Il ne manquait plus qu’eux. Les Etats-Unis remettent leur nez dans le dossier grec. La dernière fois qu’ils étaient à la manœuvre, c’était justement lors du déclenchement de la crise grecque en 2010. Pendant plusieurs années, les gouvernements grecs pourris de la droite et de la social-démocratie étaient conseillés et financés par les banquiers états-uniens de Goldman Sachs mais aussi Meryll Linch et Morgan Stanley. Les cadors de Wall Street directement liés au pouvoir états-unien et plus largement européen, comme en atteste leur présence oligarchique à la Maison blanche, dans les ministères des finances des deux rives de l’Atlantique et à la Commission européenne. Une fois la crise déclenchée, on découvrit notamment que Goldman Sachs avait aidé à maquiller les comptes et à monter divers circuits frauduleux de financement et de pillage du pays. On savait donc au sommet où étaient les failles. N’oublions pas l’action de l’agence de notation Standard and Poors, autre cador de Wall Street, dont le rôle déclencheur et aggravant a été particulièrement direct et désastreux dans le déclenchement de la crise.
Au secours ils sont donc de retour !
Leur principale arme dans le dossier est le FMI. C’est lui le principal créancier de la Grèce à court terme. Et c’est lui que la Commission européenne est allée chercher en 2011 pour être l’opérateur des plans de « sauvetage » des pays en difficultés de la zone euro. Il me parait important de souligner que cela fut à la demande d’Angela Merkel elle-même, approuvée aussitôt par son porte serviette français de l’époque.
Et c’est donc logiquement le FMI qui est le premier à bloquer
toute restructuration de la dette grecque. C’est l’exigence première du gouvernement Tsipras et la solution pour sortir durablement de cette crise, comme nous l’avons dit depuis 2010. Et qui a la main sur le FMI ? Officiellement, son comité directeur représentant ses actionnaires. En réalité un seul Etat dispose d’un droit de véto dans cette institution néo-impérialiste : les USA. C’est la raison pour laquelle nous plaidons depuis des années pour en sortir. Et c’est pour ça que les BRICS lui tournent le dos. En complément de leur droit de véto, les USA ont toujours pu compter au FMI sur le directeur général. Christine Lagarde ne fait pas exception à la règle, elle qui dirigea un cabinet d’affaires défendant les firmes états-uniennes et qui faisait travailler son cabinet en anglais quand elle était ministre des finances de la France.
Si la Grèce est donc aujourd’hui dans l’impasse
c’est donc en premier lieu à cause du FMI avec lequel la Commission européenne fait cause commune. La Grèce a tout fait pour manifester sa bonne foi et sa volonté de négocier : elle a déjà remboursé 2,9 milliards au FMI depuis février. A juste titre, le gouvernement grec dit aujourd’hui que ça suffit et que la dette et les plans d’aide doivent être renégociés. Cette fois c’est directement le secrétaire d’Etat américain au Trésor, Jack Lew qui a demandé jeudi 28 mai à la Grèce de « prendre des décisions très difficiles ». Il l’a fait lors d’une réunion des ministres des finances du G7 accueillis à Dresde par Wolfgang Schaüble. Le dossier grec est donc désormais discuté par une instance, le G7, dont la Grèce n’est même pas membre ! Le ministre français Michel Sapin y a joué son rôle de caniche habituel en psalmodiant que « les résultats grecs sont encore insuffisants ». Relayant cette pression, Christine Lagarde, qui était présente à la réunion, a surenchéri. Dans une interview au Frankfurter Allgemeine Zeitung, organe de la finance allemande, elle a ouvertement évoqué la « possibilité de sortie de la Grèce » de la zone euro. Avant d’ajouter cyniquement que l’euro s’en remettrait « probablement ». L’adverbe est admirable. Cette probabilité n’a pas l’air d’effrayer le capital allemand. Curieux non! (…)
«LA CRISE CLIMATIQUE RENFORCE LES VALEURS DE GAUCHE
AUTANT QU’ELLE LA DÉFIE »
Entretien réalisé par Marie-Noëlle Bertrand – L’Humanité – le 10 avril 2015
Photo : Pier Paolo Scavuzzo/AGF/Sipa
Dans « Tout peut changer, capitalisme et changement climatique[[« Tout peut changer, capitalisme et changement climatique, éditions Actes Sud, 626 pages,
Et la lutte pour le climat Figure de proue de la gauche altermondialiste canadienne, Naomi Klein est aussi journaliste et essayiste.
