions et permettre des voyages d’intérêt pédagogique entre les classes jumelées.

Pour cela, et en s’inspirant de l’expérience européenne e-Twinning[[eTwinning, «Qu’est-ce qu’eTwinning?», http://www.etwinning.net/fr/pub/discover/what_is_etwinning.htm
]], il serait nécessaire de créer un dispositif à l’échelle nationale qui centraliserait toutes les ressources nécessaires pour la réussite de ce projet novateur.

Quant au livre numérique, il est impératif de commencer à y réfléchir sérieusement pour ne pas encore accuser du retard sur un autre volet du monde de l’Éducation. Comme sa conception et sa réalisation nécessitent la collaboration entre des pédagogues, des spécialistes de l’édition et des informaticiens, cela va très certainement permettre de repenser aussi bien le contenu que le design du manuel scolaire. Cette synergie ne peut qu’être bénéfique pour la version papier des manuels et guides pédagogiques (qui sont actuellement loin des standards internationaux) et qui va certainement cohabiter, pendant un certain temps, avec la version numérique, comme c’est actuellement le cas dans les pays occidentaux.

La commission chargée du suivi et de la mise en application de la stratégie «e-Éducation» du ministère de l’Éducation devrait être en charge de ces différents chantiers éducatifs.

Finalement, il est indéniable de constater que, pas à pas, les TIC se sont durablement introduits dans le monde de l’Éducation. À leur contact, les pratiques enseignantes se sont modifiées et la « vie » de la classe a subi des transformations majeures, à l’image de ce qui se passe en dehors de l’enceinte de l’école.

La réforme du système éducatif algérien amorcée au début des années 2000 avait quatre objectifs dont celui «d’introduire de nouvelles technologies de l’information et de la communication comme vecteurs de l’enseignement et de la formation»[[Ahmed Bensaada, «L’éducation aux cycles primaire, moyen et secondaire en Algérie : quelques pistes de réflexion», in «Le développement économique de l’Algérie. Expériences et perspectives», Casbah Éditions, Alger, 2011, p.318]]

À nous de faire de ces technologies prometteuses des outils de choix pour un enseignement novateur et un apprentissage efficace pour le bien et la réussite de nos élèves, futurs citoyens autonomes, responsables et compétents de notre pays.

Note: une version plus exhaustive de cet article sera bientôt publiée par la revue “Educ Recherche” de l’Institut National de Recherche en Éducation (INRE, Alger)


Cet article a été publié par le quotidien algérien “Reporters”, le 23 novembre 2013 (pp. 12-13)

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ROMAISSA ET LIYES : DEMAIN BRISÉ

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Fateh Agrane

27 novembre 2013

Ce poème a été rédigé d’un trait à la lecture d’une tragique nouvelle. Deux jeunes Algériens, Romaissa, dix-huit ans, et Liyes, vingt ans, se sont jetés du haut de la terrasse d’une habitation, mercredi dernier à six heures du matin, dans le quartier d’Ayouf, à la nouvelle ville de Jijel, car ils s’aimaient… Et refusaient la séparation par le mariage forcé.

Les parents de la jeune fille se moquaient de cet amour pour la donner à un autre prétendant. Par désespoir, les jeunes amants ont choisi la mort.

En cette douloureuse circonstance, je tiens à présenter, à travers ce poème, mes condoléances à tous ceux et celles de sa famille et en dehors qui ont reçu et vécu douloureusement la nouvelle du décès d’un amour qui ne désirait que vivre, que d’être rêve face à tous ceux qui ne laissent aucun espace à cette jeunesse pour s’aimer et s’épanouir.

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ROMAISSA ET LIYES

Demain Brisé

Partis ainsi sans retour

La main dans la main

Brisant demain

J’aurais aimé vous connaître

O ! Débris d’amour

Barré chemin

Tragique fin

En vous renaître

Pour crier à mon tour

Face au destin

Et à vos assassins

Qu’ils sont des traîtres

Qu’ils sont désamour

Dresseurs de murs

Face aux murmures

D’un désir d’être

J’aurais aimé être filet

Et au bas du saut vous accueillir

Vous enlacer, vous embrasser

Vous faire fuir

Et disparaître

Vous parler

Bras vous ouvrir

Vous lover dans cœur

Et vous couvrir

Dans pupilles vous mettre

J’aurais aimé être jardin

Vous planter sourire

Bouture de jasmin

Dans poème à venir

En belles lettres

Vous vous êtes noués

d’amour à ne trahir

Pour conscience secouer

Quitte à en mourir

Que de se démettre

Jijel, ma chérie !

Où as-tu convolé

Tes enfants se meurent

On leur a tout volé

Veux- tu réapparaître

Venir les consoler

Ils n’ont plus peur

Et ne peuvent pleurer

Que se défenestrer

Et par feu s’immoler

Fateh Agrane

Copyright tous droits réservés

Novembre 2013

Source :Investig’Action


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LES 90 ENTREPRISES RESPONSABLES DES DEUX TIERS DES ÉMISSIONS MONDIALES DE GAZ À EFFET DE SERRE

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DETTE ÉCOLOGIQUE

Au rythme actuel, le monde va épuiser en 30 ans son «budget carbone», c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qu’il peut émettre avant d’entrer dans la zone de danger »

Par Sophie Chapelle,

le 28 novembre 2013

Deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre accumulées dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle ont été émises par seulement… 90 entreprises ! Les recherches menées par Richard Heede viennent d’être publiées par la revue scientifique Climatic Change.

Cette étude évalue les quantités de CO2 et de méthane rejetées par les plus grands producteurs privés et publics de pétrole brut, de gaz naturel, de charbon et de ciment. «90 sociétés sur la liste des principaux émetteurs ont produit 63 % des émissions mondiales cumulées de méthane et de dioxyde de carbone entre 1751 et 2010, soit environ 914 milliards de tonnes d’émissions de CO2», relève The Guardian, qui a répertorié ces 90 entités sur une infographie interactive. À l’exception de sept entreprises productrices de ciment, ce sont toutes des compagnies énergétiques produisant du charbon, du pétrole et du gaz.

Les cinq premières entreprises privées sont les géants pétroliers américains Chevron (3,5 % des émissions) et ExxonMobil (3,2 %), la britannique BP (2,4 %), la néerlandaise Shell (2,1 %) et l’entreprise américaine ConocoPhillips (1,1 %). Elles représentent à elles seules 12,5 % des émissions!

Les entreprises françaises ne sont pas en reste : Total arrive au 7ème rang des plus gros pollueurs du secteur privé avec 0,8 % des émissions. Du côté des cimentiers, on compte le groupe français Lafarge.

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Quelles sont les compagnies qui provoquent le réchauffement climatique?

Infographie du Guardian (cliquer sur l’image)

L’étude rappelle également que la moitié des émissions de ces 90 « gros émetteurs » ont été rejetées depuis 1986, ce qui montre à quel point l’utilisation des combustibles fossiles s’est accélérée ces trois dernières décennies. Selon Greenpeace, «les analyses de R. Heede permettent d’identifier qui sont les pollueurs qui doivent réduire leurs émissions et s’engager à ne pas extraire les ressources jusqu’ici non exploitée».

Au rythme actuel, le monde va épuiser en 30 ans son «budget carbone», c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qu’il peut émettre avant d’entrer dans la zone de danger des 2°C de réchauffement, a prévenu le “Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat” (GIEC) en septembre dernier. «Il sera bientôt trop tard, estime le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Nos modes de consommation sont incompatibles avec la santé de la planète».

Laisser les hydrocarbures dans le sol pour éviter le chaos climatique n’était pourtant pas à l’ordre du jour des dernières négociations climat qui se sont achevées à Varsovie le 23 novembre. «Tout ce qu’on a, ce sont des cacahuètes», a lâché le négociateur du Bangladesh.

Source: Bastamag

repris sur le blog algerieinfos-saoudi

SYNDICATS QUELLE AUTONOMIE?

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« L’ÉTIQUETTE AUTONOME

NE GARANTIT PAS LA VÉRITABLE

INDÉPENDANCE SYNDICALE ».

par Saoudi Abdelaziz,

blog algerieinfos-saoudi

le 27 novembre 2013

La mobilisation du Syndicat national autonome des travailleurs de Sonelgaz (Snategz), excédés par les retards dans la délivrance de son agrément a conduit hier Le ministère du Travail à les satisfaire “dans un délai ne dépassant pas une quinzaine de jours”, selon Abdellah Boukhalfa le président de ce syndicat. Prudente, Malika Ben titre dans “Liberté”: Enfin l’agrément?

Depuis quelques années, la bureaucratie syndicale UGTA est brutalement désarçonnée par les poussées revendicatives répétées et ascendante y compris dans ses propres fiefs.

La ligne de Sidi-Saïd, anti-gréviste de « défense de la paix sociale » dans les entreprises industrielles et « économiques », a pris le pouvoir à la fin de 1968. On se rappelle qu’après le coup d’Etat du 19 juin 1965, l’union régionale d’Alger, en tandem avec la fédération de la métallurgie furent, dès 1966, les fers de lance de cette ligne d’inféodation au pouvoir. C’est cette quasi-sédition dans l’UGTA qui a permis au régime de réussir la caporalisation de 1968.

L’UGTA vit depuis dans ce carcan. La tutelle du FLN sur la bureaucratie syndicale a évolué en tutelle du triangle FLN-RND-PT sous la vigilance des « services » pour qui l’UGTA est un instrument essentiel de contrôle social.

Aujourd’hui, même dans les syndicats de la métallurgie, bastion historique de la paix sociale, le front Fédération-union de wilaya se fissure, à Annaba et à Tizi Ouzou notamment, amenant notamment des militants syndicaux de l’UGTA indépendants ou proches du parti des travailleurs à envisager la création de syndicats autonomes.

Nacer Djabi, sociologue enseignant à l’université d’Alger commente cette évolution: « Si la situation perdure, l’Union se viderait de son capital humain et perdrait ses adhérents pour devenir, à terme, un syndicat sans syndicalistes. Ce scénario est plausible à moyen terme. L’absence de débat démocratique au sein des structures de l’UGTA, l’engagement politique de ses élites syndicales, la mauvaise gestion sont autant d’éléments qui, à notre sens, pousseront la majorité des travailleurs à quitter la centrale syndicale si des réformes ne sont pas engagées pour une gestion transparente et un fonctionnement syndical démocratique. »

L’une des conséquences dramatiques de la situation de l’UGTA, c’est le désert syndical qui continue de dominer le secteur industriel privé.

Le sociologue rattache cette situation à l’environnement politique: « En Algérie, on est devant des élites politiques néolibérales qui soit renient l’activité syndicale, soit l’ignorent tout simplement ».

Ce n’est pas l’étiquette autonome qui garantit une véritable indépendance syndicale. Le produit qu’elle renferme peut être frelaté.

En mars dernier, nous notions que l’atomisation des mouvement politiques et sociaux est l’instrument principal de conservation du système de domination: « Les services et leurs annexes dans les partis savent comment fractionner, atomiser le mouvement revendicatif en suscitant la création de coordinations plus autonomes les unes que les autres ».

Le mort saisira toujours le vif sans la vigilance syndicale de masse qui seule garantit aux salariés des syndicat indépendants, c’est à dire ne prenant en compte que les intérêts de leurs adhérents.

Le sociologue a raison de mettre en garde contre le risque d’un changement d’acteurs sans changement de scénario: « À mon sens, ce rôle que jouent les leaders de la centrale syndicale est le même qui sera demandé aux syndicats autonomes pour qu’ils soient reconnus comme partenaires à part entière par ce système politique, qui ne tolère pas l’existence d’un acteur politique, syndical ou associatif vraiment autonome ».

sources: http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-l-etiquette-autonome-ne-garantit-pas-la-veritable-independance-syndicale-121320125.html


FRONT SOCIAL À L’ALGÉRIENNE:

PATRON CASSÉ ET SYNDICALISTE VIRÉ

algerieinfos-saoudi

le 27 novembre 2013

« L’élan cassé » d’un patron

M. Saadoune tire dans son éditorial intitulé Abus de monopole les leçon du jugement de la Cour suprême contestant la facturation excessive à l’égard de l’entreprise privée Eepad qui a été indûment privée de l’interconnexion dont Algérie Télécom a le monopole. Il conclut:

« Le capitalisme privé algérien n’est pas très vertueux en général – il correspond bien au contexte affairiste ambiant – mais il donne parfois des entreprises porteuses utiles pour l’économie algérienne.

Au lieu de chercher des solutions pour éviter des cessations d’activités – quitte à «nationaliser»! -, on préfère «liquider» et faire le vide.

Cela a été le cas avec les entreprises du groupe Khalifa où, encore, la joint-venture Brown Roots and Condor (BRC) liquidée après le rachat des parts de Haliburton.

Tonic Emballage a été récupérée presque in extremis après des années d’abandon.

Dans le cas d’Eepad, il n’y a pas de disparition, mais un élan a été cassé. Une entreprise a été arrêtée à tort pendant quatre ans, des centaines d’emplois ont été perdus Eepad existe toujours, en plus petit et dans son métier originel,mais les choses auraient pu aller autrement si la tendance facile «à liquider» ne l’a pas emportée ».

Le désert syndical du Sud

Nabila Amir écrit dans El Watan: « Toutes les tentatives de création de syndicats autonomes au sein des multinationales, activant dans le Sud algérien, ont été vouées à l’échec ». Elle rapporte le témoignage de Yacine Zaïd:

«En 2006, je travaillais à l’Eurest, multinationale française de l’agroalimentaire de Hassi Messaoud. J’ai été licencié pour avoir voulu créer une section syndicale autonome.»

Zaïd a d’abord voulu créer une section de l’UGTA, mais la direction de l’UGTA, qui l’avait soutenu au départ, a fini par le désavouer. «Nous avions tenu une réunion pour la création d’une section syndicale affiliée à l’UGTA et en présence de tous les concernés, notamment des représentants de l’UGTA, de l’Inspection du travail, et même de la gendarmerie. Un PV a été signé, mais le directeur général de la multinationale a refusé de reconnaître le PV et a commencé à faire pression sur les ouvriers», peste Zaïd qui regrette que ni l’UGTA ni l’Inspection du travail n’aient pu faire changer d’avis au patron de cette entreprise. Zaïd a été licencié et traîné devant les tribunaux.

Des mouvements de protestation ont eu également lieu dans trois entreprises de catering. Résultat: l’employeur a procédé au licenciement de tous les animateurs de ce mouvement: 30 ouvriers au total.

À Sonatrach, «toute contestation se voit cassée et étouffée par l’UGTA», soutient Zaïd.

sources: http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-front-social-a-l-algerienne-patron-casse-et-syndicaliste-vire-121320420.html


« LE 5 JUILLET 1962 à ORAN » – LES TÉMOIGNAGES


TÉMOIGNAGE DE MADAME BENKIMOUN, HABITANTE DU DERB SUR LE 5 JUILLET 1962 À ORANLe Monde – le 5 juillet 2012 – braniya chiricahua – le 26 novembre 2013;


TÉMOIGNAGE DE DE MESSAOUD BENYOUCEF

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“NE PAS INSTRUMENTALISER LES MASSACRES DU 5 JUILLET 1962 à ORAN”réponse à Jean Pierre Lledo…


ORAN 5 JUILLET 62 :

TEMOIGNAGE D’UNE HABITANTE DU DERB

Le Monde – le 5 juillet 2012

braniya chiricahua – le 26 novembre 2013

Le quotidien Le Monde et son site électronique lemonde.fr ont publié, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie, une série de témoignages de simples citoyens.

Celui que je m’autorise à reproduire ici est celui de Madame Claire Benkimoun, recueilli par son fils Paul Benkimoun. Mme Benkimoun habitait le Derb, le quartier juif d’Oran; ce qu’elle a vu ce 05 juillet 1962 corrobore à maints égards mon propre témoignage et celui de centaines de simples gens qui n’ont pas, eux, les moyens de se faire entendre.

C’est, au demeurant, le devoir des historiens institutionnels de collecter et de confronter ces témoignages vivants au lieu de s’en tenir, paresseusement et prudemment, au ressassement des « vérités d’évidence ». (Les historiens qui sacrifient à ce « principe » d’évidence cartésien seraient mieux avisés d’écouter Leibniz: «Descartes a logé la vérité à l’hostellerie de l’évidence mais il a oublié de nous en donner l’adresse».)

