PARIS- 16 & 17 JANVIER 2015: COLLOQUE INTERNATIONAL NICOS POULANTZAS, UN MARXISME POUR LE XXIè SIÈCLE

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NICOS POULANTZAS,
UN MARXISME POUR LE XXIe SIECLE

Colloque international consacré à l’œuvre de
Nicos Poulantzas
organisé par Marxismes au XXIe siècle

Voir l’argumentaire en ligne, ainsi que les pages Facebook et Twitter du colloque.

Vendredi 16 et samedi 17 janvier 2015
Université de Paris-Sorbonne
Maison de la recherche de Paris IV,

28 rue Serpente, 75006 Paris (Amphi 035)

Programme

• Vendredi 16 janvier,
9h-12h30

Introduction : Alexis Cukier, Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan
Alvaro Garcia Linera, vice-président de l’État plurinational de Bolivie (sous réserve)

Cédric Durand et Tristan Auvray, université Paris 13, Un capitalisme européen? Retour théorique et empirique sur le débat Ernest Mandel/Nicos Poulantzas, 40 ans après

Ludivine Bantigny, université de Rouen, Poulantzas et les gauches révolutionnaires : réceptions, discussions

Costis Hadjimichalis, université Harokopio (Athènes), Geographies of the state : Nicos Poulantzas and contemporary approaches to space

• Vendredi 16 janvier,
14h30-18h

Marco Di Maggio, université La Sapienza (Rome), L’eurocommunisme des intellectuels. Poulantzas et la troisième voie vers le socialisme

Stathis Kouvelakis, King’s College (Londres), Une théorie de l’É(é)tat d’exception : Poulantzas face au fascisme

Alex Demirovic, Goethe Universität (Francfort), The capitalist state as a social relation and democratic transformation to socialism

• Samedi 17 janvier,
9h30-13h

James Martin, Goldsmiths College (Londres), Poulantzas: from law to the state

Guillaume Sibertin-Blanc, université de Toulouse Jean-Jaurès, Marxisme, Etat, pratique politique : Retour sur le débat croisé de Poulantzas avec Althusser et Balibar

Isabelle Garo, lycée Chaptal (Paris), Théorie de l’État et stratégie politique


Sont partenaires du colloqu: Fondation Gabriel Péri, Espaces-Marx, revue Actuel Marx, revue Contretemps.


La participation au colloque est libre et gratuite.


Pour suivre les activités de Marxismes au XXIe siècle, voir le site et le blog du séminaire.


Pour toute information écrire à : contact@marxau21.fr


Infos-espaces-marx mailing list
Infos-espaces-marx@espaces-marx.org
http://popu.pcf.fr/cgi-bin/mailman/listinfo/infos-espaces-marx-espaces-marx.org

PARIS – THÉÂTRE: L’INTUITION DU DÉSERT

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« L’INTUITION DU DÉSERT »

d’Arezki Metref

Mise en scène de

Hamma Meliani

avec

Nafa Mouallek et Marc Touta

Vendredi 9 janvier à 20 h

et samedi 10 janvier à 16 h

Au Portail 77 Avenue de Paris Villejuif

Métro 7 – Station Léo Lagrange (à 50 mètres du métro)

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PAF : 15 euros.

Réservation recommandée : cthm94@hotmail.com

Tél : 06 07 67 25 20

IJTIHAD ET MISE AU POINT

Le Quotidien d’Oran
éditorial
par K. Selim
le 22 décembre 2014

En Algérie, le «débat» n’est pas institué. Les institutions politiques officielles ne sont pas des lieux de politique ou de débat. Les journaux servent de manière très imparfaite – et souvent à contre-emploi – d’ersatz de faux et de vrais débats. Tout baigne dans une suspicion entretenue par des «animateurs» de l’impasse qui ne cessent de crier aux complots ou de jeter des anathèmes. Même quand on fait volontairement un choix d’économie de paroles pour ne pas alimenter les discussions oiseuses qui détournent de l’essentiel, on est suspecté de tout et de rien.

Hamrouche en sait quelque chose. Il n’est pas besoin de «décodeur» pour saisir que ses déclarations expriment depuis des mois une inquiétude sérieuse à l’égard de l’incapacité nationale à sortir d’une impasse qui dure depuis au moins 1988. Et où l’institution militaire est sur un mode d’état d’alerte depuis un quart de siècle en raison d’un système politique qui ne favorise ni les grandes concertations ni l’efficience. A Sidi Bel-Abbès, il a avoué une contradiction : il est méfiant à l’égard des solutions trop «rapides» et donc trop faciles pour ne pas être porteuses d’une reconduction, plus ou moins maquillée, de la même situation. Mais en même temps, il estime important que les solutions qualitatives et décisives ne tardent pas. Car, le temps ne joue plus en faveur du pays et de son avenir. La chute des prix pétroliers le montre de manière éloquente. Les recettes d’hydrocarbures sont dans la doxa du régime un moyen de «gagner» du temps en le perdant pour le pays.

Comment amener le pays, avec ses pouvoirs et ses oppositions, à établir un consensus «sur demain» si toute l’attention est focalisée sur l’immédiat ? Refuser de participer à des débats byzantins est une option qui est devenue insuffisante car cela n’empêchera pas les animateurs du vide d’y chercher la preuve que l’on est en attente d’un «appel». Mais au-delà de cet aspect qui peut paraître trivial, il y a une obligation morale et politique à assumer. Quand on souligne la gravité des risques qui peut engendrer un effondrement brutal du système dans un état d’impréparation générale de la société, on ne peut plus s’abstenir d’intervenir. Hamrouche a dégagé sa parole et son ijtihad des débats stériles – car ne débouchant sur rien d’autre que sur l’entretien de l’impasse.»Je ne suis pas candidat à une élection présidentielle anticipée» et une «élection anticipée ne peut reproduire que ce que nous vivons aujourd’hui», a-t-il déclaré. «J’ai parlé de l’armée, je n’ai pas parlé à l’armée».

Ce sont des clarifications nécessaires dans un climat politique devenu encore plus détestable depuis la dernière élection présidentielle. Il faut être de mauvaise foi pour dire qu’on a besoin de décodeur. C’est clairement une volonté de placer le débat là où il devrait être. Comment penser «ensemble», pouvoir et oppositions, à des solutions pour «demain» et dépasser les termes viciés des discussions politiques dans lesquelles le pays a été installé, c’est cela qui est primordial. Et c’est pour cela que le débat national a besoin de Mouloud Hamrouche.

K. Selim

PARIS – 24 JANVIER 2015: MARXISME ET LA LUTTE ANTICOLONIALE EN ALGÉRIE

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Allison DREW

(Professeur de Sciences politiques, Univ. York)

Samedi 24 janvier,

à 14h

Sorbonne

amphi Lefebvre

Amphithéâtre Lefebvre (escalier C, 1er étage)

17, rue de la Sorbonne,

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75005 – PARIS

Entrée conseillée : 14, rue Cujas

RER : Luxembourg


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We are no longer in France

Communists in colonial Algeria

Studies in Imperialism

HB 978-0-7190-9024-0

£75.00

234x156mm 336pp

September 2014

Allison Drew

Manchester University Press

Oxford Road

Manchester M13 9PL

+44 (0) 161 275 2310

www.manchesteruniversitypress.co.uk

This book recovers the lost history
of colonial Algeria’s communist
movement.

Meticulously researched
– and the only English-language
book on the Parti Communiste
Algérien – it explores communism’s
complex relationship with Algerian
nationalism.

During international
crises, such as the Popular Front
and Second World War years, the
PCA remained close to its French
counterpart, but as the national
liberation struggle intensified, the
PCA’s concern with political and
social justice attracted growing
numbers of Muslims.

When the Front
de Libération Nationale launched
armed struggle in November 1954,
the PCA maintained its organisational
autonomy – despite FLN pressure.

They participated fully in the national
liberation war, facing the French
state’s wrath. Independence saw
two conflicting socialist visions, with
the PCA’s incorporated political
pluralism and class struggle on the
one hand, and the FLN demand for
a one-party socialist state on the
other. The PCA’s pluralist vision was
shattered when it was banned by the
one-party state in November 1962.
This book is of particular interest to
students and scholars of Algerian
history, French colonial history and
communist history.

Contents
Introduction – Imagining socialism
and communism in Algeria
1. The land and its conquest
2. Grappling for a communist
foothold
3. ‘The mountain “was going
communist”’: peasant struggles
on the Mitidja
4. ‘This land is not for sale’:
communists, nationalists and the
popular front
5. The nation in formation:
communists and nationalists
during the Second World War
6. For an Algerian national front:
unity and division in the liberation
struggle
7. Sparking an insurrection:
pressure from the countryside
8. ‘Our people will overcome’: to
the cities and the prisons
9. ‘We need a country that talks’:
imagining the future Algeria
Conclusion: Algerian communists
and the new Algeria
Bibliography
Index

13 DÉCEMBRE 2014: JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE

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JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE Paris, Amsterdam, Londres, Bruxelles… UNE BATAILLE POUR LES DROITS CIVIQUES!Exhibit B: les points sur les i – par PIR et BAN;


MOBILISATION EUROPÉENNE CONTRE L’ISLAMOPHOBIEpar Alain Gresh – Nouvelles d’Orient – blog.mondediplo – le 8 décembre 2014;


NUMÉRO SPÉCIAL SUR L’ISLAMOPHOBIE – REVUE POLITIS;
http://www.politis.fr/IMG/pdf/Politis-News-1331.pdf


ISLAMOPHOBIE, SE BATTRE CONTRE CETTE FORME VICIEUSE DE RACISME!Michel Peyret – 08 déc. 2014; BastamagA L’INDEPENDANT


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JOURNÉE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE

Paris, Amsterdam, Londres, Bruxelles…

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UNE BATAILLE POUR LES DROITS CIVIQUES !

SAMEDI 13 DÉCEMBRE 2014

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UNIVERSITÉ PARIS-8 SAINT-DENIS amphi D001

Métro : Saint-Denis Université (Ligne 13)

À partir de 9h30

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PROGRAMME

9H30 – 12H30

TABLE RONDE – L’ISLAMOPHOBIE DANS TOUS SES ÉTATS

13H45 – 16H15

ATELIERS THÉMATIQUES – SIX ATELIERS AU CHOIX

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16H 30 – 17 H

RELEVÉ DE CONCLUSION DES ATELIERS

17H – 19H

TABLE RONDE:

VAINCRE LE RACISME

ET (RE)CONQUÉRIR NOS DROITS

19H – 20H

PERFORMANCE ARTISTIQUE

«MUSULMAN» ROMAN

Organisations et associations participantes

Participation et spiritualité musulmanes (PSM), Collectif Féministes pour l’égalité (CFPE), Mamans Toutes Égales (MTE), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Collectif des musulmans de France (CMF), Commission Islam et laïcité, Union juive française pour la paix (UJFP), Mouvement du christianisme social, Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Parti des indigènes de la République (PIR), Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 (CEAL), Collectif antifasciste Paris-Banlieue (CAPAB), Union des organisations islamiques de France (UOIF), Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (iReMMO), Cedetim/Ipam, ATTAC France, Front thématique antiracismes du Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble, Sortir du colonialisme, Fondation Frantz Fanon, Collectif Stop le contrôle au faciès, Studio Praxis, Femmes plurielles, AFD International, International Jewish Antizionist Network (IJAN), Tayush (Belgique), Bruxelles Panthères. Médias Saphirnews, Oumma.com, BeurFm, Politis, Mediapart, Radio Orient, Basta !, Radio France-Maghreb…

Contact : islamophobie13dec2014@gmail.com

Twitter : @JICI2014

Facebook : Journée internationale contre l’islamophobie

[

Voir/télécharger l’affiche

Voir/télécharger le programme

->doc5331]

Sources: Exhibit B : les points sur les i – Par PIR et BAN

http://indigenes-republique.fr/journee-internationale-contre-lislamophobie-le-13-decembre-2014/

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MOBILISATION EUROPÉENNE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE

[

lundi 8 décembre 2014, par Alain Gresh

Nouvelles d’Orient

->http://blog.mondediplo.net/2014-12-08-Mobilisation-europeenne-contre-l-islamophobie]

L’agression raciste survenue à Créteil le 1er décembre a soulevé l’émoi général et la mobilisation des autorités françaises. Pourtant, comme le souligne l’Union juive française pour la paix (UJFP), dans un communiqué publié le 6 décembre, «Créteil, une agression raciste qui nous indigne mais ne nous étonne pas»:

«Si l’UJFP s’indigne de ces actes, elle ne s’en étonne guère. En effet le racisme propagé dans notre société depuis le sommet de l’Etat envers des groupes de personnes ciblées, parce qu’Arabes, Noirs, et ou musulmans, Roms, sans papiers, demandeurs d’asiles… repris sans état d’âme par des médias avides de scoops et de buzzs, des “intellectuels” et éditorialistes venimeux, a pour conséquence d’augmenter les passages à l’acte racistes.

Et des passages à l’acte il y en a tous les jours dans ce pays, contre des concitoyens arabes noirs et ou musulmans, des femmes agressées violentées parce que voilées, des Roms attaqués à l’acide, dont les camps sont brûlés, et cela dans un silence médiatique et politique assourdissant.

Encore une fois nous devons donc nous interroger sur le traitement politique et médiatique très particulier de cet événement.»

En effet, en arrière-plan de ce traitement, il y a une manœuvre détestable qui vise à se camoufler derrière la mobilisation justifiée contre des actes antisémites pour faire oublier le racisme d’Etat qui s’est installé dans le pays, défendu d’abord par le premier ministre Manuel Valls, lequel peut, impunément, désigner une communauté, les Roms, à la vindicte publique.

