ALLER AU FOND DES VRAIS PROBLÈMES, POUR ROMPRE LE CYCLE DES LOGIQUES DE TERREUR

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Sadek Hadjerès

le 13 janvier 2015

L’Algérie indépendante avait connu dans les années 90 le malheur de l’enfermement dans un cercle infernal de terreur et de massacres. Le cycle a duré une décennie, à une échelle infiniment plus massive (par dizaines de milliers de victimes) que ce qu’a vécu le France après la vingtaine d’assassinats liés ou consécutifs à l’attentat contre les journalistes de Charlie Hebdo.

La différence entre les deux situations, porteuse ou non d’évolutions moins dramatiques selon que les vraies leçons en seront ou non tirées, c‘est qu’en France presque aussitôt et pour de multiples raisons, une immense clameur populaire s’est élevée au grand jour. Sa signification principale à mon avis, a été qu’à différents niveaux d’expressions et de contenus, s’est exprimée une façon d’exorciser en groupe les sentiments de peur, d’indignation et d’incompréhension. Sentiments humainement compréhensibles, liés à l’aspiration largement partagée à un « vivre ensemble » dans la paix et le respect mutuel, mais aussi sentiments sourdement contrecarrés par les méfiances, les a priori idéologiques, les réels conflits d’intérêt avec leur cortège de manipulations et de récupérations politiciennes.

En fait, un nombre considérable de citoyens français se sont découverts brusquement face à un risque énorme dont ils sous-estimaient jusque-là en général la proximité et l’ampleur dangereuse possible. D’autant plus que la signification et les racines de ces dangers leur étaient grandement masquées par les émissions télévisées concernant des pays plus lointains. Bien installés devant leurs postes à grand spectacle, ils étaient en majorité peu conscients des considérables problèmes sous-jacents à l’émergence et à l’essaimage des actes terroristes. Comme si ces derniers ne concernaient que les autres peuples écrasés sous les bombes, les missiles, les drones et les attentats ! Comme si « l’exportation » de la démocratie à l’occidentale par les armes ne pourrait jamais être sans conséquence sur le confort et la sécurité des citoyens paisibles d’Europe.

Cette libération des sentiments et des aspirations à l’échelle de millions de manifestants diversement motivés, aura-t-elle à terme des effets bénéfiques à la hauteur des souhaits légitimes ? Concrètement, suffira-t-elle à modifier positivement les mentalités, les comportements et les décisions des gouvernants, des sociétés et des acteurs politiques ?

La question est cruciale, car depuis trente ans, le fléau des terrorismes, qu’ils soient d’Etat ou d‘organisations et de groupes non étatiques, n’a fait que s’amplifier, essaimer et s’aggraver. Parce que l’ensemble des acteurs, volontairement ou involontairement, n’en ont pu ou voulu maîtriser toutes les racines, croyant dans le meilleur des cas en atténuer les effets au lieu de s’attaquer simultanément et radicalement à leurs causes économiques, sociales et géopolitiques. Illusion aussi grossière et meurtrière que celle qui prétendrait guérir une maladie grave en atténuant la fièvre et les douleurs par doses massives d’aspirine.

À ceux qui par intérêt financier ou de pouvoir cherchent à entretenir cette illusion et cette impasse, nombre de dirigeants, d’intellectuels, de mouvements sociaux et politiques, ont opposé courageusement les voies de la raison, du réalisme, de la communauté d’intérêts, pour faire triompher les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité dont il ne suffit pas de se gargariser à coups de décibels et de panneaux d’affichage.

Même certains experts ou des hauts responsables de « l’establishment » capitaliste comme Villepin ont dressé un constat sévère envers ceux qui, prétendant combattre les terrorismes, leur ont ouvert un boulevard de plus en plus large. La défaillance principale dans la lutte contre les effets ravageurs des terrorismes au cours des décennies écoulées, ne réside ni dans les insuffisances du renseignement ni dans celles des interventions sur le terrain : les unes et les autres ont bénéficié de moyens considérables, avec les résultats que l’on connait. Entre les deux, il y a une faille béante, celle de l’évaluation politique pertinente, avec l’irremplaçable instrument que sont pour tous les protagonistes les instructifs « retours d’expérience » et les jugements sur résultats.

Ce n’est pas un hasard si cette exigence élémentaire a été bafouée par nombre de décideurs, emprisonnés dans leurs stratégies et calculs étroits de profits immédiats, de classe et de clans prédateurs, d’hégémonie militaire, économique et de pouvoir sur les sociétés et les nations. Leur obsession du « tout sécuritaire » tue ou affaiblit les capacités politiques et le potentiel démocratique de résistance anti-terroriste. Pour paraphraser Einstein, la plus grande folie serait de compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre.

C’est donc au prix d’efforts difficiles et de long terme dans le cours des luttes de libération nationale et sociale globales (la lutte anti-terroriste n’étant qu’un des éléments), que reculeront les incitations sinistres à l’islamophobie et à toutes les formes d’intolérances, de racismes, d’intégrismes et de diktats de quelque nature qu’ils soient, qu’ils émanent d’injonctions néolibérales ou de fetwas takfiristes !.
Le RESPECT des justes droits et aspirations des peuples, de leurs sensibilités culturelles, religieuses et philosophiques, c’est le maître-mot, la clef des luttes communes souhaitables vers un avenir de paix et de mieux-être pour tous.

C’est le thème du débat et des réflexions que le site Socialgérie, après une pause technique de quelques semaines (heureusement comblée par plusieurs sites et blogs amis), souhaite voir s’instaurer en mettant en ligne quelques- unes des contributions qui lui sont parvenues, toutes aussi riches et encourageantes les unes que les autres. Il n’est pas sans intérêt aussi de consulter les nombreux articles sur ce thème, mis en ligne par le site durant ces six dernières années.

Sadek Hadjerès, socialgerie le 13 janvier 2015

Publié aussi sur

algerieinfos-saoudi, le 14 janvier 2015.

raina-dz.net le 15 janvier 2015

huffpostmaghreb.com le 14 janvier 2015


LOUNIS AIT MANGUELAT: NOUS SOMMES POUR LA VIE;


SYMBOLES ET PARADOXES Le Quotidien d’Algérie en ligne – le 15 janvier 2015;


L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO : L’OCCULTATION POLITIQUE ET MÉDIATIQUE DES CAUSES, DES CONSÉQUENCES ET DES ENJEUX -Said Bouamama – Investig’Action – le 11 janvier 2015;


VONT-ILS S’ARRÊTER DE JOUER AVEC LE TERRORISME? Publié par blog algerieinfos – Saoudi Abdelaziz – le 11 Janvier 2015.


ALGÉRIE. LE DANGEREUX REFUS DE « LA PAIX SOCIALE »par Mohamed Bouhamidi – le 12 janvier 2015publié par raina dz, le 12 janvier 2015Repris sur le blog algerieinfos-saoudi, le 13 Janvier 2015;


« JE NE SUIS PAS CHARLIE»par Shlomo Sand – le 13 janvier 2015 – http://www.ujfp.org/;


RÉSISTONS À L’ESPRIT DE GUERRELe Monde – le 08 janvier 2015 – par Dominique de Villepin;


ATTENTATS DE PARIS. – Une enquête de Mediapart le 10 Janvier 2015 ;


[braniya blogue – Messaoud Benyoucef

  • JE NE SUIS PAS CHARLIE ! braniya chiricahua blog – Messaoud Benyoucef – samedi 10 janvier 2015->#6]

Michel Onfray : « LES RÉGIMES ISLAMIQUES NE MENACENT L’OCCIDENT QUE DEPUIS QUE L’OCCIDENT LES MENACE »Assawra, le 10 janvier 2015 ;


LES DÉGÂTS INVISIBILISÉS DES INÉGALITÉS SOCIALES ET DES DISCRIMINATIONS RACISTES ET SEXISTES Saïd Bouamama – le 7 janvier 2015 – invextig’action – michel collon info ;


NOAM CHOMSKY, COMPRENDRE LES ÉVÉNEMENTS DU 11 SEPTEMBRE 2001 AUX ETATS-UNIS –adressé par Michel Peyret le 10 janvier 2015TERRORISME, L’ARME DES PUISSANTSpar Noam Chomsky – décembre 2001 – traduction Le Monde Diplomatique


CONCERT AIT MANGUELAT

Entrée sur scène
Zenith
le 11 Janvier 2015

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Concert de Lounis Ait Menguellet au Zenith de Paris (11 Janvier 2015) à l’occasion de Yennayer 2965

Entrée sur scène de Lounis Ait Menguellet, il rend hommage aux victimes de l’attentat contre Charlie Hebdo, sans oublier toutes les victimes du terrorisme en Algérie

https://www.youtube.com/watch?v=ocFlLlogisY#t=279

je suis charlie
nous sommes charlie
mais nous sommes et je suis aussi Tahar Djaout, Lounès Matoub, Cheb Hasni, Abdelkader Alloula,..

…nous sommes tous ceux la, ceux que nous avons perdus, ceux la qui sont tombés pour que nous restions debout
et malgré tout cela on ne célèbre pas la mort, on célèbre la vie, avec tout ce qu’elle nous apporte de meilleur
la vie continue et je vous demande d’observer une minute de silence…

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SYMBOLES ET PARADOXES

Rédaction LQA

le 15 janvier 2015

Je me suis réveillée en sueur. Je ne savais pas trop si je venais de faire un rêve ou un cauchemar. J’étais à Gaza marchant main dans la main avec des citoyens du monde entier. Une manifestation monstre qui s’étale le long des 40 km de cette ville martyre. En tête de cortège, les dirigeants du monde entier, menés par Mahmoud Abbas, venus soutenir le peuple palestinien et exiger l’arrêt du terrorisme de l’Etat d’Israël. C’est que les autorités de ce pays viennent une fois de plus de bombarder ce qui reste de la Palestine historique. Rien qu’à Gaza, le nombre de victimes s’est élevé en quelques petits jours, à des milliers de morts dont la moitié sont des enfants, des nourrissons et même des bébés dans le ventre de leurs mères. Les autorités israéliennes ne perdent pas de temps. Il leur faut à chaque fois éliminer des Palestiniens avec l’espoir secret de finir par les « génocider » un jour. Ainsi ils auront toute le Palestine historique pour eux. Comme à chaque fois, ils se moquent du monde et des résolutions de l’ONU. Ils ont le monde pour eux. Qui va les arrêter ? Mais cette fois-ci, leurs calculs se sont avérés faux. Le monde entier s’est révolté et s’est retrouvé symboliquement à Gaza pour crier « Halte au terrorisme d’Etat ».

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Quand le réveil a sonné ce matin, il m’a fallu du temps pour sortir du brouillard de la nuit. Non, je ne suis pas à Gaza, mais à Paris. L’atmosphère est pesante et la journée d’hier en particulier, celle du dimanche 11 janvier, a été déstabilisante. J’ai un grand problème de sens et de symboles. La manifestation, outre l’unité du peuple français, son soutien à Charlie Hebdo et à toutes les victimes des abominables tueries, est aussi une condamnation unanime du terrorisme. Mais que voit-on ? Je croyais halluciner. En tête du cortège, Benyamin Netanyahou flanqué de son ministre extrémiste Avidgor Lieberman (qui veut jeter les Palestiniens hors de chez eux). Cet homme n’a-t-il pas tué cet été deux mille Palestiniens dont beaucoup de femmes et d’enfants ? Les victimes étaient-elles des civils ou non ? Comment François Hollande peut-il nous expliquer qu’il y a un terrorisme acceptable et un autre qui ne l’est pas ? Ou bien le sang des cinq cent enfants victimes des bombes de Netanyahou ne vaut pas celui des dix-sept victimes des attentats terroristes de Paris ? Quels signaux sont-ils envoyés aux citoyens du monde ?

Dans tous les cas, la place de Netanyahou est au TPI et non à la tête d’un cortège contre le terrorisme. J’avoue que je me serais sentie coupable de complicité de crimes ou de partialité cinglante si j’avais marché derrière cet assassin. Et que dire de Mahmoud Abbas marchant juste à quelques pas de son bourreau et de celui de son peuple ? L’image était vraiment pathétique. Imaginez la scène ! Les victimes des attentats manifestant côte à côte avec les effroyables terroristes !! Insoutenable !! Et pouvons-nous imaginer que demain les chefs d’Etat du monde entier se bousculeront à Gaza pour demander l’arrêt définitif du terrorisme d’Etat israélien ?
Ce n’est pas le moindre des symboles qui a été foulé ni le moindre des paradoxes qu’on vit en France en ce moment. Les pseudo-appels à ne pas tout amalgamer, ceux émanant des hommes politiques comme ceux émanant des médias. Dès que les attentats ont été perpétrés et que les tueurs ont été identifiés, la phrase qui revient souvent « il ne faut pas faire l’amalgame entre ces extrémistes et les musulmans de France ». Cette phrase en elle-même induit et nourrit l’amalgame. Elle désigne à la vindicte populaire la communauté coupable. Est-ce que les responsabilités et les culpabilités de tels crimes sont individuelles ou collectives ? Incombent-elles à ceux qui les commettent ou à leurs entourages ? Lorsqu’un individu est reconnu coupable de crimes ou d’actes très graves, est-ce qu’on incrimine toute sa famille ou lui tout seul ? Il me semble qu’en droit seul l’individu coupable paiera pour sa faute. Pourquoi alors cette déformation dès qu’il s’agit de personnes dont la religion supposée serait l’Islam ? Pourquoi fait-on porter la responsabilité à toute la communauté musulmane d’après le vocabulaire galvaudé en ce moment ?

Et on n’a pas encore fini avec les paradoxes. Jusqu’avant ces attentats terroristes, la France ne promeut surtout pas le communautarisme. Les signes religieux ne sont pas les bienvenus dans les lieux publics. Aussi anecdotique que cela puisse paraître, il y a longtemps que je garde sous mes vêtements la main de Fatma pour éviter toute ambigüité. Mais ce principe de neutralité religieuse dans les lieux publics a été balayé d’un revers main. On a enjoint aux musulmans de venir nombreux manifester en tant que tels et non en tant que citoyens tout court. Et de préférence en disant « Je suis Charlie ». Et pourtant, il ne faut pas être Charlie pour condamner fermement et sans équivoque ces attentats terroristes. La pensée unique de ces derniers jours a induit une logique bizarre. Si « je ne suis pas Charlie », alors « je suis pour les attentats ». Où allons-nous s’il nous faut être nécessairement Charlie pour condamner la violence terroriste ? Est-ce alors ce qui explique les raisons des autorités françaises, lors des tueries à ciel ouvert des enfants palestiniens par Benyamin Netanyahou, d’interdire les manifestations pour demander l’arrêt des bombardements contre Gaza ? Puisque le ministre de l’intérieur n’est pas palestinien, il ne condamne donc pas le terrorisme de Netanyahou ???

Dans ce climat délétère, des collégiens (ils ont entre 11 et 14 ans) ont été signalés à la police par leurs professeurs parce qu’ils ont proclamé ne pas être Charlie. Le temps de l’Inquisition a-t-il commencé ?

Sabrina

Paris le 12 janvier 2015

Sources: lequotidienalgerie.org:

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L’ATTENTAT CONTRE CHARLIE HEBDO : L’OCCULTATION POLITIQUE ET MEDIATIQUE DES CAUSES, DES CONSEQUENCES ET DES ENJEUX

Saïd Bouamama
Investig’Action
le 11 janvier 2015

L’attentat contre l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo marquera notre histoire contemporaine. Il reste à savoir dans quel sens et avec quelles conséquences. Dans le contexte actuel de « guerre contre le terrorisme » (guerre extérieure) et de racisme et d’islamophobie d’Etat, les artisans de cet acte ont, consciemment ou non[[ Il est d’une part trop tôt pour le dire et, d’autre part, le résultat est le même.]] accéléré un processus de stigmatisation et d’isolement de la composante musulmane, réelle ou supposée, des classes populaires.

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« Le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde. » Bertolt Brecht

Les conséquences politiques de l’attentat sont déjà désastreuses pour les classes populaires et cela va se renforcer si aucune alternative politique à la fameuse « Union Nationale » n’est proposée.

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En effet, la manière dont les médias français et une écrasante majorité de la classe politique réagissent est criminelle. Ce sont ces réactions qui sont dangereuses pour l’avenir et qui portent en elles de nombreux « dégâts collatéraux » et de futurs 7 et 9 janviers toujours plus meurtriers. Comprendre et analyser pour agir est la seule posture qui peut permettre aujourd’hui d’éviter les instrumentalisations et dévoiements d’une émotion, d’une colère et d’une révolte légitime.

L’occultation totale des causes

Ne pas prendre en compte les causalités profondes et immédiates, isoler les conséquences du contexte qui les fait émerger et ne pas inscrire un événement aussi violent dans la généalogie des facteurs qui l’ont rendu possible condamne, au mieux, à la tétanie, au pire, à une logique de guerre civile. Aujourd’hui, personne dans les médias n’aborde les causes réelles ou potentielles. Pourquoi est-il possible qu’un tel attentat se produise à Paris aujourd’hui ?

Comme le souligne Sophie Wahnich, il existe « un usage fasciste des émotions politiques de la foule » dont le seul antidote est le « nouage possible des émotions et de la raison »[[Sophie Wahnich, La révolution française, un événement de la raison sensible 1787-1799, Hachette, Paris, 2012, p. 19.]]. Ce que nous vivons aujourd’hui est ce cantonnement des discours médiatiques et politiques dominants à la seule émotion, en occultant totalement l’analyse réelle et concrète. Toute tentative d’analyse réelle de la situation, telle qu’elle est, ou toute analyse tentant de proposer une autre explication que celle fournie par les médias et la classe politique, devient une apologie de l’attentat.

Regard sur le ventre fécond de la bête immonde

Regardons donc du côté des causes et d’abord de celles qui relèvent désormais de la longue durée et de la dimension internationale. La France est une des puissances les plus en guerre sur la planète. De l’Irak à la Syrie, en passant par la Libye et l’Afghanistan pour le pétrole, du Mali à la Centrafrique, en passant par le Congo pour les minerais stratégiques, les soldats français contribuent à semer la mort et le désastre aux quatre coins de la planète.

La fin des équilibres mondiaux issus de la seconde guerre mondiale avec la disparition de l’URSS, couplée à une mondialisation capitaliste centrée sur la baisse des coûts pour maximiser les profits et à la nouvelle concurrence des pays émergents, font de la maîtrise des matières premières la cause principale des ingérences, interventions et guerres contemporaines. Voici comment le sociologue Thierry Brugvin résume la place des guerres dans le monde contemporain :

« La conclusion de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Entre 1990 et 2001 le nombre de conflits interétatiques a explosé : 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts. […] Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux : défense de la liberté, démocratie, justice… Dans les faits, les guerres permettent de contrôler économiquement un pays, mais aussi de faire en sorte que les entrepreneurs privés d’une nation puissent accaparer les matières premières (pétrole, uranium, minerais, etc.) ou les ressources humaines d’un pays. »[[Thierry Brugvin, Le pouvoir illégal des élites, Max Milo, Paris, 2014.]]

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, le discours de légitimation des guerres s’est construit essentiellement sur le « danger islamiste » contribuant au développement d’une islamophobie à grande échelle au sein des principales puissances occidentales, que les rapports officiels eux-mêmes sont contraints de constater.[[Djacoba Liva Tehindrazanarivelo, Le racisme à l’égard des migrants en Europe, éditions du Conseil de l’Europe, Strasbourg, 2009, p. 171.]] Dans le même temps, ces guerres produisent une solide « haine de l’occident » dans les peuples victimes de ces agressions militaires.[[Jean Ziegler, La haine de l’Occident, Albin Michel, Paris, 2008.]] Les guerres menées par l’occident sont une des principales matrices de la bête immonde.

Dans la volonté de contrôle des richesses pétro-gazières, le Proche et le Moyen-Orient sont un enjeu géostratégique central. Les stratégies des puissances occidentales en général et françaises en particulier, se déploient sur deux axes : le renforcement d’Israël comme base et pivot du contrôle de la région, et le soutien aux pétromonarchies réactionnaires du golfe.

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Le soutien indéfectible à l’Etat d’Israël est ainsi une constante de la politique française ne connaissant pas d’alternance, de Sarkozy à Hollande. L’État sioniste peut assassiner en toute impunité sur une grande échelle. Quels que soient l’ampleur et les moyens des massacres, le gérant local des intérêts occidentaux n’est jamais véritablement et durablement inquiété. François Hollande déclare ainsi lors de son voyage officiel en Israël en 2013 : « je resterai toujours un ami d’Israël ».[[Le Monde, Hollande « ami d’Israël » reste ferme face à l’Iran, 17-11-2013.]]

Et, là aussi, le discours médiatique et politique de légitimation d’un tel soutien se construit sur la base d’une présentation du Hamas palestinien mais également (à travers des imprécisions verbales récurrentes) de la résistance palestinienne dans son ensemble, de la population palestinienne dans son ensemble et de ses soutiens politiques internationaux, comme porteurs d’un danger « islamiste ». La logique « du deux poids, deux mesures » s’impose une nouvelle fois à partir d’une approche islamophobe portée par les plus hauts sommets de l’État et relayée par la grande majorité des médias et des acteurs politiques. Tel est le second profil du ventre de la bête immonde.

Ces facteurs internationaux se conjuguent à des facteurs internes à la société française. Nous avons déjà souligné, plus haut, l’islamophobie d’État, propulsée par la loi sur le foulard en 2004 et entretenue depuis régulièrement (discours sur les révoltes des quartiers populaires en 2005, loi sur le niqab, « débat » sur l’identité nationale, circulaire Chatel et exclusion des mères voilées des sorties scolaires, harcèlement des lycéennes en jupes longues, interdiction des manifestations de soutien au peuple palestinien, etc.).

Il faut maintenant souligner que ce climat islamophobe n’a été confronté à aucune réponse par les forces politiques se réclamant des classes populaires. Plus grave, un consensus très large s’est fait jour à plusieurs reprises, au prétexte de défendre la « laïcité » ou de ne pas frayer avec « ceux qui défendent le Hamas ». De l’extrême-droite à une partie importante de l’extrême gauche, les mêmes arguments ont été avancés, les mêmes clivages ont été construits, les mêmes conséquences ont été produites.

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Le résultat n’est rien d’autre que l’enracinement encore plus profond des islamalgames, l’approfondissement d’un clivage au sein des classes populaires, la fragilisation encore plus grande des digues antiracistes déjà fragilisées, et des violences concrètes ou symboliques exercées contre les musulmans et les musulmanes. Ce résultat peut se décrire, comme le propose Raphaël Liogier, comme la diffusion, dans une partie importante de la société, du « mythe de l’islamisation » débouchant sur la tendance à constituer une « obsession collective ».[[Raphaël Liogier, Le mythe de l’islamisation, essai sur une obsession collective, Le Seuil, Paris, 2012.]]

La tendance à la production d’une « obsession collective » s’est de surcroît encore approfondie avec le traitement médiatique récent des cas Zemmour et Houellebecq.

Après lui avoir offert de multiples tribunes, Eric Zemmour est renvoyé d’I-télé pour avoir proposé la « déportation des musulmans français ». Dans le contexte d’obsession collective que nous avons évoquée, cela lui permet de se poser en victime. Quant à l’écrivain, il est défendu par de nombreux journalistes au prétexte de ne pas confondre fiction et réalité.

Dans les deux cas cependant, il reste un approfondissement de « l’obsession collective » d’une part, et le sentiment d’être insulté en permanence une nouvelle fois, d’autre part. Tel est le troisième profil du ventre de la bête immonde.

Ce facteur interne d’une islamophobie banalisée a des effets décuplés dans le contexte de fragilisation économique, sociale et politique générale des classes populaires aujourd’hui. La paupérisation et la précarisation massive sont devenues insoutenables dans les quartiers populaires. Il en découle des rapports sociaux marqués par une violence grandissante contre soi et contre les proches.

À cela, se combinent le déclassement d’une part importante des classes moyennes, ainsi que la peur du déclassement pour ceux chez qui tout va encore bien mais qui ne sont pas « bien nés ». Ceux-là, se sentant en danger, disposent alors d’une cible consensuelle déjà toute désignée médiatiquement et politiquement comme légitime : le musulman ou la musulmane.

La fragilisation touche encore plus fortement la composante issue de l’immigration des classes populaires, qui est confrontée aux discriminations racistes systémiques (angle absolument mort des discours des organisations politiques se réclamant des classes populaires), celles-ci produisant des trajectoires de marginalisation (dans la formation, dans l’emploi, dans la recherche du logement, dans le rapport à la police et aux contrôles au faciès, etc.).[[Voir sur cet aspect mon dernier article sur mon blog, Les dégâts invisibilisés des discriminations inégalité sociales et des discriminations racistes et sexistes, https://bouamamas.wordpress.com/]]

L’approfondissement du clivage entre deux composantes des classes populaires dans une logique de « diviser ceux qui devraient être unis (les différentes composantes des classes populaires) et d’unir ceux qui devraient être divisés (les classes sociales aux intérêts divergents) » est le quatrième profil du ventre de la bête immonde.

De quoi accouche un tel ventre ?

Une telle matrice est à l’évidence propice à l’émergence de trajectoires nihilistes se traduisant par la tuerie à Charlie Hebdo. Extrêmement minoritaires, ces trajectoires sont une production de notre système social et des inégalités et discriminations massives qui le caractérisent.

Mais ce qu’ont révélé les réactions à l’attentat est tout autant important et, quantitativement, bien plus répandu que l’option nihiliste (pour le moment ?). Sans pouvoir être exhaustifs, rappelons quelques éléments de ces derniers jours. Du côté des discours, nous avons eu Marine Le Pen exigeant un débat national contre le « fondamentalisme islamique », le bloc identitaire déclarant la nécessité de « remettre en cause l’immigration massive et l’islamisation » pour lutter contre le « djihadisme », le journaliste Yvan Rioufol du Figaro sommant Rokhaya Diallo de se désolidariser sur RTL, Jeannette Bougrab accusant « ceux qui ont traité Charlie Hebdo d’islamophobe » d’être les coupables de l’attentat, sans compter toutes les déclarations parlant « de guerre déclarée ».

À ces propos, se joignent des passages à l’acte de ces derniers jours : une Femen se filme en train de brûler et de piétiner le Coran, des coups de feu sont tirés contre la mosquée d’Albi, des tags racistes sont peints sur les mosquée de Bayonne et Poitiers, des grenades sont lancées contre une autre au Mans, des coups de feu sont tirés contre une salle de prière à Port la Nouvelle, une autre salle de prière est incendiée à Aix les Bains, une tête de sanglier et des viscères sont accrochés devant une salle de prière à Corte en Corse, un restaurant-snack-kebab est l’objet d’une explosion à Villefranche sur Saône, un automobiliste est la cible de coups de feu dans le Vaucluse, un lycéen d’origine maghrébine de 17 ans est molesté lors d’une minute de silence à Bourgoin-Jallieu en Isère, etc. Ces propos et actes montrent l’ampleur des dégâts d’ores et déjà causés par les dernières décennies de banalisation islamophobe. Ils font aussi partie de la bête immonde.

La bête immonde se trouve également dans l’absence criante d’indignation face aux victimes innombrables des guerres impérialistes de ces dernières décennies. Réagissant à propos du 11 septembre, la philosophe Judith Butler s’interroge sur l’indignation inégale. Elle souligne que l’indignation justifiée pour les victimes du 11 septembre s’accompagne d’une indifférence pour les victimes des guerres menées par les USA : « Comment se fait-il qu’on ne nous donne pas les noms des morts de cette guerre, y compris ceux que les USA ont tués, ceux dont on n’aura jamais une image, un nom, une histoire, jamais le moindre fragment de témoignage sur leur vie, quelque chose à voir, à toucher, à savoir ? ».[[Judith Butler, cité dans, Mathias Delori, Ces morts que nous n’allons pas pleurer, http://blogs.mediapart.fr/blog/math…, consulté le 9 janvier 2015 à 18 h.]]

Cette indignation inégale est à la base du processus de production d’un clivage bien réel au sein des classes populaires. Et c’est ce clivage qui est porteur de tous les dangers, notamment en période de construction de « l’union nationale », comme aujourd’hui.

L’union nationale qu’ils rêvent de construire, c’est « toutes et tous ensemble contre ceux qui ne sont pas des nôtres, contre celles et ceux qui ne montrent pas patte blanche ».

Une formidable instrumentalisation politique

Mais le scandale que nous vivons aujourd’hui ne s’arrête pas là. C’est avec un cynisme consommé que des instrumentalisations de la situation, et de la panique qu’elle suscite, se déploient à longueur de journée.

  • Renforcement sécuritaire et atteintes aux libertés démocratiques

Certains, comme Dupont Aignan, réclament « plus de souplesse aux forces de l’ordre » alors qu’une nouvelle « loi antiterroriste » a déjà été votée l’automne dernier. Et, en écho, Thierry Mariani fait référence au Patriot Act états-unien (dont la conséquence a été de graves atteintes aux libertés individuelles sous prétexte de lutte contre le terrorisme) : « Les Etats-Unis ont su réagir après le 11 Septembre. On a dénoncé le Patriot Act, mais, depuis, ils n’ont pas eu d’attentat à part Boston ».[[Le Parisien du 8-01-2015]]

Instrumentaliser la peur et l’émotion pour renforcer des lois et mesures liberticides, telle est la première manipulation qui est aujourd’hui testée pour mesurer le champ des possibles en matière de régression démocratique. D’ores et déjà, certaines revendications légitimes et urgentes sont rendues inaudibles par la surenchère sécuritaire qui tente de profiter de la situation : il sera par exemple beaucoup plus difficile de mener le combat contre le contrôle au faciès, et les humiliations quotidiennes qu’il produit continueront à s’exercer dans l’indifférence générale.

  • L’unité nationale

La construction active et déterminée de l’unité nationale est la seconde instrumentalisation majeure en cours. Elle permet de mettre en sourdine l’ensemble des revendications qui entravent le processus de dérégulation généralisé. La ficelle a beau être grosse, elle est efficace dans un climat de peur généralisé, que l’ensemble des médias produisent quotidiennement. Dans certaines villes, l’unité nationale est déjà étendue au Front National qui a participé aux rassemblements de soutien à Charlie Hebdo. Dati et Fillon s’indignent déjà de « l’exclusion » de Marine Le Pen de l’unité nationale. C’est cette « unité nationale » qui fait le plus de dégâts politiquement aussi, car elle détruit les rares repères positifs qui pouvaient exister auparavant en termes d’alliances possibles et d’identités politiques.

  • L’injonction à se justifier

Une autre instrumentalisation se trouve dans l’injonction permanente des musulmans réels ou supposés à se justifier pour des actes qu’ils n’ont pas commis, et/ou à se démarquer des auteurs de l’attentat.

Cette mise en accusation permanente est humiliante. Il n’est venu à l’idée de personne d’exiger de tous les chrétiens réels ou supposés une condamnation lorsque le Norvégien Anders Behring Breivik a assassiné 77 personnes en juillet 2011 en se revendiquant de l’islamophobie et du nationalisme blanc.

Derrière cette injonction, se trouve la logique posant l’islam comme étant par essence incompatible avec la République. De cette logique découle l’idée de mettre les musulmans, réels ou supposés, sous surveillance non seulement des policiers, mais également des médias, des profs, des voisins, etc.

  • Être Charlie ? Qui peut être Charlie ? Qui veut être Charlie ?

Le slogan « nous sommes tous Charlie » est enfin la dernière instrumentalisation en déploiement ces jours-ci. Si l’attentat contre Charlie Hebdo est condamnable, il est hors de question cependant d’oublier le rôle qu’a joué cet hebdomadaire dans la constitution du climat islamophobe d’aujourd’hui.

Il est également hors de question d’oublier les odes à Bush que ses pages accueillaient alors que celui-ci impulsait cette fameuse « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan puis en Irak. Ces prises de positions écrites ou dessinées ne sont pas des détails ou de simples amusements sans conséquences : elles sont à l’origine de multiples agressions de femmes voilées et de nombreux actes contre des lieux de cultes musulmans.

Surtout, ce journal a fortement contribué à cliver les classes populaires au moment où elles avaient besoin plus que jamais d’unité et de solidarité. Nous ne sommes PAS PLUS Charlie hier qu’aujourd’hui.

Les temps qui s’annoncent vont être difficiles et coûteux. Pour stopper l’escalade, nous devons mettre fin à la violence des dominants : nous devons nous battre pour stopper les guerres impérialistes en cours et abroger les lois racistes.

Pour stopper l’escalade, nous devons développer tous les cadres et événements de solidarité destinés à empêcher la déferlante des propos ou actes racistes et notamment islamophobes. Pour stopper l’escalade, nous devons construire tous les espaces de solidarité économique et sociale possibles dans nos quartiers populaires, en toute autonomie vis-à-vis de tous ceux qui prônent l’union nationale comme perspective.

Plus que jamais, nous avons besoin de nous organiser, de serrer les rangs, de refuser la logique « divisant ceux qui devraient être unis et unissant ceux qui devraient être divisés ».

Plus que jamais, nous devons désigner l’ennemi pour nous construire ensemble : l’ennemi c’est tout ce qui nous divise.

Source : Investig’Action

Said Bouamama est l’auteur de nombreux ouvrages dont « Figures de la libération africaine. De Kenyatta à Sankara », 2014 ; Femmes des quartiers populaires, en résistance contre les discriminations, des femmes de Blanc-Mesnil, Le Temps des Cerises, 2013 ; Dictionnaire des dominations de sexe, de race, de classe, Édition Syllepse, 2012 ; Les discriminations racistes : une arme de division massive,L’Harmattan, 2010 ; Les classes et quartiers populaires. Paupérisation, ethnicisation et discrimination, Éditions du Cygne, 2009 ; L’affaire du foulard islamique : production d’un racisme respectable, Le Geai bleu, 2004 ; Dix ans de marche des beurs, chronique d’un mouvement avorté, Desclée de Brouwer, 1994.

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VONT-ILS’ARRÊTER DE JOUER AVEC LE TERRORISME?

Publié par blog algerieinfos – Saoudi Abdelaziz

le 11 Janvier 2015

Autour de François Hollande, les dirigeants du monde occidental flanqués de leurs invités s’efforcent de prendre la tête aujourd’hui à Paris du vaste mouvement populaire de protestation contre la monstruosité terroriste .
« Cette démocratie si parfaite fabrique elle-même son inconcevable ennemi, le terrorisme. Elle veut, en effet, être jugée sur ses ennemis plutôt que sur ses résultats.

L’histoire du terrorisme est écrite par l’État ; elle est donc éducative.

Les populations spectatrices ne peuvent certes pas tout savoir du terrorisme, mais elles peuvent toujours en savoir assez pour être persuadées que, par rapport à ce terrorisme, tout le reste devra leur sembler plutôt acceptable, en tout cas plus rationnel et plus démocratique »
. Guy Debord. Commentaires sur la société du spectacle. 1988. Texte intégral

Quelques faits illustrant l’intuition du penseur français

Mars 2012.

François Molins, le procureur de Paris, lors d’une conférence de presse, à Toulouse, le 21 mars 2012 déclarait à propos de Mohamed Merah que son profil d’autoradicalisation salafiste atypiqu en faisait un individu indépendant de toute organisation structurée connue ». L’enquête de Yves Bordenave et Jacques Follorou, publié le lendemain dans le journal Le Monde.Fr, démentait cette explication. Les investigations des deux journalistes sur les activités antérieures du tueur leur font écrire: Ces connexions avec des structures terroristes reconnues remettent en cause le statut de « personnage solitaire » de Mohamed Merah. Il est par ailleurs surprenant qu’il ait échappé au contrôle de la CIA ou de son homologue française, la DGSE, qui prêtent une attention toute particulière aux combattants djihadistes étrangers venus dans la région et qui constituent une menace terroriste majeure pour leur pays d’origine ». Commentant les révélations du Monde sur l’itinéraire de Mohamed Merah, Maamar Farah écrira le 27 mars 2012 dans son billet du Soir d’Algérie : « Ce touriste pas comme les autres a visité l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran, l’Égypte, la Syrie, le Liban, la Turquie, la Jordanie et… Israël ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des Français d’«origine algérienne», un peu djihadistes, un peu talibans, qui entrent facilement à Jérusalem ? Troublant… »

Février 2012

Le Marocain Amine El Khalifi, un fragile jeune homme en situation irrégulière, était suivi « depuis un an », par le FBI. Les experts psychiatres ont analysé la faisabilité de l’opération et donné le feu vert à la manipulation. Le FBI a retenu comme cible le Capitole, siège du pouvoir législatif. Les agents secrets chargés de l’opération sur le terrain ont donné au jeune Amine El Khalifi une arme et une veste contenant des explosifs. Commentant l’opération, le journal américain Washington Post écrivait : «Qu’un service chargé de la protection d’un pays avoue aujourd’hui sa capacité de monter des opérations terroristes laisse perplexe. Est-on donc si assuré que l’opinion ne va pas imputer aux services secrets, rétrospectivement, d’autres opérations ciblées qui, elles, ont fait des morts et des dégâts réels ? » Un rapport de Human Rights Watch (HRW) étayé de nombreux exemples où l’organisation dénonce nommément le FBI. Dans nombre des plus de 500 affaires de terrorisme conduites par les tribunaux américains depuis le 11 septembre 2001, “le ministère américain de la Justice et le FBI ont ciblé des musulmans américains dans des opérations clandestines de contre-terrorisme abusives, fondées sur l’appartenance religieuse et ethnique”. dénonce ce rapport. L’organisation, aidée de l’Institut des droits de l’Homme de l’École de droit de l’université de Columbia, a en particulier étudié 27 affaires, de l’enquête au procès, en passant par l’inculpation et les conditions de détention, et interviewé 215 personnes, qu’il s’agisse des inculpés ou condamnés eux-mêmes ou de leurs proches, d’avocats, juges ou procureurs. “Dans certains cas, le FBI pourrait avoir créé des terroristes chez des individus respectueux de la loi en leur suggérant l’idée de commettre un acte terroriste”, résume un communiqué, estimant que la moitié des condamnations résultent de coups montés ou guet-apens. (à suivre)

Sources : algerieinfos-saoudi

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ALGÉRIE. LE DANGEREUX REFUS DE « LA PAIX SOCIALE »

Par Mohamed Bouhamidi

le 12 janvier 2015

Publié par raina dz, le 12 janvier 2015

Repris sur le blog algerieinfos-saoudi, le 13 Janvier 2015

« Comme d’habitude, les plus faibles vont payer les pots cassés, écrit [ Aït Benali Boubeker dans une chronique du Huffington-post-Algérie. Et surtout, il ne faut pas s’attendre à ce que le régime réduise les privilèges de sa clientèle, car c’est elle qui lui assure la pérennité. Faut-il déduire, dans ces conditions, que si la crise persiste, les Algériens ne seront pas logés à la même enseigne ».

Mohamed Bouhamidi refuse cette fatalité. Le philosophe indigné révèle, dans raïna-dz, ce qui se cache derrière le slogan médiatique lancé par les néo-libéraux pour interdire à l’Etat d' »acheter la paix sociale »

Mohamed Bouhamidi. Photo DR
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Pour les Algériens qui ont de la mémoire, la chute du prix du pétrole réveille le souvenir du processus qui a mené à la grande fracture d’octobre 1988 puis à la lutte sanglante qui en a résulté et qui devait démembrer l’Algérie
.
Nous retrouvons des similitudes frappantes avec la conduite générale de l’État et des acteurs politiques d’aujourd’hui. Les années 80 ont vu une partie importante des revenus pétroliers détournée de leurs destinations d’investissement productif [[ « Economie algérienne – Le développement national contrarié » de Abdelatif Rebah- Editions INAS – Alger – 2012 – est une mine d’informations en plus d’être un ouvrage décisif pour tout débat sur les options et questions économiques de nos cinquante ans d’indépendance.] vers l’importation de produits de consommation éphémère.

Les nouvelles forces qui avaient investi le sommet de l’Etat, à la mort de Boumediene, cherchaient à convaincre le peuple du bien-fondé du retour à une économie de marché et à son consumérisme à la place de l’austère politique de développement. Elles brandirent le slogan: «Pour une vie meilleure».

En moins d’une décennie elles démembrèrent des entreprises publiques parvenues au seuil de concentration et d’optimisation des ressources humaines nécessaires à leurs missions de développement. La corruption socialement marginale à l’époque commença à gangréner l’Etat avec la naissance du clientélisme.

La forte présence dans l’Etat de partisans d’une politique indépendante de développement économique appuyé sur de grandes entreprises d’Etat, avait contrarié cette conquête de la totalité de l’Etat par les partisans de l’économie de marché et de l’abandon du pacte de Novembre qui appelait clairement à un «Etat social».

La chute du baril de 27,01 à 13,53 dollars et la division par deux des rentrées pétrolières en 1986 a modifié profondément les conditions de confrontation entre les deux camps. Le pouvoir neuf des libéraux risquait de sombrer avec la fin peu glorieuse de l’importation de fruits exotiques alors que nous avions un besoin pressant d’usines et d’universités.

Pour défendre leur pouvoir et ce modèle, ses partisans ont déclenché une campagne de presse d’une grande violence reportant sur les partisans d’une voie nationale pour le développement, les raisons de leur échec. Ils allèrent droit au but derrière l’affirmation péremptoire que « L’Etat n’est pas la vache à traire » en remplacement de leur promesse « pour une vie meilleure ».

C’était un retournement contre le peuple accusé de nourrir des prétentions ruineuses en espérant l’Etat social et l’équité promis par la proclamation du 1er novembre 1954 et le peuple l’a ressenti comme une trahison et un holdup. C’est par cette rupture que s’est engouffrée la violence des années 90 au cours de laquelle furent expulsés de l’Etat tous les représentants notoires du socialisme.

Aujourd’hui, les réformes ont produit les oligarques algériens aux puissants réseaux à l’intérieur de l’Etat et à l’influence sans partage sur les médias. Les partisans d’une politique de développement se battent dans des conditions difficiles et défavorables.
Les dirigeants honnêtes ont touché du doigt à quel point l’accord d’association avec l’Europe nous a rendus impuissants. La ligne de confrontation s’est déplacée du choix de la voie économique à la simple survie de l’Etat algérien dont on sait qu’il ne pourra tenir sans l’attachement à la guerre de libération et à la mémoire des Didouche[[« Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires » : recommandation de Didouche Mourad, l’un des dirigeants du Comité qui a préparé l’insurrection du 1er novembre 1954.]] et sans équité dont les Algériens, anthropologiquement, n’accepteront jamais le déni.

Dans cette configuration hautement dangereuse dans les circonstances des menaces terroristes, des tensions dans le sud du pays, des poussées des idées autonomistes, les oligarques et leurs représentants à l’intérieur de l’Etat, du pouvoir, de l’opposition et des médias impatients de faire main basse définitive sur l’Algérie ont déclenché une violente campagne contre les mesures d‘urgence palliatives aux effets de la dégringolade du prix du baril et accuse le pouvoir qui est essentiellement entre leurs mains de vouloir « acheter la paix sociale » et se débarrasser par ce subterfuge des derniers obstacles à leur soif d’hégémonie.
Comme à l’époque des « l’État n’est pas une vache à traire » les adeptes de la transition sont prêts à en découdre avec le peuple pour régler la question de la propriété du pays. De la mort de Boumediene à 1990, cette politique aventurière nous a amené à la décennie infernale. Aujourd’hui, cet appel à la guerre sociale entrainera la dislocation de l’Algérie pour laquelle, 45 ans d’illusions libérales ont réunie suffisamment de conditions pour la fin de son État national.
raina.dz

[algerieinfos-saoudi-http://www.algerieinfos-saoudi.com/2015/01/algerie-le-dangereux-refus-de-la-paix-sociale.html]

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« JE NE SUIS PAS CHARLIE»

par Shlomo Sand

le 13 janvier 2015

http://www.ujfp.org/

Rien ne peut justifier un assassinat, a fortiori le meurtre de masse commis de sang-froid. Ce qui s’est passé à Paris, en ce début du mois de janvier constitue un crime absolument inexcusable. Dire cela n’a rien d’original : des millions de personnes pensent et le ressentent ainsi, à juste titre. Cependant, au vu de cette épouvantable tragédie, l’une des premières questions qui m’est venue à l’esprit est la suivante : le profond dégoût éprouvé face au meurtre doit-il obligatoirement conduire à s’identifier avec l’action des victimes ? Dois-je être Charlie parce que les victimes étaient l’incarnation suprême de la liberté d’expression, comme l’a déclaré le Président de la République ? Suis-je Charlie, non seulement parce que je suis un laïc athée, mais aussi du fait de mon antipathie fondamentale envers les bases oppressives des trois grandes religions monothéistes occidentales ?

Certaines caricatures publiées dans Charlie Hebdo, que j’avais vues bien antérieurement, m’étaient apparues de mauvais goût ; seule une minorité d’entre elles me faisaient rire. Mais, là n’est pas le problème ! Dans la majorité des caricatures sur l’islam publiées par l’hebdomadaire, au cours de la dernière décennie, j’ai relevé une haine manipulatrice destinée à séduire davantage de lecteurs, évidemment non-musulmans. La reproduction par Charlie des caricatures publiées dans le journal danois m’a semblé abominable. Déjà, en 2006, j’avais perçu comme une pure provocation, le dessin de Mahomet coiffé d’un turban flanqué d’une grenade. Ce n’était pas tant une caricature contre les islamistes qu’une assimilation stupide de l’islam à la terreur ; c’est comme si l’on identifiait le judaïsme avec l’argent !

On fait valoir que Charlie s’en prend, indistinctement, à toutes les religions, mais c’est un mensonge. Certes, il s’est moqué des chrétiens, et, parfois, des juifs ; toutefois, ni le journal danois, ni Charlie ne se seraient permis, et c’est heureux, de publier une caricature présentant le prophète Moïse, avec une kippa et des franges rituelles, sous la forme d’un usurier à l’air roublard, installé au coin d’une rue. Il est bon, en effet, que dans la civilisation appelée, de nos jours, « judéo-chrétienne », il ne soit plus possible de diffuser publiquement la haine antijuive, comme ce fut le cas dans un passé pas très éloigné. Je suis pour la liberté d’expression, tout en étant opposé à l’incitation raciste. Je reconnais m’accommoder, bien volontiers, de l’interdiction faite à Dieudonné d’exprimer trop publiquement, sa « critique » et ses « plaisanteries » à l’encontre des juifs. Je suis, en revanche, formellement opposé à ce qu’il lui soit physiquement porté atteinte, et si, d’aventure, je ne sais quel idiot l’agressait, j’en serais très choqué… mais je n’irais pas jusqu’à brandir une pancarte avec l’inscription : « je suis Dieudonné ».

En 1886, fut publiée à Paris La France juive d’Edouard Drumont, et en 2014, le jour des attentats commis par les trois idiots criminels, est parue, sous le titre : Soumission, « La France musulmane » de Michel Houellebecq. La France juive fut un véritable « bestseller » de la fin du 19ème siècle ; avant même sa parution en librairie, Soumission était déjà un bestseller ! Ces deux livres, chacun en son temps, ont bénéficié d’une large et chaleureuse réception journalistique. Quelle différence y a t’il entre eux ? Houellebecq sait qu’au début du 21ème siècle, il est interdit d’agiter une menace juive, mais qu’il est bien admis de vendre des livres faisant état de la menace musulmane. Alain Soral, moins futé, n’a pas encore compris cela, et de ce fait, il s’est marginalisé dans les médias… et c’est tant mieux ! Houellebecq, en revanche, a été invité, avec tous les honneurs, au journal de 20 heures sur la chaine de télévision du service public, à la veille de la sortie de son livre qui participe à la diffusion de la haine et de la peur, tout autant que les écrits pervers de Soral.

Un vent mauvais, un vent fétide de racisme dangereux, flotte sur l’Europe : il existe une différence fondamentale entre le fait de s’en prendre à une religion ou à une croyance dominante dans une société, et celui d’attenter ou d’inciter contre la religion d’une minorité dominée. Si, du sein de la civilisation judéo-musulmane : en Arabie saoudite, dans les Emirats du Golfe s’élevaient aujourd’hui des protestations et des mises en gardes contre la religion dominante qui opprime des travailleurs par milliers, et des millions de femmes, nous aurions le devoir de soutenir les protestataires persécutés. Or, comme l’on sait, les dirigeants occidentaux, loin d’encourager les « voltairiens et les rousseauistes » au Moyen-Orient, apportent tout leur soutien aux régimes religieux les plus répressifs.

En revanche, en France ou au Danemark, en Allemagne ou en Espagne où vivent des millions de travailleurs musulmans, le plus souvent affectés aux tâches les plus pénibles, au bas de l’échelle sociale, il faut faire preuve de la plus grande prudence avant de critiquer l’islam, et surtout ne pas le ridiculiser grossièrement. Aujourd’hui, et tout particulièrement après ce terrible massacre, ma sympathie va aux musulmans qui vivent dans les ghettos adjacents aux métropoles, qui risquent fort de devenir les secondes victimes des meurtres perpétrés à Charlie Hebdo et dans le supermarché Hyper casher. Je continue de prendre pour modèle de référence le « Charlie » originel : le grand Charlie Chaplin qui ne s’est jamais moqué des pauvres et des non instruits.

De plus, et sachant que tout texte s’inscrit dans un contexte, comment ne pas s’interroger sur le fait que, depuis plus d’un an, tant de soldats français sont présents en Afrique pour « combattre contre les djihadistes », alors même qu’aucun débat public sérieux n’a eu lieu en France sur l’utilité où les dommages de ces interventions militaires ? Le gendarme colonialiste d’hier, qui porte une responsabilité incontestable dans l’héritage chaotique des frontières et des régimes, est aujourd’hui « rappelé » pour réinstaurer le « droit » à l’aide de sa force de gendarmerie néocoloniale. Avec le gendarme américain, responsable de l’énorme destruction en Irak, sans en avoir jamais émis le moindre regret, il participe aux bombardements des bases de « daesch». Allié aux dirigeants saoudiens « éclairés », et à d’autres chauds partisans de la « liberté d’expression » au Moyen-Orient, il préserve les frontières du partage illogique qu’il a imposées, il y a un siècle, selon ses intérêts impérialistes. Il est appelé pour bombarder ceux qui menacent les précieux puits de pétrole dont il consomme le produit, sans comprendre que, ce faisant, il invite le risque de la terreur au sein de la métropole.

Mais au fond, il se peut qu’il ait bien compris ! L’Occident éclairé n’est peut-être pas la victime si naïve et innocente en laquelle il aime se présenter ! Bien sûr, il faut être un assassin cruel et pervers pour tuer de sang-froid des personnes innocentes et désarmées, mais il faut être hypocrite ou stupide pour fermer les yeux sur les données dans lesquelles s’inscrit cette tragédie.

C’est aussi faire preuve d’aveuglement que de ne pas comprendre que cette situation conflictuelle ira en s’aggravant si l’on ne s’emploie pas ensemble, athées et croyants, à œuvrer à de véritables perspectives du vivre ensemble sans la haine de l’autre.

Shlomo Sand

(Traduit de l’hébreu par Michel Bilis)

Sources: Union Juive France pour la Paix UJFP
http://www.ujfp.org/spip.php?article3768

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RÉSISTONS À L’ESPRIT DE GUERRE

LE MONDE

le 08 janvier 2015

Par Dominique de Villepin (Ancien Premier ministre)

Nous sommes aujourd’hui sidérés par le déchaînement de violence froide et calculée qui a tué douze personnes et grièvement blessé tant d’autres, qui visait à réduire au silence un organe de presse par la liquidation méthodique de toute sa rédaction pour intimider la liberté elle-même. Ils sont morts parce qu’ils étaient journalistes, morts parce qu’ils étaient libres, morts pour ce qu’ils représentaient. Nos forces de l’ordre ont payé un lourd tribut à la protection de la sécurité de nos concitoyens. Le pays fait face, uni, à l’attentat terroriste le plus meurtrier depuis près de deux siècles, par des manifestations spontanées de solidarité. La tentation est grande dans ces moments de recourir à des formules martiales. L’émotion est intense, mais l’intelligence de ce qui se passe est indispensable.

Une peur construite pour nous enfermer tous

La France glisse lentement dans un climat de guerre. Une guerre étrange qui ne dit pas son nom. Une guerre qui efface les frontières entre dehors et dedans. À l’intérieur semblent s’imposer des images, des postures, des logiques de guerre civile larvée. Le terrorisme change de visage. Les réseaux de poseurs de bombe semblent avoir laissé place aux loups solitaires qui eux-mêmes cèdent aujourd’hui le terrain à une nouvelle violence, des commandos aux méthodes mafieuses et aux équipements militaires se fixant pour but d’éliminer des cibles symboliques représentant la démocratie et la liberté. Ce n’est plus la terreur chaotique, c’est la peur organisée, construite pierre à pierre pour nous enfermer tous.

À l’extérieur, nous voyons se cristalliser de mois en mois la ligne de front cauchemardesque d’une guerre de civilisations opposant l’Occident à l’Islam, sous les traits déformés et monstrueux de l’islamisme. Les interventions occidentales font système : elles semblaient des opérations indépendantes, mues par des ambitions diverses; elles ont abouti à un résultat unique, l’émergence d’un ennemi djihadiste insaisissable et l’effondrement des États et des sociétés civiles de la région.

Nous le savons, d’autres opérations s’annoncent: en Libye, que l’opération de 2011 et l’implosion depuis cette date a transformée en repère terroriste du Sahara; au Sahel et en particulier au Nigeria, aux confins du Camerounet du Tchad où Boko Haram étend son emprise barbare. Mais ces guerres nourrissent toujours de nouvelles guerres, chaque fois plus grandes, chaque fois plus impossibles. Elles nourrissent le terrorisme chez nous en promettant de l’éradiquer. Car on ne viendra à bout du djihadisme là-bas et du terrorisme ici qu’en apportant des solutions concrètes aux crises du monde musulman, qui sont à la fois des conflits territoriaux, sociaux, politiques, économiques, que nous simplifions en ne regardant que le symptôme islamiste.

«L’esprit de guerre est un piège.»

L’esprit de guerre est un piège. C’est un engrenage qui nous conduit chaque jour davantage vers une guerre hors de tout contrôle. Notre devoir est de résister à l’esprit de guerre au nom de nos valeurs démocratiques. La seule victoire que puissent espérer les fanatiques, c’est de nous convaincre que nous menons une guerre totale. C’est de nous mener dans l’impasse de la force que nous croyions être un raccourci.

Nous avons trois adversaires redoutables à affronter.

Il y a d’abord, le plus évident, les terroristes. Nous ne pouvons tolérer que des assassins de masse circulent encore dans le pays et que les apôtres de la haine sèment leurs paroles impunément. Tous les moyens de l’Etat de droit doivent être mis en œuvre pour les appréhender et les traduire en justice. Nous devons améliorer les dispositifs de prévention, de surveillance et de protection des lieux sensibles, empêcher la radicalisation notamment dans les prisons. Face à un ennemi sans frontières, il ne peut y avoir de lutte efficace qu’à travers une coopération policière et judiciaire sans cesse renforcée, à l’échelle de l’Europe mais également avec les autres pays concernés. Là où il y a vingt ans il n’y avait que quelques foyers terroristes, aujourd’hui le monde entier est concerné.

Il est urgent de tarir tous les financements de l’extrémisme islamiste en France, notamment venant de pays du Moyen-Orient. C’est dans ce but que, ministre de l’intérieur, j’avais proposé de réformer le financement des constructions de lieux de culte musulman par une Fondation des œuvres de l’islam permettant de réduire les financements étrangers, et permettre ainsi l’épanouissement d’un islam de France
.

Perte des repères démocratiques

Il y a un second ennemi, c’est la peur . Le sentiment d’une violence imprévisible, divisés, faibles, repliés sur nous-mêmes; un pays blessé qui perd son sang. Les polémiques littéraires, les démagogies partisanes, nous montrent que l’enjeu n’est pas tant de nous sauver des autres, d’invasions ou de remplacements supposés, mais de nous sauver de nous-mêmes, de notre renoncement, de notre narcissisme du déclin, de notre tentation occidentaliste et suicidaire.omniprésente et soudaine suscite un désir de sécurité qu’il sera impossible de combler. L’expérience nous l’enseigne, les attaques terroristes favorisent le renoncement aux valeurs démocratiques, le souci de notre sécurité nous disposant à sacrifier les libertés de tiers, chez nous ou à l’étranger. La spirale de défiance créée aux Etats-Unis par le Patriot Act et la légitimation durable de la torture ou des détentions illégales a aujourd’hui plongé ce pays dans la perte de repères moraux. Nous avons vu le vertige de la guerre civile en Algérie durant les années de plomb. Nous voyons de plus en plus de pays qui ont peur, qui s’emmurent, qui s’éloignent des valeurs démocratiques.

Il y a un troisième ennemi aujourd’hui, c’est le rejet . Notre pays se crispe de jour en jour. Ses élites se tournent chaque jour davantage vers des discours de division et d’exclusion permettant tous les amalgames. L’Histoire nous enseigne que lorsque les digues sautent, le pays risque l’effondrement. Si nous aimantons la violence, c’est parce que nous sommes

Dans l’épreuve, chacun d’entre nous a un devoir à accomplir. Agissons avec responsabilité, sang-froid et dans l’unité, ripostons par l’exemplarité démocratique, redevenons ce que nous sommes, des républicains qui croient au dialogue, à la force de la culture et de l’éducation et à la paix.
• Dominique de Villepin (Ancien Premier ministre)

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/08/resistons-a-l-esprit-de-guerre_4552133_3232.html#lvkAgPBAKVyuGoar.99
http://www.lemonde.fr/idees/article/2015/01/08/resistons-a-l-esprit-de-guerre_4552133_3232.html

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ATTENTATS DE PARIS.

Une enquête de Mediapart

repris sur le blog algerieinfos-saoudi

le 10 Janvier 2015

« Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve a donc induit l’opinion publique en erreur en déclarant, vendredi, que « rien ne témoignait du fait » que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly « pouvaient s’engager dans un acte de ce type. Leur situation n’avait pas été judiciarisée ».

Sous le titre « Kouachi-Coulibaly, le réseau terroriste oublié par les services de renseignement » Mediapart publie aujourd’hui 10 janvier une enquête de Fabrice Arfi et Karl Laske.

EXTRAITS

Les archives ont parlé. Dans les heures qui ont suivi l’attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, la police a compris qu’elle avait un dossier pour remonter très vite aux assassins. L’oubli – délibéré ou non – de la carte d’identité de Saïd Kouachi, l’un des deux auteurs du massacre avec son frère Chérif, dans une voiture pendant leur fuite, le 7 janvier, a suffi. Le nom des Kouachi a aussitôt fait émerger le dossier de l’enquête antiterroriste ouverte en 2010 sur l’opération visant à faire évader de prison plusieurs chefs islamistes, parmi lesquels Smaïn Aït Ali Belkacem, l’artificier des attentats parisiens de 1995. La police a ainsi rapidement multiplié les perquisitions en région parisienne (…).
Déjà condamné en 2008 dans le dossier de la filière de recrutement djihadiste dite “des Buttes-Chaumont”, Chérif Kouachi avait été soupçonné, en 2010, d’avoir rejoint ce nouveau réseau chargé de l’évasion de Belkacem. Tout comme Amedy Coulibaly, mis en cause dans les assassinats de Montrouge et de la porte de Vincennes, ces 8 et 9 janvier. Actuellement recherchée pour son implication présumée dans les dernières actions, Hayat Boumeddienne, la compagne de Coulibaly, avait elle aussi été arrêtée, entendue et perquisitionnée dans cette même affaire. Alors que Kouachi a bénéficié d’un non-lieu à l’issue de l’instruction, Coulibaly a été condamné à cinq ans de prison, le 20 décembre 2013 (…).
Amedy Coulibaly, mort vendredi lors de l’assaut du magasin HyperCacher porte de Vincennes, où quatre otages ont également péri, n’est pas un inconnu des services de police. Alors qu’il est employé chez Manpower, il a déjà été impliqué dans seize affaires de vols à main armée, violences et trafic de stupéfiants. Présenté comme un « islamiste rigoriste » en mai 2010 par la sous-direction antiterroriste (SDAT) de la police judiciaire, il minimise pourtant sa radicalité religieuse devant les enquêteurs lorsqu’il est entendu.(…)
Des écoutes téléphoniques effectuées en mars et avril 2010 sur le portable de « Doly » montrent « sans ambiguïté » , selon les enquêteurs, « sa foi radicale » et « l’emprise idéologique » exercée sur lui par Djamel Beghal. L’artificier des attentats de 1995, Smaïn Aït Ali Belkacem, le considère pour sa part comme un militant « fiable et déterminé » . « En plus, il est bien dans la religion, il est en dedans. Il est sérieux dans la religion » , jugeait le terroriste islamiste durant une conversation téléphonique interceptée sur un portable utilisé clandestinement en prison (…).
Même s’il a bénéficié d’un non-lieu, la justice ayant estimé n’avoir « pas assez d’éléments démontrant son implication » dans les projets d’évasion, Chérif Kouachi est cependant apparu au fil de l’enquête comme un membre actif du réseau. Étroitement surveillé par les policiers en avril 2010, il a rejoint Djamel Beghal dans le Cantal pendant une semaine, accompagné de deux autres islamistes déjà condamnés pour des faits de terrorisme.
Lors de ses onze auditions en mai 2010 par les policiers, Kouachi s’est montré obstinément mutique. « L’intéressé garde le silence et fixe le sol » , ont noté jusqu’à l’agacement les enquêteurs de la SDAT. « Avez-vous conscience que votre refus à tout dialogue avec nous, y compris sur les choses les plus anodines, le refus d’effectuer une page d’écriture, le refus de regarder les photos qui vous sont présentées, le refus de vous alimenter, relève d’un comportement typique et habituellement constaté chez les individus fortement endoctrinés et appartenant à une organisation structurée ayant bénéficié de consignes à suivre durant une garde à vue ? » , ont fait remarquer les policiers au futur auteur du massacre de Charlie Hebdo.
Les archives informatiques de Kouachi, elles, ont été plus bavardes. De nombreux textes – la plupart anonymes –, découverts dans son ordinateur ou sur des clés USB, témoignent d’un enrôlement djihadiste structuré. Il s’agit la plupart du temps de textes sur des opérations martyres et la conduite à tenir. Tous ont été téléchargés en 2009.
L’un d’entre eux, baptisé Opérations sacrifices, décrit un modus operandi qui n’est pas sans rappeler l’attentat contre Charlie Hebdo . « Un moudjahid (combattant – ndlr) entre par effraction dans la caserne de l’ennemi ou une zone de groupement et tire à bout portant sans avoir préparé un plan de fuite ni avoir pensé à la fuite. L’objectif est de tuer le plus d’ennemis possibles. L’auteur mourra très probablement » (…)
Un autre texte, intitulé Le Prophète de la Terreur, commence par ces mots : « Je suis venu vous apporter le carnage. » Habillé de références religieuses, le texte est en réalité un appel au terrorisme : « Le Coran parle de se préparer le plus que l’on peut à terroriser l’ennemi. » Mieux encore : « horrifier l’ennemi » , souhaite-t-il.
Un ouvrage de l’imam salafiste jordanien Abou Mohamed al-Maqdisi développe quant à lui des « séries de conseils sur la sécurité et la prévention » à l’attention des militants radicaux. Exemple : « Il n’est pas indispensable dans la plupart des circonstances, pour un financeur, de savoir quand et où l’opération aura lieu, ni par quelles mains. De même, pour ceux qui vont exécuter le stade final de l’opération (c’est-à-dire le pirate de l’air, le kidnappeur, celui qui se sacrifie, l’assassin, etc.), il n’est pas indispensable pour eux de savoir qui finance la cellule ou le groupe. » (…)
L’enquête de 2010 sur la cellule Beghal avait clairement montré que ses membres étaient déterminés à passer à l’attaque. Un proche de Kouachi et Coulibaly, un certain Teddy Valcy, alias “Djamil” (condamné à 9 ans en 2013), avait été arrêté en possession d’une kalachnikov, avec un chargeur engagé contenant vingt-deux cartouches. « Cette arme m’appartient et je n’aurais pas hésité à l’utiliser contre vous si j’en avais eu le temps » , avait-il déclaré aux policiers au moment de son interpellation.
Dans une vidéo enregistrée sur son téléphone portable en avril 2010, il apparaît vêtu d’une djellaba, portant son fusil-mitrailleur à l’épaule. Il prononce alors un discours de guerre : « Il est venu le temps où il faut agir. La communauté musulmane est en danger (…). La dignité des musulmans est bafouée. Nous n’avons pas d’autres solutions que de prendre les armes pour défendre notre communauté. Je vous exhorte à prendre les armes le plus vite possible, avec une très grande détermination, et n’oubliez pas la récompense du martyr (…). On nous appelle “terroristes” mais le mot est faible parce qu’on doit vraiment plus les terroriser, les ennemis, les infidèles. Il n’y a pas de discussion avec eux. » Les 7, 8 et 9 janvier 2015, une partie du réseau Beghal a répondu à l’appel.
Source : mediapart.fr

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JE NE SUIS PAS CHARLIE !

braniya chiricahua blog

messaoud Benyoucef

samedi 10 janvier 2015

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Explication : le 22 juillet 1987, le caricaturiste palestinien Naji El Ali était assassiné à Londres par un agent du Mossad. Margaret Thatcher avait fait fermer l’antenne du Mossad et expulser deux espions de Tel-Aviv. Et ce fut tout.