Ce que relate Mme Benkimoun suffit en soi à disqualifier le discours des semeurs de discorde qui n’ont pas fini de ruminer la haine des Arabes qui est décidément leur carburant.

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Oran, 5 Juillet 1962 : « C’était la débandade »

Signés les 18 mars 1962, les accords d’Evian consacrent le cessez-le-feu en Algérie. L’année 1962 aura été l’une des plus meurtrières de la guerre d’Algérie, tant les différents acteurs – Organisation armée secrète (OAS), Front de libération nationale (FLN) et services spéciaux – se seront livrés à une surenchère de violence. Dans ce contexte, les premiers jours du mois de juillet 1962 restent gravés dans la mémoire de ceux qui ont connu de près ou de loin la guerre d’Algérie et particulièrement le 5 juillet, qui a été marqué par des massacres à Oran.

« Je m’appelle Claire Benkimoun. J’ai 84 ans. J’habitais à Oran, au 23 boulevard Joffre [aujourd’hui boulevard Maata Mohamed El Habib. Il constituait la limite orientale du quartier juif], près de la Place d’Armes [place du 1er Novembre 1954] et de la mairie. J’étais à Oran le 5 juillet 1962 et je peux témoigner sur des faits qui se sont produits dans mon quartier et sous mes yeux.

Nous sommes une famille qui habitait Oran depuis de très nombreuses années avant la conquête de l’Algérie par la France. Je possède des papiers indiquant que le grand-père de mon mari avait demandé la nationalité française sous Napoléon III.

Au cours de la guerre d’Algérie, le frère aîné de mon mari, Simon Benkimoun, a été assassiné le 8 décembre 1961 par un tueur de l’OAS, qui n’a pas pu être identifié. Nous avons su par certaines personnes que quelqu’un qui habitait le quartier soupçonnait mon mari d’aider le FLN avec son frère Simon, alors que mon mari ne s’est jamais mêlé de politique de quelque côté que ce soit.

La situation était devenue plus difficile, avec de plus en plus d’attentats, d’assassinats… Nous avons vu tuer sous nos yeux aussi bien des musulmans que des Français, qui marchaient dans la rue. J’ai pensé qu’il était plus prudent que mes enfants soient à l’abri en métropole. Mes parents les ont emmenés à Paris le 8 février 1962. Je suis donc restée à Oran avec mon mari, qui était fonctionnaire aux impôts.

À partir de mars 1962, la plupart des résidents de l’immeuble où nous habitions, comme dans tout le quartier, avaient quitté Oran. Dans notre immeuble, sur onze logements, ne restaient plus que le gardien, un locataire et nous. Malgré les attentats, la vie semblait plus calme. Nous sortions avec des cousins encore présents à Oran, nous allions à la plage et nous n’avons jamais été inquiétés.

Le 1er juillet 1962 a été organisé un référendum sur l’indépendance de l’Algérie. Nous avons été voter rue Léoben [rue Houari Lakhdar]. Les bureaux de vote étaient situés dans les bains maures [hammam], l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes. L’indépendance a été proclamée le 3 juillet.

Le 5 juillet, mon mari était allé travailler comme d’habitude. Vers 10 heures, j’ai entendu du bruit dans la rue. Je suis allée au balcon et j’ai vu un défilé de personnes qui fêtaient l’indépendance, qui chantaient, qui dansaient. Il y avait des enfants, des femmes. C’était la fête. J’avais l’impression d’être au carnaval de Rio.

Sur le balcon de l’immeuble mitoyen se tenait le fils d’une cousine, Paul Benichou. Nous plaisantions et je lui ai dit: « Paulo, en France, ils doivent se demander ce qui se passe et nous nous sommes tranquilles au balcon à regarder le défilé… » C’est là que j’ai regretté de ne pas avoir une pellicule dans la caméra pour filmer la manifestation et pouvoir la montrer.

Mon mari est rentré plus tôt que d’habitude et m’a dit: « Cet après-midi, nous avons congé. » Il était passé à la poste centrale où nous avions une boîte postale car le courrier n’était plus distribué.

Nous avons continué à voir le défilé ensemble. Tout le boulevard Joffre était noir de monde. Ce boulevard conduisait directement à la Place d’Armes [où un rassemblement avait lieu pour hisser le drapeau de la nouvelle Algérie sur la mairie]. C’était l’itinéraire naturel venant de la partie musulmane de la ville qui était appelée le « Village nègre » [aujourd’hui  » Ville nouvelle « , c’était le quartier d’Oran à majorité musulmane, situé au sud de la ville].

Léon Tabet, un de nos cousins qui vivait avec sa mère qui avait 98 ans, est passé nous voir, car leur courrier arrivait à notre boîte postale. Nous étions en train de parler lorsque nous avons entendu des coups de feu. Nous avons vite fermé les persiennes de la pièce où nous nous trouvions et c’est à travers elles que nous avons suivi ce qui se passait dans la rue.

C’était la débandade. Les femmes qui criaient, les hommes qui couraient, on tirait les enfants par la main. Il y en a même qui ont abandonné leurs chaussures. Les coups de feu sont partis des terrasses des immeubles avoisinants. Les immeubles du quartier n’avaient pas de toit mais des grandes terrasses, où il y avait des lavoirs.

Mon mari m’a dit : « Je vais aller chercher la radio dans la chambre pour écouter s’ils donnent des informations sur ce qui se passe. » Cette pièce donnait elle aussi sur le boulevard. Au moment où il ressortait de la chambre, il y a eu une rafale de mitraillette qui a été tirée sur lui et il a eu juste le temps de s’abriter dans le couloir. Après coup, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait au moins quatre ou cinq impacts de balles sur toute la hauteur de la fenêtre. Les vitres et la crémone était cassée. Une balle est allée se ficher en bas dans le lit. Une autre est allée dans une autre chambre de l’autre côté du couloir. Une autre a ricoché sur le mur et a frappé l’armoire. C’étaient des trajectoires qui ne pouvaient provenir de tirs à partir de la rue, mais uniquement du toit de l’immeuble en face du nôtre. Toutes les personnes qui ont vu les impacts de balle nous ont confirmé ce point. Mon mari avait fait la seconde guerre mondiale et avait des connaissances sur les armes.

À travers les persiennes, nous avons vu une voiture cernée par la foule, qui a fait descendre l’homme qui la conduisait. Il était accompagné d’un enfant qui est resté dans la voiture. A ce moment un policier ou soldat de l’ALN [Armée de libération nationale] est arrivé en courant. Il a sorti son pistolet et a tenu en joue les manifestants. Il a fait remonter le monsieur dans sa voiture qui a pu repartir.

Notre gardien et sa femme, dont l’appartement donnait de l’autre côté, sur une petite rue parallèle au boulevard, nous ont proposé de nous mettre à l’abri chez eux. Notre gardien, qui était un Espagnol antifranquiste émigré en Algérie et membre du Parti socialiste, possédait un laissez-passer du FLN et un autre de l’OAS… Il nous a dit qu’avec lui, nous serions en sécurité. C’est lui qui nous a raconté que le gardien de l’immeuble d’en face, membre de l’OAS, lui avait demandé des renseignements sur mon mari et qu’il le suivait pendant un moment quand mon mari allait à son travail. Notre gardien lui a dit: « Cet homme ne se mêle pas de politique. Je réponds de lui. » Nous n’avions pas de certitude, mais le tir qui visait mon mari est parti du toit de l’immeuble dont ce membre de l’OAS était le gardien…

Notre cousin Léon nous avait quittés pour rentrer chez lui et retrouver sa mère. Il était descendu dès les premiers coups de feu. Le soir, en se parlant avec des voisins d’un balcon à l’autre, j’ai été prévenue qu’il n’était pas rentré à son domicile. Le lendemain, il n’avait toujours pas donné signe de vie. La ville était partagée en deux secteurs, l’un où nous habitions qui était sous l’autorité de la police du FLN et l’autre à majorité européenne placé sous la protection des gardes mobiles français. Il paraît qu’il n’y avait plus qu’une centaine de policiers du FLN pour assurer la sécurité dans notre quartier.

Mon mari a continué d’aller travailler régulièrement. Les trois membres de notre famille qui vivaient dans l’autre secteur de la ville, n’ont pas voulu que je reste seule dans notre logement et nous sommes allés les rejoindre dès le 6 juillet dans leur appartement, car leur quartier semblait plus sûr. Tous les matins, cependant, mon mari m’accompagnait jusqu’à notre appartement du boulevard Joffre où je préparais notre futur déménagement.

Le lendemain de la disparition de notre cousin, nous nous sommes rendus, avec les autres membres de notre famille, au commissariat central pour essayer d’avoir des informations. Nous avons été très correctement reçus. D’ailleurs le commissaire que nous avons vu était déjà dans la police avant l’indépendance. Mais, il n’y avait aucune nouvelle de notre cousin Léon.

Nous nous sommes ensuite rendus au lycée Ardaillon, qui était occupé par l’ALN. Là, on nous a indiqué qu’on ferait des recherches. Nous avons appelé les hôpitaux sans plus de succès. Nous avons appris que des personnes avaient été assassinées notamment boulevard Gallieni [boulevard de la Soummam], mais je n’avais rien vu de là où nous étions.

Nous avons su qu’un monsieur avait été tué dans un immeuble derrière chez nous. D’après ce qu’on nous a dit, il avait chez lui une tenue militaire et des gens ont pensé que c’était un militaire français alors qu’en fait c’était un homme déjà âgé qui avait son uniforme de la territoriale [les Unités territoriales étaient composées de réservistes français].

Petit à petit, nous avons eu des détails et avons appris qu’il y avait eu des gens tués, enlevés… Même si parfois, les rumeurs étaient fantaisistes. Ainsi, un rabbin était censé avoir été décapité et ses assaillants avoir joué au football avec sa tête sur la place d’Armes ! Ma mère l’a ensuite vu à Paris, tranquillement assis au Brébant, le café des Grands Boulevards où se retrouvaient les Oranais…

Nous sommes restés avec l’idée que notre cousin avait été enlevé et tué. Un samedi après-midi, un mois après le 5 juillet, alors que nous faisions la sieste, nous avons entendu un coup de sonnette tonitruant. J’ai voulu aller ouvrir mais, par précaution, le cousin chez qui nous étions n’a pas voulu que j’y aille. Il a ouvert la porte et nous avons découvert Léon Tabet, l’air triomphant, malgré sa chemise et son pantalon douteux. Il nous a raconté ce qui lui était arrivé.

Juste en sortant de notre immeuble, il a été pris à parti par des manifestants qui l’ont battu. Un policier algérien est arrivé. Il l’a dégagé et a vu qu’il était blessé. Il l’a fait conduire à un dispensaire que des religieuses tenaient au Village nègre. Il y est resté quelques jours. C’est pour cela que nos démarches auprès de l’hôpital dans les jours qui ont suivi le 5 juillet étaient restées vaines. Les religieuses se sont rendu compte que son état nécessitait des soins plus importants. Elles l’ont donc fait transporter à l’hôpital. Mais, à ce moment-là nous avions arrêté nos recherches.

À l’hôpital, les médecins ont constaté que Léon avait une fracture du bras et de la clavicule. Il a été opéré par un chirurgien algérien et il est resté hospitalisé pendant un mois jusqu’au moment où on lui a dit qu’il devait quitter l’hôpital. Il est donc parti comme il était, en pyjama. Un parent avait accompagné sa mère en métropole vers le 20 juillet. Il ne l’a donc pas trouvée en rentrant à leur domicile.

Il est allé dans l’immeuble où j’habitais, mais n’a trouvé personne. Il s’est rendu dans l’immeuble d’à côté où habitait ma grand-mère, qui était déjà partie mais où il connaissait des locataires. Là, une dame lui a appris que nous étions chez notre cousine. Elle lui a donné de l’argent pour qu’il aille chez le coiffeur, car il avait une barbe d’un mois, et lui a également donné une chemise et un pantalon, ceux avec lesquels nous l’avons retrouvé. Il a rencontré un ami de notre famille qui l’a accompagné jusqu’à nous.

Nous avons contacté le consulat français qui avait été tout récemment créé. Comme nous devions partir, nous ne voulions pas le laisser seul. Le consulat français l’a pris en charge et l’a rapatrié en métropole où il a été installé dans une maison de retraite de l’armée.

Avec la population musulmane, nos rapports étaient très corrects. Ma femme de ménage, qui était musulmane, avait cessé de venir car à deux ou trois reprises, elle avait été suivie par des petits jeunes du quartier qu’on voyait armés de grands couteaux. Elle est revenue, une fois l’indépendance proclamée. Cinquante ans après, j’ai enfin eu l’occasion de la revoir, car elle est venue à Paris et m’a rendu visite.

De même, j’ai continué à aller chez un marchand de légumes musulman. Je n’ai pas rencontré d’animosité. Dans mon quartier, le 5 juillet, j’ai vu des gens qui étaient venus pour fêter l’indépendance. Je suppose que s’ils avaient eu l’intention de venir pour tirer sur des gens, ils n’auraient pas emmené des enfants et des femmes. Pendant au moins deux heures, les manifestants ont défilé dans le calme et sans agressivité. Ils ne regardaient même pas les balcons. Je sais qu’il y avait un autre défilé au boulevard du 2e Zouave [boulevard Hamou Boutlélis] qui aboutissait à l’ancienne rue d’Arzew, qu’on appelait rue du Général Leclerc [rue Larbi Ben Mhidi], où commençait le quartier « français ». Je ne sais pas ce qui s’y est passé. (souligné par moi, MB)

Après l’indépendance, un collègue musulman de mon mari lui a proposé de rester en Algérie en lui indiquant qu’il pourrait avoir un poste important dans son service. Mon mari n’a pas donné suite. Il n’était pas question de rester alors que nos enfants étaient en métropole.

Beaucoup de collègues non musulmans de mon mari étaient partis en métropole et n’avaient pas repris leur poste. Mon mari était en congés d’été à partir du 15 août et nous avions prévu d’aller à Paris. C’est ce que nous avons fait, le 11 août 1962. Quand, une fois à Paris, nous avons raconté ce dont nous avions été les témoins, certaines personnes nous croyaient, d’autres avaient l’air de trouver que nous étions favorables au FLN. Nous avons pourtant uniquement décrit ce que nous avions vu. »

Propos recueillis par Paul Benkimoun.

sources: braniya chiricahua

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ORAN – 5 JUILLET 1962 :

PÉTITION CONTRE PÉTITION

Messaoud Benyoucef

braniya chiricahua

le 22 novembre 2013

Le journal en ligne « Huffington Post » a publié une pétition initiée par un Européen d’Algérie et demandant « aux citoyens du monde et aux ONG des droits de l’homme » de faire reconnaître « le massacre du 05 juillet à Oran ». À quoi a répondu une contre-pétition initiée par des historiens français, intitulée « Ne pas instrumentaliser les massacres du 05 juillet 1962 à Oran ».

  • Ni dans l’une ni dans l’autre pétition, il n’est fait mention des victimes algériennes de cette journée de malheur que le journal de Pierre Laffont, « l’Echo d’Oran », avait pourtant dénombrées auprès de la morgue de l’hôpital et qui s’établissait à 75 morts (dont 19 femmes et 10 enfants).
  • Ni dans l’une ni dans l’autre pétition, il n’est fait mention du témoignage capital du général Katz (commandant du Secteur Territorial d’Oran) qui situe l’épicentre des événements, entre la place Karguentah et la place Jeanne d’Arc et fait porter la responsabilité aux tireurs de l’OAS embusqués dans la Maison du Colon et dans la basilique du Sacré-Coeur.
  • La contre-pétition des historiens reprend à son compte ce curieux argument, à savoir que les commandos OAS auraient quitté la ville « aux environs du 27 juin ». (On peut apprécier, en passant, le très peu scientifique « aux environs »). Qui donc était présent lors de ce départ présumé? Des officiels? Qui précisément? Comment des historiens censés pratiquer une critique intransigeante des documents et des témoignages peuvent-ils recevoir, sans ciller, cet élément capital comme vérité d’évidence, sans même s’interroger sur sa validité? Elément capital, dis-je, car on voit bien que si les tueurs de l’OAS avaient effectivement quitté la ville le 27 juin, alors les massacres du 05 juillet seraient imputables aux seuls Algériens. Force alors est de dire que l’inconséquence des historiens devient suspecte.
  • Ni dans un texte ni dans l’autre, il n’est fait mention d’un élément qui explique, en partie, le jusqu’au-boutisme de l’OAS à Oran: la présence d’une OAS juive, la Haganah Mongen, qui a à son actif les forfaits les plus atroces de la guerre, comme les voitures piégées à Mdina Jdida, l’attaque de la prison civile et les exécutions de malades et de blessés algériens sur leur lit d’hôpital. Tant de cruauté et de barbarie laissait la population algérienne dans la sidération. J’en sais quelque chose: je vivais à Oran.