Racisme d’Etat qui se traduit de mille et une manières — du comportement agressif des policiers jusqu’aux enseignants et autres «bons citoyens» qui humilient, contrôlent les Noirs ou les musulmans de façon abusive. Pendant ce temps, on laisse se répandre l’idée que se manifesterait un antisémitisme spécifique lié au conflit israélo-arabe. Dans une excellente tribune publiée par Le Monde du 6 décembre, «Il faut parler d’antisémitisme avec rigueur», la sociologue Norma Meyer démonte les sondages récemment publiés afin d’accréditer cette idée.

Lire Raphaël Liogier, «Le mythe de l’invasion arabo-musulmane», Le Monde diplomatique, mai 2014.

La lutte contre le racisme est indivisible, mais il est nécessaire de rappeler qui sont aujourd’hui, en Europe, les premières victimes de ce racisme : les musulmans, les Roms et les Noirs. Alors que plus aucun grand parti ne défend officiellement l’antisémitisme, alors que les formations de la droite extrême ont remplacé celui-ci par l’islamophobie [Lire, en guise de contre-exemple, Corentin Léonard, [«Une extrême droite qui n’exècre pas l’islam», Le Monde diplomatique, avril 2014.]], alors que les grands partis de droite et de gauche laissent régulièrement percer leur haine de l’islam et défendent les mesures prises par l’Etat (au nom de la laïcité ou ou nom de la défense des femmes), ce racisme ne rencontre pas la riposte qu’il mérite.

C’est dire l’importance de la journée internationale contre l’islamophobie qui se tient le samedi 13 décembre à l’université de Saint-Denis et, en même temps, à Londres, Amsterdam et Bruxelles, sous le titre « Une bataille pour les droits civiques ! ». Il est symbolique que cette initiative ait lieu le même jour où se mobiliseront aux Etats-Unis tous ceux qu’indigne la brutalité de la police américaine contre les Noirs et les minorités, contre la justice à deux vitesses.

On trouvera ci-dessous l’appel à cette journée et son programme (pour une version détaillée, télécharger ce PDF).

Une bataille pour les droits civiques !

Le racisme gangrène nos sociétés : contrôles au faciès, destructions de camps roms, agressions de femmes voilées, discriminations à l’embauche et au logement de personnes portant des noms à « consonance étrangère », circulaire Chatel contre les mamans voilées…

Les attaques contre des populations décrites comme « dangereuses » se multiplient. Elles s’inscrivent dans un climat idéologique et médiatique qui, au nom de la « guerre contre le terrorisme » ou d’une conception particulièrement cynique de la devise « liberté-égalité-fraternité », entretient la haine contre ceux – et celles – qui sont décrits comme « étrangers ».

Depuis une trentaine d’années, et singulièrement depuis 2001, l’islamophobie est devenue le canal privilégié d’expression – et même de régénération – d’un racisme d’État. Instrumentalisant de « nobles principes » (la laïcité, la République, l’égalité des sexes…), un redoutable système d’exclusion se construit jour après jour, en France comme dans les autres pays européens.

Alors que le Vieux Continent traverse une grave crise économique et sociale, il est particulièrement dangereux de désigner des boucs émissaires à la vindicte populaire (musulmans, Noirs, Roms…). La désaffection des victimes à l’égard des forces de gauche qui ne les défendent pas, comme la progression fulgurante de l’extrême droite à l’échelle continentale, ces dernières années, en témoignent.

Le racisme ne disparaîtra pas tout seul. Aujourd’hui comme hier, il faut se battre pour faire reculer cette forme particulièrement vicieuse de racisme qu’est l’islamophobie. Comme les Noirs américains dans les années 1950-1960, comme les travailleurs immigrés des années 1970-1980, il faut continuer la bataille pour les droits civiques et pour l’égalité.

Après le succès de la première « Journée internationale contre l’islamophobie » qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris en décembre 2013, nous organisons une nouvelle journée de réflexion et d’action le samedi 13 décembre 2014, en associant plus de forces et d’organisations, et en travaillant en coordination avec les groupes qui, dans d’autres pays européens, se mobilisent contre l’islamophobie et organiseront au même moment des rassemblements similaires au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique…

Venez nombreux-ses !

Programme

  • 9h30 – 12h30 Table ronde – L’islamophobie dans tous ses états

  • 13h45 – 16h15 Ateliers thématiques – Six ateliers au choix

  • 16h30 – 17h – Relevé de conclusion des ateliers

  • 17h – 19h – Table ronde – Vaincre le racisme et (re)conquérir nos droits

  • 19h – 20h – Performance artistique – « Musulman » roman

Organisations et associations participantes

Participation et spiritualité musulmanes (PSM), Collectif Féministes pour l’égalité (CFPE), Mamans Toutes Égales (MTE), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Collectif des musulmans de France (CMF), Commission Islam et laïcité, Union juive française pour la paix (UJFP), Mouvement du christianisme social, Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Parti des indigènes de la République (PIR), Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 (CEAL), Collectif antifasciste Paris-Banlieue (CAPAB), Union des organisations islamiques de France (UOIF), Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (iReMMO), Cedetim/Ipam, ATTAC France, Front thématique antiracismes du Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble, Sortir du colonialisme, Fondation Frantz Fanon, Collectif Stop le contrôle au faciès, Studio Praxis, Femmes plurielles, AFD International, International Jewish Antizionist Network (IJAN), Tayush (Belgique), Bruxelles Panthères.

Médias :

Saphirnews, Oumma.com, BeurFm, Politis, Mediapart, Radio Orient, Basta !, Radio France-Maghreb…

Lieu :

Université Paris-8 Saint-Denis – Amphi D001
Métro : Saint-Denis Université (Ligne 13)

Contact :

islamophobie13dec2014@gmail.com / Twitter : @JICI2014 #JICI2014 / Facebook : Journée internationale contre l’islamophobie

Partenaires européens :

Sources Nouvelles d' »Orient

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NUMÉRO SPÉCIAL SUR L’ISLAMOPHOBIE

REVUE POLITIS

http://www.politis.fr/IMG/pdf/Politis-News-1331.pdf

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ISLAMOPHOBIE, SE BATTRE CONTRE CETTE FORME VICIEUSE DE RACISME!

Michel Peyret

08 déc. 2014

« Le racisme ne disparaitra pas tout seul. Aujourd’hui comme hier, il faut se battre pour faire reculer cette forme particulièrement vicieuse de racisme qu’est l’islamophobie. Comme les Noirs américains dans les années 1950-1960, comme les travailleurs immigrés des années 1970-1980, il faut continuer la bataille pour les droits civiques et pour l’égalité. Après le succès de la première « Journée internationale contre l’islamophobie » qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris en décembre 2013, nous organisons une nouvelle journée de réflexion et d’action le samedi 13 décembre 2014, en associant plus de forces et d’organisations, et en travaillant en coordination avec les groupes qui, dans d’autres pays européens, se mobilisent contre l’islamophobie et organiseront au même moment des rassemblements similaires au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique…»

Voir ci-dessous la totalité de l’Appel des organisations et associations en faveur de la nouvelle « JOURNEE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE ».
Michel Peyret

08 déc. 2014


JOURNEE INTERNATIONALE CONTRE L’ISLAMOPHOBIE:

UNE BATAILLE POUR LES DROITS CIVIQUES

PAR COLLECTIF 27 NOVEMBRE 2014

Une journée internationale contre l’islamophobie se déroulera à Paris, Amsterdam, Londres et Bruxelles, le 13 décembre prochain. Elle rassemblera simultanément des collectifs et organisations qui se mobilisent contre l’islamophobie. A Paris, des ateliers, des tables-rondes et une performance artistique seront organisés, à l’Université Paris 8-Saint Denis. Un évènement dont Basta ! est partenaire.

Le racisme gangrène nos sociétés : contrôles au faciès, destructions de camps roms, agressions de femmes voilées, discriminations à l’embauche et au logement de personnes portant des noms à « consonance étrangère », circulaire Chatel contre les mamans voilées…

Les attaques contre des populations décrites comme « dangereuses » se multiplient. Elles s’inscrivent dans un climat idéologique et médiatique qui, au nom de la « guerre contre le terrorisme » ou d’une conception particulièrement cynique de la devise « liberté-égalité-fraternité », entretient la haine contre ceux – et celles – qui sont décrits comme «étrangers».

Depuis une trentaine d’années, et singulièrement depuis 2001, l’islamophobie est devenue le canal privilégié d’expression – et même de régénération – d’un racisme d’État. Instrumentalisant de « nobles principes » (la laïcité, la République, l’égalité des sexes…), un redoutable système d’exclusion se construit jour après jour, en France comme dans les autres pays européens.

Alors que le Vieux Continent traverse une grave crise économique et sociale, il est particulièrement dangereux de désigner des boucs émissaires à la vindicte populaire (musulmans, Noirs, Roms…). La désaffection des victimes à l’égard des forces de gauche qui ne les défendent pas, comme la progression fulgurante de l’extrême droite à l’échelle continentale, ces dernières années, en témoignent.

Le racisme ne disparaîtra pas tout seul. Aujourd’hui comme hier, il faut se battre pour faire reculer cette forme particulièrement vicieuse de racisme qu’est l’islamophobie. Comme les Noirs américains dans les années 1950-1960, comme les travailleurs immigrés des années 1970-1980, il faut continuer la bataille pour les droits civiques et pour l’égalité.
Après le succès de la première « Journée internationale contre l’islamophobie » qui a rassemblé plusieurs centaines de personnes à Paris en décembre 2013, nous organisons une nouvelle journée de réflexion et d’action le samedi 13 décembre 2014, en associant plus de forces et d’organisations, et en travaillant en coordination avec les groupes qui, dans d’autres pays européens, se mobilisent contre l’islamophobie et organiseront au même moment des rassemblements similaires au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et en Belgique…

Organisations et associations participantes :

Participation et spiritualité musulmanes (PSM), Collectif Féministes pour l’égalité (CFPE), Mamans Toutes Égales (MTE), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Collectif des musulmans de France (CMF), Commission Islam et laïcité, Union juive française pour la paix (UJFP), Mouvement du christianisme social, Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), Parti des indigènes de la République (PIR), Collectif enseignant pour l’abrogation de la loi du 15 mars 2004 (CEAL), Collectif antifasciste Paris-Banlieue (CAPAB), Union des organisations islamiques de France (UOIF), Institut de recherche et d’études sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (iReMMO), Cedetim/Ipam, ATTAC France, Front thématique antiracismes du Front de gauche, Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), Ensemble, Sortir du colonialisme, Fondation Frantz Fanon, Collectif Stop le contrôle au faciès, Studio Praxis, Femmes plurielles, AFD International, International Jewish Antizionist Network (IJAN), Tayush (Belgique), Bruxelles Panthères.

Le programme en PDF

#JICI2014 Twitter: @JICI2014

Facebook : Journée internationale contre l’islamophobie

Contact : islamophobie13dec2014@gmail.com

_____

Voir aussi l’article:

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[

PEUT-ON ETRE ISLAMOPHOBE TOUT EN SE CROYANT ANTIRACISTE?

PAR IVAN DU ROY

18 DÉCEMBRE 2013

->http://www.bastamag.net/Peut-on-etre-islamophobe-tout-en]

Augmentation des agressions et des discriminations, amalgames toujours plus fréquents entre islam, intégrismes et terrorismes, loi interdisant certaines pratiques religieuses… L’islamophobie est bien une réalité en France. Pire : « Pour beaucoup de gens, l’islamophobie est justifiée comme un combat nécessaire », y compris à gauche, expliquent les sociologues Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat. Ils analysent la montée et les ressorts de cette islamophobie à la française, alors qu’ailleurs en Europe les mouvements antiracistes se mobilisent pour la combattre.

Basta ! : Quelles sont les manifestations de l’islamophobie en France, aujourd’hui ?

Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat [[Auteurs d’Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman »(La Découverte). Marwan Mohammed est chargé de recherche au CNRS (Centre Maurice Halbwachs). Abdellali Hajjat est sociologue et politiste, maître de conférences à l’université Paris-Ouest Nanterre.]]: Il existe une multitude de formes d’expression du rejet d’une population. Dans l’espace public, ce sont des discours, des sites Internet, des articles de presse ou des productions cinématographiques qui contribuent à la construction d’un « Islam imaginaire»[[Titre de l’ouvrage de Thomas Deltombe, L’islam imaginaire, La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, Ed. La Découverte.]] et à l’évidence d’un problème musulman : l’image négative et inquiétante d’une présence musulmane décrite comme arriérée, sournoise, donc dangereuse. Ensuite, ce sont les pratiques discriminatoires auxquelles sont confrontés des individus – musulmans réels ou présumés –- dans leur vie sociale. Ces discriminations touchent essentiellement les femmes qui portent un signe religieux visible, le voile. Parmi ces discriminations, certaines sont illégales : les discriminations à l’emploi, à l’accès aux loisirs ou aux services. Une enquête par testing, réalisée par l’Université Paris 1 sur le marché de l’emploi, montre ainsi qu’une jeune femme musulmane a 2,5 fois moins de chances d’être convoquée à un entretien d’embauche, qu’une jeune fille qui a le même CV et la même couleur de peau mais qui diffère par des marqueurs religieux, comme le prénom. D’autres discriminations sont légales : des formes d’exclusion qui reposent sur la loi, comme la loi sur le voile à l’école, sur le port du niqab dans l’espace public ou la décision de la Cour d’appel de Paris qui justifie le licenciement d’une salariée voilée de la crèche Baby Loup, une structure privée.

S’exprime-t-elle aussi par la violence ?