En 2001, son livre “No logo”, la tyrannie des marques rencontrait un large écho en France.
“La Stratégie du choc”, montée d’un capitalisme du désastre faisait rebelote en 2008.
Son engagement dans la lutte climatique prendra corps en 2009, pendant la préparation de la conférence climat de Copenhague.
Prochaine étape : celle qui se tiendra à Paris en décembre prochain, la fameuse COP21.
24,80 euros.]], la journaliste et essayiste Naomi Klein remonte à la source du réchauffement et démonte un capitalisme toujours plus avide de ressources. L’altermondialiste canadienne exhorte aussi la gauche à articuler lutte climatique et lutte contre l’austérité.
Votre livre décrit un conflit économique, idéologique, écologique. Est-on en guerre, et qui se bat contre qui ?
Naomi Klein Il existe à coup sûr un conflit entre ce que notre système économique définit comme progrès et ce qu’il nous faudrait engager face aux bouleversements climatiques.
Quant à savoir qui est en train de gagner, nous devons admettre que les forces économiques dominent. Après la crise économique mondiale, en Europe, les politiques sur le climat ont été clairement sacrifiées au nom du retour à la croissance.
En Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie, les soutiens aux énergies renouvelables ont été coupés, le coût des transports publics a augmenté. Ces pays se sont remis à courir après les énergies fossiles non conventionnelles, comme le gaz obtenu par fracturation hydraulique ou les forages offshore…
Bref, dès lors que la croissance économique s’est trouvée menacée, il n’a plus été question de mettre des limites à l’exploitation des ressources fossiles. Or, c’est précisément ce que la lutte contre le changement climatique nous impose.
Qui sont les acteurs de cette bataille ?
Naomi Klein Les compagnies pétrolières et gazières sont bien évidemment des acteurs de cette guerre, mais au-delà, c’est tout un système qui met la pression.
Le secteur extractiviste répond à une logique établie : les compagnies doivent prouver qu’elles disposent, en sous-sol, dans leurs réserves, d’un volume d’hydrocarbures équivalant à ce qu’elles produisent déjà. Sans quoi, le marché les pénalise. C’est donc bien un problème structurel.
Nous savons que ce secteur dispose de cinq fois plus de carbone dans ses réserves prouvées qu’il ne devrait être autorisé à en émettre pour ne pas dépasser les 2 °C de réchauffement à la fin du siècle.
Ces forces-là ont la main sur le système politique. Et elles se battent salement, et utilisent tous les outils dont elles peuvent disposer, incluant la désinformation fondée sur le déni du changement climatique.
Elles s’appuient aussi sur des politiciens qui endossent le rôle de VRP des multinationales de leur pays.
En février, François Hollande s’est rendu aux Philippines pour y lancer un appel pour le climat. Mais, derrière les caméras, il concluait des affaires pour les compagnies privées françaises de l’eau ou du BTP. C’est hypocrite, mais, pire, cette contradiction est au cœur même de notre système économique.
Vous expliquez que la droite a longtemps qualifié le réchauffement d’alibi pour imposer les valeurs de gauche. Le changement climatique donne-t-il raison à la gauche ?
Naomi Klein Le chef du Heartland Institute, le principal think tank climatosceptique aux États-Unis, m’a expliqué que, lorsqu’il a entendu parler du changement climatique, il a réalisé que ce serait un motif pour imposer toutes formes de régulation gouvernementale. En d’autres mots, il a compris que si la science disait la vérité, alors ce serait la fin de sa vision du monde.