Le lendemain des « attentats » du 11/9, le quotidien « Le Monde » -dirigé alors par Jean-Marie Colombani- titrait en une « Nous sommes tous des Américains ». Cri du cœur, cri de vérité alors que l’on ne savait encore rien des probables auteurs des attentats. Peu importe disait le journal : l’Amérique est attaquée, nous sommes avec elle, mieux nous sommes elle. C’est dire autrement qu’en dernière analyse, nous nous sentons profondément américains parce que l’Amérique, c’est notre culture, notre civilisation -les yankees ont inventé la notion de « choc des civilisations » justement pour cela, obtenir l’alignement des Européens derrière eux, contre l’Autre, l’inconnu, le barbare. Hier, le barbare était le communiste, aujourd’hui, c’est le musulman.

Aujourd’hui, on nous suggère qu’il faut dire, clamer, écrire : « Je suis Charlie ». Et c’est un Philippe Val larmoyant qui a soufflé ça aux médias ! P. Val, celui qui a embringué Charlie-Hebdo dans la guerre que les néocons criminels ont déclaré à la religion musulmane sous couvert de défense de la liberté d’expression, et qui porte une responsabilité écrasante dans la dérive insensée du journal. Mais souvenons-nous comment Val a défendu la liberté d’expression de l’un de ses caricaturistes, Siné, qui avait simplement conclu ironiquement la chronique des épousailles du fils Sarközy avec l’héritière des magasins Darty par un « Il ira loin ce petit ! » Gros tintamarre des médias-coolies des officines sionistes. Val s’empresse de licencier Siné qui sera encore traîné devant les tribunaux (qui le relaxeront). Liberté d’expression ? De grâce, assez de mensonges, d’hypocrisie et de lâcheté !

Pas plus qu’hier, après le 09/11, je n’étais yankee -bien au contraire, j’avais pris une mesure de rétorsion immédiate, celle de ne plus jamais acheter Le Monde-, pas plus aujourd’hui je ne suis Charlie. Être Charlie, c’est cautionner la ligne néocon du journal. Être Charlie, c’est être aux côtés de Philippe Val, de Caroline Fourrest, d’Antoine Sfeir, de Mohamed Sifaoui et de Jean-Baptiste Bothul (le philosophe que le monde envie à la France), ce qu’à Dieu ne plaise ! Être Charlie, c’est être manipulé comme l’ont été les caricaturistes de Charlie-Hebdo eux-mêmes et les Kelkal, Merah, Kouachi et consorts.

Il faut voir les choses dans leur développement. Déjà, des éléments nouveaux se sont fait jour qui ne laisseront pas d’interroger les gens qui ne veulent pas bêler avec le troupeau :

1-La voiture de police fixe -celle qui était en faction en permanence devant l’entrée de l’hebdomadaire avec deux policiers-,aurait été supprimée du dispositif de sécurité récemment. C’est Jeannette Bougrab, ancienne secrétaire d’Etat de Sarközy et compagne de Charb (Stéphane Charbonnier, directeur de Charlie-Hebdo), qui l’a dit (sur France 2).

2-Les services secrets algériens ont alerté leurs homologues français le 06 janvier de l’imminence d’un attentat à Paris. Ce qui veut dire que les services algériens ont des taupes dans ces milieux. À chacun de tirer la conclusion qui lui semble découler logiquement de cet état de faits. Personnellement, cette information me glace l’échine.

3-Le « New-York Times » a révélé que l’un des frères Kouachi a fait une formation dans un centre d’entraînement d’El Qaïda au Yémen. Cette « information » a mis les services français dans une situation embarrassante. Le ministre de l’Intérieur (sur France 2) s’est montré sceptique sur la validité de cette information. Rappelons que le New-York Times -les autochones l’appellent le « Jew-York… » – est le porte-parole de la communauté juive new-yorkaise et celui des néocons. Il s’est particulièrement distingué par son acharnement en faveur d’une intervention en Irak. Chacun en tirera les conclusions.

4-La chaîne BFM vient de révéler qu’elle a pris contact, téléphoniquement, avec les présumés auteurs des attentats contre Charlie-Hebdo et contre la supérette casher. Le plus étrange est que ces contacts ont été pris au moment où les forces de police encerclaient les présumés auteurs. La question essentielle que posait BFM était de savoir si les présumés auteurs se réclamaient d’une organisation et laquelle. C’est comme si BFM savait que les présumés auteurs n’allaient pas sortir vivants du siège et que la chaîne n’avait rien de plus urgent que de valider l’information du New-York Times. Plus urgent que de s’enquérir du sort des otages ou de conseiller aux présumés auteurs de se rendre.

Après le choc, viennent les sentiments, bons ou mauvais ; après, viendra le temps de la raison, le temps où l’on regrette généralement de s’être laissé berner par des manipulateurs sans religion ni nation comme disent les Arabes.

http://braniya.blogspot.fr/2015/01/je-ne-suis-pas-charlie.html

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UN ANCIEN DE CHARLIE-HEBDO PARLE

braniya blog – messaoud benyoucef

le vendredi 9 janvier 2015

et reprise de l’article de Olivier Cyran

« LA MACHINE À RAFFINER LE RACISME BRUT »

braniya, le 29 décembre 2013

Cet article avait été mis en ligne sur ce blogue le 29 décembre 2013, sous le titre « La machine à raffiner le racisme brut ». Je l’avais fait précéder d’un « chapeau » qui précisait le contexte dans lequel son auteur, Olivier Cyran, l’avait rédigé.

Aujourd’hui, 9 janvier 2015, deux jours après la tuerie qui a décapité la rédaction de Charlie-Hebdo, je le remets en ligne. Tout est déjà là dans ce remarquable écrit : la dérive funeste d’un journal satirique devenu une machine de guerre néoconservatrice sous la houlette de son directeur Philippe Val, coolie d’Israël et de ses groupes de pression en France. Sarközy le récompensera en le nommant à la direction de France Inter. Les socialistes, revenus au pouvoir, ne l’ont pas viré : c’est dire qu’entre droite et gauche, il n’y a pas de différence au niveau de l’acceptation de la domination sioniste sur le pouvoir d’état. Le zèle judéophile déployé par Manuel Valls en est une illustration éloquente.
Machine de guerre néoconservatrice veut bien dire que Charlie-Hebdo a été partie prenante d’une guerre, d’une rare perfidie, celle du « choc des civilisations », concoctée à Washington et Tel-Aviv. Cette guerre prend pour cible le monde arabo-musulman pour deux raisons principales : 1) Tel-Aviv a un intérêt vital à détruire tous les états arabes en les présentant comme des barbares et en se présentant lui-même comme le poste avancé de la civilisation. 2) Washington ne supporte pas que ce monde arabo-musulman résiste à son pouvoir de séduction (soft power) et persévère dans son être.
Les deux acolytes rêvent d’un monde d’où toute diversité aurait été effacée, un monde d’individus isolés et décérébrés, des buveurs de Coca-Cola et des mangeurs de Mac-Do, auxquels il leur sera facile d’imposer leur domination. Avec un gouvernement mondial (à leur botte) siégeant de préférence à Jérusalem, comme le préconise Jacques Attali.
De ce point de vue, la boucherie du 07 janvier apparaît d’ores et déjà comme une réédition du 11/9 : un attentat sanglant sous faux drapeau. Les jours prochains apporteront des éléments nouveaux sur l’identité exacte des assassins et de leurs commanditaires. Quoi qu’il en soit, les tireurs de ficelles auront utilisé et sacrifié des caricaturistes exactement comme ils ont utilisé et sacrifié les Khaled Kelkal, Mohamed Merah et autres.

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Le dessin illustrant l’article montre à quel niveau de provocation était tombé le journal. N’en déplaise au troupeau bêlant qui sautille comme un cabri en criant « Liberté d’expression! », la notion de sacré existe encore pour certaines gens et ces gens ont le droit d’être respectés. Non, on ne peut pas tout tourner en dérision ni offenser les croyants sincères. Et dire cela participe également de la liberté d’expression.

La rédaction de Charlie Hebdo vient de faire paraître dans les colonnes du quotidien Le Monde, sous forme de tribune libre, un plaidoyer pro domo dans lequel elle se défend d’être devenue un journal raciste. Un de ses anciens journalistes, Olivier Cyran (Allemand vivant en France), lui répond.
La méticulosité de l’argumentaire qu’il y déploie, la profondeur de l’analyse qu’il met en œuvre ainsi que la richesse de la culture qu’il convoque nous font le devoir de dire que nous avons affaire, là, à une démonstration magistrale qui fait honneur à son auteur -et au journalisme, au vrai- et pointe implacablement la dérive de l’hebdomadaire anciennement satirique vers les eaux glauques et puantes du néoconservatisme.

Ci-dessous, un florilège de citations extraites de l’article que l’on pourra retrouver dans son intégralité ici :
http://www.article11.info/?Charlie-Hebdo-pas-raciste-Si-vous#nb3

Je me permets d’encourager vivement les visiteurs de Braniya à le lire. Une fois cela fait, ils comprendront qu’on ne puisse pas dire que tous les journalistes sont des moutons ni que tous les Européens (les « Blancs ») sont islamophobes.

« Ainsi donc Le Monde vous a charitablement ouvert son rayon blanchisserie, pour un repassage express de votre honneur tout chiffonné. À vous entendre, il y avait urgence : même plus moyen de sortir dans Paris sans qu’un chauffeur de taxi vous traite de racistes et vous abandonne les bras ballants sur le bord du trottoir…

S’il m’est arrivé à moi aussi, par le passé, de griffonner quelques lignes fumasses en réaction à tel ou tel de vos exploits, je ne me suis jamais appesanti sur le sujet. Sans doute n’avais-je ni la patience ni le cœur assez bien accroché pour suivre semaine après semaine la navrante mutation qui s’est opérée dans votre équipe après le tournant du 11 septembre 2001. Je ne faisais déjà plus partie de Charlie Hebdo quand les avions suicide ont percuté votre ligne éditoriale, mais la névrose islamophobe qui s’est peu à peu emparée de vos pages à compter de ce jour-là m’affectait personnellement, car elle salopait le souvenir des bons moments que j’avais passés dans ce journal au cours des années 1990. Le rire dévastateur du « Charlie » que j’avais aimé sonnait désormais à mes oreilles comme le rire de l’imbécile heureux qui se déboutonne au comptoir du commerce, ou du cochon qui se roule dans sa merde…

Raciste, Charlie Hebdo ne l’était assurément pas du temps où j’y ai travaillé. En tout cas, l’idée qu’un jour le canard s’exposerait à pareil soupçon ne m’a jamais effleuré. Il y a avait bien quelques franchouillardises et les éditos de Philippe Val, sujets à une fixette inquiétante et s’aggravant au fil des ans sur le « monde arabo-musulman » , considéré comme un océan de barbarie menaçant de submerger à tout instant cet îlot de haute culture et de raffinement démocratique qu’était pour lui Israël…

À peine avais-je pris mes cliques et mes claques, lassé par la conduite despotique et l’affairisme ascensionnel du patron, que les tours jumelles s’effondrèrent et que Caroline Fourest débarqua dans votre rédaction. Cette double catastrophe mit en branle un processus de reformatage idéologique qui allait faire fuir vos anciens lecteurs et vous en attirer d’autres, plus propres sur eux, et plus sensibles à la « war on terror »

Le nouveau tropisme en vigueur imposa d’abjurer le tempérament indocile qui structurait le journal jusqu’alors et de nouer des alliances avec les figures les plus corrompues de la jet-set intellectuelle, telles que Bernard-Henri Lévy ou Antoine Sfeir, cosignataires dans Charlie Hebdo d’un guignolesque « Manifeste des douze contre le nouveau totalitarisme islamique»

À Charlie Hebdo, il a toujours été de bon ton de railler les « gros cons » qui aiment le foot et regardent TF1. Pente glissante. La conviction d’être d’une essence supérieure, habilitée à regarder de très haut le commun des mortels, constitue le plus sûr moyen de saboter ses propres défenses intellectuelles et de les laisser bailler au moindre courant d’air…

Le pilonnage obsessionnel des musulmans auquel votre hebdomadaire se livre depuis une grosse dizaine d’années a des effets tout à fait concrets. Il a puissamment contribué à répandre dans l’opinion « de gauche » l’idée que l’islam est un « problème » majeur de la société française. Que rabaisser les musulmans n’est plus un privilège de l’extrême droite, mais un droit à l’impertinence sanctifié par la laïcité, la république, le « vivre ensemble »…

Je veux bien tâcher d’éclairer vos lanternes sur ce point : l’islam-religion-conquérante qui fait rien qu’à croquer la planète. L’islamisation de l’archipel indonésien a commencé au XIIIe siècle, quand des princes de Sumatra se sont convertis à la religion des marchands perses et indiens qui faisaient bombance dans leurs ports –non sous la contrainte, mais par désir d’intégrer un réseau commercial prospère. Plus tard, au XVIIIe siècle, ce sont les colons hollandais, chrétiens irréprochables, qui se sont arrangés pour imposer l’islam à Java, en vue de soustraire sa population à l’influence séditieuse des Balinais hindouistes. On est loin de l’imagerie du farouche bédouin réduisant à sa merci des peuples exotiques, à laquelle se résume apparemment votre connaissance du monde musulman…

Vous avez raison, arabe et musulman, ce n’est pas la même chose. Mais vous savez quoi ? Musulman et musulman, ce n’est pas pareil non plus. Sachez qu’il y en a de toutes sortes, riches ou pauvres, petits ou grands, sympathiques ou revêches, généreux ou rapiats, désireux d’un monde meilleur, réactionnaires ou même, oui, intégristes. Or, dans Charlie Hebdo, rien ne ressemble davantage à un musulman qu’un autre musulman. Toujours représenté sous les traits d’un faible d’esprit, d’un fanatique, d’un terroriste, d’un assisté. La musulmane ? Toujours une pauvre cloche réductible à son foulard, et qui n’a d’autre fonction sociale que d’émoustiller la libido de vos humoristes…

Ce qui définit la vision dominante du « racialisé », « c’est qu’il est tout entier contenu dans ce qui le racialise ; sa culture, sa religion, sa couleur de peau. Il serait comme incapable de s’en sortir, incapable de voir plus loin que son taux de mélanine ou le tissu qu’il porte sur la tête, observe sur son blog Valérie CG, une féministe pas très intéressante puisqu’elle ne vous a pas montré ses seins. Musulman devient une sorte de nouvelle couleur de peau dont il est impossible de se détacher. »

Dans votre texte du Monde, vous invoquez la salutaire remise en cause des « si grands pouvoirs des principaux clergés » , mais sans préciser en quoi l’islam – qui n’a pas de clergé, mais on ne peut pas tout savoir, hein – exerce en France un « si grand pouvoir » . Hors de la version hardcore qu’en donnent quelques furieux, la religion musulmane ne me paraît pas revêtir chez nous des formes extraordinairement intrusives ou belliqueuses. Sur le plan politique, son influence est nulle : six millions de musulmans dans le pays, zéro représentant à l’Assemblée nationale. Pour un parlementaire, il est plus prudent de plaider la cause des avocats d’affaires et de voter des lois d’invisibilité pour les femmes voilées que de s’inquiéter de l’explosion des violences islamophobes. Pas un seul musulman non plus chez les propriétaires de médias, les directeurs d’information, les poids lourds du patronat, les grands banquiers, les gros éditeurs, les chefferies syndicales. Dans les partis politiques, de gauche comme de droite, seuls les musulmans qui savent réciter par cœur les œuvres complètes de Caroline Fourest ont une petite chance d’accéder à un strapontin…

… Vous revendiquez le droit sacré de « rire » pareillement des imams, des curés et des rabbins. Pourquoi pas, si encore vous appliquiez vraiment ce principe. On oublie l’épisode Siné ou il faut vous faire un dessin ? Un constat avéré d’islamophobie, et c’est l’éclat de rire. Une mensongère accusation d’antisémitisme, et c’est la porte. Cette affaire remonte aux années Val, mais la pleutre approbation que votre patron d’alors a recueilli auprès de « toute la bande » , et plus particulièrement auprès de toi, Charb, démontre que le deux poids deux mesures en vigueur à cette époque n’était pas le fait d’un seul homme. La même règle a perduré. À ce jour, me dit-on, le numéro spécial « Charia Hebdo » ne s’est toujours pas dédoublé en un « Talmud Hebdo »…

Vous vous réclamez de la tradition anticléricale, mais en feignant d’ignorer en quoi elle se différencie fondamentalement de l’islamophobie : la première s’est construite au cours d’une lutte dure, longue et acharnée contre un clergé catholique effectivement redoutable de puissance, qui avait – et a encore – ses journaux, ses députés, ses lobbies, ses salons et son immense patrimoine immobilier ; la seconde s’attaque aux membres d’une confession minoritaire dépourvue de toute espèce d’influence sur les sphères de pouvoir…

« Encoder le racisme pour le rendre imperceptible, donc socialement acceptable » , c’est ainsi que Thomas Deltombe définit la fonction de l’islamophobie, décrite aussi comme une « machine à raffiner le racisme brut » . »

Publié par messaoud benyoucef
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2 commentaires:
1.
Ziani Ouas29 décembre 2013
Salut Messaoud,

Olivier Cyran me fait penser à John Swinton. Ci-après son célèbre propos, plus que centenaire :

À New York, lors d’un banquet, le 25 septembre 1880, le célèbre journaliste John Swinton se fâche quand on propose de boire un toast à la liberté de la presse :

« Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! » (Cité dans : Labor’s Untold Story, de Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, NY, 1955/1979.)
Réponses
1.
messaoud benyoucef30 décembre 2013
Salut ZO,

Oui; les médias mainstream offrent aujourd’hui l’image caricaturale -tellement grosse que personne ne songe à la nier- de cette « prostitution » vis-à-vis des riches et des puissants dont parle Swinton. L’élément nouveau, aujourd’hui, c’est Internet qui a permis un formidable progrès : la libre expression des opinions et leur circulation. Le résultat immédiat (que les puissances d’argent essaient désespérément de cacher) en est que les médias mainstream (en Europe tout du moins) sont carrément à l’agonie. Et, à la faveur de cette donne nouvelle, les intellectuels « free lance » qui font œuvre de journalisme – du vrai-, comme O. Cyran, émergent.
De grands changements sont à venir : l’Histoire nous a appris que les grandes transformations sociales et politiques sont généralement précédées d’avancées décisives dans le domaine technologique.

Sources : http://braniya.blogspot.fr/2013/12/la-machine-raffiner-le-racisme-brut.html

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LA TUERIE DE CHARLIE-HEBDO – AUTREMENT VUE

Braniya – messaoud benyoucef

le jeudi 8 janvier 2015

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Ce qui suit est un florilège de citations d’articles glanés sur la Toile concernant la tuerie perpétrée au siège du journal satirique Charlie-Hebdo. L’empathie -personnellement, j’avais rencontré le jeune Tignous au début des années 90, au Centre culturel français d’Oran, et il m’était apparu très sympathique-, l’empathie, dis-je, n’empêche pas de réfléchir et, pour cela, de garder la tête froide. L’onde de choc de ce carnage contribuera à alourdir un climat déjà détestable, fait de délire anti-musulman sans cesse alimenté par les mêmes officines, les mêmes « experts », les mêmes médias, les mêmes femmes et hommes politiques qui s’évertuent à faire croire qu’ils ne font que critiquer une religion quand tout leur discours transpire la haine de l’Arabe. La paranoïa anti-musulmane est une « machine à recycler » le bon vieux racisme anti-arabe dont certains partis politiques et autres organisations ne se cachent même plus. La preuve ? Ceux qui alimentent sans désemparer cette paranoïa sont ceux-là mêmes qui manifestent bruyamment leur admiration et leur servilité à l’égard de l’état juif. Voilà comment il faut traiter les Arabes ! comme la Haganah et l’Irgoun ont traité ceux de Deir Yassine, comme l’état juif traite Gaza.
Les éclairages apportés par les citations qui suivent permettront de penser plus juste. Cela étant, je suis d’accord avec Jacob Cohen (cf son article ci-dessous) pour dire que le malheur a frappé à la porte de Charlie-Hebdo, le jour où Philippe Val en a pris les rênes.

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« Ce n’est pas au Caire, à Riyad ou à Kaboul que l’on prône le « choc des civilisations », mais à Washington et à Tel-Aviv.

Les commanditaires de cet attentat savaient qu’il provoquerait une fracture entre les Français musulmans et les Français non-musulmans. Charlie Hebdo s’était spécialisé dans des provocations anti-musulmanes et la plupart des musulmans de France en ont été directement ou indirectement victimes. Si les musulmans de France condamneront sans aucun doute cet attentat, il leur sera difficile d’éprouver autant de peine pour les victimes que les lecteurs du journal. Cette situation sera perçue par certains comme une complicité avec les meurtriers.
C’est pourquoi, plutôt que de considérer cet attentat extrêmement meurtrier comme une vengeance islamiste contre le journal qui publia les caricatures de Mahomet et multiplia les « unes » anti-musulmanes, il serait plus logique d’envisager qu’il soit le premier épisode d’un processus visant à créer une situation de guerre civile.
L’idéologie et la stratégie des Frères musulmans, d’Al-Qaïda et de Daesh ne préconise pas de créer de guerre civile en « Occident », mais au contraire de la créer en « Orient » et de séparer hermétiquement les deux mondes. Jamais Saïd Qotb, ni aucun de ses successeurs, n’ont appelé à provoquer d’affrontement entre les musulmans et les non-musulmans chez ces derniers.
Au contraire, la stratégie du « choc des civilisations » a été formulée par Bernard Lewis pour le Conseil de sécurité nationale états-unien, puis vulgarisée par Samuel Huntington non plus comme une stratégie de conquête, mais comme une situation prévisible. Elle visait à persuader les populations membres de l’Otan d’un affrontement inévitable qui prît préventivement la forme de la « guerre au terrorisme ».
Nous devons nous souvenir que, depuis le démembrement de la Yougoslavie, l’état-major états-unien a expérimenté et mis en pratique dans de très nombreux pays sa stratégie des « combats de chiens ». Elle consiste à tuer des membres de la communauté majoritaire, puis des membres des minorités en renvoyant les responsabilités dos-à-dos jusqu’à ce que chacun soit convaincu d’être en danger de mort. C’est de cette manière que Washington a provoqué la guerre civile aussi bien en Yougoslavie que dernièrement en Ukraine. »

Thierry Meyssan
http://www.voltairenet.org/article186408.html

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« …Charlie Hebdo, journal satirique, anarchiste, révolutionnaire, caustique, ennemi de tous les pouvoirs et dénonciateur de tous les abus … a été pris en otage par un certain Philippe Val, qui avait des casseroles à se faire pardonner, et qui s’est mis au service de BHL, transformant Charlie Hebdo en organe pro-sioniste, dénigrant les Arabes et en particulier les Palestiniens, adorant le CRIF et ses valets, poussant sa logique jusqu’à reprendre la bannière de l’islamophobie gratuite et délirante, vomissant tout ce qui représentait l’islam ou les musulmans.
La morale de l’histoire, et on peut étendre ce principe à d’autres collabos, Philippe Val a été nommé directeur de France Inter. Et Charlie Hebdo a poursuivi dans cette belle voie de la collaboration avec les puissants du moment, ce qui lui a apporté soutiens financiers médiatiques et politiques.Ce n’est pas la 1ère fois que le lobby judéo-sioniste réussit à « retourner » un organe de presse, comme on « retourne » un espion. Je citerai 2 exemples qui me semblent particulièrement révélateurs. D’abord Les Lettres Modernes, revue créée après la guerre par Jean-Paul Sartre et qui représentait le summum de la réflexion anti-impérialiste. Revue reprise par Claude Lanzmann, l’auteur du film Shoah qui lui a rapporté des millions, et qui en a fait un torchon au service du sionisme. L’autre exemple c’est Libération sur lequel je ne m’étendrai pas tellement sa collusion avec le sionisme est flagrante et sa haine de l’islam incommensurable.
Ces campagnes de propagande islamophobe et de soutien à l’Amérique et à Israël ont pour conséquence de créer un climat détestable et de susciter des pulsions de violence et de revanche aveugle. Ce que l’on reproche généralement au « terrorisme ». »

Jacob Cohen
jacobdemeknes.blogspot.fr

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« Depuis 2011, la France sarkozyste, puis hollandaise, s’est engagée dans une entreprise nauséabonde de soutien explicite au terrorisme wahhabite, le même qui entache le nom même de l’islam. Par simple appât de gain, pour quelques milliards de pétrodollars, les ministres français ont fait de Riyad et de Doha leurs temples, tournant le dos aux idéaux que la France non-américanisée des années 50-60 défendait encore ! Paris a voué aux gémonies la Syrie, ce pays dont la population lui vouait, elle, amour, intérêt et respect..
Les traîtres à l’État syrien ont été hébergés sur le sol français, la France a favorisé le trafic d’armes à destination des terroristes takfiris et s’est alignée systématiquement sur la ligne belliciste d’une Turquie néo-ottomane, d’un Qatar fou des Frères et enfin d’une Arabie assoiffé du sang des non-wahhabites… La France s’est rendue complice des atrocités commises tour à tour en Libye, en Syrie, en Irak…
Alors qui a tué les caricaturistes de Charlie Hebdo ? »

http://french.irib.ir/info/international/item/354944-qui-a-tu%C3%A9-les-caricaturistes

« La fabrication médiatique du « problème musulman » –érigé en « problème de civilisation » par Alain Finkielkraut– favorise une libération de la parole raciste et une stigmatisation des musulmans et de leurs pratiques religieuses avec la bénédiction des journalistes du système. Le battage médiatique autour du dernier roman de Michel Houellebecq, ouvertement islamophobe, la complaisance des médias vis-à-vis des dérapages d’Alain Finkielkraut, l’islamophobie déclarée de certains journalistes, l’hostilité rencontrée par un mouvement qui prône la réconciliation avec les populations issues de l’immigration post-coloniale montrent que la classe politico-médiatique dans sa majorité encourage le rejet des musulmans. On peut être surpris de cette tolérance vis-à-vis d’opinions discriminatoires et parfois même racistes surtout au regard de la censure qui frappe impitoyablement les critiques, même mesurées, de la politique israélienne.

Nicolas Bourgoin
bourgoinblog.wordpress.com

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« … pour lire article en entier cliquer sur le lien (…)

Sources : braniya http://braniya.blogspot.fr/2015/01/la-tuerie-de-charlie-hebdo-autrement-vue.html

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Michel Onfray : « LES RÉGIMES ISLAMIQUES NE MENACENT L’OCCIDENT QUE DEPUIS QUE L’OCCIDENT LES MENACE »

Assawra, le 10 janvier 2015

reprise d’un article du Point – même date

Peut-on penser un peu l’événement et se défaire un tant soit peu de l’émotion, du pathos, du compassionnel qui ne mange pas de paix et dans lequel communient les tenants de l’unité nationale ? Il ne suffit pas de crier à la barbarie des tireurs du commando et d’affirmer que ces barbares attaquent notre civilisation pour se croire quittes !
Le matin même, aux informations de 7 heures, j’apprenais que la France avait dépêché un sous marin nucléaire dans le golfe persique. Nous sommes en guerre. Et cette guerre a été déclarée après le 11 septembre par le clan des Bush. Hormis l’épisode à saluer de Chirac refusant d’y aller, de Mitterrand à Hollande en passant par Sarkozy, nous avons bombardé des pays musulmans qui ne nous menaçaient pas directement : Irak, Afghanistan, Libye, Mali, aujourd’hui l’Etat Islamique, et ce en faisant un nombre considérable de victimes musulmanes depuis des années. Voit-on où je veux en venir ?
Précisons. A qui peut-on faire croire qu’hier le régime des Talibans en Afghanistan, celui de Saddam Hussein en Irak ou de Kadhafi en Libye, aujourd’hui celui des salafistes au Mali ou du califat de l’Etat Islamique menaçaient réellement la France avant que nous ne prenions l’initiative de les attaquer ? Que maintenant, depuis que nous avons pris l’initiative de les bombarder, ils ripostent, c’est, si l’on me permet cette mauvaise formule, de bonne guerre !
Mais l’on confond la cause et la conséquence : les régimes islamique de la planète ne menacent concrètement l’Occident que depuis que l’Occident les menace. Et nous ne les menaçons que depuis que ces régimes aux sous-sols intéressants pour le consumérisme occidental ou aux territoires stratégiquement utiles pour le contrôle de la planète, manifestent leur volonté d’être souverains chez eux. Ils veulent vendre leur pétrole ou les produits de leurs sous-sols à leur prix et autoriser leurs bases à leurs seuls amis, ce qui est parfaitement légitime, le principe de la souveraineté des pays ne souffrant aucune exception.
Si les droits de l’homme étaient la véritable raison des attaques françaises aux côtés, comme par hasard, des Etats-Unis, pourquoi n’attaquerions nous pas les pays qui violent les droits de l’homme et le droit international ? Pourquoi ne pas bombarder la Chine ? Cuba ? L’Arabie Saoudite ? L’Iran ? Le Pakistan ? Le Qatar ? Ou même les Etats-Unis qui exécutent à tour de bras ? Il suffit de lire le rapport d’Amnesty International pour choisir ses cibles, elles ne manquent pas…
Les politiques qui n’ont d’idées qu’en fonction de leurs élections ou de leurs réélections n’ont pas pensé la guerre. Ils regardent les crédits de la défense et ils coupent pour faire des économies, mais ils n’ont aucune théorie en rapport avec le nouvel état des lieux. La géostratégie est le cadet de leur souci.

(10-01-2015 – Le Point.fr)

Michel Onfray est un philosophe français, né le 1ᵉʳ janvier 1959 à Argentan qui défend une vision du monde hédoniste, athée et anarchiste.

Sources : assawra
http://assawra.blogspot.fr/2015/01/michel-onfray-les-regimes-islamique.html

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LES DÉGÂTS INVISIBILISÉS DES INÉGALITÉS SOCIALES ET DES DISCRIMINATIONS RACISTES ET SEXISTES

SAÏD BOUAMAMA

le 7 janvier 2015|

http://michelcollon.info/Les-degats-invisibilises-des.html

<« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres. Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. » (Don helder Câmara)

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Les statistiques dites « ethniques » sont interdites en France. Cette hypocrisie collective a pour résultat une sous-estimation de la violence institutionnelle de notre système social et de ses dégâts sur les personnes. Les statistiques « sociales » ne sont pas interdites (pas encore ?) et permettent une première approche de cette violence. Toutes les exploitations et dominations sont des violences. Les victimes de ces violences ne sont jamais inactives. Elles ne peuvent pas être passives. Soit elles retournent la violence vers l’extérieur, soit elles la dirigent vers elles-mêmes dans un processus d’autodestruction. La prison et l’hôpital psychiatrique sont deux analyseurs de l’ampleur de cette violence institutionnelle contre les classes populaires et plus particulièrement leurs composantes féminines et issues de l’immigration postcoloniale.

Prison, justice et classes sociales

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Bien que légales, les études sur la population carcérale à partir de l’appartenance de classe en France, sont extrêmement rares. Elles sont, de surcroît, entièrement absentes du discours médiatique et politique. Il est vrai qu’elles sont immédiatement parlantes. Le fait qu’il ne soit pas possible de citer de chiffres récents est en lui-même significatif. Il indique non pas l’existence d’un complot du silence mais la production systémique d’une occultation sociale à partir de multiples processus : déterminants des recherches scientifiques, valorisation de certaines thématiques de recherches et dévalorisation d’autres, échos médiatiques des recherches, procédures d’accès aux terrains, préoccupations des chercheurs et des labos, etc. Dans les rares travaux existant citons l’enquête de l’INSEE publié en 2000 à partir d’un échantillon de 1700 détenus hommes.

Les employés forment ainsi 11.8 % de la population carcérale masculine, les ouvriers 49.8 % et les « sans profession » 13.7 %. Ces trois catégories sociales constituant les classes populaires, ces dernières représentent 75. 3 % de la population étudiée. En comparaison les « cadres et professions intellectuelles supérieures ne représentent que 3.3 % de la population carcérale [[ Francine Cassan et Laurent Toulemon, L’histoire familiale des hommes détenus, INSEE première, n° 706, avril 2000, p. 2.]]. Il ne s’agit pas d’un simple reflet de notre structure sociale dans les prisons. La comparaison entre la part quantitative de ces catégories dans la structure sociale et la part dans la population carcérale fait apparaître une surreprésentation incontestable : les ouvriers par exemple comptent pour 36.4 % de la population totale mais pour 49.8 % de la population carcérale.

Ces chiffres ne signifient pas l’absence de délinquance dans les autres classes sociales. Ils indiquent simplement les implicites de classes de notre système de justice. Bruno Aubusson et Thierry Godefroy[[Bruno Aubusson et Thierry Godefroy, Les forces cachées de la justice, Le Centurion, Paris, 1980, et Condamnation et condamnés. Qui condamne-t-on ? à quoi ? Pourquoi ?, Service d’études pénales et criminologiques, Doc n° 29, 1981.]] ont démontrés depuis longtemps l’existence de deux types de délinquances inégalement sanctionnés : celle des classes populaires dite « délinquance traditionnelle » (vol, violence contre les personnes, trouble à l’ordre public, etc.) et celle des catégories plus aisées dite « délinquance professionnelle » (infraction financière, fiscales, infraction au droit du travail, etc.). La première fait courir le risque de la prison et la seconde au pire celui de l’amende.
La prison française reflète et amplifie la structuration en classe sociales de notre société. Ce constat banal mérite d’être répété lorsque certains à « gauche » osent proclamer que la « sécurité n’est ni de droite ni de gauche » [[Manuel Valls, Entretien au Parisien, 29 juillet 2013.]]. Continuer à parler de sécurité dans l’absolu sans la relier à l’insécurité sociale que génère notre système social pour les classes populaires est à la fois une ineptie et une hypocrisie. La surreprésentation des classes populaires en prison est un effet de la violence de la domination de classe.

Continuer à parler des conséquences (la délinquance, la violence du dominé, etc.) sans les relier à leurs causalités est bien un raisonnement de droite qui malheureusement tend à s’étendre largement à « gauche ».

Prison, justice et sexe

Les femmes pour leur part sont sous-représentées en prison :

On est effectivement là face à une très nette dissymétrie sexuelle. À toutes les étapes de la chaîne pénale, les femmes sont très largement sous-représentées en termes statistiques : elles représentent 14% des individus mis en cause par la police et la gendarmerie, 9% des personnes mises en cause par la justice et 3,4% de la population carcérale [[Coline Cardi et Geneviève Pruvost, Penser la violence des femmes, La Découverte, Paris, 2012.]].

L’explication de ce faible taux de féminité de la population carcérale ne signifie pas que les femmes soient moins actrices de violences. Elle peut également renvoyer à un traitement pénal différencié comme le souligne les deux auteures citées. La violence des hommes est en quelque sorte considérée comme normale, rationnelle, logique, naturelle. Celle des femmes comme anormale, irrationnelle, illogique et non naturelle. La violence des hommes aurait donc à être punie alors que celle des femmes à être « soignée ». La négation de la violence des femmes a ainsi pour conséquence sa pathologisation c’est-à-dire la négation de ses causalités sociales c’est-à-dire encore l’occultation de son caractère de réponse aux violences sociales subies. Nous retrouvons ici les vieilles théorisations sexistes du « tempérament » et de l’hystérie féminine[[Elsa Dorlin, La matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, La Découverte, Paris, 2006.]].

Si nous portons notre regard du côté de la dépression, de la consommation de médicament, de l’hôpital psychiatrique, etc., les proportions sont inversées. Les raisons n’ont rien à voir avec les hormones mais avec les violences subies d’une part et par un traitement médical sexué d’autre part :

Plusieurs travaux ont démontré que loin d’être objectifs dans ce domaine, les médecins avaient au contraire des biais systématiques. Ainsi, devant des symptômes identiques, les médecins prescrivent plus facilement des tranquillisants s’ils ont affaire à une femme plutôt qu’à un homme, considérant plus souvent que la maladie est due entièrement ou partiellement à la dépression [[Carole Sereni,Daniel Sereni, On ne soigne pas les femmes comme les hommes, Odile Jacob, Paris, 2002.]].

La « vulnérabilité » dont nous parlons n’est pas liée aux différences biologiques mais aux multiples discriminations que les femmes subissent au long de leur trajectoire c’est-à-dire encore aux violences sociales et systémiques.

Prison, justice et race

L’état de la statistique empêche d’avoir un regard objectivé sur la réalité carcérale selon l’origine. L’absence d’analyse incluant la donnée de l’origine laisse la voie ouverte à une instrumentalisation par l’extrême droite. Des constats d’apparentes évidences fleurissent dans la presse d’extrême-droite et étendent leurs métastases bien au-delà : « Les prisons sont majoritairement peuplées de noirs et d’arabes » ou « la grande majorité des détenus sont musulmans » selon l’actualité dominant la période. Ces « constats » sont avancés en appui à une argumentation affirmant explicitement ou suggérant implicitement « qu’il y a « quelques choses » (la culture, l’éducation, la religion …) qui relie la délinquance et l’immigration de façon substantielle[[Laurent Mucchielli, Délinquance et immigration : des préjugés à l’analyse, L’essor de la gendarmerie nationale, n° 457, mai 2013, p. 16.]]».
Laurent Mucchielli met en évidence dans l’article ci-dessus cités deux biais dans ce type d’affirmation :

  1. « Il est exact que, dans les maisons d’arrêt, et surtout dans celles situées à proximité des grandes agglomérations, la majorité des détenus ne sont pas blancs de peau. Mais ce qui est vrai dans les maisons d’arrêt de Fresnes ou de Fleury-Merogis (région parisienne) ne l’est pas forcément dans celles de Saint-Brieuc ou d’Agen »;
  2. « la population carcérale ne se réduit pas aux maisons d’arrêt. Si l’on observe les Centrales accueillant des longues peines, et notamment des condamnés pour crimes sexuels, le constat est souvent inverse : la majorité des détenus y ont la peau blanche [[Ibid, p. 16.]] ».

Les causalités ne sont donc pas de type culturaliste. Il existe cependant réellement une surreprésentation des noirs et des arabes dans les prisons proches des grandes agglomérations. « C’est l’aboutissement, souligne la juriste et criminologue Fabienne Brion, « logique » de toute une politique d’exclusion et de répression » [[Fabienne Brion, Réflexion, in Jean Pierre Borloo, Pauvre justice ou l’inégalité des citoyens devant la loi, EPO, Bruxelles, 1997, p. 155.]].

Nous pouvons même, selon moi, utiliser l’expression de «carrière de discriminé» dans laquelle les discriminations racistes subies dans la vie sociale (dans la recherche de stage au cours de la scolarité[[Fabrice Dhume-Sonzogoni, Entre l’école et l’entreprise: la discrimination en stage. Une sociologie publique de l’ethnicisation des frontières scolaires, Presses universitaires de Provence, Aix-en-Provence, 2014.]], dans l’orientation[[Fabrice Dhume, Suzana Dukik et Séverine Chauvel, Orientation scolaire et discrimination. De l’(in)égalité de traitement selon l’origine, HALDE-Documentation française, Paris, 2011.]] scolaire ou de formation, dans l’accès à l’emploi[[Jean François Amadieu, Le poids des apparences, Odile Jacob, Paris, 2002 ou encore : E. Cediey et F. Foroni, Les discriminations à raison de « l’origine » dans les embauches en France selon la méthode du Bureau International du Travail, BIT, Genève, 2006.]], dans la recherche d’un logement[[Simon Patrick, Chafi Malika, Kirszbaum Thomas, Les Discriminations raciales et ethniques dans l’accès au logement social, Groupe]], etc.) sont complétées par un contrôle au faciès récurent[[Fabien Jobard et René Lévy, Police et minorités visibles : les contrôles d’identité à Paris, Open society, New York, 2009.]].

Les discriminations sociales et leurs effets économiques, la surveillance particulière, le contrôle policier d’exception et ses effets d’humiliation[[Didier Fassin, La force de l’ordre : une anthropologie de la police des quartiers, Seuil, Paris, 2011.]] suscitent inévitablement des réactions qui conduisent plus fréquemment devant la justice[[Laurent Mucchielli, Aurore Delon, Christophe Daadouch et Manuel Boucher, Justice des mineurs et émeutes urbaines, CLARIS la revue, n° 1, octobre 2006 ou encore Daniel Welzer-Lang, et Patrick Castex, Comparutions immédiates : quelle justice ?, Eres, Paris, 2012.]] (petite délinquance, rébellion à agent, fraude dans les transports en commun, etc.). La confrontation à la justice est, à son tour, un autre moment de confrontations avec la discrimination raciste : celle de notre système judiciaire. «Nous sommes face à une justice, résume le criminologue Sébastien Roché, qui concentre son énergie à condamner des jeunes d’origine étrangère » [[Cité dans Anais Moutot, L’immigration responsable de la délinquance ?, http://presumeinnocent.com/objections/limmigration-responsable-de-la-delinquance/, consulté le 24-12-2014.]].

Après de longue année de négation, les données de la recherche sont désormais suffisantes pour attester d’une discrimination raciste systémique impactant violemment les trajectoires des étrangers en France mais aussi les français issus de l’immigration postcoloniale.

La non prise en compte de cette question sociale majeure par les programmes des différentes organisations de « gauche » ou sa relégation à une place secondaire est explicative du décalage grandissant entre les classes populaires et ces organisations. Le résultat dans les urnes a été nettement palpable aux dernières municipales.

Classe, race, sexe et hôpital psychiatrique

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Ma préoccupation sur les effets en « maladie mentale » des inégalités sociales et discriminations racistes et sexistes est issue d’un constat récurrent lors de conférences dans les quartiers populaires. À chaque fois que j’abordais la question des conséquences des discriminations subies sur les trajectoires et que je citais parmi de nombreuses autres (repli sur soi, intégration du stigmate, violence sur soi, etc.), la « maladie mentale », le débat tendait à se focaliser sur ces dernières. À l’issue du débat, systématiquement des personnes venaient me faire part de leur vécu personnel en la matière (un parent, un ami, un voisin, etc.). Cette présence récurrente du thème était en dissonance avec le silence politique, médiatique, de la recherche sur cette question. La violence des discriminations subies conduit à des fragilisations mentales destructrices conduisant fréquemment à l’hôpital psychiatrique. Cette conclusion est une banalité pour les habitants des quartiers populaires.

Le facteur « classe sociale » peut s’approcher par le biais de ce qui est appelé « souffrance psychique d’origine sociale » pour la distinguer « d’une perspective étiologique ou causaliste de nature médicale » [[Jean Furtos, Les effets cliniques de la souffrance psychique d’origine sociale », Souffrance et société, Mental’idée, N° 11, p. 24.]]. Les processus de paupérisation et de précarisation qui depuis plus de trois décennies diffusent une insécurité sociale dans les classes et quartiers populaires ne se traduisent pas seulement en baisse du niveau de vie ou en accès plus difficile aux biens et services, mais également en effets psychique. Le psychiatre des hôpitaux et directeur scientifique de l’observatoire national des pratiques de santé mentale, Jean Furtos, décrit ces effets comme suit :

Pourquoi « souffrance »? Parce qu’il s’agit d’un mot de sens commun qui n’a pas besoin d’être défini et qui ne se déduit pas d’une localisation anatomique, comme la douleur organique d’une rage de dents ou d’un rhumatisme chronique ; il s’agit d’une douleur d’existence, d’une souffrance qui peut certes accompagner une douleur organique mais aussi l’humiliation, le mépris social, ou pire l’indifférence. Cette souffrance est « psychique » parce qu’elle est soumise au travail psychique qui peut être sidéré, comme dans le traumatisme traumatisant, ou plus ou moins élaboré[[Ibid, p. 24.]].

Le facteur « race » laisse apparaître des effets aussi destructeurs sur la santé mentale des racisés. Le constat d’une surreprésentation de la psychose pour les populations issues de l’immigration est établi par plusieurs études épidémiologiques. Ainsi l’étude du docteur Ali Amad et de son équipe de recherche sur le département du Nord publiée en 2013 permet par de « valider l’existence du sur-risque de schizophrénie pour les populations immigrées en France, et leurs descendants » [[Edouard Leaune et Halima Zeroug-Vial, Psychose et migration : entre clinique, épidémiologie et politique, Rhizome, n° 52, juin 2014, p. 14.]]. Ce sur-risque est mesuré au moins jusqu’aux petits-enfants d’immigrés[[Ali Amad, Dewi Guardia, Julia Salleron, Pierre Thomas, Jean-Luc Roelandt et Guillaume Vaiva, Increased prevalence of psychotic disorders among third-generation migrants : Results from the French Mental Health in General Population survey, Schizophrenia Research, volume 147, juin 2013.]]. Les explications dominantes de ce constat qui pendant longtemps se sont centrées sur des explications à tendances biologistes et culturalistes s’orientent désormais de plus en plus vers la prise en compte des inégalités et des discriminations :

L’insuffisance des explications génétiques ou neurodéveloppementales (rôle des virus neurotropes, des troubles obstétricaux, du déficit en vitamine D notamment) avancées à la fin du XXème siècle associée au manque de pertinence de la thèse de l’erreur diagnostique due à une mécompréhension transculturelle ont amené la communauté scientifique à se pencher plus en détail sur les causes sociales. Différentes études ont ainsi porté sur le rôle de « l’adversité sociale » (social adversity), du sentiment « d’échec social » (social defeat) ou de la discrimination. La conjonction de facteurs psychosociaux défavorisant (isolement, chômage, exclusion, discrimination) vulnérabiliserait les personnes à l’égard de phénomènes pré-psychotiques puis psychotiques en cas de pérennisation de l’état d’adversité [[Edouard Leaune et Halima Zeroug-Vial, Psychose et migration : entre clinique, épidémiologie et politique, op.cit., p. 14.]].

Les discriminations sexistes ont des conséquences tout autant dramatiques. Ici aussi les explications biologistes tendent à masquer l’ampleur des violences sociales subies productrices d’une « vulnérabilité sociale ». Les témoignages de 25 femmes salariées recueillies par Nadine Jasmin fait apparaître les conséquences suivantes des violences quotidiennes subies au travail et à l’extérieur de l’entreprise : « perte de confiance en soi, détresse, souffrance, isolement, repli, avec leur cortège de symptômes et de conséquences psychosomatiques. Tout aussi graves : la démotivation, le doute, la défiance, l’écœurement, la blessure morale » [[Nadine Jasmin, Exploitées. Le travail invisible des femmes, Eclats de Voix, Paris, 2009, p. 145. ]]
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Quelques chiffres complémentaires non exhaustifs permettent d’approcher l’ampleur de la violence systémique subie par les femmes : 65 % des tentatives de suicide[[État des lieux du suicide en Fance, Ministre des Affaires sociales et des droits des femmes,http://www.sante.gouv.fr/etat-des-l…. , consulté le 2 Janvier 2015]]. sont le fait de femmes pour un nombre total estimé entre 176 000 et 200 000 ; dans neuf cas sur dix l’anorexie et la boulimie concernent des femmes[[Nathalie Godard et Bruno Falissard, Troubles des conduites alimentaires : un adolescent sur quatre concerné, La santé de l’homme, n° 394, mars-avril 2008, p. 16.]] pour un total de 30 000 à 40 000 personnes par an pour la première et 220 000 pour la seconde[[La lettre du réseau de Santé-Ville-Hôpital en addictologie, n° 27, mai 2013, p. 1.]]; une femme sur cinq contre un homme sur dix sont sujet à la dépression[[La dépression en France (2005-2010), La santé de l’homme, n° 421, septembre-octobre 2012, p. 43. ]]; etc.

Pour être diffuse, la violence systémique des inégalités de classes et des discriminations sexistes et racistes n’en est pas moins une violence destructrice s’attaquant à l’intégrité physique et psychique. Frantz Fanon a démontré depuis bien longtemps déjà le mécanisme de cette violence subie à propos du racisme. Sans la prise de conscience des causes sociales et de la violence systémique subie, le dominé intériorise la responsabilité de sa situation : « S’il y a complexe d’infériorité, c’est à la suite d’un double processus : -économique d’abord ; – par intériorisation ou, mieux épidermisation de cette infériorité ensuite » [[Frantz Fanon, Peau noire, masques blancs, Seuil, Paris, 1952, p. 8. ]]. Le même auteur a également souligné la tendance à retourner contre soi la violence lorsque qu’aucun horizon d’émancipation collectif n’est disponible. Parlant de la violence coloniale et de ses effets sur le colonisé, il précise : « Cette agressivité sédimentée dans ses muscles, le colonisé va la manifester d’abord contre les siens. C’est la période où les nègres se bouffent entre eux … » [[Frantz Fanon, Les damnés de la terre, La Découverte, Paris, 2002, p. 53. ]].

La violence subie a besoin d’un canal d’expression politique collectif faute de quoi, elle se transforme en violence autodestructrice. Nous n’avons pas le choix : l’auto-organisation ou la destruction, l’émancipation collective ou la barbarie.

Source : Investig’Action – > Analyses et témoignages > Société > Les dégâts invisibilisés des inégalités sociales et des discriminations

http://michelcollon.info/Les-degats-invisibilises-des.html

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NOAM CHOMSKY, COMPRENDRE LES ÉVÉNEMENTS DU 11 SEPTEMBRE 2001 AUX ÉTATS-UNIS

Noam Chomsky, décembre 2001. Traduction : Le Monde Diplomatique

« Qu’est-ce que le terrorisme ? » , interroge Noam Chomsky. Il poursuit : «Dans les manuels militaires américains, on définit comme terreur l’utilisation calculée, à des fins politiques ou religieuses, de la violence, de la menace de violence, de l’intimidation, de la coercition ou de la peur. Le problème d’une telle définition, c’est qu’elle recouvre assez exactement ce que les États-Unis ont appelé la guerre de basse intensité, en revendiquant ce genre de pratique. D’ailleurs, en décembre 1987, quand l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution contre le terrorisme, un pays s’est abstenu, le Honduras, et deux autres s’y sont opposés, les États-Unis et Israël. Pourquoi l’ont-ils fait ? En raison d’un paragraphe de la résolution qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit des peuples à lutter contre un régime colonialiste ou contre une occupation militaire. »

Ces propos peuvent-ils nous aider à comprendre ce qui s’est passé en France ces jours derniers ? Poursuivons donc avec Noam Chomsky…

Michel Peyret

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TERRORISME, L’ARME DES PUISSANTS

par Noam Chomsky

écrit en 2001

Pourquoi, s’interrogeait le président Bush, des gens «peuvent nous détester» , alors que «nous sommes si bons»? Les dirigeants américains n’ont pas toujours conscience des effets à moyen et à long terme de leur détermination à toujours l’emporter contre n’importe quel adversaire. Et leurs exploits d’hier peuvent se payer demain d’un prix très lourd. M. Ben Laden fut le produit de la victoire des Etats-Unis contre les Soviétiques en Afghanistan ; quel sera le coût de leur nouveau triomphe dans ce pays?

Il nous faut partir de deux postulats. D’abord que les événements du 11 septembre 2001 constituent une atrocité épouvantable, probablement la perte de vies humaines instantanée la plus importante de l’histoire, guerres mises à part. Le second postulat est que notre objectif devrait être de réduire le risque de récidive de tels attentats, que nous en soyons les victimes ou que ce soit quelqu’un d’autre qui les subisse. Si vous n’acceptez pas ces deux points de départ, ce qui va suivre ne vous concerne pas. Si vous les acceptez, bien d’autres questions surgissent.

Commençons par la situation en Afghanistan. Il y aurait en Afghanistan plusieurs millions de personnes menacées de famine. C’était déjà vrai avant les attentats; elles survivaient grâce à l’aide internationale. Le 16 septembre, les Etats-Unis exigèrent pourtant du Pakistan l’arrêt des convois de camions qui acheminaient de la nourriture et d’autres produits de première nécessité à la population afghane. Cette décision n’a guère provoqué de réaction en Occident. Le retrait de certains personnels humanitaires a rendu l’assistance plus problématique encore. Une semaine après le début des bombardements, les Nations unies estimaient que l’approche de l’hiver rendrait impossibles les acheminements, déjà ramenés à la portion congrue par les raids de l’aviation américaine.

Quand des organisations humanitaires civiles ou religieuses et le rapporteur de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont demandé un arrêt des bombardements, cette information n’a même pas été rapportée par le New York Times; le Boston Globe y a consacré une ligne, mais dans le corps d’un article traitant d’autre chose, la situation au Cachemire. En octobre dernier, la civilisation occidentale s’était ainsi résignée au risque de voir mourir des centaines de milliers d’Afghans. Au même moment, le chef de ladite civilisation faisait savoir qu’il ne daignerait répondre ni aux propositions afghanes de négociation sur la question de la livraison de M. Oussama Ben Laden ni à l’exigence d’une preuve permettant de fonder une éventuelle décision d’extradition. Seule serait acceptée une capitulation sans condition.

Mais revenons au 11 septembre. Nul crime, rien, ne fut plus meurtrier dans l’histoire – ou alors sur une durée plus longue. Au demeurant, les armes ont, cette fois, visé une cible inhabituelle: les Etats-Unis. L’analogie souvent évoquée avec Pearl Harbor est inappropriée. En 1941, l’armée nippone a bombardé des bases militaires dans deux colonies dont les Etats-Unis s’étaient emparés dans des conditions peu recommandables; les Japonais ne se sont pas attaqués au territoire américain lui-même.

Depuis près de deux cents ans, nous, Américains, nous avons expulsé ou exterminé des populations indigènes, c’est-à-dire des millions de personnes, conquis la moitié du Mexique, saccagé les régions des Caraïbes et d’Amérique centrale, envahi Haïti et les Philippines – tuant 100 000 Philippins à cette occasion. Puis, après la seconde guerre mondiale, nous avons étendu notre emprise sur le monde de la manière qu’on connaît. Mais, presque toujours, c’était nous qui tuions, et le combat se déroulait en dehors de notre territoire national.

Or on le constate dès qu’on est interrogé, par exemple, sur l’Armée républicaine irlandaise (IRA) et le terrorisme : les questions des journalistes sont fort différentes selon qu’ils exercent sur une rive ou l’autre de la mer d’Irlande. En général, la planète apparaît sous un autre jour selon qu’on tient depuis longtemps le fouet ou selon qu’on en a subi les coups pendant des siècles. Peut-être est-ce pour cela au fond que le reste du monde, tout en se montrant uniformément horrifié par le sort des victimes du 11 septembre, n’a pas réagi de la même manière que nous aux attentats de New York et de Washington.

Pour comprendre les événements du 11 septembre, il faut distinguer d’une part les exécutants du crime, d’autre part le réservoir de compréhension dont ce crime a bénéficié, y compris chez ceux qui s’y opposaient. Les exécutants ? En supposant qu’il s’agisse du réseau Ben Laden, nul n’en sait davantage sur la genèse de ce groupe fondamentaliste que la CIA et ses associés : ils l’ont encouragé à sa naissance. M. Zbigniew Brzezinski, directeur pour la sécurité nationale de l’administration Carter, s’est félicité du «piège» tendu aux Soviétiques dès 1978 et consistant, au moyen d’attaques des moudjahidins (organisés, armés et entraînés par la CIA) contre le régime de Kaboul, à attirer ces Soviétiques sur le territoire afghan à la fin de l’année suivante (1).

Ce n’est qu’après 1990 et l’installation de bases américaines permanentes en Arabie saoudite, sur une terre sacrée pour l’islam, que ces combattants se sont retournés contre les Etats-Unis.

Appui à des régimes brutaux

Si l’on veut maintenant expliquer le réservoir de sympathie dont disposent les réseaux Ben Laden, y compris au sein des couches dirigeantes des pays du Sud, il faut partir de la colère que provoque le soutien des Etats-Unis à toutes sortes de régimes autoritaires ou dictatoriaux, il faut se souvenir de la politique américaine qui a détruit la société irakienne tout en consolidant le régime de M. Saddam Hussein, il faut ne pas oublier le soutien de Washington à l’occupation israélienne de territoires palestiniens depuis 1967.

Au moment où les éditoriaux du New York Times suggèrent qu’«ils» nous détestent parce que nous défendons le capitalisme, la démocratie, les droits individuels, la séparation de l’Eglise et de l’Etat, le Wall Street Journal, mieux informé, explique après avoir interrogé des banquiers et des cadres supérieurs non occidentaux qu’ils «nous» détestent parce que nous avons entravé la démocratie et le développement économique. Et appuyé des régimes brutaux, voire terroristes.

Dans les cercles dirigeants de l’Occident, la guerre contre le terrorisme a été présentée à l’égal d’une «lutte menée contre un cancer disséminé par des barbares». Mais ces mots et cette priorité ne datent pas d’aujourd’hui. Il y a vingt ans, le président Ronald Reagan et son secrétaire d’Etat, M. Alexander Haig, les énonçaient déjà. Et, pour mener ce combat contre les adversaires dépravés de la civilisation, le gouvernement américain mit alors en place un réseau terroriste international d’une ampleur sans précédent. Si ce réseau entreprit des atrocités sans nombre d’un bout à l’autre de la planète, il réserva l’essentiel de ses efforts à l’Amérique latine.

Un cas, celui du Nicaragua, n’est pas discutable: il a en effet été tranché par la Cour internationale de justice de La Haye et par les Nations unies. Interrogez-vous pour savoir combien de fois ce précédent indiscutable d’une action terroriste à laquelle un Etat de droit a voulu répondre avec les moyens du droit a été évoqué par les commentateurs dominants. Il s’agissait pourtant d’un précédent encore plus extrême que les attentats du 11 septembre: la guerre de l’administration Reagan contre le Nicaragua provoqua 57 000 victimes, dont 29 000 morts, et la ruine d’un pays, peut-être de manière irréversible (lire «Occasion perdue au Nicaragua» et «“Contras” et “compas”, une même amertume).

À l’époque, le Nicaragua avait réagi. Non pas en faisant exploser des bombes à Washington, mais en saisissant la Cour de justice internationale. Elle trancha, le 27 juin 1986, dans le sens des autorités de Managua, condamnant l’ «emploi illégal de la force» par les Etats-Unis (qui avaient miné les ports du Nicaragua) et mandant Washington de mettre fin au crime, sans oublier de payer des dommages et intérêts importants. Les Etats-Unis répliquèrent qu’ils ne se plieraient pas au jugement et qu’ils ne reconnaîtraient plus la juridiction de la Cour.

Le Nicaragua demanda alors au Conseil de sécurité des Nations unies l’adoption d’une résolution réclamant que tous les Etats respectent le droit international. Nul n’était cité en particulier, mais chacun avait compris. Les Etats-Unis opposèrent leur veto à cette résolution. À ce jour, ils sont ainsi le seul Etat qui ait été à la fois condamné par la Cour de justice internationale et qui se soit opposé à une résolution réclamant… le respect du droit international. Puis le Nicaragua se tourna vers l’Assemblée générale des Nations unies. La résolution qu’il proposa ne rencontra que trois oppositions : les Etats-Unis, Israël et El Salvador. L’année suivante, le Nicaragua réclama le vote de la même résolution. Cette fois, seul Israël soutint la cause de l’administration Reagan. À ce stade, le Nicaragua ne disposait plus d’aucun moyen de droit. Tous avaient échoué dans un monde régi par la force. Ce précédent ne fait aucun doute. Combien de fois en avons-nous parlé à l’université, dans les journaux?

Cette histoire révèle plusieurs choses. D’abord, que le terrorisme, cela marche. La violence aussi. Ensuite, qu’on a tort de penser que le terrorisme serait l’instrument des faibles. Comme la plupart des armes meurtrières, le terrorisme est surtout l’arme des puissants. Quand on prétend le contraire, c’est uniquement parce que les puissants contrôlent également les appareils idéologiques et culturels qui permettent que leur terreur passe pour autre chose que de la terreur.

L’un des moyens les plus courants dont ils disposent pour parvenir à un tel résultat est de faire disparaître la mémoire des événements dérangeants; ainsi plus personne ne s’en souvient. Au demeurant, le pouvoir de la propagande et des doctrines américaines est tel qu’il s’impose y compris à ses victimes. Allez en Argentine et vous devrez rappeler ce que je viens d’évoquer: «Ah, oui, mais nous avions oublié!»

Le Nicaragua, Haïti et le Guatemala sont les trois pays les plus pauvres d’Amérique latine. Ils comptent aussi au nombre de ceux dans lesquels les Etats-Unis sont intervenus militairement. La coïncidence n’est pas forcément accidentelle. Or tout cela eut lieu dans un climat idéologique marqué par les proclamations enthousiastes des intellectuels occidentaux. Il y a quelques années, l’autocongratulation faisait fureur: fin de l’histoire, nouvel ordre mondial, Etat de droit, ingérence humanitaire, etc.

C’était monnaie courante alors même que nous laissions se commettre un chapelet de tueries. Pis, nous y contribuions de façon active. Mais qui en parlait? L’un des exploits de la civilisation occidentale, c’est peut-être de rendre possible ce genre d’inconséquences dans une société libre. Un Etat totalitaire ne dispose pas de ce don-là.

Qu’est-ce que le terrorisme? Dans les manuels militaires américains, on définit comme terreur l’utilisation calculée, à des fins politiques ou religieuses, de la violence, de la menace de violence, de l’intimidation, de la coercition ou de la peur. Le problème d’une telle définition, c’est qu’elle recouvre assez exactement ce que les Etats-Unis ont appelé la guerre de basse intensité, en revendiquant ce genre de pratique. D’ailleurs, en décembre 1987, quand l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution contre le terrorisme, un pays s’est abstenu, le Honduras, et deux autres s’y sont opposés, les Etats-Unis et Israël. Pourquoi l’ont-ils fait? En raison d’un paragraphe de la résolution qui indiquait qu’il ne s’agissait pas de remettre en cause le droit des peuples à lutter contre un régime colonialiste ou contre une occupation militaire.

Or, à l’époque, l’Afrique du Sud était alliée des Etats-Unis. Outre des attaques contre ses voisins (Namibie, Angola, etc.), lesquelles ont provoqué la mort de centaines de milliers de personnes et occasionné des destructions estimées à 60 milliards de dollars, le régime d’apartheid de Pretoria affrontait à l’intérieur une force qualifiée de«terroriste», l’African National Congress (ANC). Quant à Israël, il occupait illégalement certains territoires palestiniens depuis 1967, d’autres au Liban depuis 1978, guerroyant dans le sud de ce pays contre une force qualifiée par lui et par les Etats-Unis de «terroriste», le Hezbollah. Dans les analyses habituelles du terrorisme, ce genre d’information ou de rappel n’est pas courant. Pour que les analyses et les articles de presse soient jugés respectables, il vaut mieux en effet qu’ils se situent du bon côté, c’est-à-dire celui des bras les mieux armés.

Dans les années 1990, c’est en Colombie que les pires atteintes aux droits humains ont été observées. Ce pays a été le principal destinataire de l’aide militaire américaine, à l’exception d’Israël et de l’Egypte, qui constituent des cas à part. Jusqu’en 1999, derrière ces pays, la première place revenait à la Turquie, à qui les Etats-Unis ont livré une quantité croissante d’armes depuis 1984. Pourquoi à partir de cette année-là? Non pas que ce pays membre de l’OTAN devait faire face à l’Union soviétique, déjà en voie de désintégration à l’époque, mais afin qu’il puisse conduire la guerre terroriste qu’il venait d’entreprendre contre les Kurdes.

En 1997, l’aide militaire américaine à la Turquie a dépassé celle que ce pays avait obtenue pendant la totalité de la période 1950-1983, celle de la guerre froide. Résultats des opérations militaires : 2 à 3 millions de réfugiés, des dizaines de milliers de victimes, 350 villes et villages détruits. À mesure que la répression s’intensifiait, les Etats-Unis continuaient de fournir près de 80 % des armes employées par les militaires turcs, accélérant même le rythme de leurs livraisons. La tendance fut renversée en 1999. La terreur militaire, naturellement qualifiée de«contre-terreur» par les autorités d’Ankara, avait alors atteint ses objectifs. C’est presque toujours le cas quand la terreur est employée par ses principaux utilisateurs, les puissances en place.

Avec la Turquie, les Etats-Unis n’eurent pas affaire à une ingrate. Washington lui avait livré des F-16 pour bombarder sa propre population, Ankara les utilisa en 1999 pour bombarder la Serbie. Puis, quelques jours après le 11 septembre dernier, le premier ministre turc, M. Bülent Ecevit, faisait savoir que son pays participerait avec enthousiasme à la coalition américaine contre le réseau Ben Laden. Il expliqua à cette occasion que la Turquie avait contracté une dette de gratitude à l’égard des Etats-Unis, laquelle remontait à sa propre «guerre antiterroriste» et au soutien inégalé que Washington y avait alors apporté.

Réduire le niveau de terreur

Certes, d’autres pays avaient soutenu la guerre d’Ankara contre les Kurdes, mais aucun avec autant de zèle et d’efficacité que les Etats-Unis. Ce soutien bénéficia du silence ou – le mot est peut-être plus juste – de la servilité des classes éduquées américaines. Car elles n’ignoraient pas ce qui se passait. Les Etats-Unis sont un pays libre après tout ; les rapports des organisations humanitaires sur la situation au Kurdistan appartenaient au domaine public. À l’époque, nous avons donc choisi de contribuer aux atrocités.

L’actuelle coalition contre le terrorisme comporte d’autres recrues de choix. Le Christian Science Monitor, sans doute l’un des meilleurs journaux pour ce qui concerne le traitement de l’actualité internationale, a ainsi confié que certains peuples qui n’aimaient guère les Etats-Unis commençaient à les respecter davantage, particulièrement heureux de les voir conduire une guerre contre le terrorisme. Le journaliste, pourtant spécialiste de l’Afrique, citait comme principal exemple de ce retournement le cas de l’Algérie. Il devait donc savoir que l’Algérie conduit une guerre terroriste contre son propre peuple. La Russie, qui mène une guerre terroriste en Tchétchénie, et la Chine, auteur d’atrocités contre ceux qu’elle qualifie de sécessionnistes musulmans, ont également rallié la cause américaine.