Je remets donc en exergue mon témoignage sur cette journée maudite. Ce n’est que mon témoignage personnel. Il vaut ce qu’il vaut. En tout cas, il est honnête.

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ORAN – LE 5 JUILLET 1962 [[sur socialgerie:

  • “ORAN – LE 5 JUILLET 1962”braniya.blogspot – le 21 juillet 2012 – par Messaoud Benyoucef;

    http://www.socialgerie.net/spip.php?article900
  • “LES MASSACRES À ORAN EN 1962”“ORAN 1962 – TÉMOIGNAGES – L’HISTOIRE FACTUELLE”

    http://www.socialgerie.net/spip.php?article1300]]

braniya.blogspot

le 21 juillet 2012

publié par Messaoud Benyoucef

Le 05 juillet 1962, la ville d’Oran s’apprêtait à célébrer la proclamation officielle de l’indépendance. Je sortis de chez moi vers onze heures, rue Saint-André, dans le haut du quartier de Saint-Antoine, attenant à la Ville-Nouvelle et, pour cela, déserté par ses habitants européens. Je m’apprêtais à «descendre» en ville -comme on disait, fort justement d’ailleurs car la ville européenne s’étend au pied du plateau sur lequel se niche Oran.

Jusqu’à ces derniers mois, nous vivions ma tante, mon cousin et moi dans un immeuble du Derb -le quartier juif- dans lequel ma tante était concierge. Un matin, de bonne heure, mon cousin, docker de son état, fut attaqué à l’arme blanche par quatre individus qui s’avérèrent être des riverains de notre rue. C’est ainsi que nous avions appris qu’il existait une OAS juive. Mon solide cousin survivra aux coups de couteau mais, le soir même, nous déménagions à Saint-Antoine dans un autre immeuble du même propriétaire. Nous étions la seule famille arabe de cette rue. L’immeuble jouxtait un cinéma (le Magic) qui ne passait que des films égyptiens ; les habitués de cette salle étant tous des Arabes, de jeunes riverains européens tentèrent d’y mettre le feu après avoir enfermé les spectateurs dans le cinéma, en fermant les issues. Le jeune employé arabe du cinéma (Mohamed Douma, dont la rue du cinéma porte aujourd’hui le nom) ouvrit les portes et donna l’alerte. Il fut abattu sur place, d’une balle dans la tête par les jeunes ultras du quartier. Nous partîmes le jour même en catastrophe pour le haut du quartier, vers la rue Saint-André où ma tante trouva une pièce à louer.

Le 05 juillet. Avant d’emprunter le boulevard Mascara, je jetai un regard sur le commissariat de police du 4ème arrondissement, sis place de la Liberté. J’eus une pensée pour son chef, le commissaire Jurandon, récemment assassiné par l’OAS. Nous, je veux dire la population arabe de la Ville-Nouvelle et de Saint-Antoine-le-haut, l’avions protégé comme nous l’avons pu. La nuit, nous organisions la surveillance du commissariat depuis les terrasses qui entouraient la place. À la moindre alerte, nous nous tenions prêts à bombarder de pierres et de bouteilles les voitures des commandos OAS qui tentaient, presque chaque nuit, d’investir le commissariat et de tuer Jurandon. Nous les avons ainsi mis en déroute plusieurs fois. Le jour, il n’y avait rien à craindre pour le commissaire qui était chez lui en Ville-Nouvelle; tout le monde connaissait l’homme européen qui ne sortait jamais sans sa pipe, signe de reconnaissance: un frère qu’il fallait protéger. Jurandon ne commit qu’une faute de vigilance et elle lui fut fatale: il se rendit dans le quartier européen mitoyen de Saint-Antoine, Boulanger-Magnan, pour y retirer un courrier au bureau de poste. C’est le receveur qui l’avait appelé au téléphone. Jurandon devait avoir une confiance totale en cet homme puisqu’il ne soupçonna pas le traquenard : les tueurs de l’OAS l’attendaient là. Ce fut un jour noir pour nous, un jour de deuil.

Les deux dernières années de la guerre avaient été particulièrement terribles pour la Ville-Nouvelle que les Européens appelaient le Village-Nègre. Il ne s’agissait nullement d’habitations de torchis ou d’un bidonville, moins encore d’une médina traditionnelle mais bien de maisons en ciment et en moellons, avec des rues spacieuses et des places bien tenues, des commerces et des cafés en nombre, bref un ensemble urbain qui ne détonnait aucunement avec son environnement architectural immédiat. Mais les Européens ne voulaient rien savoir : c’était un quartier pour les Arabes, donc un village nègre. C’est le général Clauzel qui avait ordonné la construction de cette « ville » afin qu’elle serve de refuge aux tribus arabes qui refusaient de suivre l’émir Abdelkader dans son combat contre l’envahisseur français. La Ville-Nouvelle fut érigée hors les murs d’Oran, juste sous les remparts des casernes militaires qui la ceinturaient. J’eus une pensée en forme de sourire ironique. Le général Clauzel avait droit à une rue portant son nom en Ville-Nouvelle. C’était bien le moins. Sauf que les Arabes l’appelaient la «vilaine rue», non pas à cause de l’officier dont la plupart des gens ignoraient tout mais à cause des lupanars qui avaient élu domicile dans cette artère. Sic transit gloria Clauzeli.

Avec l’extension d’Oran, la Ville-Nouvelle se trouva prise dans le tissu urbain, entourée de casernes et de quartiers européens, coupée des quartiers arabes, tous relégués en périphérie. Le professeur Claude Liauzu a pu écrire que la ville d’Oran était un exemple de ségrégation raciale de l’espace urbain: la mixité des populations n’y existait pratiquement pas [[Cf Claude Liauzu – “Histoire des migrations en Méditerranée occidentale.” Éditions Complexe]]. De fait, Oran était une ville européenne, architecturalement et démographiquement : les Européens, en majorité d’origine espagnole, y étaient plus nombreux que les Arabes. À ces spécificités, Oran en ajoutera une autre: l’engagement d’une partie des habitants juifs dans l’OAS; ils en formeront un détachement connu sous le nom de Hagana. (C. Liauzu la nomme Hagana Mongen)[[Idem]]. La Hagana aura à son actif, entre autres hauts faits de gloire, l’attaque de la prison civile (35 détenus tués) et celle des hôpitaux[[Cf Rémi Kauffer – “OAS, histoire d’une guerre franco-française”. Seuil éditions (2002)]] durant laquelle des malades arabes étaient achevés d’une balle dans la tête sur leur lit.

Dès l’automne 61, la Ville-Nouvelle, quotidiennement mitraillée par les snipers de l’OAS du quartier voisin dit Le plateau Saint-Michel, pilonnée au mortier, vécut l’enfer. Complètement encerclée, la Ville-Nouvelle allait supporter un véritable siège. Souvent, le tabac manquait; l’approvisionnement en produits alimentaires courants était aléatoire. Le summum de la cruauté et de l’horreur fut atteint un après-midi du mois de ramadan (28 février 1962). Ce fut une première dans cette guerre: deux voitures piégées avec des obus de 105 mm explosèrent en pleine esplanade centrale (Tahtaha) où il y avait toujours foule. Un carnage. Corps déchiquetés à un point tel qu’il était impossible de tous les dénombrer. Les cadavres que l’on put reconstituer étaient au nombre de 75. La technique étant celle employée par les groupes terroristes sionistes qui agissaient en Palestine, à l’époque du mandat britannique, on l’attribua à la Hagana. La population criait vengeance; les gens du FLN et l’armée française eurent beaucoup de mal à empêcher la foule de se lancer à l’assaut du Plateau Saint-Michel d’où les tueurs de l’OAS nous canardaient quotidiennement.

Si j’étais passé dix minutes plus tôt par l’esplanade -qui se trouvait sur mon itinéraire habituel-, la vie du petit instituteur remplaçant que j’étais se serait arrêtée là, à dix-huit ans. Je venais, en effet, d’achever mes études secondaires et il me fallait travailler pour aider ma tante. Ayant appris que l’académie recrutait des intérimaires pour l’enseignement élémentaire, je me portai candidat. Je reçus très vite une réponse sous forme d’affectation sur un poste d’instituteur intérimaire « en remplacement de M. Schmitt, pour l’année scolaire 1961-62 ». Une image habite depuis lors ma mémoire : les lambeaux de chair humaine accrochés aux fils électriques tels de gros oiseaux perchés là.

Le 05 juillet. Je dévalai le boulevard de Mascara et pris le boulevard Joffre en pensant à la belle journée que j’avais passée le 3 juillet. Cet après-midi-là, avec mon ami Mimoun -un fou de cinéma-, nous sommes «descendus» dans la ville européenne. Nous avons «fait» toute la rue d’Arzew -les Champs Elysées d’Oran, toutes proportions gardées!- et nous nous sommes arrêtés au cinéma «Lynx» -le plus grand écran de la ville, disait la réclame- qui passait un film avec Elvis Presley (je crois que c’était Girls! Girls! Girls!). Les deux jeunes ouvreuses semblaient perplexes, sinon inquiètes : deux Arabes en ville européenne! Nous leur avons souri, elles nous ont souri et souhaité bon spectacle. Je crois que nous n’étions pas plus de cinq spectateurs.

Le soir, la Ville-Nouvelle avait organisé un concert de musique sur la place Sidi-Blal. Ce fut un moment de très grande émotion quand l’enfant chéri du quartier, le musicien-chanteur Blaoui Houari, entonna une chanson inédite à la mémoire de cet autre fils de la Ville-Nouvelle, Ahmed Zabana, premier guillotiné de cette guerre, dont l’exécution, le 19 juin 1956, sous le proconsulat de Robert Lacoste, le M(S)inistre Résident (et néanmoins militant SFIO guillotineur) sera aux origines de la bataille d’Alger.

Le 05 juillet. À la bifurcation du cinéma Le Paris, je pris le boulevard du 2ème Régiment de Zouaves -le 2ème Zouaves- au lieu de continuer à descendre le boulevard Joffre en direction de la Place d’Armes où se tenait un meeting. De jeunes scouts remontaient le boulevard Joffre en chantant. Je traversai le rond-point Karguentah, longeai la Maison du Colon et arrivai à la place Jeanne d’Arc où un meeting devait selon toute vraisemblance se tenir. En effet, la place grouillait de femmes voilées de blanc et d’enfants revêtus d’habits de fête. Les petits scouts arrivaient.

La place Jeanne d’Arc est un square adossé à la basilique du Sacré-Coeur, une cathédrale de style romano-byzantin, érigée au début du XX° siècle. La basilique ouvre, par de larges escaliers, sur un parvis où trône la statue équestre dorée d’une Jeanne d’Arc prête à en découdre, sans doute. La place est bordée, au nord, par le boulevard du 2ème Zouaves; à l’ouest, par la rue Jeanne d’Arc qui borde les bâtiments et les jardins de l’évêché; à l’est, par la rue des Lois, parallèle à la première, où stationnent les autocars Amoros, son seul titre de gloire. L’évêché et son jardin sont écrasés par l’imposante Maison du Colon qui surplombe la place Jeanne d’Arc. C’est un bâtiment présomptueux, tournant le dos au square, avec des frises imitant les mosaïques romaines et dévolues à la gloire des colons romains et européens, saisis dans une continuité qui voulait tout dire.

Je décidai d’observer une halte. Je me tenais face à la basilique, au bord de la place, donnant le dos au 2ème Zouaves et baignant dans une sorte d’état séraphique, accueillant au monde et à la vie : j’avais vécu tout le siège de la Ville-Nouvelle ; j’avais échappé cent fois à la mort ; je me disais à cet instant précis que j’étais un miraculé ; ce qui, chez nous, se dit autrement : j’avais eu la baraka.

Il était à peu près midi. Les premières détonations, je les situai du côté du boulevard Joffre. La place devint subitement silencieuse. Tout le monde dressa l’oreille. Alors, se produisit la deuxième vague de détonations, terriblement proches, au point qu’elles semblaient éclater dans mes oreilles. La panique foudroyante transforma le square en tohu-bohu: nombreux étaient ceux qui s’étaient jetés à terre, la majorité fuyait, remontant les deux rues parallèles; cris, hurlements de femmes et d’enfants; souliers et voiles abandonnés. À la première rafale, je m’étais élancé en avant; une femme voilée tomba, me percuta, me fit perdre l’équilibre. Avait-elle été touchée? J’essuyai mon visage car quelque chose de chaud l’avait éclaboussé. Peut-être est-ce cela qui me sauva? Le fait est que je repris immédiatement mes esprits et me réfugiai derrière un arbre où s’était déjà planqué un ATO (policier auxiliaire) qui tirait avec son pistolet en direction de la Maison du Colon. Le policier hurlait: «Ne reste pas près de moi!» J’ai regardé autour de moi: les fenêtres des appartements du 2ème Zouaves et celles de la rue des Lois étaient fermées. Les tirs ne pouvaient provenir que de la Maison du Colon, me dis-je. Alors, je pris mon élan et traversai d’un bond la rue Jeanne d’Arc; là, protégé par le mur de l’évêché, je me mis à courir comme un dératé: rue Jeanne d’Arc, square Garbé, rue Beauprêtre, boulevard et place Sébastopol, enfin. J’étais arrivé à la porte d’entrée de la Ville-Nouvelle; je ralentis l’allure pour reprendre mon souffle. Je vis un groupe de quatre jeunes gens arriver derrière moi en courant, fuyant la place Jeanne d’Arc, et un homme âgé, un Européen bedonnant, qui descendait le boulevard Sébastopol. Il ne semblait ni inquiet ni pressé de se mettre à l’abri alors que la fusillade continuait en contrebas. Le groupe lui asséna quelques coups de poing qui le mirent à terre et poursuivit sa course. Au moment où l’homme se relevait péniblement, une voiture qui descendait le boulevard Fulton à tombeau ouvert, visiblement prise de panique, le percuta de plein fouet. La voiture ne s’arrêta pas.

Sur l’esplanade centrale de la Ville-Nouvelle – Tahtaha-, je vis un attroupement: un jeune couple d’Européens au milieu d’un cercle formé de jeunes excités, menaçants, l’insulte à la bouche. Un homme que je connaissais bien, un ancien de la CGT et du parti communiste expulsé de mon village natal et interdit de séjour depuis, faisait face, seul, au groupe vociférant. Calmement: «Soyez raisonnables! Ces gens étaient parmi nous; ils ne peuvent pas avoir fait de mal.» Tout autour, des vieux approuvaient silencieusement. Mais personne n’osait prendre la parole. Le couple fut amené par les jeunes, on ne sait où.

Au début de l’après-midi, un détachement de l’ALN -dont les unités étaient cantonnées à Pont-Albin, à quelques cinq km à l’ouest de la ville-, descendait la rue de Tlemcen, qui borde Saint-Antoine. Les djounouds rasaient les murs, marchant à distance les uns des autres. À hauteur du cinéma Rex, il y eut des coups de feu qui semblaient provenir du côté du Derb, le quartier juif. Les détonations continuèrent un moment, se déplacèrent vers le centre-ville puis cessèrent. Il était à peu près quatorze heures. Le calme était revenu sur la ville.

Vers seize heures, j’allai aux nouvelles au café de mon autre cousin, place Sidi-Blal. Là, avaient l’habitude de se retrouver de vieux militants politiques, gens d’expérience, instruits et pondérés. Selon eux, les tirs de la place Jeanne d’Arc provenaient de la Maison du Colon ainsi que de la cathédrale et étaient le fait de commandos OAS irrédentistes. Si les tirs provenant de la Maison du Colon étaient une certitude pour moi, j’avoue que je trouvai extravagant de penser que la cathédrale ait pu cacher des tireurs. J’attribuai ces exagérations au fait que l’évêque d’Oran, Mgr Lacaste, -autre spécificité de la ville-, témoignait d’un tropisme pro-OAS notoire, à rebours de la hiérarchie de l’Église d’Algérie qui eut une position nettement plus honorable.