De ce point de vue, le changement climatique est bon pour la gauche. Avec lui, la nécessité d’investir dans la sphère publique devient une évidence.
Pour changer notre trajectoire commune, nous avons besoin de transports publics, de villes réaménagées… des gros mots pour la droite, mais les peuples de gauche, eux, croient déjà à ces formes de régulation et de redistribution des richesses.
La crise climatique renforce ces idées.
Cela dit, elle défie aussi cette large part de la gauche traditionnelle qui continue de se plier au cadre du productivisme, d’envisager la nature comme si elle était sans limites et de considérer la croissance comme quelque chose de bon. Le débat qu’elle mène avec la droite ne porte que sur la redistribution de cette croissance.
Le capitalisme s’est saisi du discours écologique, il revendique son rôle dans le sauvetage de la planète…
Naomi Klein Un discours sur la croissance verte a effectivement émergé, mais avec en toile de fond l’idée que l’on peut tout avoir, la réponse au défit climatique et les profits.
Bien sûr, une part de l’économie va devoir se développer : les nouveaux systèmes énergétiques ou de transport…
Le paradoxe, c’est que, notre système étant basé sur les carburants fossiles, nous allons pour cela devoir brûler plus de carbone. Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas engager ces investissements, au contraire.
Mais nous devons compenser par autre chose, pour finalement réduire nos émissions. Comment ? En agissant sur la demande : nous devons consommer moins. Certains appellent cela la décroissance.
Quoi qu’il en soit, c’est précisément ce dont la croissance verte ne veut pas entendre parler. Elle n’admet pas que les mieux dotés de la planète aient à changer de conception.
Or il va falloir établir des règles, construire une stratégie pour permettre aux plus pauvres de consommer plus. Il va falloir de l’équité, ce qui requiert une planification de cette transition.
Une partie de notre économie est déjà bas carbone et peut croître. Ironiquement, c’est à elle que l’austérité s’attaque : la santé, l’éducation, l’art, la culture, toutes ces choses qui favorisent le bien-être. C’est précisément ce dont il est question : avancer vers une autre mesure du progrès.
Aujourd’hui, nous le définissons à l’aune de la croissance. Je ne crois pas qu’il faille le définir à l’aune de la décroissance. En revanche, à l’aune du bien-être, oui. Il ne s’agit pas uniquement de parler de transition. Il s’agit de trouver les moyens de construire une transition juste.
C’est l’obstination du capitalisme à ne pas vouloir agir à temps, dites-vous, qui impose aujourd’hui cette révolution du système. Il aurait pu exister un capitalisme climato-compatible ?
Naomi Klein Cette question fait débat, mais oui, je le crois. Beaucoup d’experts climatiques estiment que si nous avions commencé à réduire nos émissions en 1992, quand nos gouvernements ont signé la Convention climat de l’ONU, alors nous aurions pu suivre un rythme de réduction d’environ 2 % d’émissions de gaz à effet de serre par an. Cela restait compatible avec le modèle de base de la croissance.
Mais nous ne l’avons pas fait. Au contraire : nous avons laissé les émissions augmenter terriblement.
De fait, il faut faire plus pour réparer. Nous pouvions concilier notre modèle économique avec comme objectif une baisse de 2 % ou 3 % des émissions par an. Mais il est impossible de le faire avec un objectif de réduction de 8 % à 10 % par an. Or, c’est l’effort que nous devons réaliser pour tenir le cap des 2 °C auquel se sont engagés nos gouvernements à Copenhague.
Le mouvement écologiste a lui aussi sa part de responsabilité…
Naomi Klein Parmi les grands groupes environnementaux, beaucoup tentent de réconcilier la crise écologique avec l’idéologie dominante.