Soit, mais que faire dans la situation présente ? Un radical aussi extrémiste que le pape suggère qu’on recherche les coupables du crime du 11 septembre, puis qu’on les juge. Mais les Etats-Unis ne souhaitent pas avoir recours aux formes judiciaires normales, ils préfèrent ne présenter aucune preuve et ils s’opposent à l’existence d’une juridiction internationale. Mieux, quand Haïti réclame l’extradition de M. Emmanuel Constant, jugé responsable de la mort de milliers de personnes après le coup d’Etat qui a renversé le président Jean-Bertrand Aristide, le 30 septembre 1991, et présente des preuves de sa culpabilité, la demande n’a aucun effet à Washington. Elle n’est même pas l’objet d’un débat quelconque.

Lutter contre le terrorisme impose de réduire le niveau de la terreur, pas de l’accroître. Quand l’IRA commet un attentat à Londres, les Britanniques ne détruisent ni Boston, ville dans laquelle l’IRA compte de nombreux soutiens, ni Belfast. Ils cherchent les coupables, puis ils les jugent. Un moyen de réduire le niveau de terreur serait de cesser d’y contribuer soi-même. Puis de réfléchir aux orientations politiques qui ont créé un réservoir de soutien dont ont ensuite profité les commanditaires de l’attentat. Ces dernières semaines, la prise de conscience par l’opinion américaine de toutes sortes de réalités internationales, dont seules les élites soupçonnaient auparavant l’existence, constitue peut-être un pas dans cette direction.

Noam Chomsky, décembre 2001. Traduction : Le Monde Diplomatique

Sources «Le Monde Diplomatique»
http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/CHOMSKY/8234

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LETTRE À HERVÉ GOURDEL

par Brahim Senouci

Le Quotidien d’Oran – Opinion

Ton visage s’affiche sur l’écran, le visage rude d’un montagnard qui se sentait chez lui dans toutes les montagnes du monde, pardessus les frontières. Je ne te connais pas mais je crois que nous aurions pu être amis, parce que, par nature, par goût, nous sommes portés vers l’universel sans cesser d’être enracinés dans nos terroirs respectifs. Je ressens de la douleur, face à ta mort, d’abord, mais aussi parce que c’est dans mon pays que tu as été assassiné. Dans mon pays, on apprenait dès l’enfance que l’étranger (le berrani), dès lors qu’il ne vient pas avec des intentions hostiles, est précieux et qu’il faut faire en sorte qu’il soit en sécurité, qu’il en allait de notre honneur. Pas en tant que musulman, ni en tant qu’arabe ou berbère ou algérien, je te demande pardon, Hervé, en tant que frère en humanité, et demande à tous les Hervé du monde de ne pas mêler dans leur juste colère coupables et innocents. Je leur demande de ne pas s’arrêter aux idées simples, telles celles qui feraient de l’AUTRE un coupable ontologique, attaché à détruire les sociétés vertueuses dans lesquelles ils croient vivre. Qu’ils interrogent l’Histoire, qu’ils interrogent le présent, qu’ils interrogent le champ de ruines qu’est en train de devenir le monde, qu’ils interrogent la fin des idéaux de démocratie, de justice et de liberté, pervertis par l’utilisation mercantile, cynique de leurs dirigeants. Qu’ils recherchent plus loin que dans le confort d’évidences factices les raisons profondes de la montée de la haine…

Il est des évidences bien réelles

La dernière guerre du Golfe a fait, selon un institut étasunien, 500.000 morts. Cette guerre, on s’en souvient, a été déclenchée par le duo Blair-Bush sur la base d’un mensonge avéré, celui de la présence d’armes de destruction massive. Souvenons-nous de la pitoyable comédie de cette fiole, censée contenir une arme dévastatrice aux mains de Saddam Hussein, brandie à l’ONU par Colin Powell. Souvenons-nous de Blair annonçant devant les Communes que Saddam disposait de la bombe atomique et qu’il pouvait l’utiliser dans «les trois-quarts d’heure qui suivent». L’Onu leur a refusé la résolution que le duo infernal réclamait mais cela ne les a pas empêchés de monter leur expédition qui a débouché, 500.000 morts plus tard, au démantèlement de l’Irak et sa transformation en incubateur de candidats au meurtre et au suicide.

Qu’est-il advenu de ces brillants stratèges, de ces remarquables produits de l’«intelligence» et de la «morale» de l’Occident? Bush joue au golf et mène une retraite paisible. Quant à Blair, il a été, cela ne s’invente pas, représentant du Quartette (Etats-Unis, Russie, Union Européenne, ONU) pour le Proche-Orient. À ce titre, il est en particulier chargé de suivre et de promouvoir le «processus de paix» censé réunir négociateurs Palestiniens et Israéliens. Quelqu’un s’est-il posé la question de savoir comment cela a été reçu par la «rue» arabe (quelle détestable expression et comme elle en dit long sur le mépris qui habite ceux qui l’ont imposée dans le langage courant!)?

Le printemps arabe s’est manifesté dans différents pays. Il a épargné, ô surprise, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Qatar. Notons que, dans cette région, il a touché, entre autres, le Bahreïn. Ce pays a la particularité d’être le seul dans le monde arabe à abriter une population à majorité chiite. Il était et il reste gouverné par la minorité sunnite. Des manifestations y ont éclaté pour exiger l’instauration de la démocratie et la fin du déni de droit pour les chiites. Ces manifestations ont été écrasées dans le sang. Le petit Bahreïn n’ayant pas de forces de répression suffisantes, il a demandé et obtenu le soutien des Emirats, du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui ont participé à la mise au pas des manifestants.

Le printemps arabe s’est manifesté également en Libye. Les professionnels de l’émotion ont donné de la voix pour que les pays occidentaux aident le peuple libyen à se débarrasser de son dictateur. L’appel est entendu. Une coalition est montée. Elle comprend la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, qui dépêchent leurs avions et leurs drones. Ils le font au nom de la démocratie, bien sûr. En fait, les bonnes volontés se manifestent de plus en plus et la coalition s’élargit à l’Arabie Saoudite, aux Emirats Arabes Unis et au Qatar. Il a été question de ces trois pays au paragraphe précédent. Ce sont ceux qui ont aidé l’oligarchie du Bahreïn à écraser dans le sang la contestation populaire. Les voici donc, peu de temps après, engagés dans une opération «vertueuse» de défense de la démocratie! Pour l’anecdote, notons que le brillant résultat de l’expédition est le spectacle d’un pays éclaté, livré à des milices incontrôlées. Apparemment, les sauveurs, qui ont plié bagages aussitôt après le lynchage infâme du dictateur, n’ont pas l’air de s’en émouvoir. Est-ce que quelqu’un s’est posé la question de savoir comment la «rue» arabe avait reçu une telle manifestation de désinvolture et de mépris meurtrier?

Plus récemment, Israël a perpétré un massacre dans la bande de Gaza, sous le nom de «Bordure protectrice». Des crimes de guerre y ont été commis.

  • L’organisation HumanRights Watch cite ainsi le bombardement de trois écoles qui se sont soldés par la mort de 47 personnes dont 17 enfants. Au cours de l’opération qui a duré 50 jours, 2131 Palestiniens, dont 501 enfants, ont perdu la vie. Il y a eu 10918 blessés dont 3 312 enfants et 2 120 femmes. 244 écoles ont été bombardées. Plus de 10.000 maisons ont été endommagées ou détruites. 98 écoles, 161 mosquées, 8 hôpitaux, 46 bureaux d’organisations non gouvernementales (ONG), 50 bateaux de pêche et 244 véhicules ont été détruits.
  • Selon John Dugard, professeur de droit international et ancien Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés: «dans le bombardement de maisons et d’appartements qu’ils pensaient être occupés par des militants du Hamas, l’armée israélienne a fait preuve de mépris flagrant pour ce qu’elle appelle des dommages collatéraux, mais ces dommages collatéraux ont souvent pris la forme de civils tués ou blessés ou de destruction de leur propriété. L’absence de distinction entre cibles militaires et cibles civiles constitue indubitablement un crime de guerre».
  • Citons enfin le témoignage d’Ivan Karakashian, de l’ONG Defence for Children International-Palestine, sur l’utilisation d’enfants comme boucliers humains par l’armée israélienne, sur les attaques contre les infrastructures et équipes médicales, et contre les zones industrielles et les usines

.De plus, Israël maintient la population sous embargo depuis 8 ans. Beaucoup de jeunes Gazaouis ne connaissent ainsi rien d’autre du monde que les murs de leur prison. Ce blocus est illégal. Des militants qui ont tenté de le forcer ont payé leur audace de leur vie.

Pour couronner cette indignité, il faut rappeler que, pratiquement dans son ensemble, le monde occidental a soutenu Israël dans cette agression. Hollande, Obama, Cameron et d’autres ont ainsi donné raison à Israël, au nom de son «droit à la sécurité». Ils n’ont même pas eu de mots de compassion pour les victimes.

501 enfants, pas une larme, pas une protestation. Evidemment, les médias n’en ont guère parlé. Ils n’ont pas montré ces centaines de petits corps déchiquetés.

Parce qu’ils étaient arabes?

En tout cas, s’ils avaient été Européens ou étasuniens, on n’ose imaginer le déferlement des diatribes et les bruits de bottes. Peut-on penser raisonnablement que cela n’a rien à voir avec le climat de violence et de haine qui est en train de nous submerger? Est-ce que ces leaders qui rivalisent de servilité pour complaire à Israël croient vraiment que leur conduite n’est pour rien dans l’émergence de ces monstres nouveaux? Est-ce qu’ils pensent sérieusement qu’ils ne sont pas les comptables ignominieux de la situation actuelle du monde et du danger mortel qu’ils font courir à l’humanité?

De fait, il y a un processus de simplification, voire de schématisation du monde. Les vieilles lunes du discours occidental sur la démocratie et des droits de l’homme sont totalement désincarnés, irréels. S’ils avaient encore quelque substance, l’opinion publique pourrait à bon droit exiger qu’ils s’appliquent, ici et ailleurs, notamment en Palestine. Ce mouvement existe d’ailleurs. Des citoyens européens se battent pour que prenne fin le déni de justice dont souffrent les Palestiniens. Les dirigeants occidentaux restent sourds à ces demandes. Ils ne peuvent y opposer le droit, la morale ou la justice. Alors, ils utilisent l’arme fatale, celle de l’essentialisme, celle du «eux» et «nous», du «eux» contre «nous». Malheureusement, force est de constater que cette stratégie donne des résultats. Le racisme se développe dans toute l’Europe. Il transcende les différences politiques. La prophétie de Huntington n’est plus une vue de l’esprit depuis qu’elle est devenue auto réalisatrice.

Voici le monde tel qu’il sera si les apprentis sorciers qui le dirigent persistent dans cette voie. Il faut qu’ils abandonnent leur prétention à faire de la Terre leur propriété exclusive. Il faut que les citoyens du monde occidental comprennent que la démarche de leurs gouvernants mène à des tragédies dont personne ne sortira indemne. Il faut peser sur ces gouvernements pour les contraindre à travailler à la promotion du droit, en tout lieu, à tout moment. Il faut priver de munitions les porteurs de haine et nourrir celles et ceux qui portent l’espoir, celui d’une humanité réconciliée avec elle-même, consciente de ne former qu’un SEUL monde.

Alors, ton sacrifice, Hervé, n’aura pas été vain, pas plus que celui de ces dizaines de soldats libanais, ces dizaines de milliers de civils algériens, irakiens, syriens,…torturés, assassinés, décapités, dans l’indifférence environnante.

DU 1er AU 15 SEPTEMBRE 2014 : SÉLECTION D’ARTICLES ET DOCUMENTS


ALGÉRIE, DIVERSITÉ, IDENTITÉpar Brahim Senouci – Le Quotidien d’Oran – le 7 septembre 2014


CODE DU TRAVAIL – LUTTES DES TRAVAILLEURS

HISTOIRE SYNDICALE


DÉCLARATION DU PADS: Le plan de la nouvelle offensive du gouvernement contre ce qui reste de conquêtes sociales des travailleurs commence à être dévoilé


ÉCHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS – Bulletin N°15raina – le 8 septembre 2014;


SYNDICALISTES DE TOUT LE PAYS, RELISEZ-VOUS!par Belkacem Ahcene-Djaballah – Le Quotidien d’Oran – l’Actualité Autrement Vue- le 14 septembre 2014;


HOMMAGES



GÉOPOLITIQUE – INTERNATIONAL


QUE SIGNIFIE LE GRAND RETOURNEMENT SAOUDIEN?par Thierry Meyssan – voltairenet.org – le 1er septembre 2014;


LE SYNDROME TOLSTOIEVSKYS. Despot – repris sur braniya chiricahua – 14 septembre 2014;


SYNDICALISTES DE TOUT LE PAYS, RELISEZ-VOUS!

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Le Quotidien d’Oran

l’Actualité Autrement Vue

le 14 septembre 2014

LES SYNDICALISTES ALGÉRIENS  - Leur combat, de l'éveil à la libération, 1936-1962 - Essai historique et mémoriel  de Boualem Bourouiba - Préface de Mostefa Lacheraf

LES SYNDICALISTES ALGÉRIENS.

Leur combat, de l’éveil à la libération, 1936-1962.

Essai historique et mémoriel

de Boualem Bourouiba

(Préface de Mostefa Lacheraf)

Editions Dahlab/Editions Enag,

450 pages, 550 dinars, Alger 2009

Il en est l’auteur certes, mais soixante et un compagnons de lutte ont «participé» à l’écriture de ces pages de l’histoire du syndicalisme algérien.

Ils ont, chacun à sa manière, ressorti de précieux souvenirs de leur combat, souvenirs alors «jalousement gardés».

Résultat final : l’œuvre d’un militant actif, d’un responsable réfléchi et discret «à cheval sur le nationalisme anticolonial et le syndicalisme libérateur d’énergies» (Mostefa Lacheraf).

On y apprend énormément de choses sur la vie syndicale, mêlée à la vie politique.

D’abord, tout au long des parties introductives: sur «La décennie qui compte : 1936-1945», «L’Après-guerre», «Dans le creux de la vague» et «La Révolution de Novembre».

Ensuite, et enfin, la naissance de l’Ugta (Abane Ramdane a joué un grand rôle dans la prise de conscience), le 24 février 1956, en pleine tourmente et sous le toit même des Bourouiba (à noter que le père Bourouiba a été un des premiers syndicalistes algériens)… l’interdiction onze mois plus tard… et l’arrestation de ses responsables et militants (dont Aissat Idir)…. La reconstitution à Tunis, les épisodes saillants comme la Bataille d’Alger et, plus tard, les grandes manifestations urbaines de décembre 1960. Les militants de l’Ugta y étaient!

Avis : Un grand livre avec le langage tant prisé par l’auteur, dans le style tant défendu par l’auteur: fort, franc, direct (engagé!), débarrassé de démagogie et de clientélisme.

Extraits :

«Lorsque le crépuscule de la vie est là, tout proche, la tentation est grande de se retourner et de tenter de reconstituer les étapes de sa vie, celles de la société à laquelle on appartient et, plus passionnantes encore, celles de sa patrie» (p 35),

« La peur et la lâcheté sont sans doute contagieuses. Mais, n’en est-il pas de même du courage et de l’héroïsme? Telle est la nature humaine» (p 312),

«À partir de 1962, les hommes politiques de notre pays, quelquefois par générosité plus souvent, ont eu recours au souvenir de cette époque noire de notre histoire (période coloniale), pour faire oublier qu’ils s’étaient emparés du pouvoir par effraction. Le résultat de cette pratique c’est que, progressivement, dans le subconscient de beaucoup d’Algériens, le travail est devenu synonyme d’exploitation. Il est rarement fait une relation entre le salaire payé et le travail fourni. Rendement, amortissement, bénéfice, endettement, tout cela est fâcheusement abstrait pour nombre de travailleurs» (p 446),

«Une des causes importantes de notre retard est liée au gaspillage, découlant lui-même de la mauvaise gestion. Il se situe, en premier lieu, au sommet, «soulta», et concerne tous ceux qui gravitent autour, vivant dans un monde totalement étranger à la majorité des Algériens. Nombre d’entre-eux sont sortis du néant pour être hissés trop vite et trop haut, jusqu’en avoir le vertige. Enfants gâtés du système, ils ne se refusent rien, éternellement à la recherche du plus beau, parce que plus cher» (p 448).

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KAIDI LAKHDAR.

UNE HISTOIRE DU SYNDICALISME ALGÉRIEN.

Entretiens

Livre-entretien de Nasser Djabi

Chihab Editions,

334 pages, 500 dinars, Alger 2005

La démarche est assez originale et pourtant assez payante. Mis à part la courte préface, l’ouvrage est fait d’une suite d’entretiens avec un des plus fameux syndicalistes algériens (décédé en 2004 à l’âge de 81 ans).

Question-réponse, question-réponse, question-réponse… Et, quelle franchise, quel rythme! Avec, des précisions, des rectifications,… et, par ci-par là, des noms (surtout ceux dont on devine qu’il ne les porte pas trop dans son cœur, car ils l’ont surtout déçu).

Toute une vie de militant et de journaliste aussi y est racontée, dans ses moindres détails… de la naissance à Mila, les premiers pas dans le monde «syndical» (au départ de la simple mais très délicate contestation ouvrière), l’engagement avec la CGT et au sein du PCA,… jusqu’à l’après-65 à Alger, avec ( encore!) une nouvelle arrestation (peut-être la plus douloureuse et surtout la plus traumatisante, car venant d’Algériens… en Algérie… indépendante), l’emprisonnement – sans raison – durant trois mois (il a «participé» à la création de l’ORP, un mouvement politique progressiste opposé au coup d’Etat du 19 juin 65)… et des amis… torturés

Avis : Se lit comme un roman d’aventures, l’auteur étant un très grand «interviewer», comme tout bon et vrai sociologue maîtrisant son sujet comme il se doit, et le «héros» un homme très direct et franc.

Un livre où on y apprend bien plus que dans un livre d’histoire classique. Peut-être un certain dogmatisme. Un militant pur et dur ?

Extraits :

Comme homme, Lakhdar Kaidi a personnifié à travers son long itinéraire de lutte, avant et après l’Indépendance, le lien réussi entre le militantisme politique et le militantisme syndical, entre l’enracinement national et la dimension internationaliste humaniste et engagée. Expérience individuelle qui, hélas, n’a pas connu le succès qui lui aurait permis de se transformer en une règle de conduite générale…» (Nasser Djabi, p 11),

«Aujourd’hui, le mouvement syndical algérien, dans ses différentes composantes organiques, les anciennes et les nouvelles, vit une crise profonde dans sa relation avec la société et avec les forces sociales qu’il est censé représenter et défendre. Le syndicat et le syndicalistes ont perdu une grande part de l’image positive qui était liée à eux et à leurs combats» ( Nasser Djabi, p 11),

«Le révolutionnaire, c’est celui qui ne néglige aucune possibilité de faire avancer le mouvement, qui ne néglige aucune voie qui de toute évidence ne peut que renforcer la lutte générale» ( Kaidi Lakhdar, p 211),

«L’UGTA se trouve sous la pesanteur de son passé, se trouve une organisation au service non pas du FLN, parti unique, mais au service du pouvoir et pour paraphraser la célèbre phrase à propos de la Palestine, aujourd’hui, chez nous, l’UGTA est pour le pouvoir, que ce dernier ait raison ou tort» (Kaidi Lakhdar, p 230),

«Ben Bella, à l’époque, dirigeait l’Etat comme on dirige son épicerie» (Kaidi Lakhdar, p 310)

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AISSAT IDIR.

DOCUMENTS ET TÉMOIGNAGES SUR LE SYNDICALISME ALGÉRIEN

Étude de Mohamed Tayeb Farès

(préface de Mahfoud Kadache).

Enag Editions, 196 pages, 880 dinars, Alger 2012

L’auteur, décédé en 2006, à l’âge de 96 ans, enseigna longtemps dans le primaire puis, juste après 62, à l’Université où il fut un de mes (inoubliables) enseignants à l’École nationale supérieure de Journalisme de l’époque. On savait déjà qu’il était un «mordu» de la recherche scientifique et il avait, pour objectif principal, l’écriture de l’histoire du syndicalisme national et, surtout, la mise en valeur les efforts et le sacrifice des grands militants de la cause nationale,… dont, assurément, Aissat Idir, le 1er secrétaire général, un héros qu’il avait bien connu, ayant été lui-même un syndicaliste actif.

Ici, comme le dit si bien Mahfoud Kaddache, le préfacier, l’auteur est allé encore plus loin que la simple biographie. «C’est en fait l’histoire du syndicalisme nationaliste algérien d’avant 1962 et celle d’un aspect de la participation des travailleurs algériens à la guerre de libération qui sont évoquées».

À travers les documents et les témoignages (il avait constituées et exploitées 240 biographies), il fait revivre le cadre familial et social du héros mais,en même temps, il décrit l’Algérie profonde, celle d’abord en attente de la libération, celle des combattants qu’étaient les syndicalistes, et les conditions de la création, avec douze syndicats nationaux, de l’UGTA (le 24 février 1956), puis l’extraordinaire consécration internationale avec l’adhésion à la CISL en juillet 56, malgré tous les obstacles créés par l’USTA («Messaliste», proche de la CGT-Force ouvrière, membre de la CISL) et l’UGSA (CGT, adhérente à la FSM) . Que de noms (pour beaucoup oubliés), que de sacrifices, que de combats, que d’interdictions et d’arrestations, que d’emprisonnements et de tortures… et le meurtre, par les forces d’occupation, du leader, «kidnappé» le 13 janvier 1959 et torturé sauvagement par ses bourreaux. Il est déclaré décédé le 26 juillet 1959. Il parait que le président Ben Bella avait demandé (à Djermane Rabah), en 1963 ( !!!), «quelles sont les ressources de la famille?» alors aidée par des amis… et par la CISL et l’Union Syndicale suisse. Rien n’a effectivement suivi. Il a même fallu, pour obtenir une pension, «prouver» la participation du père (Aissat Idir) à la lutte de libération nationale… grâce au témoignage de Youcef Benkhedda. Aujourd’hui, que d’oublis, hélas!

Avis : Une monographie du syndicalisme et une biographie de son promoteur-animateur de type académique, donc très utile pour tous: syndicalistes, chercheurs, journalistes (Aissat Idir a été un très grand journaliste, un vrai de vrai). Une démarche assez académique (problématique, questionnements, etc…) et pédagogique. Ouvrage complet avec ses annexes, ses sources et références, sa riche bibliographie ainsi qu’un index des noms cités. Mais, personnellement, je n’ai pas apprécié le format qui ne correspond pas à la valeur scientifique de l’ouvrage.

Extraits :

«On l’appelait, à juste titre d’ailleurs, Idir le sage… un «bûcheur» hors catégorie» (selon un de ses camarades de classe, p 19),

«Aissat était un militant de grande classe: sérieux, secret, modeste, très prudent, compétent dans le domaine de la presse et de la propagande… Aissat se situe dans la catégorie des militants qui devaient garder l’anonymat et assurer la continuité du mouvement national. Il était peu connu du public. Il était apprécié par la direction centrale du parti.» (p 24),

«Le lancement du journal «L’Ouvrier Algérien» le 6 avril 1956 occupe des dizaines de collaborateurs dès le 1er mois et tire déjà à 30 000 exemplaires» (p 94)

Note :

Lire aussi, pour compléter votre culture syndicale, en tout cas pour vous faire une idée sur le syndicalisme post- 62, et surtout pour connaître certains «dessous» des relations subies ou/et recherchées UGTA- centres de pouvoir- parti du FLN

«Le Mouvement syndical algérien à l’épreuve de l’Indépendance»

de Abdelmadjid Azzi, avec une lettre-préface de Tahar Gaïd, membre fondateur de l’UGTA

Alger-Livres Editions, 437 pages, 850 dinars, Alger

Conclusion – bien sombre et non forcément objective – de l’auteur (extrait):

«L’image peu reluisante que présente, aujourd’hui, l’UGTA, cette organisation prestigieuse pour laquelle tant d’hommes se sont vaillamment battus, ne réjouit guère» (p 399)

Sources: Le Quotidien d’Oran

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LE SYNDROME TOLSTOIEVSKY

S. Despot

repris sur braniya chiricahua

blog de Messaoud Benyoucef

14 septembre 2014

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Citoyen suisse, d’origine bosno-serbe, S. Despot est écrivain, traducteur et éditeur. C’est un esprit libre. Lisez, amis visiteurs du blogue, cet article recueilli sur son propre blogue: http://blog.despot.ch/le-syndrome-tolstoievsky, que je reproduis in extenso ci-après pour la qualité des idées qui y sont développées ainsi que pour le style lumineux qui les porte.

Magnifique hommage rendu à la Russie et volée de bois vert assénée à un Occident de plus en plus inculte, de plus en plus servile, de plus en plus barbare finalement, livré qu’il est au culte de Mamon et aux usuriers de Wall Street. Décapant et tonique, à lire absolument!

Le problème, avec l’approche occidentale de la Russie, n’est pas tant dans le manque de volonté de comprendre que dans l’excès de volonté de ne rien savoir.

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« Cette nation qui a donné Pouchkine et “Guerre et Paix” , Nijinsky et le “Lac des Cygnes” , qui a l’une des plus riches traditions picturales au monde, qui a classé les éléments de la nature, qui fut la première à envoyer un homme dans l’espace (et la dernière à ce jour), qui a produit des pelletées de génies du cinéma, de la poésie, de l’architecture, de la théologie, des sciences, qui a vaincu Napoléon et Hitler, qui édite les meilleurs manuels — et de loin — de physique, de mathématiques et de chimie, qui a su trouver un modus vivendi séculaire et pacifique, sur fond de respect et de compréhension mutuelle, avec ses Tatars et ses indénombrables musulmans, khazars, bouddhistes, Tchouktches, Bouriates et Toungouzes, qui a bâti la plus longue voie de chemin de fer au monde et l’utilise encore (à la différence des USA où les rails légendaires finissent en rouille), qui a minutieusement exploré et cartographié les terres, usages, ethnies et langues de l’espace eurasien, qui construit des avions de combat redoutables et des sous-marins géants, qui a reconstitué une classe moyenne en moins de quinze ans après la tiers-mondisation gorbatcho-eltsinienne, cette immense nation, donc, qui gouverne le sixième des terres émergées, est soudain traitée, du jour au lendemain, comme un ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la «vraie» civilisation!

L’Occident ressort la même guignolerie haineuse à chaque crise, depuis Ivan le Terrible à «Putler»-Poutine, en passant par le tsar Paul, la guerre de Crimée, le pauvre et tragique Nicolas II, et même l’URSS où tout succès était dit «soviétique» et tout échec dénigré comme «russe».

Des nations serviles qui accordent aux Américains un crédit illimité de forfaiture et de brigandage «parce-qu’ils-nous-ont-libérés-en-45» n’ont pas un mot, pas une pensée de gratitude pour la nation qui a le plus contribué à vaincre l’hydre national-socialiste… et qui en a payé le prix le plus lourd.

Ses élus sont traités en importuns, son président caricaturé avec une haine obsessionnelle, la liberté de mouvement et de commerce de ses citoyens, savants, universitaires et hommes d’affaires est suspendue au bon vouloir d’obscures commissions européennes dont les peuples qu’elles prétendent représenter ne connaissent pas le nom d’un seul membre, ni pourquoi il y siège plutôt qu’un autre larbin des multinationales.

Mais tout ceci n’est encore rien. C’est dans l’ordre des choses. L’Occident et la Russie ne font que jouer les prolongations, à l’infini, du conflit Rome-Byzance en l’étendant aux continents voisins voire à l’espace interplanétaire. La vraie guerre des civilisations, la seule, est là. Barbare comme le sac de Constantinople, apocalyptique comme sa chute, ancienne et sournoise comme les schismes théologiques masquant de perfides prises de pouvoir. Tapie dans les replis du temps, mais prête à bondir et à mordre comme un piège à loups. C’est le seul piège, du reste, que l’empire occidental n’ait pas posé tout seul et qu’il ne puisse donc désamorcer. (Étant entendu que la menace islamique n’est que le produit des manœuvres coloniales anglo-saxonnes, de la cupidité pétrolière et de l’action de services d’État occupés à cultiver des épouvantails pour effrayer leurs propres sujets, puis à les abattre pour les convaincre de leur propre puissance et de leur nécessité.)

La menace russe, elle, est d’une autre nature. Voici une civilisation quasi-jumelle, ancrée sur ses terres, consciente d’elle-même et totalement ouverte aux trois océans, à l’Arctique comme à l’Himalaya, aux forêts de Finlande comme aux steppes de Mongolie.

Voici des souverains qui — depuis la bataille de Kazan remportée par ce même Ivan qui nous sert de Père Fouettard — portent le titre de Khans tatars en même temps que d’Empereurs chrétiens siégeant dans l’ultime Rome, la troisième, Moscou, qui fleurit au moment où Byzance gémissait sous l’Ottoman et le pape sous la verge de ses mignons.

Voici une terre aux horizons infinis, mais dont les contours sont gravés dans l’histoire du monde, inviolables bien que diffus.

Voici des gens, enfin, et surtout, aussi divers qu’on peut l’imaginer, mêlant au sein d’un même peuple le poil blond des Vikings aux yeux obliques et aux peaux tannées de l’Asie. Ils n’ont pas attendu le coup de départ du métissage obligé, les Russes, ils l’ont dans leur sang, si bien assimilé qu’ils n’y pensent plus. Les obsédés de la race au crâne rasé qu’on exhibe sur les chaînes anglo-saxonnes ont la même fonction que les coucous suisses: des articles pour touristes.

Cela ressemble tellement à l’Europe. Et c’en est tellement loin! Tellement loin que les infatigables arpenteurs des mers — génois, anglais, néerlandais, espagnols —, qui connaissent l’odeur de la fève de tonka et la variété des bois de Sumatra, ne savent rien de la composition d’un borchtch. Ni même de la manière dont on prononce le nom de cette soupe. Ce n’est pas qu’ils ne pourraient pas l’apprendre. C’est qu’ils n’en ont pas envie. Pas plus qu’ils ne veulent connaître, vraiment, l’esprit, les coutumes et la mentalité des immigrants exotiques qu’ils accueillent désormais par millions et qu’ils laissent s’agglutiner en ghettos parce qu’ils ne savent comment leur parler.

J’ai dû, moi, petit Serbe, apprendre deux langues et deux alphabets pour entamer ma vie d’immigré. J’en ai appris d’autres pour mieux connaître le monde où je vis. Je m’étonne sincèrement de voir que mes compatriotes suisses ne savent pas, pour la plupart, les deux autres grandes langues de leur pays.

Comment connaître autrui si vous ne savez rien de la langue qu’il parle? C’est le minimum de la courtoisie.

Et cette courtoisie, désormais, se réduit de plus en plus à des rudiments d’anglais d’aéroport.

De même font les Russes, dont l’éducation intègre la culture ouest-européenne en sus de la leur propre.

Où voit-on la réciproque, à l’ouest du Dniepr?

Depuis Pierre le Grand, ils se considéraient européens à part entière. Les artistes de la Renaissance et les penseurs des Lumières sont les leurs. Leontiev, le père Serge Boulgakov, Répine, Bounine, Prokofiev et Chestov sont-ils pour autant les nôtres? Non, bien entendu.

Parler français fut deux siècles durant la règle dans les bonnes maisons — et le reste encore parfois. Ils se sont intensément crus européens, mais l’Europe s’est acharnée à leur dissiper cette illusion.

Quand les jeunes Russes vous chantent Brassens par cœur, vous leur répondez en évoquant «Tolstoïevsky».

L’Europe de Lisbonne à Vladivostok n’aura été réelle qu’à l’Est. A l’Ouest, elle ne fut jamais que la projection livresque de quelques visionnaires.

L’Europe de Lisbonne à Vladivostok! Imagine-t-on la puissance, la continuité, le rayonnement, les ressources d’un tel ensemble?

Non. On préfère definitely se mirer dans l’Atlantique. Un monde vieillissant et ses propres outlaws mal dégrossis s’étreignant désespérément par-dessus la mer vide et refusant de voir dans le monde extérieur autre chose qu’un miroir ou un butin.

Leur derniers échanges chaleureux avec la Russie remontent à Gorbatchev. Normal: le cocu zélé avait entrepris de démonter son empire sans autre contrepartie qu’une paire de santiags au ranch de Reagan.

Vingt ans plus tard, les soudards de l’OTAN occupaient toutes les terres, de Vienne à Lviv, qu’ils avaient juré de ne jamais toucher!

Au plus fort de la Gorbymania, Alexandre Zinoviev lançait son axiome que tous les Russes devraient apprendre au berceau: «Ils n’aimeront le tsar que tant qu’il détruira la Russie!»

«Ah, vous les Slaves!» — ouïs-je souvent dire — «Quel don pour les langues!» Je me suis longtemps rengorgé, prenant le compliment pour argent comptant.

Puis, ayant voyagé, j’ai fini par comprendre. Ce n’est pas «nous les Slaves» qui avons de l’aisance pour les langues: c’est vous, les «Européens» qui n’en avez pas. Qui n’en avez pas besoin, estimant depuis des siècles que votre packagelinguistique (anglais, français, allemand, espagnol) gouverne le monde.

Pourquoi s’escrimer à parler bantou? Votre langue, étendard de votre civilisation, vous suffit amplement, puisqu’au-delà de votre civilisation, c’est le limes (comme au temps de César), et qu’au-delà du limes, mon Dieu… Ce sont les terres des Scythes, des Sarmates, des Marcheurs Blancs, bref de la barbarie. Voire, carrément, le bord du monde où les navires dévalent dans l’abîme infini.

Voilà pourquoi le russe, pour vous, c’est du chinois. Et le chinois de l’arabe, et l’arabe de l’ennemi. Vous n’avez plus même, dans votre nombrilisme, les outils cognitifs pour saisir ce que les autres — qui soudain commencent à compter — pensent et disent, réellement, de vous.

Ah! Frémiriez-vous, si vous pigiez l’arabe des prédicateurs de banlieue!

Ah! Railleriez-vous si vous entraviez des miettes de ce que les serveurs chinois du XIIIe dégoisent sur vous.

Ah ! Ririez-vous s’il vous était donné de saisir la finesse de l’humour noir des Russes, plutôt que de vous persuader à chacun de leurs haussements de sourcil que leurs chenilles sont au bord de votre gazon.

Mais vous ne riez pas. Vous ne riez plus jamais. Même vos vaudevilles présidentiels sont désormais commentés avec des mines de fesse-mathieu. Vous êtes graves comme des chats qui caquent dans votre quiétude de couvre-feu, alors qu’eux, là-bas, rient, pleurent et festoient dans leurs appartements miniatures, leur métro somptueux, sur leur banquise, dans leurs isbas et jusque sous les pluies d’obus.

Tout ceci n’est rien, disais-je, parlant du malentendu historique qui nous oppose. La partie grave, elle arrive maintenant.

Vous ne leur en voulez pas pour trois bouts d’Ukraine dont vous ignoriez jusqu’à l’existence.

Vous leur en voulez d’être ce qu’ils sont, et de ne pas en démordre!

Vous leur en voulez de leur respect de la tradition, de la famille, des icônes et de l’héroïsme — bref, de toutes les valeurs qu’on vous a dressés à vomir.

Vous leur en voulez de ne pas organiser pour l’amour de l’Autre la haine du Soi.

Vous les enviez d’avoir résolu le dilemme qui vous mine et qui vous transforme en hypocrites congénitaux: Jusqu’à quand défendrons-nous des couleurs qui ne sont pas les nôtres?

Vous leur en voulez de tout ce que vous avez manqué d’être!

Ce qui impressionne le plus, c’est la quantité d’ignorance et de bêtise qu’il vous faut déployer désormais pour entretenir votre guignolerie du ramassis de brutes qu’il s’agit de débarrasser de leur dictateur caricatural et sanglant avant de les éduquer à servir la «vraie» civilisation.

Car tout la dément: et les excellentes relations de la Russie avec les nations qui comptent et se tiennent debout (BRICS), et le dynamisme réel de ce peuple, et l’habileté de ses stratèges, et la culture générale du premier Russe venu, par opposition à l’inculture spécialisée du «chercheur» universitaire parisien qui prétend nous expliquer son obscurantisme et son arriération.

C’est que ce ramassis de brutes croit encore à l’instruction et au savoir quand l’école européenne produit de l’ignorance socialisée; croit encore en ses institutions quand celles de l’UE prêtent à rire; croit encore en son destin quand les vieilles nations d’Europe confient le leur au cours de la Bourse et aux banquiers de Wall Street.

Du coup, la propagande a tout envahi, jusqu’à l’air qu’on respire. Le gouvernement d’Obama prend des sanctions contre le régime de Poutine: tout est dit!

D’un côté, Guantanamo, les assassinats par drones aux quatre coins du monde, la suspension des droits élémentaires et le permis de tuer sans procès ses propres citoyens — et, surtout, vingt-cinq ans de guerres coloniales calamiteuses, sales et ratées qui ont fait du Moyen-Orient, de la Bosnie à Kandahar, un enfer sur terre.

De l’autre, une puissance qui essaie pas à pas de faire le ménage à ses propres frontières, celles justement dont on s’était engagé à ne jamais s’approcher.

Votre gouvernement contre leur régime…

Savez-vous de quoi vous vous privez en vous coupant ainsi, deux fois par siècle, de la Russie?

Du refuge ultime des vos dissidents, en premier lieu du témoin capital Snowden.

Des sources d’une part considérable de votre science, de votre art, de votre musique, et même, ces jours-ci, du dernier transporteur capable d’emmener vos gens dans l’espace.

Mais qu’importe, puisque vous avez soumis votre science, votre art, votre musique et votre quête spatiale à la loi suicidaire du rendement et de la spéculation.

Et qu’être traqués et épiés à chaque pas, comme Snowden vous l’a prouvé, ne vous dérange au fond pas plus que ça. À quoi bon implanter une puce GPS à des chiens déjà solidement tenus en laisse? Quant à la dissidence… Elle n’est bonne que pour saper la Russie.

Tout est bon pour saper la Russie. Y compris les nazis enragés de Kiev que vous soutenez sans gêne et n’hésitez pas à houspiller contre leurs propres concitoyens. Quelle que soit l’issue, cela fera toujours quelques milliers de Slaves en moins…

Que vous a-t-il donc fait, ce pays, pour que vous en arriviez à pousser contre lui les forces les plus sanguinaires enfantées par la malice humaine: les nazis et les djihadistes?

Comment pouvez-vous songer à contourner un peuple étendu sur onze fuseaux horaires? En l’exterminant ou en le réduisant en esclavage? (Il est vrai que «toutes les options sont sur la table», comme on dit à l’OTAN.) Destituer de l’extérieur un chef d’État plus populaire que tous vos polichinelles réunis? Êtes-vous déments? Ou la Terre est-elle trop petite, à vos yeux, pour que l’«Occident» puisse y cohabiter avec un État russe?

C’est peut-être cela, tout compte fait. La Russie est l’avant-poste, aujourd’hui, d’un monde nouveau, de la première décolonisation véritable.

Celle des idées, des échanges, des monnaies, des mentalités.

À moins que vous, atlantistes et eurocrates, ne parveniez à entraîner la nappe dans votre chute en provoquant une guerre atomique, le banquet de demain sera multipolaire. Vous n’y aurez que la place qui vous revient. Ce sera une première dans votre histoire: mieux vaut vous y préparer. »

Slobodan Despot, le 8 septembre 2014

Sources: braniya chiricahua blog

_____

• Quelques lectures appropriées :

Jürgen Elsässer : Comment le djihad est arrivé en Europe

A.S. Khomiakov : L’Église latine et le Protestantisme au point de vue de l’Église d’Orient

Naomi Klein : La stratégie du choc

Konstantin Leontiev : L’Européen moyen, idéal et outil de la destruction universelle

C.S. Lewis : L’Abolition de l’Homme

Carroll Quigley : Tragedy and Hope

Steven Runciman : La chute de Constantinople

Eric Werner : De l’extermination, L’avant-guerre civile

Alexandre Zinoviev : La Grande Rupture, L’Occidentisme

http://blog.despot.ch/le-syndrome-tolstoievsky

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QUE SIGNIFIE LE GRAND RETOURNEMENT SAOUDIEN?

par Thierry Meyssan

voltairenet.org

le 1er septembre 2014

Alors que depuis 35 ans, l’Arabie saoudite soutient tous les mouvements jihadistes jusqu’aux plus extrémistes, Riyad semble changer soudainement de politique. Menacée dans son existence même par une possible attaque de l’Émirat islamique, l’Arabie saoudite a donné le signal de la destruction de l’organisation. Mais contrairement aux apparences, l’ÉI reste soutenu par la Turquie et Israël qui recèlent le pétrole qu’il pille.

Préliminaire : l’ÉI est une création occidentale

Sur cette photographie diffusée par l’Émirat islamique, on voit un de ses combattants armé d’un Famas français alors que Paris nie tout contact avec cette organisation. En réalité, la France a armé l’Armée syrienne libre avec instruction de reverser les deux-tiers de son matériel au Front Al-Nosra (c’est-à-dire à Al-Qaïda en Syrie), ainsi que l’atteste un document fourni par la Syrie au Conseil de sécurité de l’Onu. Par la suite plusieurs unités d’Al-Nosra se sont ralliées avec leurs armes à l’Émirat islamique. En outre, contrairement aux déclarations officielles, le commandant de l’Émirat islamique, l’actuel calife Ibrahim, cumulait ses fonctions avec celles de membre de l’état-major de l’Armée syrienne libre.

L’unanimité du Conseil de sécurité contre l’Émirat islamique (ÉI) et le vote de la résolution 2170 ne sont qu’une attitude de façade. Ils ne sauraient faire oublier le soutien étatique dont l’ÉI a disposé et dispose encore.

Pour ne prendre que les événements récents en Irak, chacun a pu observer que ses combattants sont entrés dans le pays à bord de colonnes de Toyota flambants neufs et armés de matériels ukrainiens, également neufs. C’est avec cet équipement qu’ils ont saisi les armes états-uniennes de l’Armée irakienne. De même chacun s’est étonné de ce que l’ÉI disposait d’administrateurs civils capables de prendre en main instantanément la gestion des territoires conquis et de spécialistes en communication aptes à promouvoir son action sur Internet et à la télévision ; un personnel clairement formé à Fort Bragg.

Bien que la censure états-unienne en ait interdit toute recension, nous savons par l’agence britannique Reuters qu’une session secrète du Congrès a voté, en janvier 2014 le financement et l’armement de l’Armée syrienne libre, du Front islamique, du Front Al-Nosra et de l’Émirat islamique jusqu’au 30 septembre 2014 [ [«Le Congrès US vote secrètement l’envoi d’armes en Syrie», Réseau Voltaire, 29 janvier 2014.]]. Quelques jours plus tard, “Al-Arabiya” se vantait que le prince Abdul Rahman était le véritable chef de l’Émirat islamique [ [«L’ÉIIL est commandé par le prince Abdul Rahman», Réseau Voltaire, 3 février 2014.]]. Puis, le 6 février, le secrétaire à la Sécurité de la Patrie US réunissait les principaux ministres de l’Intérieur européens en Pologne pour leur demander de maintenir les jihadistes européens au Levant en leur interdisant le retour dans leurs pays d’origine, de la sorte l’ÉI serait assez nombreux pour attaquer l’Irak[ [«La Syrie devient «question de sécurité intérieure» aux USA et dans l’UE », Réseau Voltaire, 8 février 2014.]]. Enfin, à la mi-février, un séminaire de deux jours a rassemblé au Conseil de sécurité nationale US les chefs des services secrets alliés impliqués en Syrie, certainement pour préparer l’offensive de l’ÉI en Irak[ [«Washington coordonne la guerre secrète contre la Syrie», Réseau Voltaire, 21 février 2014.]].

(Reportage d’août 2012 sur le fanatisme religieux de la prétendue « opposition démocratique »)

“Une guerre contre la liberté religieuse”

http://www.youtube.com/watch?v=Cw7YLKDIqJI&list=UU3TR6S1FgdXmtbBPMvAabYg

Il est extrêmement choquant d’observer les médias internationaux dénoncer subitement les crimes des jihadistes alors que ceux-ci se déroulent sans interruption depuis trois ans. Il n’y a rien de nouveau dans les égorgements publics et les crucifixions: à titre d’exemple, l’Émirat islamique de Baba Amr, en février 2012, s’était doté d’un «tribunal religieux» qui condamna a mort par égorgement plus de 150 personnes sans soulever la moindre réaction occidentale ni des Nations unies[ [«The Burial Brigade of Homs: An Executioner for Syria’s Rebels Tells His Story», par Ulrike Putz, Der Spiegel, 29 mars 2012. Version française in «Les dernières manœuvres de Washington et de ses alliés européens, turcs et arabes », par Pierre Khalaf, New Orient News, Réseau Voltaire, 10 avril 2012]].

En mai 2013, le commandant de la Brigade Al-Farouk de l’Armée syrienne libre (les fameux «modérés») diffusa une vidéo au cours de laquelle il découpait un soldat syrien et mangeait son cœur. À l’époque, les Occidentaux persistaient à présenter ces jihadistes comme des «opposants modérés», mais désespérés, se battant pour la «démocratie».

La BBC donnait même la parole au cannibale pour qu’il se justifie.

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“SYRIA’S ‘HEART-EATING CANNIBAL’ ABU SAKKAR BBC NEWS”

http://www.youtube.com/watch?v=ouBzc6gNPf8

Il ne fait aucun doute que la différence établie par Laurent Fabius entre jihadistes «modérés» (l’Armée syrienne libre et le Front Al-Nosra —c’est-à-dire Al-Qaïda— jusqu’au début 2013) et jihadistes «extrémistes» (le Front Al-Nosra à partir de 2013 et l’ÉI) est un pur artifice de communication.

Le cas du calife Ibrahim est éclairant: en mai 2013, lors de la visite de John McCain à l’ASL, il était à la fois membre de l’état-major «modéré» et leader de la faction «extrémiste»[ [«John McCain, le chef d’orchestre du «printemps arabe», et le Calife», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 18 août 2014.]].

Identiquement, une lettre du général Salim Idriss, chef d’état-major de l’ASL, datée du 17 janvier 2014, atteste que la France et la Turquie livraient des munitions pour un tiers à l’ASL et pour deux tiers à Al-Qaïda via l’ASL.

Présenté par l’ambassadeur syrien au Conseil de sécurité, Bachar Jaafari, l’authenticité de ce document n’a pas été contestée par la délégation française[ [«Résolution 2165 et débats (aide humanitaire en Syrie)», Réseau Voltaire, 14 juillet 2014.]].

John McCain et l’état-major de l’Armée syrienne libre. Au premier plan à gauche, Ibrahim al-Badri, avec lequel le sénateur est en train de discuter. Juste après, le brigadier général Salim Idriss (avec des lunettes).

Ceci étant posé, il est clair que l’attitude de certaines puissances de l’Otan et du CCG a changé au cours du mois d’août 2014 pour passer d’un soutien secret, massif et permanent, à une franche hostilité. Pourquoi?

La doctrine Brzezinki du jihadisme

Il faut revenir ici 35 ans en arrière pour comprendre l’importance du virage que l’Arabie saoudite —et peut-être les États-Unis— sont en train d’accomplir. Depuis 1979, Washington, à l’instigation du conseiller de sécurité nationale Zbignew Brzezinski, a décidé de soutenir l’islam politique contre l’influence soviétique, renouant avec la politique adoptée en Égypte de soutien aux Frères musulmans contre Gamal Abdel Nasser.

Brzezinski décida de lancer une vaste «révolution islamique» depuis l’Afghanistan (alors gouvernée par le régime communiste de Muhammad Taraki) et l’Iran (où il organisa lui-même le retour de l’imam Rouhollah Khomeiny). Par la suite, cette révolution islamique devait se propager dans le monde arabe et emporter avec elle les mouvements nationalistes associés à l’URSS.

L’opération en Afghanistan fut une réussite inespérée : les jihadistes de la Ligue anti-communiste mondiale (WACL)[ [«La Ligue anti-communiste mondiale, une internationale du crime», par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 mai 2004.]], recrutés au sein des Frères musulmans et dirigés par le milliardaire anti-communiste Oussama Ben Laden, lancèrent une campagne terroriste qui conduisit le gouvernement à faire appel aux Soviétiques. L’Armée rouge entra en Afghanistan et s’y enlisa durant cinq ans, accélérant la chute de l’URSS.

L’opération en Iran fut au contraire un désastre: Brzezinski fut stupéfait de constater que Khomeiny n’était pas l’homme qu’on lui avait dit —un vieil ayatollah cherchant à récupérer ses propriétés foncières confisquées par le Shah—, mais un authentique anti-impérialiste. Considérant un peu tard que le mot «islamiste» n’avait pas du tout le même sens pour les uns et les autres, il décida de distinguer les bons sunnites (collaborateurs) des mauvais chiites (anti-impérialistes) et de confier la gestion des premiers à l’Arabie saoudite.

Enfin, considérant le renouveau de l’alliance entre Washington et les Séoud, le président Carter annonça, lors de son discours sur l’état de l’Union du 23 janvier 1980 que, désormais, l’accès au pétrole du Golfe était un objectif de sécurité nationale états-unienne.

Depuis cette période, les jihadistes ont été chargés de tous les mauvais coups contre les Soviétiques (puis les Russes) et contre les régimes arabes nationalistes ou récalcitrants. La période allant de l’accusation lancée contre les jihadistes d’avoir fomenté et réalisé les attentats du 11-Septembre jusqu’à l’annonce de la prétendue mort d’Oussama Ben Laden au Pakistan (2001-11) a compliqué les choses. Il s’agissait à la fois de nier toute relation avec les jihadistes et de les utiliser comme prétexte à des interventions. Les choses sont redevenues claires en 2011 avec la collaboration officielle entre les jihadistes et l’Otan en Libye et en Syrie.

Le virage saoudien d’août 2014

Durant 35 ans, l’Arabie saoudite a financé et armé tous les courants politiques musulmans dès lors

  1. qu’ils étaient sunnites,
  2. qu’ils affirmaient le modèle économique des États-Unis compatible avec l’islam
  3. et que —dans le cas ou leur pays aurait signé un accord avec Israël— ils ne le remettaient pas en question.

Durant 35 ans, l’immense majorité des sunnites a fermé les yeux sur la collusion entre les jihadistes et l’impérialisme. Elle s’est déclarée solidaire de tout ce qu’ils ont fait et de tout ce qu’on leur a attribué. Enfin, elle a légitimé le wahhabisme comme une forme authentique de l’islam malgré les destructions de lieux saints en Arabie saoudite.

Observant avec surprise le «printemps arabe», à la préparation duquel elle n’avait pas été conviée, l’Arabie saoudite s’inquiéta du rôle accordé par Washington au Qatar et aux Frères musulmans. Riyad ne tarda pas à entrer en compétition avec Doha pour sponsoriser les jihadistes en Libye et surtout en Syrie.

Aussi le roi Abdallah sauva-t-il l’économie égyptienne lorsque le général Abdel Fattah al-Sissi devenu président d’Égypte lui transmis ainsi qu’aux Émirats la copie complète des dossiers de police des Frères musulmans. Toutefois, dans le cadre de la lutte contre la Confrérie, le général Al-Sissi découvrit et transmit en février 2014 le plan détaillé des Frères pour s’emparer du pouvoir à Riyad et à Abou Dhabi. En quelques jours les comploteurs furent arrêtés et avouèrent, tandis que l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis menaçaient le Qatar, le parrain des Frères, de le détruire s’il ne lâchait pas immédiatement la confrérie.

Riyad n’a pas tardé à découvrir que l’Émirat islamique était lui aussi gangréné et s’apprêtait à l’attaquer après s’être emparé d’un tiers de l’Irak.

Le verrou idéologique patiemment construit durant 35 ans a été pulvérisé par les Émirats et l’Égypte. Le 11 août, le grand imam de l’université Al-Azhar, Ahmad al-Tayyeb, condamnait sévèrement l’Émirat islamique et Al-Qaïda. Il était suivi le lendemain par le grand mufti d’Égypte, Shawki Allam [ [«Le grand mufti d’Égypte condamne l’État islamique en Irak», Radio Vatican, 13 août.]].

Le 18 août et à nouveau le 22, Abou Dhabi a bombardé, avec l’assistance du Caire, des terroristes à Tripoli (Libye). Pour la première fois, deux États sunnites s’alliaient pour attaquer des extrémistes sunnites dans un troisième État sunnite. Leur cible n’était autre qu’une alliance incluant Abdelhakim Belhaj, ancien numéro 3 d’Al-Qaïda nommé gouverneur militaire de Tripoli par l’Otan[ [«Comment les hommes d’Al-Qaida sont arrivés au pouvoir en Libye », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 septembre 2011.]]. Il semble que cette action ait été entreprise sans en informer préalablement Washington.

Le 19 août, le grand mufti d’Arabie saoudite, cheik Abdul-Aziz Al al-Sheikh, se décidait —enfin— à qualifier les jihadistes de l’Émirat islamique et d’Al-Qaïda « d’ennemis numéro 1 de l’islam»[ [«Déclaration du mufti du Royaume sur l’extrémisme», Agence de presse saoudienne, 19 août 2014.]].

Les conséquences du retournement saoudien

Le retournement de l’Arabie saoudite aura été si rapide que les acteurs régionaux n’ont pas eu le temps de s’adapter et se trouvent donc avec des positions contradictoires selon les dossiers. D’une manière générale, les alliés de Washington condamnent l’Émirat islamique en Irak, mais pas encore en Syrie.

Plus surprenant, alors que le Conseil de sécurité a condamné l’Émirat islamique dans sa déclaration présidentielle du 28 juillet et dans sa résolution 2170 du 15 août, il est clair que l’organisation jihadiste dispose encore de soutiens étatiques: en violation des principes rappelés ou édictés par ces textes, le pétrole irakien pillé par l’ÉI transite par la Turquie. Il est chargé au port de Ceyhan sur des pétroliers qui font escale en Israël, puis repartent vers l’Europe. Pour le moment, le nom des sociétés commanditaires n’est pas établi, mais la responsabilité de la Turquie et d’Israël est évidente.

De son côté, le Qatar, qui continue à abriter nombre de personnalités des Frères musulmans, nie soutenir encore l’Émirat islamique.

Réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l’Égypte et… du Qatar à Jeddah, le 24 août 2014, pour faire face à l’Émirat islamique. La Jordanie était représentée à ce sommet.

Lors de conférences de presse coordonnées, les ministres russe et syrien des Affaires étrangères, Sergey Lavrov et Walid Mouallem, ont appelé à constituer une coalition internationale contre le terrorisme. Cependant les États-Unis, tout en préparant des opérations au sol sur le territoire syrien avec les Britanniques (la «Force d’intervention noire»[ [«SAS and US special forces forming hunter killer unit to ’smash Islamic State’», par Aaron Sharp, The Sunday People (The Mirror), 23 août 2014.]]), ont refusé de s’allier à la République arabe syrienne et persistent à exiger la démission du président élu Bachar el-Assad.

Le clash qui vient de mettre fin à 35 ans de politique saoudienne se transforme en affrontement entre Ryad et Ankara.

D’ores et déjà, le parti kurde turc et syrien, le PKK, qui est toujours considéré par Washington et Bruxelles comme une organisation terroriste, est soutenu par le Pentagone contre l’Émirat islamique. En effet, et contrairement aux présentations équivoques de la presse atlantiste, ce sont les combattants turcs et syriens du PKK et non pas les peshmergas irakiens du Gouvernement local du Kurdistan qui ont repoussé l’Émirat islamique ces derniers jours, avec l’aide de l’aviation états-unienne.

Conclusion provisoire

Il est difficile de savoir si la situation actuelle est une mise en scène ou une réalité. Les États-Unis ont-ils réellement l’intention de détruire l’Émirat islamique qu’ils ont formé et qui leur aurait échappé ou vont-ils simplement l’affaiblir et le conserver comme outil politique régional ? Ankara et Tel-Aviv soutiennent-ils l’ÉI pour le compte de Washington ou contre Washington, ou encore jouent-ils sur des dissensions internes aux États-Unis ? Les Séoud iront-ils, pour sauver la monarchie, jusqu’à s’allier avec l’Iran et la Syrie ou parviendront-ils à un accord avec Washington sur le sort de l’ÉI ?

Thierry Meyssan

Sources: voltairenet.org

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AMAR METREF NOUS A QUITTÉ

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Arezki Metref

Le Soir d’Algérie – Chronique

le 14 septembre 2014

… Décès subit d’Amar Metref, foudroyé à 80 ans par une maladie qui l’a emporté en quelques semaines.

Dda Maâmar, qui était mon oncle, n’était pas moins une figure d’At Yani, apprécié de tous.

Écrivain, il a publié notamment “La gardienne du feu sacré” à la fin des années 1970, et plus récemment “Raconter At Yani” et un roman biographique sur Ramdane Metref, son père.

Il avait encore plein de projets d’écriture, certains terminés et d’autres bien entamés.

Dda Maamar, c’était d’abord l’enseignant. Toute sa vie, il l’a vouée à apprendre aux enfants la rationalité et la rigueur.

À At Yani où il a exercé pendant des années et des années, des générations entières d’élèves l’ont eu, et s’en souviennent avec reconnaissance et affection, soit comme enseignant soit enfin comme directeur de collège.

Mais pour tous, c’était d’abord l’homme droit, honnête, animé du sens du devoir, solidaire, dévoué aux autres.

C’était aussi un homme cultivé, maîtrisant parfaitement toutes les langues à sa portée (le kabyle bien sûr, l’arabe, le français et l’anglais).

Profondément attaché au partage, il pouvait passer de longues heures à discuter.

C’est une grande perte, non seulement pour sa famille, mais aussi pour toutes celles et tous ceux qui appréciaient sa vaste culture, sa générosité et son talent d’écrivain.

Repose en paix, sous le figuier des ancêtres, Dda Maâmar!

[ Sources: le Soir d’Algérie

le 14 septembre 2014
->http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/09/14/article.php?sid=168509&cid=8]

sur socialgerie: “L’ACB OUVRE LES GUILLEMETS À AMAR METREF” – brève 639.

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Le plan de la nouvelle offensive du gouvernement contre ce qui reste de conquêtes sociales des travailleurs commence à être dévoilé

Cette analyse des projets de loi gouvernementaux est extraite de la déclaration du PADS.

La déclaration intégrale du PADS est accessible en ligne sur les sites soit d’“Alger républicain” soit “Le Lien”

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Le Code du travail va être refondu

dans un sens ouvertement anti-ouvrier

Selon les informations divulguées par des syndicalistes qui ont eu en main la mouture finale des modifications projetées, les contrats à durée déterminée (CDD) sont généralisés. L’employé est à la merci du patron. Il ne bénéficie d’aucune protection. Le contrat à durée déterminée devient une exception. La clause de l’autorisation préalable de l’inspection du travail pour le recrutement des travailleurs en CDD, pour des raisons liées à la nature objective des activités, avait été levée par les lois sociales de 1990, donnant liberté totale au patron de fixer arbitrairement la durée du contrat sans possibilité de recours pour le travailleur. Les nouveaux textes ont entériné cette régression anti-ouvrière. Le projet ne prévoit pas d’article punissant l’employeur qui refuse de reconnaître le droit du travailleur en CDD à se syndiquer. Le syndicat du pouvoir UGTA est le premier à dénier ce droit aux travailleurs en CDD pour les empêcher de porter à la tête des syndicats des éléments combatifs qui refusent le « pacte social » passé avec leurs exploiteurs.

Les lois anti-grèves introduites en 1990 par le gouvernement « réformateur » de Hamrouche sont aggravées. Le dispositif mis en place avait pour but de rendre pratiquement impossible une grève « légale ». C’est sur cette base que presque toutes les grèves qui ont eu lieu dans le secteur privé, ainsi que dans certaines entreprises publiques, ont été systématiquement déclarées illégales par les tribunaux et les représentants des travailleurs jetés à la rue, condamnés à payer des amendes ou à des peines de prison. Les amendements renforcent l’arsenal répressif en ajoutant de nouvelles exigences. Les organisateurs des grèves sont tenus de fixer à l’avance leur durée, leur date, leur lieu et les effectifs engagés dans l’action. Des sanctions sont prévues contre eux s’ils les modifient en fonction des impératifs de la lutte revendicative. Plus grave aussi, le projet considère que la relation de travail est suspendue en cas de grève. C’est une forme grossièrement déguisée d’octroi au patron du droit de « lock-out ».
Le projet légalise la pratique scélérate des patrons en leur reconnaissant le droit de ne pas réintégrer les travailleurs, et notamment les syndicalistes, abusivement licenciés même si les tribunaux donnent raison à ces derniers. L’amendement introduit en 1997 par le Conseil de transition est maintenu: pour être reconnu par le patron, le syndicat doit lui remettre la liste nominative de ses adhérents qui prouve qu’il regroupe 20% au minimum des travailleurs. Autant dire que le syndicat envoie ses adhérents à la guillotine patronale!

D’autres amendements portent la trace profonde de cette régression.

Ces amendements rétrogrades ont été concoctés de façon anti-démocratique, sans consultation des premiers concernés, les travailleurs qui produisent les richesses du pays. Ils sont l’expression parfaite de la nature de classe du système bourgeois et mafieux qui gouverne le pays, un système qui sert les intérêts des capitalistes exploiteurs et des sociétés étrangères assoiffés de profits, cherchant à saigner à blanc le peuple.

Ces amendements sont avancés derrière le rideau de fumée de l’abrogation annoncée pour le 1er janvier prochain de l’article 87 bis des lois sociales adopté après l’accord passé avec le FMI en 1994. Cet article avait inclus les primes dans le salaire minimum garanti (SNMG), privant de la sorte de ses augmentations les travailleurs situés au bas de l’échelle. L’annonce hypocrite de cette décision a cependant soigneusement évité de soulever les problèmes du non respect du SNMG par les patrons, en toute impunité, et la pratique largement répandue de la non déclaration des travailleurs à la sécurité sociale.

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ÉCHOS DES LUTTES DES TRAVAILLEURS

Bulletin N°15

raina

le 8 septembre 2014

à consulter sur raina

Sommaire

[

Le nouveau projet de Code du travail prévoit des restrictions –
Droit de grève: ce qui va changer

par Said SMATI;

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_0]
[

Code du travail: fini le statut de travailleur permanent

par Rafik Meddour;

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_1]
[

Nouveau code du travail: Syndicats autonomes et UGTA sur la même longueur d’onde

par Abdelkrim Zerzouri;

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_2]
[

Libertés syndicales, CCD, Travail des enfants – Code du travail: L’UGTA dit “non”

par: Azzeddine Bensouiah;

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_3]
[

L’avant-projet remis en cause: L’UGTA dénonce un code du travail «répressif et régressif»

par Ghania Oukazi;

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_4]
[

Pour « charmer les IDE »

par G.O

->http://www.raina-dz.net/spip.php?article608&lang=fr#outil_sommaire_5]

SUPPRESSION DU FAMEUX 87-BIS – Le satisfecit des fédérations UGTA


Déclaration-appel du CLA


Les syndicats autonomes «encore une fois» ignorés – par M. Mehdi;


RENCONTRE DE LA CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DU PATRONAT DU BTPH À ORAN – A.B.;


Les salaires font toujours débat – par A. El Abci;


Le MDS: «La nouvelle loi privilégie les intérêts des forces de l’argent» – Mohand Aziri;

Education : Intégration et promotion de 150.000 travailleurs – par R. N. ;


Education : le Satef encense la ministre et interpelle le gouvernement – Amine Sadek;


Le Syndicat autonome de Sonelgaz poursuit Boutarfa en justice – A. Sadek;

Les postiers annoncent une grève pour la fin septembre – Meriem Saci;


L’entreprise Socerca liquidée et une centaine d’ouvriers mis au chômage – Riad Madi;


« Les Politiques de l’emploi et les programmes actifs du marché du travail»


Sources: raina

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NOTRE AMIE, NOTRE CAMARADE

MAMA BENCHEDAD,

DIRECTRICE DE L’EDUCATION DE LA WILAYA DE SAIDA

VIENT DE NOUS QUITTER!

raina

le 6 septembre 2014

Notre amie, notre camarade Mama Benchedad directrice de l’éducation de la Wilaya de Saïda vient de partir.

La faucheuse a eu raison de sa ténacité, de son opiniâtreté, de sa force et de l’amour qu’elle portât à ce pays et à ses enfants.

Qui mieux que le parti (PAGS), son parti pour lui rendre hommage. Un Hommage à la hauteur de la femme qu’elle a été, de la militante progressiste, de l’enseignante, de l’éducatrice, de l’aimante des gens et des causes justes.

De 1982 à 1993, elle a été de tous les combats, dés fois, il a fallu que « je » décloisonne pour tempérer son ardeur, lui dire combien nous sommes attentifs et reconnaissants à son travail, mais en même temps soucieux de sa sécurité et de l’efficacité organique du travail de tous les camarades.

Toujours aux premiers postes, après 1993, soumise à des menaces, sa vie était en danger, elle quitta sa ville, son lycée pour l’extrême sud du pays où elle fit des merveilles.

Elle redoubla d’abnégation,d’ingéniosité, et aujourd’hui, elle s’en est allée debout à son poste d’éducatrice, de grande dame de l’école algérienne quelle rêvât performante et moderne.

Adieu camarade, ta vie a été un champ, un chant, d’espoir pour tous les jeunes d’Algérie que tu as aimés, et pour nous.