Des nouvelles parvenaient de l’hôpital, très proche de là; on parlait, à la fin de la journée, de dizaines de morts arabes. (Il faudra attendre le lendemain et les jours qui suivirent pour avoir des détails sur les victimes. L’Écho d’Oran et l’Écho du soir, les deux quotidiens de Pierre Laffont, publieront les listes des morts et des blessés: 75 Arabes tués, dont 19 femmes et 10 enfants, et 25 Européens. Il s’agissait des victimes recensées à la morgue de l’hôpital.) En réalité, les victimes européennes furent plus nombreuses.

Vers dix-sept heures, parvint la nouvelle qui nous laissa pantois: il y aurait eu un véritable massacre d’Européens au quartier du Petit-Lac. Situé à l’extrême sud-est de la ville, près de la route qui mène à l’aéroport ainsi qu’au port, face au bidonville de Sanchidrian, le Petit-Lac jouxtait une décharge municipale. Là, ainsi que sur toute l’enfilade de quartiers arabes (Lamur-Victor-Hugo-Petit-Lac), régnaient les «marsiens» du groupe de ‘Attou. J’enseignais durant cette année dans une école située à la limite du quartier arabe de Lamur et à celle du quartier européen de Saint-Hubert. Je peux témoigner de la réalité de la peur qu’inspiraient à la population de ces quartiers, ces jeunes chefaillons qui défouraillaient pour un oui ou pour un non, et dont certains d’entre eux étaient mus à l’évidence par des ressorts autres que patriotiques. La rumeur attribuait à la bande à ‘Attou les massacres qui se seraient produits au Petit-Lac. On disait qu’ils sillonnaient la ville, enlevaient des Européens et les menaient au Petit-Lac pour les y massacrer. On dit également qu’ils dressèrent des barrages sur la route du port et y capturèrent des Européens qu’ils exécutèrent.

Que les hommes de ‘Attou aient opéré des raids dans le centre-ville, est hautement probable. Mais pourquoi auraient-ils emmené leurs victimes jusqu’au Petit-Lac, très loin de là, pour les y exécuter? Cela n’a pas de sens. Qu’est-ce qui les aurait empêchés de les tuer sur place? À moins de supposer que les hommes de ‘Attou fussent en possession de listes nominatives d’activistes de l’OAS et qu’ils aient procédé à leur arrestation puis les aient emmenés au Petit-Lac, leur quartier général. Je sais, par exemple, que dans mon école, un collègue européen fournissait des noms d’activistes OAS à l’une de nos collègues arabes, Rahmouna de son prénom -nous étions quatre Arabes sur un effectif de 24 enseignants- qui était en cheville avec le réseau de ‘Attou, car elle habitait Victor-Hugo.

S’agissant maintenant des barrages sur la route de l’aéroport (et du port), il faut rappeler que quelque temps auparavant, des commandos OAS déguisés en militaires du contingent, avaient investi le bidonville de Sanchidrian (très proche du Petit-Lac). Les habitants accueillirent les «soldats» sans méfiance car l’armée française était devenue une alliée objective dans la lutte contre l’OAS. Les commandos séparèrent les hommes du reste des habitants et les fusillèrent devant leurs femmes et leurs enfants. Des dizaines de morts. Que des habitants de Sanchidrian et du Petit-Lac aient dressé des barrages sur la route de l’aéroport, enlevé des Européens et les aient tués ou emmenés au QG de ‘Attou est tout-à-fait plausible.

À combien se dénombrent les victimes européennes ? Des chiffres hyperboliques ont été avancés: plusieurs milliers, dit-on. D’un point de vue simplement matériel, c’est strictement impossible: les djounouds du capitaine Bakhti Nemiche ont investi le Petit-Lac vers dix-sept heures. Dans le même moment, les militaires français se déployaient dans la ville sur ordre du général Katz, en accord avec le capitaine Bakhti Nemiche. En cinq heures de temps (de midi à dix-sept heures), une bande de quelques dizaines de personnes aurait donc pu exterminer cinq mille personnes (comme cela a été avancé)? Soyons sérieux. La tragédie de cette journée de fête qui s’est muée en tuerie est assez éprouvante dans son horreur pour qu’il soit nécessaire d’en rajouter et d’attiser encore et toujours les haines, en faisant fi de la simple vérité des faits. Aujourd’hui, cinquante ans après ces tragiques événements, et après que de nombreuses bouches se sont ouvertes, il est raisonnable de situer le chiffre des Européens tués et ensevelis au Petit-Lac autour de 150.

Dans tous les reportages et récits que j’aurai l’occasion de lire sur ce drame, personne ne revient sur le chiffre des victimes arabes mais tout le monde est obnubilé par le seul chiffre des victimes européennes. Pourtant c’est le très influent Écho d’Oran, l’un des plus puissants porte-voix de la colonisation, le plus fort tirage d’Algérie comme disait sa réclame, qui l’a établi: 75 morts arabes. Des femmes, des enfants, des hommes, sortis la joie au cœur pour fêter la fin du calvaire de la ville, tués. Qui donc les a assassinés? À cette question, particulièrement gênante, la réponse est systématiquement celle-ci: les Arabes ont été victimes de règlements de comptes, de l’anarchie régnant entre groupes armés incontrôlés. Mais les femmes? Les enfants endimanchés? Qui sont tous morts dans la ville européenne qui plus est? Pourquoi ces groupes armés seraient-ils descendus régler des comptes en pleine ville européenne? Il y a une égale mesure de cynisme, de malhonnêteté intellectuelle et de racisme dans ce type de réponse. En vérité, il n’y avait ni anarchie ni règlement de comptes entre des fidaïs. La ZAO -zone autonome d’Oran- était, quoi qu’on en ait dit ici ou là dans des raccourcis et des clichés suspects, relativement bien tenue et ses deux chefs, Abdelbaki Bachir-Bouyadjra et Abdelhamid Benguesmia-Chadli, jouissaient du respect général, quoique la vérité de cet état de fait soit à rechercher dans l’extraordinaire sens de la discipline et des responsabilités dont fit preuve le bon peuple. (Un jour, le lieutenant de l’escorte de gendarmes mobiles qui accompagnait les enseignants européens de notre école et avec lequel j’avais sympathisé, m’a dit que si les Français d’ici n’avaient pas réussi à s’entendre avec des gens comme nous, tant pis pour eux. Ce fut un très bel hommage rendu au peuple d’Oran.)

D’autre part, une curieuse assertion est constamment martelée par cette même littérature: « les commandos de l’OAS avaient quitté la ville avant le 1er juillet». Cette affirmation fonctionne comme une vérité d’évidence qui n’aurait plus à fournir ses titres de créance. Ce faisant, elle empêche -c’est sa fonction cachée- de se poser une simple question de bon sens: qui aurait pu vérifier que les tueurs de l’OAS avaient quitté la ville? Encore aurait-il fallu les connaître, les dénombrer et avoir présidé à leur départ. Voici un témoignage personnel qui suffit à mettre à mal cette «vérité d’évidence».

En août 1963, j’entrepris un périple touristique en France, en Espagne et au Maroc. À Alicante, nous fîmes, mon compagnon de voyage et moi, une virée dans une boîte de nuit dont l’enseigne nous avait attirés car c’était la même que celle d’une homologue célèbre d’Oran (située sous le Café-Riche et proriété, d’ailleurs, de l’un des chefs de l’OAS locale, El Grigui, le Grec, Athanase Georgopoulos), le «Whisky à gogo». Nous nous apprêtions à prendre l’escalier de la cave en devisant quand un homme, jeune, qui se tenait près du guichet, nous apostropha. «Vous êtes Français? -Algériens. -D’où vous êtes? – d’Oran. – Originaires d’Oran même? – Moi, je suis originaire de Rio-Salado et lui (mon copain) d’Aïn-Témouchent. -Tape cinq ! Moi je suis de ‘Aïn-El-Arba (un village à 60 km d’Oran et à 24 km du mien, dans la riche plaine de la Mlata).» La conversation se poursuivit et on en vint à parler du… 05 juillet 1962. «J’ai été arrêté par les gens du FLN et amené au Petit-Lac. Je crois qu’ils étaient bien renseignés sur moi, j’étais dans les commandos de l’OAS. Puis sont arrivés les gens de l’ALN. Un des soldats qui me fixait avec insistance est venu vers moi : « Tu me reconnais pas? » C’était un ancien ouvrier de notre ferme. Il m’a fait libérer immédiatement. Sinon, j’allais passer à la casserole. Bon… C’est l’heure où les copains de l’OAS vont venir; on est tous condamnés et recherchés, on peut pas rentrer en France… Ils vont boire et ils vont devenir dangereux pour les Arabes… Avant-hier soir, ils ont tué deux Marocains qui passaient par là… Finissez vos verres et dépêchez-vous de partir.»

C’est lui qui a payé à boire et il nous a remboursé l’entrée. La baraka était encore avec moi ce soir-là et elle avait pris les traits d’un ex-ouvrier agricole qui a sauvé la vie au fils de son ex-patron. Ce dernier a remboursé sa dette en sauvant deux jeunes Arabes. Sinon, j’aurais fini ma courte existence -20 ans- dans une boîte de nuit d’Alicante.

Trente ans plus tard, je lus l’ouvrage du général Katz, commandant la place d’Oran à l’époque des faits. Je fus stupéfait d’y lire que les tirs sur la place Jeanne d’Arc provenaient de la Maison du Colon et de la cathédrale. Ce qui corroborait les paroles des vieux du café de la place Sidi-Blal prononcées le soir de ce Cinq juillet de sinistre mémoire et que je ne voulais pas croire. Le général y accuse d’ailleurs l’évêque d’Oran d’avoir à plusieurs reprises caché des commandos de l’OAS traqués par les gendarmes mobiles.[[Cf Joseph Katz – L’honneur d’un général. Éditions de L’harmattan]]

Le 05 juillet à la nuit tombée, je suis sûr que tout les Oranais -ou peu s’en fallait- partageaient mon sentiment mitigé: la honte pour les massacres commis sur des Européens; la colère contre ceux qui avaient réussi à transformer un jour de fête en jour de deuil et qui ne pouvaient être que ceux que révulsait le spectacle qu’offrait Oran du 1er au 5 juillet: des Arabes se promenant paisiblement en ville européenne; des Européens se promenant en Ville-Nouvelle et y faisant leur marché.

C’était cela l’enjeu réel de cette journée: empêcher la cohabitation des Arabes et des Européens car si cela devait se produire, à quoi auraient servi ces mois de folie sanguinaire? Le lendemain, je quittai la ville pour aller offrir mes services aux élèves d’un douar reculé.

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http://braniya.blogspot.fr/2012/07/oran-5-juillet-1962.html

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NE PAS INSTRUMENTALISER LES MASSACRES DU 5 JUILLET 1962 à ORAN

réponse aux textes du Huffington Post,

et à la pétition internationale lancée

par Jean Pierre Lledo le 5 novembre 2013

Le cinéaste documentariste Jean-Pierre Lledo a lancé le 5 novembre 2013 sur le site du Huffington Post une pétition internationale intitulée « 5 Juillet 1962 à Oran, Algérie », fondée sur une vision partielle des événements survenus à Oran le jour où était célébrée l’indépendance de l’Algérie, qui instrumentalise les massacres d’Européens perpétrés alors dans cette ville. [Source : Le [“Huffington post”, le 20 novembre 2013.]]

Les massacres d’Européens du 5 juillet à Oran ne doivent faire l’objet d’aucun déni. Il apparaît que les deux États n’ont pas communiqué aux familles des disparus toutes les informations qu’ils avaient pu réunir sur leur sort tragique et qu’elles étaient en droit d’attendre. Ces crimes méritent d’être encore davantage étudiés et reconnus.

Le film “Algérie 1962. L’été où ma famille a disparu,” par exemple, relatant l’enquête honnête et scrupuleuse que la documentariste Hélène Cohen a menée sur la disparition tragique de cinq membres de sa famille à Oran ou dans ses environs, mérite d’être davantage diffusé. Mais, en ce qui concerne les auteurs des ces crimes, tout en n’écartant l’examen d’aucune responsabilité, y compris au sein du FLN d’Oran ou de l’ALN des frontières, il ne faut pas non plus en venir à mettre en cause de manière globale et simpliste les indépendantistes algériens, ni négliger les nombreux témoignages qui relatent des faits de délinquance pure, commis dans un moment d’anarchie, de parcellisation extrême ou de vacance du pouvoir.

En affirmant que ces crimes sont « passés sous silence », ce sont en réalité les importants travaux d’historiens effectués depuis vingt ans, en France et en Algérie, sur ces massacres que cet appel passe sous silence. En isolant ces enlèvements et assassinats de leur contexte, il s’interdit d’en faire une véritable approche historique.

Or en 1993, l’historien Charles-Robert Ageron, dans sa préface à l’ouvrage du général Joseph Katz, “L’honneur d’un général, Oran 1962”, a expliqué comment cet officier français commandant du corps d’armée d’Oran, qu’il qualifie de « courageux défenseur de la République face à la rébellion de l’OAS à Oran », a servi la légalité en cherchant à éviter au maximum les victimes civiles parmi les Européens de la ville qui soutenaient alors majoritairement l’OAS. Il a décrit comment, durant les mois précédant l’indépendance proclamée le 5 juillet, l’OAS d’Oran, composée et commandée par des civils armés organisés en « collines », a déployé des actions dont ont été victimes, de manière ciblée, les éléments minoritaires de la population pied-noire qualifiés par eux de « gaullistes », « socialistes », « communistes » et autres « traîtres », ainsi que, de manière aveugle, les personnes de la population « musulmane » d’Oran.

Des quartiers où vivaient ces dernières furent l’objet de tirs de mortier; le 6 avril, par exemple, 14 Algériens ont été tués dont quatre carbonisés dans leur véhicule. Et la spécificité de ce drame du 5 juillet à Oran qui n’a heureusement pas eu d’équivalent dans les autres villes d’Algérie ne peut se comprendre si on omet le fait que l’OAS d’Oran, en refusant l’accord de cessez-le-feu que l’OAS d’Alger avait conclu le 17 juin avec le FLN, a continué pendant deux longues semaines à tuer, à détruire et à incendier au nom d’une folle stratégie de la terre brulée.

Charles-Robert Ageron a donné le bilan publié officiellement par les autorités françaises, des victimes de ce terrorisme de l’OAS à Oran entre le 19 mars et 1er juillet 1962 : 32 morts parmi les membres des forces de l’ordre françaises, 66 morts parmi les civils européens et 410 parmi les Algériens « musulmans ».

Des historiens algériens tels Fouad Soufi et Saddek Benkada ont publié aussi des travaux sur ce drame. En novembre 2000, lors d’un colloque à la Sorbonne en l’honneur de Charles-Robert Ageron, Fouad Soufi a montré notamment qu’à lui seul l’attentat aveugle de l’OAS du 28 février par un véhicule piégé qui a explosé en plein cœur du plus important quartier musulman d’Oran, la Ville Nouvelle, avait fait 35 tués dont une petite fille âgée de 10 ans et 50 blessés.

Il a rappelé la véritable guerre livrée par l’OAS à l’armée française, les assassinats par elle au mois de juin de ses officiers, le lieutenant-colonel Mariot le 12 juin, du général Ginestet et le médecin-commandant Mabille, en plein hôpital, le 15 juin. Ensuite, aux alentours du 27 juin, les commandos de l’OAS ont quitté la ville sur des chalutiers et autres navires qui les ont conduits en Espagne franquiste, avec leurs armes et les centaines de millions de francs résultant de leurs hold up faciles des mois précédents.

C’est dans ces conditions que le 5 juillet des crimes odieux ont été commis contre des civils européens, dont beaucoup n’étaient pas des extrémistes, se croyaient protégés par leurs bonnes relations avec des Algériens musulmans et étaient disposés à continuer à vivre là où ils avaient toujours vécu, dans l’Algérie indépendante.

Ce n’est pas en écrivant une histoire hémiplégique qui ne s’intéresse qu’à une seule catégorie de victimes, qui occulte le rôle crucial de l’OAS et isole ces crimes sans les replacer dans la longue suite de ceux qui les ont précédés, que l’on peut écrire réellement l’histoire, ni parvenir à une véritable reconnaissance réciproque de tous les drames qui ont marqué cette guerre. Les massacres d’Européens le 5 juillet 1962 doivent assurément être reconnus et éclairés, mais à les renvoyer, comme le fait Jean-Pierre Lledo, à une soi-disant barbarie inhérente aux Arabes, de l’Algérie d’alors à la Syrie d’aujourd’hui, on s’écarte du nécessaire travail historique et bascule dans une instrumentalisation partisane et caricaturale de l’histoire.