Les violences physiques et verbales sont en nette augmentation depuis au moins 2009, comme le montrent les données du ministère de l’Intérieur[[Selon la Commission nationale consultative des droits de l’Homme, en 2012 « les actes antimusulmans progressent de 30% confirmant la tendance à la hausse enregistrée en 2011 (+34%) ».]]. Celles du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) suivent la même courbe. Les enquêtes d’opinion sur le rapport à l’Islam et à la présence musulmane montrent une hostilité très forte concernant le port du foulard, ainsi qu’une hostilité croissante envers des actes cultuels qui ne posaient pas de problèmes avant : prier ou jeûner pendant le Ramadan. Nous avons encore du mal à mesurer l’ensemble des manifestations de ce rejet global. Ne pas saisir la justice ou les institutions reste très courant pour les populations musulmanes. D’autres s’autocensurent : des personnes qui ont intégré le fait qu’elles n’avaient pas leur place, et ne font même plus la démarche de trouver une formation ou un emploi.

Dans ce que vous nommez «l’islamophobie d’en haut», quel exemple vous a le plus marqué?

Il y a malheureusement profusion d’exemples. Mais un seul nous paraît essentiel pour comprendre en profondeur le processus de construction d’un problème musulman : les grèves ouvrières à l’usine Citroën d’Aulnay et de Talbot à Poissy, en 1984. Des ouvriers, essentiellement maghrébins, se mobilisent alors contre des plans de licenciements. Avec notamment la CGT, ils défendent leurs droits, leurs emplois et l’amélioration de leurs conditions de travail. Des revendications classiques, si ce n’est qu’apparaît en bas de la liste la demande de disposer d’un lieu de prière pendant les pauses. D’où vient cette demande? D’une première expérience menée en 1976 à l’usine Renault Billancourt, où une salle de prière a été ouverte avec le soutien des syndicats et du patronat de l’époque, qui acceptait que les travailleurs immigrés de passage puissent exercer leur culte dans de bonnes conditions. C’est de cela que s’inspirent les grévistes de 1984. Ceux-ci sont des ouvriers marocains d’origine rurale dont beaucoup ne parlent qu’arabe. Pour mobiliser, les leaders syndicaux marocains parlent donc arabe et utilisent des concepts à teneur religieuse, comme « Inch Allah ». Rappelons également le moment géopolitique particulier : 1979, la révolution iranienne, 1983-1984, les attentats contre les militaires français au Liban.

C’est dans ce contexte que le patronat et le gouvernement construisent un problème musulman. La grève n’est plus syndicale, mais devient, dans la bouche du ministre de l’Intérieur Gaston Defferre, une grève sainte, une grève intégriste, une grève chiite – les Marocains sont sunnites, mais peu importe. L’objectif est de disqualifier une mobilisation sociale en la transformant en problème musulman. Des caricatures de la presse montrent alors des voitures produites à la chaîne et couvertes d’une burqa. Cette construction d’un problème musulman n’est pas venue des salariés ou des syndicats, mais d’en haut : des élites patronales, des cabinets ministériels, de la hiérarchie policière et d’une partie des élites médiatiques.

Pourquoi construire un « problème musulman » à partir d’une grève ouvrière?

Cela intervient au moment du tournant de la rigueur du gouvernement socialiste de Pierre Mauroy. Les licenciements prévus par Citroën et Talbot doivent être entérinés par l’État. C’est le gouvernement socialiste qui lâche les travailleurs immigrés. Parler d’un conflit religieux plutôt que d’un conflit de classes contribue aussi à renforcer les divisions au sein de la classe ouvrière. Quand l’usine occupée est évacuée par les CRS, des ouvriers viennent crier « les Arabes au four ». Toutes les représentations sur lesquelles s’appuie l’islamophobie contemporaine sont présentes, avant même que n’apparaisse l’affaire du voile à Creil, en 1989.

L’islamophobie serait d’abord institutionnelle ?

Prenez la récente affaire de la crèche Baby Loup. Au départ, il s’agit d’un conflit salarial entre deux agents, la directrice et son adjointe. Le foulard ne pose pas de problème. Cela devient un enjeu politique à partir du moment où certains acteurs – avocat, intellectuels et politiques – en font un problème national. Des parents se sont-ils mobilisés contre le port du voile ? Aucun. En 2003, les principales fédérations de parents d’élèves et d’enseignants réclament-ils une loi interdisant le port du foulard à l’école publique? Non. Aujourd’hui, les étudiants demandent-ils l’interdiction du foulard islamique à l’université ? Non plus.

L’héritage colonial joue-t-il un rôle dans l’islamophobie actuelle?

Il existe une idée commune aux deux périodes : l’islam constitue une culture ou une religion inférieures. Les individus concernés disposent donc d’une citoyenneté sous condition. Pour eux, l’égalité est toute relative. Les récents textes de loi qui interdisent le port du voile visent un seul groupe social. C’est une vision plutôt discriminatoire de la laïcité. L’historien des religions Jean Baubérot rappelle que l’administration coloniale refusait, à l’époque, que les minorités indigènes bénéficient du principe de laïcité. Surtout, la période coloniale est marquée par une radicalisation de la perception de l’Autre musulman : la différence serait religieuse et théologique mais aussi raciale et psychologique. Cette idée se retrouve dans la construction contemporaine de l’islamophobie.

Il n’y a cependant rien de linéaire entre les représentations de l’islam depuis son émergence, pendant le Moyen Âge puis lors de la période coloniale. A chaque fois, nous devons analyser la construction d’un ennemi, d’un islam ou d’un musulman imaginaire en référence au contexte. Dans l’histoire, la sexualité du musulman a, par exemple, d’abord été construite comme une sexualité débridée, avec l’image du harem. Depuis la fin de la période coloniale, elle est construite comme une sexualité bridée, frustrée et réactionnaire. L’image du harem laisse place à celle de l’intégriste père puritain. Au Moyen Âge, pour critiquer le clergé, la modernité des musulmans est parfois opposée à l’intolérance des chrétiens. Mais une idée domine : celle de construire un islam barbare et conquérant. Et la réduction de l’Autre, musulman ou présumé tel, à son appartenance religieuse.

Un racisme biologique se doublerait d’un racisme culturel?

Le racisme biologique n’a pas disparu. Il est juste en sourdine. La comparaison de la ministre de la Justice noire à un singe nous rappelle que cette forme de racisme est toujours bien présente, même si elle est complètement disqualifiée. La difficulté avec l’islamophobie, c’est l’articulation entre la question raciale et religieuse. L’un ne recouvre pas l’autre, les deux s’articulent, et alimentent beaucoup de confusion. Distinguer ce qui relève de l’origine et de la religion est donc difficile. Les personnes racistes n’aiment pas les Arabes et, généralement, n’aiment pas leur religion. Ils rejettent donc les deux. Mais les enquêtes d’opinion montrent bien qu’une partie des sondés peuvent se dire antiracistes tout en étant islamophobes, notamment à gauche.

On peut donc se penser antiraciste et être islamophobe?

L’origine, la couleur de peau, le sexe… Toutes les formes de rejet liés au physique et aux signes d’une identité héritée sont disqualifiées en France. L’islam, ou la religiosité, est considéré différemment. C’est un critère qui n’est pas considéré comme hérité, qui est réversible. Vous ne pouvez pas changer votre origine, vous pouvez changer de religion. Et la religion musulmane est interprétée comme une forme d’hostilité à la société majoritaire, une forme de subversion de l’ordre démocratique. Pour beaucoup de personnes, l’islamophobie est donc justifiée comme un combat nécessaire. Analyser cette confusion est décisive pour comprendre pourquoi certains rechignent à reconnaître l’islamophobie et à lutter contre. Nous vivons aussi dans une société à la tradition laïque très puissante. La laïcité s’est construite pour limiter le pouvoir de catholicisme, le pouvoir de la religion et des religieux. Cette mémoire de la lutte anti-religieuse demeure très prégnante. Et rend également difficile la reconnaissance de l’islamophobie.

Quel rôle joue le contexte géopolitique ?

Il sert à justifier les discours islamophobes par l’amalgame entre l’islam pratiqué en France, au coin de la rue, et l’islam utilisé par des mouvements politiques, parfois violents, aux quatre coins du monde. Il s’inscrit dans une rhétorique de la menace. Ces amalgames savamment entretenus nous empêchent de penser la présence musulmane comme une présence française. Dans les médias, islam et terrorisme sont régulièrement liés. Pourtant, qui sait que dans l’ensemble des attentats préparés, fomentés, réussis ou ratés, la part des attentats dits islamistes ne dépasse jamais 2%, selon Europol. Alors que 85% des attentats sont liés aux mouvements séparatistes. Encore un décalage entre la construction d’un problème public et la réalité !

L’Église catholique ou des communautés évangéliques sont régulièrement critiquées pour leurs positions conservatrices, voire réactionnaires. Comment critiquer certains conservatismes de l’Islam sans tomber dans l’islamophobie?

La critique argumentée des dogmes ou des conservatismes est libre et largement répandue en France. Pour autant, la critique peut également servir de paravent au rejet et au mépris. Même si des critiques sont émises à l’égard des religions, elles ne donnent pas lieu au même traitement public. Le traditionalisme catholique ou le prosélytisme évangélique, très présent dans les quartiers populaires, ne sont pas construits en problème public, alors qu’ils constituent des enjeux équivalents à certaines formes de présence musulmane.

Des entraves à la laïcité, si on la prend à la lettre, il y en a beaucoup : le concordat, des processions dans l’espace public, les sources catholiques de notre calendrier… C’est une longue tradition d’accommodement qui dessine la France laïque depuis des siècles. Pourtant, les nombreuses processions traditionalistes ou les cérémonies religieuses qui bloquent des bouts de ville, font bien moins de bruit que les prières de rue isolées, liées au manque de place ou aux deux fêtes de l’Aïd[[En commémoration au sacrifice d’Abraham, puis célébrant la fin du Ramadan.]] transformées en problème public mobilisant une grande partie de la classe politique ou des médias. Par ailleurs, après les manifestations contre le mariage pour tous, il n’est venu à personne l’idée d’opposer la présence catholique dans l’espace public aux valeurs nationales. Or, à chaque problème impliquant des musulmans, c’est une opposition récurrente, les valeurs nationales seraient menacées.

Qu’en est-il dans les autres pays européens?

L’islamophobie au niveau européen inquiète les organisations antiracistes, sauf en France. La question de l’islamophobie, de sa légitimité comme phénomène, ne pose plus problème ailleurs en Europe. Des débats ont porté sur sa définition et sa réalité, ce qui est sain dans un pays démocratique. Mais en France, le déni est la règle depuis que l’essayiste Caroline Fourest a écrit en 2003 que le terme islamophobie avait été inventé par les mollahs iraniens. Ce qui est un mensonge. En Europe, les principales organisations antiracistes s’intéressent à l’islamophobie, lancent des campagnes. En Scandinavie ou au Royaume-Uni, des femmes non voilées portent le voile par solidarité avec des femmes agressées. En France, l’antiracisme mainstream– Sos Racisme, la Licra – ne s’en occupe presque pas, alors que le phénomène est croissant et massif. Nous constatons cependant une regain d’intérêt récent quoique timide de la part de la Ligue des droits de l’Homme et du Mrap. Mais faire admettre que l’islamophobie est une réalité n’est pas encore gagné ! Pourtant, l’enjeu fondamental de l’islamophobie, c’est la remise en question de la légitimité de la présence des musulmans, des immigrés post-coloniaux, sur le territoire français.

Recueillis par Ivan du Roy
Photo : CC Peter Dahlgren

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À lire : Marwan Mohammed et Abdellali Hajjat, Islamophobie, comment les élites françaises fabriquent le « problème musulman » (La Découverte). Pour commander ce livre dans la librairie la plus proche de chez vous, rendez-vous sur le site Lalibrairie.com.

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VOYAGE AU CŒUR DE LA MONDIALISATION, AVEC ABDERRAHMANE HADJ-NACER

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publié par Saoudi Abdelaziz

blog algérieinfos

le 30 Novembre 2014

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/11/voyage-au-coeur-de-la-mondialisation-avec-abderrahmane-hadj-nacer.html]

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Dans la longue contribution parue en deux parties dans El Watan sous le titre « LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ ALGERIE ». Abderrahmane Hadj-Nacer présente « les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé« la mondialisation », de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. » .

Ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie dans le gouvernement Hamrouche, il a ensuite collaboré, après l’éviction du groupe des réformateurs, dans plusieurs banques d’affaires européennes, maghrébines, et participe aux réflexions prospectives. On peut donc supposer qu’il sait de quoi il parle lorsqu’il analyse le paradigme financier de la géopolitique mondiale.

la conclusion consacrée à l’Algérie

400 milliards ou « la mondialisation des dupes»

La « force »en devises de l’Algérie généralement affichée est ces réserves légales d’environ 200 milliards de dollars dont il est publiquement fait état. Ces réserves sont pourtant en réalité le double, soit environ 400 milliards de dollars une fois comptabilisés les avoirs de l’ensemble des citoyens et des entreprises d’algériens.

Cela inclut les fruits du travail honnête et des malversations mais pas les accélérations de l’«Argent Brutal» observées récemment. Toutefois, et quelque en soit le montant, cet argent peut disparaitre, le plus légalement du monde, s’il n’est pas dépensé intelligemment.

En fait, appartient-il encore à l’Algérie lorsque, par exemple, une loi américaine stipule qu’en cas de crise, tous les avoirs disponibles aux Etats Unis doivent servir le peuple américain.