[ Sources: “raina.dz”

Contre l’oubli-« Manansaouche »
->http://raina-dz.net/spip.php?article606]

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ALGÉRIE, DIVERSITÉ, IDENTITÉ

par Brahim Senouci

Le Quotidien d’Oran

le 7 septembre 2014

Il est de bon ton de pointer les travers de notre société, travers souvent graves. En témoigne l’insupportable homicide commis à l’encontre du footballeur camerounais de la JSK, Albert Ebossé.

Ce drame récent est une illustration parfaite, non seulement de la violence qui imprègne nos comportements, mais aussi de l’absurdité qui la sous-tend, voire qui la fonde.

Ainsi, la pierre fatale a été lancée depuis le carré des supporters du club local, supporters qui manifestaient en toute occasion leur attachement à ce joueur. C’est donc d’une main amie, lancée par des mains plus habituées à l’ovationner, qu’est mort Albert…

Je me suis bien souvent posé la question de savoir si nos valeurs traditionnelles avaient vraiment disparu. Je commençais à croire que oui. Et puis, cette anecdote…

Je roule sur l’autoroute qui mène à Oran. Il y a trois files sur cette autoroute. Celle de gauche est abandonnée aux bolides, celle du milieu aux gens « normaux », celle de droite aux véhicules lents. Parmi les véhicules lents, il y a bien sûr les camions. Il se trouve que, parfois, ces derniers débordent de leur portion de route et mordent largement sur la file du milieu. Je me suis trouvé derrière un poids lourd, immatriculé à Sétif, qui se trouvait dans cette situation. Il fallait que je le double. Je ne pouvais pas le faire en passant sur la file de gauche, siège d’un cortège incessant de voitures survitaminées roulant à tombeau ouvert. Je ne pouvais le faire qu’en empruntant la voie du milieu. Encore fallait-il que ce camion qui me précédait s’écarte et se remette bien sur la droite. Je lui fais des appels de phare, qu’il ignore. Furieux, je joue du klaxon jusqu’à ce qu’il finisse par s’écarter, de bien mauvaise grâce. Je peux enfin lui passer devant et retrouver une allure raisonnable. Je me rends compte alors, en regardant dans mon rétroviseur, qu’il a accéléré et qu’il semble me poursuivre! De plus, il multiplie les appels de phare et me fait de grands signes de la main pour me demander de m’arrêter. Après tout, me dis-je, arrêtons-nous. Ça ne ressemble à rien de détaler sur des kilomètres pour fuir un homme seul. Je m’engage donc sur la bande d’arrêt d’urgence. Il me précède et vient se ranger juste devant moi. Nous descendons en même temps de nos véhicules respectifs. Je constate que ce très jeune homme ne manifeste aucun signe d’hostilité. Il se dirige vers moi et m’annonce que mon pneu arrière droit pose problème. Comment cela? Il vibre d’une drôle de manière, me répond-il, il donne l’impression de vouloir se détacher. Le mieux, ajoute-t-il, c’est de le démonter. Je me rends à cette suggestion. J’ouvre le coffre. Il se précipite pour se saisir, avant que je puisse le faire, du cric et de la manivelle. « Pas la peine de te salir », grommelle-t-il. Il enlève la roue et nous constatons tous deux que le pneu est déchiré, quasiment fendu, probablement sur le point d’éclater!  » Tu me dois un repas « , me dit-il. Il installe la roue de secours en restant sourd à mes protestations et en y répondant simplement que je n’ai  » pas besoin de me salir  » ! Quand tout fut fait, je le remerciai et commis l’énorme bêtise de lui offrir un petit billet ( » des bonbons pour les enfants « ). C’est là qu’il se mit en colère et qu’il rejoignit son camion en toute hâte en répétant  » Pas d’argent, pas d’argent « . Mais, comme s’il ne voulait pas rester sur cette mauvaise impression, il se retourna une dernière fois vers moi en me disant « Bon voyage, 3ammou! »

Permets-moi de te rappeler, ami(e) lecteur(trice), que cet homme qui m’a probablement sauvé d’un danger est le même que celui que j’insultais un quart d’heure plus tôt parce qu’il ne se rangeait pas assez vite pour me laisser passer. Est-ce que tu en connais beaucoup, des pays où ce type de comportement est possible? Pas moi…

Le camionneur était Sétifien. Il aurait pu être de Constantine, de Mascara ou de Tizi Ouzou. L’histoire aurait probablement été la même. Au-delà des particularismes régionaux, culturels ou linguistiques, la manifestation la plus patente de l’unité de notre pays réside dans le fait d’y retrouver partout des attitudes semblables, pour le pire et le meilleur du reste. Ce footballeur, Albert Ebossé, aurait pu mourir dans un autre stade d’Algérie puisque le lancer de pierres n’est pas une exclusivité de la Kabylie. Cela me renvoie, encore et toujours, à cette controverse sur les langues qui nous agite. Cette controverse ne serait pas si grave si elle ne se doublait d’un prurit séparatiste. J’ose espérer qu’il est minoritaire.

Pas seulement pour l’intégrité de notre pays mais aussi pour éviter qu’une partie de notre peuple s’égare dans une aventure mortelle! La Kabylie a donné beaucoup de ses enfants à la cause de l’indépendance algérienne. Elle a souffert dans sa chair des méfaits de la colonisation. Elle a connu l’incendie de ses villages, les emmurements et les enfumades. Elle a vécu la répression impitoyable qui a suivi la révolte du cheikh El Mokrani, répression qui a inspiré à Akli Yahyaten sa magnifique chanson « El Menfi ». Comment après cela accepterait-elle de suivre l’homme lige de la revendication indépendantiste, Ferhat Mehenni, quand elle sait, quand elle doit savoir, que ce Monsieur ne cesse de glorifier la France et appelle à sa protection? Quand elle sait, quand elle doit savoir, que ce Monsieur s’est rendu en Israël pour assurer aux criminels qui dirigent ce pays que « la Kabylie est la petite sœur d’Israël »?

Bien sûr qu’il faut régler les questions de l’identité, de la culture, de la mémoire.Pour cela, il faut d’abord qu’elles soient posées dans un cadre national. L’amazighité concerne tous les Algériens. Aucun de nous ne peut se croire indemne d’une ascendance berbère et/ou arabe. Il faudrait donc étendre l’apprentissage du tamazight à l’ensemble du pays. Il faudrait aussi revoir nos manuels d’histoire pour y inscrire le récit berbère. Pour autant, cela doit-il être le prétexte pour laisser à l’arabe la portion congrue? Non! La formule de Kateb Yacine sur « le Français, butin de guerre », est contestable, comme le serait une variante du style  » le jazz est un butin de guerre de l’esclavage « . Elle serait carrément ridicule si elle était appliquée à l’arabe, comme certains le suggèrent. L’arabe est enraciné en Algérie.

Il a été intériorisé par la population. Des écoles coraniques où l’on apprenait l’arabe se comptaient par centaines, notamment en Kabylie, avant la colonisation. Ce sont les Berbères, eux qui formaient la grande majorité de la population d’Algérie au moment de l’arrivée des Arabes, qui ont fait vivre cette langue, qui ont contribué à la façonner et à la faire rayonner dans le monde. Cette langue est la leur! Leurs ancêtres ont assuré sa pérennité durant près de quinze siècles. Qui voudrait défaire ce que ses aïeux ont fait?

À Mascara, il y a eu de tout temps une présence kabyle. Plusieurs familles y sont implantées depuis des temps lointains. Elles n’ont jamais fait mystère de leur amazighité. Elles pratiquaient bien sûr l’arabe dialectal (bien plus riche que son ridicule avatar actuel), mais elles s’exprimaient en tamazight et l’enseignaient à leurs enfants. Ces familles ont toujours fait l’objet du respect qui leur était dû, non en raison de leurs origines, mais de la dignité, de la modestie doublée d’une certaine noblesse qui les caractérisaient. Elles partageaient leurs joies et leurs peines avec l’ensemble de leurs concitoyens. Aucun Mascaréen ne pourrait les imaginer comme des familles étrangères.

Je voudrais évoquer en particulier feu 3Ammi Messaoud Benbouabdallah, tailleur de son état, discret sur ses talents de musicien, ayant gardé de sa jeunesse à Beni Yenni un fort accent kabyle. Homme à l’humeur égale, c’était une figure de la ville. Il officiait dans un petit atelier, derrière une vitre qui l’offrait aux regards des passants. Personne ne se serait avisé de passer devant sa boutique sans le saluer. Sans le professer, sans le déclamer, il était l’image même de la synthèse algérienne. Il est mort depuis peu, entouré de l’affection de sa famille, notamment de ses filles bien-aimées, pleuré par ses concitoyens.

Sources “Le Quotidien d’Oran”

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DU 16 AU 30 AOÛT 2014: SÉLECTION D’ARTICLES ET DOCUMENTS

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À NOTRE CAMARADE ET FRÈRE BADIR SALAHHommage – Raina – Contre l’oubli-« Manansaouche » – le 23 août 2014 – Nouredine Bouderba;


TOUS LES COMBATS DE MADELEINE RIFFAUDAlain Ruscio – le 30 août 2014;


LES TROIS GUERRES DE MADELEINE RIFFAUD film de Philippe Rostan – 2010 – extraits;


PERQUISITIONSle 4 juillet 2006 – par Mohamed Chouieb – www.reseauxcitoyens-st-etienne.org;


ABÉCÉDAIRE DE LA BARBARIE JUDÉO-ANGLO-SAXONNE (2 & 3) – braniya chiricahua blog – le 17 et 23 août 2014;


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À NOTRE CAMARADE ET FRÈRE BADIR SALAH

Hommage

Nouredine Bouderba

Raina – Contre l’oubli-« Manansaouche »

le 23 août 2014

À notre camarade et frère Badir Salah

Cela fait 20 ans que notre camarade, notre ami et notre frère Salah Badir nous a été ravi par les forces intégristes armées qui avaient décidé d’anéantir par le feu et l’acier toute personne qui résistait à leur projet obscurantiste de destruction de l’Etat national comme le fait aujourd’hui Daech en Irak et en Syrie.

Il avait 36 ans laissant deux orphelins Amina (8 ans) et Amine (2 ans).

Salah était un humble parmi les humbles. Il n’y avait pas une action, une lutte des habitants de Si Mustapha pour améliorer leurs conditions de vie où Salah était resté à l’écart.

Il fut l’un des fondateurs de l’UNJA de Si Mustapha en 1975, c’était à cette époque que je l’ai connu. Il consacrait la majeur partie de son temps à aider les jeunes garçons et filles à s’organiser pour prendre en charge leur quotidien et leur avenir.

Il avait mis toute son énergie au service de la paysannerie pauvre de Si Mustapha, du village agricole et des environs de la localité qu’il essayait d’aider afin de se libérer des «s’massrias».

Salah était un militant convaincu et infatigable du PAGS.

J’ai toujours admiré aussi bien son dévouement que sa modestie et sa simplicité.

Pour gagner sa vie, il travaillait comme surveillant d’internat au niveau du Centre de formation professionnelle (CFPA) de Si Mustapha dirigé par un autre camarade (Frada Atmane) avec qui il s’entendait très bien et faisait de belles choses au service des déshérités.

Salah était «aux petits soins» de tous les stagiaires du CFPA qu’il voulait voir réussir. Il ne connaissait ni amplitude journalière ni durée hebdomadaire de travail qu’il dépassait largement.

Le jour de son enlèvement, c’està- dire le 20 août 1994, Salah avec tous les militants de la localité, les travailleurs et les stagiaires du centre célébrait l’inauguration d’un puits foré et construit grâce à des actions de volontariat qu’il avait organisées avec ses camarades et collègues pour permettre au centre de fonctionner et aux stagiaires de boire à leur soif car, il faut le rappeler, en 1994 Si Mustapha souffrait du manque d’eau potable.

Ce puits fut une providence non seulement pour le centre mais pour toute la population qui venait s’approvisionner lors des fréquentes coupures et ce, grâce à un robinet installé à la sortie du centre, durant de très nombreuses années.

C’était un 20 août comme si Salah et ses camarades et collègues voulaient dire nous perpétuons l’œuvre des chouhadas qui ont libéré le pays par notre dévouement et notre engagement au service des laborieux.

Ce 20 août 1994 on a célébré la mise en service du puits et la fête prit fin à la tombée de la nuit et chacun rentra chez lui. Chacun sauf Salah qui décida de faire une dernière ronde dans le CFPA pour s’assurer que tout allait bien.

C’est à cet instant que surgit de nulle part la horde sauvage.

Les terroristes encerclèrent le centre et commencèrent par cerner Salah qu’ils ligotèrent et emprisonnèrent dans une chambre et exigèrent du gardien de les conduire vers le logement du directeur dans le but de l’assassiner ou l’enlever. Ce dernier fut alerté par la réaction nerveuse et les aboiements de son chien de garde (à ce jour Atmane reste convaincu que son chien l’a sauvé ce jour-là) et décida d’actionner la sirène d’alarme.

L’alarme fut immédiatement suivie par des tirs dans tous les sens et les agresseurs incendièrent tout ce qui pouvait brûler (mobilier, voitures, etc.) avant de battre en retraite emmenant, malheureusement, Salah avec eux.

Le surlendemain 22 août 1994 notre camarade et ami fut retrouvé pendu à un pont traversant l’autoroute au niveau de Thénia.

Salah, repose en paix, ton souvenir restera éternel dans nos cœurs et la reconnaissance des humbles qui t’ont connu ne tarira jamais même lorsque tous les terroristes et leurs maîtres, les intégristes, auront fini leur macabre voyage dans la poubelle de l’Histoire.

Au nom de tes anciens camarades et amis, Nouredine Bouderba

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Sources: Raina


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TOUS LES COMBATS DE MADELEINE RIFFAUD

à l’occasion du 90 ème anniversaire de Madeleine Riffaud, j’ai écrit ce petit texte

Alain Ruscio

le 30 août 2014

Ce 23 août, Madeleine Riffaud – mais elle est, elle reste, pour des milliers de ses amis, Madeleine, tout simplement – a 90 ans. La connaissant, nous savons déjà que nous allons subir ses foudres, pour ne pas dire plus, de rappeler ce simple fait. «Je n‘ai jamais fêté mes anniversaires, ce n’est pas maintenant que je vais commencer». Et pourtant, Madeleine doit l’accepter: son destin appartient un peu à la grande communauté de ses amis, de ses camarades. Et nous avons bien le droit, nous, de saisir chaque occasion pour lui dire combien nous l’aimons, nous l’admirons.

Un jeune cinéaste franco-vietnamien, Philippe Rostan, avait réalisé il y a quelques années un film remarqué, «Les trois guerres de Madeleine Riffaud» (Résistance, Algérie, Vietnam). Nous pourrions ajouter: … et tout le reste, alors?

Elle a dix-huit ans lorsqu’elle établit le contact avec la Résistance à la Fac de Médecine de Paris. Elle y adopte le nom de guerre de Rainer (clin d’œil internationaliste au grand poète allemand Rainer Maria Rilke). Et son courage amène ses camarades de lutte à lui confier des missions de plus en plus périlleuses.

En 1944, alors que la Wehrmacht est partout en recul, la Résistance décide de franchir un cran dans la lutte armée dans la capitale, avant l’arrivée des troupes alliées. «Nous voulions que Paris se libère elle-même», rappelle-t-elle ( «Madeleine Riffaud toujours en Résistance» , film de Jorge Amat).

Elle est volontaire pour une mission périlleuse: abattre un officier allemand. Elle passe à l’acte sur le pont de Solferino.

«Neuf balles dans mon chargeur / Pour venger tous mes frères / Ça fait mal de tuer / C’est la première fois / Sept balles dans mon chargeur / C’était si simple / L’homme qui tirait l’autre nuit / C’était moi».

Arrêtée par un milicien, livrée à la Gestapo, torturée, condamnée à mort, elle échappe in extremis au peloton d’exécution, grâce à un échange de prisonniers. Cela se passe le 19 août, au moment précis où commence l’ultime combat pour la libération de Paris.

Madeleine, qui a rang d’officier FTP, rejoint son groupe, Saint-Just (quel plus beau nom trouver?), dont elle prend le commandement. Le 23 août, ce groupe prend d’assaut et bloque un train blindé allemand, au tunnel des Buttes-Chaumont. 23 août 1944? Le jour de ses vingt ans. Mais pour elle, pas de trêve: le 25 elle est, toujours à la tête de sa compagnie, à l’assaut du tout dernier bastion allemand, la caserne de la place de la République.

C’est ce jour-là que de Gaulle prononce sa célèbre phrase «Paris outragé! Paris brisé! Paris martyrisé! mais Paris libéré!… ». Libéré par son peuple, oui. Mais à ce moment Michel Tagrine, jeune héros FTP de 22 ans, compagnon d’armes de Madeleine, vient d’être fauché, l’un des derniers martyrs de la Libération.

Ce soir-là, raconte Madeleine, alors que tout Paris riait, nous, ses compagnons d’armes, pleurions comme des gosses… Cette première expérience exceptionnelle, cette Résistance d’une très jeune femme, sera plus tard contée par elle sous le titre «On l’appelait Rainer».

C’est ensuite, après la Libération, une nouvelle vie, le tourbillon un peu fou de la victoire, d’un début de célébrité. «Je suis tombée dans la légalité comme on plonge les fesses dans un seau d’eau froide», dit-elle (film Jorge Amat).

Elle rencontre les dirigeants du PCF, fait la connaissance d’Eluard, de Picasso (qui fera plus tard son portrait), d’Aragon, de Vercors, à qui elle voue depuis une grande admiration. Elle devient l’épouse de Pierre Daix, un autre héros de la Résistance, dont elle se séparera dès 1947.

Madeleine dit: «À cette époque, je ne savais que manipuler les armes». Trop de modestie! Il n’y a pas que cela: elle écrit. Des poèmes. Et magnifiquement. Son premier ouvrage, «Le poing fermé» , est préfacé par Paul Eluard.

Simultanément, elle choisit la carrière journalistique. Elle entre à «Ce Soir», alors l’un des grands quotidiens progressistes français, dirigé par Aragon. Elle y croise une grande, grande dame, qui sera d’une influence déterminante sur le cours de sa vie: Andrée Viollis, naguère auteure de «SOS Indochine» (1935).

Andrée Viollis lui présente alors Ho Chi Minh, en visite officielle en France pour tenter d’éviter le déclenchement de la guerre d’Indochine – ce qu’il ne parviendra pas à faire. Madeleine a gardé un souvenir ému de cette première rencontre (il y en eut tant d’autres!). L’oncle Ho lui dit: «Ma fille, le journalisme est un métier. Apprends, apprends, puis ensuite viens me voir dans mon pays». Ce qu’elle fit dix ans plus tard.

Entre temps, de «Ce Soir», elle est passée à «La Vie ouvrière», où elle participe, par la plume, aux campagnes de la CGT (appel de Stockholm, luttes contre la guerre d’Indochine, notamment lors de l’affaire Henri Martin).

Elle trouve pourtant, toujours, le temps de poursuivre une carrière littéraire ( «Le courage d’aimer» , recueil de poésies, «Les baguettes de jade» , récit romancé des rencontres faites avec la délégation vietnamienne, notamment du poète Nguyen Dinh Thi, lors du Festival de Berlin, en 1951).

La guerre «française» d’Indochine, justement, s’achève. Madeleine avait été de ceux qui, depuis le début, avaient soutenu l’indépendance du Vietnam, avaient prédit les impasses tragiques de la politique française. Dien Bien Phu leur donna raison.

Madeleine est volontaire pour partir, toujours pour la «VO», couvrir les tout premiers temps de l’existence du nouvel État indépendant vietnamien, installé à Hanoi. Mais aussi, pourquoi le masquer, pour retrouver Nguyen Dinh Thi. Elle passera là, sans doute, les plus belles années de sa vie, au milieu de ce peuple qui alors commence la reconstruction, croyant éviter une seconde guerre, contre les Etats-Unis cette fois.

Sa proximité avec Ho Chi Minh est une chose connue de tous. Pour beaucoup, Madeleine est un peu «la fille française de l’Oncle». Épisode heureux, épisode trop court. «Ta place est en France, pour y éclairer ton peuple, pour y participer aux luttes», lui dit alors Ho. Grandeurs et douleurs de l’engagement…

Nous sommes alors en 1956. Depuis deux ans, une nouvelle épreuve vient de commencer. L’aveuglement colonialiste, qui n’a aucune limite, amène les dirigeants français à engager le pays dans une nouvelle guerre, en Algérie.

C’est pour «L’Humanité», cette fois, que Madeleine va reprendre le combat. Elle intègre l’équipe prestigieuse de la rubrique internationale, dirigée par Pierre Courtade, où elle se fera des amitiés définitives, les si regrettés Yves Moreau, Robert Lambotte, Jean-Émile Vidal, François Lescure… Madeleine va partager tous les combats de ce journal.

De Paris, elle écrit des pages émouvantes (qui a pu oublier son «Adieu aux martyrs de Charonne»? ses polémiques, elle l’ancienne Résistante, avec l’ex collabo Papon, devenu préfet de police?).

Mais ce diable de femme n’aime que le terrain. Avec l’accord de son journal, elle part, clandestinement, en Algérie, avec les dangers encourus que l’on imagine, en cette période où les «ultras» de l’Algérie française haïssent les journalistes de métropole et tout ce qui ressemble à la gauche. Alors, une journaliste communiste…

Elle échappe d’ailleurs miraculeusement à un attentat de l’OAS mais est gravement blessée.

La guerre d’Algérie se terminant comme la précédente, en Indochine, par l’accès à l’indépendance du peuple colonisé, Madeleine est de retour à Paris.

Pas pour longtemps. Le cycle infernal des guerres menées par l’Occident contre la liberté des peuples ne cessant pas, c’est de nouveau sur le Vietnam que l’actualité braque ses projecteurs. Là, les Etats-Unis prenant le relais de la France coloniale – c’est l’époque où le monde ne voit que le beau sourire de Kennedy, oubliant un peu vite l’impérialisme américain–, ont décidé d’ériger une barrière «contre le communisme», en fait d’interdire au peuple vietnamien de s’unir et de choisir son destin.

Madeleine, qui a évidemment gardé le Vietnam au cœur, y repart, toujours pour «L’Humanité». Ce journal aura alors sur place un tandem d’exception: Charles Fourniau, historien devenu un temps journaliste, pour les analyses de fond, les éclairages indispensables, Madeleine Riffaud pour le vécu, la sensibilité. Madeleine l’intrépide est sur le terrain, parmi ses sœurs et ses frères vietnamiens, au sud «Dans les maquis Vietcong» (titre d’un ouvrage paru en 1965 reprenant ses reportages) ou «Au Nord-Vietnam: écrit sous les bombes» (autre ouvrage, 1967).

Ses reportages d’ailleurs dépassent largement le lectorat habituel de «l’Huma». Ses textes sont traduits dans plusieurs langues, les micros se tendent vers elle à chaque nouvelle étape de la lutte du peuple vietnamien.

Enfin, Madeleine ne sait pas seulement écrire: elle parle. Tous ceux (une génération entière!) qui sont venus l’écouter à la Mutualité raconter, toujours avec des détails choisis, significatifs, teintés souvent d’humour, le quotidien de la résistance du Vietnam, n’ont pu oublier la sensation de cette femme, apparemment frêle, à l’héroïsme (elle n’aime pas, mais pas du tout, le mot) tranquille, parlant simplement des dangers encourus.

Cette phase américaine de la guerre du Vietnam s’achève en 1975. Madeleine, à sa place, celle d’une journaliste-écrivain-témoin d’exception, y a contribué. Les «trois guerres de Madeleine Riffaud» s’achèvent. On pourrait plus précisément dire les «trois victoires partagées»

Madeleine continue ensuite ses combats humanistes de mille manières. L’une d’entre elle est de se couler incognito, durant plusieurs mois, dans la peau d’une aide-soignante, de connaître là encore de l’intérieur le travail, les luttes, les espoirs et parfois les désespoirs du personnel hospitalier. Au terme de cette expérience naîtra un livre-choc, lu encore aujourd’hui, sur la vie quotidienne de ces autres héroïnes, «Les linges de la nuit» .

Même si les années ont passé, elle est encore et toujours active. L’un des derniers témoins de la Libération de Paris, elle est très sollicitée, en ce 70 ème anniversaire de ce grand événement. Et le Vietnam, toujours, la taraude…

On l’a vue il y a quelque temps, sur le parvis des Droits de l’Homme, aux côtés d’Henri Martin, dénoncer les effets terribles de l’Agent orange, aujourd’hui encore, sur les enfants de ce pays.

Elle était présente, parlant debout, droite, une heure durant, lors de la soirée d’hommage qui fut rendue récemment au Centre culturel vietnamien, à elle-même, à Raymonde Dien elle aussi présente, et à Henri Martin.

Alors, oui, nous savons que nous allons nous faire houspiller. Mais nous prenons le risque de dire, avec tant d’autres: «Bon anniversaire, Madeleine» .

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LES TROIS GUERRES DE MADELEINE RIFFAUD

film de Philippe Rostan

2010

extraits – 12:21

Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale puis journaliste engagée sur le front de la décolonisation, Madeleine Riffaud raconte ses engagements qui la mèneront à couvrir trois guerres: Indochine, Algérie, Vietnam.

Ce film a remporté une Etoile de la Scam en 2011

et le Grand Prix du Film Documentaire au Festival d’Alger en 2012

Les_3_guerres_de_Madeleine_Riffaud_extraits.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=nDlpq93VosU

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PERQUISITIONS


Merci au visiteur de socialgerie de nous avoir adressé ce texte de juin 2006 de Mohamed Chouieb

texte de nouveau et terriblement en pleine actualité

socialgerie, le 11 août 2014


mardi 4 juillet 2006

par Mohamed Chouieb

www.reseauxcitoyens-st-etienne.org

Collectif Liberté Justice Palestine

Jeudi 29 juin 2006 : sur un ton détaché, une voix, je dis une voix car je ne sais même pas s’il y a un être humain derrière elle, évoquait sur France Info l’agression israélienne contre la population de Ghaza. Visiblement déçue de ne pas pouvoir annoncer que des dizaines de cadavres de Palestiniens sont en train de joncher le sol de cette cité martyre, la voix expliquait que Tsahal (l’armée israélienne d’agression et d’occupation pour ce qui ne la connaissent pas par son petit nom) était en train d’effectuer « seulement » des perquisitions.

Quelle banalité et quelle légèreté pour évoquer une chose dont seuls ceux qui ont pu la subir peuvent connaître la terrible violence!

Seulement des perquisitions…

Je me revois enfant pendant la guerre d’Algérie dans ma petite ville de Djidjelli, aujourd’hui Jijel, Petite Kabylie de Babors, un jour d’attentat.
Hurlements de sirènes, fuite éperdue des gens, chacun en direction de son domicile avant que les portes des trois lignes de barbelées entourant la ville ne se referment les unes après les autres. Gare à ceux qui seront pris dans la nasse! Ils sont passibles de tout, responsables de tout! Le tabassage, la prison, la torture et parfois, la mort.

En quelques minutes, il n’y plus personne dans les rues ni dans aucun quartier.

Un silence de mort s’abat sur la ville. Le jour devient nuit, la nuit devient cauchemar. Quelques dizaines de minutes ou des heures peuvent passer, et qui nous semblent une éternité, avant que les bruits de moteurs de camions, des chenilles des engins blindés, les aboiements des chiens policiers et les vociférations de la troupe ne prennent possession de la rue. Et soudain, les martèlements des crosses des fusils contre les portes des maisons et les cris des gens.

Terrés, chacun dans son coin, nous attendions notre tour sans jamais savoir, jusqu’à la fin de la guerre qu’est-ce qu’il fallait faire : verrouiller ou déverrouiller la porte? Si on la verrouille, gare à celui qui ira ouvrir, car Il recevra les coups de crosse des assaillants. Si on la déverrouille, c’est parfois pire, cela veut dire qu’on a laissé la porte ouverte pour pouvoir accueillir facilement les fuyards.

Tout d’un coup, c’est chez nous que ça cogne! un adulte va ouvrir (on habitait toujours à plusieurs familles dans la même maison): irruption d’une demi-douzaine de soldats, bousculant, frappant la personne qui ouvre, vociférations, insultes, fouille. Les petits qui pleurent avec les mamans qui tentent de les calmer .

La perquisition dure quelques minutes et se termine systématiquement par la rafle des adultes, emmenés pour des « vérifications » qui s’effectuent généralement dans le stade municipal où tous les hommes de 16 à 70 ans se retrouvent parqués et confrontés à des indicateurs encagoulés avec des sacs de jute.

Mon père, mon oncle, les voisins arrêtés, nous faisons le point des dégâts.

L’absence de mobilier faisait que les militaires s’acharnaient sur les seuls bien que nous possédions : les jarres de graines de couscous, d’huile d’olive et de viande séchée ainsi que les matelas et couvertures. Combien de couscous perdu parce que mélangé avec l’huile qui s’est renversée, est-ce que les matelas se sont déchirés, est-ce que le pétrole qui s’est échappé de la lampe quand elle a été cassée a souillé la semoule?

Lorsque la perquisition s’est déroulée de jour, il faudra attendre les coups de sirène annonçant la levée du couvre-feu pour pouvoir sortir prendre des nouvelles des autres maisonnées. Si c’est la nuit, il faudra attendre jusqu’au matin dans l’angoisse d’un retour des militaires.

Pendant ce temps, les vérifications et les interrogatoires continuent dans le stade et peuvent durer deux journées entières, sans nourriture et sans eau pour les prisonniers. Et puis, on les voit rentrer un à un, hagards, épuisés physiquement, humiliés et vidés moralement par ce qu’ils ont subi et par la peine qu’ils ont pour ceux qui ne sont pas revenus. Car il y a toujours dans ces cas-là, dix à vingt personnes qui sont transférées à la DOP pour interrogatoire poussé, appelé plus communément torture et dont certains, comme deux de nos voisins, ne reviendront jamais.

J’ai lu des articles de journaux décrivant les perquisitions et les rafles en Palestine. Mon Dieu! Quelle similitude avec les méthodes de la guerre d’Algérie! On voit bien que la France ne s’est pas seulement contentée de vendre la technologie de la bombe atomique ou des Mirages à Israël!

J’ai su qu’Israël utilise une méthode qui n’a été mise au point que pendant les trois dernières années de la guerre d’Algérie: au lieu de rafler les hommes directement dans les maisons, les militaires se sont mis à sillonner la ville avec des voitures munies de haut-parleurs en demandant à tous les hommes de 16 à 70 ans de se rendre le plus vite possible au stade municipal. Et la perquisition ne venait qu’après.

Avantages de cette méthode :

  • moins de véhicules et de soldats pour transporter les hommes vers le lieu de détention,
  • efficacité de la perquisition avec des familles ne comportant que des femmes, des enfants et des vieillards,
  • et surtout, culpabilité et donc souvent la mort, pour toute personne qui n’a pas exécuté l’ordre de rassemblement et qui a tenté de se cacher.

Cette manière de procéder nous a fait beaucoup de mal et s’est révélée être d’une efficacité et d’une brutalité redoutables car elle exonérait les militaires de tout cas de conscience au nom de la logique suivante : qui veut se soustraire à la rafle est forcément coupable.

C’est comme ça que se déroule une simple perquisition effectuée par un oppresseur face à un peuple désarmé qui se bat pour sa liberté.

La voix de France Info peut bien en parler sur un ton détaché. Ce n’est qu’une perquisition…

Mohamed Chouieb.

Sources www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/

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ABÉCÉDAIRE DE LA BARBARIE JUDÉO-ANGLO-SAXONNE (2)

blog braniya chiricahua

le 17 août 2014

Oliver Cromwell, promoteur historique de l'alliance judéo-anglo-saxonne

YES WE KILL

E : EXCEPTIONNALISME

L’actuel président des USA a, dans un discours récent, rendu un hommage lyrique à «l’exceptionnalisme américain» (sic). Les USA seraient donc une nation d’exception. Qu’est-ce à dire? Sans doute, Obama a-t-il pensé à sa propre trajectoire politique qui a permis à un métis comme lui (il n’est pas un Noir américain au sens propre mais le rejeton d’une yankee bien blanche, ethnologue employée de la CIA, et d’un kényan) de devenir chef de l’état raciste et ségrégationniste à l’endroit des Noirs qu’ont été -et que demeurent- les USA. Qu’un Noir américain soit en mesure d’accéder aux plus hautes fonctions de l’état par son mérite seul et par ses propres moyens, est une plaisanterie. Le choix du président US se règle dans les coulisses de «l’état profond» (Peter Dale Scott) qui, à l’occasion, n’hésite pas à se débarrasser de lui (JFK).

Cela étant, les dirigeants yankees, gorgés de références bibliques, se sont de tout temps regardés comme l’incarnation de la liberté guidant le monde, alors qu’ils n’ont fait que réaliser ce que Hegel nommait «la bête sauvage» , c’est-à-dire une société civile réduite au libre jeu des intérêts économiques individuels. La loi de la jungle, en d’autres termes.

Nation d’exception les USA? sans doute: au sens où elle a accompli un plurigénocide de nations indiennes, qu’elle a été la seule à atomiser des civils, qu’elle prétend au rôle de gendarme du monde, qu’elle fait payer aux peuples du monde son invraisemblable dette (18 000 milliards de $), qu’elle impose son dollar-monnaie de singe comme équivalent universel…

Entre «nation d’exception» et «peuple élu», le monde a vu se former ce continuum judéo-yankee qui se pose, avec quelle arrogance! au-dessus de l’humaine condition, un monstre cupide et sanguinaire, fauteur de troubles et de guerres : l’empire du mal, assurément. (S’appuyant sur une lecture eschatologique du Coran et de la Sunna, l’érudit musulman cheikh Imran Hussein estime qu’à cette alliance démoniaque doit s’opposer une alliance de musulmans et de chrétiens orthodoxes, la Russie en étant la pièce maîtresse.)

Dick Cheney

F : FALLOUJA

Ci-dessous,

le quarteron

d’assassins

de l’Irak

Donald Rumsfeld

De l’araméen Pallugtha, Fallouja, ville irakienne, est située à 70 km à l’ouest de Baghdad.

Elle compte plus de 300 000 habitants.

Lors de la première agression contre l’Irak

(dite pudiquement «guerre du golfe»),

l’aviation yankee avait bombardé un marché de Fallouja et fait 1360 morts.

Un carnage dont les habitants se souviendront.

Après la deuxième agression contre l’Irak (2003),

une voiture blindée de mercenaires

de la société yankee Blackwater

est prise à partie par la foule;

les occupants, des mercenaires-tueurs, sont lynchés et pendus.

L’armée yankee va assiéger la ville pendant deux mois

(avril, mai 2004),

bombardant la population et faisant des milliers de victimes civiles.

G.W. Bush

En novembre 2004, G.W. est réélu:

aussitôt, les yankees repartent à l’assaut de Fallouja,

utilisant toutes les armes,

y compris celles à uranium appauvri:

les ONG estiment à 6000 le nombre de civils tués.

Plus grave: Dans les années qui suivirent,

le nombre de cancers et de malformations congénitales a explosé.

Paul Wolfovitz

La journaliste Angélique Férat,

qui a enquêté sur place,

affirme que chaque famille de Falloujah a son

«bébé monstre».

C’est là le résultat de l’utilisation des armes sataniques

que les yankees expérimentent sur les populations.

Comme au Viet-Nam où l’utilisation des défoliants, comme l’agent orange, continue de produire des malformations chez les nouveaux-nés.

Comme au Japon.

L’empire du mal, on vous dit.

G : GAZA

Javier Bardem et son épouse Penelope Cruz

Du cananéen Gazza qui veut dire «forteresse»; la fondation de la ville remonterait au règne du pharaon Thoutmôsis III (vers – 1400).

La ville tire son importance stratégique du fait qu’elle est la porte du Sham, le Levant.

Elle sera prise par les Philistins qui s’installeront dans l’espace compris entre Gaza et Jaffa.

Ce sont les Romains qui donneront le nom de Palestine à cette région.

Conquise en 634 par les Arabes et islamisée, prise par les Croisés, reprise à ces derniers par Saladin, tombée entre les mains des Mameluks puis dans celles des Ottomans, Gaza sera conquise par les Britanniques en 1917, qui l’évacueront en 1948.

De 1948 à 1967, elle est administrée par l’Égypte.

Occupée par les hordes sionistes en 1956 (lors de l’agression tripartite contre l’Égypte); à nouveau occupée en 1967 par les mêmes, Gaza sera évacuée par les sionistes en 2005.

Depuis lors, la cité voit se répéter contre elle les attaques d’une sauvagerie rare des indus-occupants de la Palestine: 2008, 2012, 2014.

Les dirigeants criminels de l’état juif ne savent plus quoi faire de cette ville indomptable.

Leur ministre des AE propose officiellement de «la traiter comme les Américains ont traité le Japon», c’est-à-dire de la raser par le feu nucléaire.

Aucun dirigeant du monde dit civilisé n’a condamné ces propos de A. Liberman, juif moldave arrivé en Palestine occupée en 1978, videur de boîte de nuit, qui entend bien faire un holocauste d’Arabes palestiniens. À tout le moins de les déporter.

Avoir un «ministre» de cet acabit, vous situe avec précision sur l’échelle de la barbarie. Au sommet.

H : HIROSHIMA

http://www.english.illinois.edu/maps/poets/g_l/levine/bomb/nag2.jpg

Nagasaki – 10 août 1945

Le 06 août 1945, les USA larguaient la première bombe atomique sur une population civile à Hiroshima. 140 000 morts sur l’instant; 200 000 quelques jours plus tard.

Ce crime monstrueux sera suivi 3 jours après par le second du même type: une autre bombe atomique sur des civils à Nagasaki: 70 000 morts.

C’est un président -petit boutiquier propriétaire d’une mercerie dans le Missouri avant qu’il n’embrasse la politique, H. Truman-, qui, effrayé par les pertes subies par ses «boys» face aux Japonais, a donné l’ordre d’utiliser le feu nucléaire, alors que les savants atomistes concepteurs de la bombe (Léo Szilard, Oppenheimer, Einstein, Henrico Fermi, les trois premiers étant tous Juifs, le 4° marié à une juive …) le pressaient de l’utiliser contre les Allemands: ils n’avaient pas compris qu’on ne traite pas un cousin germain comme on traite un Japonais (ou un Coréen, ou un Vietnamien).

Fermi et Einstein tentèrent ensuite de se refaire une virginité morale en se proclamant pacifistes! Quant au boutiquier Truman, il ne figurait pas au tribunal de Nuremberg en tant qu’accusé de crime contre l’humanité.

I : INDONESIE

ONU - Octobre 1960 - Mouvement des non alignés: de G à D: Présidents Nehru/Inde, N'Krumah/Ghana,  Gamal Abdel Nasser/Egypte, Soekarno/Indonésie, Tito/Yougoslavie

Dans les années 60, l’Indonésie, dirigée depuis l’indépendance -obtenue en 1945 contre la Hollande, pays colonisateur-, par Soekarno -le père de cette indépendance-, connut un coup d’état particulièrement sanglant.

Soekarno, fondateur du mouvement des Non-Alignés (1955) avec Nasser et Nehru, disposait du soutien du puissant parti communiste indonésien (PKI).

En 1965, une intense campagne de la presse internationale est déclenchée: le PKI y est accusé de préparer un coup d’état contre Soekarno et il est question d’un bateau d’armes destinées aux communistes et provenant de Chine.

Le général Suharto renverse alors (en deux étapes) le président Soekarno et entreprend une sanglante répression contre le PKI qui ne s’achèvera que dans les années 90.

On estime le nombre de communistes et sympathisants assassinés à 500 000. Dans les rues de Djakarta, on a vu les soudards de Suharto jouer à la balle-au-pied avec des crânes de communistes.

À la fin des années 80, un officiel de la CIA révélait fièrement que c’est son agence qui avait monté toute l’affaire, qu’il n’y avait jamais eu de bateau chinois plein d’armes, que le PKI était l’exemple même de la loyauté envers Soekarno.

Le crime avait été rendu possible par la conjonction de deux facteurs humains: une armée félonne et des médias criminels.

La technique du rouleau-compresseur médiatique écrasant tout sous une avalanche de mensonges éhontés sera dupliquée au Chili (1973) contre l’ Irak (2003) et, sous nos yeux en Ukraine contre la Russie.

Suharto, la marionnette tueuse des yankees, régna de 1966 à 1998 et plongea le pays dans une mer de sang et de corruption.

J : JUIF

Shlomo Sand

Juif, le mot-piège: le terme désigne-t-il l’adepte d’une religion, le judaïsme, ou bien l’appartenance à une race (ou une ethnie), le récipiendaire d’une culture ou encore une nationalité?

La polysémie du terme crée une ambiguïté qui autorise toutes les approximations, toutes les confusions et, partant, tous les interdits.

Pour les tenants du sionisme, les Juifs appartiennent à un même peuple, Israël, établi sur la terre d’Israël (confusion fructueuse entre un peuple et une terre), ayant en partage une langue -l’hébreu- et une religion -la religion mosaïque.

Ce peuple aurait été dispersé par les Romains en l’an 70 et il a donc vocation à retourner chez lui, sur sa terre.

Les études scientifiques contemporaines infirment toutes la légende d’un peuple juif constitué de toute éternité ainsi que les mythes et les grossiers mensonges bibliques.

Les fouilles archéologiques (menées par l’entité sioniste elle-même) ont ruiné la fabuleuse histoire d’un soi-disant royaume de David et de Salomon et l’historiographie postsioniste contemporaine a rappelé que les Romains n’ont jamais expulsé les habitants de la province de Judée.

Exit la diaspora et exit la sinistre «loi du retour» (en vertu de quoi tout juif dans le monde est chez lui dans l’état sioniste).

Il est bien évident que la prétendue diaspora est le résultat d’un prosélytisme juif très actif. Deux simples exemples à ce titre:

  1. la conversion du royaume khazar (aux confins du Caucase, au 8° siècle), dont les ressortissants donneront les Juifs ashkénazes (9 Juifs sur 10 dans le monde sont des ashkénazes);
  2. la conversion de Berbères nord-africains qui donneront les juifs sépharades (lesquels passeront en Espagne et au Portugal à la faveur de la conquête musulmane).

L’historien Shlomo Sand (université de Tel-Aviv) a synthétisé toutes ces données dans un livre percutant: Comment le peuple juif fut inventé.

À ces faits historiques bien établis, la Hasbara sioniste et yankee a tenté de riposter en excipant d’études de génétique des populations qui prouveraient l’origine unique des Juifs du monde.

Voici ce que leur répond Shlomo Sand:

«Il s’agit d’une amère ironie de voir les descendants des survivants de l’Holocauste se mettre à la recherche d’une identité juive biologique: Hitler aurait certainement été très heureux! Et c’est d’autant plus répugnant que ce type de recherche est effectuée dans un État qui a mené pendant des années une politique déclarée de “judaïsation du pays” dans lequel, aujourd’hui encore, un Juif n’est pas autorisé à épouser un non-Juif.»

Et, en 2013, S. Sand fait paraître un livre qui porte le titre: “Comment j’ai cessé d’être juif.”

Il y est dit: «Supportant mal que les lois israéliennes m’imposent l’appartenance à une ethnie fictive, supportant encore plus mal d’apparaître auprès du reste du monde comme membre d’un club d’élus, je souhaite démissionner et cesser de me considérer comme juif.»

Ou comment retrouver l’universalité humaine.

Le Duc Tho 1973

K : KISSINGER

Juif allemand émigré aux USA dans les années 30, secrétaire d’État de Nixon, il organisa personnellement le coup d’État contre S. Allende au Chili. Son instrument fut l’armée félonne de ce pays et -comme il le déclarera lui-même- les médias («Chaque journaliste a son prix», disait-il) qui menèrent une énorme campagne mensongère contre Allende.

Poursuivi en France pour enlèvement et assassinat, il a dû détaler de son hôtel parisien en cachette. Il sera, malgré tout, nobélisé pour avoir négocié avec les combattants vietnamiens.

Le chef de la délégation nord-vietnamienne et ministre des Affaires étrangères, Le-Duc-Tho, refusera le prix nobel, indigné que son nom figure à côté de celui du grand criminel (ce que n’osera pas faire Y. Arafat qui a accepté que son nom soit accolé à celui de Shimon Péres, autre grand criminel et contorsionniste perfide qui a l’art de se faire passer pour une conscience morale).

Kissinger se rappelle à notre bon souvenir à l’occasion des récents événements d’Irak: il s’agit du phénomène EIIL (l’État islamique en Irak et au Levant) qui vient de conquérir en quelques jours plus de la moitié du territoire irakien -une avancée fulgurante qui laisse les observateurs perplexes.

Si l’on voulait bien se souvenir d’une déclaration de Kissinger -en substance, il disait que les USA déclencheront, quand ils l’estimeront opportun, la guerre de 100 ans au Moyen-Orient-, le phénomène trouve une explication: par «guerre de 100 ans», Kissinger a expliqué qu’il s’agissait d’une guerre entre sunnites et chiites.

L’EIIL, instrument israélo-saoudo-yankee pour empêcher que se forme le si redouté «arc chiite» (Iran-Irak-Syrie-Sud-Liban)?

Sources: braniya blog

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ABÉCÉDAIRE DE LA BARBARIE JUDÉO-ANGLO-SAXONNE (3)

blog braniya chiricahua

le 23 août 2014

Blindé ukrainien en Irak

L : « LIBERTY »

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L’affaire eut lieu durant ce qu’il est convenu d’appeler «guerre des six jours». L’appellation qui suggère une supériorité prodigieuse de l’entité sioniste sur ses ennemis arabes, a été, en réalité, une agression minutieusement et longuement préparée avec l’allié yankee.

L’objectif principal (mais non le seul) poursuivi était de régler son compte à l’Égypte (que n’avait pas fait plier l’agression tripartite de 1956).

Le 8 juin 1967, le navire espion yankee, USS LIBERTY, naviguait au large de Gaza quand il fut attaqué par des avions de chasse (des Mirage III) appartenant à l’entité sioniste. Le navire US était pourtant bien identifié, reconnaissable à sa forêt d’antennes et à l’absence de tourelles armées. De plus, il arborait une immense bannière étoilée. Qu’importe. Les Mirage et les Super Mystère s’acharnèrent sur lui, au napalm et aux roquettes. Puis, ce fut le tour des vedettes lance-torpilles -trois- qui achevèrent le travail sans toutefois réussir à l’envoyer par le fond, ce qui était le but recherché: il s’agissait de ne pas laisser de témoins. Pour preuve: le commandant du Liberty ayant ordonné d’abandonner le navire, on chargea les blessés sur les trois canots de sauvetage qui restaient: les vedettes les arrosèrent de balles et emboutirent l’un d’entre eux.

Crimes de guerre.

L’attaque a duré 75 mn.

Pendant ce temps, la VI° flotte US (à laquelle appartenait le Liberty), alertée, avait envoyé une escadrille de chasse (depuis l’USS SARATOGA) à la rescousse du bateau espion. Le secrétaire d’état Robert McNamara donna alors, depuis le Pentagone, un contre-ordre.

Deuxième tentative du Saratoga: même contre-ordre de McNamara.

Troisième tentative de sauvetage: cette fois-là, c’est le Président en personne qui intima l’ordre au Saratoga de ne rien faire! Incroyable mais explicable quand on sait que le président s’appelait Lyndon Baines Johnson (LBJ pour les intimes). LBJ avait, en effet, un très gros bœuf sur la langue: lui, la mafia juive US et l’entité sioniste étaient mêlés à l’assassinat de JFK (cf la lettre R). Ce n’est par hasard que la guerre contre les pays arabes fut programmée durant son mandat!

Le Liberty parvint à rejoindre la VI° flotte, escorté et protégé par… une escadre soviétique. À son bord, 34 morts et 171 blessés.

Le gouvernement yankee étouffa l’affaire et fit semblant de se contenter des explications sionistes: une méprise, dirent-ils, on pensait qu’il s’agissait du bateau égyptien El Quseyr (un vieux cargo délabré servant au transport des canassons!). Cynisme absolu.

Les survivants du Liberty attendent toujours du Congrès une enquête sérieuse qui leur rendrait justice.

Un dernier détail: qui a donné ordre aux hordes sionistes de détruire le Liberty? Les chercheurs ont la certitude qu’il s’agit, non pas du ministre de la Défense (Moshe Dayan), mais bien du chef d’état-major général, un certain Itshak Rabin (le vautour déguisé en colombe qui donna l’ordre aux sinistres garde-frontières de casser au gourdin les bras des enfants lanceurs de pierres, lors de la première Intifadha.)!

Mais pourquoi, se demandera-t-on, les sionistes ont-ils osé un pareil crime?

  1. Parce qu’ils ne voulaient pas être écoutés (même par leurs fidèles alliés);
  2. parce qu’ils savaient que quoi qu’il advienne, LBJ les couvrirait.

M : McNAMARA ROBERT

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Il fut le secrétaire US à la Défense qui resta le plus longtemps en poste; en effet, il sévit sous les mandats de JFK et LBJ, soit de 1963 à 1968. Brillant étudiant de Berkeley et de Harvard, il choisit, comme de bien entendu dans ce pays où le Capital domine sans partage et impose sa pseudo-science boutiquière -entendre la soi-disant science économique-, il choisit donc le management.

Dans l’entendement yankee, un diplômé en management est un généraliste qui peut diriger n’importe quelle entreprise.

C’est ainsi que MN passa de la direction des usines Ford au Pentagone, puis à la Banque mondiale, après avoir conçu un traitement aux bombes incendiaires qui fit plus de 100 000 morts en une nuit et détruisit 67 villes au Japon, durant la Seconde guerre mondiale.

Mais son nom reste indissolublement lié à la guerre d’agression contre le Viet-Nam , particulièrement aux opérations barbares: usage des défoliants et bombardement du Nord Viet-Nam (campagne dite Rolling thunder, Tonnerre-qui-roule), durant lesquelles l’aviation US déversa plus de bombes sur le Viet-Nam que n’en a reçu l’Europe entière durant toute la Seconde guerre mondiale.

Rien n’y fit. L’aviation US y perdit quelque mille avions, abattus par la DCA vietnamienne et les yankees durent se rendre à l’évidence: cet incroyable peuple ne mettra pas genou à terre. McNamara fut limogé.

À la fin de sa vie, il se rendit en visite à Hanoï, à l’invitation d’anciens responsables vietnamiens. Il écrivit: «Je n’avais jamais été en Indochine. Je n’en connaissais ni l’histoire, ni la langue, ni la culture, ni les valeurs. Mes collègues et moi décidions du destin d’une région dont nous ignorions tout».

Sages paroles, Bob! C’est, mutatis mutandis, ce que disait le ministre de l’Information de Saddam Hussein, le jour même de l’entrée de vos troupes à Baghdad, en 2003, dans un meeting populaire tenu en pleine rue, sous les bombardements: «N’ayez pas peur d’eux! Ce ne sont que des ânes sauvages!».

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R : RUBY

Jack Ruby est cet homme qui tua l’assassin présumé de JFK -Lee Harvey Oswald-, dans les sous-sols du commissariat de police de Dallas, 2 jours après le meurtre du président.

Qui est Ruby? De son vrai nom Jacob Léon Rubenstein, il était le fils d’immigrants juifs polonais et appartenait à la mafia juive. Propriétaire de boîtes de nuit à Dallas, il était très introduit dans les milieux policiers (ce qui explique sa présence -incongrue- dans le commissariat de la ville, ce 24 novembre 1963).

Condamné à mort, il mourra opportunément d’un cancer généralisé. Les différentes enquêtes menées sur l’assassinat de JFK ont «omis», jusqu’à présent, de scruter la piste de l’implication de la mafia juive, ce qu’aurait dû leur suggérer normalement l’assassinat du coupable présumé par un membre de cette même mafia. Non, ils préférèrent gloser à perte de vue sur la mafia italienne ou cubaine. Opération de diversion classique.

Aujourd’hui, des chercheurs sérieux -et courageux!- rappellent certains éléments d’appréciation (connus pourtant à l’époque):

  1. les relations entre Ben Gourion (1er ministre de l’état sioniste) et JFK étaient exécrables. Il faut rappeler le contexte de l’époque: on était aux lendemains de l’agression tripartite (France-Grande-Bretagne-état sioniste) contre l’Égypte, attaque stoppée net par un ultimatum conjoint de l’URSS et des USA (Khrouchtchev et Eisenhower) adressé aux agresseurs et les menaçant de l’utilisation de l’arme nucléaire. On imagine la frustration et la haine des sionistes contre les yankees -de l’URSS, ils n’avaient rien à attendre.
  2. JFK était décidé à empêcher l’état sioniste de fabriquer la bombe atomique (dont la technologie lui avait été gracieusement offerte par la France socialiste de Guy Mollet) et s’apprêtait à envoyer une équipe d’inspecteurs contrôler le site nucléaire de Dimona.
  3. JFK avait lui-même raconté qu’il avait décliné l’offre des milieux juifs américains qui lui avaient proposé de financer sa campagne électorale pour la présidence.
  4. JFK avait interdit d’activité le puissant groupe de pression et réseau d’influence juif (et qui deviendra après la mort de JFK, l’AIPAC).

Voilà qui n’est pas peu de chose! Surtout quand on connaît la suite:

  1. LBJ -dont le rôle dans l’assassinat de JFK a été essentiel- devenant, ipso facto, président, les conjurés avaient la garantie de l’impunité. La visite de contrôle à Dimona est alors organisée «entre amis» et les inspecteurs yankees ne trouvent évidemment rien à redire.
  2. Trois ans plus tard, l’état sioniste «remet ça» avec l’Égypte : ce sera l’attaque perfide du 05 juin 1967.

L’assassinat de JFK marque l’entrée en scène de ce contre quoi mettait en garde Eisenhower (Ike pour les intimes) -le prédécesseur de JFK à la présidence-: le danger très grave que représentait le «complexe militaro-industriel» pour les institutions US.

Aujourd’hui, il apparaît clairement que l’assassinat de JFK était le fait d’un CMI bien plus complexe et puissant que ce que pouvait imaginer Ike:

les trusts pétroliers + les marchands de canons + les services de renseignement (CIA, NSA, FBI dont l’inamovible directeur Edgar Hoover, un psychopathe, vouait une haine inextinguible aux Kennedy) + réseaux d’influence sionistes juifs et chrétiens.

C’est ce conglomérat que Peter Dale Scott nomme «l’état profond» qui dirige de fait les USA.

De quoi avoir légitimement froid dans le dos.

S : SABRA & CHATILA

1982 Sabra et Chatila

En préambule à un article du quotidien «Le Monde» (reproduit dans ce blog; cf. «Ces assassins que craignent les panthères», septembre 2012), j’écrivais :

«Il est recommandé aux visiteurs du site d’avoir un estomac bien accroché s’ils veulent lire sans (trop) de dommages psychologiques ces échanges entre les bouchers de l’état juif (Ariel Sharon, Ishak Shamir, Raphaël Eytan) qui ne désirent rien d’autre que du sang arabe, encore plus de sang arabe, et un ambassadeur américain veule et lâche (Morris Drapper). Dégoût et horreur. À ceux, par ailleurs, qui croient encore que les USA sont les maîtres et protecteurs de l’état sioniste, cette lecture remettra les choses en place.

Rappelons certains prolégomènes à cet événement: en 1975, éclate la guerre civile au Liban; elle oppose le camp dit palestino-progressiste (Gauche libanaise et OLP) à la droite fasciste chrétienne-maronite (Phalanges et Forces libanaises).

Le camp progressiste allait l’emporter facilement quand l’armée syrienne intervint -sur ordre de Hafedh El Assad- pour écraser les forces progressistes dans le camp de réfugiés palestiniens de Tell-Az-Zaatar, et rétablir la suprématie maronite.

En juin 1982, l’armée sioniste envahit le Liban pour finir le travail de Hafedh El Assad. Elle installera Bachir Gemayel (chrétien maronite, fils du fondateur des Phalanges) comme président.

C’est dans ce contexte qu’eurent lieu les massacres de Sabra et Chatila: les milices fascistes chrétiennes sous les ordres d’Ilyès Hobeika, Fadi Fram et Saad Haddad, protégées et guidées par l’armée sioniste, pénètrent dans les camps que les combattants palestiniens avaient évacués, conformément à l’accord passé avec les yankees qui ont donné l’assurance qu’ils protégeraient les camps.

Carnage innommable de lâcheté.

Plus de 2000 palestiniens tués.

Dans les deux camps, il n’y avait que des femmes, des vieillards et des enfants: les femmes furent violées, les enfants et les vieillards, tués.

Comment peut-on faire confiance à la parole des Anglo-saxons?

À l’ONU, les puissances occidentales empêchent la condamnation de ces massacres. Quelques jours plus tard, l’armée sioniste quitte le Liban.

Les téléspectateurs de l’époque se souviennent encore de ce spectacle grandiose: les blindés de «l’armée la plus morale du monde» (dixit le grand penseur que le monde entier envie à la France, Jean-Baptiste Bothul) chargés de tonnes de… réfrigérateurs, téléviseurs, postes de radios et autre électroménager, fruit du pillage de Beyrouth.

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U : UKRAINE

Après la chute du Mur de Berlin, les yankees et les Anglais convinrent avec les soviétiques que la guerre froide était terminée et qu’il fallait, dans la foulée, en finir avec les pactes agressifs, OTAN et Pacte de Varsovie.

Gorbatchev tint parole et prononça la dissolution du Pacte de Varsovie.

Bien entendu, les yankees n’en firent rien de leur côté! (Allez croire les Anglo-saxons sur parole…). Bien au contraire, ils allaient profiter de l’effondrement de l’URSS pour incorporer les anciens états d’Europe de l’est à l’OTAN.

Il ne resta plus que l’Ukraine. Berceau de la Russie, créée par les Vikings sous le nom de Rus ou Ruthénie, l’Ukraine passa aux mains des Tatars mongols, puis de la Pologne-Lituanie. Catherine II occupa et russifia toute sa partie orientale, au 18° siècle.

Après la 1ère guerre mondiale, les communistes prirent le pouvoir à Kiev et proclamèrent le rattachement à l’URSS.

Durant la Seconde guerre mondiale, une armée de 220 000 hommes fut formée dans les provinces occidentales de l’Ukraine (en Galicie, principalement, qui a longtemps fait partie de la Pologne). Cette armée se battra aux côtés des nazis, sous la bannière de la Waffen SS et se rendra responsable des pires atrocités en Ukraine et en Russie.

Zbigniev Brezinski (Polonais d’origine et vouant une haine viscérale à la Russie) a énoncé l’axiome: pour empêcher la Russie de redevenir une grande puissance, il faut à tout prix lui soustraire l’Ukraine.

Les yankees s’efforcent avec détermination de réaliser cet objectif en incorporant l’Ukraine à l’Union européenne, première étape de son intégration à l’OTAN.

Ce qui serait un casus belli (que se passerait-il si la Russie installait, par un coup d’état, un régime à sa dévotion au Mexique?).

Saisis d’hubris, les yankees et leurs supplétifs (dont les plus aboyeurs sont les Polonais) paraissent avoir perdu le sens des réalités.

Les médias occidentaux, en proie à une véritable hystérie, sombrent dans le ridicule le plus éhonté en s’acharnant à rééditer la technique du rouleau compresseur: taper sur Poutine (comme ils l’ont fait pour Saddam Hussein) afin de masquer les enjeux réels de l’affaire et de la ramener à l’existence d’un trublion rétrograde sans lequel tout irait bien dans le meilleur des mondes.

Sauf qu’en l’occurrence, la Russie n’est pas l’Irak. Les roquets (franco-polonais) qui jappent, cachés derrière le molosse yankee, feraient bien de s’en souvenir.

L’OTAN -qui voyait déjà la flotte yankee mouillant dans Sébastopol- a reçu dans les gencives la réponse foudroyante de la Russie: le retour -organisé de magistrale façon- de la Crimée dans le giron de la mère-patrie russe.

De leur côté, l’UE et les USA, pour avoir décidé des sanctions économiques, voient la Russie leur rendre la monnaie de leur pièce: leurs produits agricoles n’entreront pas en Russie.

Maintenant, si les yankees s’aventurent sur le terrain militaire… Exclu!

Ils ne sont forts qu’avec les faibles, Irak, Afghanistan, Grenade, etc., comme tous les lâches.

Et tuer (des civils) à 20 000 km de distance, par drone interposé.

Sources braniya blog

haut de page


DU 5 AU 15 AOÛT 2014 : SÉLECTIONS HEBDOMADAIRES

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[

RAPPEL

ÉTÉ 2014: UNE PAUSE DANS LES MISES EN LIGNE DE «SOCIALGERIE»

->1450]

Le site socialgerie, piraté le 17 août dans la journée, est actuellement en cours de restauration.

Merci aux visiteurs du site de leur patience, et aussi de bien vouloir nous informer, éventuellement, des problèmes qu’ils pourraient rencontrer, ou des erreurs que nous avons pu effectuer lors de la restauration des articles.


LA PLOUTOCRATIE OCCIDENTALE S’EN VA- T – EN GUERRE… À L’OURSPepe Escobar – Investig’Action – le 9 août 2014;


BARBARE PARMI LES NATIONSMessaoud Benyoucef – blog braniya chiricahua .- actualisé le 15 août 2014;


ABÉCÉDAIRE DE LA BARBARIE JUDÉO-ANGLO-SAXONNE (1)braniya chiricahua blog – le 13 août 2014;


[SELLAL CHEZ OBAMA: UN PETIT SERMON PUIS PLACE AU BUSINESS
Publié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfos-saoudi – le 7 Août 2014:->#4]


[ JIJELSLIMANE ZEGHIDOUR A LA RECHERCHE DU CORDON OMBILICAL Publié par Saoudi Abdelaziz – le 12 Août 2014 – blog algerieindos-saoudi;

  • Le déracinement, source d’abandon des terres agricoles APS;
  • Slimane Zeghidour, le retour perpétuel de l’enfant prodigepar Ouahiba Djemoui – Jijel info – le 11 août 2014;->#3]

LE CNAPEST DÉNONCE LA RÉPRESSION SYNDICALE – APPEL DU CNAPEST: FAIRE DE L’ANNÉE 2014-2015 «L’ANNÉE DE LUTTE POUR LA LIBERTÉ SYNDICALE» – Le Quotidien d’Oran – le 5 août 2014;


AUTRES ARTICLES REMIS EN LIGNE PAR SOCIALGERIE

ENTRE LE 5 ET LE 15 AOÛT 2014


  • [ÉCLAIRAGE SUR GAZA… SANS COMMENTAIREle 15 août 2014:
    L’ALGÉRIE, LE GAZ ET ISRAËL->1474] Rabha Attaf رابحة عطاف

    À première vue, l’information a de quoi surprendre. Mais elle émane du très sérieux Observatoire italien, «La lettre confidentielle de l’Adriatique et de la Baltique»…


  • [PALESTINE ET SIONISME : UN PROBLÈME HISTORIQUE MONDIALmise en ligne socialgerie le 8 août 2014
    QUI EST L’ENNEMI? par Thierry Meyssan voltairenet.org->1467]

    Chacun a son opinion pour expliquer les massacres commis par l’État d’Israël à Gaza. Alors que dans les années 70 et 80, on y voyait une manifestation de l’impérialisme anglo-saxon, beaucoup l’interprètent aujourd’hui comme un conflit entre juifs et arabes. Revenant sur la longue période —quatre siècles d’Histoire—, Thierry Meyssan, consultant auprès de plusieurs gouvernements, analyse l’origine du sionisme, ses véritables ambitions, et détermine (…)



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LA PLOUTOCRATIE OCCIDENTALE

S’EN VA- T – EN GUERRE… À L’OURS

Pepe Escobar (*)

Investig’Action

le 9 août 2014

Le statu quo de l’après-guerre froide en Europe de l’Est, sans parler de l’Europe de l’Ouest, est maintenant mort et enterré.

Pour la ploutocratie occidentale, le 0,00001 % au sommet de la pyramide, les véritables Maîtres de l’Univers, la Russie est la récompense ultime: un immense trésor regorgeant de ressources naturelles, de forêts, d’eau limpide, de minéraux, de pétrole et de gaz naturel. De quoi procurer à tout amateur du jeu de guerre orwellien-panoptique au sein de la NSA et de la CIA des moments de pure extase. Mais comment va-t-on s’y prendre pour bondir sur la proie et tirer profit d’un butin aussi impressionnant?

C’est ici qu’entre en scène le globoflic Otan. Tout juste après avoir reçu, sans aucun égard, un coup de pied à son arrière-train collectif par des guerriers montagnards armés de kalachnikovs, l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord amorce rapidement un «pivot» vers la Russie, le même sempiternel jeu déjà proposé par Mackinder et Brzezinski. La feuille de route sera établie au cours du sommet de groupe au début de septembre au pays de Galles.

Dans l’intervalle, la tragédie du vol MH17 est en train de se métamorphoser rapidement. En conjuguant les constatations sur place d’un observateur de l’OSCE canadien (dans la vidéo à écouter attentivement indiquée en note [[Video – Malysia Airlines MH17 : Being first at the crash site (Canadian Broadcasting Corporation, 29-07-2014)]]) à l’analyse d’un pilote allemand indiquée en note [[Shocking analysis of the « shooting down » of Malaysian MH17 (Anderwelt Online.com, 30-07-2014)]], il est fort probable que ce soit le feu d’un canon automatique de calibre 30, dont les SU-25 ukrainiens sont équipés, qui a touché le cockpit du vol MH17, entraînant une décompression massive et l’écrasement de l’avion.

Aucun missile donc, pas même de R-60M air-air, et encore moins de missile BUK (l’objet de toute la manipulation frénétique initiale des Américains). La nouvelle explication possible est corroborée par des témoins sur place interviewés dans le dorénavant fameux reportage de la BBC «effacé» [[The Video Report Deleted by the BBC (Youtube, 25-07-2014)]]. Bref, une opération sous fausse bannière planifiée par les États-Unis et mal exécutée par Kiev. On imagine à peine les répercussions géopolitiques d’une ampleur tectonique si la fausse bannière venait à être intégralement dévoilée.