Les historiens : Dalila Aït-el-djoudi, Omar Carlier, Etienne Copeaux, Ali Guenoun, Mohammed Harbi, Jean-Robert Henry, James House, Gilles Manceron, Claire Mauss-Copeaux, Gilbert Meynier, Tramor Quemeneur, Alain Ruscio, Benjamin Stora.

et

– Lhaouari Addi, sociologue,

– Sanhaja Akrouf, militante associative,

– Tewfik Allal, Manifeste des libertés,

– Sidi Mohammed Barkat, enseignant-chercheur,

– Yahia Belaskri, journaliste et écrivain,

– Ali Bensaad, géographe,

– Abderrahmane Bouchène, éditeur,

– Alice Cherki, psychanalyste,

– Hélène Cohen, auteur du documentaire “Algérie 1962. L’été où ma famille a disparu”, 2011,

– Ahmed Dahmani, universitaire,

– Pierre Daum, journaliste, auteur de « Chronique d’un massacre annoncé Oran, 5 juillet 1962 », Le Monde diplomatique, janvier 2012.

– Abdelkader Djemaï, écrivain, auteur de “Une ville en temps de guerre”, récit, Seuil, 2013.

– Sadek Hadjerès, responsable en 1962 du PCA clandestin, rédacteur au site Socialgérie,

– Aziz Mouats, Université de Mostaganem, l’un des quatre personnages du film de Jean-Pierre Lledo, “Algérie, histoires à ne pas dire”, 2008.

– François Nadiras, webmestre du site LDH Toulon,

– Jacques Pradel, président de l’Association nationale des pieds-noirs progressistes et leurs amis (ANPNPA),

– Brahim Senouci, universitaire,

– Michèle Villanueva, auteur de “L’écharde”, Maurice Nadeau, 1992.

Contact : contacts@ldh-toulon.net

sources:

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VÉRITÉ ET JUSTICE SUR L’ASSASSINAT D’AHMED KERROUMI – APPEL À SIGNATURES

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VÉRITÉ ET JUSTICE SUR L’ASSASSINAT D’AHMED KERROUMI

e-mail: kerroumi.ahmed@yahoo.fr

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Ahmed Kerroumi, enseignant/chercheur et militant infatigable pour les libertés, la démocratie et le progrès social, a été effroyablement assassiné à l’âge de 53 ans. Disparu 4 jours durant, son corps portant des traces de violents coups portés à la tête, a été retrouvé sans vie, le 23 avril 2011 au siège du MDS à Oran, Mouvement au sein duquel il militait.

Si un présumé coupable a bien été arrêté, la voiture et les effets personnels de feu Ahmed Kerroumi restent, en revanche, à ce jour étrangement introuvables.

L’assassin présumé, du fond de sa cellule, clame toujours son innocence. Bien qu’ayant fait des aveux, sous la torture, soutient-il, il a été incapable de renseigner les enquêteurs sur le sort réservé au véhicule du défunt et à ses affaires.

Le procès de « l’affaire Kerroumi » qui devait se dérouler le 30 septembre 2013 a été reporté sine die en raison du retrait des avocats de la défense; retrait justifié par le dédain réservé à leurs nombreuses requêtes.

Pour rappel, ces requêtes portent sur des vices de procédure et de nombreuses carences (refus d’ordonner des contre-expertises, de procéder à un complément d’enquête, de convoquer au procès des témoins essentiels voire déterminants tel le médecin légiste, manipulation de l’historique des appels téléphoniques, rétention de documents, etc.) qui ont caractérisé la phase d’enquête préliminaire et l’Instruction.

Alors que les nombreuses et lourdes interrogations pertinentes demeurent sans réponses et que des zones d’ombres ne cessent d’enfler provoquant doute et suspicion au sein de très larges franges de l’opinion, le procès, contre tout bon sens, et comme si de rien n’était, est reprogrammé pour le 9 décembre prochain.

Nous, collègues, proches et amis (es) de feu Ahmed Kerroumi, mobilisés (es) pour que toute la lumière soit faite sur son horrible assassinat et pour que justice soit rendue :

Tenons à :

  • rendre hommage à l’homme, à l’universitaire et au militant connu, estimé et respecté pour sa gentillesse, son engagement, sa rectitude, sa probité, son sens du devoir, sa capacité d’écoute et son esprit de solidarité.
  • faire part, au vu de ce qui précède, de notre grande inquiétude quant à l’équité de ce procès.
  • dénoncer le traitement, marqué par le déni, fait aux requêtes légitimes et justifiées des avocats de la défense et de la partie civile.

Appelons au renvoi de l’affaire pour complément d’enquête.

Décidons de nous constituer en «Comité Vérité et Justice sur l’affaire Kerroumi» pour qu’éclate la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.

Exhortons toutes celles et tous ceux épris de vérité, de justice et de liberté, à se joindre à nous en signant le présent appel.

Lien pour la signature de la pétition :

https://secure.avaaz.org/fr/petition/Comite_pour_la_Verite_sur_lAssassinat_dAhmed_Kerroumi/

E-mail de contact : kerroumi.ahmed@yahoo.fr


Liste des premiers signataires

Mme Khadidja Mecheret
(Vve Ahmed Kerroumi), Oran, Enseignante

Malika Remaoun, Paris, Consultante

Fatma Boufenik, Oran, Enseignante/Chercheure

Mohamed Ghalem Oran, Enseignant/Chercheur

Baghdadi Si Mohamed, Alger, Citoyen

Hassen Remaoun, Oran, Enseignant/Chercheur

Ali Kechid, Alger, Retraité

Idir Sadou, Montréal, Conseiller en insertion professionnelle

Djilali El Mestari, Oran, Chercheur

Mohend Bakir, Paris

Benamar Ichou, Oran, Cadre/retraité

Abderrahim Lakehal, Paris, Cadre administratif
(fonction publique territoriale)

Bachir Senouci, Oran, Enseignant universitaire

Noreddine Fethani , Alger, Cadre/Retraité

Med Arab Izarouken, Alger, Consultant

…/…


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« COMITÉ VÉRITÉ ET JUSTICE SUR L’AFFAIRE KERROUMI »

YAZID HADDAR, NEUROPSYCHOLOGUE: «LA FEMME ALGÉRIENNE EST VICTIME DE VIOLENCE SYMBOLIQUE ET RÉELLE»


écrit par Racim Sbaa

le 25 Novembre 2013

Les chiffres relatifs aux violences contre les femmes dans notre société sont en hausse. Ils signalent une pathologie sociale inquiétante, cependant significative des difficultés, ainsi que des bouleversements que connait la société algérienne depuis quelques années. Selon le Dr Yazid Haddar, neuropsychologue, l’émancipation économique et individuelle de la femme, très mal acceptée par l’homme et une certaine tradition familiale, en est aussi une raison.

Reporters : Quelle lecture ou analyse doit-on faire aujourd’hui de la recrudescence des violences faites aux femmes?

Yazid Haddar : Le fait d’en parler est déjà une avancée. Ces dernières années, les services de police judicaire ou de la DGSN publient périodiquement le nombre de plaintes enregistrées avec parfois des statistiques détaillées. Des données sur lesquelles nous pouvons nous appuyer.

Cela dit, la femme algérienne est victime à deux niveaux de violence: violence symbolique et violence réelle. Je m’explique.

La violence symbolique réside au niveau de la représentation de la femme dans l’imaginaire de la société algérienne. Cette représentation est la résultante de la tradition patriarcale où la place de la femme est réduite à des tâches domestiques et de reproduction, mais aussi religieuse par la légitimation morale: la polygamie, la permission de frapper sa femme, toujours sous la tutelle de l’homme, que ce soit le père, le frère, le mari, le fils… et enfin cette violence réside dans le statut juridique par la confusion de son statut de citoyenne ou croyante, surtout les contradictions dans le Code de la famille par rapport à la question des droits de l’Homme.

Cependant, la violence réelle concerne les violences physiques: la femme est frappée, répudiée, violée, etc., mais aussi les violences verbales: les insultes, les attouchements, le harcèlement, etc.

Toutes ces violences laissent des séquelles au niveau psychologique, qui se reproduisent au niveau générationnel.

Autrement dit, il existe une transmission des violences entre les générations.

Un autre point, la femme algérienne n’est plus la même, car elle accède à la connaissance, elle essaie de prendre une place dans la société, bien qu’elle se heurte à la rigidité de la tradition et des religieux.

Enfin, la mondialisation, par l’économie et les outils de communication, font renforcer l’individualisme, celui de la femme en ce qui nous concerne. Ni la société ni les institutions étatiques ne sont prêtes à accepter cette évolution.

Ce phénomène connaît en termes de chiffres et de faits une hausse inquiétante en Algérie. Est-ce une tendance nouvelle ou est-ce plutôt le résultat d’une médiatisation de comportements sociaux sur lesquels on ne parlait pas beaucoup?

Yazid Haddar : Je pense que les violences existaient déjà auparavant, mais elles étaient un tabou. Le divorce par exemple se réglait en et entre famille. Or, aujourd’hui, avec l’évolution de l’esprit individuel, la notion de la solidarité familiale s’est effritée.

Le seul lieu où la femme peut se plaindre, ce sont les institutions d’Etat, pensant qu’elles vont la protéger! Malheureusement, celles-ci sont le plus souvent démunies devant l’ampleur de la situation et le manque de moyens pour les protéger, alors elles finissent par agir selon le mode traditionnel, tentant d’ouvrir le dialogue entre les membres de la famille, c’est-à-dire qu’elles finissent par se substituer au rôle de la famille traditionnelle.

Comment envisager le retour d’une jeune fille victime d’inceste dans son domicile familial et qui, en plus, doit cohabiter avec son bourreau au quotidien?

C’est un phénomène observé y compris dans les grandes villes, car c’est là où les valeurs individuelles existent et prédominent. Dans d’autres régions, les grands villages ou les zones rurales, la tradition est toujours d’actualité.

Cependant, la question ne doit pas rester au niveau statistique, mais doit être approfondie, non en fermant les yeux sur les vraies causes et en s’intéressant aux causes futiles. Cet approfondissement doit être fait par des professionnels. De plus, il doit être un sujet de débat pour toute la société.

Considérez-vous qu’il puisse exister une relation directe de la violence avec une mauvaise lecture ou interprétation de la religion?

Yazid Haddar : Je pense que la religion a son rôle à jouer dans cette question. D’une part, elle est porteuse d’éléments de violence contre les femmes, ce qui nécessite un travail de pédagogie par les spécialistes en islamologie pour expliquer les conditions de ces sources et comment les adapter à notre temps et, d’autre part, l’association entre la religion et la tradition font légitimer moralement certaines violences au nom divin et de «valeurs authentiques».

À ce niveau, le travail ne dépend pas uniquement de l’Etat, mais aussi des institutions religieuses, qui doivent offrir des moyens moraux (éthiques) au croyant pour éviter les fausses lectures.

Quel est l’impact psychologique, sociologique, voire politique sur la société, des violences faites aux femmes?

Yazid Haddar : Le premier impact est sur la transmission de la violence au niveau générationnel, c’est-à-dire une femme victime de violence peut transmettre ce scénario de vie à ses enfants. Les études scientifiques montrent également que pendant la grossesse, si la femme est angoissée ou stressée, suite à un événement traumatique, elle pourrait le transmettre au fœtus! Cela dit, il pourrait y avoir aussi des scénarios qui se répètent inconsciemment, comme le cas d’une patiente, femme battue, que j’ai suivie, où elle me disait ne pas arriver à comprendre pourquoi elle se marie avec des hommes violents!

L’explication est sur deux niveaux. D’une part, neurologique, par la zone cérébrale activée, mais aussi psychologique, par le conditionnement de la souffrance psychologique. On sait également que, généralement, les personnes qui sont victimes de violence deviennent elles-mêmes violentes, ce n’est pas toujours systématique, ou quand elles évoluent dans un environnement violent.

Autant sur un plan scientifique que sur un plan juridique, que préconisez-vous afin d’enrayer ce phénomène?

Au niveau juridique, le “Code de la famille” doit être abrogé. De ce fait, la femme prendra sa citoyenneté entière. Même si la violence à l’égard des femmes existe partout dans le monde, cependant, les modalités de prise en charge ou d’accompagnement diffèrent.

Une femme qui a subi des violences doit être protégée, pas uniquement au niveau juridique, mais au niveau quotidien, c’est-à-dire offrir des lieux de vie, des centres d’hébergement, etc.

Un suivi psychologique spécialisé dans la traumatologie doit être fait afin que la personne intègre la société et surtout éviter la «transmission de la violence».

L’urgence est de créer un observatoire national sur la violence doté d’un institut de recherche sur la violence en Algérie, qui regroupera toutes les disciplines pour comprendre cette violence qui touche l’ensemble de la société.

En outre, il faut maintenant repenser la famille dans nos institutions, même si nous avons une nostalgie de l’idéal traditionnel, où la famille joue un rôle central dans la vie de l’Algérien, cependant cette réalité s’est mutée et noyée par l’individualisme.

Le «coupable » de violence doit-il aussi se faire aider?

Yazid Haddar : Forcément, car lui-même est victime de cette situation.

Nous sommes dans un circuit mortel, dont l’issue est dans l’accompagnement adéquat et réfléchi et non dans la prison et des lois répressives.


MOHAMED LASSOUÂNI EST PARTI IL Y A QUELQUES JOURS…


Abed Ghali

le 22 Novembre 2013

Nous venons d’apprendre la triste nouvelle du décès, à l’âge de 81 ans, du valeureux militant communiste. Il est mort vendredi 8 novembre chez lui à Tlemcen. J’ai eu le privilège de le rencontrer il y a 2 ans pour un entretien filmé, que cet homme modeste et agréable a consenti à nous donner, comme amis communistes soucieux de consigner la mémoire vivante des combats du mouvement communiste algérien. Nous avons passé un moment chaleureux et rare avec cet homme de 79 ans, souriant, humble et lumineux, d’un dévouement souriant et ferme au parti.

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Mohamed Lâssouani a grandi dans une famille modeste. Dès sa jeunesse il travaille comme ouvrier agricole sur les terres des colons dans la région de Tlemcen. À l’âge de 18 ans, l’armée française l’enrôle de force comme appelé, comme des milliers d’autres Algériens. Son contingent est envoyé en Indochine combattre les Vietnamiens en lutte pour leur indépendance sous la direction de Ho Chi Minh et du PCV. Ses camarades et lui-même suivent à la radio la situation en Algérie, et prennent conscience des enjeux. «Les français oppriment notre pays, et nous, nous devrions combattre à leurs côté? Notre place est aux côtés des Vietnamiens!», affirmait Mohamed Lâssouani. Et, en homme libre, avec quelques compagnons, il s’engage sur cette voie.

Ils entreprennent un périple interminable, les pieds blessés à force de longues, périlleuses et difficiles marches, pour rallier les troupes vietnamiennes. Avec quelques algériens, marocains et tunisiens, ils parviennent à constituer une troupe qui atteindra en 1954 près de 600 nord-africains, dont 300 algériens. Cette troupe infligera de lourdes pertes à l’armée française, et prendra une part active dans la bataille de Dien Bien Phu, où les vietnamiens infligèrent aux français une défaite décisive, qui déboucha sur l’Indépendance du nord Vietnam le 21 juillet 1954 reconnue dans le cadre des Accords de Genève.

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Au même moment, les autorités françaises, qui avaient retrouvé des camarades de Mohamed qui avaient rejoint les maquis algériens, pensaient que celui-ci était rentré en Algérie. Ils se retournèrent sur les parents de Mohamed pour obtenir des renseignements permettant sa capture. Pour cela, et sans états d’âme, les militaires ont tué deux de ses frères et torturé son père, sans résultats. Ils en ont déduit qu’il était mort au maquis, alors qu’il était encore au Vietnam avec ses frères de combat.