Les hommes des strapontins, les postulants oligarques d’origine algérienne peuvent certes entretenir cette double illusion d’être, pour services rendus, promus dans le micro-cercle intouchable de l’oligarchie mondiale et, pour le moins, de jouir à vie et de transmettre en héritage la part du butin qui leur revient sur leurs rapines, déloyautés et trahisons pour certains. Ils ne comprennent pas, malgré les précédents célèbres, du Shah d’Iran, Marcos, Ben Ali mais aussi les Khalifa, Berezovski et consorts qu’ils n’ont ni la patine généalogique, ni les strates d’accumulations, ni les codes pour accéder au Gotha, qu’ils sont des «parvenus» en mission porteurs d’une tare indélébile: leur argent sent trop fortement, trop fraichement l’illégitimité, l’illégalité. Les admettre à sa table serait pour l’oligarchie mondiale, pour les notabilités internationales qui tant ont œuvré à en effacer les traces, être renvoyés à ses propres origines, à l’origine de sa richesse et pouvoir sur les autres hommes.

Par tous les moyens de captation possibles, du recours à la Justice à l’utilisation de produits financiers sophistiqués, en passant par les crises et les saisies brutales, l’argent des élites illégitimes reviendra aux établissements et pays qui l’hébergent.

Il disparaitra, ne reviendra jamais aux nations et peuples spoliés ou peut être quelques miettes et beaucoup d’effet d’annonce, en réponse à de vrais pressions d’un peuple en révolte, comme ces broutilles rendues à la Tunisie ou à la Lybie ou encore à l’Egypte alors que les sommes détournées et en recel dans des banques étrangères se chiffrent à plusieurs centaines de Milliards .

Lorsque l’on réfléchit sur ces thèmes cruciaux qui conditionnent non pas le flou de l’avenir mais notre futur très immédiat, on se rend compte que «notre ventre mou», c’est d’avoir une élite dirigeante consentante ou défaitiste, soumise aux desiderata des autres.

Cette soumission est-elle la résultante d’opérations délibérées d’états impérialistes et néocoloniaux classiques ; est-elle à mettre en rapport avec une sorte d’attraction qui, par oligarques nationaux interposés, fait miroiter la possibilité d’intégrer la gouvernance du nouvel ordre mondial en gestation?

Rien n’est à exclure, et surtout pas le rôle d’une sorte de comportement magico-superstitieux qui consiste à croire en l’existence d’un plan d’action, d’une machinerie, d’un deus ex-machina qui nous sauvera, d’un «mektoub» qui nous vaincra, de quelque chose qui dans tous les cas nous dépasse et agit sur tout, qu’il s’agisse de guerre ou de changement politique; alors qu’en réalité ce que l’on apprend aujourd’hui, c’est que, malgré l’autonomisation de l’Etat profond, aucun pouvoir n’est homogène, que les contradictions internes et conflits internationaux existent et, en conséquence, ouvrent aux pays comme le nôtre un espace même réduit de choix, une possibilité de jeu qui lui soit favorable.

Au lieu et place de cette soumission magico-superstitieuse infantile qu’on retrouve chez tous nos dirigeants, sur le mode optimiste du: «Ils ne vont pas nous laisser tomber», ou l’inverse.

Plus que les interventions étrangères qui ont bien sûr leurs impacts et effets, le grand drame de la gouvernance de notre pays, l’origine de ses effondrements et impasses est le formatage dans la soumission des élites dirigeantes.

Permettre à tous et chacun d’accéder aux richesses, importations et chantiers de ce pays, sous le seul critère des rétro-commissions, alimentent en plus des comptes en banque l’illusion d’un modus vivendi avec tous et chacun, français, américains, chinois… Dangereuse euphorie, surdité profonde qui ne voit ni n’entend à quel point tous et chacun se gaussent des largesses et de la malléabilité des dirigeants.
L’Algérie est tout à fait en mesure et a un sens suffisant de ses responsabilités pour proposer à son peuple et au monde un accommodement raisonnable qui tienne compte de l’ensemble des intérêts (…)

autres extraits

  • « Nous avons d’une part une monnaie mondiale dominante, le Dollar sans réalité économique puisque déconnecté de toute base matérielle ou de tout actif tangible, et des monnaies régionales à l’image de l’Euro et du Renminbi ancrés à l’économie réelle.

    La mondialisation serait elle le lieu de lutte ultime entre une monnaie qui joue sa survie, entre l’«axe du mal» que représentent le poids de l’endettement américain et la crise du dollar et d’autres monnaies qui visent à la remplacer collectivement, ou entre l’économie financiarisée spéculative et virtuelle et l’économie réelle (…)
  • Depuis 1971, l’état américain s’est octroyé l’exclusivité du privilège d’émettre sans contre partie du papier monnaie. Cela parce qu’il est la première puissance mondiale et qu’il ne s’agit pas d’une économie sous développée mais de l’Empire, du centre de l’Empire. Et il est même possible pour l’Empire d’envisager de ne jamais rembourser parce qu’il peut, pour ce faire, recourir à la guerre, ce que nous constatons aujourd’hui.

    Toutes ces guerres actuelles et tentatives d’en créer répondent à un besoin de survie. L’Amérique, pour garder son niveau de puissance, ne peut pas rembourser ses dettes et doit être en position de faire payer le reste du monde.

    Si l’on passe en revue les hypothèses de sortie de crise pour cette puissance, que constatons-nous? Depuis une dizaine d’années, les USA ont essayé de faire fonctionner la planche à billets afin de générer l’inflation, c’est-à-dire une hausse des prix vertigineuse non seulement à l’intérieur des Etats Unis mais dans le monde entier. Du point de vue factuel, dans le contexte de la crise financière, l’erreur fondamentale des Etats Unis a été de pratiquer le« quantative easing », de fabriquer l’inflation alors que le niveau atteint par l’endettement rendait son absorption impossible (…)
  • À cet égard, la crise de 2008 dite des «sub-primes» est édifiante. Les citoyens américains les plus pauvres ont été mis en situation d’emprunter, par des manipulations des taux d’intérêt vers la baisse puis vers la hausse, les faisant ainsi passer de taux symboliques à 24%!

    Dans une telle situation, il existe deux façons de faire : soit faire payer la population, soit faire payer partiellement ceux qui ont prêté l’argent.

    Les États Unis ont choisi de faire payer non seulement les emprunteurs mais aussi le reste du Monde, pour sauver les banques.

    Lorsque vous choisissez de sauver les banques et non de sauver les citoyens, cela veut dire que vous optez en réalité pour un schéma politique ou une organisation sociale qui va influer sur tout le devenir du monde, dans l’immédiat.

    Vous optez en dernière analyse en faveur d’une concentration des fortunes aux mains d’une extrême minorité; vous consentez à appauvrir de façon mécanique la majeure partie de la population par le chômage, la faillite et l’impôt. Cela signifie aussi que cette étape de la crise sert à précariser la population, à la rendre fragile afin de faire d’elle ce que l’on veut, ce dont on a besoin. Et cela est devenu tellement efficace que les Etats Unis utilisent des instruments de chantage non seulement à l’égard de leur population mais aussi du reste du monde (…)
  • Ainsi lorsque les Américains subventionnent l’exploitation du soit disant miracle que serait le gaz de schiste pour en baisser le prix, ce qu’ils font en réalité, à travers ce miroir aux alouettes, c’est affaiblir les producteurs directs d’hydrocarbures, vendre les intrants d’une technologie qui leur appartient, diminuer en somme la capacité de résistance de leurs rivaux, le temps nécessaire à la restructuration du monde.

    La vision oligarchique de la gestion du Monde a des adeptes dans tous les pays. L’apparition de l’ «Argent Brutal» dans notre pays correspond à ce rêve insensé de faire partie du Gotha. Par argent brutal, j’entends l’argent acquis hors système de régulation, par les «coups de force» contre les institutions, les lois et les impôts ; amnistié en même temps que les maquis etc. Sa logique est la destruction de l’Etat par l’accaparement directe des leviers de l’économie et du pouvoir politique (…)
  • Le commerce de la drogue est une constituante principale de la gestion du monde. Certains économistes affirment même qu’il n’est pas possible de financer des services secrets sans trouver de sources de financement parallèle, ce qui inclut la drogue mais aussi le commerce des armes comme la traite des êtres humains.

    Comment expliquer que des quantités colossales de ces produits traversent les frontières et les océans, si les trafiquants ne bénéficiaient pas de complicités auprès des organes de surveillance terrestres, aériens et maritimes (…).
  • Dans ce monde occulte ultralibéral, à la concurrence exacerbée, la lutte pour le leadership est sans fin et particulièrement meurtrière. Dans ce milieu aussi la terreur est le seul mode de gouvernance.

    Avec l’argent de la drogue, on achète d’abord les politiciens et les fonctionnaires et ensuite on recycle discrètement dans les banques. Eléphants blancs, surfacturations et recel généralisé dans les banques occidentales permettent de recycler en permanence et de fluidifier les marchés financiers.

    Il est possible de faire un parallèle avec l’Algérie où l’économie informelle représente 50% de l’économie globale. On a affaire à la même logique: on n’est plus dans la régularité, plus dans la loi mais hors la loi, à la porte du crime organisé… Et si l’on ajoute à cela ces actions qui ne peuvent être officialisées par leurs inscriptions dans des budgets de l’Etat, en principe soumis à la représentation populaire, aux regards publics, on aboutit alors à cette autre phase de la logique où services spéciaux se finançant par des fonds parallèles, vont enfanter des services parallèles et être enclins à créer leurs armées, le tout sans aucune reddition de comptes, ni aux institutions ni aux opinions (…).
  • Les services spéciaux, en se dédoublant, s’autonomisent et prennent en charge la gestion du monde. En se déconnectant de toute forme de contrôle, ils créent leur propre pouvoir d’intervention et de décision: «L’Etat profond» est, à l’échelle du monde, cette conjonction entre capacités de renseignement, capacités militaires et argent hors contrôle (…).
  • Nous voyons qu’à propos de l’Ukraine, les Etats Unis font pression sur l’Europe pour qu’elle se réarme, et, simultanément, nous observons l’Allemagne qui elle tient ferme sur l’interdit de dépasser le plafond de déficit budgétaire.

    Le réarmement massif européen est donc rendu impossible. Il s’agit, en somme, d’une résistance extraordinairement intelligente à l’Empire américain, organisée par l’Allemagne et non par la Russie ni par la Chine.

    On peut donc souligner que le plus grand opposant aux desseins des Etats Unis c’est l’Allemagne, qui a une vision multipolaire. Et c’est précisément ce qu’exprime la guerre des monnaies. (…)
  • Un évènement incroyable s’est déroulé récemment: l’Or Allemand stocké aux USA a disparu. Attention, est en question l’Allemagne, la troisième puissance mondiale : son or, physiquement, n’est plus où l’Allemagne l’a mis. A- t- il été gagé par les USA auprès de créanciers souverains comme s’il s’agissait de leurs biens, ou s’agit-il d’autre chose? Cela pourrait effectivement signifier que les Etats Unis font pression, font du chantage sur l’Allemagne, lui intimant de se soumettre.

    Nous même, et pour que l’histoire ne l’oublie, nous avions en 1990/91 commencé à déplacer l’or de la Banque d’Algérie qui était stocké à Fort Knox, aux Etats Unis, au même endroit que l’Allemagne. À l’époque, les attaques furent féroces. Nous avons été accusés d’avoir détourné le stock d’or de l’Algérie, alors qu’il s’agissait de le déplacer pour diversifier les risques géographiques et politiques pour notre pays. Cette opération a été interrompue, et si le scandale fut grand, nous n’avons pu hélas sauver qu’une petite partie du stock d’or. Il ne s’agit pas d’en tirer gloriole mais de réitérer la conviction que la guerre a des formes dont on ne se doute jamais. Une Europe germanisée serait-elle plus proche du combat des BRICS qu’il n’y paraît? (…)

Texte intégral:

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LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ALGÉRIE

Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, voici le long article de Abderrahmane Hadj Nacer, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, le 29 novembre 2014, sur El-Watan. Le contenu de l’article est tonnant pour un auteur comme lui qui nous avait habitué à l’expression de points de vue moins radicaux. Mais l’analyse ne manque, selon moi, ni de justesse théorique, ni de pertinence politique. Quelques accents de « complotite » (comme diraient certains) ne devraient pas gêner une lecture intelligente du texte.
Bonne lecture! Repris et diffusé par Omar Lardjane, adressé par un lecteur à socialgerie le 30 novembre 2014.

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Pour lire le texte, cliquer sur le lien (…)


sources

Partie 1

La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie (partie1)

Ce texte est la reprise écrite de thèmes abordés le 6 septembre 2014, à l’occasion de l’Université d’été du RAJ. Il s’agissait de sélectionner des chiffres et faits significatifs permettant de caractériser les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé «la mondialisation», de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. Ainsi, l’observation attentive de l’évolution relative des monnaies est pleine d’enseignements.

Pour lire la suite, cliquer sur le lien (…)

http://www.elwatan.com/contributions/la-lente-agonie-du-dollar-les-mondialisations-et-l-algerie-partie1-29-11-2014-279534_120.php

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Partie 2

La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie (partie2)

Pour lire le texte, cliquer sur le lien (…)

http://www.elwatan.com/contributions/la-lente-agonie-du-dollar-les-mondialisations-et-l-algerie-partie2-29-11-2014-279575_120.php

FANNY COLONNA

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UN TÉMOIGNAGE DE MOHAMED HARBI Publié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfos – le 29 Novembre 2014;


LES VERSETS DE L’INVINCIBILITÉMessaoud Benyoucef – braniya chiricahua – le 21 novembre 2014;


FANNY COLONNA NOUS A QUITTÉS – ELLE AVAIT 80 ANS Publié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfos – le 21 Novembre 2014 : FANNY COLONNA: « MES COLLÈGUES NE S’INTÉRESSENT PAS À L’ISLAM »;


FANNYPar Arezki Metref – Le Soir d’Algérie – balade dans le Mentir/vrai (35) – le 23 novembre 2014;


FANNY COLONNA, CHERCHEURE ESSENTIELLE El Watan – le 21 novembre 2014;


UN TÉMOIGNAGE DE MOHAMED HARBI

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Publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos

le 29 Novembre 2014

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/11/fanny-colonna-repose-desormais-a-constantine.html]

Lycéen à Skikda, je fus un jour sollicité par un chef scout, Zerouk Bouzid, pour assurer la diffusion d’une publication que lui avait envoyée Salah Louanchi : il s’agit de Consciences maghrébines , une revue annonciatrice de la naissance d’un courant de pensée anticolonialiste au nom de la conscience chrétienne. Le professeur André Mandouze en était l’animateur.