La Malaisie a remis les enregistrements de vol au Royaume-Uni, autant dire à l’Otan. Il faut donc s’attendre à ce que la CIA les manipule. Le vol AH5017 d’Air Algérie s’est écrasé après le vol MH17. Pourtant, l’analyse s’y rapportant a déjà été rendue publique. Pourquoi donc l’analyse et la manipulation des boîtes noires du vol MH17 prennent-elles tant de temps ?

Le jeu des sanctions lui, se poursuit. La Russie demeure coupable, sans la moindre preuve, et doit être punie. L’UE suit aveuglément la voix de son maître et a adopté à l’encontre de la Russie toutes les dures sanctions qui faisaient l’objet des discussions des pays membres la semaine dernière.

Il y a pourtant des échappatoires. Moscou aura un accès limité aux marchés transigés en dollars US et en euros. Les banques que possède l’État russe ne peuvent plus vendre d’actions et d’obligations à l’Occident. Pourtant, la Sberbank, la plus importante de Russie, n’est pas sanctionnée.

À court et moyen terme, la Russie devra s’autofinancer. Mais les banques chinoises peuvent facilement en lieu et place effectuer ce genre de prêt. Il ne faut pas oublier le partenariat stratégique entre la Russie et la Chine. C’est comme si la Russie avait besoin d’une nouvelle preuve que la seule façon de procéder, c’est de faire de plus en plus abstraction du système basé sur le dollar US.

Les pays membres de l’UE vont souffrir, et pas à peu près. BP a une participation de 20 % dans Rosneft et rue déjà dans les brancards. Exxon Mobil, Statoil (Norvège) et Shell seront aussi affectés. Les sanctions ne touchent toutefois pas l’industrie gazière. Si cela avait été le cas, la stupidité contre-productive de l’UE aurait été propulsée à des sommets intersidéraux. La Pologne, qui blâme Moscou de manière hystérique pour à peu près tout ce qui se passe sous le soleil, reçoit environ 80 % de son gaz de la Russie. Les pays baltes, qui sont tout aussi vindicatifs, et la Finlande, dépendent de la Russie à 100 %.

L’interdiction qui frappe les produits à double usage (civil et militaire) affectera sérieusement l’Allemagne, le principal pays exportateur de l’UE à la Russie. En matière de défense, le Royaume-Uni et la France vont écoper. Le Royaume-Uni n’a rien de moins que 200 permis de vente d’armes et de dispositifs de lancement de missiles à la Russie. Puis la vente des navires d’assaut Mistral à la Russie, un contrat de 1,2 milliard d’euros (1,6 milliard de dollars US) ira de l’avant.

Pendant ce temps, sur le front de la diabolisation…

La manipulation des faits de la Associated Press, qui passe pour des « analyses », est distribuée dans les journaux du monde entier : une collection de clichés[[AP Analysis : Putin cornered over Ukraine (The Washington Post, 31-07-2014)]]en quête désespérée d’une thèse. Dmitri Trenin[[Ukraine and the Aftermath of the Downing of Flight MH17 (par Dmitri Trenin, Carnegie Moscow Centre, 31-07-2014)]], du Carnegie Moscow Center, soucieux de la main qui le nourrit, dit quelques vérités, mais a presque tout faux. David Stockman[[On dominoes, WMDs And Putin’s « Aggression » : Imperial Washington Is Intoxicated By Another Big Lie (par David Stockman, Contra Corner Daily Digest, 31-07-2014)]] a au moins le mérite de déconstruire les mensonges de l’État va-t-en-guerre.

Mais c’est à Sergei Glazjev[[Putin Advisor Proposes “A Anti-Dollar Alliance” To Halt US Aggression Abroad (par Tyler Durden, World News Daily Information Clearing House, 18-06-2014)]], conseiller économique de M. Poutine, que revient la palme de la franchise. Une de ses principales thèses est que les entreprises européennes devraient veiller scrupuleusement à leurs intérêts au moment même où les États-Unis cherchent à « déclencher une guerre en Europe et une Guerre froide contre la Russie ».

Mais c’est la vidéo indiquée en note[[US is Militarizing Ukraine to Invade Russia. Sergei Glazjev (Youtube, 20-06-2014)]] qui est une véritable bombe, livrée par M. Glazjev de façon calme et posée. Écoutez-la attentivement. Une réévaluation détaillée des propos de M. Glazjev, qui remontent maintenant à des semaines, de pair avec certains commentaires pertinents indiqués en note[[Could Glazyev be right ? Request for your comments (The Vineyard of the Saker, commentaires des lecteurs 29-07-2014)]], mènent tout droit à l’inévitable conclusion : des secteurs clés de la ploutocratie occidentale veulent une guerre encore mal définie avec la Russie. Ce que confirme d’ailleurs le Saint-Graal du journalisme[[Cameron: We won’t start World War Three over Ukraine (Russia Today, 30-07-2014)]], qui ne fait confiance en rien tant que ce n’est pas officiellement démenti.

Le plan A de l’Otan consiste à installer des batteries de missiles en Ukraine, dont il est d’ailleurs question en détail en cette période préparatoire au sommet de l’Otan début septembre au pays de Galles. Il va sans dire que si ce projet va de l’avant, la ligne rouge de Moscou sera franchie, et de loin, car il laisse entendre une capacité de première frappe contre les zones frontalières de l’ouest de la Russie.

Dans l’intervalle, le plan A à court terme de Washington est de créer un fossé entre les fédéralistes de l’est de l’Ukraine et la Russie. Ce qui implique un financement progressif direct en faveur de Kiev, parallèlement à la levée et à l’armement massif, par l’entremise de conseillers américains déjà sur place, d’une force armée de substitution imposante (comptant près de 500 000 membres d’ici la fin de l’année, selon les projections de M. Glazjev). Les résultats sur le terrain seraient de confiner les fédéralistes à une zone très restreinte. Le président ukrainien Petro Porochenko a annoncé officiellement que cela devrait se faire d’ici le début septembre, sinon à la fin de 2014.

Aux États-Unis et dans une bonne partie de l’UE, une monstruosité grotesque a pris de l’ampleur, soit de dépeindre M. Poutine comme un nouveau Oussama Ben Laden stalinien. Jusqu’à maintenant, sa stratégie par rapport à l’Ukraine a été de faire de lui un Vlad Lao Tseu, en faisant preuve de patience tout en observant le gang de Kiev se mettre les pieds dans les plats[[The Slow-Motion Collapse of the Ukrainian State and the Rada’s Capitulation (Oriental Review.org, 30-07-2014)]], et en essayant de trouver une solution politique de manière civilisée avec l’UE.

Un revirement de jeu est maintenant possible, avec les preuves qui s’accumulent relayées par M. Glazjev et les services du renseignement russe à M. Poutine, à savoir que l’Ukraine est un champ de bataille ; qu’il y a un effort concerté vers un changement de régime à Moscou ; qu’il y a un effort concerté vers une déstabilisation de la Russie ; et qu’une provocation pure et simple est même envisageable.

Moscou, de concert avec ses alliés des BRICS, cherche activement à faire abstraction du dollar US, qui est le fer de lance d’une guerre économique parallèle menée par les États-Unis, qui carbure à l’impression de billets verts sans valeur. Les progrès sont lents, mais tangibles, car en plus des BRICS, les aspirants BRICS, le G-77, le Mouvement des non-alignés (MNA), bref, tout l’hémisphère sud en a complètement marre du harcèlement incessant de l’Empire du Chaos et aspire à un nouveau paradigme en matière de relations internationales. Les États-Unis comptent sur l’Otan, qu’il manipule à volonté, sur Israël, le chien enragé, et peut-être aussi sur le Conseil de coopération du Golfe, formé des pétromonarchies sunnites qui collaborent au carnage en cours à Gaza, qui peut être acheté ou réduit au silence par un simple tapotement sur les doigts.

La tentation d’envahir l’est de l’Ukraine en 24 heures et de réduire en poussière les milices de Kiev doit être surhumaine pour M. Poutine. La démence à profusion qui va en s’empirant, les missiles balistiques en Pologne et bientôt à Kiev, les bombardements aveugles de civils dans le Donbass, la tragédie du vol MH17 et la diabolisation hystérique de l’Occident ne font rien pour arranger les choses.

La patience de l’ours a des limites

M. Poutine mise toutefois sur le long terme. L’occasion de frapper vite et fort est passée. Ce mouvement de kung-fu aurait fait en sorte que l’Otan se serait retrouvée devant un fait accompli et le nettoyage ethnique de huit millions de Russes et Russophones dans le Donbass n’aurait jamais commencé.

Pourtant, M. Poutine ne va pas « envahir » l’Ukraine, car l’opinion publique russe ne veut pas qu’il le fasse. Moscou va cependant continuer à soutenir le mouvement de résistance de facto qui s’est créé dans le Donbass. Petit rappel : dans plus ou moins deux mois, le général Hiver va commencer à envahir les prés ukrainiens ruinés, spoliés par le FMI.

Le plan de paix germano-russe qui a coulé[[Land for Gas Secret German Deal Could End Ukraine Crisis (The Independent, 29-07-2014)]] sera élaboré au corps défendant collectif de Washington. Pour une large part, le nouveau grand jeu de ce dernier est aussi d’empêcher l’intégration économique entre la Russie et l’UE par l’entremise de l’Allemagne, qui fait partie d’une intégration pleine et entière de l’Eurasie comprenant la Chine et sa myriade de routes de la soie.

Si les échanges commerciaux entre la Russie et l’UE, quelque 410 milliards de dollars US en 2013, se heurtent à un obstacle en raison des sanctions, un mouvement vers l’est est aussi à prévoir. Ce qui nécessite de peaufiner le projet d’union économique eurasienne [[Russia, Belarus, Kazakhstan sign « epoch » Eurasian Economic Union (Russia Today, 29-07-2014)]], qui n’a plus rien à voir avec une Europe élargie s’étendant de Lisbonne à Vladivostok, l’idée originale de M. Poutine. L’union eurasienne va de pair avec la myriade de routes de la soie de la Chine. Ce qui implique un partenariat étroit entre la Russie et la Chine au cœur même de l’Eurasie, ce qui est considéré comme un anathème absolu aux yeux des Maîtres de l’Univers.

Il ne faut pas se leurrer. Le partenariat stratégique russo-chinois va évoluer très rapidement, Beijing travaillant en symbiose avec les immenses ressources naturelles et militaro-industrielles de Moscou, sans oublier les avantages stratégiques. On pourrait même avancer que pareille occasion ne s’est pas produite depuis Genghis Khan. Mais il ne faut pas s’attendre à ce que Xi Jinping mette en place un Khan pour soumettre la Sibérie et les contrées limitrophes.

La Guerre froide 2.0 est maintenant inévitable, parce que l’Empire du Chaos n’acceptera jamais la sphère d’influence de la Russie dans certaines parties de l’Eurasie (pas plus que celle de la Chine). Il n’acceptera jamais la Russie comme un partenaire égal (l’exceptionnalisme n’accepte jamais l’égalité). Enfin, il ne pardonnera jamais à la Russie, et à la Chine, de défier ouvertement l’ordre mondial exceptionnaliste, craquant de toutes parts, imposé par les Américains.

Si l’État occulte américain, mené par les nuls qui passent pour des dirigeants, fait un pas de trop par désespoir, cela pourrait mener à un génocide au Donbass, à une attaque de l’Otan en Crimée ou, dans le pire des scénarios, à une attaque contre la Russie même. Mais prenez garde, car l’ours va rétorquer.

Sources : Western Plutocracy Goes Bear Hunting) (Asia Times, 01-08-2014)

Traduit par Daniel pour vineyardsaker.fr

Repris sur Investig’Action

(*) Pepe Escobar est l’auteur de

“Globalistan : How the Globalized World is Dissolving into Liquid War” (Nimble Books, 2007),

“Red Zone Blues : a snapshot of Baghdad during the surge” (Nimble Books, 2007),

et de “Obama does Globalistan” (Nimble Books, 2009).

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BARBARE PARMI LES NATIONS

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Messaoud Benyoucef

blog braniya chiricahua


actualisé le 15 août 2014

C’est le journal sioniste Haaretz qui rapporte l’information: récipiendaire de la distinction «Juste parmi les nations», attribuée par l’entité sioniste paria à ceux qui ont sauvé des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale, Henk Zanoli, 91 ans, citoyen néerlandais, y renonce: une cousine à lui a été tuée à Gaza avec son mari et ses trois enfants. Il écrit :

« Il est particulièrement choquant et tragique aujourd’hui, quatre générations plus tard, que notre famille soit confrontée à l’assassinat de nos proches à Gaza ».

Il s’agit d’un « meurtre perpétré par l’Etat d’Israël ».

« En ce qui me concerne, garder l’honneur accordé par l’Etat d’Israël, dans ces circonstances, serait à la fois une insulte à la mémoire de ma mère courageuse qui a risqué sa vie et celle de ses enfants (…) tout comme une insulte pour ceux de ma famille, quatre générations plus tard, qui ont perdu pas moins de six de leurs parents à Gaza aux mains de l’Etat d’Israël. »

Cet article a été écrit en 2012. Je le remets en exergue à l’occasion -si l’on peut dire- du nouveau carnage perpétré par l’entité monstrueuse qui se veut un « Etat juif », contre les assiégés de Gaza. Par air, par mer, par terre, les hordes sauvages de l’Etat sioniste paria s’acharnent sur les enfants, les femmes et les vieillards. Elles font moins preuve de courage quand il s’agit d’affronter les hommes du Hamas. Rarement le monde a assisté à une semblable sauvagerie. Un monde veule, à l’image de sa représentation symbolique, l’ONU, qui vient d’élire l’Etat assassin au comité de décolonisation! Un état colon raciste (pur pléonasme) dans une structure censée être anticoloniale! Pitoyable perversion! Misérable lâcheté -une de plus!
La palme de l’indécence et de l’ignominie devra être décernée au gouvernement français qui, sous couvert du « droit à la défense d’Israël », donne son onction au massacre des femmes et des enfants de Gaza. Ce faisant, ce gouvernement s’inscrit dans la droite ligne des social-traîtres de 1956 qui, élus pour faire la paix en Algérie, se sont couchés devant les minorités ultra et ont cédé toutes leurs prérogatives aux militaires. On sait où cela a mené. Sauf que cette fois-ci, il n’y a pas un De Gaulle pour sauver l’âme de cette nation en perdition, car même ceux qui se réclament de son héritage n’ont qu’une hantise: se montrer plus serviles à l’égard de l’entité sioniste et de ses relais (CRIF, LICRA, UEJF…) que leurs alter-ego socialistes.
Les Etats occidentaux sont tous sur la même ligne de soumission à l’entité sioniste et à ces puissants réseaux d’influence. Gageons, cependant, qu’ils savent que le monstre dont ils ont accouché ne les tient pas seulement par la barbichette de la culpabilité: Berlin, Londres, Paris, Varsovie… mesurent bien qu’ils sont à portée des missiles nucléaires du Léviathan.
L’Etat sioniste paria se veut un « Etat juif »; ses thuriféraires parlent volontiers d' »Etat hébreu ». Prendre au pied de la lettre ces notions signifierait qu’il y a une manière juive de faire de la politique -par l’extermination de ce qui n’est pas juif. Qu’en pensent, qu’en disent les Juifs du monde?

L’État sioniste paria, se posant sans vergogne comme le représentant des Juifs du monde entier, attribue une distinction dite «Juste parmi les nations» à ceux qui ont sauvé des Juifs durant la Seconde guerre mondiale.

José Aboulker, Juif algérois, résistant et chef des commandos qui ont neutralisé les forces vichystes pour permettre aux armées alliées de débarquer sans coup férir à Alger (novembre 1942), rappelait que le mufti d’Alger avait interdit d’acheter les biens juifs spoliés, car «les Juifs sont nos frères dans le malheur», précisait l’homme de religion. C’était dans une émission télévisée de la série «Les brûlures de l’histoire» (Fr3).

Cela pour rappeler que les Juifs qui, des deux côtés de la Méditerranée, ont été protégés des exactions de l’occupant nazi et de ses laquais par des Arabes ou des Français, l’ont été par obéissance à la loi morale (comme dirait Kant). Or la loi morale dans son concept est désintéressée: elle commande de prendre autrui comme une fin en soi, jamais comme un moyen.

C’est pourquoi la «distinction» octroyée par l’État sioniste est profondément immorale d’un double point de vue:

  • d’une part, parce qu’elle est le fait d’une entité politique tribale qui discrimine et chosifie des êtres humains, les Palestiniens -faute de pouvoir enfin réaliser un génocide en bonne et due forme;
  • d’autre part, parce que l’État sioniste, en «récompensant» les justes, se place insidieusement et automatiquement au-dessus d’eux, leur signifie qu’il leur est moralement supérieur puisque c’est lui qui dit où est le juste, le bien, et qu’il désigne ceux qui ont eu une conduite morale.

Mais si l’on regarde les choses d’un peu près, cette distinction extravagante veut bien dire que si le fait d’avoir sauvé un Juif vous confère une qualité exceptionnelle, c’est bien parce que le Juif est un être d’exception.

La distinction sioniste de «Juste parmi les nations» est une perversion de la loi morale car elle se fonde elle-même sur une discrimination entre Juif et non-Juif, ce qui veut dire qu’elle est en contradiction avec l’universalité du genre humain.

C’est pourquoi nous proposons, à notre tour, d’instaurer la distinction dite «BARBARE PARMI LES NATIONS» pour stigmatiser les entités politiques criminelles, celles qui font du racisme et du suprématisme leur credo. Et pour l’ensemble de leur œuvre, nous décernons, en premier lieu, ce titre infamant à l’État sioniste et à son coolie yankee, les USA.

Nous examinerons dans un proche avenir le cas de l’Australie -qui a réussi, ne l’oublions pas, à éradiquer l’espèce aborigène de Tasmanie- ainsi que celui du Canada, qui se pose comme candidat empressé au poste de groom chamarré de l’État sioniste. (Qu’attend donc le Québec pour voler de ses propres ailes?)

Cela étant dit, n’oublions pas la centaine de députés français (de la législature Sarkozy) qui ont signé un texte par lequel ils déniaient aux Palestiniens le droit de… saisir l’ONU pour lui demander de proclamer un État palestinien. À peine si la démarche de l’Autorité palestinienne n’a pas été qualifiée de terrorisme arabe! De plus, ce texte incroyable venait contredire la position officielle du gouvernement français! Autrement dit ces députés n’ont pas craint d’aller à l’encontre de la politique de leur propre gouvernement, à l’encontre des intérêts stratégiques bien compris de leur pays au Moyen-Orient, pour complaire à l’État sioniste.

Une telle coalition où l’on retrouve des gens de droite et de gauche voisinant avec les débris de l’OAS (dont la haine à l’égard de l’Algérien est inextinguible et est échangeable contre celle du Palestinien -un Arabe est un Arabe, n’est-ce pas?), une telle coalition donc qui se met au service d’une puissance étrangère (nucléaire de surcroît), cela porte un nom: cinquième colonne.

Quelques noms de ces pétitionnaires qui font passer l’intérêt de l’état sioniste avant celui de leur pays : Georges Pau-Langevin (socialiste et sous-ministre dans le gouvernement Ayrault); Michèle Tabarot, député UMP (et néanmoins fille de Robert Tabarot, l’un des chefs de la sinistre OAS oranaise); Bernard Debré qui voisine avec le très sioniste et ancien militant du mouvement d’extrême droite Occident, Claude Goasguen, etc.

Quel monde œcuménique! Et quel courage quand il s’agit de se liguer contre un peuple sans défense!

Messaoud Benyoucef

Sources: braniya chiricahua blog

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SELLAL CHEZ OBAMA

UN PETIT SERMON PUIS PLACE AU BUSINESS

AP Photo/Jacquelyn Martin

Publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos-saoudi

7 Août 2014

Le Premier ministre Sellal a notamment rencontré le patron de General Electric, Geffrey Emmelt. Le dirigeant de la firme américaine viendrait prochainement en Algérie pour de nouveaux projets, un an après la signature d’un contrat de construction de 6 centrales électriques pour 2,2 milliards de dollars. C’est ce que rapporte l’agence officielle APS.

Sous le titre « Le contrat et la Constitution » Mustapha Hammouche, commente dans“ LIberté” les résultats de la visite américaine du Premier ministre.

EXTRAITS

« Dans son dernier livre, Hard Choices, paru en juin, Hillary Clinton rapporte avoir fait du lobbying auprès du président Bouteflika pour obtenir un contrat de deux milliards et demi de dollars pour General Electric.

Quand on apprend, sous la plume d’une secrétaire d’État, que la puissance américaine use de telles pratiques pour s’assurer des marchés, on ne peut qu’accueillir avec un certain scepticisme les leçons d’alternance démocratique assénées par son successeur. Et le discours de John Kerry, sommant les dirigeants africains de ne plus “modifier les Constitutions pour se maintenir au pouvoir”, prend alors toute sa mesure théâtrale.

Une fois qu’il a subi, comme ses collègues africains, l’éprouvant discours sur l’alternance, Sellal, représentant d’un président ayant modifié la Constitution pour se libérer de toute contrainte de limitation de mandat, n’a plus eu à parler de démocratie à Washington : le programme s’est poursuivi par des discussions avec le secrétaire à l’Énergie, Ernest Moniz, la secrétaire au Commerce, Penny Pritzker, et des patrons de multinationales, comme… Geffrey Emmelt, P-DG de General Electric.

La démocratie, en Afrique et au Moyen-Orient, ne peut pas être l’affaire des Américains, ni même celle d’autres puissances, démocratiques ou non. Les évolutions politiques des nations ont toujours été le fait de la volonté des peuples. Les partenaires peuvent les accompagner ou les contrarier. Ce qui dépend des calculs nationaux de ces puissances. Ce que l’on a appelé “le printemps arabe” fut une occasion de vérifier le détachement des puissances occidentales vis-à-vis de la revendication démocratique dans la région concernée, une revendication durablement piégée par le déni du droit national palestinien… Si Israël peut continuer à laminer la réalité palestinienne sans que cela perturbe les approvisionnements mondiaux en hydrocarbures, il n’y a pas de raison de se précipiter dans le règlement de cette question de droit international. »

Sources: blog algerieinfos-saoudi

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ABÉCÉDAIRE DE LA BARBARIE JUDÉO-ANGLO-SAXONNE (1)

Picasso : la guerre

blog braniya chiricahua

le 13 août 2014

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A : AMÉRIQUE

«L’Amérique aux Américains». En 1823, le président des USA, James Monroe, prononçait un discours par lequel il interdisait aux Européens d’intervenir dans le continent américain, à charge de revanche pour les USA de ne jamais intervenir en Europe. Ce qui a été qualifié de «doctrine Monroe» était l’affirmation arrogante que le continent américain appartenait aux yankees.

De fait, le continent allait être livré aux trusts (dont la sinistre United Fruit) ainsi qu’aux services secrets yankees qui veillaient à ce que rien ne vienne troubler l’exploitation forcenée à laquelle tous les pays d’Amérique centrale et latine allaient être soumis pendant près de deux siècles.

Ce pillage supposait des gouvernements locaux consentants, ce qui fut obtenu par la longue série de coups d’état (golpes) perpétrés par les armées félonnes de ces pays, toutes infiltrées et manipulées par la CIA qui en formait les chefs à l’École des Amériques, au Panama (où officiait, entre autres, Aussaresses):

au Brésil, en Bolivie, en Uruguay, au Paraguay, en Argentine, au Chili, au Guatemala (pays martyre où la répression prit les allures d’un véritable génocide contre les Amérindiens)…, les armées félonnes s’en donnèrent à cœur joie, faisant des dizaines de milliers de morts, sous la bienveillante protection des yankees.

Quoi d’étonnant que la haine du « gringo » soit si forte au sud du Rio Grande? Rio Grande qu’ils sont de plus en plus nombreux à traverser, ces migrants du sud du continent, au point que certains chercheurs prédisent qu’à terme les USA seront si profondément latinisés -et donc catholicisés- que l’Établissement WASP (White anglo-saxon protestant) -et les chrétiens sionistes évangéliques- seront balayés. Amen.

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B : BASTA YA QUE EL YANQUI MANDE

En 1975, le grand poète et chanteur communiste argentin, Atahualpa Yupanqui composa cette chanson pour célébrer la défaite des yankees au Viet-Nam. Le 30 avril 1975, en effet, et après une offensive éclair de quinze jours seulement, les combattants vietnamiens entraient dans Saïgon pendant que les yankees et leurs coolies fuyaient dans une grandiose débandade. Après 10 ans d’une guerre durant laquelle l’empire barbare utilisa toutes les armes sataniques que son complexe militaro-industriel lui fournissait (et qui firent plus de 3 millions de morts vietnamiens), après les guerres secrètes menées en parallèle contre le Cambodge et le Laos, les yankees rentraient chez eux avec 56 000 morts, un nombre incalculable de blessés et des dizaines de milliers de déserteurs. Un désastre moral terrible que les yankees, conformément à leur habitude, essayèrent de transcender par le cinéma ! ( D’où la dernière strophe sarcastique du poème: «Qui a gagné la guerre / Sur les monts du Viet-Nam ?/ Le guerillero sur terre / Et le yankee au cinema.»).

¡Basta ya! ¡Basta Ya!

¡Basta ya que el yanqui mande!

El yanqui vive en palacio

yo vivo en uno ¡barracón!

¿Como es posible que viva

el yanqui mejor que yo?

¡Basta ya! ¡Basta ya!

¡Basta ya que el yanqui mande!

¿Qué pasa con mis hermanos

de Méjico Y Panamá?

Sus padres fueron esclavos,

¡sus hijos no lo serán!

¡Basta ya! ¡Basta ya!

¡Basta ya que el yanqui mande!

Yo de pequeño aprendí

a luchar por esa paz.

De grande lo repetí

y a la cárcel fui a parar.

¡Basta ya ! ¡Basta ya!

¡Basta ya que el yanqui mande!

¿Quién ha ganado la guerra

en los montes del Viet-Nam ?

El guerrillero en su tierra

Y el yanqui en el cinema.

C : CHURCHILL

Dresde (1945)

Devenu Premier ministre durant la Seconde guerre mondiale, Winston Churchill fit étalage d’un cynisme qui en dit long sur la conception anglo-saxonne de la politique:

  • Il exigea de l’état-major britannique d’utiliser les gaz de combat contre les Allemands. Refus de l’EM qui craignait que les Allemands ne lui rendent la monnaie de sa pièce. Churchill le traita publiquement de «femmelettes».
  • En accord avec les yankees, il fit raser, par bombardements aériens, Hambourg et Dresde. L’aviation anglo-saxonne fit littéralement pleuvoir des bombes au phosphore sur ces deux villes. Hambourg offrait ce spectacle dantesque que les hommes, prenant feu, se jetaient à l’eau mais reprenaient feu dès qu’ils ressortaient de l’eau. Ils avaient le choix entre mourir noyés ou brûlés vifs. Dresde ne présentait aucun intérêt stratégique mais était devenue le refuge de dizaines de milliers d’Allemands de l’est qui fuyaient l’avancée de l’armée rouge soviétique. Deux vagues de bombardement anéantirent la ville, faisant 200 000 morts, tous des civils.
  • Avant le débarquement allié en Normandie, l’aviation anglo-saxonne bombarda abondamment les villes françaises. Churchill avait fixé le quota des morts civils à 6000 par vague de bombardement! (Le nombre de civils tués fut de 60 000 dans des pilonnages aussi aveugles qu’inutiles, comme celui du Havre qui rasa la ville. Mais certains historiens disent que Le Havre se trouvait malencontreusement être le concurrent de Southampton…)
  • Dans le dos de ses alliés, il négocia avec Staline le partage de l’Europe de l’est. C’est ainsi que Staline lui abandonna la Grèce pour le malheur des héroïques résistants communistes contre lesquels Churchill se retourna, s’alliant avec les forces collabo pronazies grecques.
  • Dans le même temps où il faisait ami-ami avec Staline, il pressait Roosevelt de se retourner contre l’armée rouge, arguant que l’URSS étant exsangue, c’était le moment ou jamais de la laminer. Roosevelt refusa (certains historiens disent «avec indignation»).

Petit rappel: Gallipoli (1915). Dans le détroit des Dardanelles s’est livrée une bataille farouche entre Britanniques et Français d’un côté et Ottomans de l’autre. Le lord amiral de l’Amirauté qui en avait conçu le plan, Winston Churchill, essuya une défaite historique (que lui infligea un lieutenant-colonel de 34 ans nommé Mustapha Kemal). Un titre de gloire que les hagiographes du sieur Churchill oublient souvent de mentionner. À la suite de ce désastre, Churchill fut contraint à la démission.

Ecce homo churchillus.

D : DEIR YASSINE

Oradour (il n'y a plus trace de Deir Yassine)

Petit village à l’ouest de Jérusalem, Deir Yassine a été l’Oradour-sur-Glane de la Palestine. Le 09 avril 1948, il a été investi par les bandes terroristes juives de l’Irgoun, du Lehi et du groupe Stern. C’est Menahem Begin qui supervise l’attaque du village. Meir Pa’il, membre du groupe sioniste terroriste, Palmah, témoin des faits, relate:

«Il était midi quand la bataille se termina. Le calme régnait mais le village ne s’était pas rendu. Les irréguliers de l’Irgoun et du Stern sortirent de leurs caches et commencèrent les opérations de nettoyage. Faisant feu de toutes leurs armes, ils balançaient également des explosifs dans les maisons. Ils abattirent ainsi toutes les personnes qu’ils y trouvèrent, y compris les femmes et les enfants. Par ailleurs, près de vingt-cinq hommes qui avaient été sortis de chez eux furent chargés dans un camion et exposés, à la romaine, à travers les quartiers de Mahahneh Yehuda et Zakron Josef. Après quoi ils furent emmenés dans une carrière de pierre et abattus de sang-froid.»

Après le massacre, la presse relaie le chiffre de 254 victimes civiles. Jacques de Reynier, observateur à l’époque, parle quant à lui d’environ 350 morts. Deir Yassine marquera le début de l’épuration ethnique de la Palestine historique par les groupes terroristes juifs dont l’objectif n’a jamais varié jusqu’aujourd’hui: faire de la Palestine une terre arabenrein (sans Arabes).

Le boucher de Deir Yassine, M. Begin, sera nobélisé en compagnie d’Anouar Sadate: un assassin et un traître. Il est beau le Nobel de la paix!

[ publié par Messaoud Benyoucef

sources braniya ->http://braniya.blogspot.fr/2014/08/abecedaire-de-la-barbarie-judeo-anglo_13.html]

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JIJEL

SLIMANE ZEGHIDOUR A LA RECHERCHE DU CORDON OMBILICAL

[

Publié par Saoudi Abdelaziz

le 12 Août 2014

blog algerieindos-saoudi

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/08/jijel-slimane-zeghidour-a-la-recherche-du-cordon-ombilical.html]

« Les Algériens bivouaquent dans leur propre patrie. Ils peuplent leur pays mais ne l’habitent pas. Celui qui est dans le village veut aller dans la ville, celui qui est dans la ville veut aller dans la capitale et celui qui est dans la capitale veut partir à l’étranger. L’Algérie est un énorme bivouac et tout le littoral est un quai d’embarquement.»

Le déracinement, source d’abandon des terres agricoles

La colonisation française en Algérie a fait plus de 2,5 millions de déracinés laissés dans le dénuement total et, de ce fait, provoqué une rupture entre l’homme et la terre, a révélé samedi l’auteur-journaliste Slimane Zeghidour, lors d’une conférence tenue au centre culturel islamique Ahmed-Hamani de Jijel.

Jijel. Slimane Zeghidour au centre. Photo DR

Par APS, 9 août 2014

Animant une conférence sur « L’histoire de l’Algérie, de la résistance populaire à la lutte de libération nationale », Zeghidour, rédacteur en chef et éditorialiste à la chaîne de télévision TV5 Monde, a fustigé « l’oeuvre » de déracinement des localités rurales algériennes qui a fait que les terres agricoles soient abandonnées, entraînant du coup un bouleversement de la société.
Selon lui, le cordon ombilical entre l’homme et la terre est « définitivement coupé » du fait de ce déracinement opéré par la puissance coloniale pendant l’occupation du pays. « De nombreuses terres sont sans titre de propriété, alors que l’Etat, en tant que puissance publique, est censé être aux premières loges pour ce qui est de l’Etat civil et des affaires du cadastre », a-t-il expliqué.
Parlant du cas de la commune rurale et montagneuse d’Erraguène Souci dont il est originaire, le conférencier a retracé un tableau poignant de cette contrée rendue célèbre par « son » camp de regroupement où étaient concentrées les populations sous l’oeil vigilant des soldats de l’armée d’occupation. Cette localité célèbre aussi par son barrage hydraulique de 230 millions de m3 d’eau, construit vers la fin de la guerre de libération, a vu, au cours de la décennie noire, un départ massif de ses populations vers d’autres directions.
Les pouvoirs publics ont entrepris, depuis ces dernières années, un programme « ambitieux » afin de permettre aux populations de retourner vers leurs localités d’origine. « Repeupler ces mechtas? C’est possible à condition qu’il y ait une vraie volonté politique », dira Zeghidour, en citant des exemples de quelques pays ayant réussi à faire retourner leurs citoyens vers leurs localités d’origine.
« Il faut concrètement un accompagnement sur le terrain pour que ce projet voie le jour », a-t-il soutenu, citant, pêle-mêle, des infrastructures socio-économiques et éducatives, à même d’attirer des candidats au retour à leurs localités d’origine (écoles, centres de santé, énergie électrique, routes, à..) ainsi qu’une mise à niveau des agriculteurs pour le travail de la terre pour être au diapason de la modernité.
Le conférencier a également insisté sur la nécessité d’un reboisement des terres pour freiner l’érosion des sols, une des grandes catastrophes de l’environnement. Les pertes d’eau en mer, a-t-il affirmé, représentent annuellement 1,5 milliard de mètres cubes, avant de déplorer le manque de retenues de ce précieux liquide.
L’enfant d’Erraguène Souici a estimé, dans une analyse sociologique de la société algérienne, qu’ »il faut transcender la mentalité paysanne, une des séquelles de la colonisation ». Selon lui, les villes sont devenues des « mechtas en béton », des douars, une autre séquelle de la guerre qui a pour nom la « rurbanisation ». Les meilleures terres agricoles, à fort potentiel de rendement, sont envahies par le béton et le parpaing, a-t-il dit dans un constat qui ne se veut pas une « critique ». Lors de cette conférence, organisée par l’association locale « Gloires, Histoire et patrimoine » , Zeghidour a longuement abordé, en réponse à des interrogations, des questions, liées à l’actualité brûlante internationale.
Le rôle des médias arabes et occidentaux dans le conflit israélo-palestinien a constitué l’essentiel des débats entre le conférencier et l’assistance, composée notamment d’intellectuels et d’universitaires. Slimane Zeghidour est chercheur associé à l’IRIS sur les questions du Proche et Moyen-Orient (conflit israélo palestinien, rivalités Turquie-Iran-Arabie saoudite, différend chiites-sunnites, Eglises arabes, intégrismes religieux, de la Russie et de l’Asie centrale (islam en Russie même, dans le Caucase (Géorgie, Ossétie) et dans les ex-républiques musulmanes soviétiques) et de l’Amérique latine (diaspora arabe au Brésil, Argentine, Chili, Colombie).
En tant que Grand reporter, il a arpenté 25 ans durant l’Amérique latine, le Proche-Orient, la Russie et l’Asie centrale. Il a collaboré, entre autres, au Monde, le Nouvel Observateur, Télérama, Géo, El Pais… Il est aujour d‘hui rédacteur en chef et éditorialiste à TV5-MONDE.

Comme essayiste, il a rédigé plusieurs ouvrages, notamment “ »La vie quotidienne à la Mecque de Mohamed” (QSSSL) à nos jours » (traduit en grec, italien et russe) et tout récemment, « L’Algérie en couleurs, photos d’appelés 1954-1962 » .
Des ouvrages qui lui ont valu des prix Colombe d’Or pour la Paix (Rome 1996/prix cofondé par Alberto Moravia), le prix Clio d’Histoire (1990) et le prix France Méditerranée (1982). Il dispense des séminaires de géopolitique des religions au campus de Menton (IEP de Paris) et un autre sur la diaspora arabe au campus de Poitiers (IEP de Paris) et anime des formations pour les journalistes à la Sorbonne à Neuilly-sur-Seine. Il est l’animateur d’un blog de géopolitique des religions sur TV5 Monde « Deus ex machina ».
Il est également Glogal-Expert auprès de l’Alliance des civilisations, placée sous l’égide des Nations-Unies.
APS

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SLIMANE ZEGHIDOUR

LE RETOUR PERPÉTUEL DE L’ENFANT PRODIGE

[

Par Ouahiba Djemoui,

le 11 août 2014

Jijel.info

->http://www.jijel.info/slimane-zeghidour-le-retour-perpetuel-de-lenfant-prodige/]

Fils béni du fabuleux village d’Erraguène , et portant un amour indéfectible à sa terre natale , Slimane Zeghidour est revenu cet été encore à Jijel pour se relaxer , se ressourcer et recharger les batteries pour pouvoir repartir de plus belle vers d’autres destinations et sous d’autres cieux peut être plus cléments , peut être plus tumultueux , mais qui n’ont certainement pas la couleur du ciel de cet écrin de verdure situé aux pieds des Babors , son odeur , cette imperceptible chose qui se dégage des lieux et qui remue l’âme et la transporte sur un rayon de soleil. Driss Chraibi l’a si bien dit dans l’un de ses ouvrages : »les peuples passeront comme une caravane le long du temps.Et au bout du temps , il y aura toujours la terre , la lumière et l’eau de mon pays ».

Ce matin le 09/08/2014 Slimane Zeghidour était là devant moi , en chair et en os à développer un beau discours , beau et sincère , beau et spontané , beau et pourtant débordant de vérités amères , et de réalités affligeantes.

Le barrage d'ErraguèneLe barrage d'Erraguène a noyé le

Et il a parlé Slimane , il a parlé de son village , sa douceur , sa douleur, de son père , du combat de ce père pour la survie de ses enfants , de leur petite baraque au toit de chaume où dormaient ses frères et lui en écoutant le sempiternel « toc…toc »de la pluie qui dégoulinait du toit et que sa maman recueillait dans un récipient en métal , du camp de regroupement ou il a passé son enfance, de l’exil de la famille à Alger et le rejet des algérois à leur endroit ,rejet ressenti comme un couteau en plein cœur par un enfant qu’on fuyait comme de la peste parce qu’il débarquait de la lointaine compagne.

Des souvenirs…des souvenirs si chers et si émouvants qu’il garde au fond de son cœur comme on garde un amour secret , comme on garde une lumière imperceptible , comme on garde une foi inébranlable.

Il a parlé Slimane , il a parlé de ses périples à travers plusieurs pays du monde côtoyant la mort , « débusquant la vérité » derrière les balles et les canons à chair humaine , réclamant la justice, clamant la vie.

Avec sa grande modestie , sa spontanéité et sa sincérité , il a su s’élever à la hauteur de la beauté des mots qui disent la vérité en la sublimant et qui dénudent le laid en le démaquillant avec délicatesse mais sans complaisance. Il a su plonger l’assistance dans son monde éclairant certaines zones d’ombre , donnant des informations qui font défaut dans les flots de mensonges débités ici là sur certains sujets récurrents et d’actualité comme celui de Ghaza , lui qui malgré les années écoulées dans la froideur des contrées éloignées ne cesse de faire ce retour à la terre de ces ancêtres là où il fait le plein de soleil même si son cœur crie toujours :

«L’azerolier est en train de disparaître. La vie villageoise disparaît. Les usages villageois disparaissent, les dialectes, les charades, les devinettes… C’est un pays entier qui est en train de foutre le camp dans l’indifférence générale. Je ne sais pas si l’on peut appeler cela de l’indifférence, de l’inculture, de la désinvolture, du suicide inconscient. En parallèle, nous avons… je ne dirais pas de l’urbanisation, je dirais plutôt que c’est un camping, un camp de réfugiés. Les Algériens bivouaquent dans leur propre patrie. Ils peuplent leur pays mais ne l’habitent pas. Celui qui est dans le village veut aller dans la ville, celui qui est dans la ville veut aller dans la capitale et celui qui est dans la capitale veut partir à l’étranger. L’Algérie est un énorme bivouac et tout le littoral est un quai d’embarquement.»

Peut on se séparer d’un amour greffé jusque dans nos gènes ? Peut – on fuir ces racines qui nous tiennent jusqu’à notre mort prisonniers d’une certaine histoire ?
Slimane Zeghidour , son sourire , ses mots , ses gestes sembleraient nous dire que toute l’intelligence réside justement dans ce fin et subtil va et vient entre le passé et le présent , perpétuel retour vers ses origines pour pouvoir savamment construire le présent et le futur.

Slimane nous donne un bel exemple de celui que la civilisation occidentale ne métamorphose pas en robot insensible , reniant tout ,rampant à plat ventre devant le superficiel au détriment du spirituel.

Et dire que rien qu’à l’écouter on perce sa soif de liberté, d’amour et de vie. Chapeau Monsieur Zeghidour!

Jijel-info

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LE CNAPEST DÉNONCE LA RÉPRESSION SYNDICALE

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APPEL DU CNAPEST:

FAIRE DE L’ANNÉE 2014-2015

«L’ANNÉE DE LUTTE POUR LA LIBERTÉ SYNDICALE»

par M. Aziza

Le Quotidien d’Oran

août 2014

Le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) a dénoncé, dans un communiqué rendu public dimanche, les entraves à l’exercice syndical, ou plutôt la répression syndicale exercée par certaines administrations.

Le coordinateur national du Cnapest, Nouar El Arbi, a affirmé que son syndicat est contre toute forme de licenciement des travailleurs en guise de sanction à leur engagement syndical.

Le rédacteur du communiqué a cité plusieurs cas de syndicalistes licenciés tout récemment. Le dernier ayant reçu une notification de licenciement avant-hier est, selon le Cnapest, un syndicaliste membre du syndicat des postiers Nekache Mourad. Une décision qui a déjà ciblé il y a une semaine le syndicaliste du secteur de la poste, Amar Khodja Tarek.

Les sanctions à l’encontre des syndicalistes pleuvent ces derniers temps, précise le Cnapest dans le communiqué. Il cite deux autres cas antérieurs de licenciés, en l’occurrence Boukhalfa Abdallah du syndicat de la Sonalgaz d’El Harouche dans la wilaya de Skikda, et Belhouchat El Hadj du syndicat des travailleurs de la formation professionnelle dans la wilaya de Sétif.

Les membres du Cnapest affirment que les sanctions visent essentiellement les membres des syndicats autonomes . Une discrimination et des sanctions en violation de la loi car, selon le Cnapest, le syndicaliste est protégé par les conventions internationales portant protection du droit syndical, notamment la convention 135 ratifiée par l’Algérie en 2006.

Le Cnapest cite également la loi 14 / 90 relative à l’exercice syndical qui protège le syndicaliste de toute forme de mutation «où le licenciement n’est pas du tout évoqué».

Le Cnapest s’interroge: est-ce que ces des décisions émanent d’une politique adoptée par le gouvernement ou sont unilatéralement prises par certains responsables d’administrations qui trouvent du mal à justifier leur échec de gestion?

Les membres du Cnapest exigent la réintégration des syndicalistes licenciés dans leur poste.

Ils appellent l’ensemble des syndicats à se constituer en force de pression pour défendre la liberté de l’exercice syndical

et de faire de l’année 2014-2015

«l’année de lutte pour la liberté syndicale»

.

Sources: Le Quotidien d’Oran

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26 JUILLET AU 4 AOÛT 2014 : SÉLECTION DE LA SEMAINE

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[

RAPPEL

ÉTÉ 2014 : UNE PAUSE DANS LES MISES EN LIGNE DE «SOCIALGERIE»

->1450]


LES SÉISMES EN ALGÉRIE: QUE FAIRE POUR «ÉCONOMISER» DES VIES HUMAINES?K. Bencheikh – le 4 août 2014;


CLASH OF CIVILIZATIONSle 4 août 2014 – Gilad Atzmon – et traduction Messaoud Benyoucef braniya chiricahua;


Mise au point de Patrice Bruel: Ulcéré par des « rumeurs infâmes », Patrick Bruel s’exprime sur le conflit israélo-palestinien: «JE SUIS UN HOMME DE PAIX»;


AUX RACINES DE LA SAUVAGERIE SIONISTEMessaoud Benyoucef – le 1er août 2014 – braniya chiricahua blog;


LA MANIFESTATION DE SAMEDI 2 AOÛT, À PARIS, SUR FRANCE 3(vidéo);


ALGÉRIE RENTRÉE SCOLAIRE 2014 QUID DE LA RÉPUBLIQUE DE DEMAIN?par El-Houari Dilmi – Le Quotidien d’Oran – le 30 juillet 2014;


CUBA, UN MODÈLE SELON L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉSalim Lamrani – le 29 juillet 2014 – Opera Mundi;


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LES SÉISMES EN ALGÉRIE:

QUE FAIRE POUR «ÉCONOMISER» DES VIES HUMAINES?

K. Bencheikh

le 4 août 2014

L’attention de la population a été récemment attirée par une secousse sismique qui, malgré son caractère «mineur», a provoqué des morts et des blessés.

Les milliers de morts lors des séismes de Chlef et de Boumerdès sont pourtant dans toutes les mémoires.

Mieux, si l’on peut dire, on sait qu’Alger a été détruite par un séisme au 16ème siècle et qu’il est certain qu’un séisme de grande intensité aura lieu un jour sur le site de la capitale. Il s’en suivra sans aucun doute des pertes humaines et matérielles énormes.

Les solutions techniques existent pour les constructions neuves et pour la consolidation des ouvrages existants.

À la fin des années 70 et jusqu’en 1988, des normes parasismiques avaient été élaborées, résultat d’un travail coopératif avec des spécialistes étrangers qui avaient le savoir faire et qui avaient pour le suivi sur le terrain, bénéficié d’un réseau de techniciens qui contrôlaient et corrigeaient les études de tous les programmes d’État de construction.

Comment se sont comportés ces ouvrages? Que s’est-il passé dans les années 90? Que sont devenus les CTC (Centre de Contrôle Technique), que sont devenus les programmes de construction? Qui les réalise? Qui investit?

Les réponses à ces questions permettent de comprendre pourquoi les solutions adoptées dans les années 80 ont été abandonnées, sans être remplacées.

Le conflit d’intérêt entre ceux qui investissaient et les nécessités des techniques de construction ont conduit, pour améliorer les marges financières, à négliger dans les faits les exigences de la technique imposées par les structures étatiques des années 70-80.

Les sociétés nationales construisaient alors (en nombre insuffisant, il est vrai), des logements, des usines, des infrastructures décidées à partir de critères auxquels la rentabilité financière n’étaient pas absolument primordiaux.

Les changements dans l’économie et la politique nationales ont fait que depuis 25 ans, les logements sont construits principalement pour et par des investisseurs privés, préoccupés avant tout par l’appât du gain, et non par la pérennité des constructions.

Lors du séisme «majeur» de Boumerdès il y a quelques années, les constructions récentes se sont écroulées, provoquant la mort de centaines de personnes, tandis que les constructions des années 70 (instituts, laboratoires, bâtiments de classes,…) résistaient sans problème.

Quelle confiance peut-on avoir si les ouvrages sont réalisés sans contrôle par des investisseurs qui, bien sûr ne les occuperont pas, mais les vendront au prix fort?

Le problème de la sécurité des ouvrages est directement relié à la conception du rôle de l’État quant à la sécurité des citoyens.

C’est donc un problème politique.

K. Bencheikh

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CLASH OF CIVILIZATIONS

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MONDAY, AUGUST 4, 2014

GILAD ATZMON

The Israeli army confirmed today that up to 130 Palestinian civilians were slaughtered in Rafah last Friday following the triggering of the Hannibal protocol – an IDF directive that is designed to thwart the capture of Israeli combatants. Israel unleashed its full firepower and flattened an entire neighbourhood using tanks, artillery and gunships murdering130 Palestinians just to make sure that one Israeli soldier, Lt. Hadar Goldin didn’t fall into Hamas’ hands alive.

The only interpretation of this massacre is that Israel is a homicidal state completely immune to international conventions and without any respect for civilian lives.

In the light of the actions taken by the Jewish State in the last few days and the overwhelming support for Israel from Jews around the world, it is evident that we are witnessing a clash of civilizations. Humanity is faced with a savage tribe that shows a complete absence of empathy yet for some peculiar reason believes itself to be chosen.

For the sake of world peace, humanity has to use whatever resources it has to dismantle the Jewish State and its lobby.

Enough is enough.

Gilad Atzmon

The Wandering Who? A Study Of Jewish Identity politics and Jewish Power in particular – available on Amazon.com & Amazon.co.uk

PRINT ARTICLE

Sources:

___

DÉMANTELER L’ÉTAT JUIF ET SON LOBBY

[

traduction Messaoud Benyoucef

braniya chiricahua blog

->http://braniya.blogspot.fr/2014/08/demanteler-letat-juif-et-son-lobby.html]

Mieux vaut un soldat mort que captif : le « protocole Hannibal » mis en oeuvre par les hordes sauvages de l’état juif part de ce principe. Et c’est en son nom que la ville de Rafah a subi un déluge de feu. Détruire une ville pour, finalement, s’assurer que le soudard sioniste est bien mort et pas captif, quelle leçon donne à l’humanité l’armée la plus morale du monde!

Voici ce qu’en dit Gilad Atzmon qui, lui, appelle un chat, un chat et des sauvages, des sauvages.

« L’armée israélienne a confirmé aujourd’hui que jusqu’à 130 civils palestiniens ont été abattus à Rafah vendredi dernier après le déclenchement du protocole Hannibal – une procédure mise en place pour contrecarrer la capture de soldats israéliens.

Israël a déclenché sa pleine puissance de feu et rasé tout un quartier à l’aide de chars, d’artillerie et d’hélicoptères de combat, assassinant 130 Palestiniens juste pour s’assurer qu’un soldat israélien, le lieutenant Hadar Goldin ne tombe pas vivant entre les mains du Hamas.

La seule lecture que l’on peut faire de ce massacre est qu’Israël est un État meurtrier totalement à l’abri des conventions internationales et sans aucun respect pour la vie des civils.

À la lumière des mesures prises par l’État juif au cours des derniers jours et le soutien massif envers Israël des Juifs du monde entier, il est évident que nous assistons à un choc des civilisations.

L’humanité est confrontée à une tribu sauvage qui montre une absence totale d’empathie toujours au nom du motif curieux de se croire élu.

Pour la paix dans le monde, l’humanité doit utiliser toutes les ressources qu’elle a pour démanteler l’État juif et son lobby.

Assez, c’est assez. »

Gilad Atzmon

http://www.gilad.co.uk/writings/clash-of-civilizations.html

Sources: traduction – braniya chiricahua

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Ulcéré par des « rumeurs infâmes »

Patrick Bruel s’exprime sur le conflit israélo-palestinien:

«JE SUIS UN HOMME DE PAIX»

Ulcéré par «des rumeurs et des contre-vérités aussi absurdes qu’infâmes», Patrick Bruel a réagi: alors que des certains faisaient de lui un sponsor de l’armée israélienne, le chanteur a pris position pour la paix sur sa page Facebook.

Profondément blessé par les messages qu’il a reçus, Patrick Bruel s’est aujourd’hui tourné vers Facebook pour faire une mise au point et s’exprimer sur le conflit en Palestine, préférant couper court à «des rumeurs et des contre-vérités aussi absurdes qu’infâmes». Dans un long message émouvant, le chanteur veut rétablir la vérité:

«Contrairement à ce que je peux lire avec effroi, je n’ai jamais donné un centime à l’armée israélienne, ni à une armée quelle qu’elle soit et cela ne me traversera jamais l’esprit.»

Au contraire. En effet, Patrick Bruel affirme sans détour: «Je suis un homme de paix», expliquant avoir participé «à des concerts pour des associations caritatives, pour des hôpitaux, des enfants défavorisés ou atteints de maladies rares», partout où on le lui a demandé.

Il profite également de cette tribune pour rappeler ses nombreuses actions en faveur de la paix entre Israël et Palestine, de la conférence de Genève, au concert à l’Opéra de Versailles, ou encore à son livre.

«J’ai toujours prôné la création d’un Etat Palestinien qui reconnaisse l’Etat d’Israël et respecte sa sécurité et vice-versa, explique-t-il. Je l’ai réitéré il y a à peine un an sur i24 news , chaîne d’info israélienne, ce qui m’a même valu les remarques -parfois violentes- d’une certaine partie de la communauté juive. La paix se fait à deux! D’où que l’on vienne, quoique l’on pense ou souffre au plus profond de soi, la réponse ne peut pas se faire sur ce terrain. Des enfants et des civils sont au cœur de cette tragédie. JUSQU’À QUAND…? Aucune cause ne peut justifier ça!

Cette escalade et ces images quotidiennes me font horreur et j’implore les responsables politiques de s’assoir à une table de négociation. Seule une solution politique est possible et le dialogue s’impose.»

Le chanteur s’alarme aussi des répércussions du conflit en France et dans d’autres pays: «Depuis combien de temps je crie haut et fort qu’il faut arrêter de transférer ce conflit chez nous, s’indigne-t-il. Cet amalgame est intolérable et j’en appelle à la responsabilité collective des leaders d’opinion ( politiques ou autres) pour calmer les tensions et endiguer cette dérive dangereuse pour notre République. Appeler à un cessez-le-feu est plus que légitime mais pourquoi se servir de ces malheurs pour réveiller et déverser une telle haine envers des gens (juifs ou musulmans ) qui n’ont rien à voir avec ce conflit . En France, en Belgique ou ailleurs, qu’ont à voir les enfants dans les écoles, les fidèles dans les lieux de cultes ou les gens dans leur quotidien avec la folie meurtrière d’un conflit malheureusement sans fin.

De grâce, cessons de tout mélanger et de mettre de l’huile sur un feu déjà tellement dévastateur.»

Pour conclure, le chanteur appellent toues les bonnes volontés à s’unir pour faire avancer la paix: «Tout ça ne peut conduire qu’au chaos de part et d’autre.Que des voix musulmanes, juives et chrétiennes entre autres, s’élèvent pour apaiser ce qui est en train de devenir une catastrophe, et ramènent le monde sur le chemin du « vivre ensemble »…»

Sources:

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GAZA

LA MANIFESTATION DE SAMEDI À PARIS SUR FRANCE 3

(vidéo)

Ce très bon compte rendu coïncide avec l’annonce de la dissolution de la Ligue de défense juive. L’opinion publique française commence-t-elle à se libérer de l’emprise du lobby sioniste sur les médias?

France3. Edition du soir du 2 août 2014

https://www.youtube.com/watch?v=vS44KY6uy48

Sources blog algerieinfos-saoudi

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voir aussi images des manifestations dans toute la France:

https://www.google.com/search?q=manifestation+palestine+france&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=F0vfU6aVDOeY1AW7yIFI&ved=0CAcQ_AUoAg&biw=1366&bih=630#facrc=_&imgdii=_&imgrc=R4OHpz7c370gRM%253A%3BMfrftEVLydRj0M%3Bhttps%253A%252F%252Fpbs.twimg.com%252Fmedia%252FBuCbJFNIEAE-MWE.jpg%3Bhttp%253A%252F%252Fwww.francetvinfo.fr%252Fsociete%252Fmanifestations-propalestiniennes-en-france%252Fdirect-manifestation-pro-palestinienne-a-paris_661737.html%3B600%3B448

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AUX RACINES DE LA SAUVAGERIE SIONISTE

Messaoud Benyoucef

le 1er août 2014

braniya chiricahua blog

Une femme devant sa maison détruite

«Il n’ y aura pas d’école demain (en Palestine) on a tué tous les enfants» , chantent en dansant des «citoyens» de l’état juif qui dispose de «l’armée la plus morale du monde», disent-ils.

Visionnez donc cette vidéo, amis lecteurs :

http://oumma.com/202770/israeliens-se-rejouissent-n-y-aura-d-ecole-demain-on-

http://www.youtube.com/watch?v=L0lqnSdEUCw

Comment une telle ignominie est-elle possible? Comment des êtres humains peuvent-ils se réjouir du massacre d’enfants? Sont-ils seulement des humains? En vérité, ce sont des monstres. Aristote définissait le monstre (thèrion) comme celui qui est incapable de vivre avec les humains. Que fait d’autre l’état-monstre sioniste en s’isolant de ses voisins par de gigantesques murailles de béton, en déclarant que nul n’est autorisé à devenir «citoyen» de son pays à moins d’être juif, en exterminant les authentiques autochtones de ce pays parce que non-juifs, en se plaçant au-dessus de la loi humaine parce que «peuple élu»?

LA DÉCOUVERTE

Le minaret de la mosquée Al Soussi

En 1958 -j’avais 15 ans-, j’étais en Seconde classique. Notre professeur de Lettres nous prévint que nous devions lire la Bible si nous voulions comprendre quelque chose aux auteurs essentiels du programme, tels Agrippa d’Aubigné et Bossuet. Je me mis à la tâche au cours des vacances d’hiver. Pour moi, qui n’avais qu’indifférence à l’égard des religions (mon père, proche des réformistes de Benbadis et du PCA, m’avait interdit catégoriquement de fréquenter l’école coranique), la Bible était le Coran des chrétiens et je ne savais absolument rien de ces deux livres. La religion pour moi, c’était la bonté sans exclusive de mes parents, de notre voisine, Mme Cassado, catholique qui aimait tant ma famille, de M. Jacob Bensoussan, juif et ami intime de mon père, du seul ami vrai que j’eus durant mes études, Joseph, chrétien fervent.

Au lieu de quoi, je découvrais, effaré, un Dieu sanguinaire qui tue tous les nouveaux-nés d’un pays sur lequel il envoie neuf autres plaies toutes plus cruelles les unes que les autres, un Dieu exterminateur qui ordonne des génocides en bonne et due forme à des sicaires tel Josué, un Dieu qui choisit l’une des peuplades qu’il a créées pour qu’elle s’asservisse toutes les autres. Je n’en revenais pas! Que des peuples entiers et les trois religions abrahamiques sacralisent et idolâtrent un tel texte -au lieu de l’interdire tout simplement pour apologie de la violence et de la haine raciale- me sidérait. Je refermai ce catalogue de l’horreur et l’abandonnai définitivement «à la critique rongeuse des souris».

LE RETOUR DU REFOULÉ

L’Histoire nous rattrape toujours, heureusement. Face à l’incroyable sauvagerie de l’état sioniste et de la société qu’il a sécrétée -société faite de bric et de broc, dont les membres n’ont rien d’autre en commun (un Russe et un Falacha?), que le système de valeurs que va leur inculquer l’état sioniste-, il est impossible d’éviter plus avant de se poser la question de l’origine de cette sauvagerie. La réponse est contenue dans les prémisses: un système de valeurs -une culture- qui tire son essence de la Torah (l’ancien testament) et de son incessante rumination, le Talmud, voilà la racine du mal.

On a prétendu que le sionisme était un mouvement politique laïque. Si c’était le cas, pourquoi aurait-il refusé les solutions alternatives à la Palestine qui s’offraient à lui: Argentine, Ouganda, Madagascar?

Un mouvement laïque aurait choisi l’un de ces pays pour éviter justement que la religion ait trop de poids.

En préférant la Palestine, le sionisme savait très bien ce qu’il faisait; se servir du poids énorme de la religion afin d’asseoir son état sur des bases que personne ne pourrait remettre en cause et qui souderaient des populations hétérogènes. En vérité, les dirigeants sionistes -quelle que soit leur obédience politique- n’ont jamais perdu de vue leur objectif ultime: l’édification d’un état juif, fait pour les seuls juifs, s’étendant du Nil à l’Euphrate.

DU NIL À L’EUPHRATE

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Pourquoi du Nil à l’Euphrate? Parce que la bible prétend que c’était la terre des Hébreux; en réalité, il s’agissait d’un espace où nomadisaient plusieurs tribus de langues sémitiques: des Arabes, des Syriaques, des Araméens, des Hébreux… Les grotesques mensonges de la bible (repris et prolongés par le Coran) servent aujourd’hui encore, au XXI° siècle, à légitimer une politique criminelle de rapine et de génocide!

L’éminente égyptologue (et résistante) française, Christiane Desroches-Noblecourt, n’avait de cesse de dénoncer ces mensonges bibliques. Ainsi de l’engloutissement de l’armée de Ramsès II par les flots alors que l’on dispose d’une pièce hiéroglyphique (une pierre) qui atteste qu’à ce moment précis le pharaon guerroyait en Asie mineure contre les Hittites (qu’il vainquit et dont il épousa la fille de leur roi pour manifester son désir de paix). Ainsi également du prétendu esclavage des Hébreux en Égypte: C.D-N rappelle que nous disposons d’un document (une pierre gravée) qui «raconte» la visite de pharaon à un chantier de construction et son dialogue avec les ouvriers hébreux qui demandaient une augmentation de leur rétribution.

Du reste, Karl Marx s’était déjà avisé que la société pharaonique ne pouvait pas «fonctionner» sur le mode esclavagiste et avait suggéré la notion de «mode de production asiatique» pour qualifier les sociétés chinoise, indienne et égyptienne.

K.A. Wittfogel prolongera cette réflexion en parlant, lui, de «sociétés hydrauliques» dans lesquelles les castes des dirigeants et des prêtres sont confondues. Dit autrement, ces sociétés fonctionnent à l’idéologie, pas à la contrainte.

Avant tout le monde, cependant, c’est Ibn-Khaldoun qui pointait l’un des plus gros mensonges bibliques: l’errance des Hébreux dans le désert du Sinaï. Critiquant l’historien et géographe arabe El Mas’oudi -qui prenait pour argent comptant ce que disait la bible sur ce chapitre-, Ibn-Khaldoun montre que les «50 feux» hébreux soi-disant sortis d’Égypte auraient donné au bout de 40 ans (deux générations) à peu près 600 000 personnes. Comment un espace aussi aride et désertique que le Sinaï aurait-il pu nourrir et abreuver une masse aussi considérable d’individus avec leurs troupeaux? (D’ailleurs, on peut se demander comment de prétendus esclaves pouvaient posséder autant de biens!). Le cadi (juge) musulman qu’était Ibn-Khaldoun ne voyait aucune contradiction à exercer son esprit critique, fût-ce aux dépens de la bible, donc du Coran! Courageux! Les musulmans d’aujourd’hui, ceux que révolte à juste raison le martyre du peuple palestinien, feraient bien de réfléchir à ce fait que la justification de la sauvagerie sioniste est inscrite dans la bible, bible validée par le Coran.

[[N.B. Voici ce que dit Wikipedia à propos de cet épisode biblique :

«Les événements racontés par la Bible depuis l’exil d’Égypte jusqu’à la conquête du pays de Canaan qui se seraient produits aux environs du XIIIe siècle av. J.-C., ne sont en rien confirmés par les données archéologiques. Pour toute la période qui précède le XIe siècle av. J.-C. et le règne de Saül, on parle de «la protohistoire d’Israël». Les Benê Israël, ouvriers sur des chantiers dans le delta du Nil, qui seraient sortis d’Égypte et qui se seraient installés dans le pays de Canaan n’auraient été en réalité que « plusieurs centaines, un millier tout au plus, très loin des centaines de milliers que laisse entrevoir le texte biblique».]]

LE DIEU EXTERMINATEUR

Un bombardement israélien a visé un marché

L’édification d’un état juif du Nil à l’Euphrate est consubstantielle à un nettoyage ethnique -exigé par le dieu exterminateur de la bible- qui débarrasserait cet espace des Arabes, chrétiens et musulmans.

L’Établissement ashkénaze -formé en très grande majorité de migrants polonais et russes- qui dirige l’état sioniste depuis sa création ne s’est jamais fait faute de le rappeler. Remarquons que lui qui manie à tout bout de champ le chantage à l’antisémitisme englobe dans son racisme anti-arabe les juifs sépharades, perçus comme autant d’Arabes! D’où la tendance de ces derniers (nombreux en France) à être encore plus féroces envers les Arabes, à être plus sionistes que les ashkénazes.

À ce propos, il convient de rappeler que le terme «sémite» ne désigne nullement une race ou une ethnie mais seulement un groupe de langues dit «chamito-sémitique» et comprenant, entre autres, l’amharique, l’arabe, l’araméen, l’hébreu, le syriaque… Au vrai, la notion d’antisémitisme telle qu’elle est instrumentalisée par l’état sioniste et ses sayanim (=agents d’influence) est une invention du XIX° siècle, quand l’Europe se découvrait sous les espèces de l’homme blanc colonisant le monde et soumettant les peuples à sa volonté.

L’antisémite serait, ainsi, un raciste qui hait les Sémites (qui sont des langues)! Le tour de passe-passe a consisté à substituer le mot «sémite» au mot «juif».

Le résultat de cet amalgame est une perversion générale du débat d’idées qui devient simplement impossible: ainsi, vous n’avez pas le droit de dire que vous n’aimez pas la religion hébraïque sans vous faire traiter de raciste; vous n’avez pas le droit de contester l’existence de l’état sioniste paria sans vous faire traiter d’antisémite, etc.. Une police de la pensée s’est mise en place qui exerce un terrorisme digne de l’Inquisition.

En France -comble de lâcheté et de démission-, c’est même une loi (donc la police) et non la libre recherche qui dit ce que doit être la vérité historique!