Les prisonniers français détenus par l’armée vietnamienne, sont par la suite remis aux autorités françaises, hormis les déserteurs passés à l’ennemi armes à la main. Ces derniers ont été faits citoyens vietnamiens, et ont été gardés afin d’éviter les représailles du côté français. La France a demandé aux autorités vietnamiennes qu’elle leur rende ces combattants, le Vietnam a refusé. Des observateurs de l’ONU ont été dépêchés pour obtenir leur transfert, mais les soi-disant prisonniers ont clarifié leur position vis-à-vis de la France, par une bordée d’insultes et un rejet franc et massif. Les délégués français sont repartis bredouilles, accompagnés des inspecteurs de l’ONU…

Mohamed Lâssouani et ses camarades survivants, restent donc au Vietnâm, et participent ensuite à la construction de la République démocratique du Vietnam en qualité de membre du PC. Le général Giap, récemment disparu, avait reconnu ses qualités de soldat courageux et avait décelé en lui un esprit d’initiative remarquable. Il lui a confié personnellement de nombreuses missions spéciales. Giap était le chef des armées aux côté des modestes dans la guerre, et non à l’étranger. C’est pour ça qu’il était appelé par ses concitoyens : Bako, «notre grand-père» en vietnamien.

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« Comment je suis devenu communiste? Eh bien tu es dans un pays, c’est comme si tout le monde était communiste, tu le deviens, en compagnie de ce peuple fort et déterminé… Il fallait libérer le pays de l’impérialisme français, c’est ça qui comptait!», raconte-t-il.

Mohamed se souvient: «J’étais le plus jeune. Giap était très strict mais aussi très chaleureux avec moi, il venait tôt le matin pour savoir ce que nous apprenions avec les instructeurs. Il était attentionné mais très strict. Si tu te trompes, tu tues le peuple!». Mohamed obtint 5 diplômes (technicien, tourneur, etc.) et fit les études qu’il n’avait jamais pu faire en Algérie colonisée. Son instructeur, devant l’avidité d’apprendre de Mohamed, le laissait travailler le dimanche et lui ouvrait l’atelier avec toutes les installations. De plus, une partie de leur solde était envoyée au sud Vietnam alors aux prises avec l’impérialisme américain.

Les supérieurs chargés de suivre les algériens restés au Vietnam, Abdelhafid Boussouf et Krim Belkaçem, venaient les rencontrer tous les 2 mois, apportant avec eux des nouvelles du front algérien. Mohamed et ses compagnons voulaient rentrer au pays combattre, mais leur exfiltration était très difficile. Et puis là il constituait pour l’ALN une armée de réserve extérieure, qui s’entraînait avec la bénédiction et le soutien matériel du Vietnam.

« Notre commissaire politique, Si Marouf, qui suivait nos entraînements au Vietnam, relayait nos envies de rentrer nous battre au pays auprès de nos supérieurs, se souvient Mohamed. Abdelhafid Boussouf et Krim Belkacem, nous rendaient régulièrement visite… Nous envoyions nos soldes par notre commissaire politique aux maquis algériens pour soutenir les camarades qui combattaient en Algérie.

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Giap a déclaré après la victoire: «Honorez le jeune Mohamed et ses 7 compagnons (tous morts aujourd’hui, Morsli, Chellami, Othmane…) et laissez dans le musée de la révolution vietnamienne assez de traces pour que, quand nous serons tous morts, ceux qui viendront chez nous sachent que des Algériens se sont levés à nos côté lors de notre révolution nationale, pour que notre pays vive libre et indépendant!». Il aimait évoquer Mohamed et ses algériens avec beaucoup de tendresse

En 1963, il rentre en Algérie pour participer à l’édification du pays. L’Algérie de l’époque lui décerne la qualité de moudjahid et lui attribue un logement, un travail, etc. Cela en signe de solidarité et de profonde communauté de lutte entre les Algériens et les Vietnamiens. Mais aussi de reconnaissance de la portée anticolonialiste et anti-impérialiste mondiale de la lutte du peuple Vietnamien. Par contre, quand Mohamed a demandé à l’administration française les documents attestant de sa présence dans l’armée française afin de constituer son dossier administratif, il lui a été répondu qu’il devait payer l’arme qu’il avait prise avec lui lors de sa désertion…

En 1964, son père retrouve sa trace sur un journal, et va à sa rencontre dans un café. Assis face à face, ils mirent près de 2h à se reconnaitre l’un l’autre. Mohamed était parti à l’âge de ses 18 ans, il en a près de 30…
Mohamed quitte l’armée en 1965, peu après le coup d’Etat militaire de Boumediene (sa carte vietnamienne, qui interloqua les militaires, lui permit d’échapper aux répressions et aux fouilles policières et militaires). Installé à Sidi-Frej, avec Zaâmoum et Omar Chaâlal, il devient militant syndical dans les milieux modestes.

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Il connut Kateb Yacine, qui voulait aller au Vietnam: «Il est venu me voir à Sidi Frej avec mon ami Omar, il a passé près de 3 mois avec moi, à discuter, raconter… c’est là que l’on a parlé des sandales de caoutchouc que tous les vietnamiens portaient, «de Ho Chi Minh au dernier petit garçon!» Kateb écrivit sa célèbre pièce par la suite…

La même année, il rejoint le Parti Communiste Algérien et a continué à militer ensuite dans le PAGS. Tous les ans il recevait les vœux de la république vietnamienne, en héros qu’il est là-bas. Il coordonna dans les années 70, le travail des ouvriers « anciens du Vietnam », qui activaient dans des usines d’Alger.

Giap demandaient régulièrement des nouvelles de Mohamed et ses compagnons, rentrés au pays, et parfois délaissés ou ignorés dans leur pays, mais restés dans le cœur des vietnamiens et de leurs dirigeants.

Mohammed Lâssouani est élu membre du comité central du PAGS lors de son congrès de décembre 1990, avant le démantèlement de ce parti par Hachemi Cherif, Hadj Bakhtaoui et d’autres éléments visant sa destruction.

Paix et salut à notre grand-frère, héros et homme libre, qui a choisi sa voie et en gardait une joie et une tendresse qui montrait que quand on choisit son chemin, en conformité avec ses idées, on garde un esprit joyeux et heureux de vivre.

À sa femme, sa famille et ses amis, un grand salut des camarades du valeureux combattant, et une pensée fraternelle et émue face à cet exemple de vie, qui continuera à nous inspirer.

22/11/2013
Abed Ghali


FORUM SOCIALGERIE:

MOHAMED LASSOUÂNI EST PARTI IL Y A QUELQUES JOURS…

17 décembre 2013 à 00h33min /

TÉMOIGNAGE DU REGRETTÉ MOHAMED MORSLI – ANCIEN DU VIETNAM

Message reçu à socialgerie

message de Boumediene Lechelech à socialgerie

Bonsoir les ami(e)s et camarades !
En attendant une contribution bien documentée sur le Vietnam et les communistes, voilà un témoignage authentique du regretté Mohamed Morsli.

Amicalement.

B.Lechlech


Une délégation d’anciens du PAGS se rendra le samedi 28 décembre 2013 à Tlemcen chez la famille de feu M. Lassouani, une autre rendra visite, à Oran, à la veuve de feu M. Morsli, à une date ultérieure.

Et on compte sur tous pour contribuer à une quête de solidarité avec les familles des deux camarades.


MOHAMED MORSLI – ANCIEN DU VIETNAM

Quelques notes
Feu Mohamed Morsli était un ancien caporal engagé du 2éme RTA installé à Mostaganem.

Je l’ai connu au début de la légalité en 1989, à l’instar du regretté A. Alloula auquel il était lié, ainsi qu’au regretté M. Djellid et B. Ichou.

Nous habitions tous les trois premiers le même quartier.

Son personnage a été utilisé dans la pièce de théâtre ‘’ El Adjouad ’’ sous le bel sobriquet de Hô Chi Minh revenu d’Indochine dans son pays l’Algérie et vivant le malheur pour avoir un toit décent et un boulot…

J’ai en tête des tas d’anecdotes et informations de lui parce qu’on était attaché l’un à l’autre jusqu’à sa mort récente d’il y’a quelques années seulement (le 06 juin 2006).

Il était militant au PAGS jusqu’à sa dissolution, et est resté lié à nous.

Comme il habitait Oran et était parmi les anciens militants revenus du Vietnam marié à une authentique vietnamienne (d’ailleurs ses nombreux fils et filles ont les traits de leur mère), lié toujours à sa belle famille et à l’ambassade du Vietnam, tous ses anciens camarades, dont feu M. Lassouani se rassemblaient souvent chez lui. Morsli m’y invitait à l’occasion et lui venait chez moi.

Mais j’avais déjà connu M. Lassouani l’an 1986 en clandestinité à Ochba chez Berraho Mejdoub, ensuite lorsque j’étais, avec d’autres camarades, à la tête de la fédération du PAGS (Sidi Bel-Abbés, Tlemcen et Aïn Temouchent).

M. Morsli était un peu plus politisé et averti, avec une conscience de classe prononcée, et plus âgé. Il était soudeur de métier.

Lui, n’a pas bénéficié de la pension d’ancien moudjahid, parce qu’à la fin des années soixante, il avait déchiré, sous le coup des nerfs son attestation en sortant du bureau d’un cadre de la Wilaya d’Oran.

Et comme il était fiché déserteur de l’armée française, il n’a pas pu percevoir une pension militaire de plusieurs années, même d’avant la guerre du Vietnam. Malgré toutes les longues correspondances que je lui écrivais moi-même.

Il avait vécu dans le dénuement avec sa petite retraite d’ouvrier spécialisé, heureusement que ses grand(e)s fils et filles ayant trouvé des emplois l’aidèrent.

J’ai retrouvé ce manuscrit dans mes archives sous une forme stéréotypée que je vous envoie sans commentaires du contenu de ce témoignage direct pour le moment.

Je préparerai une contribution basée sur plusieurs sources à la fois écrites, orales, etc. dont les témoignages des deux camarades M. Morsli et M. Lassouani auxquels, par cette occasion, je rends hommage.


TÉMOIGNAGE DE MOHAMED MORSLI

ANCIEN DU VIETNAM

Notes prises par BOUMEDIENE LECHLECH

« Maârouf (Ben Aomar) a été désigné par les partis communistes de l’Afrique du Nord Française comme responsable des maghrébins, après la visite de Léo Figueres du PCF, en mars 1952 où il rentre au Vietnam en passant par Moscou et Pékin.

Trois groupes sont crées :

  • Un groupe chargé des postes de la propagande
  • Un groupe du front de guerre
  • Un groupe du camp des prisonniers pour donner des cours.

Pendant 6 mois nous étions réunis, nous les Nord-Africains, sous la conduite de Maârouf (colonel) et les Français sous celle du capitaine de l’armée française Tarago du PCF.

Pendant notre séjour au Vietnam nous avons reçu plusieurs visites, comme celle dirigée par Krim Belkacem qui avait fait une escale lors d’un long périple dans la région, en compagnie de Omar Oussedik en 1956.

Krim Belkacem, observa un groupe, nous questionna sur le contenu de nos études, et, suite à cela décida qu’on ne rentrera au pays que lorsque “le drapeau flottera sur les maquis et le pays”.

En 1953, un groupe d’algériens dont je faisais partie avait sauvé la vie à Ahmed Bencherif en lui conseillant lors de sa capture de dire qu’il n’était qu’un simple soldat et non officier. Parce que le Viet Minh passait aux armes tous les gradés qui étaient considérés comme issus de classes sociales aisées; par contre les soldats issus de classes modestes étaient gagnés par le travail de rééducation politico-idéologique et la propagande appelant à la désertion.

Omar Oussedik revenu à la tête d’une délégation militaire, nous avait dit que les choses sont devenues difficiles en Algérie pour nous si nous y allions aux maquis et que nous devrions rester, et, que nous serons considérés comme des anciens moudjahidines une fois l’indépendance acquise.

Bendriss nous avait dit que l’Egypte, au moment de la crise du canal de Suez, avait l’intention de nous embrigader dans les rangs de son armée.

Ali Yata à la tête d’une délégation de son parti venu du Maroc nous avait rendu visite en 1959.

Larbi Bouhali à la tête d’un groupe du PCA nous rendra visite en 1960 ; il y a eu entente avec les vietnamiens pour que les algériens sélectionnés par le parti du travail fassent des études politico-idéologiques pendant six mois, et aussi pour nous envoyer nous faire soigner dans des hôpitaux en Bulgarie.
Personnellement j’y ai été pendant un séjour à Sofia.

Pour nous encadrer, nous, les Algériens, ont été désignés Benabderahmane Mohamed originaire de Tiaret, responsable en relation avec un certain Moreau représentant des intérêts français. Les adjoints algériens étaient Chellali Mohamed originaire de Saïda (habitant Gdyel), Tadbirt de Khemis et Saoueb d’Alger. Ils avaient tous les trois été capturés et emprisonnés pour travail avec l’ennemi (soldats dans l’armée française).

En 1964, alors que Omar Oussedik était ambassadeur à Sofia (je l’avais alors rencontré), il a été décidé qu’on rentre en Algérie par avion . On était 105 algériens nous devions le faire entre le 10 octobre 1964 et le 22 octobre 1964.

À notre arrivée en Algérie, à Boufarik, alors commença notre long calvaire ; Benabderahmane Mohamed avec d’autres, nous ont vendus au gouvernement algérien comme étant des éléments communistes. Ils ont même renseigné l’ambassade de France sur nous comme des éléments déserteurs au Vietnam. Alors qu’eux-mêmes s’étaient d’abord fait reconnaître avec un statut de prisonniers.

En 1985, par le biais de l’ambassade du Vietnam en Algérie on avait déposé nos dossiers pour être régularisés comme anciens moudjahids, selon l’accord passé en 1956. Une liste nominative de seulement 59 personnes a été fixée au lieu de 105 comme prévu avec Oussedik!»

Boumediene Lechlech

Chercheur-Historien


28-30 NOVEMBRE – GENNEVILLIERS: RENCONTRES D’HISTOIRE CRITIQUE « GUERRE ET PAIX »

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Du 28 au 30 novembre

Au cinéma Jean-Vigo

et à l’espace Grésillons

Cette troisième édition des Rencontres d’histoire critique, organisées par l’Université populaire des Hauts-de-Seine et la revue Les Cahiers d’histoire, a pour thème « Guerre et paix ». Des interventions d’historiens, des débats, des conférences, des projections de films sont prévus pendant trois jours.

La guerre aux multiples visages, avec son cortège de morts, de ruines et de souffrances, marque profondément et durablement les sociétés.

Toujours menaçante. Toujours présente. Mais l’aspiration à la paix les travaille elle aussi.

Comment résister à la guerre et construire un avenir de paix?

Comment éviter la guerre et pourquoi souvent l’accepter ?

La confrontation est-elle la seule issue à la coexistence d’Etats et de nations en concurrence pour la domination?

Quelles sont les chances et l’efficacité des projets de construction de la paix?

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INVITATION et PROGRAMME

Pour télécharger

cliquer sur le lien

->doc4521]


Au Cinéma Jean-Vigo

Cité-Jardin, 1, rue Pierre-et-Marie-Curie

Jeudi 28 novembre à 19 h 30

“L’ESPRIT DE 45”

film de Ken Loach

présentation et débat avec Keith Dixon

spécialiste de l’Angleterre contemporaine


Espace Grésillons

28, rue Paul-Vaillant-Couturier

Vendredi 29 novembre

à 19 h 30

OUVERTURE DES RENCONTRES

par Jacques Bourgoin,

Maire de Gennevilliers, Conseiller général des Hauts-de-Seine

PRÉSENTATION

par Marie-Claude L’Huillier (UP 92)

et Anne Jollet (Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique)

à 20 heures

MOMENT CONVIVIAL autour d’un verre

à 20 h 30

DÉBAT:

LA GUERRE DURE LONGTEMPS:

REGARDS SUR LA PALESTINE ET L’ALGÉRIE

avec Alain Gresh,

directeur-adjoint du Monde diplomatique,

et Daho Djerbal,

professeur à l’université d’Alger-Bouzareah.

Débat animé

par Didier Monciaud


Samedi 30 novembre

à 10 heures :

OUVERTURE DU FORUM:

ateliers – débats,

stands d’éditeurs et d’associations,

librairie et auteurs.


De 10 h 15 à 12 h 15

“LUTTER POUR LA PAIX”


* Atelier 1

“LES REFUS DE LA GUERRE: GRÈVES OUVRIÈRES, MUTINERIES, LUTTES DE L’INTERNATIONALE COMMUNISTE”

Marie-Claude Albert, Gilles Manceron et Serge Wolikow

* Atelier 2

LES RÉSISTANCES EN EUROPE PENDANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE: ITALIE, ALLEMAGNE, GRÉCE ET FRANCE.