Je sus, plus tard, que Fanny appartenait à ce courant, qui constituait une chance pour l’affirmation d’un nationalisme démocratique, œuvrant à une société multiculturelle et multiethnique.

Chacun sait que l’éveil de l’Algérie à une existence historique a fait de grands progrès après 1945. La critique des mythes fondateurs de l’Algérie coloniale, qui gagnait des secteurs de plus en plus étendus de la société, n’épargna pas la communauté européenne.

Une mince frange des chrétiens d’Algérie – prêtres, étudiants et syndicalistes, à l’image d’Evelyne Lavalette, détenue politique – s’attaquèrent aux « écrans accumulés pour nier le caractère politique du problème algérien et le réduire à un problème économique et social ».

Cette donnée, oh combien féconde, de l’histoire algérienne a été prise en charge à Alger par les Scouts musulmans, avec Mahfoud Kaddache, Salah Louanchi, Omar Lagha, Mohammed Drareni, Reda Bastandji et les centralistes du MTLD – auxquels Fanny a consacré une étude qui revoit les polémiques anciennes à la lumière des politiques de notre temps.

Loin d’atténuer cette avancée, la guerre la précipita. Des prêtres comme les abbés Albert Berenguer, Pierre Mamet, Jobic Kerlan, Jean Scotto…, les militants de l’AJAAS et les animateurs de Consciences maghrébines s’engagent dans la résistance et incitent l’Eglise d’Algérie, avec à sa tête le cardinal Duval, et le Vatican à la défendre.

Hommes de l’ombre sur le sol algérien, détenus politiques dans les prisons, exilés à l’étranger, ils ont tous mis leur énergie et leur foi au service de la nation algérienne: «Nous ne venons pas en aide au FLN, dixit Pierre Chaulet. Nous sommes Algériens comme vous : notre sol, notre patrie, c’est l’Algérie, nous la défendons avec vous. Nous sommes du FLN. »

Cette profession de foi, c’est aussi celle de Fanny. Son amour de la terre natale, qu’elle a exprimé tout au long de la guerre civile des années 1990 et jusqu’à son dernier souffle, a transformé sa vie de manière à lui donner un sens que la mort ne peut lui ravir.

L’hommage que l’Algérie lui doit va aussi à tous les chrétiens que le fanatisme religieux n’a pas épargnés. Ne les oublions pas. Le silence institutionnel sur leur contribution à la victoire contre le colonialisme n’a pas aidé à assurer leur sécurité dans la tourmente qu’a connue l’Algérie ces dernières années. Espérons que le rattrapage en cours y remédiera.

Mohammed Harbi, 25 novembre 2014.

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FANNY COLONNA

REPOSE DÉSORMAIS

À CONSTANTINE

la sociologue-anthropologue

algérienne

est enterrée

au cimetière chrétien de Constantine


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LES VERSETS DE L’INVINCIBILITÉ

Messaoud Benyoucef

braniya chiricahua

vendredi 21 novembre 2014

->http://braniya.blogspot.fr/2014/11/les-versets-de-linvincibilite.html]

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Fanny Colonna, anthropologue, vient de nous quitter. Paix à son âme. En 1996, j’avais écrit un article de recension pour la revue « Hommes et migrations ». Il s’agissait d’un compte-rendu du maître ouvrage de Fanny Colonna, « Les versets de l’invincibilité ». En hommage à Fanny, chrétienne-progressiste algérienne, le voici :

C’est l’histoire d’une perte, entrevue et pensée en termes de courbe, dont le tracé, « lent, très lent, séculaire », dessine en définitive la disparition d’une figure centrale de la société algérienne : le « saint », ce clerc, ce lettré, ce « taleb » nourri à la sève unique du Livre Invincible, le Coran.

Avec l’effacement du saint, c’est un « bouleversement dans l’épistémé des gens » qui se produit: la manière de lire et d’interpréter le monde au moyen du Coran change. Notons bien, cependant, que le Coran reste présent dans son immuabilité et que la perception et l’appropriation du monde se font toujours par son truchement; c’est son mode de présence au monde qui a changé.

Disons-le autrement: une fracture décisive se produit au XXème siècle, en Algérie, qui voit la religiosité changer: la silhouette familière et fantasque du saint s’estompe pour laisser la place à l’Islahi, le réformateur qui, revenu du fond des âges -et, accessoirement de quelque voyage d’études au Moyen-Orient- entend rappeler la société à l’observance stricte de l’Islam « véritable », celui des Origines, des premiers croyants, les « Salaf ».

C’est donc cette permanence de l’Islam et ces changements dans la religiosité dans l’Algérie contemporaine, que Fanny Colonna scrute, décompose et reconstruit à travers un exposé méthodologique-critique et une analyse de quatre « nouvelles », récits de Coran, de terre et de sang dans le massif montagneux de l’Aurès, dans l’est de l’Algérie.

Dans la première partie, intitulée « une religion introuvable », F. Colonna s’interroge sur les enjeux cognitifs du religieux et sur sa place et sa fonction dans les sociétés maghrébines. Elle relève que l’historiographie et la sociologie du Maghreb ont, très longtemps, été élaborées à la lumière épistémologique du positivisme durkheimien dominant dans les sciences sociales, et qui n’accordait pas de place à la religion dans son analyse des faits sociaux.

Pourtant, en dehors du cadre universitaire, une foule d’études et de travaux étaient produits sur l’Algérie qui accordaient à la religion une place centrale, essentielle même, dans la vie sociale: il s’agissait de la « littérature » des officiers des Bureaux arabes et des Administrateurs des Affaires indigènes, dont la préoccupation immédiate était, il est vrai, de comprendre, pour mieux la combattre, la dynamique de mobilisation et d’insurrection des tribus.

Cette alternative, « la religion est tout / la religion n’est rien », est la manifestation symptomale d’un autre enjeu, celui de l’inscription identitaire du Maghreb.

En effet, toute une tradition intellectuelle se rattachant à la « Cité antique » de Fustel de Coulanges, via Durkheim, a abouti à la négation de l’ancrage du Maghreb dans la culture islamique, au profit de son inclusion dans l’espace méditerranéen, aux côtés de la Grèce, de Rome, de l’Anatolie… Emile Masqueray, Jean Servier et, surtout, Albert Camus figurent parmi les nombreux promoteurs de cette annexion; (F. Colonna rappelle que le premier épisode du célèbre reportage d’A.Camus, « Misère de la Kabylie » , était titré: « la Grèce en haillons »!).

On le voit bien : ce stéréotype de la « méditerranéité est incompatible avec une religion révélée scripturaire comme l’Islam; il n’est compatible qu’avec un paganisme de fait. »

Pourtant, la présence de l’Écriture et de textes dans les sociétés maghrébines était un fait têtu et massif: pas une des manifestations de la vie en société n’était indemne de l’empreinte de la religion et du texte sacré; rien n’échappait à leur magistère.

C’est cette réalité que les anthropologues anglo-saxons en particulier, Clifford Geertz, Jack Goody et Ernest Gellner -entre autres- vont placer au centre de leurs réflexions sur les sociétés islamiques; leurs travaux vont marquer le début de la déconstruction de la raison objectiviste durkheimienne et ouvrir la voie à une interprétation du sens de la religiosité: « l’accent va être mis, dès lors, sur l’autonomie du religieux et, surtout, sur la construction d’un paradigme qui offre les moyens de questionner l’évolution des manières de croire comme un phénomène endogène, c’est à dire ne se ramenant pas à la conséquence directe des rapports avec un autre. »

C’est, explicitement, que F.Colonna inscrit son travail dans le cadre général de ce paradigme; comme C. Geertz avec Bali, ou E. Gellner avec le Haut-Atlas marocain, elle choisira le massif des Aurès, en Algérie, sur lequel, pendant plus de vingt ans, elle enquêtera et réfléchira, car il offre des homologies troublantes avec ces deux situations:  » même résistance à la conversion, aussi bien à la laïcité qu’au Christianisme. Même besoin de se légitimer comme croyants aux yeux des autres et de l’État central. Et, surtout, même prise en main de l’opération de réformation religieuse par la caste religieuse elle-même; par le haut, si on peut dire. »

Dans cette immense montagne berbère de l’est algérien, qui fut le tombeau des premiers conquérants arabes, mais aussi, et paradoxalement, une forteresse de la langue arabe et de l’Islam – à la différence de sa « cousine », la Kabylie, massivement berbérophone et souvent consentante à la conversion au Christianisme-, les récits des Origines situent l’éponyme fondateur à l’ouest (en général dans la Séguia El Hamra, le Sahara Occidental, lieu de départ de ces moines-soldats qui tiennent les marches du Dar El Islam, la « maison de l’Islam », dans leurs « Ribat », ces avant-postes fortifiés : d’où leur nom les Mourabitounes, ceux qui tiennent le Ribat, et sa déformation en « Mrabtines », les marabouts, saints, guérisseurs et savants.)

LES VERSETS DE L’INVINCIBILITÉ  - Permanence et changements religieux dans l'Algérie contemporaine  -  Fanny Colonna  - Presses de Sciences Po -  400p.

Le premier récit est consacré à l’histoire d’une tribu des Aurès qui situe ainsi ses origines.

Le second traite de la tribu des M’samda, protagoniste et ordonnatrice d’un grand rituel ambulatoire au caractère « astronomique » (lié aux saisons) et orgiaque évident.

Le troisième est l’histoire d’un homme dont la prétention à la sainteté est en débat.

La quatrième « nouvelle », enfin, raconte l’émergence de la Réformation religieuse à travers la biographie d’un membre de l’association des Ulémas musulmans, ces lettrés d’un nouveau style qui vont mener cette tentative de retour à un Islam épuré des « scories » maraboutiques.

Au terme de cette recherche qui devrait introduire à une  » sociologie intellectuelle  » de la société algérienne, que retenir?

  • D’abord, que les figures successives des clercs, saints et autres lettrés, procédaient toutes d’un substrat intellectuel qui a rendu ce pays « invincible », qui l’a préservé contre l’aliénation mentale: ce substratum, c’est le ‘Ilm, la tradition scolastique -point aveugle de l’historiographie et de la sociologie officielles- qui s’est fondée, durant des siècles, sur l’inculcation et la retransmission d’un savoir religieux autochtone.
  • Ensuite, que c’est dans le creuset d’une langue liturgique et d’une pensée religieuse que l’idée de nationalité est née; en ce sens, on peut dire que ces réformateurs, qui ont tenté de remplacer les saints traditionnels, sont bien les « pères de la nation, mais en une filiation non sanglante, au contraire de celle du pouvoir politique ».

Mais le lecteur ne pourra pas s’empêcher de penser à ces figures sanglantes, venues d’un autre âge, elles aussi, et, accessoirement, d’un voyage dans le Moyen-Orient, et qui ont entrepris de réislamiser -encore!- cette pauvre Algérie. Il ne pourra pas ne pas remarquer que, par leur haine du festif, de la joie et de la foi populaire, elles sont, décidément, à la ressemblance de leurs illustres devanciers, les réformateurs, dont il faut excepter les esprits les plus éclairés, les plus occidentalisés, les plus modernistes, tel Benbadis.

Messaoud Benyoucef (02/11/96)

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FANNY COLONNA NOUS A QUITTÉS

ELLE AVAIT 80 ANS

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Publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos

le 21 Novembre 2014

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/11/fanny-colonna-mes-collegues-ne-s-interessent-pas-a-l-islam.html ]

FANNY COLONNA:

« MES COLLÈGUES NE S’INTÉRESSENT PAS À L’ISLAM »

Quatre mois avant sa mort, Fanny Colonna évoquait avec Jean-Pierre Van Staëvel, chercheur à l’Université de Paris-Sorbonne, son ouvrage phare, « Les Versets de l’invincibilité ». Fanny Colonna y révèle, selon son interlocuteur, « le renversement des valeurs qu’opère l’iṣlāḥ badissien qui a délégitimé l’islam séculaire, fondé sur le culte des saints et la sociabilité confrérique, qui avaient jusqu’alors régné sans partage sur les sociétés rurales du massif de l’Aurès ».
Fanny Colonna précise: « Il est question dans le livre d’un islam villageois et de ses transformations, et, plus précisément, de la religion quotidienne, celle avec laquelle les gens interprètent le monde, envisagé ici comme un univers de représentations historiquement constitué, nullement primitif ». Evoquant l’accueil fait en Algérie à cet ouvrage paru au milieu de la Décennie noire, Fanny Colonna note vingt ans après: « Les intellectuels, universitaires, mes collègues donc, ne s’intéressent pas à la religion. La révolution ne s’intéresse pas à l’Islam ».