RENDRE PENSABLE LA DISPARITION DE L’ÉTAT D’APARTHEID SIONISTE

L’OLP (Organisation de libération de la Palestine) avait une charte sur la base de laquelle elle posait ses objectifs politiques à long terme: établir sur tout le territoire de la Palestine historique un état démocratique pluraliste et multiconfessionnel. C’était là, prendre à contre-pied le projet sioniste de construction d’un état juif -fait pour les seuls juifs- s’étalant du Nil à l’Euphrate.

La propagande sioniste, disposant de moyens colossaux, avait entrepris une formidable campagne de désinformation visant cette charte. Tous les médias du monde occidental -plus ou moins tenus par les réseaux d’influence sioniste- s’y étaient mis. Le résultat recherché fut atteint: rendre inimaginable l’idée même d’une remise en cause de l’existence de l’état sioniste paria.

Parallèlement, les services secrets sionistes (dont la devise est “Par la ruse”) préparaient l’arme fatale contre l’OLP: la construction d’un mouvement islamiste, le Hamas, qu’ils financèrent et encouragèrent (oubliant qu’une chose se transforme toujours en son contraire).

Avec sa charte démocratique, l’OLP était en accord avec les valeurs universelles qui fondent et définissent les états modernes.

L’entité sioniste entendait priver l’OLP d’un pareil titre en se fabriquant un ennemi idéal: l’Autre absolu dans sa différence radicale, afin de pouvoir se présenter devant l’Occident comme «la seule démocratie du Moyen-Orient».

L’époque, les années 80, étaient à la découverte par les yankees (résultat de la métabolisation de leur longue alliance avec la tribu des Al Saoud) que l’islam pouvait servir à asseoir la domination de l’Occident. On a dit de la vulgate wahabite qu’elle était l’équivalent du protestantisme en chrétienté. De fait, le wahabisme en tant qu’il est retour à la lettre coranique est retour à la bible, à l’ancien testament. Ce n’est pas là la moindre raison qui a fait que les yankees s’entendent si bien avec les Al Saoud. On a pu dire également du wahabisme qu’il était une judaïsation de l’islam: ritualisme sans spiritualité et soumission à un dieu abstrait. Cela est-il étranger à la convergence d’intérêts nettement observable entre l’état sioniste et la tribu des Al Saoud?

Rien dans ce monde n’est éternel et moins encore les états: près de nous, les régimes racistes d’Afrique australe -dont l’un, la république sud-africaine, était une puissance nucléaire-, la Yougoslavie ont disparu. Si l’état sioniste est parvenu à convaincre la majorité de l’opinion occidentale que son existence fait partie de la nature des choses, il le doit en grande partie au soubassement culturel religieux de cet Occident: la bible.

Depuis le XIX° siècle, en effet, depuis que Nietzsche -cet homme fou dont on serait bien en peine de définir et de classer le verbiage- a inventé la notion radicalement fausse de «judéo-christianisme», l’Occident chrétien a été sommé de revivre son histoire religieuse sous les espèces de la continuité entre judaïsme et christianisme. Rien de plus grotesque. Le christianisme s’est inscrit à sa naissance comme une négation du judaïsme dont il a fait un procès en règle, comme le montre avec éclat l’évangile de Matthieu. Il n’empêche: l’hégémonisme anglo-saxon et ses prétentions à la domination mondiale ont produit et légitimé cette alliance judéo-chrétienne (essentiellement protestante) qui se donne comme le pilier de la défense de l’Occident face à la barbarie.

DÉSHUMANISER L’INDIGÈNE

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Et c’est à ce niveau que l’alliance spéciale des USA et de l’état sioniste trouve l’une de ses explications, la raison de fond étant que les deux entités se reconnaissent comme des nations de pionniers fuyant les persécutions et la misère de la vieille Europe. D’où la compréhension des yankees -qui ont effacé de la surface de la terre des dizaines de nations indiennes- pour le génocide lent des Palestiniens par l’état sioniste. D’où, également, la solidarité de l’Australie -territoire-bagne où le Royaume-Uni avait exilé ses coupeurs de route et autres assassins qui éradiquèrent les aborigènes de Tasmanie- avec l’état juif. Le Canada est lui aussi tenté de rejoindre ses cousins anglo-saxons n’était le Québec.

C’est que le colon a besoin de déshumaniser l’indigène pour se donner bonne conscience quand il le tuera et lui volera sa terre. Si les Algériens ont survécu à la colonisation, ils le doivent à Napoléon III qui s’était écrié, lors de son second voyage en Algérie (1865): «Nous ne permettrons pas que cette race fière et généreuse subisse le sort des Indiens d’Amérique!». C’est dire que le risque était bien réel. La III° République -celle de Jules Ferry- lâchera, par contre, ses chiens civilisateurs sur le pays avec l’aide des généraux félons, Mac Mahon, Pélissier et Cavaignac, le sinistre «nettoyeur» des ouvriers parisiens insurgés en 1848.

LA RUSE DES DEUX ÉTATS

La propanda staffel sioniste a dû, cependant consentir une petite concession aux humanistes de tout bord qui s’inquiétaient, quand même, du sort fait aux Palestiniens. Elle inventa alors la fable aimable des deux états.

Depuis les accords d’Oslo (1993) consacrant cette duperie, que s’est-il passé? Un Premier ministre (Rabin, celui-là même qui ordonnait de casser au gourdin les bras des enfants lanceurs de pierres de la première Intifadha) assassiné, le président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat empoisonné et le nombre de colons juifs en Cisjordanie multiplié par trois.

Un état palestinien à côté de ce monstre froid, armé jusqu’aux dents par son acolyte yankee et qui montre à chaque instant une indifférence radicale à l’égard d’humains qu’il traite comme des choses, imbu qu’il est de sa supériorité ontologique?

Sinistre plaisanterie. Une entité palestinienne viable ne le serait qu’à l’ombre d’une protection internationale, le temps de débarrasser l’humanité du monstre sioniste.

Car il faut rendre pensable la disparition de cette aberration; il ne faut plus craindre de penser sa fin comme l’unique solution qui réglerait le problème définitivement.

LA FIN D’UNE IMPOSTURE

C’est là la tâche de chacun, et d’abord des intellectuels -pour peu qu’ils existent encore! Ces derniers, en effet, de recul en soumission devant les sayanim, ont disparu du paysage.

La France, qui prétend être l’inventeur des intellectuels, est devenue le plus caricatural des cas: ses sayanim -tous issus de la mouvance trotsko-maoïste (ce n’est pas un hasard: Trotsky et Mao étaient des sanguinaires)- exercent un terrorisme idéologique inconnu jusque-là dans son histoire.

Telle une outre pleine de vent, les autres se sont dégonflés, se terrent ou, pour une majorité d’entre eux, se font les supplétifs des sayanim triomphants.

Yes we kill

FULL METAL JACKET

Tout cela n’aura qu’un temps. Restera seulement la honte et le sentiment d’autodévalorisation quand l’état sioniste paria sera démonté par ses propres parrains et que ses sayanim se cacheront pour ne jamais reparaître, la honte de ne pas avoir résisté comme cet admirable petit peuple qui fait face à la barbarie de l’empire du mal avec ses moyens dérisoires.

Dans le film «Full metal jacket», le très talentueux Stanley Kubrick met en scène la fabrique des surhommes, les GI’s américains. Il montre comment ils sont dépersonnalisés, déshumanisés afin de faire d’eux des machines à tuer. Puis, la caméra les suit en situation réelle, durant la guerre du Vietnam. Au cours d’une longue séquence admirable de maîtrise, le film montre la progression d’une section de surhommes stoppée net par un tireur vietnamien. Il s’agissait d’une frêle jeune fille, presque une adolescente, qui mettait ainsi en échec les machines à tuer.

Comme à Gaza aujourd’hui. Comme hier au sud Liban. Et de même que les yankees ont détalé du Vietnam comme des lapins, les sionistes détaleront de la Palestine. Leur présence ne laissera pas plus de traces -seulement le souvenir d’une sauvagerie rare- que n’en ont laissé les royaumes francs de Jérusalem car ils ne sont que «des passants à la parole passagère», comme les avait prévenus Mahmoud Darwich.

Sources: braniya chiricahua blog

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ALGÉRIE RENTRÉE SCOLAIRE 2014

QUID DE LA RÉPUBLIQUE DE DEMAIN?

par El-Houari Dilmi

Véritable baromètre de la vie sociale, la rentrée scolaire est un événement annuel qui donne de l’urticaire à tous les responsables aux manettes des affaires de l’Etat. Cette année, plus de 9 millions d’élèves sont attendus pour rejoindre les bancs des écoles, le 7 septembre prochain, dans un pays où le rôle et la mission de l’institution publique qu’est l’école est au centre de l’équation très complexe du projet de société à donner aux Algériens d’aujourd’hui et de demain.

Le niet opposé par le gouvernement à l’octroi d’une augmentation de la prime de zone place justement le secteur de l’éducation en tête du front de la contestation, à quelques encablures de la rentrée sociale qui risque d’être marquée par d’autres dossiers «brûlants». Véritable revendication leitmotiv du corps enseignant, surtout pour ceux des Hauts Plateaux et du Grand Sud, l’augmentation de la prime de zone a été refusée aux enseignants au motif que «cela mettait gravement en cause les équilibres financiers de l’Etat». Pour la très volontariste ministre de l’Education, Nouria Benghebrit, il s’agit là d’un sérieux point d’achoppement avec les syndicats du secteur. Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), menace de «chahuter» la rentrée si le gouvernement de Sellal ne revoit pas sa copie concernant la prime de zone. Ce même responsable syndical a qualifié cette décision «d’aberrante (…), qui risque de mettre de l’huile sur le feu et inciter les syndicats à entamer des grèves pour faire valoir leurs droits».

Pour l’instant, l’application de la prime de zone ne fera pas l’objet d’une révision, en raison de «l’incidence financière qui en découlera et qui touchera les équilibres financiers de l’Etat après l’augmentation des salaires qu’induira la révision de cette indemnisation», a tranché dans le vif le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Rejetant d’un revers de la main les arguments avancés par le PM, Meziane Meriane du Snapest, qui plaide en faveur d’un ajustement de la prime de zone et non d’une augmentation, a affirmé que «ce n’est pas une petite prime calculée sur le nouveau salaire de base qui va créer un déséquilibre financier, mais ce sont les salaires astronomiques des cadres qui peuvent influer considérablement sur les équilibres financiers de l’Etat».

Deux points de vue très loin d’être conciliables, surtout que le ministère de tutelle, après ses promesses, est attendu au tournant dès la mi-août pour donner des réponses claires aux syndicats sur les dossiers en suspens. Benghebrit, bénéficiant d’une sorte d’état de grâce jusqu’à la prochaine rentrée, a fait l’engagement ferme que «le dialogue sera ouvert à tous les partenaires sociaux pour trouver les solutions possibles», promettant de remettre les points de désaccord sur le tapis durant la troisième semaine du mois d’août. Même si les Algériens se sont habitués, depuis de nombreuses années, aux perturbations et autres mouvements sociaux dans ce secteur poids lourd, un autre point incite à l’optimisme : celui de voir la tutelle, les syndicats, les associations de parents d’élèves «enjamber» ensemble tous les obstacles pour avancer d’un pas ferme et faire de l’école d’aujourd’hui le socle solide de la République de demain. Il y va de l’Algérie de nos enfants.

Sources: Le Quotidien d’Oran

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CUBA, UN MODÈLE

SELON L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTÉ

Salim Lamrani

le 29 juillet 2014

Opera Mundi

Selon l’organisme onusien, le système de santé à Cuba a valeur d’exemple pour tous les pays du monde

Le système de santé cubain est mondialement reconnu pour son excellence et son efficacité. Malgré des ressources extrêmement limitées et l’impact dramatique causé par les sanctions économiques imposées par les Etats-Unis depuis plus d’un demi-siècle, Cuba a réussi à universaliser l’accès aux soins à toutes les catégories de la population et à obtenir des résultats similaires à ceux des nations les plus développées.

Lors de sa récente visite à La Havane en juillet 2014, Margaret Chan, directrice générale de l’Organisation mondiale de la santé, a fait l’éloge du système de santé cubain et s’est montrée impressionnée par les réussites dans ce domaine. «Cuba est le seul pays qui dispose d’un système de santé étroitement lié à la recherche et au développement en cycle fermé. C’est la voie à suivre, car la santé humaine ne peut s’améliorer que grâce à l’innovation», a-t-elle déclaré. Elle a salué «les efforts de la direction de ce pays pour faire de la santé un pilier essentiel de développement[[Prensa Latina, « Directora de OMS reconoció labor de Cuba en materia de salud », 16 juillet 2014.]]».

Cuba a basé son système de santé sur la médecine préventive et ses résultats sont exceptionnels. Selon Margaret Chan, le monde doit suivre l’exemple de l’île dans ce domaine et remplacer le modèle curatif, inefficace et plus coûteux, par un système basé sur la prévention. «Nous souhaitons ardemment que tous les habitants de la planète puissent avoir accès à des services médicaux de qualité, comme à Cuba», a-t-elle souligné[[Agencia Cubana de Noticias, « World Health Organization Praises Cuba’s Achievements », 14 juillet 2014.]].

L'Ecole latino-américaine de médecine (ELAM)

L’OMS rappelle que le manque d’accès aux soins dans le monde n’est en aucun cas une fatalité découlant d’un manque de ressources. Il traduit, au contraire, un manque de volonté politique de la part des dirigeants de protéger les populations les plus vulnérables.

L’organisation cite à ce titre le cas de l’île de la Caraïbe comme étant le parfait contre-exemple[[Prensa Latina, « Directora de OMS reconoció labor de Cuba en materia de salud», op. cit.]].

D’ailleurs, en mai 2014, en guise de reconnaissance à l’excellence de son système de santé, Cuba a présidé la 67ème Assemblée mondiale de la Santé[[EFE, «Directora general de la OMS está en Cuba para ver avances en investigaciones», 15 juillet 2014.]].

Avec un taux de mortalité infantile de 4,2 pour mille, l’île de la Caraïbe présente le meilleur indicateur du continent et du Tiers-Monde, reflétant ainsi la qualité de son système et l’impact sur le bien-être des enfants et des femmes enceintes. Le taux de mortalité infantile de Cuba est même inférieur à celui des Etats-Unis et se situe parmi les plus bas au monde[[EFE, «Cuba cierra 2013 con la tasa de mortalidad infantil más baja de su historia», 2 janvier 2014.]].

Avec une espérance de vie de 78 ans, Cuba est l’un des meilleurs élèves du continent américain et du Tiers-monde, avec un indicateur similaire à celui des nations les plus développées.

En moyenne, les Cubains vivent 30 ans de plus que leurs voisins haïtiens.

En 2025, Cuba disposera de la plus grande proportion de personnes de plus de 60 ans d’Amérique latine[6][[Oscar Alfonso Sosa, «Crece esperanza de vida geriátrica en Cuba”, Cubadebate, 29 avril 2014.]].

Un système de santé au service des peuples du Tiers-monde

Cuba fait également bénéficier les populations du Tiers-monde de son expertise dans le domaine de la santé. En effet, depuis 1963, Cuba envoie des médecins et autres personnels de santé dans les pays du Tiers-Monde afin de soigner les déshérités. Actuellement, près de 30 000 collaborateurs médicaux travaillent dans plus de 60 pays de la planète[[Salim Lamrani, Cuba: les médias face au défi de l’impartialité, Paris, Editions Estrella, 2013, p. 49.]].

L’exemple emblématique de cette solidarité vis-à-vis des plus démunis est l’Opération Miracle lancée en 2004 par Fidel Castro et Hugo Chávez. Cette campagne humanitaire, mise en place au niveau continental dans le cadre du projet d’intégration de l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique (ALBA), consiste à opérer gratuitement les Latino-américains pauvres atteints de cataractes et autres maladies oculaires[[Cubadebate, «La Misión Milagro cumple hoy diez años : ha devuelto la vista a 3,4 millones de personas», 8 juillet 2014.]].

En une décennie, près de 3,5 millions de personnes ont pu retrouver la vue grâce à l’internationalisme cubain. Ce programme social, créé dans un premier temps pour le Venezuela, a été étendu à tout le continent avec l’objectif d’opérer un total de 6 millions de personnes. En plus des opérations chirurgicales, la Mission Miracle fournit gratuitement des lunettes et des lentilles de contact aux personnes atteintes de troubles de la vue[[Ibid.]].

Au total, près de 165 institutions cubaines participent à l’Opération Miracle, qui dispose d’un réseau de 49 centres ophtalmologiques et de 82 blocs opératoires dans 14 pays d’Amérique latine : la Bolivie, le Costa Rica, l’Equateur, le Guatemala, le Guyana, Haïti, le Honduras, la Grenade, le Nicaragua, le Panama, le Paraguay, Saint-Vincent et les Grenadines, le Venezuela et l’Uruguay[[Ibid.]].

La solidarité médicale cubaine s’étend également à l’Afrique. En 2014, LABIOFAM, l’entreprise de production chimique et biopharmaceutique cubaine, a lancé une campagne de vaccination contre le paludisme en Afrique de l’Ouest, dans pas moins de 15 pays[[Agencia Cubana de Noticias, «Cuba’s LABIOFARM Launches Malaria Campaign in Western Africa», 30 mai 2014.]]. Selon l’OMS, ce virus, qui affecte en majorité les enfants, coûte la vie à pas de moins de 630 000 personnes par an, «la plupart étant des enfants âgés de moins de cinq ans vivant en Afrique». «Cela signifie que 1 000 jeunes enfants meurent chaque jour de paludisme[[Organisation mondiale de la santé, «World Malaria Report 2013 », 2013, p. v. http://www.who.int/malaria/publications/world_malaria_report_2013/report/en/ (site consulté le 19 juillet 2014).]]», rappelle l’Organisation.

De la même manière, Cuba forme de jeunes médecins du monde entier au sein de l’Ecole latino-américaine de médecine (ELAM).

Depuis sa création en 1998, l’ELAM a diplômé plus de 20 000 médecins de plus de 123 pays. Actuellement, 11 000 jeunes en provenance de plus de 120 nations suivent une carrière de médecine au sein de l’institution cubaine.

Selon Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, l’ELAM est «l’école de médecine la plus avancée au monde».

Il a également fait l’éloge des médecins cubains qui travaillent dans le monde entier et notamment à Haïti: «Ce sont toujours les premiers arrivés et ce sont les derniers à partir. Ils restent sur place après les crises. Cuba peut montrer au monde entier son système de santé, un modèle pour beaucoup de pays[[Nyliam Vásquez García, « La escuela médica más avanzada del mundo », Juventud Rebelde, 28 janvier 2014.]]».

En faisant l’éloge de Cuba, l’Organisation mondiale de la santé souligne qu’il est possible pour un pays du Tiers-monde aux ressources limitées de mettre en place un système de santé performant et d’offrir à l’ensemble des populations une protection sociale digne de ce nom, s’il y a la volonté politique de placer l’être humain au centre du projet de société.

Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim Lamrani est Maître de conférences à l’Université de La Réunion, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Son nouvel ouvrage s’intitule « Cuba. Les médias face au défi de l’impartialité », Paris, Editions Estrella, 2013 et comporte une préface d’Eduardo Galeano.

Contact : lamranisalim@yahoo.fr; Salim.Lamrani@univ-reunion.fr

Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel

Sources: Opera Mundi

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16 AU 25 JUILLET 2014 : SÉLECTION DE LA SEMAINE

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ABDELAZIZ RAHABI: «LA DIPLOMATIE ALGÉRIENNE A CONSISTÉ PENDANT 15 ANS À PLAIRE À L’OCCIDENT»Propos recueillis par Massissilia Chafaï – TSA – le 23 juillet 2014;


« ON NE VEUT PLUS D’ALGÉRIE-POSTE »publié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfosSUITE À LA SUSPENSION DE DEUX DE SES MEMBRES: LE SNAP MONTE AU CRÉNEAUpar Younès Saâdi – Reporters.Dz – le 23 Juillet 2014;


BARBARE PARMI LES NATIONSle 22 juillet 2014 – Messaoud Benyoucef – blog braniya chiricahua;


FATMA OUSSEDIK: « À QUI PROFITE LE FOYER DE TENSION AU M’ZAB? » “Liberté” – le 21 juillet 2014, blog algerieinfos le 21 juillet 2014;


FRÈRES MUSULMANS-SALAFISTES. L’AMALGAME OUTRANCIER DE SAMIR AMINEpublié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfos – le 18 Juillet 2014;


Révolution : cris et écritspar Belkacem Ahcene-Djaballah – le 22 juillet 2014 – Le Quotidien d(‘Oran;


écho: LE TRAUMATISME DU PRINTEMPS NOIRMémoire soutenu à BÉJAÏA par DJENADI Nawel et SEBAHI Aimad – Tahar HAMADACHE – le 25 juillet 2014.


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ABDELAZIZ RAHABI:

«LA DIPLOMATIE ALGÉRIENNE A CONSISTÉ

PENDANT 15 ANS

À PLAIRE À L’OCCIDENT»

Propos recueillis par Massissilia Chafaï

“Tout sur l’Algérie”

le 23 juillet 2014

Abdeaziz Rahabi est Diplomate et ancien ministre de la Culture et de l’information. Il explique dans cet entretien les raisons de la réaction tardive de l’Algérie concernant la situation à Gaza.

Comment expliquez-vous la réaction tardive de l’Algérie concernant la situation à Gaza?

Quand on dit l’Algérie, il ne faut pas parler que de la position officielle mais il faut parler de la réaction de toute l’Algérie, à savoir société et pouvoir public, que je trouve choquante. Le peuple algérien vit avec beaucoup de colère et tristesse ce qui se passe à Gaza mais il est incapable d’exprimer une réaction. Le drame de l’Algérie est là. On vit une colère interne mais personne n’est en mesure d’exprimer une réaction ou de manifester sa colère ou son rejet.

Concernant la réaction tardive du gouvernement, je ne suis pas du tout étonné. En quinze ans l’Algérie n’a absolument rien dit sur la Palestine, ni sur l’Irak. Elle était occupée à plaire à l’Occident. C’est ce qu’on a appelé le retour sur la scène internationale.

Je vous donne un exemple, l’Algérie n’a pas reçu un seul dirigeant palestinien depuis huit ans. Lorsque vous posez la question aux officiels ils vous disent qu’il faut que les palestiniens s’entendent d’abord, entre eux, alors qu’auparavant c’était l’Algérie qui faisait que les palestiniens s’entendent entre eux.

Autre exemple, le conseil national palestinien s’est réuni à Alger pour proclamer la naissance de l’État palestinien en novembre 1988, c’est-à-dire, à moins d’un mois des événements d’octobre 1988. En dépit des conséquences de ces événements, le gouvernement algérien n’a pas reporté ou annulé la réunion du conseil national. On voit à travers cet exemple l’engagement de l’Algérie. À cette époque on n’avait pas peur de ne pas plaire aux amis d’Israël, contrairement à ces quinze dernières années.

Comment peut-on qualifier la diplomatie actuelle de l’Algérie? Privilégie-t-elle ses relations avec l’Europe et les Etats-Unis plutôt que le monde arabe?

L’Algérie n’a pas changé de position concernant la cause palestinienne mais elle la manifeste moins clairement. La diplomatie algérienne a consisté, pendant quinze ans, à plaire à l’occident. Il faut reconnaitre qu’il y a une sorte de correction depuis l’arrivée de Ramtane Lamamra où on voit un intérêt plus important pour le monde arabe et le Sahel.

Est-ce que le fait que Hamas incarne la résistance palestinienne dérange l’Algérie? Sachant que Hamas est considéré par les occidentaux comme un groupe terroriste et que l’Algérie est très impliquée dans la lutte contre ce dernier…

Hamas est un gouvernement élu qui a une légitimité populaire. Il reste un parti politique palestinien et non un groupe terroriste comme l’ont classé les occidentaux.

Nous avons à respecter le choix du peuple palestinien qui nous respecte énormément et qui attend beaucoup de nous.

Nous avons toujours parlé avec la direction palestinienne c’est-à-dire pour nous c’est Abou Mazen qui parle au nom de la Palestine et non pas Hamas.

En plus Hamas n’est pas à l’origine de la résistance palestinienne. Il n’est qu’un acteur parmi d’autres. Cela ne devrait poser aucun problème à l’Algérie.

Sources: Tout sur l’Algérie (TSA)

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« ON NE VEUT PLUS D’ALGÉRIE-POSTE »

Publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos

le 23 Juillet 2014

«Je pense qu’on veut liquider notre entreprise. La laisser dans l’état actuel sans investissement, sans motivation et sans formation est un signe fort qu’on ne veut plus d’Algérie Poste», confie au quotidien Reporter-dz, Mourad Nekeche le président du Syndicat national autonome des postiers. L’entreprise publique semble renouer avec l’incertitude, alors que des mots d’ordre de grève circulent sur les réseaux sociaux…

SUITE À LA SUSPENSION DE DEUX DE SES MEMBRES:

LE SNAP MONTE AU CRÉNEAU

par Younès Saâdi,

Reporters.Dz

le 23 juillet 2014

Le Syndicat national autonome des postiers (SNAP), une organisation non encore agréée, revient à la charge et menace de descendre dans la rue le mois prochain. Motif : protester contre les sanctions prononcées au début du mois à l’encontre de deux membres de son conseil national exerçant à l’agence de Dar El Beida d’Algérie Poste.

«Deux membres du conseil national de notre syndicat ont été sanctionnés par la direction régionale d’Algérie Poste en raison de leurs activités syndicales», a indiqué hier, lors d’une conférence de presse animée au siège de la Maison des syndicats à Bab Ezzouar (Alger), le président du SNAP, Mourad Nekeche.

Il poursuit : «Nous n’allons pas nous taire devant cette injustice. Le conseil national du SNAP a décidé de tenir la mois prochain un sit-in de protestation devant le siège du ministère du Travail et de la Sécurité sociale.»

«Nous sommes déterminés à défendre nos adhérents», a-t-il martelé.

Voulant expliquer cette affaire, le conférencier dira: «Le 25 juin dernier, Sofiane Kahlene, membre du conseil national du syndicat exerçant à l’agence d’Algérie Poste de Dar El Beida, à Alger, a été destinataire d’une suspension de travail sous prétexte qu’il est poursuivi en justice. Un argument qui ne tient pas du tout la route, car il ne fait l’objet d’aucune poursuite quelconque.»

Révoltés par cette sanction, qualifiée d’«arbitraire», ses collègues ont observé le 7 juillet dernier un arrêt de travail de deux heures. Une démarche qui a, selon lui, provoqué la colère de la direction d’Algérie Poste qui n’a pas tardé à prononcer de nouvelles sanctions.

En effet, un autre membre du conseil national du SNAP, en l’occurrence Tarek Amar Khoudja, a été suspendu le même jour. Il est accusé d’être derrière cet arrêt de travail. Convoqué par le conseil de discipline, Amar Khoudja a répondu pendant trois heures aux questions qui lui ont été posées par les membres du conseil, au nombre de sept. Persuadé de son licenciement, il a affirmé à la presse que le motif réel de cette campagne d’«intimidation» est de faire taire les travailleurs et d’entraver l’implantation du SNAP dans les bureaux de poste. «Les bureaux de poste manquent de tout, nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à cette situation qui pénalise d’abord les clients d’Algérie Poste», a-t-il dit.

Sur ce point, Sofiane Kahlene n’a pas pu retenir sa colère en décrivant les conditions de travail dans lesquelles les travailleurs d’Algérie Poste exercent.

«À Tolga à Biskra, un agent d’Algérie Poste ramène avec lui une chaise. Trouvez-vous cela normal? Parfois, nous sommes obligés d’acheter du matériel avec notre propre argent pour pouvoir travailler», a-t-il martelé.

Un constat partagé par le président du syndicat qui croit à la théorie du complot. «Je pense qu’on veut liquider notre entreprise. La laisser dans l’état actuel sans investissement, sans motivation et sans formation est un signe fort qu’on ne veut plus d’Algérie Poste», soupçonne-t-il.

Profitant de la présence des journalistes, le président du SNAP a dénoncé le refus du ministre du Travail et de la Sécurité sociale de délivrer à son organisation syndicale le récépissé de demande d’agrément. Pourtant, un dossier complet contenant toutes les pièces demandées a été déposé il y a plus de deux ans. «Notre dossier de demande d’agrément a été déposé il y a plus de deux ans, nous n’avons pas encore reçu le récépissé de dépôt.

À chaque fois qu’on se déplace au ministère, on nous avance des prétextes pour justifier le retard. Nous ne pouvons plus attendre, la création d’un syndicat est un droit reconnu par la Constitution et les conventions internationales signées par l’Algérie»,
a-t-il rappelé.

Interrogé sur l’appel à la grève lancé sur les réseaux sociaux dans les postes pour les 16 et 17 juillet, l’orateur nie toute implication de son organisation. «Nous n’avons aucun lien avec ces appels à la grève lancés sur les réseaux sociaux», a-t-il clarifié.

Source: Reporters-Dz

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BARBARE PARMI LES NATIONS

le 22 juillet 2014

Messaoud Benyoucef

braniya chiricahua

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Cet article a été écrit en 2012. Je le remets en exergue à l’occasion -si l’on peut dire- du nouveau carnage perpétré par l’entité monstrueuse qui se veut un « Etat juif », contre les assiégés de Gaza. Par air, par mer, par terre, les hordes sauvages de l’Etat sioniste paria s’acharnent sur les enfants, les femmes et les vieillards. Elles font moins preuve de courage quand il s’agit d’affronter les hommes du Hamas.

Rarement le monde a assisté à une semblable sauvagerie. Un monde veule, à l’image de sa représentation symbolique, l’ONU, qui vient d’élire l’Etat assassin au comité de décolonisation! Un état colon raciste (pur pléonasme) dans une structure censée être anticoloniale! Pitoyable perversion! Misérable lâcheté -une de plus!

La palme de l’indécence et de l’ignominie devra être décernée au gouvernement français qui, sous couvert du « droit à la défense d’Israël », donne son onction au massacre des femmes et des enfants de Gaza.

Ce faisant, ce gouvernement s’inscrit dans la droite ligne des social-traîtres de 1956 qui, élus pour faire la paix en Algérie, se sont couchés devant les minorités ultra et ont cédé toutes leurs prérogatives aux militaires. On sait où cela a mené.

Sauf que cette fois-ci, il n’y a pas un De Gaulle pour sauver l’âme de cette nation en perdition, car même ceux qui se réclament de son héritage n’ont qu’une hantise: se montrer plus serviles à l’égard de l’entité sioniste et de ses relais (CRIF, LICRA, UEJF…) que leurs alter-ego socialistes.

Les Etats occidentaux sont tous sur la même ligne de soumission à l’entité sioniste et à ces puissants réseaux d’influence. Gageons, cependant, qu’ils savent que le monstre dont ils ont accouché ne les tient pas seulement par la barbichette de la culpabilité: Berlin, Londres, Paris, Varsovie… mesurent bien qu’ils sont à portée des missiles nucléaires du Léviathan.

L’Etat sioniste paria se veut un « Etat juif »; ses thuriféraires parlent volontiers d' »Etat hébreu ». Prendre au pied de la lettre ces notions signifierait qu’il y a une manière juive de faire de la politique -par l’extermination de ce qui n’est pas juif.

Qu’en pensent, qu’en disent les Juifs du monde ?

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L’État sioniste paria, se posant sans vergogne comme le représentant des Juifs du monde entier, attribue une distinction dite «Juste parmi les nations» à ceux qui ont sauvé des Juifs durant la Seconde guerre mondiale.

José Aboulker, Juif algérois, résistant et chef des commandos qui ont neutralisé les forces vichystes pour permettre aux armées alliées de débarquer sans coup férir à Alger (novembre 1942), rappelait que le mufti d’Alger avait interdit d’acheter les biens juifs spoliés, car «les Juifs sont nos frères dans le malheur» , précisait l’homme de religion. C’était dans une émission télévisée de la série «Les brûlures de l’histoire» (Fr3).

Cela pour rappeler que les Juifs qui, des deux côtés de la Méditerranée, ont été protégés des exactions de l’occupant nazi et de ses laquais par des Arabes ou des Français, l’ont été par obéissance à la loi morale (comme dirait Kant).

Or la loi morale dans son concept est désintéressée: elle commande de prendre autrui comme une fin en soi, jamais comme un moyen.

C’est pourquoi la «distinction» octroyée par l’État sioniste est profondément immorale d’un double point de vue:

  • d’une part, parce qu’elle est le fait d’une entité politique tribale qui discrimine et chosifie des êtres humains, les Palestiniens -faute de pouvoir enfin réaliser un génocide en bonne et due forme;
  • d’autre part, parce que l’État sioniste, en «récompensant» les justes, se place insidieusement et automatiquement au-dessus d’eux, leur signifie qu’il leur est moralement supérieur puisque c’est lui qui dit où est le juste, le bien, et qu’il désigne ceux qui ont eu une conduite morale.

Mais si l’on regarde les choses d’un peu près, cette distinction extravagante veut bien dire que si le fait d’avoir sauvé un Juif vous confère une qualité exceptionnelle, c’est bien parce que le Juif est un être d’exception. La distinction sioniste de «Juste parmi les nations» est une perversion de la loi morale car elle se fonde elle-même sur une discrimination entre Juif et non-Juif, ce qui veut dire qu’elle est en contradiction avec l’universalité du genre humain.

C’est pourquoi nous proposons, à notre tour, d’instaurer la distinction dite «BARBARE PARMI LES NATIONS» pour stigmatiser les entités politiques criminelles, celles qui font du racisme et du suprématisme leur credo. Et pour l’ensemble de leur œuvre, nous décernons, en premier lieu, ce titre infamant à l’État sioniste et à son coolie yankee, les USA.

Nous examinerons dans un proche avenir le cas de l’Australie -qui a réussi, ne l’oublions pas, à éradiquer l’espèce aborigène de Tasmanie- ainsi que celui du Canada, qui se pose comme candidat empressé au poste de groom chamarré de l’État sioniste. (Qu’attend donc le Québec pour voler de ses propres ailes?)

Cela étant dit, n’oublions pas la centaine de députés français (de la législature Sarkozy) qui ont signé un texte par lequel ils déniaient aux Palestiniens le droit de… saisir l’ONU pour lui demander de proclamer un État palestinien. À peine si la démarche de l’Autorité palestinienne n’a pas été qualifiée de terrorisme arabe!

De plus, ce texte incroyable venait contredire la position officielle du gouvernement français! Autrement dit ces députés n’ont pas craint d’aller à l’encontre de la politique de leur propre gouvernement, à l’encontre des intérêts stratégiques bien compris de leur pays au Moyen-Orient, pour complaire à l’État sioniste.

Une telle coalition où l’on retrouve des gens de droite et de gauche voisinant avec les débris de l’OAS (dont la haine à l’égard de l’Algérien est inextinguible et est échangeable contre celle du Palestinien -un Arabe est un Arabe, n’est-ce pas?), une telle coalition donc qui se met au service d’une puissance étrangère (nucléaire de surcroît), cela porte un nom: cinquième colonne.

Quelques noms de ces pétitionnaires qui font passer l’intérêt de l’état sioniste avant celui de leur pays: Georges Pau-Langevin (socialiste et sous-ministre dans le gouvernement Ayrault); Michèle Tabarot, député UMP (et néanmoins fille de Robert Tabarot, l’un des chefs de la sinistre OAS oranaise); Bernard Debré qui voisine avec le très sioniste et ancien militant du mouvement d’extrême droite Occident, Claude Goasguen, etc. Quel monde oecuménique! Et quel courage quand il s’agit de se liguer contre un peuple sans défense!

Sources: braniya chiricahua

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FATMA OUSSEDIK:

« À QUI PROFITE LE FOYER DE TENSION AU M’ZAB? »

Publication dans “Liberté”, d’une conférence débat, très éclairante, de Fatma Oussedik

.

De l’avis de Mme Oussedik, ces incidents profitent à “ceux qui gouvernent par la peur” et qui cherchent à “masquer les échecs d’un système de gouvernance qui a enfanté des monstres”

[

Par Hafida Ameyar

Liberté

le 21 juillet 2014

->http://www.liberte-algerie.com/actualite/a-qui-profite-le-foyer-de-tension-au-m-zab-conference-de-la-sociologue-fatma-oussedik-sur-les-evenements-de-ghardaia-225397]

[

repris sur le blog algerieinfos

Saoudi Abdelaziz

le 21 Juillet 2014

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/07/fatma-oussedik-a-qui-profite-le-foyer-de-tension-au-m-zab.html]


La crise du M’zab donne un éclairage sur “l’état du tissu social”, ainsi que sur “la question de l’état” et des “manipulations diverses (qui) a fragilisé le pays”.

Ce point de vue a été exposé par la sociologue Fatma Oussedik, lors d’une conférence-débat organisée à Alger, dans la soirée du samedi 19 juillet, par le Rassemblement actions jeunesse (Raj).


Très soucieuse sur le regard “scientifique” de l’universitaire, Mme Oussedik s’est d’abord prêtée aux définitions de “minorité” et de “communauté”, avant de situer “l’espace” où se déroule l’événement (à 600 km d’Alger, dans la wilaya de Ghardaïa).

Elle a enfin énoncé que les Ibadites du M’zab, “Amazighs zénètes”, berbérophones et musulmans appartenant à “une école doctrinale particulière” “ne sont pas une ethnie”. “Ils sont une communauté, mais certainement pas une minorité”, a-t-elle affirmé, sans exclure plus loin la volonté de certains de “construire une minorité politique”.

Elle a rappelé le travail accompli par le mouvement national, qui “a transformé toutes les communautés”, les unissant autour de l’objectif d’indépendance nationale.

Les Ibadites du M’zab, à l’exemple de Moufdi Zakaria, “se sont intégrés dans le mouvement national, en tant qu’Algériens”, dira la sociologue, en critiquant ces livreurs d’“a priori idéologiques (qui) produisent de la minorité” et du “communautarisme dans sa signification négative”.

L’auteure de Itifaqate, un ouvrage de référence sur le M’zab, a cependant concédé que les Ibadites du M’zab se distinguent par une “singularité puissante”, celle du “maintien” des institutions traditionnelles dont certaines, comme tajmaât, existent ou ont existé ailleurs, dans le pays. Elle finira par admettre que la crise à Ghardaïa est une des expressions de la crise de l’état national qui, loin de valoriser la spécificité des régions, “a sciemment ignoré” les formes d’auto-organisation de l’Algérie profonde.

Pire, la wilaya ou la figure du wali “a été et demeure une machine à broyer les institutions locales (…) souvent de façon violente” et reste impuissante devant les bouleversements socioéconomico-démographiques, poursuivra-t-elle.

Non sans déplorer les propos humiliants tenus par le chef de l’état, après son élection en 2009, à l’endroit des Kabyles, les “petites blagues” de M.Sellal, alors chef de campagne et la “réactivation” / ”manipulations” des archs, mais également cette façon qu’ont les représentants du pouvoir à s’adresser, non plus aux Algériens, mais aux Chaouis, Mozabites, Touareg, Kabyles, etc.

Aujourd’hui, la question est de savoir qui tire profit des troubles en Algérie.

De l’avis de Mme Oussedik, ces incidents profitent

à “ceux qui gouvernent par la peur” et qui cherchent à “masquer les échecs d’un système de gouvernance qui a enfanté des monstres”,

à “ceux qui veulent faire entendre leur capacité de nuisance, pour faire partie du jeu”,

aux “différents trafiquants”, partisans du “commerce illégal” et de la “dérégulation”.

L’Algérie a connu une véritable “entreprise de délégitimation des institutions locales et nationales, durant des décennies, au bénéfice de la création de clientèles”, lâchera la sociologue. 

Et d’ajouter: “Nous sommes face à un état affaibli, qui a besoin de l’informel et de dérèglements.”

Faisant le parallèle entre les événements de Ghardaïa et ceux ayant éclaté dans d’autres régions du pays, l’invitée de Raj a estimé que “la violence arrive lorsque la loi est absente”.

Au cours du débat, il a été question de l’“ingénierie” de la société ibadite à produire des institutions nouvelles, de la “responsabilité” de l’état et des logiques résultant des “intérêts” mis en place dans la société algérienne, ainsi que de “la déstructuration du tissu social par le pouvoir, pour réaliser un tissu adapté à ses intérêts”.

Dans ce cadre, des participants ont laissé entendre que la crise du M’zab pourrait avoir un lien, notamment avec la découverte du gaz de schiste dans “une région faisant l’objet de convoitises”.

Source: Liberté.com

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Photo DR. les islamistes Salafistes du parti Al-Nour soutiennent Abdel Fattah al-Sissi contre les islamites Frères musulmans

FRÈRES MUSULMANS-SALAFISTES.

L’AMALGAME OUTRANCIER DE SAMIR AMINE

publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos

le 18 Juillet 2014

Dans un long texte intitulée « Le retour du fascisme dans le capitalisme contemporain », publiée sur le site Forum de alternatives Samir Amine étudie la naissance et l’évolution des mouvements fascistes divers dans le monde.

Samir Amine note d’emblée le trait commun des régimes fasciste habituellement décrit par les marxistes. Ils « acceptent tous d’inscrire leur gestion de la politique et de la société dans un cadre qui ne remet pas en cause les principes fondamentaux du capitalisme, à savoir la propriété capitaliste privée, y compris celle, moderne, des monopoles ».

Samir Amine conclut sa longue compilation par les menaces fascistes dans nos régions. ce qui semble être la vraie finalité de l’article.

« Les soulèvements populaires des années récentes à partir de 2011 ont remis en question les dictatures concernées. Mais seulement remis en question » note le chercheur qui pose dans « l’horizon court visible » trois hypothèses:

  • « Un retour possible au modèle national populaire de l’ère de Bandoung, peut être avec un zest de démocratie?
  • Une cristallisation plus marquée d’un front démocratique, populaire et national?
  • Un plongeon dans l’illusion passéiste qui prend ici la forme d’une «islamisation» de la politique et de la société? »

Samir Amine énonce que les Etats Unis et leurs alliés subalternes européens « ont fait leur choix: le soutien préférentiel aux Frères Musulmans et/ou aux autres organisations «salafistes» de l’Islam politique, parce que la raison en est simple et évidente: ces forces politiques réactionnaires acceptent d’inscrire l’exercice de leur pouvoir dans le néolibéralisme mondialisé (et donc abandonnent toute perspective de justice sociale et d’indépendance nationale); et c’est cela le seul objectif poursuivi par les puissances impérialistes ».

Samir Amine énonce: « De ce fait, le projet de l’Islam politique appartient à la famille des fascismes de sociétés dépendantes ».

Il ajoute: « Ce mode de pouvoir islamiste est donc le garant que les sociétés concernées demeureront dans l’incapacité absolue de s’affirmer sur la scène mondiale. Force est de constater que les Etats Unis sur le déclin ont renoncé à obtenir mieux – un pouvoir local stabilisé et soumis – en faveur de ce «second best».

Mon avis sur le vif.

Pourtant les USA et les Occidentaux ont avalisé leur habituel « first best » -avec les réserves d’usage mais sans trop réchigner-, le coup d’Etat anti-frères musulmans et le pouvoir autoritaire qui a suivi, imposé avec la bienveillance des salafistes.

Il y a quelque chose de « forcé » et même de « baclé » dans la démonstration du chercheur égyptien, notamment l’amalgame entre Frères musulmans et salafistes.

En Tunisie, la « dérive fasciste » présentée comme inévitable parce que de « nature génétique » des Islamistes tunisiens proches de la Confrérie ne s’est pas confirmée.

Bien au contraire, ils se sont ralliés au pacte constitutionnel républicain national et démocratique et l’on observe que le fossé est profond entre Enahda et les salafistes.

Dans tous les cas, on peut s’attendre à ce que l’article de M. Amine fasse chez nous les délices de ceux qui dénient aux Islamistes de filiation Frères musulmans toute capacité d’évolution vers des lignes politiques « nationale, populaire et démocratique ».

Sources: blog algerieinfos

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Révolution : cris et écrits

par Belkacem Ahcene-Djaballah

LES FEMMES ALGÉRIENNES DANS LA GUERRE

Etude historique de Danièle Djamila Amrane Minne

(préface de André Mandouze)

Editions Barzakh,

316 pages, 900 dinars,

Alger 2014.

Au départ, ce n’était qu’une thèse soutenue le 22 juin 1988 à l’Université de Reims (France), sous la direction de Annie Rey-Golzeiguer, avec pour Président du jury… le Pr André Mandouze, himself, s’il vous plaît. L’impétrante s’était vue alors décerner la plus haute mention possible : Très honorable.

Au final, un ouvrage, aujourd’hui enfin édité en Algérie, que le préfacier, le Professeur André Mandouze, dit «appelé à devenir un classique dans le monde entier».

Bien sûr, le livre ne reprend que l’essentiel et le plus important et a résumé le reste, tout aussi important et essentiel. Plus de dix mille militantes avaient été répertoriées alors (en 1974) ce qui, pour l’époque (l’informatisation au ministère des Moudjahidine venait à peine de débuter) était déjà fabuleux, 88 entretiens, 75 tableaux… Tout l’itinéraire de la femme algérienne menant son combat : avant le déclenchement de la guerre de libération nationale (présente, mais mal acceptée ou acceptée à contrecœur par les hommes). Pendant la lutte à partir de 54 avec une certaine égalité des genres, les dangers étant les mêmes pour tous… avec, cependant, cette amer constat que «si les femmes ont certainement joué un rôle déterminant… aucune n’a réussi à occuper un poste de responsabilité»… avec une conclusion encore plus amère sur ce qui a suivi… après l’Indépendance, avec le retour aux modes de vie antérieurs pour la plupart d’entre -elles. Des témoignages d’une simplicité bouleversante… Du courage plein les phrases… de l’intelligence et de l’efficacité plein les actes… et de l’engagement sans fin. Et ce, malgré toutes les inacceptations masculines. On accepte (assez) bien la combattante, mais on perçoit autrement la femme.

Encore que ? L’auteure a découvert au cours de ses entretiens, que sur les plus de 40 militantes mariées pendant ou après la guerre, 38 le sont avec des militants. «Or, pour un combattant, se marier avec une combattante est la meilleure preuve d’acceptation de la lutte qu’elle a menée et d’estime pour ce qu’elle a été». Il est vrai que les «hommes» d’aujourd’hui ne sont plus les «hommes» d’hier.

Avis : Un ouvrage riche en infos sur les femmes en guerre et audacieux par ses vérités et sa franchise. Devrait être le livre de chevet de toutes les femmes (jeunes et moins jeunes) algériennes. Ouvrage fortement conseillé pour lecture (à condition que les lecteurs sachent comprendre ce qu’ils parcourent des yeux) à certains de nos (les anciens et surtout les «jeunots») hommes dits «politiques» afin qu’ils revoient leur copie en matière d’égalité des genres… en ce début… du 21è siècle.

Extraits : «La simplicité du cœur peut devenir un inégalable garant d’objectivité» (Préface du Pr Mandouze, p 17), «On parle beaucoup de politique entre hommes. C’est ça qui est formidable chez les femmes, elles ne parlent pas de politique, mais elles saisissent tout, et brutalement cette masse silencieuse peut devenir partie prenante devant un événement précis» (p 71), «Enfant, on ne comprend pas, on ne juge pas, mais on regarde» ( p. 81), «Un pays où les femmes n’ont pas de métier a des femmes mutilées» (p 130), «L’entrée des femmes dans la lutte ne découle certes pas d’une décision prise par les autorités Fln-Aln, mais bien plutôt de l’élan qui a poussé les femmes, comme les hommes, à lutter désespérément pour une vie plus juste et plus digne» (p 265), «La guerre de libération nationale a provoqué un élan spontané vers un but simple et clair qui était l’indépendance . Cet élan s’et traduit, dans un contexte exceptionnel de guerre, par des attitudes exceptionnelles, mais il n’était pas soutenu ni par une éducation politique élaborée ni par des ambitions personnelles qui auraient pu lui permettre de se perpétuer après la guerre» (p 290).

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CITATIONS DU PRÉSIDENT BOUMEDIENE

L’héritage : Que reste-il?

Ouvrage documentaire de Khalfa Mameri

El Dar El Othmania Edition et Distribution

250 pages, 500 dinars

Alger 2014

(5ème édition revue et augmentée)
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L’ouvrage, édité pour la première fois en 1979… a disparu subitement et sans explications des étals des librairies, juste après la mort du Président Boumediène. Pourquoi?_ Pas besoin de vous faire un dessin. Avec l’arrivée de Boumediène au pouvoir, tout ce qui avait trait à Ben Bella avait été mis (jeté!) aux archives. Chacun de nos dirigeants, dès son arrivée au grand «koursi», rend (toujours) la monnaie de la pièce… à sa manière… et la plus efficace est celle de la «mise en cave» des documents .

Pauvre mémoire historique algérienne! Difficile, sinon impossible même chez les bouquinistes, de trouver, aujourd’hui, un recueil des discours et interventions de Ben Bella, de Boumediène, de Chadli, et encore moins de Boudiaf ou de Zeroual… «C’est toujours le dernier qui a parlé qui a raison». Au suivant!

Avis : D’accord ou pas d’accord avec le personnage central de l’ouvrage et sa politique… mais il faut quand même lire le livre et aussi le conserver, surtout… pour ne plus refaire les mêmes erreurs.

Extraits :

«L’Algérie veut être l’Algérie tout court» (p 21, H.B, 31 juin 1966),

«La culture n’est pas un phénomène indépendant de la vie des hommes. Son rapport avec eux est la condition de sa vitalité et de son rayonnement. Elle est, en fait, la permanence de l’éternité des peuples» (p 29, H.B, 22 juillet 1969),

«Un pays ne peut rien entreprendre de durable sans un appareil étatique stable et efficace. Le règne de l’illusionnisme politique avait instauré dans les rouages de l’Etat l’incohérence et la confusion» (p 59, H.B, 1er Novembre 1965),

«Certains censeurs reprochent à l’Islam la tolérance de la polygamie, mais ils oublient que le Coran a interdit la pluralité des femmes à qui est incapable d’assumer une stricte équité à l’égard de ses épouses. Ainsi, l’Islam est incontestablement en faveur de l’épouse unique» (H.B, p 120, 8 mars 1966),

«Il ne faut pas avoir la croyance naïve que parce qu’il existe des jeunes, il y a une jeunesse» (H.B, p 126, 7 juillet 1974).

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Le déserteur.

Récit-document de Maurienne

(pseudonyme alors utilisé par Jean-Louis Hurst)

Enap Editions,

267 pages, 500 dinars

Alger 1992.

Un livre édité pour la première fois en avril 1960, deux ans avant la fin de la guerre de libération nationale, puis saisi.

Sous l’appellation «roman» et sous pseudonyme (choisi par l’éditeur). Il fut immédiatement interdit par les autorités françaises. L’éditeur, Jérôme Lindon fit face à la Justice qui voulut connaître le nom de l’auteur ainsi que celui des personnages décrits:

Deux soldats déserteurs rencontrés en Suisse, Meier et Orhant, Mandouze, Vauthier, Allel El Mouhib, l’Abbé Robert Davezies.

Condamnation pour «provocation à la désobéissance»! L’auteur entre en clandestinité (il avait déserté durant l’automne 1958 et, grâce à Henri Curiel, avait participé, avec trois autres déserteurs, alors réfugiés en Suisse et oubliés de tous, à la création du mouvement d’insoumission «Jeune Résistance, JR»).

L’ouvrage avait été largement diffusé par le mouvement étudiant français et parut ainsi dans plusieurs pays. Il fut même traduit en japonais.

L’histoire est simple et humaine : des jeunes , appelés à effectuer leur service militaire en Algérie pour combattre les «fellagas», refusent l’appel, non par lâcheté ou par égoïsme, mais seulement par engagement politique (après analyse des situations, discussions et réflexions, s’opposant aux prises de position des partis politiques de gauche de l’époque totalement ankylosés) en faveur des «damnés de la terre», contre la torture, contre l’exploitation coloniale… Au départ, ils n’étaient que quatre ou cinq.

À l’automne 60, le procès du réseau Jeanson accéléra le processus. Par la suite, il y en eut des centaines et des centaines, déserteurs ou/et insoumis.

Français, décédé en France le 13 mai 2014, l’auteur est aujourd’hui, comme il l’a souhaité avant sa mort (pour moi, un symbole extrêmement fort de fraternité! une réponse claire à tous ceux qui veulent faire perdurer les fractures culturelles et cultuelles), enterré, le 21 mai, en Algérie, au cimeterre chrétien de Dar Essâada /Alger. Son épouse (décédée le 30 novembre 2012) aussi, dont les cendres ont été transférées de France. Ayant totalement aimé l’Algérie au point de refuser d’y combattre dans l’armée colonialiste et, par la suite, ayant choisi d’y vivre assez longtemps , en tout cas le temps de faire un enfant (une fille ,Annick) et d’y enseigner, le plus bel hommage à lui rendre c’est de lire ou de relire son livre… si vous arrivez à le trouver.

Avis : Appel aux éditeurs : Le rééditer (et le traduire)… ainsi d’ailleurs que tous les autres ouvrages de tous les innombrables «justes».

Extraits :

«Ce n’est pas une bonne façon de résoudre les problèmes que de faire semblant de les ignorer» (p 17, préface des éditeurs de la première édition),

«Je considère un peu la révolte comme la grâce de l’incroyant» (p 30), _ «La caserne, c’est effroyablement banal. Je n’aime pas la vie militaire, mais elle a, au moins, un côté valable : tu acquiers , grâce à elle, une philosophie réaliste et pleine de bon sens qui te permet de te démerder dans n’importe quelle situation et de voir la vie sous son aspect agréable» (p 49),

«On n’est pas toujours capable d’y voir clair quand on est tout seul» (p 54).

Sources Le Quotidien d’Oran

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http://bejaia-aujourdhui.com/2013/09/les-victimes-du-printemps-noir-2001-ecrivent-a-sellal-pour-relancer-les-enquetes/

MÉMOIRE SUR

LE TRAUMATISME DU PRINTEMPS NOIR

SOUTENU À BÉJAÏA

DJENADI Nawel et SEBAHI Aimad viennent, fin juin dernier, de soutenir avec brio, et publiquement, leur mémoire de master en psychologie à l’université de Béjaïa.

Le travail documentaire et les enquêtes effectuées pendant toute l’année universitaire vient ainsi aboutir à l’un des plus intéressants travaux sur les traumatismes collectifs dus à des catastrophes sociales, ici précisément aux événements du Printemps noir qui a laissé des séquelles indélébiles sur le corps social en Kabylie.

eLa recherche ne s’est pas arrêté à cet aspect, elle s’est approfondie pour explorer les effets intergénérationnels de ces événements au sein même de la famille (la relation: « parent victime – enfant né après » est ici pris en considération).

En effet, même lorsqu’elle n’est pas exprimée, la douleur traumatique marque l’individu et se transmet à son entourage et « s’hérite » par sa famille et ses enfants.

Cela peut contribuer non seulement à extérioriser quelque peu le non-exprimé, voire l’impensé traumatique relatif au Printemps noir, mais aussi faire prendre conscience que l’agression massive telle que celle subie par les populations juvéniles et civiles en 2001 ne sont pas circonscrites au moment seul où elles ont eu lieu mais traversent les époques au point que, plus le temps passe, plus on s’en plaindra.

Si la mémoire collective et familiale est sujette à de telles marques indélébiles malgré elles, cela peut aussi réveiller les consciences au fonctionnement de ces mémoires: inutile de se réfugier dans la vie au jour le jour, les mieux avisé(e)s sont celles et ceux qui lui prodiguent le meilleur entretien, les soins les plus suivis et l’enrichissement le plus favorable à la bonne santé (mentale) des générations et, allant, de la société.

Lors de toutes les étapes de leur travail sur le thème du mémoire, le binôme Djenadi-Sebbahi a été encadrée par la professeure BOUATTA Cherifa, enseignante de psychologie à l’université de Béjaïa. En plus de l’encadreur, le jury de la soutenance était composé de Benamsili Lamia (psychologue clinicienne, enseignante à l’université de Béjaïa), examinatrice, et de Fergani Louhab (psychologue clinicien, secrétaire adjoint de la SARP et enseignant à l’université de Béjaïa), président.

Ci-après le résumé de cette étude tel qu’il figure dans le mémoire soutenu avec succès par nos deux étudiants.

Tahar Hamadache.

Résumé du mémoire:

Toutes les populations du monde furent confrontées à un moment ou un autre à une forme de violence qu’elle soit intentionnelle ou causée par une catastrophe naturelle. Les deux formes de violence peuvent engendrer un traumatisme psychique qui confrontera l’individu au réel de sa mort.

Dans notre présente étude, nous allons nous pencher sur la question de la violence intentionnelle à laquelle était confrontée la population kabyle durant le printemps noir de 2001, et à l’impact du traumatisme subi par les pères traumatisés sur le devenir psychologique de leurs enfants en mettant en exergue la problématique de la transmission intergénérationnelle.

Nous soulignerons l’importance que peut jouer la présence d’un agent résilient au sein d’une famille de père victime de violence dans la protection des enfants.

Pour se souvenir de ce document :

DJENADI Nawel et SEBAHI Aimad

“Devenir psychologique des enfants dont le père a subi des violences intentionnelles au cours du printemps noir”

Mémoire de master soutenu à l’Université Abderrahmane MIRA de Béjaïa, juin 2014.

Sources: facebook « Parlons du Printemps noir! »

L »espace « Parlons du Printemps noir » sur Facebook est consacré aux débats sur ces événements.

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DU 8 JUILLET AU 15 JUILLET 2014 : SÉLECTION DE LA SEMAINE

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ISRAËL ÉLU À LA COMMISSION DE DÉCOLONISATION DE L’ONU: UNE OBSCÉNITÉPar Alain Gresh – le 09 juillet 2014 – Le Monde;


ALGER – 17 JUILLET 2014 – HOMMAGE À HENRI ALLEG;


EXPLOITATION DU GAZ DE SCHISTE: CE N’EST PAS UNE FATALITÉM’hammed Rebah – Reporters.dz – le 15 juillet 2014;


LE BARIL, SES USAGES ET MÉSUSAGESPar Abdelatif Rebah – “Le Soir d’Algérie” – le 12 juillet 2014;


L’APPEL DE DÉTRESSE DES MOZABITESHafida Ameyar 10 Juillet 2014;


AL-FARABI, DE LA PENSÉE MORALE A LA PENSÉE POLITIQUEPar Inès Aït Mokhtar – publié le 18/12/2013;


La chronique de Maurice Tarik Maschino : UNE FATIGUE CHRONIQUE – El Watan – le 10.07.14;



ISRAËL ÉLU À LA COMMISSION DE DÉCOLONISATION DE L’ONU:

UNE OBSCÉNITÉ

Par Alain Gresh

le 09 juillet 2014

Le Monde

Demain, le Ku Klux Klan pour combattre le racisme?

Lire ci-dessous l’article d’Alain Gresh sur le blog du Monde Diplo.

« En juin 1967, dans un texte qui devait devenir célèbre, écrit pour un numéro des Temps modernes, la revue dirigée par Jean-Paul Sartre et consacrée au conflit israélo-arabe, le célèbre orientaliste Maxime Rodinson posait une question iconoclaste résumée par le titre: «Israël, fait colonial?».

Il fallait un certain courage pour formuler une telle interrogation, à l’heure où la majorité des médias français se déchaînaient contre le président égyptien Gamal Abdel Nasser et voyaient dans la défaite de celui-ci une revanche de la guerre d’Algérie.

À l’heure, aussi, où l’on discutait doctement du socialisme supposé d’Israël, et où des milliers de jeunes Français, juifs et non juifs, découvraient la vie communautaire dans des kibboutz.

Qu’écrivait Maxime Rodinson en substance? Que l’immigration juive en Palestine s’inscrivait dans un mouvement bien plus universel de colonisation des terres soi-disant vierges (c’est-à-dire peuplées de barbares), ce que le fondateur du sionisme, Theodor Herzl, reconnaissait volontiers à l’époque.

Quels qu’aient été les discours des pionniers du sionisme installés en Terre sainte, leur but était le même que celui des Français en Algérie ou des Européens en Amérique du Nord: conquérir la terre et en expulser ses habitants, tout cela au nom de la civilisation, bien sûr. J’ai longuement développé cette dimension coloniale dans “De quoi la Palestine est-elle le nom?” (Les liens qui libèrent, Paris, 2009).

Dans ce livre, j’évoquais également un épisode de la fondation des Nations unies. Lors de sa première présentation, le préambule de la Charte de l’ONU, qui proclamait la foi dans les droits fondamentaux de la personne, fut lu par Jan Smuts, le premier ministre de l’Afrique du Sud, un pays où sévissait la ségrégation raciale.

C’est à un événement du même type mais moins médiatisé que l’on a assisté ce mois-ci. Comme le précise un communiqué du département de l’information de l’ONU:

«Malgré la forte opposition du Groupe des États arabes, M. Mordehai Amohai, d’Israël, a été élu aujourd’hui Vice-Président de la Quatrième Commission de l’Assemblée générale chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. Les cinq autres “grandes Commissions” ont aussi complété leur bureau pour la soixante-neuvième session de l’Assemblée qui s’ouvrira le 16 septembre prochain.»

Lire Laurence Bernard, «Faillite de l’Union européenne en Palestine», “Le Monde diplomatique”, novembre 2013.

Normalement, les membres des bureaux des commissions sont présentés par les groupes régionaux aux Nations unies et acceptés sans vote. La candidature d’Israël était présentée par le groupe des pays européens auquel ce pays appartient. Selon le communiqué des Nations unies, le représentant de Londres a protesté contre le refus exprimé par plusieurs pays arabes: «Son homologue du Royaume-Uni, au nom du Groupe des États d’Europe occidentale et autres États, a exprimé sa “déception” face à la décision du Groupe des États (arabes) d’appeler à un vote. “Contester une candidature soutenue par un Groupe régional est contraire aux normes et aux pratiques établies et crée un précédent dangereux pour les futures élections”, a-t-il dit.»

Le vote n’a été acquis que par 74 voix et 69 abstentions et, comme l’a précisé le représentant de la Libye:

«C’est une honte pour l’humanité. (…) Pour la première fois dans l’histoire de l’Organisation, une entité occupante a été élue à la vice-présidence d’une commission chargée de mettre fin à la décolonisation. (…). Cette élection a montré clairement la défaite de l’entité israélienne, qui a reçu moins de la moitié des voix.»

« La paix c’est la guerre », proclamait Big Brother dans 1984, le roman de George Orwell. « La colonisation c’est la décolonisation », proclament aujourd’hui les Nations unies (…).

Seule la mobilisation de la société civile est apte, en ce moment, à sanctionner Israël, comme vient de le prouver la décision de l’Eglise presbytérienne, une des plus importantes aux Etats-Unis (1,8 million de membres), de retirer ses investissements de Caterpillar, Hewlett-Packard and Motorola Solutions («Presbyterian Church votes to divest holdings to sanction Israel», “The Guardian”, 21 juin) pour leurs activités dans les territoires palestiniens occupés.

Comme le rappelle un article du “Monde diplomatique” du mois de juin, c’est cette campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) qui provoque des «alarmes israéliennes», et qui permettra de venir à bout du colonialisme de Tel-Aviv.

Sources: blog Monde Diplomatique

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EXPLOITATION DU GAZ DE SCHISTE:

CE N’EST PAS UNE FATALITÉ

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Au-delà du débat (comme l’appellent les uns) ou faux débat (selon d’autres) autour de la problématique de l’exploitation du gaz de schiste, le dernier mot pourrait revenir finalement aux populations locales directement concernées.

Le cas du petit village de Zurawlow, dans l’est de la Pologne, est exemplaire. Ses habitants sont parvenus à interdire au pétrolier américain Chevron – 4e plus grande compagnie pétrolière dans le monde – de procéder aux forages pour extraire du gaz de schiste. Durant quatre cents jours, ils ont bloqué l’accès à la parcelle où le géant pétrolier américain s’apprêtait à effectuer des forages pour rechercher du gaz de schiste.

Il y a quelques jours, dans la nuit du 7 au 8 juillet, vers 4 heures, les employés de Chevron ont été contraints d’abandonner la partie et quitter les lieux, emmenant avec eux tous les équipements installés sur les terres agricoles pour effectuer des forages exploratoires pour le gaz de schiste.

À ce jour, aucun puits de gaz n’a été construit dans le village. Selon la presse polonaise, les habitants qui voulaient connaître la composition des liquides utilisés lors de la fracturation hydraulique de la roche, se sont vu répondre par Chevron que c’était «de l’acide citrique, du liquide vaisselle».

Les villageois ont compris qu’il s’agissait de substances chimiques dangereuses et qu’il fallait empêcher cela. Ils se sont inspirés de l’exemple du mouvement Occupy aux Etats-Unis et ont organisé des barrages.

Le cinéaste Lech Kowalski, qui a tourné un documentaire sur leur lutte, “Holy Field Holy Warest”, sorti en France en mars 2014, explique que «les compagnies sont arrivées très arrogantes dans le village, comme si elles pouvaient faire ce qu’elles voulaient». Il rapporte qu’«elles n’ont pas été honnêtes avec les agriculteurs, et ont travaillé dans le secret». Enfin, «contrairement à ce qu’elles clamaient à leur arrivée, ce n’est pas une industrie qui a créé de nombreux emplois: seule une poignée de résidents a trouvé un travail».

La Pologne, qui était présentée par les médias comme le «Koweït du gaz de schiste» en Europe – l’Agence gouvernementale américaine de l’énergie (EIA) a prétendu que ce pays détiendrait 4,19 milliards de mètres cubes de réserves de gaz de schiste – devait commencer l’exploitation commerciale de ses ressources en gaz de schiste en 2014 et devenir ainsi le troisième pays du monde et le premier européen à commencer l’extraction de cette ressource énergétique.