Roberto Colozza, Sonia Combe, Joëlle Fontaine et Cécile Vast

* Atelier 3

LA FABRIQUE DE LA PAIX: SECRET DES NÉGOCIATIONS, TRANSACTIONS DES ÉLITES, DIPLOMATIE OUVERTE.

Marc Belissa, Annie-Lacroix-Riz et Ghislaine Stouder


Pause déjeuner :

restauration rapide sur place


De 14 h à 16 heures

“PRÉSENCE DE LA PAIX DANS LA GUERRE”


* Atelier 4

“LES PACIFISMES:

LUTTES DES PROGRESSISTES EGYPTIENS, DES FEMMES, DES ENSEIGNANTS FRANCAIS”

Jacques Girault, Didier Monciaud et Isabelle Vahé.

* Atelier 5

“LES COÛTS DES GUERRES: DESTRUCTIONS, VIOLENCES, TRAUMATISMES, DE LA GUERRE D’ALGERIE AUX GUERRES CONTEMPORAINES”

Catherine Coquery-Vidrovitch, Sylvie Thénault et Bénédicte Tratnjnek.

* Atelier 6

“LES MÉMOIRES DES GUERRES: GUERRES MONDIALES, GUERRES CIVILES, GUERRES D’INDÉPENDANCE”

Laurent Colantonio, Dimitris Kousouris et Alain Ruscio


à 15 heures :

“CONTES DU VIETNAM”

par Isabelle Genlis

Médiathèque Robert-Doisneau

(entrée libre sur inscription)


à 16 h 30 :

CONFÉRENCE – DÉBAT

“LA COMMUNE: MÉMOIRES DE LA GUERRE CIVILE EN FRANCE”

Eric Fournier,

débat animé par Sylvie Aprile,

historienne, spécialiste du XIXe siècle


Et pendant les Rencontres


Au lycée Galilée de Gennevilliers

• “LA RÉSISTANCE D’UN ALLEMAND EN FRANCE”

Témoignage de Siegmund Gingold

• «LA GUERRE D’ALGÉRIE VUE D’ALGÉRIE»

Conférence de Daho Djerbal, historien


à l’Espace Nelson-Mandela

•TÉMOIGNAGE D’ANDRÉ ROCH,

ancien commandant FTPF du Valenciennois

•DEUX EXPOSITIONS

du Musée national de la Résistance,

•• «JEUNES EN RÉSISTANCE»

•• LE «CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE»


Accès libre et gratuit


Contacts :

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marie-claude.l.huillier@wanadoo.fr

www.universite-populaire92.org

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Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique:

ap.jollet@orange.fr


Université populaire des Hauts-de-Seine / PLUS d’INFO


9 NOVEMBRE – 3 DÉCEMBRE 2013 – PARIS, BANLIEUE, PROVINCE: LE MAGHREB DES FILMS – RENCONTRES CINÉMATOGRAPHIQUES


LE MAGHREB DES FILMS 2013: PRÉSENTATION


20 au 25 NOVEMBRE: LE MAGHREB DES FILMS 2013 À L’INSTITUT DU MONDE ARABE À PARIS;


27 NOVEMBRE au 2 DÉCEMBRE: LE MAGHREB DES FILMS 2013 AU CINÉMA LA CLEF


[LE MAGHREB DES FILMS 2013 À PARIS – AUTRES LIEUX

  • Samedi 9 novembre, séance de «projection-Master class»: Un réalisateur face à l’histoire: Malek Bensmaïl et l’Algérie – BDIC, Maghreb des Films et Ateliers Varan;
  • Mardi 12 novembre, projection de “Les Jours d’avant” de Karim Moussaoui, au cinéma Quai de Seine dans le cadre d’une rencontre organisée par la “revue Bref”;
  • Mercredi 13 novembre à 18h, projection de “Zéro” de Nourredine Lakhmari (2012 – Maroc – 111’) au Carrefour des Associations Parisiennes ->#4]

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[

Le Maghreb des films 2013 : présentation

Transgressions

->http://maghrebdesfilms.fr/Le-Maghreb-des-films-2013]

1° Sous le signe de « La Marche » … / …
« Rengainez, on arrive ! », clamait la Marche qui répondait aux violences policières et aux nombreux crimes racistes qui avaient marqué le début des années 80.

Qui se souvient de la « Marche des Beurs », de cette improbable poignée de marcheurs « pour l’égalité et contre le racisme », partis sur les routes de France, en octobre 83, dans l’anonymat… … …

2° Sous le signe du Maroc … / …
Grâce à un effort volontariste de production, le Royaume chérifien s’est doté d’une cinématographie vivante, active et inventive (122 courts et 23 longs métrages en 2012), désormais l’une des toutes premières du continent africain, aux côtés de l’Afrique du Sud et de l’Egypte.

Ce qui caractérise le cinéma marocain d’aujourd’hui, c’est d’abord l’ancrage profond de ses films dans la société contemporaine, quel qu’en soit le genre: polar urbain («Zéro»), drame («Malak»), comédie «à l’italienne» («Hors zone»), documentaire («Dance of outlaws»), parabole politique («C’est eux les chiens»), pour n’en citer que quelques-uns.

Loin des clichés « ethnicistes », autant que des discours ou des «messages éclairés», ces œuvres témoignent de l’entrée des cinéastes marocains dans une nouvelle modernité.

Reste, certes, à confirmer et à amplifier cette évolution, par un accroissement sensible du nombre de films de qualité et de valeur internationale… Le cinéma marocain a désormais un autre rôle à jouer. Il le jouera et il le joue déjà, sans complexe, ni retenue. Nabil et Hicham Ayouch, Nour Eddine Lakhmari, HichamLasri, Mohamed El Aboudi en sont quelques-uns des symboles.

3° Sous d’autres signes
Pour la deuxième année consécutive, nous ferons l’état des lieux de ce nouveau cinéma algérien indépendant, apparu depuis quelques années, et se réalisant entièrement, hors des canaux traditionnels et des institutions. Cela, en présence des principaux «coupables» de cette audacieuse et peu confortable transgression (le 2 décembre à LA CLEF).

Sujet émergent dans les médias d’outre Méditerranée, le corps (le corps-sexe, le corps-sportif, le corps-danseur…) sera interrogé à travers quelques films qui osent aborder ce qui est souvent encore tabou, dans l’approche de l’objet-corps: le plaisir et l’épanouissement personnel, le dépassement de soi même, l’expression artistique, l’émancipation sociale…

Autre thème sensible, s’il en est, très simplement résumé dans le titre de la mini-série que nous vous proposons : «Juifs et Musulmans, si loin, si proches», réalisé par Karim Miské (nous avions déjà présenté son « Musulmans de France »), et dont la projection sera, bien entendu, suivi d’un débat (le 30 novembre à LA CLEF).

Quelques auteurs feront l’objet d’une attention particulière : Malek Bensmaïl qui donnera une « master classe », après la projection de son film «Aliénations» (le 9 novembre aux Ateliers VARAN), Walid Tayaa, (le 23 novembre à l’IMA), Amine Sidi-Boumédiène (le 2 décembre à LA CLEF), tous deux figures montantes des nouveaux cinémas, tunisien et algérien.

Cette édition 2013 sera donc riche d’une petite vingtaine de longs métrages inédits dont nombre d’avant-premières de films devant sortir en salles prochainement («Les Terrasses», «Zéro», «Fidaï», «C’est eux les chiens», «La Marche»… tous à l’IMA), …

… / … des « extraits » de notre édition 2013 se promèneront, durant plusieurs semaines, jusqu’en 2014, de Lille à Perpignan et d’Argenteuil à Besançon…

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du mercredi 20 au lundi 25 NOVEMBRE

LE MAGHREB DES FILMS 2013

À L’INSTITUT DU MONDE ARABE À PARIS

->http://maghrebdesfilms.fr/Le-Maghreb-des-films-2013-a-Paris,836]


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Mercredi 20 novembre, à 20h

  • “Les Terrasses” de Merzak Allouache (Algérie – 2013 – 94’)

    Un homme est tourmenté par la signature d’un mystérieux document. Une petite fille tente d’avoir une relation « normale » dans sa famille rigide avec son oncle qui est enfermée dans une cage pour une raison inconnue. Le propriétaire d’un immeuble disparaît du jour au lendemain après avoir voulu vainement expulser un locataire indélicat. Un groupe de jeunes s’entraînent pour leur chorégraphie jusqu’au jour où ils sont témoin d’une tragédie… Le point commun entre ces 5 histoires? Elles se déroulent sur les terrasses d’un immeuble à Bab el Oued.

“Les Terrasses” a fait partie de la sélection officielle de la Mostra de Venise et a reçu au festival d’Abou Dhabi le grand prix du film arabe, ainsi que le prix de la critique internationale.

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Merzak Allouache et de Amel Kateb, actrice (sous réserve).


Jeudi 21 novembre, à 20h

  • “Etiquettes” de Inès Jerray (Tunisie – 2011 – 3’)

    Des étiquettes employées comme photogrammes racontent en dessin animé la fiction d’une fillette enfermée dans le vide. Des figures se transforment alors librement sur fond d’un paysage réel et évanescent.

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Inès Jerray

  • “Margelle” de Omar Mouldouira (Maroc – 2012 – 29’)

    À Boujaâd, bourgade marocaine ancestrale où mythes et légendes vont bon train, Karim, sept ans et fils unique de parents modestes, se débat avec ses peurs d’enfant et son désir pressant d’être un homme…

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Omar Mouldouira

  • “Zakaria” de Leyla Bouzid (Tunisie – 2012 – 27’)

    Zak est algérien, sa femme, est française. Ils vivent en France depuis 20 ans. Ils ont deux enfants dont Sarah, 16 ans, en pleine crise d’adolescente. La famille est soudée, et à l’annonce de la mort du père de Zak, ils décident d’aller tous en Algérie … sauf Sarah… Zak explose….

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Leyla Bouzid.

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  • “Les Jours d’avant” de Karim Moussaoui (Algérie – 2013 – 43’)

    Aujourd’hui adultes, Djaber et Yamina livrent successivement quelques souvenirs de leur adolescence.Les Jours d’avant

    Dans une cité du sud d’Alger, au milieu des années 90, seul l’ennui semble règner. Djaber et Yamina sont voisins mais ne se connaissent pas. 
Pour l’un comme pour l’autre, il est si difficile de se rencontrer entre filles et garçons qu’ils ont presque cessé d’y rêver.
 Mais en quelques jours, ce qui n’était jusque là qu’une violence sourde et lointaine éclate devant eux, marquant leurs vies à jamais.

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Karim Moussaoui.


Vendredi 22 novembre à 19h

  • “Fautes volontaires” de Abdelillah Zirat (Maroc – 2012 – 15’)

    Un professeur de Lycée, lance un débat à propos de l’utilisation du langage du Tchat et du Sms sur une rédaction d’un des élèves. Le professeur est étonné par la réaction de ses camarades à ce sujet…

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  • “Dance of outlaws” de Mohamed El Aboudi (Maroc Finlande – 2012 – 85″)

    Une force évidente du film. Documentaire brut et brutal.

    Chassée de chez elle à 14 ans parce qu’elle a été violée, Hind danse dans des mariages et se prostitue.
    Hind n’a pas d’existence officielle. Elle n’arrive pas à remettre la main sur son certificat de naissance et ne peut donc prétendre à aucun papier d’identité. Elle rêve pourtant d’un avenir meilleur : épouser son petit ami, retrouver la garde de ses enfants qu’elle a dû abandonner, trouver un travail et un vrai toit.


Vendredi 22 novembre à 21h

  • “Tarzan, Don Quichotte et nous” de Hassen Farhani (Algérie France – 2013 – 18’)

    Une ballade dans le quartier de Cervantès à Alger. À la recherche des personnages et des histoires qui y sont nés. Un court métrage fantaisiste à mi-chemin entre comédie cinéphile et légendes urbaines.

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  • “Fidaï” de Damien Ounouri (Algérie – 2012 – 90’)

    Un document unique

    Mohamed El Hadi Benadouda, un ancien vétéran de la guerre d’indépendance algérienne parle de ses années de combat au sein du FLN (Front de Libération National). Il était un tueur, c’est le grand-oncle du réalisateur (l’oncle de son père, d’origine algérienne).

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Damien Ounouri.


Samedi 23 novembre à 19h

Coup de chapeau à Walid Tayaa

  • “Boulitik” de Walid Tayaa (Tunisie – 2012 – 25’)

    Trois petites histoires se croisent et se résonnent dans l’ambiance générale des actualités mondiales…
  • “Journal d’un citoyen tunisien” de Walid Tayaa (Tunisie – 2012 – 24’)

    Journal personnel d’un jeune réalisateur tunisien, regards croisés sur la Tunisie d’antan et celle d’aujourd’hui. Un voyage à travers l’enfance, les parents, la jeunesse, la politique et le cinéma…

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  • “Dorra Bouzid, une Tunisienne, un combat” de Walid Tayaa (Tunisie – 2012 – 52’)

    Ni amazone ni suffragette, Dorra Bouzid est d’abord une Tunisienne de son temps.

    Walid Tayaa, cinéaste de la génération qui s’est libérée de la dictature, a tourné l’œil de sa caméra vers la militante, témoin et actrice du passage de la colonisation à l’indépendance.

    Résultat, les 54 minutes consacrées à un parcours aussi riche que singulier prennent valeur de symbole au moment où les droits et les acquis des Tunisiennes sont fragilisés.

Présentation des 3 films par Mouloud Mimoun en présence de Walid Tayaa et de Dorra Bouzid.


Samedi 23 novembre à 21h

  • “Entropya” de Yassine Marco (Maroc – 2012 – 24’)

    Un homme, une femme. Un plan séquence.

    Après vingt ans d’histoire commune, un couple règle ses comptes le jour de son anniversaire de mariage. Un film à l’ambiance intemporelle où jeu de miroir et illusion d’optique se succèdent et où l’entropie finale laisse présager mille et une chutes…

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Yacine Marco

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  • “C’est eux les chiens” de Hicham Lasri (Maroc – 2013 – 85’)

    L’histoire de Majhoul, emprisonné en 1981 pendant les émeutes du pain au Maroc, qui ressort 30 ans plus tard, en plein printemps arabe. Une équipe de télévision publique qui réalise un reportage sur les mouvements sociaux au Maroc décide de le suivre dans la recherche de son passé.

Présenté à l’ACID à Cannes le 19 mai 2013.

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Hicham Lasri


Dimanche 24 novembre à 15h

  • “Un jour la vie” de Amine Oulmakki (Maroc – 2012 – 8’)

    La naissance d’un bébé marque le début de la vie d’une personne. L’enfance, l’adolescence et l’âge adulte sont représentés à travers un personnage hanté par la fatalité de la mort. La vie, déclin et ascension à la fois, se retrouve embarquée dans le cycle de l’éternel retour…

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Amine Oulmakki (sous réserve).

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  • “La vieille jeune Fille” (El Bayra) de Mohamed Abderrahmane Tazi (Maroc – 2013 – 87’)

    Pour honorer le testament de son frère décédé et faire valoir ses droits de tutelle, Mokhtar, un adel (notaire traditionnel) sexagénaire, célibataire, misogyne et héritier avec les autres, est déterminé, selon les dernières volontés du défunt, à trouver coûte que coûte un mari à sa nièce Marzaka, hôtesse de l’air frisant la trentaine, afin de la faire échapper au vil destin de «Bayra» (vieille fille) …

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Mohamed Abderrahmane Tazi.


Dimanche 24 novembre à 17h

  • “Le Cible” de Munir Abbar (Maroc – 2012 – 18’)

    Tarik un jeune berbère du sud du Maroc, débarque un jour à Tanger, où il veut tenter sa chance, soit en trouvant un travail bien payé, soit en trouvant l’occasion de passer de l’autre côté du Détroit…

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  • “Zéro” de Nour-Eddine Lakhmari (2012 – Maroc – 111’) Un « polar » à la Scorcese dans les rues de Casablanca.

    Amine Bertale, alias Zéro, est un petit flic qui passe son temps à recevoir des dépositions de plaignants, et à arpenter les rues de Casablanca avec Mimi, une jeune prostituée de 22 ans.