Fanny Colonna raconte à Jean-Pierre Van Staëvel

la génèse et le contenu de son ouvrage

Juillet 2014

EXTRAITS

« J’avais l’impression de ne rien savoir, et d’être totalement autodidacte lorsque j’ai commencé à travailler sur le sujet. Mais j’ai grandi dans un village, la Meskiana, et cette vie rurale m’avait profondément imprégnée. Mon père voulait que j’apprenne l’arabe, je suis donc allée quelques temps à l’école coranique pendant les vacances, avant d’entrer au Lycée.

J’ai vu, dans ce mystère du kuttāb, comment on apprenait aux enfants à penser. Et j’ai vécu, dans mon corps, ce qu’était le kuttāb: la posture en tailleur, le rôle de la parole, de la récitation, le balancement des corps, l’amour pour la calligraphie des lettres sur la planche enduite d’argile… Mon article sur la répétition est justement une analyse de ces techniques mises en œuvre pour forger une pensée. J’ai adoré le kuttāb; je n’ai pas conservé mon lawḥ d’enfant mais j’en ai acquis un pour un dinar dès mon premier terrain dans l’Aurès: il figure en frontispice dans les Versets.

Puis je suis allée à la Médersa réformiste de mon village : et là j’ai vu toute la différence avec l’école coranique, le pantalon droit et la chemise blanche du maître, le banc et le tableau, les élèves assis en rangs, le contrôle des corps. Les deux types d’éducation m’ont marquée, les deux formes d’exis corporelle aussi, tout comme la révélation de l’écart existant entre les deux. À cette expérience personnelle s’est ajoutée, bien plus tard et sur un plan professionnel cette fois, une commande de l’Unesco (Colonna, 1984), qui voulait savoir si, dans le cadre d’une politique d’alphabétisation généralisée, il fallait soutenir l’action des écoles coraniques. Je suis donc partie sur le terrain à Java, en 1986 et j’ai répondu oui. Et j’ai supervisé par ailleurs la constitution d’une copieuse bibliographie sur le kuttāb.

Comment s’est effectué le choix du terrain

dans le massif montagneux de l’Aurès?

Premièrement sur une base géographique: Timimoun, mon premier terrain était trop loin d’Alger (j’avais quatre enfants encore jeunes), d’accès trop difficile. Pas de téléphone à l’époque. J’avais pu observer déjà, par de courtes missions jusqu’au fond de l’erg, comment se présentait le système éducatif.

L’Aurès a donc été un second choix. Une équipe du Crape y travaillait déjà. Des liens institutionnels existaient avec la municipalité de Bouzina, autorisant des tournées sur le terrain avec les étudiants. L’enquête a commencé en 1973, et s’est poursuivie jusqu’au début des années 1980. Elle s’insère plus largement dans le questionnement qui a été le mien entre 1970 et 1990. C’était néanmoins une recherche en solitaire.

Quelle a été la réception de l’ouvrage en France et en Europe

Avant même d’aborder la question de la réception – ou son absence –, il est intéressant de noter qu’une fois le manuscrit terminé, il m’a tout d’abord fallu essuyer onze refus d’édition. Le sujet n’intéressait pas. Comme les oueds de l’Aurès finissent dans le sable, ce livre n’a pas trouvé son milieu de réception.

En France, ce livre n’a pas allumé de vocation, n’a suscité aucun débat, pas de réaction. J’en ai fait mon deuil.

La raison? Tout d’abord une question de circonstance. La parution du livre en novembre 1995 a coïncidé avec une période d’intense agitation sociale et politique en France, et un terrible conflit armé en Algérie. L’ouvrage n’a fait l’objet d’aucune promotion. La presse n’en a donné aucune recension. Une surdité générale, en fait.

Dans les cercles scientifiques, aucun des séminaires de l’Ehess ne pouvait faire écho à ma recherche, trop peu marxiste pour s’imposer. Même si l’on n’en était plus à mettre en avant la question de la religion comme «masque de la lutte des classes», la lecture marxiste – et son refus de voir la chose religieuse en tant que telle – conservait encore à ce moment-là une position d’autorité dans le champ académique.

Plus largement, il n’y a donc eu aucune valorisation de cette recherche. Les quelques comptes rendus qui ont été faits des Versets ont été bien intentionnés, mais ne se sont guère intéressés au fond de la question (…).

Et en Algérie ?

Un séjour de deux ans au Caire en 1996-98 m’a permis de faire traduire les Versets en arabe. Mais surtout, au bout de dix ans d’efforts, grâce à l’un de mes premiers étudiants, Mohand-Akli Hadibi, j’ai pu faire éditer l’ouvrage en Algérie (2006). J’y tenais beaucoup.

Toutefois, cette réception retardée est restée timide, de l’ordre du privé et des relations interindividuelles. Il n’y a eu aucune réaction publique, pas de compte rendu dans la presse. Jusqu’à aujourd’hui, les Versets sont peu connus, ou contournés.

Cela s’explique aisément par la position idéologique défendue par le mouvement national algérien depuis ses débuts.

Alors même que Messali Hadj est un religieux, la religion est considérée comme un problème épineux, et donc laissée de fait «pour plus tard». Les intellectuels, universitaires, mes collègues donc, ne s’intéressent pas à la religion.

La révolution ne s’intéresse pas à l’islam, à l’unique exception d’Ahmed Nadir (Nadir, 1984).

Comme s’il y avait là, sur les deux rives de la Méditerranée, une conjonction des positionnements scientifiques et idéologiques, qui empêche l’émergence de la religion «rurale» ou «quotidienne» en tant qu’objet de recherche?

Plus qu’une simple conjonction, les deux attitudes sont en totale correspondance: ce sont des vases communicants.

Motivées par des raisons différentes, elles se rejoignent dans un semblable rejet de la religion comme objet de science et comme objet de débat politique. Mes interlocuteurs, issus d’élites intellectuelles marquées par la vulgate marxiste et dépourvus de connaissances sur l’histoire religieuse de l’Algérie, ne voulaient pas entendre parler de religion. Ce refus révèle plus encore qu’une posture intellectuelle : un exis très profond.

L’intégralité l’entretien sur http://remmm.revues.org/8766

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Lire aussi les nécrologies qui lui sont consacrées dans

El Watan.com

et
le HuffPost

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FANNY

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Par Arezki Metref

arezkimetref@free.fr

Le Soir d’Algérie – balade dans le Mentir/vrai (35)

le 23 novembre 2014

->http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/11/23/article.php?sid=171257&cid=8]

Comme dans la vie des hommes, dans celle des récits au long cours, il y a des haltes, des accélérations, des creux, des bonheurs et le malheur. Avec le décès de Fanny Colonna, cette balade dans le Mentir/vrai est frappée par le deuil.
Quand mardi soir, j’ai appris qu’elle venait de s’éteindre, je me suis senti affligé par la disparition subite d’une amie, mais aussi par le fait que cette chronique perdait, en pleine exaltation, une marraine. Car il faut dire que depuis que cette chronique a basculé dans le mentir/vrai, avec ce que cela induit de construction littéraire et intellectuelle, Fanny Colonna en était une lectrice fidèle, exigeante et vigilante qui ne laissait rien passer.

Même si elle réagissait à tous les épisodes, ce n’est qu’en mars 2014 qu’elle me téléphona, lorsque j’abordai la séquence sur Albert Cossery à Paris, et au Caire où elle avait vécu au milieu des années 1990.

De sa voix mélodieuse reconnaissable entre toutes, elle m’intima :

– ll faut qu’on se voie, j’ai quelque chose à te dire!

Ah ce «quelque chose à te dire», c’était son expression! Rendez-vous fut pris quelques jours plus tard dans un café :

– Ce pourrait être intéressant de réunir en volume ces textes sur les auteurs qui t’ont inspiré, toi et ceux de ta génération, car ils me semblent bien oubliés.

Elle ajouta : – Non seulement, il faut que tu continues cette série, mais tu dois aussi envisager chaque épisode comme le chapitre d’un ouvrage.

Elle m’avoua que ce qui l’intéressait dans cette démarche, ce n’était pas seulement le caractère anecdotique, bien que, reconnut-elle, cet aspect ne soit pas déplaisant. Étudiant la production des savoirs, elle y voyait un intérêt intellectuel, sinon sociologique. Elle m’expliqua que peu de gens savaient qu’en dépit de l’enfermement physique et mental qui fut et reste celui des Algériens, ces derniers sont capables de se jouer de tous les obstacles pour aller à la conquête de la construction de savoirs. Elle évoqua comme cas d’espèce les voyages littéraires de ces chroniques, en y voyant cette volonté tenace d’abattre les murs que les pouvoirs politiques dressent entre nous et la connaissance libre. Elle développa beaucoup cet aspect de sa propre réflexion concrétisée par des écrits sur l’émergence de classes moyennes post-independance dont l’accès à l’instruction avait aiguisé l’appétit de savoir contredit par des limites idéologiques imposées par les institutions.

Jusqu’à cette discussion avec Fanny, je n’avais pas conscience que ces écrits factuels puissent être perçus autrement que comme des souvenirs de voyages, de rencontres et de lectures.
Je lui répondis du tac au tac :

– Evidemment, je suis d’accord pour en faire un ouvrage !

Puis, après un examen plus sérieux de la proposition :

A condition que tu préfaces l’ouvrage et que les arguments que tu viens de développer et que je n’avais pas franchement envisagés, y figurent.

Cet échange m’avait doublement boosté. C’est ce que je crus du moins de prime abord. D’une part, il ne me déplaisait pas que ces récits suscitent un intérêt comme celui de Fanny Colonna, allant au-delà de la narration et, au mieux, de la littérature. D’autre part, je découvrais cette excitante possibilité qu’un livre puisse se construire par étapes publiées et dans une sorte de plaisir éphémère et renouvelé. Mais, paradoxalement, je comprenais du même coup que l’euphorie de cette découverte portât en elle ses propres chaînes. Dès le moment où je me mis à m’efforcer chaque étape comme un fragment d’ouvrage, l’exigence de cohésion et de singularité me faisait perdre en spontanéité et en fraîcheur. Je quittais le journalisme dans son acception indulgente de littérature de l’éphémère, qui pardonne la maladresse, pour passer sous les fourches caudines de la littérature avec ce qu’elle comporte de contraignant, c’est-à-dire de définitif.

Fanny Colonna, qui suivait chaque étape, ne se rendit pas compte de mon malaise d’avoir renoncé au droit à la spontanéité. Bien au contraire, elle trouva le résultat de plus en plus élaboré.
Universitaire soucieuse de précision, elle commença, à un certain moment, à concevoir les exigences de l’ouvrage qui devait être, selon elle, complété par l’adjonction de tout un système de références, et par des indications bio-bibliographiques de tous les auteurs lus, rencontrés, croisés.

Comme je ne savais par moi-même à quel moment achever cet ouvrage, je sollicitai son avis :

– C’est à toi de voir. Quand tu te sentiras prêt, je te ferai une préface et je t’aiderai à élaborer tout l’appareil critique.

Depuis plusieurs mois, nous communiquions par intermittence et souvent par de brefs courriels.

Après avoir publié au mois d’août dernier dans Le Soir d’Algérie un reportage sur Apulée de Madaure, elle me téléphona de nouveau pour me dire qu’il fallait absolument l’insérer dans la série. Je rétorquai que cela ne faisait pas partie de la balade du Mentir/vrai. Elle objecta que mon argument était strictement formel et que le reportage procédait bien de la même démarche.

Une fois encore, rendez-vous fut pris pour en parler de vive voix. Reporté !

Le temps passa.

Depuis septembre, elle ne réagissait plus à la chronique. De mon côté, pris par divers déplacements, je repoussai indéfiniment le projet de lui téléphoner…

En 20 ans, j’ai beaucoup travaillé avec Fanny Colonna. Il y aurait encore bien des choses à dire. Mais je préfère m’en tenir à ce compagnonnage autour du Mentir/vrai car je sais que quand j’écris, Fanny Colonna veille avec rigueur et sympathie.

A. M.

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FANNY COLONNA, CHERCHEURE ESSENTIELLE

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El Watan

le 21 novembre 2014

->http://www.elwatan.com/contributions/fanny-colonna-chercheure-essentielle-21-11-2014-278517_120.php]

Mardi 18 novembre, la chercheure Fanny Colonna, de nationalité algérienne, est décédée à l’âge de 80 ans, loin de son terrain de recherche, l’Algérie qui l’a vu naître en 1934. Ceux qui l’ont connue lui rendent hommage.

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HEUREUSE D’ENCOURAGER UNE NOUVELLE GÉNÉRATION DANS LA DÉCOUVERTE DE L’ ALGÉRIE:

Par : James McDougall

Fanny Colonna, sociologue algérienne, nous a quittés subitement le 18 novembre 2014. Née en Algérie en 1934, étudiante à Constantine puis à Alger, où elle a milité «raisonnablement», de ses propres termes, dans le milieu des consciences maghrébines et des cadres du PPA-MTLD recherchés alors par la police française.

Enseignante après l’indépendance aux côtés de Mouloud Mammeri, réfugiée en France en 1993 mais souvent, depuis, revenue dans son pays, elle a travaillé sur l’Egypte, sur le Maghreb plus largement, mais surtout sur le terrain algérien de l’Algérie «profonde»: le Gourara, les Aurès étaient ses lieux de recherches privilégiés. On lira encore pendant longtemps ses brillants ouvrages de référence sur les instituteurs algériens de l’école française (Instituteurs algériens, 1975), l’histoire de l’islam contemporain vu à travers les oulémas aurésiens (Les Versets de l’invincibilité, 1995), la pratique d’une l’ethnographie Sud-Sud (Récits de la province égyptienne, 2004), ou les liens surprenants qui ont pu exister à un moment d’avant-1914, entre personnalités étonnantes d’Algériens et d’Européens dans l’intérieur du pays (Le Meunier, les moines et le bandit, 2010), et ses abondants articles, toujours pleins de détails comme de subtiles analyses sur l’histoire rurale et ses «savants paysans», sur la science coloniale, la culture, les producteurs intellectuels et j’en passe. Elle aimait le cinéma et la littérature.