L’annonce avait été faite le 27 novembre 2013 par le vice-ministre polonais de l’Environnement, Piotr Wozniak.

Le gouvernement polonais, qui avait lancé une première extraction expérimentale en juillet 2013, comptait investir, avant 2020, 12,5 milliards d’euros pour exploiter les gisements de gaz de schiste dont il dispose.

Mais ce choix n’a pas fait l’unanimité en Pologne et ce qui s’est passé dans le village de Zurawlow a valeur de symbole de la résistance des agriculteurs et, plus largement, de tous ceux qui, en Europe, s’opposent à l’exploitation du gaz de schiste, et plus particulièrement par la compagnie pétrolière américaine Chevron.

C’est la victoire des associations environnementales et des agriculteurs qui ont défendu leurs terres, alarmés par les anomalies constatées depuis le début des travaux de fracturation, notamment l’eau courante qui aurait pris une teinte anormalement foncée et serait devenue non potable.

Comme quoi, l’exploitation du gaz de schiste n’est pas une fatalité.

Sources: Reporters.dz


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INVITATION

Jeudi 17 juillet 2014, à 22 heures

à la salle de conférences du

Rassemblement Action Jeunesse (RAJ)

17, rue Larbi Ben M’Hidi, Alger

3ème étage (porte droite)

HOMMAGE

À

HENRI ALLEG

Ancien directeur d’Alger républicain

Auteur de “La Question”

décédé le 17 juillet 2013

De la part d’Anciens journalistes d’Alger républicain

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LE BARIL, SES USAGES ET MÉSUSAGES

Par Abdelatif Rebah

“Le Soir d’Algérie”

le 12 juillet 2014

«Semer le pétrole au profit du développement» , la formule est célèbre qui résume le rôle qui était assigné au secteur des hydrocarbures par les pères fondateurs du modèle algérien. Lui faisait écho, le climat d’adhésion populaire qui avait accueilli les nationalisations des hydrocarbures, il y a plus de quatre décennies.

La centralité du pétrole dans l’économie algérienne est, quant à elle, un phénomène qu’on peut qualifier d’hérité, puisqu’il s’est formé, déjà, dans les années qui ont immédiatement précédé l’indépendance.

Dès 1962, la part de l’or noir dans le PIB avait grimpé à 48% contre 14% en 1959, tandis que le brut constituait 59% des exportations globales. En moyenne, 60% de l’investissement productif global réalisé durant la période 1959-1962 relevaient du secteur pétrolier.

Dans le Plan de Constantine (1959-1963), le secteur des hydrocarbures s’était approprié le cinquième de l’investissement total et les industries manufacturières 12%, tandis que la part de l’énergie électrique était de 4,5%.

Le premier plan quadriennal (1970-1973) va confirmer cette prépondérance des hydrocarbures et des industries manufacturières, avec respectivement 16% et 26,6% des investissements et 2,4% pour l’énergie électrique.

Pour mettre en relief le caractère vital et stratégique que cette richesse du sous-sol revêt désormais, le recours à la métaphore devient un passage obligé: «Les hydrocarbures sont la colonne vertébrale de l’économie algérienne, la denrée sur laquelle est assise sa souveraineté» et constituent «le cœur et le sang de l’économie», si bien que, contrôler le secteur hydrocarbures c’est contrôler «la circulation de son propre sang dans son cœur, ses propres facultés de respiration».

Comme un non-dit, se profilait un objectif de mise en selle, à terme, d’un relais non pétrolier dans l’accumulation, véritable enjeu d’une croissance autoentretenue.

Que restera demain à la place d’un gisement épuisé ou arrêté? Combien d’usines auront poussé, combien de scientifiques et de techniciens nationaux auront pris la relève de la technique étrangère…?

Ces interrogations pressantes résument de manière éloquente l’ambition affichée dès le départ par les promoteurs du modèle.

Même si on doit lui reconnaître des contours quelque peu idéalisés, l’image du baril, à la fois combustible du développement national et source d’une prospérité nationale partagée, n’est pas loin de la réalité qui prenait chair dans les réalisations industrielles, économiques, sociales et culturelles pendant les deux premières décennies de l’Algérie indépendante.

Indéniablement. Le paysage énergétique et économique national en fournit, jusqu’à aujourd’hui encore, maintes preuves vivantes. Même le FMI ne peut que relever qu’ «au cours des quelques 25 années qui ont suivi l’accession à l’indépendance en 1962, l’Algérie a fait des progrès notables sur le plan du développement de son capital humain et matériel et a considérablement renforcé et diversifié le secteur des hydrocarbures».

Ainsi, dans un rapport d’évaluation de la transition à l’économie de marché publié en 1998, après avoir noté que «les inégalités de revenus et de sexe ont été atténuées au profit d’une plus grande cohésion sociale», le document du FMI reconnaît que «cette stratégie a été assez fructueuse» et en énumère les résultats les plus saillants «d’une part, le ratio investissement/PIB a été maintenu au niveau d’environ 45% jusqu’à la fin des années 1970 et l’économie a enregistré un taux de croissance annuelle moyen de plus de 6% en termes réels, contre 3% pour les pays à revenus intermédiaires pris collectivement. La majorité des indicateurs sociaux étaient en forte hausse. En particulier le taux d’alphabétisation de l’Algérie est passé, du milieu des années 1960 au milieu des années 1980, de 25% à plus de 60%. Le taux de mortalité infantile a chuté de 150 pour 1000 à moins de 80 pour 1 000 pendant la même période». Les Algériens accèdent massivement aux bienfaits de l’éducation, de la santé publique, du progrès social et culturel.

Depuis, entre usages et mésusages, cette image du baril s’est bien dégradée, force est de le constater. Sa physionomie actuelle porte l’empreinte des recompositions qui ont profondément affecté le statut de cette ressource épuisable et non renouvelable dans l’économie du pays. Le modèle s’est métamorphosé. Une lecture rétrospective de variables-clés tant énergétiques qu’économiques permet d’en prendre la mesure à la fois quantitative et qualitative.

Les usages du baril se révèlent être, en effet, un marqueur pertinent et significatif de la nature de ces recompositions. Comment donc ont-ils évolué?

Deux axes d’évolution s’offrent à nous, dans cet ordre d’idées: celui qui nous renseigne sur les usages de la part exportée du baril ou plus exactement de ses recettes (environ 1 000 milliards de dollars depuis l’indépendance) et celui qui rend compte des usages de la part du baril qui est allée à la consommation interne.

En Algérie, le baril d’hydrocarbures produit est destiné dans des proportions respectives de 70% et de 30%, à l’exportation et à la consommation interne. Ce qui, en substance, correspond aux deux finalités essentielles assignées au secteur des hydrocarbures: source de financement du développement et source d’approvisionnement énergétique à long terme du marché national.

Dans cet article, nous allons nous pencher sur le premier axe d’évolution.

Les métamorphoses du baril-source de financement de l’accumulation productive

Un baril à l’exportation à rendement variable

On estime globalement que depuis l’indépendance, l’Algérie a produit 18 milliards de barils de pétrole brut (soit 2,3 milliards de tonnes), 8 milliards de barils de condensat et GPL (soit 750 millions de tonnes) et 2 700 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

D’une manière générale, on peut dire que, durant plus de quatre décennies, le secteur hydrocarbures a joué le rôle de «machine à fabriquer de l’argent» en fournissant, durant toute la période qui nous sépare du 1er plan triennal 1967-1970, la quasi-totalité des recettes en devises de l’Etat, les deux-tiers en moyenne de ses recettes fiscales.

Si on examine le rendement global des exportations de pétrole et de gaz, exprimé à prix courants, on constate au cours des années 1990 une érosion frappante comparativement aux années 1980. On exporte plus à des coûts plus élevés pour un revenu unitaire en baisse constante.

Au cours des années 2000, ce rendement va connaître un net redressement

Légende
Période Revenu US $/TEP exportée

(en dollars courants)
2000-2010 312
1989-1999 116
1978-1988 165

Revenu moyen US $/TEP exportée

Baril-accumulation productive :

des années de l’essor à la déconnexion

Selon l’orientation prédominante donnée à l’emploi de ces ressources, on pourrait distinguer dans cette période quadri-décennale, en gros, une première phase où les hydrocarbures s’affirment comme la source de financement de l’accumulation productive, marquée par des années d’essor suivies de l’inflexion inaugurée par le bilan décennal publié par le Plan en 1980,

à laquelle a succédé une seconde phase, celle du tournant des réformes de 1988 où les ressources hydrocarbures n’ont plus pour finalité le développement mais essentiellement d’honorer les échéances de plus en plus pressantes de la dette extérieure. À l’enjeu central du développement s’est substitué celui de l’ajustement structurel choisi ou subi.

Une troisième phase, celle des années 2000, verra les ressources en hydrocarbures connaître une ère d’expansion sans précédent. Les recettes d’exportation d’hydrocarbures cumulées durant la période 2000-2008, soit 349 milliards de dollars représentent plus du triple de celles enregistrées pendant les années 1990-1999, soit 111 milliards de dollars. Ces ressources seront essentiellement consacrées aux investissements d’infrastructures (dont la composante devises dépasse 70%), à la sphère commerciale d’import-revente en l’état et au soutien de la demande via l’importation, qui mobilisent la quasi-totalité de l’enveloppe.

Les années de l’essor

La disponibilité croissante des revenus pétroliers (et gaziers) va servir à nourrir durant les plans 1967-1970,1970-1974, 1974-1978 et 1980-1984, un effort sans précédent de développement national, accéléré et affranchi des contraintes de profit. De 1969 à 1978, les investissements publics, tous secteurs confondus, avaient été multipliés par 15 et le ratio investissement/PIB avait atteint, au terme de la décennie 1970, le taux de 45%. Selon certaines évaluations, ces investissements auraient représenté environ 10 années d’exportation du pays à raison d’une moyenne de 11 milliards de dollars par an. Les montants des investissements alloués au secteur de l’industrie (y compris les hydrocarbures) ont représenté une moyenne de 60% environ pour l’ensemble de la période allant du 1er plan triennal (1967-1969) à 1979.

1980 : l’inflexion

Cet effort va connaître une première inflexion dès l’élaboration du plan 1980-1984. Décision est prise d’arrêter tous les investissements publics programmés dans la sphère productive, y compris ceux qui avaient pour objet de parachever les projets déjà réalisés. L’impératif de l’industrialisation qui dominait la stratégie de développement national est remis en cause. La part de l’industrie dans l’investissement tombe de 56% en 1980 à 24% en 1984, un recul relatif substantiel au profit des infrastructures dont la part passe de 30% en 1980 à 55% en 1984.

Après avoir connu, en 1980, des pics inespérés, le prix du baril de pétrole brut chute de 40% environ en 1986, les recettes d’exportation des hydrocarbures baissent à 7,26 milliards de dollars contre 12,72 milliards de dollars en 1985, soit un recul de près de 43% en une année. La perte enregistrée est l’équivalent de 91% des recettes de 1978. Le service de la dette extérieure s’aggrave et engloutit en 1986 deux tiers des recettes d’exportation environ. «Le desserrement de la contrainte financière extérieure» est érigé au rang de priorité des priorités.

Mais les recettes d’exportation des hydrocarbures vont recommencer à augmenter dès l’année suivante (+20%). En réalité, la «contrainte extérieure» devient un prétexte, une «argumentation ad hoc» pour justifier la poursuite du changement de cap engagé dès le début des années 1980.

Certes, en décembre 1986, la 4ème Conférence nationale de développement avait bien noté, dans sa résolution de politique industrielle, que «la révision fondamentale des objectifs et du programme industriels, parce que, du fait de la crise économique, nos paiements extérieurs ont été réduits, constituerait une erreur» et qu’«une telle stratégie ne pourrait aller que dans le sens de la stagnation et du renforcement des faiblesses actuelles de l’économie (dépendance et vulnérabilité vis-à-vis de l’extérieur)».

Mais la cause essentielle qui prévaudra, en définitive, chez les décideurs, ce sont les «dérèglements internes» qui «mettent à nu la crise du modèle de gestion centralement administrée de l’économie» ou du «socialisme d’Etat» et conduisent à sa remise en cause.

Le montant de l’investissement global va connaître une baisse drastique de 52% entre la période 1980-1984 et la période 1985-1989 (il s’agit de l’investissement moyen de chaque période en dinars constants).

Entre le 1er et le 2e plan quinquennal, l’investissement industriel a chuté de 56,5%, la baisse dans le secteur des hydrocarbures est de 68% et dans l’industrie hors hydrocarbures de 46%. L’industrie n’est plus la priorité du développement économique et les investissements réalisés dans ce secteur, au cours de la décennie 1980, ne représentent plus que 24,5 % des investissements globaux dont 40 % environ pour les hydrocarbures.

Le tournant des années de l’ajustement structurel

À partir de 1987, l’Etat ne prend plus directement en charge les investissements productifs. Le gouvernement s’engage dans deux programmes d’ajustement appuyés par le FMI (1989 et 1991) dont la conditionnalité-reine est la libéralisation totale du commerce extérieur. Le fardeau de la dette s’aggravant, est signé en 1994 avec le FMI un accord de rééchelonnement.

Les ressources hydrocarbures ne sont plus, désormais, le moyen d’éviter le rééchelonnement mais celui d’empêcher de tomber dans la spirale sans fin des rééchelonnements.

Selon ses responsables, l’entreprise Sonatrach compte alors exporter durant la période 1995-1999 500 MTEP (millions de tonnes équivalents pétrole) soit, en cinq années, le tiers de ce qui a été exporté durant les 30 dernières années.

L’investissement dans le secteur des hydrocarbures génère, en principe, des richesses qui non seulement permettent de rembourser les dettes contractées pour les réaliser, mais aussi de financer le développement des autres secteurs de l’économie.

Mais depuis la fin des années 1980, ce n’est plus la construction de la base productive du pays ni la mobilisation de son potentiel scientifique et technique qui en profitent. L’investissement industriel a été confronté à la nouvelle donne dominée par le calcul coûts/avantages monétaires. Cette grille a ses priorités: d’abord rétablir les équilibres financiers, ensuite investir. Rentablement. C’est l’immédiateté qui est privilégiée, c’est-à-dire l’horizon de profitabilité le plus proche.

En résulte un découplage entre le rythme de croissance des secteurs de l’énergie (électricité, hydrocarbures) et le reste des secteurs industriels. Ce découplage est attesté par le foisonnement des courbes de l’indice de la production industrielle durant ces vingt dernières années (1990-2010).

C’est le grand écart. Tandis que l’indice des hydrocarbures enregistre un accroissement global de 40% environ et celui de l’énergie électrique de plus de 200%, l’indice de la production industrielle hors hydrocarbures a chuté du quart et celui des industries manufacturières de moitié.

Baril-accumulation productive : la déconnexion

La tendance lourde dans les usages du baril est illustrée par le déclin de l’investissement productif et l’explosion des importations de biens de consommation.

Les revenus pétroliers nourrissent désormais le cycle importation-revente.

Depuis l’entrée en rééchelonnement, en 1994, il est devenu beaucoup plus facile d’importer que d’investir, créer de la richesse et de l’emploi. Les marchés intérieurs de produits aussi importants que les produits alimentaires, le ciment, l’acier, les médicaments, la téléphonie ont été abandonnés indûment aux importateurs. Ceux-ci ont été les principaux bénéficiaires de la convertibilité commerciale du dinar entamée en 1990 avec l’autorisation d’ouverture des comptes devises par des personnes physiques ou morales. Moyennant des placements obligataires, elle permet d’effectuer différents types de transactions avec l’étranger.

À partir de 1991, tout détenteur de registre du commerce peut, sous réserve de domiciliation bancaire, procéder, sans autorisation préalable, à l’importation de tous types de produits de l’étranger.

On importe tout : les produits alimentaires, le blé, la farine, la semoule, le café, la viande, des automobiles, des téléphones mobiles et des équipements… En 1996 déjà, on recensait 5 532 opérateurs dans l’importation parmi lesquels: 33 dans le lait en poudre, 90 dans les céréales, semoules, farines, 147 dans le café, 21 dans le sucre, 47 dans les huiles raffinées, 115 dans le médicament, 30 dans le ciment, 13 dans le rond à béton, 77 dans le bois, 49 dans les semences, 80 dans les produits phytosanitaires. Une dizaine d’importateurs contrôlent le marché de la quincaillerie et de la câblerie, dont le chiffre d’affaires est estimé à 7 milliards de dollars, révèle le directeur général de l’Agence nationale de développement de l’investissement (ANDI).

Alors qu’au début des années 1990, on importait à peu près 7 milliards de dollars de marchandises, surtout des marchandises pour l’équipement des entreprises, la facture des importations va atteindre en deux décennies 40 milliards de dollars.

La part de la population occupée dans l’industrie a chuté de 20,1% en 1987 à 6% en 2011.

En revanche, dans la même période, la population occupée dans le commerce passe de 8,4% à 16,6%. Fin 2012, on enregistrait en Algérie 1 585 284 commerçants soit 1 commerçant pour 24 habitants contre 1 commerçant pour 37 habitants en 1992! En vingt ans, leur nombre a été multiplié par 2,26 pendant que l’emploi industriel qui représentait en 1987 l’équivalent de plus d’une fois et demie l’emploi dans la branche du commerce n’en constituait plus que les huit dixièmes, environ, un quart de siècle après (1).

La part de l’investissement public dans le PIB qui était de 34% avant 1986 chute de moitié entre 1986 et 1997, passant de 14,6% à 7,4%, alors que le poids des recettes d’exportation hydrocarbures dans le PIB avait, quant à lui, quasiment triplé durant la même période, se hissant de 7,5% à 21,8%.

Entre 1990 et 2007, la part de l’industrie dans l’investissement public est tombée de 7% à 0%.

Entre 2000 et 2010, l’investissement productif dans les services et l’industrie n’a pas dépassé 2% du PIB, maigre part qui est allée, en fait, dans la téléphonie et le matériel de travaux publics.

Sur les 286 milliards de dollars du plan quinquennal 2010-2014, le 3e programme d’investissements publics depuis 2001, seuls 9,3% vont au secteur industrie-énergie et 4,7% à l’agriculture.

En définitive, la rupture de cohérence des choix stratégiques nationaux survenue au début des années 1980 a entraîné une décomposition de la relation hydrocarbures-développement et une rupture de sens quant à la place et au rôle du baril dans l’économie de notre pays dont témoigne le profil «improductif» et débridé de l’évolution de la structure de la consommation interne.

A. R.

Bibliographie

Marc Ecrement, Indépendance politique et libération économique, OPU/PUG 1984, p.29

Idem ; Cf. également A. Benachenhou, L’expérience algérienne de planification, SNED, 1980, pp.3 et 4.

Algérie : stabilisation et transition à l’économie de marché, FMI, Washington, 1998, p.92.

Rapport FMI 1998

Cf. Nordine Aït Laoussine, communication à la Convention nationale sur l’énergie organisée par le FFS, Alger le 1/1/2013

Cf. Nordine Aït Laoussine, communication à la Convention nationale sur l’énergie organisée par le FFS, Alger le 1/1/2013

Synthèse du Bilan économique et social de la décennie 1967-1978, ministère de la Planification et de l’Aménagement du territoire (MPAT), mai 1980.

7 Les Cahiers de la réforme, cinq volumes, 800 pages.

De 1985 à 2005, l’Algérie a remboursé un montant cumulé de 118 milliards de dollars dont 34 milliards de dollars au titre des seuls intérêts.

Cf. L’Expression du 31/5/09

Source : ministère de l’Energie. Le ministre des Finances, A. Benachenhou, déclare même, à l’occasion de la présentation de la loi de finances 2005 : «Jamais l’Algérie n’a eu autant de possibilités pour son développement qu’aujourd’hui». Cf. L’Authentique du 24 septembre 2004.

Mahrez Hadjseyed, Industrie algérienne, crise et ajustement, L’Harmattan (p23).

Cf. Mohammed Liassine : De l’indépendance aux années quatre-vingts : les stratégies de développement de l’Algérie, in problèmes économiques n°2844 du 18 février 2004, pp.24 à 32. (Article extrait de Les stratégies de développement de l’Algérie, in informations et commentaires n°124, juillet-septembre 2003).

Source : Banque d’Algérie : principaux indicateurs économiques et financiers.

Ghazi Hidouci, alors ministre des Finances du gouvernement Hamrouche juge qu’«en 1986, c’est une bonne chose pour ce pays que le prix du pétrole ait alors baissé. La bureaucratie n’avait plus alors les moyens d’imposer ses vues, elle était dans l’obligation d’accepter les réformes».

Intervention au
Club de la presse de l’hebdomadaire Révolution Africaine n°1369, semaine du 24 au 30 mai 1990.

Sous le titre «Genèse, crise et reconversion des espaces industriels en Méditerranée», un article paru sous la signature de A. F. Brunet, A. Clerval, C. Queva et G. Vergnaud dans la revue Tiers Monde, met en exergue le cas du développement industriel de l’Algérie en soulignant que «c’est le caractère devenu structurel de la dépendance financière et technique, vis-à vis des Etats-Unis, du Japon ou encore des pays de l’Europe occidentale qui a joué pour interrompre (ce) développement».

Mahrez Hadjseyed, Industrie algérienne, crise et ajustement, L’Harmattan (p23)Source: DG des Douanes.

Mahrez Hadjseyed, Industrie algérienne, crise et ajustement, L’Harmattan (p23)

Source ONS.

Mahrez Hadjseyed, Industrie algérienne, crise et ajustement, L’Harmattan.

Cf. El Watan économie du 2/5/11.

Sources: Le Soir d’Algérie

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La chronique de Maurice Tarik Maschino :

UNE FATIGUE CHRONIQUE

le 10.07.14

Individualisme, mépris des valeurs traditionnelles, absence de civisme…, bien d’anciens critiquent le comportement des jeunes, sans se rendre compte que la société, entre-temps, a radicalement changé. Comme le rappelle un philosophe allemand d’origine coréenne, Byung-Chul Han, dans un court et brillant essai, La société de la fatigue(1), le capitalisme a transformé ses méthodes d’exploitation et réussi à faire croire à un grand nombre de ses esclaves qu’ils avaient recouvré leur liberté.

«Composée d’hôpitaux, d’asiles, de prisons, de casernes et d’usines», la société d’hier, rappelle B.-C. Han, était une société de discipline. Où chacun était obligé d’obéir aux maîtres, père, patron, représentants de Dieu et de l’Etat, qui tous lui rappelaient constamment ses devoirs : «Tu dois !» Refoulement, peur de pécher, honte, structuraient la vie psychique des individus que seul gratifiait le sentiment du devoir accompli. Les échecs étaient nombreux, la société de discipline était une fabrique de névrosés et ceux qui ne l’étaient pas, n’en présentaient pas moins, très souvent, des caractéristiques névrotiques – inhibitions, obsessions, actes manqués, rigidité caractérielle…

Encore prédominante, même si la modernité l’ébranle, dans les pays où sévit le système patriarcal, la société de discipline a fait place, dans les pays industriels, à ce que B.-C. Han appelle la société de la performance. C’est «une société des salles de fitness, des tours de bureaux, des banques, des aéroports, des centres commerciaux et des laboratoires de génétique». Elle a «démonté massivement les barrières et les interdits qui formaient la société de discipline». Chacun est, en apparence, son propre maître et doit faire preuve de sa capacité à se dépasser, à faire plus et mieux.

Les individus ne sont plus des sujets obéissants, mais des sujets performants.«Entrepreneurs d’eux-mêmes», ils se croient libres, alors qu’ils subissent une contrainte encore plus forte qu’auparavant : ils ont intériorisé celle d’hier et sont, eux-mêmes, le contremaître, le chef de bureau ou le patron qu’ils subissaient auparavant. Suprême astuce de la société capitaliste : les exploités sont devenus leurs propres exploiteurs, ils ont repris à leur compte les exigences de leurs maîtres et, comble de l’aliénation, ils se croient libres quand ils sont encore plus soumis qu’autrefois. Où qu’ils soient : stade, bureau, usine, école…, ils s’obligent à dépasser les normes, travailler mieux, produire davantage. Chacun est en concurrence avec lui-même : «La société de la performance, écrit B.-C. Han, est une société de l’auto-exploitation».

La vie psychique s’en trouve profondément modifiée. Exposé à un excès de stimulations et d’informations, l’individu n’est plus capable d’une attention soutenue et approfondie. Obligé d’intégrer très vite des données multiples et complexes, il se disperse, son attention se fixe rapidement sur un objet et passe à un autre. Il «zappe» continuellement et se révèle incapable de cette «attention profonde et contemplative, à laquelle nous devons les productions culturelles de l’humanité, et notamment de la philosophie». Cette difficulté à se concentrer se manifeste très tôt : les enseignants déplorent l’incapacité des élèves à se fixer longuement sur une question ou à développer un raisonnement. Vide de toute forme de spiritualité, car la vie spirituelle implique qu’on ne se presse pas et, même, qu’on s’ennuie, de cet ennui fécond où s’élaborent à notre insu une pensée nouvelle, des images, une musique, la société de la performance qui isole chacun dans son obsession productiviste, ne permet pas la formation de liens sociaux enrichissants. Il faut du temps pour se connaître et personne n’a jamais le temps.

Les échanges restent superficiels, tout le monde il est gentil, se fait la bise et c’est super ! Privé de gratification, l’individu performant cherche dans les réseaux sociaux, tel Facebook, les «contacts» qu’il ne trouve pas dans sa vie quotidienne. Sans caractère affirmé, puisque le caractère d’un individu est le produit des refoulements qu’il a subis et qu’il n’y a plus de refoulement, cet individu, informe et flexible, à la subjectivité très pauvre, est assurément d’une haute efficacité économique, mais d’une très pauvre humanité. Il n’a pas d’états d’âme, il n’éprouve plus de passion, il ne connaît, tout au plus, que le plaisir — le mot revient constamment dans les conversations —, et il ne se met même plus en colère.

Car «la colère, estime B.-C. Han, remet le présent complètement en question» et permet de le modifier. Aujourd’hui, «elle s’efface de plus en plus au profit de la contrariété ou de l’énervement, qui ne peuvent pas générer de changement radical». Toujours à la bourre, l’homme performant est constamment fatigué, d’une fatigue qui l’éloigne des autres et le rend souvent dépressif. La dépression est une maladie caractéristique d’une société dont les membres, toujours incités à faire mieux, se sentent rarement à la hauteur.

D’où l’addiction d’un nombre croissant d’individus à l’alcool, à des médicaments euphorisants, aux drogues et, comme pour se prouver qu’ils sont encore des hommes, le passage à des actes fous : courses de vitesse en pleine ville ou sur autoroutes, acrobaties sur une moto, tirs à vue sur des passants, violences dans les couples, vols d’enfants et autres aberrations d’une société qui perd, de plus en plus, toute humanité.

[Maurice Tarik Maschino

Sources El Watan
->http://www.elwatan.com/culture/la-chronique-de-maurice-tarik-maschino-une-fatigue-chronique-10-07-2014-264160_113.php]

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L’APPEL DE DÉTRESSE DES MOZABITES

Publié par Saoudi Abdelaziz

10 Juillet 2014

« Aidez-nous à asseoir la paix juste, pour tous, et isoler tous ceux qui la sabordent, où qu’ils se trouvent ».

Ils prennent à témoin le peuple algérien dans une lettre ouverte

Les Mozabites accusent

Par Hafida Ameyar, 10 juillet 2014

« Peuple d’Algérie : le M’zab aspire profondément à la paix. S’il y a lieu de choisir, la sagesse populaire nous indique de choisir la misère et non la fitna. Aidez-nous à asseoir la paix juste, pour tous, et isoler tous ceux qui la sabordent, où qu’ils se trouvent ».

Encore un appel de détresse, mais lancé cette fois à tout le peuple algérien par le Comité de coordination et de suivi de la crise sécuritaire (CCS) de cette région du Sud algérien.
Dans une lettre ouverte publiée dans la presse et intitulée “Peuple algérien : où va le M’zab ?”, ce collectif informe que la situation est très grave dans la vallée du M’zab.

Depuis novembre 2013 à ce jour, cette région “a vécu et vit dans l’horreur et la terreur, le sang et la mort, la désolation et la furie meurtrière”, déclare-t-il, en observant que les violences ont enregistré un nouveau pic et se sont davantage intensifiées depuis la dernière visite à Ghardaïa du Premier ministre, Abdelmalek Sellal.

Le CCS fait état de “raids collectifs menés par des bandits bédouins mercenaires” sur les quartiers, les personnes et les biens des Algériens mozabites, d’“attaques assassines surprises par jets de pierres et autres armes blanches”, causant des “dégâts matériels et corporels graves à des centaines de personnes”, selon lui. Le comité révèle, en outre, que le 29 juin dernier, premier jour de Ramadhan, un lycéen a été “lynché”. Face à ces dépassements, les forces de sécurité, présentes en grand nombre depuis plusieurs mois sur les lieux, auraient fait montre d’une “passivité douteuse”.

Pour le comité de coordination et de suivi, la région du M’zab est bel et bien otage de “l’ordre de la jahilia”, puisque des Algériens, Mozabites, ibadites et kharidjites, sont “torturés” et “massacrés” par d’autres Algériens, pour leurs différences. Après “l’assassinat et le meurtre”, la communauté mozabite, souligne-t-il, fait face à des actes de vandalisme et à “une furie incendiaire” sans précédent. Tout est fait pour semer la “terreur”, instaurer “l’exclusion et la séparation ethnique”. Mais, le plus intrigant et le plus inquiétant pour le CSS, c’est “comment et pourquoi la communauté mozabite a dû subir seule, durant de très longs mois, cet acharnement génocidaire”. Le comité insiste sur l’existence d’un problème communautaire, dans cette région du pays, en dénonçant “ces clans” qui sèment la zizanie et sont à l’origine des “dérives”. “Si l’Algérie tout entière a subi le terrorisme intégriste (…) pour l’agenouiller, l’effrayer et ensuite exploiter à dessein sa peur, le M’zab, puisque immunisé contre l’intégrisme terroriste, devra par conséquent, et en plus, subir le terrorisme communautaire”, indique le CSS. Imputant la responsabilité de cette situation à ces “clans du système” et leurs complices (“certains cercles étroits mais influents de la tribu des Chaambas” et des opportunistes), il soutient qu’ils “ont pris en otage leur communauté, exacerbant les véritables frustrations de leur jeunesse, désignant le Mozabite voisin comme cible et point de fixation”.

Le comité regrette en outre les interventions “inappropriées et tardives” des forces de sécurité, leur “partialité flagrante” et l’ambiance d’impunité qui dure depuis décembre dernier. Comme il dénonce le “mensonge, la calomnie, la désinformation (le rôle d’une certaine presse a été déterminant dans la confusion et les amalgames)”.

Pour le CSS, la fin de ce climat de terreur est “entre les mains des décideurs manipulateurs”, car, le problème au M’zab réside en réalité dans “l’exploitation éhontée et cynique par les décideurs des clans incriminés du système politique”. Aussi, lance-t-il “un SOS solennel au peuple d’Algérie pour (…) que le droit de vivre en paix soit immédiatement appliqué dans sa vallée millénaire” et appelle à un “vrai débat” sur les “droits et devoirs” des parties en conflit. “La force de l’état réside dans le strict respect de la loi, la légalité constitutionnelle et l’ordre républicain. La force de l’état est incompatible avec les positions de neutralité coupable, d’arbitrage trompeur, d’hésitation complice ou de laisser-faire assassin”, témoigne le comité de coordination et de suivi de la crise sécuritaire.

Source: Liberté.com

repris sur le blog algerieinfos-saoudi

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AL-FARABI, DE LA PENSÉE MORALE A LA PENSÉE POLITIQUE

Héritier d’une tradition philosophique qui réfléchit aux conditions morales d’une âme saine, Fârâbî sera le premier à opérer une transition de cette pensée morale à une pensée politique.

Prédécesseur d’Ibn Rushd (Averroès) et d’Ibn Sina (Avicenne), il aura une influence considérable sur leurs pensées respectives.

De même, ses écrits nourriront les réflexions bien plus tardives d’Ibn Khaldûn, qui est perçu comme l’un des ancêtres lointains de la sociologie.

La pensée de la politique présente chez Fârâbî est en effet une pensée de la vie collective et de la communauté. Ses écrits moraux sont indissociables de ses écrits politiques dans la mesure où il envisage l’homme comme un être à la fois moral et politique.

Al-Fârâbî est mort en 950 !

Un précurseur ?

Michel Peyret


PREMIÈRE PARTIE :

AL-FÂRÂBÎ (1):

LES FONDEMENTS D’UNE PHILOSOPHIE POLITIQUE

Par Inès Aït Mokhtar

publié le 18/12/2013

Al-Fârâbî nait en 872 et meurt à Damas, en 950. Il est l’une des grandes figures de la philosophie médiévale, et a été surnommé le «Second maître» par Ibn Rushd (Averroès), le premier n’étant autre qu’Aristote.

Ceci suffit à témoigner de l’importance qu’il revêt pour la tradition.

L’originalité de sa philosophie tient en très grande partie à l’effort qu’il a manifesté pour introduire le politique et la vie collective dans la pensée philosophique.

Al-Fârâbî et l’héritage éthique

Les deux grands prédécesseurs d’Al-Fârâbî sont Al-Kindî et Al-Râzî, dont les réflexions éthiques demeurent assez éloignées des considérations politiques.

  • Al-Kindî, ainsi, s’attache à commenter l’œuvre d’Aristote, qu’il présente comme dépendant en très grande partie du savoir métaphysique, dont on ignore s’il est accessible aux êtres humains. La seule science qui peut donner une connaissance de ce savoir est en fait une science divine, inaccessible aux être humains, et dépourvue de contenu pratique. En effet, la réflexion d’Al-Kindî vise à nous apporter des moyens de minimiser notre tristesse et notre chagrin, mais elle ne constitue pas du tout une réflexion politique qui dépasserait le niveau individuel.
  • Al-Râzî aura une position légèrement différente en ce que la philosophie consiste selon lui en deux choses essentielles: le savoir et la pratique. Quiconque échoue dans l’un de ces deux domaines ne pourra pas être appelé «philosophe».

    Toutefois, il établit une hiérarchie entre le savoir et la pratique, dans la mesure où la pratique reste subordonnée au savoir, spécialement lorsqu’elle est pratique politique.

Al-Fârâbî procédera donc à un mouvement original qui prend le contrepied de ces deux grandes figures puisqu’il fait du politique l’un des points cardinaux de sa pensée.

Al-Fârâbî, commentateur de Platon et d’Aristote

Si Fârâbî a lu et commenté Aristote, comme de nombreux penseurs arabes de l’âge médiéval, c’est surtout à Platon qu’il a consacré la plus grande partie de son œuvre de commentateur. Ainsi, la philosophie politique platonicienne aura une importance fondamentale dans la constitution de sa pensée propre.

De la République, et de l’œuvre platonicienne en générale, Fârâbî retiendra avant tout la figure de Socrate, qui sera un modèle permanent de son œuvre. Pour comprendre l’attitude de Fârâbî à l’égard de Platon et d’Aristote, il faut se pencher sur un ouvrage qui a été publié sous le titre «Fusûl Muntaza‘a» , que l’on peut traduire par Aphorismes choisis. Ce dernier se présente comme un ouvrage sur les cités et le meilleur moyen pour les gouverner, ainsi que sur l’influence des Grecs anciens sur la pensée de ces moyens.

Le fondateur de la philosophie politique

dans la tradition islamique médiévale

Bien après sa mort, au XIVe siècle, on trouve de nombreuses références à l’œuvre de Fârâbî dans un autre grand écrit politique, la «Muqaddima» d’Ibn Khaldûn.

Ce dernier entend explicitement s’introduire dans la continuité de l’œuvre de Fârâbî, en employant le terme siyâsa, signifiant «régime».

Le grand livre de Fârâbî s’intitule ainsi «Kitâb al-siyâsa al-madaniyya,» ou «Le livre du régime politique.»

Dans ses Aphorismes choisis, nous pouvons trouver une comparaison entre la santé de l’âme et la santé du corps. Il y définit l’une et l’autre avant de poser la primauté de la santé de l’âme. Il établit un lien indissoluble entre l’âme et la vertu. Surtout, il s’engage dans une étude détaillée de l’âme, et est conduit, à partir de celle-ci, à s’intéresser au politique.

En effet, l’un de ses objets d’étude fondamentaux est la structure des régimes politiques, dans l’exacte mesure où il convient de trouver un régime politique organisé de telle sorte qu’il permette à l’âme de chacun d’atteindre la perfection.

Fârâbî demeure largement silencieux sur la prophétie, et n’évoque que très peu le «prophète» ou le «législateur».

De même, le mot «philosophie», bien que présent, ne revient pas très fréquemment dans ses aphorismes.

À l’inverse, il parle constamment de l’homme d’Etat (madanî) ou du roi.

Fârâbî entend donc faire appel aux anciens afin de déterminer l’ordre politique qui permettra l’accomplissement du bonheur humain.

L’individu qui parviendra à comprendre comment une communauté politique doit être organisée pour favoriser ce bonheur fera pour les citoyens ce qu’un médecin fait pour des malades.

Toutefois, ce dernier, qui sera homme d’Etat ou roi, doit connaître l’âme humaine aussi bien que la vie politique.

Âme et politique

Ainsi, selon Fârâbî, le meilleur régime politique est celui dans lequel les âmes de ses habitants sont aussi saines que possible. L’homme d’Etat est ainsi compris comme un guérisseur, qui apportera aux âmes malades leur guérison.

C’est la raison pour laquelle les traités politiques de Fârâbî accordent en général une très grande part à la question de l’âme humaine. Chaque passage qui concerne l’âme humaine est suivi de passages plus directement politiques, qui visent à tirer les conséquences des résultats établis par l’étude de l’âme, sur le régime et son gouvernement.

Bien souvent, les développements de Fârâbî sur l’âme sont précédés de longues comparaisons entre l’âme et le corps, ainsi qu’entre l’âme et le corps politique.

Au début de ses Aphorismes choisis, Fârâbî ne se contente pas de comparer le corps et l’âme, mais il va plus loin en définissant ce qui constitue selon lui la santé et la maladie de l’un et de l’autre.

  • Ainsi, la santé de l’âme consiste en ce qu’elle est telle qu’elle peut toujours choisir de faire ce qui est bien et de mener des actions nobles.
  • À l’inverse, la maladie de l’âme consiste en ce que celle-ci n’est capable que d’actions mauvaises.

Ainsi, nous voyons se dessiner les fondements moraux de la pensée de Fârâbî, puisque celui-ci définit la santé et la maladie de l’âme d’un point de vue avant tout moral.

Il est frappant de voir que la santé et la maladie du corps sont définies dans les mêmes termes, à une exception près, de taille: le corps ne peut rien faire s’il n’a pas été activé par l’âme.

Ainsi, nous retrouvons la primauté de l’âme sur le corps, héritée d’al-Râzî.

Le passage du niveau individuel au niveau collectif

La comparaison qu’établit Fârâbî entre le médecin et l’homme d’Etat va lui permettre de dépasser le niveau individuel.

Il définit la santé du corps comme «l’équilibre de son tempérament», distincte de la santé de la cité, définie comme «l’équilibre des mœurs de son peuple».

Alors que le médecin s’occupe des individus, l’homme d’Etat est concerné par un peuple, non pas en tant qu’il est une somme d’individus, mais précisément en tant qu’il est une totalité.

Lorsqu’il s’intéresse à la santé de la cité, Fârâbî se détourne volontairement de l’étude de l’âme individuelle.

Il souligne à plusieurs reprises la plus grande importance que revêt à ses yeux l’art de l’homme d’Etat, par rapport à l’art du médecin. C’est bien l’homme d’Etat qui détermine en dernier ressort les fonctions du corps sain qui aura été soigné par le médecin. C’est lui qui prescrit aux citoyens en bonne santé physique et morale leurs actions.

En plus de ces différences de fonctions, qui permettent à Fârâbî d’accorder à l’homme d’Etat (et donc au niveau collectif) la primauté, c’est une considération morale qui différencie ce dernier du médecin. La tâche du médecin est de soigner, sans demander dans quelle direction la santé retrouvée sera employée. À l’inverse, la tâche principale de l’homme d’Etat sera de réfléchir aux bénéfices civiques et collectifs de cette santé.

Cette façon qu’a Fârâbî d’accorder la primauté à l’aspect politique de l’existence est également un moyen pour lui de subordonner la part morale de l’âme à sa part intellectuelle. En effet, l’homme d’Etat qui légifère le fera au moyen de ses facultés intellectuelles.

Héritier d’une tradition philosophique qui réfléchit aux conditions morales d’une âme saine, Fârâbî sera le premier à opérer une transition de cette pensée morale à une pensée politique.

Prédécesseur d’Ibn Rushd (Averroès) et d’Ibn Sina (Avicenne), il aura une influence considérable sur leurs pensées respectives. De même, ses écrits nourriront les réflexions bien plus tardives d’Ibn Khaldûn, qui est perçu comme l’un des ancêtres lointains de la sociologie.

La pensée de la politique présente chez Fârâbî est en effet une pensée de la vie collective et de la communauté.

Ses écrits moraux sont indissociables de ses écrits politiques dans la mesure où il envisage l’homme comme un être à la fois moral et politique.

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DEUXIEME PARTIE :

[Al-Fârâbî (2):

Faire renaître la philosophie

->http://www.lesclesdumoyenorient.com/Al-Farabi-2-Faire-renaitre-la.html]

Bibliographie

  • Charles E. Butterworth, «Ethical and political philosophy», in. The Cambridge Companion to arabic philosophy, Cambridge University Press, 2005.
  • Christian Jambet, Qu’est-ce que la philosophie islamique? Paris, Gallimard, 2011.

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30 JUIN AU 7 JUILLET 2014 : SÉLECTION DE LA SEMAINE

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HOMMAGE À MON CAMARADE LE PROFESSEUR BENHASSINE MOHAMED LAKHDARpar Mahi Ahmed – raina – le 6 juillet 2014;


NOTES DE LECTURES: par Belkacem Ahcene-Djaballah – Le Quotidien d’Oran – L’actualité Autrement Vue – Des lieux, des noms… et des hommes!


LA CRISE DE L’ ÉTÉ 1962 : DES ORIGINES A LA FRACTURE, LES FISSURES D’UNE JEUNE RÉVOLUTIONBoukhalfa Amazit – El Watan – le 5 juillet 2014;


LA CRISE DE L’ETE 1962: DES ORIGINES À LA FRACTURE, LES MILITAIRES PRENNENT LE POUVOIRBoukhalfa Amazit – El Watan – le 5 juillet 2014;


[ « CE MATIN JE ME SUIS RÉVEILLÉE AU BRUIT DES HÉLICOPTÈRES »… INÉGAUX DANS LA VIE ET DANS LA MORT Par Samah Jabr –>#6
]


Dda VINCI CLAUDEpar Arezki Metref – Le Soir d’Algérie – Balade dans le Mentir/vrai(21) – e 29 juin 2014;


JUILLET 1936. GRÈVE DES OUVRIERS LIÉGEURS DE JIJEL – blog algerieinfos – Saoudi Abdelaziz – 4 juillet 2014;


Recueillement sur la tombe de Mohamed BoudiafNACER BOUDIAF INTERPELLE LE PRÉSIDENTEl Watan – le 03 juillet 2014;


POURQUOI LE « CALIFAT ISLAMIQUE » SÉDUIT EN IRAKmercredi 2 juillet 2014 – Asswara – La Rédaction;


EGYPTE. SISSI À L’ÉPREUVE DES MANIFESTATIONS OUVRIÈRESpublié par Saoudi Abdelaziz – blog algerieinfos – le 2 Juillet 2014;


HOMMAGE À MON CAMARADE LE PROFESSEUR BENHASSINE MOHAMED LAKHDAR

par Mahi Ahmed

raina

le dimanche 6 juillet 2014

Toute vie a une fin. C’est une évidence que le cœur et la raison acceptent difficilement. Surtout quand il s’agit d’Êtres chères qui ont marqué cette vie par la force de leurs valeurs humaines et intellectuelles.

Lakhdar était de cette trempe d’hommes qui nous manque terriblement aujourd’hui.

Il vient de nous quitter ce 28 juin 2014. Nos mémoires et nos consciences s’apprêtaient à être remuées par l’anniversaire de la disparition cruelle et ravalée aux oubliettes du Président Mohammed Boudiaf, victime d’évolutions historiques où l’impératif de la fondation d’un système d’Etat national démocratique s’est brisé sur les écueils des propensions autoritaristes, claniques, régionalistes, népotiques, intégristes qui ont plongé notre pays dans une crise qui le ronge depuis plusieurs décennies.

Lakhdar a certes succombé aux suites d’un AVC. Mais la perception profonde qu’il se faisait des maladies congénitales qui travaillaient dangereusement les tissus de notre nation et de notre société, sans disposer de possibilités et de capacités d’intervenir, d’être écouté, d’en débattre scientifiquement avec ses collègues et l’opinion publique, a certainement prédisposé sa constitution physique et psychologique à un tel accident. Cela sans parler de l’état dans lequel se trouve notre système national de santé où l’incompétence et l’ignorance avérées dirigent, souvent, les compétences scientifiques et humaines ou les étouffent.

Lakhdar est parti à l’âge de quatre-vingt-trois ans. Il a eu une vie intense, honnêtement vécue, mais surtout riche en actions militantes et en productions académiques, scientifiques et intellectuelles de haut niveau.
Son nom restera gravé dans les facultés de sciences économiques d’Alger et de Blida, dans les centres de recherches où il a activé que ce soit au pays, au Maghreb où à l’échelle international. Ses étudiants et doctorants comme nombre de ses collègues le garderont en mémoire tout en bénéficiant de ce qu’il a légué.

C’était un éminent professeur dont la modestie et la rigueur scientifique, pédagogique et l’humanisme étaient exemplaires.

Ce fils de Khanaget Sidi Nagi était un pur produit du mouvement national. Il portait, en lui, la flamme allumée dans le mont des Aurés un premier novembre 1954.

Dés les débuts de la révolution, il fut parmi ceux qui ont bénéficié d’une bourse de l’UGEMA, en 1956-57, pour poursuivre des études en URSS. Il fut inscrit à la prestigieuse université Lomonossov pour y faire des études en sciences économiques.

J’ai fait sa connaissance durant l’été de l’année 1959. Nous faisions partie de la délégation algérienne qui a participé au septième festival de la jeunesse et des étudiants à Vienne en Autriche. Lui, le frère Basta de Bruxelles et moi de Dresde avions été désignés pour être, comme traducteurs dans les langues anglaises, allemandes et russes, au service des frères Mustapha Ferroukhi et Belaid Abdeslem qui dirigeaient notre délégation. Nous avons depuis noué une amitié qui a bravé le temps et ses méandres et qui s’est renforcé, au fil des années et de l’âpreté des luttes auxquelles nous étions confrontés pour tenter de faire avancer la pratique démocratique, le progrès et la justice sociale.

J’ai retrouvé Lakhdar à Berlin en RDA où, après avoir terminé ses études en sciences économiques à Moscou, il avait obtenu une bourse pour commencer une thèse de doctorat. Mais, en fait, il voulait avoir la maîtrise de la langue de Goethe pour aller au plus profond dans l’étude et la compréhension de la méthodologie scientifique de Marx et d’Engels et de leurs camarades, dans l’étude des lois et des mécanismes qui fondent et régissent le capital et du système économique et social qu’il engendre sous sa domination.

Lakhdar a été à Berlin un militant actif et productif de la section des étudiants algériens aux côtés de Bounedjar Hachemi, Mouffok Houari et bien d’autres. Il faisait parti des cercles marxistes que nous animions en relation avec la délégation extérieure du PCA.

Il a brillamment soutenu sa thèse de doctorat. Celle-ci a, sans doute, aiguisé son intérêt, voire sa passion, d’aller au plus profond et au plus loin dans la recherche et l’étude bibliographique et scientifique des écrits de tous les fondateurs de la pensée marxiste. L’histoire de la pensée économique est devenu un de ses centres d’intérêts et un de ses cours magistraux qu’ont fréquenté tant d’étudiants qui forment aujourd’hui un dense tissu de l’encadrement de notre pays.

Sa rigueur scientifique, si elle l’a poussé à aller au plus profond des écoles des sciences économiques en présence, tout au long de l’histoire, elle a accentué, en même temps, ses efforts dans la maîtrise et l’intelligibilité de la complexité du réel surtout au niveau des deux facteurs déterminants que sont le capital et le travail ainsi que leurs rapports dialectiques. Son acribie dans ses études et recherches visait à montrer concrètement, le plus souvent à partir du cas concret et chiffré de l’Algérie et des pays sous-développés, la nature exploiteuse, aiguisant les luttes de classes, du système de pouvoir capitaliste dans ses diverses variantes.

C’était un dévoreur intellectuel des archives relevant de ses pistes d’études et de recherches. Je ne pouvais pas contenir mon admiration pour le plaisir qu’il éprouvait à passer des semaines entières, durant son année sabbatique, au British Museum pour compulser et étudier les manuscrits, les livres , les études ou les archives se rapportant à Marx et Engels particulièrement durant leur séjour en Angleterre.

C’était un chercheur qui a consacré de nombreuses études à l’œuvre et à la pensée d’Ibn Khaldoun. Par exemple, entre autres, une étude sur « La conception du commerce et de l’activité commerciale dans la Muquadima d’Ibn Khaldoun.1332-1406 »

Lakhdar a accordé une attention particulière à l’étude de la formation économique et sociale de l’Algérie indépendante comme, par exemple, dans les études suivantes :

  1. Le secteur d’Etat en Algérie et la révolution nationale démocratique, sa situation et ses problèmes.
  2. À propos de la rentabilité du secteur d’Etat ;
  3. Les rapports PME secteur public en Algérie : complémentarité ou substitution.
  4. Contribution à l’économie du sous-développement et du développement
  5. Relation entre la dépendance économique des pays du tiers-monde et la crise du système capitaliste international.
  6. La pensée économique du FMI et de la BIRD et les incidences de leur politique d’ajustement sur la politique de développement des pays du tiers-monde avec référence à l’Algérie.

Sa disponibilité pour ses étudiants comme son exigence de rigueur scientifique à leur égard étaient légendaires.

Il avait aussi un contact mutuellement enrichissant avec les travailleurs des différentes catégories et leurs organisations syndicales Il a intensément participé aux différents cycles de formation syndicale et particulièrement de l’Institut Arabe du Travail dont le siège était à Alger.

Il ne craignait ni les confrontations intellectuelles et pédagogiques avec ses collègues adeptes des « sciences économiques libérales » comme le professeur Tiano et ses assistants tels que Temmar, ni les cabales ou entraves que ceux-ci lui montaient comme celles liée à son agrégation ou aux orientations de ses cours.

Lakhdar était un immense homme de culture, un polyglotte éprouvé, un amoureux de son pays, de son histoire profonde, de ses diversités géographiques et ethniques. Je l’entends encore me parler avec passion et érudition, lors d’une visite dans la région, des gorges de Ghoufi , du mont appelé l’Ahmar Kheddou, de l’Oasis de Taghit ,des Ksars de Gourara , du Mzab et de la ville de Ghardaia. Je ne peux oublier nos visites au Théâtre National d’Alger pour voir et apprécier des pièces de théâtres mises en scène et jouées par des troupes venues de Bordj Bou Arreridj, de Tlemcen ou de Tindouf.

Lakhdar était un camarade courageux qui défendait ses convictions philosophiques et politiques, qui n’a jamais reculé devant les débats productifs et enrichissants susceptibles de faire avancer, le progrès, la justice sociale, la liberté individuelle et collective, la liberté de conscience et la démocratie. La fermeté et la profondeur de ses convictions renforçaient son esprit d’ouverture. Cette fermeté se rattachait à un savoir en permanence développé et à un souci de profondeur scientifique dans les analyses des processus économiques, sociaux, culturelles ou politiques. Il avait une haute conscience que la théorie était surtout le produit de la maîtrise des processus multiples et interactifs qui façonnent et donnent formes au réel en mouvement et qu’elle devait être mise à l’épreuve de la pratique. L’unité dialectique entre la théorie et la pratique nourrissait ses efforts d’études et de recherche. Il est ainsi resté fidèle à la cause de la classe ouvrière et des masses déshéritées. Ses apports dans et pour notre parti, le PAGS, étaient précieux.

Il a intensément travaillé sur les crises et recherché les conditions objectives qui les ont fait murir et qui les ont aiguisé jusqu’à leur éclatement. La dislocation du système socialiste mondial, la disparition de l’URSS, les crises qui ont marqué et marquent encore le mouvement communiste international et le mouvement de gauche en général, y compris le PAGS, ont été au centre des préoccupations de Lakhdar. Il a su souligné la force de la validité des analyses de Marx, Engels, Lénine relatives aux fondements du système capitaliste et impérialiste basés sur l’exploitation éhontée de l’homme par l’homme et des peuples. Il a montré les ressorts qui portent la mondialisation néolibérale et les voies de la déchéance de la société de consommation dont elle impose et la forme et le cours et des contrecoups et reconfigurations géostratégiques qu’elle engage et attise.

Les convictions de Lakhdar sont restées inébranlables. Pour lui l’alternative au système social du capitalisme demeurait la construction du socialisme, un système social débarrassé de l’exploitation de l’homme par l’homme et fondé sur le progrès continu et la justice sociale. Il savait aussi et il travaillait dans ce sens que la classe ouvrière, la paysannerie laborieuse, la jeunesse, les femmes avaient, plus que jamais, besoin de refonder, en se basant sur les riches expériences et acquis du mouvement ouvrier et de progrès dans notre pays, le parti politique et les organisations de masses qui portent au plus loin leurs aspirations et soutiennent leurs combats et leurs contributions pour la satisfaction de leurs revendications légitimes et surtout pour la refondation d’un Etat National démocratique et de progrès .

Repose en paix Lakhdar. Tu as accompli amplement ton devoir. Tu as surtout semé du savoir et les pousses finiront par donner leurs fruits à ta satisfaction et à celle de notre pays.

Sources: raina.dz

http://raina-dz.net/spip.php?article503

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NOTES DE LECTURES

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Le Quotidien d’Oran

L’actualité Autrement Vue:

Des lieux, des noms… et des hommes !


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LES MINEURS DU DÉSERT.

Kenadsa, 1913-1962.

Récit historique de Farid Larab.

Chihab Editions.

198 pages,

620 dinars,

Alger 2013

Rares sont les ouvrages qui retracent de manière aussi fidèle que celui-ci, et du dedans, la vie des travailleurs algériens durant l’occupation coloniale. Ici, la vie (et la mort) des mineurs kenadsis (le métier le plus dur et le plus représentatif de l’exploitation capitaliste au temps où celle-ci était la moins contrôlée et en l’absence de forces politiques progressistes et syndicales organisées et fortes) qui est décrite presque au jour le jour (sic !), avec des souvenirs, des archives, des documents, des analyses, des témoignages de gens ayant vécu la période… Ce qui nous ramène loin, très loin en arrière.

L’auteur livre bien des informations, rappelant les faits essentiels marquant la colonisation de Colomb-Béchar.

De la souffrance, des grèves, des luttes et aussi bien des morts… avec, le désespoir «mal-» aidant, des actions à la limite du suicidaire. Ainsi, au tout début, les travailleurs qui étaient surtout des déportés de nationalités allemande, espagnole et italienne et des condamnés aux travaux forcés ont été jusqu’à provoquer (fin 1917) un accident de travail… un éboulement de terrain qui a englouti, sous des tonnes de boue, tous les protestataires. Cela n’a pas empêché l’entreprise des Chemins de fer (qui gérait alors la mine) de continuer l’activité minière.

Au départ, les habitants originaires de la région étaient employés, mais c’est seulement à partir des années 40 qu’on fit appel à des «gens du Nord» dont beaucoup de jeunes qui, appâtés par des recruteurs, pensaient y trouver un Eldorado.

Fin 48, il y avait 4 172 ouvriers, 297 agents commissionnés et 20 ingénieurs… mais c’est seulement à la fin des années 60 que l’on vit une certaine prise en charge de la condition sociale des travailleurs. Il est vrai que les syndicats, surtout la CGT, avaient fait leur apparition sur le terrain. Mais, trop tard!

Le déficit financier de la société (Houillères du Sud-Oranais, entreprise créée en 1947 dans le cadre de la nationalisation des mines) dû bien plus au financement occulte de la stratégie politique de l’occupant lui permettant la préservation de ses intérêts économiques et surtout militaires dans la région (Colomb-Béchar était classée comme zone de déportation avec 3 camps: Béni Abbès, Djenen Bourezg et Tabelbala, déjà dans les années vingt, avec comme premier «pensionnaire», l’Emir Khaled… et 10 000 détenus au lendemain du 8 mai 45, et l’entretien de l’aérodrome revenait assez cher), s’accentuait et l’Indépendance pointait. Premières victimes… comme d’habitude: les employés qu’on licencie en masse ou par «paquets».

Avis : Des pages noires de l’Histoire économique et industrielle du pays…, une Histoire qui, après avoir «assassiné» les gens, a …continué à empoisonner l’atmosphère.

Extraits : «La maladie de la silicose qui les ronge quotidiennement et l’inexistence de structures d’accompagnement (associations et autres) n’ont fait qu’enfoncer ces «Gueules noires» dans les ténèbres de l’anonymat» (p 15),


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BOU SAADA, EN QUELQUES TRAITS…

Récit monographique

de Farouk Zahi

(ouvrage préfacé par Kamel Bouchama).

Enag Editions.210 pages,

Alger 2013

L’auteur, ancien fonctionnaire de l’administration sanitaire ayant «bourlingué» à travers l’Algérie, est, aujourd’hui, journaliste-chroniqueur qui sévit dans les colonnes de la presse nationale (surtout Le Quotidien d’Oran). Quoi de plus normal, quoi de plus naturel, que de revenir sur les traces d’une enfance heureuse passée en un lieu de «douceur de vivre», une oasis «heureuse». Un lieu dont il a fait, imaginaire enfantin aidant, son ancrage identitaire. A-t-il eu tort? A-t-il eu raison?

Il a eu raison car les monographies, commentées cela va de soi pour leur donner plus de «vie», reconstituent presque à l’identique la quasi-totalité de la société en situation et ce sont les flambeaux intellectuels nécessaires aux générations suivantes.

Il a eu tort (en partie), car sensible comme il est (il nous le montre à travers ses commentaires pour la plupart assez tristes), il n’a fait que souffrir tout au long des chapitres abordés. La «Cité du bonheur» est bien loin derrière, enfouie dans la nostalgie douloureuse et dans «les squelettes du rond à béton». «L’eau claire, les jardins, les herbes folles, la joie, les roses du laurier… Ne sont plus que souvenirs, dans la besace de l’oubli…».

Tout au long des pages, il broie du noir. Mais, il est tout de même arrivé à ne pas nous communiquer le désappointement. Car, il nous a fourni tant et tant d’informations, d’évènements et de noms historiques sur cette merveilleuse et, malgré tout, encore enchanteresse ville du pays d’ailleurs toujours assez demandée par les touristes nationaux et étrangers – que nous en oublions les côtés sombres créés par l’avidité et l’inconscience de l’homme.

Avis : Comme il a dit lui (le préfacier, Kamel Bouchama), «un ouvrage à lire, à relire et à conserver minutieusement dans sa bibliothèque…».

Un bel exemple à suivre (on a déjà présenté un ouvrage de M’hamsadji sur Sour El Ghozlane) par tous ceux qui aiment ou se souviennent de leur enfance et de leur jeunesse en des lieux pour beaucoup bel et bien disparus… et qui étaient (tout regard dans le rétroviseur mis à part) des bouts de «Cité du bonheur». Nostalgie? Une autre réalité encore insaisissable?

Extraits : «On peut faire nourrir, plus facilement, l’espoir que la désespérance» (p 5),

«On dit que mon pays est libre maintenant, qu’on dédie la journée du 18 février à notre mémoire …j’espère qu’il n’y a plus de damnés de la terre comme nous l’étions… sinon pourquoi tant de sacrifices ?» (réflexions post-mortem d’un chahid, p 154),

«C’est dans l’adversité que germent les grands desseins» (p 62),

«C’est dans la grande douleur que naissent les grandes espérances» (p 193),

«Le seul aspect urbanistique que présente la ville se trouve, malheureusement, conservé par le quartier anciennement européen et c’est vexatoire» (p 204).


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LE SANG DE LA LIBERTÉ

Mémoires d’un combattant de l’ALN.

Récit historico-monographique

de Si Djamel Ahmed Bennai (préfacé par Ali Laib).

Dahlab Editions.

291 pages,

Alger 2012

À peine âgé de 15 ans et il décide de rejoindre le maquis pour combattre à entrer en contact avec les combattants de la wialya VI…. . Une première fois, il est «refusé» en raison de son jeune âge. Alors, toujours «poussé par l’idée enfantine de jouer au héros», il s’en est allé à s’aventurer, seul, en janvier 57, avec quelques sous en poche, dans la région de Berrouaghia où il réussit à entrer en contact avec les combattants de la wilaya VI…. Cette fois-ci, c’est la bonne. Peu de temps après, il est réaffecté au Sahel (dont il est originaire… de Baba-Ali). La grande aventure va alors commencer. Elle durera jusqu’en octobre 1961, avec de hauts faits de guerre toujours dans les mémoires populaires de l’Algérois … Il est arrêté à Alger, sur dénonciation, par les «bleus» de Hassène Ghandriche. Torturé, emprisonné… jusqu’en avril 1962. Libéré… Heureux, mais très vite rattrapé, en août-septembre, par les luttes intestines pour le pouvoir (Wilaya 4- Gpra /Armée des frontières).

La grande aventure? non. Mille et une aventures (et mésaventures). Des lieux, des faits, des noms, des prénoms, des surnoms (parfois incroyables), des prouesses, des exploits, des joies et des rires, comme des erreurs, des faiblesses, des peurs, des souffrances, des lâchetés, des «mauvais tours » et des trahisons aussi… La lutte de libération nationale vécue presque au jour le jour. Avec des hommes et des femmes dont vous ne connaissez, aujourd’hui, le nom qu’en lisant une (souvent bien laide et incomplète) plaque signalétique de rue… mais pas leurs exploits

Avis : Un livre à lire. Ne pas se décourager en raison des détails nombreux fournis , …et, surtout, ne pas croire que l’auteur est narcissique. En fait, il ne fait que remettre les pendules à l’heure et chacun à sa place …en fonction de ce qu’il a effectivement fait et de ce qu’il a été. Et, pour la lutte de libération nationale, bien des récits (de ce genre) sont encore à écrire. Feu Mohamed Teguia, durant les années 70, avait ouvert la voie avec un livre “«L’Aln en wilaya IV»”, mais il n’avait pas été beaucoup suivi, l’ «histoire événementielle» étant alors (toujours?) bannie. À cause de ses «vérités», bien souvent démythifiantes?

Extraits : «Au début des années 1955 et 1956 (…), la plupart des Algériens refusaient de croire qu’une poignée de moudjahidine, armés de fusils de chasse et de vieux pistolets, pouvaient mener une lutte armée contre la quatrième puissance militaire du monde» (p 12), «Il ne faut pas croire que tous les Algériens étaient du côté de la révolution, très rares sont en réalité ceux qui acceptaient de nous recevoir chez eux car il y avait des traîtres prêts à nous dénoncer. Il en est qui adoptaient une certaine neutralité à notre égard. Il y a aussi ceux qui acceptent de payer leur cotisation et qui nous disent de loin, «Dieu vous aidera à vaincre».

Enfin, il y avait une minorité qui était dévouée corps et âme à notre cause…» (p 62), «Contrairement à ce qu’ont l’habitude de montrer les réalisateurs de films de la télévision algérienne sur la vie dans les maquis, c’est-à-dire des moudjahidine à la mine patibulaire, au comportement rigide, grave et austère, et qui ne sourient presque jamais, nous étions la plupart du temps décontractés, faisant des farces de temps à autre, et menant le combat dans la plus grande sérénité «(p 74).

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LA CRISE DE L’ ÉTÉ 1962 :

DES ORIGINES À LA FRACTURE,

LES FISSURES D’UNE JEUNE RÉVOLUTION

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Boukhalfa Amazit

El Watan

le 5 juillet 2014

Durant le deuxième semestre de l’année 1959, la Révolutions algérienne va s’enfoncer dans une profonde crise de croissance que l’inexpérience du GPRA, rudement secoué, n’explique pas entièrement.

Des frottements râpeux, au sommet, enfiellaient l’atmosphère déjà lourde depuis la formation du premier gouvernement provisoire en septembre 1958. Certains noms avaient été contestés en raison de leurs origines politiques, tout comme on dénonçait aussi l’absence d’autres dans cette liste qu’on aurait dit établie par un peseur. «En juillet 1959, le GPRA fut mis en demeure» de remettre le pouvoir aux «3 B», écrit Saâd Dahlab. Belkacem Krim, Lakhdar Bentobbal et Abdelhafid Boussouf, le triumvirat qui menait d’une poigne de fer les destinées de la révolution, décident de forcer la main au président Ferhat Abbas et de convoquer un sommet militaire chargé de proposer une sortie de crise politique.

Un consistoire de 10 colonels se réunit 100 jours durant, avec des moments de forte houle. Et, pendant que se réunissait ce cénacle, pratiquement en apnée, ne voilà-t-il pas que de Gaulle défait la trame et détricote certains calculs. Il annonce le 16 septembre 1959, alors que ses généraux avaient sérieusement ébranlé l’ALN, son intention d’organiser un référendum d’autodétermination. Les responsables de la révolution y voient l’issue tant attendue à l’horizon.

L’indépendance était entrée en gestation.