    Son quotidien se résume en une perpétuelle confrontation et humiliation avec son père, handicapé et son supérieur, le commissaire dont il dépend.

    Face à ce quotidien asphyxiant et alcoolisé, Zéro décide de tourner la page d’un passé hanté par la lâcheté, …

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Nour-Eddine Lakhmari.


Lundi 25 novembre à 21h

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  • “La Marche” de Nabil Ben Yadir (France – 2013 – 100’)

    Commémoration du 30ème anniversaire de la Marche des Beurs de 1983
    La France, pays des droits de l’Homme. Pourtant la réalité est parfois toute autre. Les Français issus de l’immigration sont victimes de discrimination de toutes sortes. En 1983, dans une France en proie à l’intolérance et aux actes de violence raciale, trois jeunes adolescents et le curé des Minguettes lancent une grande Marche pacifique pour l’égalité et contre le racisme, de plus de 1000 km entre Marseille et Paris. Malgré les difficultés et les résistances rencontrées, leur mouvement va faire naître un véritable élan d’espoir à la manière de Gandhi et Martin Luther King.

Présentation du film par Mouloud Mimoun en présence de Nadir Ben Yadir et de certains membres de l’équipe de tournage

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27 NOVEMBRE au 2 DÉCEMBRE

LE MAGHREB DES FILMS 2013 AU CINÉMA LA CLEF

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Programme susceptible de modifications à la marge


Mercredi 27 novembre à 19h

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  • “À quoi rêvent les Fennecs?” de Sarah Tikaounine (Algérie / 2012 / 48’)

    Une rencontre avec des jeunes filles jouant dans la première équipe nationale féminine de football en Algérie. Certaines vivent en France et ont été sélectionnées pour jouer dans cette équipe, lors de grands matchs. Françaises et algériennes partagent le même amour pour ce sport ; elles ont remporté la première coupe Arabe des Nations en 2006, une belle victoire. Elles sont fières de représenter cette équipe. Mais, elles s’interrogent et s’inquiètent pour leur avenir professionnel.
  • “Les Enfants de l’ovale” de Grégory Fontana et Rachid Oujdi (France / 2012 / 55’)

    Dans une petite commune marocaine, avec l’arrivée du rugby une drôle de révolution ovale s’est emparée de ses habitants. Oubliés de tous, ces hommes et ces femmes dont le quotidien consiste à tenter de survivre, ont trouvé avec le rugby une dignité et un espoir dans l’avenir pour leurs enfants.

Mercredi 27 novembre à 21h

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  • “Baba Noël” de Wakid Mattar (Tunisie / 2012 / 15’)

    Alors que sa famille lui réclame les derniers gadgets à la mode, un travailleur sans papiers tunisien, accepte de faire le père Noël pour vivre. …
  • “Madame la France, ma mère et moi” de Samia Chala (France / 2012 /52’)
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    Féministe, laïque, croqueuse d’islamistes, j’ai vécu en Algérie jusqu’à l’âge de trente ans. J’ai quitté mon pays dans les années 90, au moment de la guerre civile. Exilée à Paris, j’ai découvert avec curiosité «Madame la France», comme disent les vieux immigrés. Mais avec les incessants débats sur le voile, la laïcité, l’islam, les musulmans… mon histoire d’amour avec « Madame la France » s’est singulièrement compliquée. …
    Samia Chala


Jeudi 28 novembre à 19h

  • “Bousculades, 9 avril 38” de Sawssen Saya et Tarak Khalladi (Tunisie / 15’)
    Une maison close d’un vieux quartier de Tunis où la patronne puise dans son « business » pour la libération du pays. Elle y récolte des informations et cache les armes de la Résistance. Un jour cela prendra fin pour ces femmes qui occupent les lieux quand un adolescent, protégé de ces dames, se fera tuer dans la manifestation du 9 avril 1938.
  • “Un corps provisoire” de Djamila Daddi-Addoun (Algérie / 201 ? / 10’)

    La séance d’entrainement de boxe d’une jeune femme, très chorégraphiée, expérimentale. Le corps est filmé de façon parcellaire. En voix off, de temps en temps la boxeuse commente ce qu’elle ressent.

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  • “Boxe avec elle” de Robbana Doghri Latifa, Trabelsi Salem (Tunisie / 2012 /52’)

    Elles ont choisi de monter sur un ring et de se battre… pas pour se défouler, mais pour arracher des titres et pourquoi pas une médaille olympique qui les sortirait de leur condition très modeste? Quel regard la société arabo-musulmane pose-t-elle sur ces femmes? Elles ont baissé leur garde le temps d’une confession…


Jeudi 28 novembre à 20h45

  • “Dihia” de Omar Belkacemi (Algérie / 2009 / 22’)

    Dans un village de Kabylie, Dihia vit seule avec son fils Amezine. L’exil de son mari, le poids de sa tradition et le regard d’autrui, ne peuvent que lui rappeler son statut de femme seule et digne…
  • “Les Arêtes du coeur” de Hicham Ayouch (Maroc / 2006 / …)

    Tafdnar, un petit village de pêcheurs près d’Agadir, s’est arrêté de vivre il y a sept ans, le jour où la majorité des hommes sont morts en mer. Depuis ce jour-là, une torpeur de plomb s’est abattue sur le village. Des femmes ont perdu des maris, des frères et des fils, et elles ne s’en sont jamais remises. Une lourde tristesse s’est installée dans le village …

Vendredi 29 novembre à 19h

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  • “Les Souliers de l’Aïd” de Anis Lassoued (Tunisie / 2012 / 30’)

    Dans un petit village, Nader, un petit garçon de neuf ans est féru de course. Emporté par la force invincible de l’enfance, il court sans cesse par tous les chemins, bravant tous les obstacles comme pour vaincre la pesanteur… À l’occasion de l’Aïd qui approche, il choisit d’acheter des chaussures « merveilleuses » mais son père n’a pas les moyens de les lui offrir. L’enfant entre alors dans une crise obsessionnelle de quête des chaussures convoitées et nous fait entrer dans son univers magique traversé par les rêves, les cauchemars, la frustration et l’espoir.

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  • “ O mon corps !” de Laurent Aït Benalla (France-Qatar / 2012 / 70’)

    À Alger, le chorégraphe Abou Lagraa assisté de sa femme, la danseuse Nawal Lagraa, travaille à la formation de la première Cellule de danse contemporaine en Algérie. Un film sensible sur le travail de cette compagnie de danse.


Vendredi 29 novembre à 20h45

  • “Abderrahman” de Elais Sfaxi (Tunisie / 2013 / 20’)

    Abder vient d’avoir 63 ans. La retraite est imminente. Petit styliste de quartier, il a travaillé plus de 60 heures par semaines pendants plus de 30 ans. Mais lorsque Larbi son ami d’enfance réapparaît, tous les projets de Abder vont être compromis.
  • “Les Marcheurs – Chronique des années beurs” de Samia Chala (France / 2013 / 52’)

    Qui se souvient de cette improbable poignée de marcheurs « pour l’égalité et contre le racisme » partis sur les routes de France, en octobre 83, dans l’anonymat, pour finir en apothéose à Paris, près de 100 000 personnes à la Bastille, et le palais de l’Élysée sur la ligne d’arrivée ? « 

Samedi 30 novembre à 16h30

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  • “Le Printemps en exil” de Massimiliano Minissale et Marie Blandin (France – 2013 – 62’)

    Ils ont quitté la Tunisie après la chute de Ben Ali, sont arrivés à Paris depuis Lampedusa. Que deviennent ces milliers d’exilés du printemps arabe? Qui sont ces hommes qui ont décidé de venir en France au péril de leur vie?

    Massimiliano Minissale et Marie Blandin ont suivi pendant deux ans leur fol espoir, leurs attentes, leurs combats et parfois leur retour au pays natal.

Samedi 30 novembre à 18h

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  • “Juifs et Musulmans, si loin, si proches” de Karim Miské (France / 2013 / 4×52’)

    Quatre films pour raconter 14 siècles d’une relation unique entre juifs et musulmans, de la naissance de l’Islam au VII e siècle en péninsule arabique à la seconde intifada en passant par l’Empire ottoman, l’Andalousie, le Maghreb et bien sûr Jérusalem.

    Un récit nourri de la parole d’experts internationaux: chercheurs, universitaires, historiens…, et illustré par des animations graphiques. Pour la période contemporaine, photographies et images d’archives se mêlent à l’animation.

Dimanche 1er décembre à 14h

  • “La Malédiction” de Boulifa Fayçal (Maroc / 2012 /15’)
    Quelque part au Maghreb, Fatine, jeune femme en âge d’être mariée fait l’amour avec un homme à même le sol, sur un tissu déposé sur la roche en plein « désert ». Avant que celui-ci s’en aille, elle lui fait promettre qu’il reviendra la chercher pour un ailleurs plus confortable. A leur insu, un jeune garçon assiste à la scène.

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  • “Hors zone” de Nourredine Douguena (Maroc / 2012 / 100’)

    Bahmad et Lbachir, deux vieillards à la rue délaissés par les leurs, se retrouvent obligés de chercher abris où ils peuvent. Dans une maison, puis une pension de famille plus chaleureuse…

Dimanche 1er décembre à 16h10

  • “Une journée ordinaire” de Bahia Allouache (Algérie / 2012 / 22’)

    Salima invite trois amies dans l’appartement familial. Au même moment sur la terrasse du même immeuble trois jeunes hommes s’affairent autour d’une antenne parabolique. Nous sommes à Alger, le 10 mai 2012, jour d’élections législatives décisives.
  • “Amal Hayati – L’espoir de ma vie” de Chaouki El Ofir (Maroc / 2012 / 90’)

    Après une rupture amoureuse avec Omar, Amal, jeune avocate, décide de quitter le Maroc et changer de vie, elle part aux États Unis pour suivre une formation de styliste, sa vraie vocation, contre le gré de sa famille.

    Trois ans plus tard, Amal rentre avec un nouveau souffle et une grande détermination, elle se lance dans la réalisation de ses projets personnels …

Dimanche 1er décembre à 18h20

  • “Peau de colle” de Kaouther Ben Hania (Tunisie / 2013 / 23’)

    Amira, 5 ans, n’aime pas l’école. Pour ne pas y aller elle trouve une idée imparable, qui va au delà de ses espérances.

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  • “Malak” de Abdeslam Kelai (Maroc / 2013 / 97’)

    Malak, une jeune fille de 17 ans, découvre qu’elle est enceinte. Délaissée par le père de son enfant elle doit faire face seule à un entourage qui maltraite et marginalise celles qui sont dans sa condition de mère-célibataire.

Lundi 2 décembre à 17h

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  • “Archipel” de Djamel Kerkar (Algérie / 2012 / 13’)

    Dans une usine de l’archipel des ruines modernes. Deux silhouettes. Masculine et féminine. Dure et soyeuse. Suspendues à leurs ombres. Contemplent le temps qui passe, et sacrifient leurs corps au travail. Fragments d’une journée à leurs côtés.
  • “Vanessa 1.0” de Amin Sidi-Boumediène (Algérie / 2010 / 8’)

    Ben Issam aime Denis. Mais Denis aime les femmes. Ben Issam doit donc en devenir une.
  • “Lettres intimes à l’Algérie” de Myriam Hammani (Algérie / 2010 / 62’)

    Le journal d’une jeune femme algérienne vers un retour au pays natal très lent, l’Algérie, passant par les USA (partie magnifique), la Turquie, l’Asie.

    Expérimental, mais avant tout, libre

Lundi 2 décembre à 18h45

  • “Demain Alger ?” de Amin Sidi-Boumediène (Algérie / 2011 / 20’)

    Trois jeunes discutent vivement du départ imminent de leur meilleur ami. Dans un appartement au-dessus, Fouad fait sa valise dans le silence.

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  • “Demande à ton ombre” de Lamine Ammar-Khodja (Algérie / 2012 / 82’)

    C’est un cahier de retour au pays natal qui commence le 6 janvier 2011, date de déclenchement des émeutes populaires à Alger. Quand on revient après huit années d’absence, la question qui se pose est: comment trouver une place parmi les siens? …

Lundi 2 décembre à 20h30

  • “L’Ile” de Amin Sidi-Boumediène (Algérie / 2012 / 35’)

    Alors que le soleil se lève à peine sur la capitale algérienne, un homme vêtu d’une mystérieuse combinaison se réveille sur une crique située aux abords de la ville. Rejoignant un Alger désert, il franchit les quelques mètres qui le séparent de la liberté.
  • “C’est dans la boite” de Djamil Beloucif (Algérie / 2013 / 66’)

    Film expérimental et radical ….

    Documentaire avoué comme fiction en fin de course. Déambulation du réalisateur (caméra au poing) dans une cité de déshéritée d’immeubles sociaux au cœur d’un village de Charente maritime. Et ce au milieu d’une bande d’adolescents remuants et pittoresques, tantôt guides de l’expédition dans la cité, tantôt guidés par l’homme à la caméra…

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LE MAGHREB DES FILMS 2013 À PARIS

AUTRES LIEUX

->http://maghrebdesfilms.fr/Le-Maghreb-des-films-2013-a-Paris,850]


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Samedi 9 novembre

une séance de

« projection-Master class»

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Un réalisateur face à l’histoire:

Malek Bensmaïl et l’Algérie

Dans le cadre du

Mois du film documentaire,

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la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine (BDIC) organise en partenariat avec le Maghreb des films et les Ateliers Varan une séance de projection et Master Class «Un réalisateur face à l’histoire : Malek Bensmaïl et l’Algérie» au cours de laquelle sera projeté “Aliénations”.

En s’attachant à suivre au quotidien médecins et malades de l’hôpital psychiatrique de Constantine, où son père exerçait, Malek Bensmaïl tente de comprendre les souffrances vécues par les Algériens, confrontés à une crise aux aspects multiples: religieux, économiques, familiaux, politiques…

Autour de la séance: Master Class

Malek Bensmaïl est l’auteur d’une dizaine de documentaires sur l’histoire coloniale et post-coloniale de son pays, dans lesquels il pose un regard intime sur l’Algérie et les Algériens.

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À partir d’extraits choisis de sa filmographie, la BDIC invite le réalisateur à retracer les différentes phases de son travail de documentariste. Le passage de l’écriture à la réalisation, son approche des aspects historiques et politiques de l’Algérie. Comment il construit un véritable espace mémoriel au travers du documentaire.

Séance de projection-master class

le 09 nov 14 h 30 – 19h

aux Ateliers Varan

(6 Impasse Mont Louis 75011)

Gratuit


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Mardi 12 novembre

projection de “Les Jours d’avant” de Karim Moussaoui

au cinéma “Quai de Seine”

dans le cadre d’une rencontre organisée par la “revue Bref”

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L’horizon des rencontres

Qu’elle ait pour horizon l’Algérie de 1994, une école élémentaire au Portugal ou une nuit parisienne aujourd’hui, une rencontre n’aura pas la même saveur, ne traversera pas les mêmes tensions, ne nourrira pas les mêmes espérances. Mais l’horizon est aussi ce qui se profile au loin, ce qu’on tente de rejoindre et demeure inatteignable. Grisaille et pluie, couleurs et magie enchantée, rêverie noctambule en noir et blanc, ces films très différents mettent en scène des rencontres qui n’ont peut-être pas d’autre horizon que le souvenir d’un moment inachevé.

Jacques Kermabon

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Seront en outre projetés

  • “Dahus” (Gambozinos) de Joâo Nicolau (2013 – 20’),
  • “Pour la France” de Shanti Masud (2012 – 20’)

Consultez le site de la revue “Bref”


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Mercredi 13 novembre

à 18h

projection de “Zéro”

de Nourredine Lakhmari (2012 – Maroc – 111’)

au “Carrefour des Associations Parisiennes

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Un « polar » à la Scorcese dans les rues de Casablanca.

La projection de Zéro s’inscrit dans le droit fil des orientations du Carrefour des Associations Parisiennes (CAP). Centre de conseils et de documentation pour les associations parisiennes, le CAP est aussi un espace de rencontres en organisant diverses manifestations mensuelles sur des thèmes d’actualité.

En projetant “Zéro” de Nourredine LAKHMARI, le CAP veut faire connaître le cinéma maghrébin aux associations parisiennes, susciter des rencontres entre “Le Maghreb des films” et les milieux associatifs pouvant déboucher sur des partenariats événementiels.

Carrefour des Associations Parisiennes

181, avenue Daumesnil

75012 Paris

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