Ses écrits sont faits avec un sens à la fois du visuel — un portrait ou un paysage est dépeint en quelques lignes avec une remarquable finesse — et une richesse de langage où l’acuité d’analyse se combine avec la profondeur de l’observation.

Mais nous continuions de profiter, surtout, de l’abondante générosité avec laquelle elle a prodigué idées, conseils, lectures, aide et encouragements non seulement à ses propres étudiants, mais à tous ceux et celles qui venaient, d’Algérie, de France, d’Angleterre ou des Etats-Unis, vers elle au cours de leurs travaux universitaires en histoire et sciences sociales, toutes disciplines confondues. Subtile, brillante, franche, toujours accueillante, elle recevait volontiers, longtemps après sa retraite à Paris, de jeunes chercheurs venus discuter de leurs projets de recherche, du terrain ou des idées, heureuse comme elle l’était d’encourager une nouvelle génération dans la découverte de l’Algérie, de son passé et de sa société si riches même dans leurs douleurs, ce qu’elle avait compris très jeune elle-même dont le père fut administrateur à la campagne et dont la première éducation politique fut à l’écoute d’un militant PPA, assigné à résidence chez elle et loin de chez lui. Fanny Colonna nous laisse accablés par la disparition d’une amie si chère, si vivace, pleine d’humour et d’un sens aigu de la vie, et qui avait encore tant de choses à nous enseigner.

Par : James McDougall (Professeur d’histoire à l’université d’Oxford, Angleterre)

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ELLE AVAIT CHOISI D’ ÊTRE ALGÉRIENNE :

Par : Augustin Jomier,

Fanny Colonna s’est éteinte mardi dernier. Nous nous connaissions depuis une petite dizaine d’années. Très généreuse de son temps et de sa personne, elle se montrait spécialement disponible pour les jeunes chercheurs d’Algérie, de France et d’ailleurs. Ils se sentent aujourd’hui orphelins. Fanny avait encore tant à transmettre. Son regard vif, sa parole franche et souvent malicieuse faisaient advenir des discussions d’une rare qualité, puis laissaient ses auditeurs sous le charme. Le jeune confrère que je suis est mal placé pour en parler, mais sa famille, sa foi – très libre aussi – et l’Algérie occupaient une très grande place dans son existence. Elle était née en 1934, dans la campagne algérienne, d’un père administrateur de ce qui s’appelait alors une «commune mixte». Marquée par l’anticolonialisme catholique et par ses diverses expériences de la «situation coloniale», elle choisit d’être Algérienne.

Depuis Alger, où elle a vécu jusqu’en 1993, elle a mené sa carrière sur les deux rives de la Méditerranée, publiant en Algérie comme en France. Cofondatrice du département de langue et culture berbères de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, elle laisse une œuvre aussi dense qu’originale. Dès sa thèse sur Les Algériens instituteurs (1883-1939), elle a affirmé une grande liberté vis-à-vis des récits politiques dominants – coloniaux comme nationalistes –, des clivages disciplinaires et des formes de l’écriture scientifique. Elle n’a eu de cesse d’explorer l’histoire culturelle de l’Algérie et du Maghreb, le plus souvent rurale, afin d’y lire les bouleversements profonds induits par la colonisation et l’émergence, dans l’entre-deux-guerres, d’acteurs culturels et religieux nouveaux. Les Versets de l’invincibilité (1995) en recueillent la quintessence. Sociologue de formation, elle préférait se définir comme anthropologue, consacrant de longs terrains à exhumer des archives inédites ou à mener des enquêtes orales. A la fin de sa vie, elle dialoguait beaucoup avec les historiens, les éveillant sans cesse à de nouveaux questionnements.

À partir des années 1990, elle avait exploré des formes d’écriture plus narratives et imagées. Loin des canons scientifiques, ses récits très incarnés et suggestifs rendent avec clarté l’histoire des sociétés passées comme les conditions subjectives de sa recherche: son dernier ouvrage, Le Meunier, les moines et le bandit (éditions Koukou, 2011) est, à cet égard, une belle et grande réussite.

Fanny nourrissait encore bien des projets, notamment autour de l’œuvre d’Emile Masqueray (1843-1894), ethnographe dans les pas duquel elle avait souvent marché dans les Aurès et en Kabylie et dont elle jugeait l’œuvre trop méconnue. Quand nous nous sommes écrit pour la dernière fois, il y a un mois, elle achevait un ouvrage sur les détenus algériens du bagne de Calvi, un des nombreux legs qu’elle nous fait et que nous continuerons à faire vivre.

Par : Augustin Jomier, doctorant en histoire, université du Maine/Fondation Thiers-CNRS

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UNE PASSION ALGÉRIENNE

Par : Kamal Chachoua, Mohand Akli Hadibi, Azzedine Kinzi et Loïc Le Pape

La disparition soudaine de Fanny Colonna, décédée mardi 18 novembre 2014 à Paris, nous révèle l’existence d’une tradition et d’une génération de socialscientists algérienne que nous avons du mal à connaître et à reconnaître à cause de ses racines, de ses courants et de ses divisions, quelquefois même considérées comme impures. Fanny Colonna est en effet le produit de cette double histoire coloniale et nationale, de la tradition sociologique algérienne qu’elle a su, mieux que beaucoup d’autres, conserver et dépasser. Née dans un village de l’intérieur de l’Algérie en 1934, d’une lignée d’émigrants de la colonisation, à la fin du XIXe siècle, venus du sud de la France, elle a su et pu opérer des choix professionnels et militants qui allaient à l’encontre de sa prime éducation sociale, politique et familiale. Ses choix étaient moins risqués que ceux des jeunes Algériens de sa génération mais, à coup sûr, pas moins douloureux du point de vue affectif.

La guerre d’Algérie ne l’avait pas désorientée mais bien altérée, notamment à cause de la disparition de son père dans des conditions tragiques. C’est aussi durant la guerre d’indépendance qu’elle s’est mariée, qu’elle a eu ses premiers enfants et qu’elle a commencé ses études universitaires à la faculté centrale d’Alger. En 1962, à la différence de la masse des Européens qui ont déserté l’Algérie, Fanny et son mari, Pierre Colonna, font le choix de rester et optent pour la nationalité algérienne. Cette position et ces nouvelles conditions politiques et citoyennes expliquent une part importante de ses choix épistémologiques dans le champ scientifique français et algérien, qu’elle a su tenir des deux mains, sa vie durant.

En 1967, elle soutient, pour son diplôme d’études approfondies (DEA) de sociologie, un mémoire consacré à Mouloud Feraoun sous la direction de Mouloud Mammeri. Quelques mois après, elle devient assistante au département de sociologie à l’université d’Alger et effectue, sous la direction de Pierre Bourdieu, un doctorat de troisième cycle sur Les Instituteurs algériens (1883-1939) soutenu à Paris en 1975. Quand Mouloud Mammeri est désigné directeur du Crape (actuel CNRPAH) en 1969, il fait appel à son ancienne étudiante et collègue de l’université d’Alger comme à de nombreux autres jeunes diplômés algériens pour constituer un corps de chercheurs algériens au centre.

C’est durant ces décennies 1970-80 que Fanny Colonna fait ses premières enquêtes collectives à Timimoun et dans les Aurès et qu’elle connaîtra intensément le milieu culturel, artistique et intellectuel algérois. C’est également durant ces années, où la sociologie algérienne était flamboyante et déclinante en même temps, que Fanny Colonna a construit l’essentiel de son style, de ses orientations théoriques et sa personnalité scientifique. Elle a été la seule à avoir conservé et su dépasser l’héritage scientifique colonial qui divisait toutes les communautés scientifiques d’Algérie et d’ailleurs. Son goût et sa tentation constante d’explorer des modèles théoriques et des approches méthodologiques variés la distinguent jusqu’à la marginalité. Son livre, Les Versets de l’invincibilité (édité en France en 1994, récemment réédité en Algérie sous un autre titre) est, selon ses propres mots, «une surdité générale».

En effet, il n’a suscité aucun écho, aucune vocation, aucune recension mise à part celles de quelques collègues bien intentionnés. Ce livre est en effet le reflet de la théorisation «solitaire» de Fanny Colonna où l’on trouve, face à face et côte à côte, des théories, des sources et des matériaux d’inspirations et de statuts composites. Ce livre arrive, en effet, trop tôt et trop tard en même temps : pas seulement parce qu’en 1994, l’islam rural et local n’est pas le problème épineux de l’Algérie, alors confrontée au terrorisme islamiste, mais aussi parce qu’il creuse une approche théorique innovante qui ne suscite pas d’intérêt dans le milieu algérien des sciences sociales, dominé par une vulgate marxienne tenace et un tabou politique encore vivace sur tout ce qui concerne l’islam. Avec de nombreux autres intellectuels algériens, Fanny Colonna fut à l’initiative d’un Comité international de soutien aux intellectuels algériens (Cisia), qui a assuré l’écho et l’accompagnement des Algériens contraints à l’exil à partir de 1993.

Depuis, elle vivait en France avec une carte de résidence qu’elle renouvelait tous les dix ans comme de nombreux autres émigré(e)s algériens de sa génération. L’enquête sur le retour des diplômés dans le tissu local en Egypte, qui avait pris deux années de terrain aux quatre coins du pays, était, pour Fanny Colonna, une sorte de retour et de reprise Sud-Sud de son travail sur l’Algérie et les Aurès en particulier. Une façon de revisiter le retour au local des jeunes lettrés algériens de l’école française ou des médersas réformistes dans le monde rural de l’Algérie du milieu du XXe siècle. Pour la restitution et l’exposition des enquêtes de terrain du livre Les Provinces égyptiennes, elle s’était inspirée du best-seller de Pierre Bourdieu, La Misère du monde, paru en 1993 aux éditions du Seuil.

Pour revenir à ses deux «maîtres» (Pierre Bourdieu et Mouloud Mammeri), on peut dire que Fanny Colonna n’a jamais totalement adhéré à la théorie de la domination et du déracinement de Pierre Bourdieu, bien qu’elle admirait sa méthode et son exigence scientifique. Tout comme elle n’a jamais totalement adhéré à l’idée d’oralité savante et ascripturaire des sociétés rurales et berbères que défendait Mouloud Mammeri, tout en appréciant son intuition scientifique, son talent pédagogique et sa sensibilité littéraire. En effet, ces deux modèles ne répondent pas et ne l’aident pas à penser et à formuler sa propre quête sociologique de terre et d’ancêtres.

Davantage, ces deux théories ainsi que la tradition sociologique durkheimienne toute entière n’arrivent pas, selon elle, à penser et à constituer l’islam comme objet sociologique. Fanny Colonna a été pour nous une directrice de recherche exigeante et bienveillante. Son œuvre pluridisciplinaire qui mêle littérature, sources orales, archives, enquêtes sociologiques est marquée par un usage et une connaissance passionnée et/mais contrôlée du XIXe siècle, cette «île chronologique», pour reprendre un de ses termes, restera incontournable pour qui veut penser les conflits et les fragilités identitaires du pourtour méditerranéen.

Par : Kamal Chachoua, Mohand Akli Hadibi, Azzedine Kinzi et Loïc Le Pape

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ALGER- 11 DÉCEMBRE 2014: SOUTENANCE DE THÈSE: « LE SALAIRE MINIMUM EN ALGÉRIE »

soutenance de la thèse

de Hassiba Cherifi Benhassine

« Le salaire minimum en Algérie »

le jeudi 11 décembre 2014
à 9h30

Université d’Alger3.
faculté des sciences économiques du Caroubier

La thèse intitulée

« Le salaire minimum en Algérie »

écrite par Hassiba Cherifi Benhassine
sous la direction du Professeur Mohamed Yassine FERFERA

sera soutenue devant le jury composé de :

Ahmed Kouidri, Professeur, Université d’Alger3, Président

Mohamed Yacine Ferfera, Professeur, ENSSEA/CREAD, Rapporteur

Zohra Bouras, Professeur, ENA, Examinatrice

Ahmed Hamadouche, Professeur, Université d’Alger3, Examinateur

Fatma Zohra Souak, Professeur,ENSSEA, Examinatrice

Nacer Eddine Hamouda, Directeur de Recherche,CREAD, Examinateur

Résumé

Cette recherche sur « le salaire minimum en Algérie » se propose de répondre aux questions suivantes :

  • Quels sont les troncs théoriques qui ont servi de base à l’élaboration des textes réglementaires internationaux sur le salaire minimum ?
  • Quelles en sont les applications juridiques et économiques sur un pays comme l’Algérie ?
  • Est-ce que le salaire minimum considéré comme un instrument de la politique économique, fixé par voie réglementaire, après concertation avec les partenaires sociaux, permet de répondre aux attentes du chef d’entreprise qui sont la maximisation de ses profits et aux attentes du travailleur, à savoir la recherche de la satisfaction de ses besoins les plus élémentaires ?

L’enquête par questionnaire que nous avons menée auprès d’un échantillon de 32 entreprises et de 140 travailleurs du Club des Entrepreneurs et Industriels de la Mitidja (CEIMI) fait ressortir
d’une part, que le salaire minimum n’est pas responsable de l’augmentation des coûts dans les très petites, petites et moyennes entreprises. Ces dernières rencontrent différents types de problèmes.
D’autre part, le salaire minimum ne permet pas de satisfaire les besoins des travailleurs et ceux de leurs familles. Les responsables de famille des travailleurs payés au salaire minimum ont des difficultés pour satisfaire leurs besoins alimentaires et pour le paiement des différentes charges.