Trois mois après, pas moins, la réunion s’achève et débouche sur la décision de réunir de le CNRA. Celui-ci va créer le Comité interministériel de guerre (CIG) composé des trois «B» et un Etat-major général (EMG) qui porte à sa tête un rouquin, au visage émacié, aux saillantes pommettes, à la voix métallique et au regard vert perçant. Le plus jeune des colonels, à peine âgé de 30 ans: Houari Boumediène. Il sera secondé par les commandants Azzedine, ancien chef de l’illustre commando Ali Khodja, héros de Bouzegza. Ainsi que Kaïd Ahmed, ancien de l’UDMA, un militant au verbe haut et à la plume habile. Et, enfin, Ali Mendjeli, héros de la célèbre bataille de Mila (1957).

Les raisons principales qui ont présidé à la création de l’EMG étaient évidemment d’ordre militaire mais elles relevaient aussi de la stratégie politique. Elles étaient liées à la volonté des dirigeants de l’insurrection de mettre fin à de dangereuses dérives aux frontières que d’aucuns qualifiaient d’anarchiques et périlleuses. Particulièrement en Tunisie, vivier de ce qui charpentera, une fois la nouvelle politique mise en œuvre, l’ossature de la future Armée nationale populaire (ANP).

Il faut dire que ces hommes, comme des fauves en cage, montraient des signes d’agitation malsaine. «Insuffisamment organisés, en proie au régionalisme et aux luttes de factions, ils sont guettés par les mutineries, les complots». La discipline faisant la force principale des armées, l’impérieuse nécessité s’imposait donc de procéder à l’encadrement rigoureux de ces djounoud.

La solution des Commandements Est et Ouest, lesquels avaient été créés en avril 1958, ayant montré ses limites, tant du point de vue de la stratégie que celui de la formation.

Par ailleurs, une nouvelle doctrine militaire, impulsée par Krim Belkacem (ministre de la guerre) et développée par Houari Boumediène et l’EMG, va voir le jour et préconiser la structuration d’une armée moderne par la formation d’officiers et d’hommes de troupes qui allaient constituer le cœur actif autour duquel allaient s’agréger les forces populaires, pour poursuivre la lutte et peupler à nouveau les maquis.

Les deux hommes vont l’un après l’autre s’appuyer sur les cadres de l’armée française qui ont répondu à l’appel qui avait été lancé en leur direction pour rejoindre les rangs de l’ALN. Un encadrement injustement controversé du simple fait d’avoir figuré sur les listes des effectifs de l’ennemi. La plupart n’ayant pas subi l’épreuve du feu dans les djebels algériens. Ils avaient d’ailleurs rejoint Tunis via la filière du FLN en Allemagne. Enfin, l’objectif politique, quant à lui, visait principalement à évincer Krim Belkacem, ministre de la guerre dans le GPRA, de ce poste stratégique. Surtout depuis la proposition gaullienne du référendum. L’armée étant, depuis, convoitée et regardée comme le sésame qui ouvrirait les portes du pouvoir.

Aux trois «B», (Belkacem Krim, Lakhdar Ben Tobbal et Abdelhafid Boussouf) qui exerçaient déjà leur puissance tutélaire sur l’ALN des frontières, il convient d’ajouter un quatrième «B», Boumediène, pour avoir une idée du patchwork militaro-politique qui dirigeait l’ALN en ce début des années 1960. Ainsi naquit la bipolarisation de l’autorité supérieure de la Révolution: le militaire et le politique, l’un ne voulant rien céder à l’autre. Contrairement donc à la doxa, la dangereuse crise qui agitait le landernau des combattants de l’extérieur n’est pas née avec les accords d’Evian.

Le conflit a éclaté bien avant Evian I, qui s’est déroulé du 20 mai au 13 juin 1961. Il faut savoir que quand la décision fut prise d’ouvrir des négociations, la liste de la délégation chargée de mener les pourparlers comprenait, entre autres, Benyoucef Ben Khedda. Selon Abdelhamid Mehri, «Ben Khedda avait, à cette époque, une autre vision et estimait en gros qu’accepter le principe de l’autodétermination, c’était revenir sur l’exigence de la reconnaissance de l’indépendance. Aussi a-t-il décliné l’offre de faire partie de la délégation». L’Etat-major s’est aligné sur cette position et Kaïd Ahmed, commandant politique au sein de l’EMG, qui avait été désigné, a d’abord refusé d’en être et de se joindre à la délégation. L’EMG s’était dit que si le politique Ben Khedda refusait de participer à la mission, c’est qu’il y avait quelque part une anomalie. Il a fallu lui intimer l’ordre militaire qu’il ne pouvait refuser, pour qu’il s’exécutât.

«Par la suite, nous avons signifié à la délégation de trouver un prétexte pour interrompre les négociations et rentrer pour que nous réglions le problème avec l’EMG».

Puis est intervenu le remaniement du GPRA, (Tripoli, 27 août 1961), qui mènera les négociations des Rousses (11 au 19 février 1962) et Evian II (7 au 18 mars). Ben Khedda qui avait été désigné à la tête du GPRA, et, du reste, tout le FLN avaient abandonné le préalable aux négociations, de la reconnaissance de l’indépendance. Toutefois, l’EMG, réduit à trois membres avec le retrait du commandant Azzedine, rentré pour prendre le commandement de la deuxième Zone autonome d’Alger, demeurait opposé à un certain nombre de points des accords.

Nous sommes le 19 février 1962. La délégation qui a mené tambour battant les négociations des Rousses quitte à cinq heures du matin l’hôtel «Yeti». Rédha Malek écrit: «Belkacem Krim n’est pas au bout de ses peines. Soulagé du fardeau écrasant des Rousses, il va affronter, à Tripoli, l’épreuve la plus périlleuse de sa carrière…. Krim, Bentobbal, Dahlab, Yazid, n’ont pas le droit de flâner. Il faut rendre compte au GPRA, puis au CNRA, convoqué en session extraordinaire pour le 22 février à 13 heures dans l’enceinte de l’Assemblée nationale libyenne». Car, le CNRA était «le seul habilité à juger de la conclusion de la paix, d’un cessez-le-feu et d’accords internationaux», il fut donc mandé «pour entériner ce que les pourparlers avaient arrêté». Ainsi, du 22 au 27 février 1962, l’organe suprême de la révolution a passé au crible les dix déclarations de l’accord négocié au Rousses.

«L’atmosphère était loin d’être à l’enthousiasme» , déplore Saâd Dahlab. Même si, ajoute l’ancien ministre des Affaires étrangères de l’Algérie combattante, «tous les membres du CNRA étaient d’accord pour le cessez-le-feu…»… «Les ministres emprisonnés à Aulnoy avaient été non seulement informés régulièrement du contenu des négociations, mais nous avaient même communiqué leurs suggestions dont nous tenions naturellement compte. Ils étaient d’accord pour le cessez-le-feu.» «Les cinq, relève l’auteur de ‘‘Mission Accomplie’’, étaient parmi les responsables les plus modérés et les plus réalistes. Khider et Ben Bella en tête», souligne-t-il. En apparence, mais en apparence seulement, l’union sacrée s’était faite autour du cessez-le-feu.

Tous les points abordés par les négociateurs ont rencontré l’assentiment des membres du CNRA. Jusque et y compris les délicates questions de la double nationalité pour les Français désireux de demeurer en Algérie ou l’épineux problème du «français comme langue officielle».

Ben Bella, pro nassérien, agissant et arabophile militant «était même le moins intransigeant», rapporte Dahlab. Il relève également que l’Etat-major aussi souhaitait le cessez-le feu mais, note-t-il, «ils avaient cessé d’obéir au GPRA qui n’était plus que leur caissier. Il fallait bien entretenir l’armée et condamner par principe toutes ses initiatives. Ils avaient alors le dos au mur».

Intraitable, l’ombrageux colonel Houari Boumediène exige de savoir avant toute discussion si les documents qui sont soumis à l’appréciation du CNRA constituent «un accord ou un préaccord». Le chef de l’Etat-major général était pourtant démissionnaire depuis le 15 juillet 1961, après l’affaire du lieutenant Gaillard qui avait empoisonné les relations, en principe hiérarchiques, entre le GPRA et l’institution militaire.

L’avion du lieutenant Gaillard avait été abattu par l’ALN au-dessus de la région de Mellègue en territoire tunisien, proche de la frontière algérienne. Son pilote s’étant éjecté, il a été capturé et mis au secret par les responsables de l’EMG. Les autorités tunisiennes, pressées par Paris, avaient demandé au GPRA de leur remettre le prisonnier. Ce à quoi l’EMG s’était opposé avant d’obtempérer. On aurait tendance à croire qu’ayant démissionné, l’EMG avait perdu la haute-main haute sur l’armée.

Erreur! «Avant de partir nous avons désigné des hommes de confiance pour garder la maison, nous confessait le Commandant Azzedine, commandant militaire au sein de l’EMG. En effet, nous avions confié les clés aux responsables de la zone nord dirigée par le capitaine Ben Salem, assisté des lieutenants Abdelghani, devenu plus tard Premier ministre, Abdelkader Chabou devenu responsable de l’ANP sous Boumediène, et Chadli Bendjedid le futur président de la République. Il y avait également les gars de la zone sud avec Salah Soufi, futur membre démissionnaire du conseil de la Révolution issu du coup d’Etat de juin 1965, Saïd Abid, lui aussi membre mais qui est mort mystérieusement à la suite de la tentative de prise du pouvoir par le colonel Tahar Zbiri. Je citerai également les membres du bureau technique avec les capitaines Zerguini et Boutella, et le lieutenant Slimane Hoffman».

À l’heure où les négociations avancent vers la solution et que le drapeau national est en phase ascensionnelle sur sa hampe, toute absence risque de se payer cher. Boumediène est donc revenu à l’exercice pour la circonstance, avec le grade, la fonction et toute l’autorité due au titre. Pour le principe, ses partisans et lui donnèrent de l’ergot. Kaïd Ahmed avouera plus tard: «Nous savions très bien que le cessez-le-feu allait être voté, mais nous voulions prendre date».

L’argument avancé était la crainte que les négociateurs se soient laissé aller à la tentation du «cessez-le-feu à tout prix». Autrement dit, la crainte de faire «fausse route et l’angoisse d’être mal informés sur les conditions du cessez-le-feu à tout prix». Un principe condamné par avance par l’EMG, lequel redoutait des accords bâclés signés sous la pression de la folie meurtrière de l’OAS qui assassinait dans un terrible amok médiéval, des dizaines d’Algériens par jour.

À ce propos, Rédha Malek écrit: «Les conditions de secret dans lesquelles se sont tenues ces assises ont constitué un des facteurs de leur succès. Délestés du fardeau médiatique et des pressions trop fortes d’une opinion déboussolée, les négociateurs n’ont qu’une hâte: aboutir. Une nuance s’impose cependant. Quoique les victimes de l’OAS soient principalement musulmanes, il n’est pas sûr que les délégués algériens consentent à bâcler leur travail au seul motif d’abréger les souffrances de leurs compatriotes, non qu’ils soient insensibles à la tragédie mais parce qu’ils mesurent les conséquences d’un mauvais accord». Les inquiétudes de Boumediène et des membres de l’Etat-major pour légitimes qu’elles fussent auront néanmoins suscité un certain agacement chez les négociateurs qui n’y lisaient qu’une pinaillerie de pure forme.

Par ailleurs, pour les membres de l’EMG, les négociations d’un cessez-le-feu étaient prématurées, d’autant que la situation interne du FLN n’était guère reluisante du fait de tiraillements de tous ordres et dans tous les sens. Pour marquer leur présence pendant les négociations, les troupes de l’extérieur ont multiplié les opérations contre les lignes Morrice et Challe. Sans doute pour démontrer que «les capacités de résistance militaire des Algériens étaient intactes et que la guerre pourrait encore durer longtemps».

Boukhalfa Amazit
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Les fissures d’une jeune Révolution


Entrée en force de l’armée des frontières...

LA CRISE DE L’ ÉTÉ 1962:

DES ORIGINES À LA FRACTURE,

LES MILITAIRES PRENNENT LE POUVOIR

Boukhalfa Amazit

El Watan

le 5 juillet 2014

Le 4 juillet 1962, Alger ville héroïque, vit ses premiers instants de capitale de «l’Etat algérien restauré».

Le «Peuple-citoyen», souverain mais éphémère, d’une République issante de la gueule du colonialisme finissant, se répand.

Il investit les quartiers européens, jusqu’alors interdits par le racisme ordinaire, et l’apartheid génétique du colonialisme et depuis quelques mois par oukase des sicaires de l’OAS, fanatiques partisans de l’Algérie française. Ils les avaient décrétés zones interdites aux «chiens et aux arabes», sous peine de mort. De tout le pays, ils affluaient par bataillons. Sur les bennes des camions, par essaims agrippés aux wagons des trains bondés; dans les voitures, sur les voitures; à pied; par phratries, entassées sur des charrettes tractées par des bêtes de trait fourbues.

Ils étaient des millions, la citoyenneté conquise, l’indépendance en tête, l’espoir en bandoulière, des chants pleins la gorge. Ils étaient des dizaines de milliers à investir la ville blanche, maculée du sang de ses héros, fouettant, encore de l’odeur acre de la poudre et du plastic. De mémoire d’Algérien, jamais une telle symbiose n’avait réuni ce peuple qui sortait du cauchemar colonial de 132 ans et après 7 ans et demi de la guerre de décolonisation, sans doute la plus meurtrière du XXe siècle. Il est 16 heures, la plèbe, relevant la tête, masse compacte, fleuve humain, se meut plus qu’elle ne se déplace, pour converger vers le siège de la préfecture.

Le Président en exercice du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Benyoucef Ben Khedda, s’adresse à la nation ressuscitée. Sa voix de fausset grésillante, altérée par les haut-parleurs d’une sono bricolée à la hâte, était bien connue de celles et ceux qui l’écoutaient, à la sourdine en tapinois, à travers les ondes de la Voix de l’Algérie. Bien plus que le discours, c’est l’incarnation même de la République proclamée, qui a aspiré toute l’Algérie, autour de l’élégant bâtiment néo-mauresque, siège de l’igamie d’Alger, qui deviendra celui de la wilaya.

Ceux qui sont là, sur le boulevard Carnot, qu’on baptisera plus tard du nom de Zighout Youcef, légende du Nord Constantinois, donnaient le dos au port, où des navires embarquaient dans l’incuriosité et l’indifférence des vainqueurs, sur le ressac de l’histoire, la géniture des conquérants de 1830. Les uns déménageaient l’âme baignée de larmes, vers la France, cette mère, pourtant inconnue, qu’ils ont préférée à la justice. Les autres, justice faite, s’abandonnaient dans le giron leur mère, retrouvée une fois libérée.

Les nuées grouillantes aperçoivent à peine au balcon du second étage le deuxième président du GPRA, costume sombre, lunettes noires. Le successeur, presque inconnu des foules, du populaire Ferhat Abbas. Pharmacien comme son prédécesseur, il avait quitté Alger cinq ans auparavant, en mars 1957, avec ses quatre compagnons du Comité de coordination et d’exécution, le premier CCE, issu du Congrès de la Soummam du 20 août 1956 (Abane Ramdane; Belkacem Krim; Mohamed Larbi Ben M’hidi; Saâd Dahlab et lui-même). La direction collégiale de la Révolution avait pris la décision, tout aussi collégiale, de s’établir à l’étranger après l’arrestation, le 23 février 1957 et l’assassinat, grossièrement maquillé en suicide, par l’Etat français, de Ben M’hidi, le 4 mars. Dominant la somptueuse baie d’Alger, resplendissante sous le soleil étésien, le Président déclarait: «Le problème de l’heure c’est l’Etat. Il est fondamental que l’Etat algérien repose sur des institutions démocratiques saines et solides». Que voilà un programme exaltant pour les décennies à venir.

Pourtant, en son for intérieur, le président du GPRA n’ignorait pas que des périls létaux pesaient non seulement sur la construction de l’Etat démocratique qu’il appelait de ses vœux, mais sur le devenir immédiat de l’unité nationale elle-même. Le spectre d’une nouvelle conflagration hantait l’Algérie aussitôt qu’elle s’extirpait de la tyrannie colonialiste. Le syndrome de la «congolisation», comme l’écrivaient les journalistes de l’époque. Et des journalistes, ce n’est pas ce qui manquait à Alger en ce juillet brûlant d’un été torride.

Ben Khedda, le «centraliste» qui avait tenu tête à Hadj Messali aux heures noires du PPA-MTLD, était aussi à Tripoli entre le 27 mai et le 7 juin 1962 . Il avait assisté à l’irruption des sombres et épaisses nuées ardentes dans la capitale libyenne. Une poussée fulgurante d’un contentieux historique multidimensionnel. Un maelstrom dans lequel s’enchevêtraient les ambitions antithétiques des uns et des autres; des projets de pouvoir contrariés; des rêves de grandeur inassouvis. Une guerre d’egos hypertrophiés pour une pensée politique parfois, hélas, atrophique. «J’y étais, par conséquent je dois en être». Une implacable logique égocentrique et simpliste bouffait gloutonnement, de l’intérieur, comme un cancer vorace, cette prestigieuse Révolution. Elle qui avait suscité la sympathie des forces de paix et de liberté de par le monde, encore éblouies par le courage de ses artisans.

Jusque-là, les luttes étaient certes âpres mais ouatées, assourdies délibérément. Parfois, montaient de quelque réunion, tenue dans un pays voisin, des tonitruances inquiétantes, messagères de drames fratricides. Mais la terrible tragédie de l’intérieur primait toujours sur les grenouillages prolixes mais étouffés, à l’extérieur. Et dans cette lugubre partie de carré arabe, les militaires, seule force organisée, conservaient leur primauté sur les politiques avec l’assentiment des politiques, prééminence affirmée depuis la réunion du Caire d’août 1957. Peu à peu, les abréviatifs FLN et ALN commuent en «politique» et «militaire».

Le processus de phagocytose du premier par le deuxième s’accélère. On militarise. La révolution se radicalise. La plupart des historiens s’accordent pour dire que la session du CNRA qui s’est déroulée au Caire en août 1957 est un tournant dans l’évolution du FLN. En effet, certains membres issus des «22» du Comité révolutionnaire pour l’unité et l’action (CRUA), générateur du Front de libération nationale, dont Lakhdar Bentobbal et Abdelhafid Boussouf se sont coalisés avec Krim Belkacem, Amar Ouamrane et Mahmoud Cherif.

Des personnalités qu’on désignait traditionnellement par «les militaires», opportunément appuyés par des figures émergentes, étaient partisanes de la remise en cause de la plateforme du Congrès de la Soummam, dans la lettre et dans l’esprit. Abdelhamid Mehri, membre du CCE issu des assises du CNRA de la rue Sarouet, dans la capitale égyptienne, précisait à ce propos dans un entretien avec El Watan: «…Après des discussions acharnées, on a accepté le maintien des structures dirigeantes de la Révolution et bien des décisions issues du 20 août 56, mais en changeant ou plutôt en enrichissant la composante humaine du CNRA, en particulier et du CCE. Tout comme on a mis en veilleuse, sinon gommé d’autres résolutions, notamment la classification entre ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur et la primauté du politique sur le militaire, etc. C’était en quelque sorte un compromis.»

Un arrangement qui balayait les principes «Abaniens» et réduisait, par conséquent, l’influence au sein de la direction de la révolution d’Abane Ramdane, jusqu’alors chargé de la coordination du CCE. Ainsi déclassé, ses prérogatives sont accourcies à celles de directeur du journal El Moudjahid, organe central de la révolution. À son élimination politique, succédera en décembre 1957 le terrible épisode de son assassinat physique lors d’un traquenard qui lui a été tendu par ses «frères», dans la campagne nord-marocaine, non loin de Tétouan.

Puis, à partir de septembre 1958, le GPRA va se substituer au CCE, puisqu’il deviendra l’organe d’exécution des décisions du CNRA. Le FLN cessera d’être le référent immédiat de la révolution, pour devenir une abstraction idéologique transcendantale de la Révolution. L’esprit politique de la guerre de libération, en quelque sorte, même si la littérature des journalistes du monde entier conservait la terminologie.

Les autorités françaises et leurs négociateurs, qui n’ont jamais reconnu le GPRA quant à eux, se gardaient bien de ne mentionner que le FLN, souvent pour le diaboliser mais aussi dans les correspondances ou plus tard les accords. Ce pouvoir des militaires va définitivement s’installer et perdurer après la réunion du «Comité des dix» colonels, dite des «100 jours» (Tunis, août à décembre 1959). Un étrange et interminable synode, destiné, disait-on, à apaiser le malaise politique qui s’est emparé subitement du GPRA. En effet, de graves troubles ont commencé à agiter la jeune institution quelques mois seulement après sa proclamation triomphale le 18 septembre 1958.

Les causes sont multiples et d’entre elles les plus graves liées à la situation alarmante et dangereuse que traversent les maquis du territoire national. Les effets du déploiement du terrible plan Challe, initié par le général dont il porte le nom, à compter de l’année 1959, se font ressentir par les pertes considérables en hommes. À ce désastre, il convient d’ajouter le mauvais climat de suspicion né de la bleuite et des purges, principalement dans les Wilayas III et IV enclavées qui subissaient de plein fouet le manque d’armes, de munitions et souvent de ravitaillement.

En outre, les barrages électrifiés est et ouest hermétisent pratiquement les frontières et rendent non seulement aléatoires les approvisionnements en armes, munitions et nourriture, mais transforment en hécatombe chaque tentative de franchissement.

Des responsables de l’ALN parlent de 80 à 90% de pertes en hommes. Bref, la situation dramatique des maquis conduit à la convocation, à l’initiative du colonel Amirouche de la wilaya III, d’une rencontre au sommet des responsables de l’intérieur.

Elle se tiendra à Oued Asker, dans la presqu’île d’El Qoll, du 6 au 12 décembre 1958. Elle regroupera les colonels El Hadj Lakhdar, de la Wilaya I (Aurès) ; Ali Kafi, chef de la wilaya II (Nord Constantinois), ne participera pas, bien que la réunion se tienne sur son territoire et sous ses auspices. Il déléguera, en tant qu’observateur, Lamine Khène fraîchement désigné comme secrétaire d’Etat au premier GPRA (septembre 1958). Le colonel Ali Kafi expliquera dans ses mémoires que son absence était due à son refus de cautionner les purges engagées par le chef de la Wilaya de Kabylie. Cette dernière sera justement représentée par Amirouche. La IV (Centre), par Si M’hamed; la V (Oranie) n’assistera pas non plus et enfin Si El Houès, pour la VI (Sud).

«Amirouche et les participants à la rencontre affirmaient qu’ils espéraient redonner de l’avenir aux maquis». Un rapport accablant contre «l’extérieur» sanctionnera les travaux de ces assises qui seront souvent comparées, au congrès de la Soummam, la dimension politique en moins. Un cahier de doléances sera élaboré pour «secouer» le GPRA. «Le malaise des Wilayas ne peut pas ne pas gagner les bases arrières. Les quelque dix mille hommes postés à la frontière tunisienne rongent leur frein», indique Rédha Malek.

À l’extérieur, une sombre affaire de «mort suspecte» d’un de ses collaborateurs amène le ministre des Affaires étrangères, Lamine Debaghine, à claquer la porte du gouvernement le 14 mars 1959. Le chef de la diplomatie du FLN impute la mort de son assistant aux services d’Abdelhafid Boussouf, responsable du ministère des Liaisons générales et des communications, aïeul de la Sécurité militaire et de l’actuel DRS.

L’anémie du GPRA ne fait plus aucun doute. Ses carences sont criantes. En juillet 1959, chacun y va de son couplet.

Krim Belkacem (vice-président du Conseil et ministre des Forces armées), parle de «l’isolement de l’intérieur, du mécontentement général».

Boussouf (liaisons générales communications) déplore, de son côté, le fait qu’il y a «des gens pour l’indépendance et d’autres qui ne le sont pas».

Ce que conteste Ahmed Francis (Affaires économiques et des finances), qui a vu dans la charge du puissant patron du MALG une attaque contre les militants issus de l’UDMA (Union démocratique pour le Manifeste algérien), sa famille politique d’avant avril 1956, date de son ralliement au FLN au Caire en compagnie du Président Abbas, fondateur de la formation.

L’ancien bras droit du leader historique rétorque que «l’objectif est le même pout tout militant du FLN. Quiconque adhère à ce mouvement est pour l’indépendance de l’Algérie.»(4)

Ferhat Abbas dit de lui-même qu’il est «un Président qui préside mais ne gouverne pas».

Mahmoud Cherif (ministre de l’Armement et du Ravitaillement), lui aussi ancien membre de l’UDMA, contesté par la wilaya des Aurès, sa wilaya d’origine, appelle à la nécessité d’une «autorité ferme, solide, homogène, révolutionnaire et restreinte pour diriger le pays et la guerre». Il enfonce le clou en proposant que le GPRA s’installe en Algérie pour diriger le combat. Tewfik El Madani (ministre des Affaires culturelles) en arrive à la conclusion que «le premier GPRA est mort le 1er juillet à 18 heures…Krim Belkacem et Mahmoud Cherif, nouveaux Bossuet, en ont prononcé l’oraison funèbre».

Boukhalfa Amazit

http://www.elwatan.com/hebdo/histoire/

Pour lire en ligne, avec les commentaires :

http://www.elwatan.com/hebdo/histoire/la-crise-de-l-ete-1962-des-origines-a-la-fracture-les-militaires-prennent-le-pouvoir-05-07-2014-263579_161.php

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« CE MATIN JE ME SUIS RÉVEILLÉE AU BRUIT DES HÉLICOPTÈRES »…

INÉGAUX DANS LA VIE ET DANS LA MORT

Par Samah Jabr**[[Samah Jabr est Jérusalémite, psychiatre et psychothérapeute, dévouée au bien-être de sa communauté, au-delà des questions de la maladie mentale. L’un des objets politiques de son combat est un État unique pour une perspective de paix et de liberté commune.

Ses chroniques touchantes nous parlent d’une vie au quotidien en pleine occupation ; d’un regard lucide, elle nous fait partager ses réflexions en tissant des liens entre sa vie intime, son travail en milieu psychiatrique et les différents aspects politique d’une situation d’apartheid.]]

5 juillet 2014

Publié par Saoudi Abdelaziz

blog algeieinfos

5 Juillet 2014

Ce matin, je me suis réveillée au bruit des hélicoptères, des voitures de police et des ambulances, alors qu’un affrontement éclatait dans notre quartier de Shuafat, jusqu’ici paisible, à Jérusalem-Est.

Les forces de sécurité israéliennes tiraient sur des jeunes Palestiniens qui manifestaient contre le meurtre de Muhammed Abu Khdeir, 16 ans, enlevé dans notre quartier alors qu’il se rendait à la prière de l’aube. Des témoins ont vu Muhammed forcé de monter dans un véhicule et en avaient informé la police. Quelques heures plus tard, la police israélienne retrouvait son corps dans la forêt de Jérusalem, dans le village de Deir Yassin – presque comme un retour en arrière sur la scène de ce massacre traumatique infligé à ce village, il y a plus de six décennies ! Muhammed a été poignardé, son corps carbonisé et défiguré. Juste la nuit précédente, des Israéliens avaient tenté d’enlever Mousa Zalloum, 10 ans, qui fut sauvé grâce à la résistance courageuse de sa maman, Deema. Tous les deux ont vécu pour raconteur leur histoire.

Incitation et vengeance

Immédiatement après l’enlèvement le 12 juin de trois colons israéliens en Cisjordanie occupée – dans un secteur où Israël détient le contrôle total, militaire et civil -, le Premier ministre israélien, Benjamin Nethanyahu, annonçait que “le Hamas était responsable et que le Hamas allait payer”. L’armée israélienne a lancé des raids violents et imposé des couvre-feux dans toute la Cisjordanie, tuant une dizaine de jeunes, ré-arrêtant des membres du Parlement et des prisonniers précédemment libérés, et démolissant les maisons des suspects, avant même qu’une preuve n’ait été produite devant l’opinion ou un tribunal. Ce ne serait pas une surprise pour moi si les Palestiniens qu’Israël accuse étaient assassinés, car ainsi il ne subsisterait que la version israélienne.

Cependant, l’escalade militaire israélienne depuis le 12 juin ne consistait pas seulement à rechercher les trois colons disparus. Le régime de Netanyahu profitait de la situation pour tenter d’inspirer une sympathie internationale après les critiques venant du monde entier contre le rôle d’Israël dans le gel des négociations de paix. Israël a infligé une punition collective au peuple palestinien, restreignant ses déplacements dans toute la Cisjordanie et interdisant aux Hébronites non juifs de quitter le pays, effectuant des incursions brutales et des fouilles dans les maisons, villes et camps de réfugiés palestiniens, arrêtant beaucoup de Palestiniens, et tuant quiconque était perçu comme une menace.

Ces actions israéliennes ont servi à réduire les pouvoirs du gouvernement d’union de Palestine, et à attiser les flammes de la polarisation. En outre, les dirigeants et propagandistes israéliens ont créé un climat hostile aux Palestiniens, caractérisé par leur déshumanisation extrême, y compris des enfants, dans les médias officiels comme dans les médias sociaux. Après la découverte des corps des trois colons, Netanyahu a declaré, “Ils ont été enlevés et assassinés de sang-froid, par des animaux humains,”, et “ Ils sanctifient la mort, nous sanctifions la vie”. Il a également évoqué « un large fossé moral (qui) nous sépare de nos ennemis”. Benny Kashriel, maire de la colonie illégale de Ma’ale Adumim, a demandé aux autorités israéliennes de construire de nouvelles unités de logement en Cisjordanie, en réponse au meurtre des trois colons israéliens. Les slogans du genre “Mort aux Arabes” et “Pas d’Arabes, pas d’attentats terrorists”, sont devenus de plus en plus stridents dans l’opinion israélienne.

Des dirigeants et diplomates dans le monde, qui ne connaissent pas les noms de ces gamins palestiniens qui se font tuer quasiment tous les jours, ont déploré dans les termes les plus forts le meurtre des trois colons, citant leurs noms. Mais qu’en est-il de Youssef Shawamra, 15 ans, tué en mars pendant qu’il cueillait de la gundelia, cette plante épineuse sauvage qu’on mange en légume (Akkoub) à Deir Al Asal, au sud d’Hébron ? et d’Ahmad Sabarin, 20 ans, qui regardait un match de la Coupe du monde quand les Israéliens sont entrés faire des arrestations dans le camp de réfugiés d’Al Jalazoun, et qu’ils ont abattu Ahmad alors qu’il sortait de chez lui pour voir ce qui se passait ? et de Saker Daraghmeh, 16 ans, tué à Tayaseer, près de la vallée du Jourdain, alors qu’il faisait paître son bétail ? Mahmoud Odeh et Nadeem Nawara, ces deux adolescents tués pendant qu’ils commémoraient la Nakba, n’ont reçu aucune de cette attention internationale qui fut accordée aux trois colons juifs ! Le meurtre d’un Palestinien ne se voit pas de façon aussi atroce que celui d’Israéliens ; notre douleur n’est pas perçue comme aussi vive que la leur. Assimiler injustement la responsabilité palestinienne dans des actes, présumés, de quelques individus, avec la responsabilité officielle d’un gouvernement israélien démocratiquement élu dans les actions de son armée, c’est une autre insulte à la logique et à la raison, une insulte souvent commise par les amis d’Israël.

En réalité, jamais un Israélien n’a reçu une peine sérieuse après avoir tué un Palestinien. Aujourd’hui, après le meurtre de Muhammad Abu Khdeir, les troupes israéliennes ont envahi Shuafat – pas le quartier des tueurs ! Ceux-ci resteront probablement anonymes, leurs maisons ne seront pas démolies, il n’y aura aucun bouclage d’imposé sur les quartiers israéliens, et les colons israéliens ne seront pas empêchés d’aller travailler ou de partir à l’étranger. Les rabbins et les dirigeants des colons qui incitent leurs partisans continueront de le faire en toute impunité.

Depuis qu’il occupe notre terre, Israël nous a enlevé notre liberté, nos vies, et nos perspectives. Aussi longtemps que le meurtre d’un gentil sera considéré avec plus de légèreté que celui d’un juif, aussi longtemps qu’il y aura cette énorme divergence dans la valeur de l’être humain et ce manque de validation de l’expérience palestinienne, aussi longtemps qu’Israël restera le seul auteur de ce récit sur la terre, et le seul acteur politique qui compte, la mort et le nihilisme continueront de nous enlever nos perspectives de vie – tant palestiniennes qu’israéliennes.

Lien: http://www.assawra.info/spip.php?article7591

Sources: Washington Report on Middle East Affairs – 2 juillet 2014

wrmea.org

_ Traduction : JPP pour les Amis de Jayyous

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Dda VINCI CLAUDE

par Arezki Metref

Le Soir d’Algérie

le 29 juin 2014

Balade dans le Mentir/vrai(21)

Nous devions être en 1999. Le téléphone sonna au bureau que j’occupais à la rédaction de Politis.

Un certain Claude Vinci veut te parler, me dit la standardiste.

Je ne savais pas grand-chose sur lui, sinon qu’il était chanteur, de la trempe de Marc Ogeret, interprète de chansons à texte de sensibilité libertaire qui reprit notamment les chansons d’Aragon.

Bonjour, je suis Claude Vinci

Oui, je vois bien qui vous êtes, répondis-je chaleureusement.

S’ensuivit un monologue de sa part au cours duquel il m’avoua:

J’ai transporté clandestinement de Rome à Paris, pour le compte du FLN, les enregistrements de Kassaman.

Je saurai plus tard, après l’avoir mieux connu, qu’en juin 1960, la Fédération de France l’avait, depuis Paris, envoyé chercher à Milan 3 000 exemplaires du 30 cm “«Canti della Rivoluzione Algerina»” (Chants de la révolution algérienne) dont le premier titre était Kassaman. Cette mission au profit du FLN, au cours de laquelle il risquait sa liberté, était dans le droit fil de sa désertion et même de son ralliement, lors de la Seconde Guerre mondiale, à la résistance française dès l’âge de 12 ans dans son Berry natal. Il menait le même combat: la liberté des peuples!

Nous dûmes nous rencontrer quelque temps après à la fête de l’Huma où il signait une compilation de ses CD. Il me promit de m’envoyer sitôt paru “Les Portes de fer”, un récit de son rappel au service militaire en 1956, et de sa désertion.

Par la suite, le hasard étant un comploteur émérite, je devais consacrer un article au témoignage de Nadia Matoub, «Pour l’amour d’un rebelle» (Robert Laffont), dans la revue de l’Association de Culture Berbère que je dirigeais.

Le titre de cet article, «Du témoignage comme genre littéraire», n’avait pas manqué d’attirer l’attention de Claude qui y retrouvait, me dira-t-il, les deux termes de son équation personnelle. Bientôt, il me téléphona pour me remettre “Les Portes de fer”, enfin paru aux éditions “Le Temps des cerises.” J’avoue avoir lu ce livre avec beaucoup de délectation. J’aimais cette légèreté avec laquelle il pouvait raconter des faits dramatiques, et en particulier l’épisode où, rappelé pour une guerre qui n’était pas le sienne, il avait stationné dans une ferme y faisant main basse sur la cave à vins du colon.

La parution de ce livre eut trois conséquences immédiates.

La première, c’est que je l’ai invité avec Jean Galland, un instituteur communiste et anticolonialiste, à une soirée de présentation de son livre à l’ACB.

Ensuite nous lui avons consacré un article dans Actualités et culture berbères.

Et enfin, j’avais demandé à Marie-Joëlle Rupp, qui collaborait à notre revue, de réaliser une interview de Claude. Le courant passa si bien entre eux qu’elle s’attela à sa biographie, Vinci soit-il, préfacée par Gilles Perrault, et qu’elle demeura une amie fidèle jusqu’au décès du chanteur, le 7 mars 2012.

En revenant sur ma rencontre avec Claude Vinci, je m’aperçois que jamais un personnage de cette «Balade dans le mentir-vrai» n’a été de façon aussi équivoque entre la fiction et la réalité. Aucun finalement n’a été aussi littéraire dans son essentialité. Cette impression ne provient pas uniquement du fait que l’une de ses chansons identitaires soit «L’Affiche rouge», ce qui nous renvoie presto à Aragon, le père du mentir-vrai. C’est aussi et surtout à cause de l’art avec lequel il composait ses souvenirs comme s’il s’était agi d’une œuvre musicale ou poétique. Peut-on reprocher à un créateur de concevoir du souvenir à partir, ou non, de la réalité? Chez Claude Vinci, le récit est toujours à la limite de la vérité.

À propos de «l’Affiche rouge», titre de la chanson mise en musique par Léo Ferré, à partir du poème d’Aragon «Strophes pour se souvenir», un hymne à la mémoire de la section arménienne FTP MOI (Francs Tireurs Partisans-Main-d’œuvre Immigrée) dirigée par Missak (dit Michel) Manouchian, fusillés par les nazis le 21 février 1944, Claude Vinci racontait cette curieuse coïncidence:

C’était à Reims en 1964. Je venais de chanter «L’Affiche rouge». Je vois une femme bouleversée monter sur scène. Elle me serre dans ses bras en pleurant. C’était Mélinée, l’épouse de Manouchian.

Résistant, Manouchian était aussi et surtout un poète d’origine arménienne, chantre de l’amour. Juste avant d’être exécuté, il laissa à sa femme une lettre dans laquelle il lui demandait de continuer à vivre. C’est cette lettre qui inspira son poème à Aragon: «Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline/ Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant.»

Le travail sur cette chanson et sur quelques autres avait rapproché Claude d’Aragon avec qui il partageait l’idéal communiste. Cependant ses amis durables et tutélaires étaient des communistes défroqués qui, sans doute comme lui, se considéraient plutôt comme des «anarcocos».

Celui dont il parlera toute sa vie avec affection et reconnaissance, c’est son mentor et parrain de scène, Yves Montand, sans oublier Simone Signoret à qui il vouait une profonde tendresse. C’était chez eux, racontait-il, que jeune chanteur sans le sou, il trouvait gîte, couvert et un souffle nouveau pour poursuivre sa carrière. Lorsque la chanson à texte du courant progressiste Rive gauche auquel il appartenait en même temps que Ferré, Ferrat, Anne Sylvestre, Catherine Sauvage, et bien d’autres, se fut dispersé, de nouvelles modes musicales engloutirent les plus vulnérables. Lucide, Claude Vinci vécut sa marginalité comme une fierté.

Je ne le vis qu’une seule fois sur scène. C’était lors d’un concert d’adieu pour ses amis, au début des années 2000. Pourtant jamais il n’abandonna l’espoir de remonter sur scène. Il avait toujours un ou plusieurs projets sur le feu. L’un des derniers, sinon le dernier, puisqu’interrompu par son décès, fut la préparation d’un album pour lequel il m’avait fait l’honneur de me solliciter pour l’écriture de textes. Je demandai à Oriane Peignelin, une amie musicienne de la Nièvre, d’en composer les musiques. A cette occasion, Claude nous fit rencontrer son ami Jean-Claude Petit. La maladie qui le rongeait depuis de nombreuses années l’emporta au moment où ce projet pouvait se concrétiser.

Dans nos rencontres, je demeurais toujours fasciné par l’humour quasi kafkaïen avec lequel il racontait sa mobilisation pour la guerre d’Algérie. Lorsqu’il reçut son avis de rappel pour le 2 mai 1956, sa pensée immédiate fut l’insoumission: «Je ne vais pas aller combattre un peuple qui se bat pour son indépendance.» Mais le PCF venait de voter les pleins pouvoirs au gouvernement Guy Mollet . En militant discipliné de la cellule du PC de Levallois Perret, Claude soumit son cas à ses camarades: «J’y va-t’y ? J’y va-t’y pas?». La majorité de la cellule se prononça pour l’application du principe léniniste de la propagande au sein de l’armée. Conséquence, il partira le 6 mai pour l’Algérie.

Sa guerre durera 3 mois. Après avoir refusé de tirer sur des femmes et des enfants dans un douar près du barrage de Ksob, il désertera le 13 août. Marie-Joëlle Rupp écrit dans sa biographie: «Pour Claude, c’est Oradour-sur-Glane, ce village martyr (…) où, en 1944, les nazis ont exterminé la population. Ce sont encore les pages noires de la colonisation. Bugeaud et sa politique de la terre brûlée. Saint-Arnaud, Pélissier et les enfumades.»

Cette désertion le rapprochera du FLN. Il nouera une amitié avec Mohamed Boudia, son contact à la Fédération de France, dans le sillage duquel il continuera à militer, cette fois pour la Palestine, dans les années 1970.

Lorsque Mohamed Benchicou fut emprisonné en 2004, nous avions pris l’initiative avec quelques amis, de constituer un collectif pour la liberté de la presse en Algérie, afin de porter à la connaissance de l’opinion internationale l’injustice de cette sanction à l’égard d’un confrère. Claude accepta avec empressement d’en faire partie. Nous nous sommes alors retrouvés régulièrement. Nous organisâmes une rencontre au Sénat. Comme il était le plus connu d’entre nous, il fut chargé de représenter la parole du collectif à la tribune. C’est d’ailleurs au cours des réunions de ce collectif que se forma l’idée de faire ensemble un album.

Au fond, pour tout dire, étant moi-même un amateur de foot quoique de façon platonique, autant que son combat et son courage militant, autant que le prestige d’une carrière d’artiste, autant que sa disponibilité jusqu’à son dernier souffle pour toute juste cause, ce qui m’a le plus impressionné chez Claude Vinci, c’est qu’il fut gardien de but de l’équipe nationale de France junior…

Arezki Metref

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/06/29/article.php?sid=165345&cid=8

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JUILLET 1936.

GRÈVE DES OUVRIERS LIÉGEURS DE JIJEL

Publié par Saoudi Abdelaziz

4 Juillet 2014

Usine de liège de Jijel dans les années 30. Photo DR

Le 8 juillet 1936, M. Silvers, consul général des Etats-Unis à Alger envoie une note urgente au gouverneur général de l’Algérie: «La succursale de Djidjelli de la Armstrong Cook Compagny de Lancaster, Pennsylvanie, Etats-Unis d’Amérique, est occupée par les grévistes depuis deux heures de l’après-midi d’hier». La grève paralyse toutes les usines de liège de Jijel, à commencer par la plus importante, celle de Cazalda. Les usines sont occupées par les grévistes.

Dans sa note au chef de l’administration coloniale, le Consul général américain demande que «les autorités compétentes soient prévenues afin que les autorités de Djidjelli reçoivent les instructions nécessaires pour protéger l’usine contre l’incendie et d’autres dégâts, et pour faire évacuer les locaux qui sont actuellement occupés par cent vingt ouvriers indigènes et cinq ouvriers européens»

Les opérations d’évacuation sont engagées, deux jours après cette demande du consul. Le 10 juillet, les ouvriers sont délogés à coup de matraque.

Ces évènements ouvrent une période de grèves massivement suivies et violemment réprimées qui se prolongent jusqu’à l’automne de 1936. En février 1937, les dockers du port de Jijel prennent la relève et se mettent eux aussi en grève.

Deux syndicalistes de la CGT, animateurs de l’Union locale de Djidjelli, se sont distingués dans la direction des luttes sociales mythiques des liégeurs et des dockers: Clément Oculi et Larbi Roula. Tous deux ont subi la condamnation et l’emprisonnement pour leur participation au mouvement. Tous deux étaient instituteurs, formés le premier à l’Ecole normale de Constantine, le second à celle de Bouzaréah.

Clément Oculi, fils d’un cabaretier, est né à Chekfa et sera toujours communiste. Il fera partie, en 1956, du fameux commando des Combattant de la libération du PCA mené par Henri Maillot qui s’empara d’un camion d’armes, acheminé ensuite vers les maquis de l’ALN. Après l’indépendance, il sera instituteur dans l’Algérois jusqu’en 1970. Il a pris sa retraite à Nice.

J’ai davantage croisé Larbi Roula. Je garde en mémoire la silhouette et la blouse de Maître Roula le pédagogue indépendant, devant le petit hangar qui lui servait de classe, en bordure du terrain vague du quartier où nous jouions au foot.

Voici la fiche établie le 15 juillet 1938 sur Larbi Roula par les services de la Préfecture de Constantine: «Communiste fanatique… Incite la masse ouvrière à désobéir aux lois et à la violence pour l’obtention de leur indépendance. Son manque de perspicacité lui fait confondre les buts poursuivis par le Parti du peuple algérien et les Communistes, mais dans ses discours, il n’est question que de rejeter les Français à la mer. Agitateur dangereux en cas de tension politique ou de mobilisation». En fait, Larbi Roula, qui était un habitué des geôles coloniales dès les années 30, n’a jamais appartenu au Parti communiste, ni à aucun autre parti d’ailleurs. Son compagnon de lutte, le communiste Clément Oculi dira de lui que c’était «un nationaliste religieux». Une définition un peu réductrice peut-être. A l’époque des grèves de 1936, ce rapport rédigé par la police coloniale mettait le doigt sur le danger mortel que représenterait la fusion entre la lutte sociale et la lutte nationale. Larbi Roula était le symbole de la recherche active de cette fusion dangereuse.

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Larbi Roula, publia en 1962 un ouvrage intitulé «L’Algérie par l’Istiklal» où il appelle à gouverner le pays «dans la liberté et dans l’Islam». Il reprendra son métier d’instituteur libre jusqu’en 1977. Une foule imposante l’accompagna le 16 janvier 1985 au cimetière marin de Jijel.

Nos informations sont puisées dans l’ouvrage, disponible en librairie, publié par Abderrahim Sekfali, Grèves et luttes syndicales à Djidjelli (Jijel et sa région). Le regretté Abderrahim était maître-assistant d’histoire à l’Université de Constantine. Fruit de nombreuses années et persévérantes recherches, cet ouvrage foisonne de précieux documents d’archive, de témoignages des protagonistes, dont celle de Clément Oculi.

Notre article a paru le 1er juin 2011 sous le titre Jijel: deux instituteurs au cœur des luttes ouvrières

Photo DR

#Evocations, #memoire jijelienne

http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/07/juillet-1936-greve-des-ouvriers-liegeurs-de-jijel.html

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Recueillement sur la tombe de Mohamed Boudiaf

NACER BOUDIAF INTERPELLE LE PRÉSIDENT

El Watan

le 03 juillet 2014

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Des citoyens ont voulu commémorer le 22e anniversaire de la mort de Mohamed Boudiaf, ce 29 juin 2014. Cette année, notre peuple célébrera le 60e anniversaire de la glorieuse Révolution du 1er Novembre 1954.

Un 1er Novembre dont Mohamed Boudiaf, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad, Larbi Ben M’hidi, Rabah Bitat et Krim Belkacem ont été les premiers éléments de cette explosion du peuple algérien contre plus d’un siècle d’injustice. Mais voilà que l’injustice rattrape Mohamed Boudiaf, 22 ans après son lâche assassinat. L’injustice le rattrape car il a été, même dans sa tombe, privé de sentir que le peuple n’a pas oublié son sacrifice et n’a pas oublié qu’il a été l’homme de Novembre.

Des ordres seraient venus d’en haut pour ne pas permettre au peuple de se réunir avec «l’espoir» à El Alia. J’aurais souhaité que des ordres soient venus de la Présidence pour instruire le jeune ministre des Moudjahidine et le secrétaire général de la vieille Organisation des moudjahidine pour aller, en votre nom, commémorer l’anniversaire de «l’acte isolé». Mais voilà que de simples citoyens, simples comme l’a toujours été Mohamed Boudiaf, sont rentrés déçus, le premier jour du mois sacré de Ramadhan, assoiffés d’avoir été exposés au soleil et assoiffés par tant d’injustices dont souffre le peuple et dont a souffert Mohamed Boudiaf.

Dans la vie, il y a un temps pour vivre et un temps pour quitter la vie. Mohamed Boudiaf a choisi le chemin difficile durant toute sa vie. Il n’a jamais demandé que sa tombe soit recouverte de tant de tonnes de marbre car il se serait contenté d’une simple tombe, simple comme celle du peuple, et que le peuple peut venir visiter à tout moment. De par son itinéraire historique, Mohamed Boudiaf et les autres grands leaders de la Révolution, que j’ai cités plus haut, n’appartiennent plus à leurs familles ni à leur parti ni encore moins au «pouvoir»; ils appartiennent à tout le peuple algérien et, de ce fait, le peuple a le droit d’aller se recueillir sur leurs tombes tout au long de l’année.

Un cri contre l’injustice. Sera-t-il entendu par le premier magistrat du pays? Je l’espère.

Nacer Boudiaf

El Watan

le 3 juillet 2014

Sources: El Watan

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POURQUOI LE « CALIFAT ISLAMIQUE » SÉDUIT EN IRAK

mercredi 2 juillet 2014

Asswara

La Rédaction

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Près d’un siècle après sa disparition, le « califat » renaît de ses cendres au Moyen-Orient. Alors qu’il a été proclamé par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) – organisation djihadiste auteur ces derniers jours d’une fulgurante offensive en Irak -, son territoire s’étend de la province d’Alep, au nord de la Syrie, à celle de Diyala, à l’est de l’Irak. Soit les zones conquises par l’EIIL au cours des guerres civiles syriennes et irakiennes. À la tête de l’entité, renommée « État islamique » (EI), le « calife Ibrahim », nouveau nom du chef djihadiste irakien Abou Bakr al-Baghdadi.

Successeur autoproclamé du prophète Mahomet, al-Baghdadi est désormais considéré par l’EI comme le « chef des musulmans » du monde entier. « En plus de l’autorité territoriale temporelle, Abou Bakr al-Baghdadi revêt désormais une autorité spirituelle », explique Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes au cabinet NGC Consulting. « Il s’adresse aux djihadistes du monde entier qu’il considère comme l’avant-garde de la communauté musulmane afin d’obtenir leur allégeance et d’asseoir l’autorité de l’État islamique. » Et de supplanter al-Qaida et son chef Ayman al-Zawahiri, dont il tirait pourtant les ordres il y a encore un an.

Créé en 2004, au lendemain de l’intervention américaine en Irak, l’EI est né sous les traits d’al-Qaida en Mésopotamie. En 2006, il englobe plusieurs groupes d’insurgés et devient l’État islamique en Irak. En difficulté sur le terrain face à l’action coordonnée des armées américaine, irakienne et des milices sunnites sahwas, l’organisation, dirigée par al-Bagdadi depuis 2010, trouve un second souffle à la faveur du conflit syrien, qui lui permet d’étendre son influence.

En 2013, il devient l’État islamique en Irak et au Levant, avec pour ambition l’établissement d’un califat s’étendant d’Irak au Liban, en passant par la Jordanie et la Palestine. Sauf qu’en Syrie un autre groupe djihadiste combat déjà à l’époque, le Front Al-Nosra, branche syrienne d’al-Qaida. Ayman al-Zawahiri enjoint alors à al-Baghdadi et à ses hommes de retourner en Irak. Le chef de l’État islamique en Irak et au Levant refuse et sort du giron d’al-Qaida.

Composé, à la différence d’Al-Nosra, de combattants djihadistes étrangers, l’État islamique se démarque des autres groupes rebelles par ses ambitions hégémoniques. Dans chaque territoire conquis, il nomme un gouverneur militaire, un juge islamique ainsi qu’un chef de police, garants d’une application très stricte de la charia. Mais cette politique de « terreur » ciblant les populations locales est atténuée par la prise en charge de nombreux services sociaux, dont la distribution de pain et d’eau. « En Irak comme en Syrie, l’État islamique a mis en place une flopée d’organisations caritatives, telles que le service de protection des consommateurs (qui contrôlent les prix des denrées alimentaires), un organisme de contrôle de la viande hallal, un bureau de relation avec les tribus ou même un bureau de conciliation des citoyens », souligne l’expert Romain Caillet.

Pas à pas, l’organisation construit les fondations du califat qu’ils viennent de proclamer. Toutefois, le spécialiste de l’Irak Pierre-Jean Luizard, directeur de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), pointe l’ »autoritarisme » avec lequel « l’État islamique » a autoproclamé son califat, « en dehors de toutes les normes sunnites en vigueur ». « Un calife doit bénéficier du consensus des oulémas (autorités religieuses sunnites) pour être désigné », rappelle le chercheur, pour qui « l’exemple de l’État islamique montre que l’identité religieuse sert désormais beaucoup plus de porte-drapeau identitaire que de fondement d’une société religieuse respectueuse de l’autorité des oulémas ».

Au contraire, le chercheur Romain Caillet souligne que les djihadistes s’estiment légitimes, car ils ne reconnaissent que les oulémas qui leur sont favorables. « Au sein du monde arabe, l’État islamique considère l’élite sunnite ainsi que les islamistes modérés comme des traîtres », rappelle Romain Caillet. « Il demeure plutôt condescendant à l’égard des masses populaires qu’il estime endormies. Mais son ennemi numéro un se nomme l’Iran chiite. » Combattus en Syrie par une coalition de rebelles modérés depuis janvier, les djihadistes ont profité en Irak de la marginalisation des populations sunnites pour gagner leur soutien et former une alliance hétéroclite allant de tribus sunnites à d’anciens officiers de Saddam Hussein.

« Le sentiment de discrimination, voire d’humiliation, des Arabes sunnites fait que ces derniers voient pour l’heure dans l’État islamique une opportunité unique pour regagner leurs droits et venir à bout du régime chiite de Bagdad », résume Romain Caillet. Pour ces populations, le terme « califat » résonne comme l’âge d’or de l’islam sunnite. À la mort du prophète Mahomet en 1932, ses fidèles désignent son successeur désigné, le calife, disposant d’une autorité politique et spirituelle sur le territoire, le califat, qu’il dirige.

Cet empire islamique connaît son apogée avec l’accession au pouvoir cinquième calife, Mu’awiya, qui inaugure la dynastie des Omeyyades (661-750). Basé à Damas, le califat s’étend alors de la péninsule ibérique jusqu’au Pakistan d’aujourd’hui. Mais il est renversé par la dynastie des Abbassides (750-1517), qui déplacent la capitale à Bagdad. Le dernier « califat islamique » sera gouverné par l’Empire ottoman (1517-1924). Mais l’alliance ottomano-allemande lors de la Première Guerre mondiale aura raison de ce dernier.

En 1916, les alliés français et britanniques concluent secrètement les accords de Sykes-Picot sur le partage du Moyen-Orient. En même temps, s’appuyant à l’époque sur la montée du nationalisme arabe, Londres et Paris promettent la création d’un royaume arabe unifié en lieu et place du califat ottoman. Il n’en sera rien. « Au contraire, les Français et les Britanniques vont établir un système de mandats avec des États croupion », souligne le chercheur Pierre-Jean Luizard. « Dans la mémoire collective arabe, les accords Sykes-Picot ont symbolisé la première étape de la trahison des promesses faites par les Alliés. »

En 1920, la France reçoit de la Société des Nations un mandat sur le Liban et la Syrie, tandis que la Grande-Bretagne fait main basse sur l’Irak, la Transjordanie (Jordanie actuelle) et la Palestine. Lorsqu’ils accèdent à l’indépendance (excepté la Palestine), ces nouveaux États reposent sur de précaires équilibres démographiques et confessionnels. Dans la vallée de l’Euphrate qui se prolonge de la Syrie en Irak, des tribus et des clans se retrouvent déchirés entre les deux pays. Le scénario se reproduit dans la plaine de la Bekaa, entre le Liban et la Syrie.

Après des années d’instabilité, la décennie 1970 voit des dictateurs s’emparer durablement du pouvoir en s’appuyant sur la suprématie d’une confession sur l’autre. En Syrie, le président alaouite (secte issue du chiisme) Hafez el-Assad puis son fils Bachar dirigent leur pays d’une main de fer au détriment de la majorité sunnite. Tout le contraire de l’Irak, où Saddam Hussein a gouverné vingt-quatre ans durant en faveur des sunnites, pourtant minoritaires dans le pays.

À la chute du raïs irakien après l’invasion américaine de 2003, les chiites remportent logiquement les premières élections législatives de 2005. Mais l’autoritaire Premier ministre chiite Nouri al-Maliki va à son tour mettre les sunnites au ban de la nation irakienne. « Si les sunnites ne parviennent pas à y trouver leur place, les États syrien et irakien, qui sont des créations coloniales, pourraient à terme être vus comme les instruments d’un pouvoir entre les mains des minorités », avertit le spécialiste de l’Irak Pierre-Jean Luizard.

En proclamant le califat à cheval sur la Syrie et l’Irak, l’État islamique a mis un point d’honneur à annoncer la mort des frontières Sykes-Picot. Une déclaration-choc visant à attirer les djihadistes du monde entier, mais qui ébranle les populations sunnites, autrefois ultra-majoritaires sous le califat et aujourd’hui ouvertement discriminées dans leur pays respectif.

(02-07-2014 – Armin Arefi)

Sources assawra

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EGYPTE.

SISSI À L’ÉPREUVE DES MANIFESTATIONS OUVRIÈRES

publié par Saoudi Abdelaziz

blog algerieinfos

le 2 Juillet 2014

Les procès se poursuivent, avec un événement d’un autre genre cette semaine: la première manifestation ouvrière de la présidence Sissi.

«Les gouvernements successifs adoptent les mêmes politiques, comme si nous changeons seulement les personnes, et les politiques restent inchangées avec un alignement sur les hommes d’affaires contre les pauvres»,

lance Gamal, l’un des ouvriers de “Tanta Flax” qui manifestaient devant le siège du Conseil des ministres.

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LE MALAISE DES OUVRIERS

Par Samar Al-Gamal

le 2 juillet 2014

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Après un mois de répit, les protestations ouvrières ont repris avec les mêmes revendications. Le gouvernement, lui, propose une nouvelle loi sur le travail qui ne satisfait pas vraiment la classe ouvrière.

Ils étaient quelques dizaines à manifester cette semaine devant un Conseil des ministres déserté. «Ni Frères, ni libéraux, nous voulons travailler», pouvait-on lire sur les pancartes. Ils exigent l’application du verdict de la Cour administrative suprême, qui avait jugé nulle la privatisation de la compagnie de lin “Tanta Flax”.

L’entreprise a été créée en 1954 sur une superficie de 311 000 m2 avec 10 usines produisant plus de la moitié de la production de lin dans le monde. Mais un demi-siècle plus tard, en 2005, la société a été vendue à l’investisseur saoudien Abdallah Kaki, qui a entamé une série de licenciements des ouvriers. Le verdict, émis en septembre 2013, exige le retour de l’usine dans le secteur public, et avec elle les ouvriers. 3 mois plus tard, l’ancien premier ministre du président islamiste destitué Mohamad Morsi, Hicham Qandil, est apparu à la télé, menotté et les yeux bandés pour ne pas avoir exécuté le jugement qui annulait la privatisation de la compagnie.

Hazem Al-Beblawy succède à Qandil, puis il est écarté en faveur d’Ibrahim Mahlab, et la situation des ouvriers reste la même. La ligne de production est toujours en halte. Le gouvernement a même modifié la loi sur les investissements, pour permettre une réconciliation dans «la corruption de la privatisation» et éviter les décisions judiciaires.

La semaine dernière, le Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux a tenu une conférence ouvrière intitulée «Les demandes des ouvriers au troisième président» sous le slogan: «Nous voulons revenir dans nos usines».

Le cas de la compagnie de Tanta est loin d’être le seul. À la compagnie Suez pour les conteneurs à Port-Saïd, la compagnie de polypropylène, celle de la sidérurgie à Hélouan, presque partout on repère des ouvriers licenciés ou encore en lutte pour toucher leurs primes.

Selon le Centre égyptien, le taux des protestations a baissé durant le mois de mai, alors que le mois de février avait enregistré le taux de manifestation le plus élevé, poussant Hazem Al-Beblawy à démissionner.

Mai a cependant enregistré 46 protestations, en grande majorité de nature «ouvrière», et la baisse temporaire rompue la semaine dernière avec la première manifestation ouvrière sous Sissi n’a pas été accompagnée d’une satisfaction des revendications. «Ces revendications avaient été soulevées même avant la révolution contre Moubarak», explique Fatma Ramadan, l’une des fondatrices de l’ “Union des syndicats indépendants” . Sous Moubarak ou après sa chute, les ouvriers revendiquaient une amélioration de leurs conditions de vie et le droit de s’organiser en syndicats. Mais plus de trois ans après une révolution, dont ils étaient les vrais instigateurs, les ouvriers ont de plus en plus de mal à faire entendre leurs voix.

Le comité juridique du ministère de la Main-d’oeuvre vient de publier le projet d’une nouvelle loi sur le travail qui, une fois de plus, est en deçà des attentes de la classe ouvrière.

Officiellement, le projet de loi devrait être proposé à un débat de société, avant d’être promulgué par le président.

Le comité législatif qui a formulé le projet n’a pas cherché à éviter les critiques émises par les travailleurs et par l’“Organisation Internationale du Travail” (OIT) et s’est contenté de reformuler le texte sans rien changer sur le fond limitant ainsi le droit de grève des travailleurs.

Après avoir confirmé le droit des travailleurs à la grève pacifique, le texte interdit pourtant la grève totale ou l’appel en sa faveur dans des installations stratégiques ou vitales, où l’arrêt du travail peut porter préjudice à la sécurité nationale ou à un danger clair et imminent pour la vie d’une partie de la population, sa sécurité ou santé personnelle.

Le projet de loi impose aussi plusieurs conditions pour la tenue des sit-in et les interdit sur les lieux de travail, s’ils «conduisent à la suspension partielle ou entière du travail, ou empêchent ceux en charge de la gestion, ou les ouvriers, voulant travailler, d’entrer ou de faire leur travail».

Le texte du gouvernement exige d’autres mesures pyramidales, dont la participation d’au moins 25 % des ouvriers, au sit-in et son annonce par leur syndicat, ou encore que l’employeur soit informé au moins 10 jours à l’avance par lettre recommandée avec accusé de réception.

Rahma Réfaat, conseillère juridique du “Centre de services pour les syndicats et les ouvriers”, estime que la nouvelle loi ne met pas de terme au malaise ouvrier, et «ne rime surtout pas avec les textes de la nouvelle Constitution relatifs aux droits économiques et sociaux» (lire entretien page 4).

Même si le texte, tel qu’il est émis par le gouvernement, comprend certaines clauses positives selon les dirigeants ouvriers, comme les clauses relatives au travail des femmes ou à la création d’un conseil national pour la sécurité professionnelle et la santé, ou encore la reconnaissance implicite des syndicats indépendants, il consacre l’alignement du gouvernement sur les employeurs (lire Lecture dans la loi page 5).

«Certaines modifications sont certes négatives», estime l’ancien ministre de la Main-d’oeuvres, Kamal Abou-Eta, dont le ministère avait travaillé sur un projet de loi qui n’a jamais vu le jour. «Ce texte reflète le point de vue d’un comité technique et ne pourra pas être traduit en loi sans l’approbation des partenaires sociaux», dit-il, en référence aux ouvriers. Et d’ajouter: «C’est l’un des acquis de la classe ouvrière, aucune loi ne pourra être promulguée sans leur aval ainsi que celui des employeurs».

Des militants ouvriers ont déjà commencé une campagne sous le slogan: «Vers une loi juste du travail», pour traduire les préoccupations des ouvriers dans la nouvelle législation, notamment concernant les contrats d’embauche, la politique de privatisation du secteur public et la liberté d’organisation.

«L’Egypte a été retirée temporairement de la courte liste noire de l’OIT, car nous avions présenté au gouvernement un projet de loi sur le droit d’organisation, lequel est encore lettre morte, et s’il ne voit pas le jour, on récupérera notre place sur la liste noire», explique Abou-Eta.

L’OIT avait, en mai dernier, classé l’Egypte sur la liste noire des pays violant les libertés et droits ouvriers, avant de la retirer début juin, estimant que Le Caire faisait des «pas positifs».

«Les gouvernements successifs adoptent les mêmes politiques, comme si nous changeons seulement les personnes, et les politiques restent inchangées avec un alignement sur les hommes d’affaires contre les pauvres», lance Gamal, l’un des ouvriers de “Tanta Flax” qui manifestait.

Le même jour, à l’Ecole militaire, le président Sissi annonçait: «Je ne pourrai pas répondre à une seule revendication factionnelle. Ce n’est pas que je ne veux pas ou que le gouvernement ne veut pas. C’est que nous ne pouvons pas».

Selon l’ancien ministre Kamal Abou-Eta, le gouvernement, dans le budget qui vient de s’achever, a accordé 500 millions de L.E. à la rénovation et à la restructuration des usines, mais pas une seule L.E. n’a été dépensée. Parce qu’il n’y a pas de volonté!

Source: http://hebdo.ahram.org.eg/

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ÉTÉ 2014 : UNE PAUSE DANS LES MISES EN LIGNE DE «SOCIALGERIE»

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28 juin 2014 : Comme chaque été et jusqu’à début Octobre, Socialgerie informe les visiteurs du site que pour des raisons pratiques, l’essentiel des thèmes consacrés habituellement à un regard sur l’actualité seront mis en veilleuse.

Nous espérons que ce manque sera compensé par les livraisons intéressantes et souvent remarquables des blogs et sites amis et que la fréquentation toujours en hausse de « Socialgerie » restera fructueuse pour tout ce qui correspond à sa vocation première : consultation des documents déjà accumulés depuis cinq ans, concernant l’histoire, la mémoire, les problèmes et les perspectives du mouvement social et national algérien.

Par ailleurs, comme d’habitude, les contributions, informations et opinions adressées à Socialgerie restent les bienvenues durant cette période et seront attentivement prises en compte aux moments opportuns.

Merci, cher(e)s ami(e)s, en souhaitant à tous et en particulier aux générations jeunes et combatives, le meilleur été possible face à un environnement national et mondial plus tourmenté que jamais.