ملخص

حاولنا فى هذا البحث حول « الأجرالأدنى في الجزائر »الإجابة على التساؤلات التالية

ـ ماهر الجذع النظري الذي ساعد في بلورت النصوص القانونية الدولية للأ جرالأدنى ؟

ـ ما مدى التطبيق القانوني والاقتصادي للأجرالأدنى على بلد مثل الجزائر؟

ـ هل الأجر القاعدي الضماني كأداة للسياسة الاقتصادية ،على النحو الذي يحدده القانون بعد التشاور مع الشركاء
الاجتماعيين يسمح بتلبية تطلعات صاحب المشروع وهو تعظيم الربح ومتطلبات العامل وهى تغطية حاجياته الأساسية؟

الاستبيان الذي أجري على عينة من 32 مؤسسة و 140 عاملا لنادي المقاولين و الصناعيين لمنطقة متيجة يبين أن من جهة، سبب زيادة التكاليف في المؤسسات ت الصغرى،الصغيرة والمتوسطة يرجع إلى مشاكل داخلية وخارجية تعاني منها هذه المؤسسات وليس السبب في الأجر الأدنى ومن جهةأخري يجد العمال صعوبة كبيرة لسد حاجياتهم الأساسية ولتغطية الأعباء الأخرى

Mots clés : salaire minimum, pouvoir d’achat, coût salarial, théories des salaires, Budget type.

PARIS – 3 DECEMBRE 2014 – ACB OUVRE LES GUILLEMETS: «ALLOULA, VINGT ANS DEJA»

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l’ACB ouvre les guillemets à

Nourredine Saadi

Mercredi 3

décembre 2014

à 19h

Pour :

« Alloula, vingt ans déjà »

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(Ed. Apic)

Avec la présence d’autres contributeurs.

Rencontre suivie d’une dédicace,

animée par Arezki Metref

Renseignement et réservations /

ACB : 37 bis rue des Maronites 75020 Paris

M° Ménilmontant.

Tél : 01.43.58.23.25 .

Mail : contact@acbparis.org


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ENTRETIEN EXCLUSIF DE JULIAN ASSANGE AVEC IGNACIO RAMONET

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5 Décembre 2014
Publié par Saoudi Abdelaziz

ENTRETIEN EXCLUSIF AVEC JULIAN ASSANGE

« GOOGLE NOUS ESPIONNE ET EN INFORME LES ÉTATS-UNIS»

Par IGNACIO RAMONET

le 4 décembre 2014

sources: mémoires des luttes

remis en ligne par bolg algerieinfos de Saoudi Abdelaziz

Depuis trente mois, Julian Assange, héros de la lutte pour une information libre, vit à Londres, refugié dans les locaux de l’Ambassade de l’Equateur. Ce pays latino-américain a eu le courage de lui offrir l’asile diplomatique quand le fondateur de WikiLeaks était persécuté par les gouvernements des Etats-Unis et de plusieurs de ses alliés (Royaume-Uni, Suède). Le seul crime de Julian Assange est d’avoir dit la vérité et d’avoir divulgué, via WikiLeaks, des révélations sur les sinistres réalités cachées des guerres d’Iraq et d’Afghanistan, et sur les manigances de la diplomatie américaine.

Julian Assange, au même titre qu’Edward Snowden, Chelsea Manning et Glenn Greenwald, fait partie d’un nouveau groupe de dissidents qui, pour avoir révélé des vérités, sont désormais traqués et pourchassés non pas par des régimes autoritaires, mais par des Etats qui prétendent être des « démocraties exemplaires ».

Dans son nouveau livre, « Quand Google rencontra WikiLeaks» (Clave intelectual, Madrid, 2014) dont l’édition espagnole est en librairie depuis le 1er décembre[[L’ouvrage n’est pas encore traduit en français.]], Julian Assange va plus loin dans ses révélations, comme toujours formidablement documentées. Tout part d’une longue conversation d’Assange avec Eric Schmidt, le président exécutif de Google, en juin 2011. Ce dernier était venu interviewer le créateur de WikiLeaks pour un essai qu’il préparait alors sur l’avenir de l’âge numérique.

Lorsque ce livre, intitulé «The New Digital Era » (2013), fut publié, Assange constata que ses déclarations avaient été changées et que les thèses soutenues par Schmidt étaient passablement délirantes et mégalomaniaques. Le nouvel ouvrage du créateur de WikiLeaks est donc sa réponse aux élucubrations du patron de Google.

Parmi d’autres révélations, Assange raconte ici comment Google — et Facebook, Amazon, etc., — nous espionnent, nous surveillent et comment ces firmes transmettent ces informations aux agences d’espionnage des Etats-Unis. Il montre aussi comment la principale entreprise de technologie numérique est étroitement liée, de façon presque structurelle, au Département d’Etat. Assange affirme aussi que les grandes entreprises de la galaxie numérique nous surveillent et nous contrôlent bien plus que les Etats eux-mêmes.

«Quand Google rencontra WikiLeaks » est une œuvre intelligente, stimulante et nécessaire. Un régal pour l’esprit. Le livre nous ouvre les yeux sur nos propres pratiques de communication quotidiennes, quand nous nous servons d’un téléphone intelligent (« smartphone »), d’une tablette, d’un ordinateur ou tout simplement quand nous naviguons sur Internet avec la candeur de celui qui se croit plus libre que jamais. Attention !, nous dit Assange, Comme le Petit Poucet, vous laissez derrière vous des traces de votre vie privée que certaines firmes, comme Google, recueillent avec le plus grand soin et archivent secrètement. Un jour, elles s’en serviront contre vous…

Pour nous entretenir de tout cela et de bien d’autres sujets, nous avons rencontré Julian Assange, lucide et fatigué, à Londres, le 24 octobre dernier, dans un petit salon accueillant de l’Ambassade de l’Equateur. Il est arrivé, pâle et souriant, avec une barbe blonde de plusieurs jours, avec sa tête d’ange préraphaélite, de longs cheveux, des traits fins, des yeux clairs… Il est grand et mince ; parle d’une voix basse et lente. Ce qu’il dit est profond et pensé, on sent que cela lui vient du fond de lui-même. Il a quelque chose d’un gourou… Nous avions prévu parler une demi-heure, pour ne pas le fatiguer, mais la conversation devenant de plus en plus intéressante, nous avons finalement conversé pendant plus de deux heures et demie…

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Ignacio Ramonet ancien directeur du Monde diplomatique

IR : Le cœur de ton nouveau livre — « Quand Google rencontra WikiLeaks » — est ta rencontre, en juin 2011, avec Eric Schmidt, le président exécutif de Google. A un certain moment tu dis : « Google est la société la plus influente du monde ». Qu’entends-tu par « la plus influente » ?

JA : Ce que j’essaie de dire est que le monde vit actuellement un changement très profond, et que Google est l’entité qui a le plus d’influence sur l’essence de ce changement et peut-être aussi sur sa vitesse. Nous pouvons même nous demander si Google n’est pas, en termes absolus, l’entreprise la plus influente. Je n’en suis pas sûr. Il y a plusieurs méga-entreprises qui pourraient occuper cette position, celle d’être la plus influente en termes absolus.

Mais au moins parmi les entreprises de communication, oui, Google est, absolument, la plus influente. Il y en a d’autres qui peuvent avoir aussi une très grande influence, comme General Electric, ou Raytheon, ou Booz Allen Hamilton, ou ExxonMobil, ou Chevron, mais elles répondent toutes plus ou moins à un modèle d’affaires stabilisé et le genre d’influence qu’elles peuvent exercer n’est pas si évident. Elles sont très grandes, c’est sûr, mais elles sont statiques. Google, en revanche, est en constante évolution ; elle a doublé sa valeur en Bourse entre 2011 et aujourd’hui, passant de 200 milliards de dollars à 400 milliards… Et sa pénétration dans la société globale, en termes d’interaction avec les individus, a augmenté plus que toute autre entreprise de même envergure.

IR : Plus que les firmes financières… ?

JA : Oui, sans aucun doute.

IR : Tu écris que « le progrès de la technologie de l’information, incarnée par Google, annonce la mort de la vie privée pour la plupart des personnes et ramène le monde vers l’autoritarisme ». N’es-tu pas trop pessimiste ?

JA : Je ne crois pas que l’on puisse regarder le monde et décider si nous voulons des faits optimistes ou pessimistes. Les faits sont ce qu’ils sont. D’autres phénomènes sont en cours et nous pouvons considérer qu’ils sont optimistes, mais pas ce que Google est en train de faire. Il s’agit d’autres processus en cours.

IR : Nous en parlerons plus tard. Maintenant je voudrais te demander : sur quoi te fondes-tu pour affirmer que « les technologies de la Silicon Valley sont un instrument au service de la politique étrangère des Etats-Unis ? ».

JA : Sur plusieurs données que je décris dans le livre. En premier lieu, la longue histoire de collaboration entre le complexe militaro-industriel des Forces Armées des Etats-Unis et la Silicon Valley. Toute personne ayant fait des recherches sur la Silicon Valley le sait. Noam Chomsky a dénoncé avec force ce qui s’y est passé dans les décennies de 1970 et 1980[ Lire l’entretien avec Noam Chomsky (réalisé le 15 août 2012 par Jegan Vincent de Paul), [« Noam Chomsky on Government, Silicon Valley and the Internet ».]]. En fait, si nous regardons en arrière et songeons à la conception que l’on avait à l’époque des ordinateurs, c’étaient des machines énormes que les militaires mettaient au service des grandes entreprises américaines. L’idée que les gens se faisaient du superpouvoir des ordinateurs se reflète dans des films comme, par exemple, Colossus[[ Colossus : The Forbin Project (Colossus : le projet Forbin), 1970, Dir : Joseph Sargent. Film de science fiction qui raconte comment le gouvernement des Etats-Unis cède la défense du pays à un super-ordinateur qui contacte le super-ordinateur des soviétiques, appelé Guardian, pour former un hyper-ordinateur qui prenant conscience de son pouvoir, prend le contrôle de la planète.]]. En tout cas, à l’époque c’étaient les militaires qui pilotaient le développement de l’Etat : en aidant à aller sur la Lune, à construire des armes atomiques, à dessiner des missiles ICBM[[Missile Balistique Intercontinental.]], à accélérer la vitesse des sous-marins nucléaires, en aidant le Service des Impôts à surveiller la fiscalité de chaque personne… Tout cela a changé dans les années 1990, quand la Silicon Valley a commencé à développer un marché de consommation, à mettre les progrès de la technologie informatique à la portée du grand public. C’est à ce moment là que commença à se créer ce qu’on pourrait appeler une « bulle de perception » qui présentait les entreprises de la Silicon Valley comme « amies » des gens, « amies » des consommateurs. Apple, Google, Amazon et plus récemment Facebook, ont encouragé cette vision et en ont profité. Et tout cela a créé une illusion… qui a permis d’oblitérer la vision précédente, négative, celle que la plupart des universitaires avaient de la Silicon Valley, une Sillicon Valey qui collaborait avec les militaires.

En deuxième lieu, ces nouvelles sociétés, comme Google, que je décris dans mon livre, ont établi des liens étroits avec l’appareil d’Etat, à Washington, en particulier avec les responsables de la politique étrangère. Cette relation est devenue une évidence. C’est celle des dirigeants de Google, Eric Schmidt[[Après avoir été de 2001 à avril 2011, directeur exécutif (conseiller délégué) de Google, Eric Schmidt est, depuis le 4 avril 2011, président exécutif du Conseil d’administration de Google.]], Jared Cohen [[Jared Cohen est le directeur de Google Ideas, un think tank sponsorisé par Google dans le but d’« identifier les défis globaux et de définir les solutions technologiques qui pourraient y répondre ». Il a été conseiller de Condoleeza Rice et de Hillary Clinton, Secrétaires d’Etat (ministres des affaires étrangères) de George W. Bush et de Barack Obama, respectivement]]… Ils ont les mêmes idées politiques et partagent une vision du monde identique. Et, au bout du compte, les liens étroits et la vision du monde commune de Google et de l’Administration américaine sont au service des objectifs de la politique étrangère des Etats-Unis.

IR : Précisément, sur ce même sujet, tu écris que quand Eric Schmidt a visité la Chine, la Corée du Nord et la Birmanie en 2013, il était clair qu’il menait une opération de « diplomatie occulte » pour Washington. En as-tu des preuves ?

JA : Je me fonde sur mon expérience. Nous avons pu prouver que quand il y avait un flux d’information entre Eric Schmidt et moi, cette information arrivait immédiatement au plus haut niveau du Département d’Etat[[Ministère des affaires étrangères des Etats-Unis.]]. Et quand Eric Schmidt me contactait à travers Lisa Shields [[Lisa Shields, directrice des communications du Council on Foreign Relations (Conseil des affaires étrangères), le plus important think tank de relations extérieures, lié aux démocrates du Département d’Etat ; fiancée d’Eric Schmidt.]], le flux d’information se produisait auparavant, dans le sens contraire, du Département d’Etat à Eric Schmidt… En ce qui concerne la diplomatie occulte avec la Corée du Nord et autres pays avec lesquels Washington ne veut pas que l’on sache qu’il communique directement, ce n’est pas moi qui l’affirme, je me limite à répéter et à reproduire les affirmations d’autres personnes expertes. Mais comme je viens de te le dire, j’ai eu l’expérience concrète du rôle d’Eric Schmidt d’informateur du Département d’Etat ; d’autres experts ont su également évaluer ce que Schmidt a fait en Corée du Nord et dans d’autres pays.

IR : Il y a quelques mois, Eric Schmidt a visité Cuba

Source : Mémoire des luttes http://www.medelu.org