Plutôt que de se battre pour une vraie régulation des émissions, ils cherchent le gagnant-gagnant et proposent des solutions n’imposant pas de contraintes aux gros pollueurs.
Cette logique a débouché sur des partenariats entre ces groupes et les industriels.
Elle a également conduit au fait que le coût de la transition porte d’abord sur les consommateurs.
Enfin, ces groupes ont participé à la création de mécanismes tels que les marchés carbone, dont l’inefficacité est spectaculaire.
Cela posé, beaucoup de groupes environnementaux ne rentrent pas dans cette logique. “Greenpeace”, “les Amis de la terre”, “350.org” ont des politiques claires et n’acceptent pas d’argent des corporations.
Enfin, la gauche doit elle aussi faire son autocritique. En refusant de placer la question climatique au cœur de ses préoccupations, elle l’a, d’une certaine manière, déléguée aux environnementalistes. Nous ne devrions pas jouer les surpris, le mouvement environnementaliste n’a jamais été, historiquement, un transformateur radical du système. Sauver une rivière ne change pas l’économie. Cela, c’est le travail de la gauche. Pourquoi ne s’en est-elle pas emparée ? Voilà la question.
Si nous acceptons l’urgence de cette crise, non seulement cela ne s’opposera aux luttes sociales pour l’emploi ou contre l’austérité, mais ce sera un argument de force pour transformer les choses.
C’est ce à quoi l’on assiste dans les « blocadies » dont vont parlez ?
Naomi Klein Ce terme a émergé aux États-Unis après un mouvement de blocage du projet d’oléoduc Keystone XL.
Mais il englobe tout un état d’esprit qui émerge chez une nouvelle génération de militants climat, lesquels cherchent un imposer les décisions que les gouvernements ne prennent pas en empêchant les projets climaticides. Les nouvelles mines de charbon, la fracturation hydraulique, les nouveaux terminaux d’exportation de gaz…
Avec cela d’intéressant : ils ne se contentent plus de dire non et ont conscience de la nécessité d’articuler leur lutte avec la construction d’une économie postcarbone.
Dans le cas de Keystone XL, des fermiers ont construit des infrastructures énergétiques alimentées par le solaire et le vent, qui ont fourni à leur communauté plus d’énergie que le pipeline ne l’aurait fait.
Cela s’est aussi vu au Canada. De fait, ces luttes sont un outil pour l’autodétermination et pour l’autonomie.
Syriza, Podemos sont-ils des points d’appui ?
Naomi Klein La clé, encore une fois, c’est de réussir à dépasser l’idée que luttes climatiques et luttes sociales sont deux processus distincts.
Beaucoup de ceux qui soutiennent Syriza ou Podemos ont une conscience aiguë des enjeux environnementaux.
En outre, la pression que met le gouvernement allemand sur la Grèce ou l’Espagne pour qu’elles réduisent leurs supports aux énergies renouvelables est on ne peut plus ironique, alors que l’Allemagne elle-même a entamé sa transition énergétique. Aujourd’hui, 30 % de son électricité provient des énergies renouvelables. Dans des centaines de ses villes, il y a eu une poussée de la remunicipalisation des réseaux, imposée par le vote des habitants…
L’Allemagne, ce sont aussi les fermes-usines, des émissions en hausse et un gouvernement qui n’a pas fermé la porte aux gaz de schiste…
Naomi Klein Je ne dis pas que tout y est parfait, mais qu’elle est en train de démontrer qu’une transition rapide est possible. Et je reste très claire : pour réduire les émissions, il faut dire non aux compagnies d’hydrocarbures. Angela Merkel s’y refuse, ce qui montre encore une fois les valeurs du capitalisme vert…
Vous plaidez pour une décentralisation poussée de la gestion de l’énergie. N’est-ce pas une autre forme de dérégulation ?
Naomi Klein Je défends la décentralisation comme un modèle efficace, pas comme une doctrine.
Le fait est que la centralisation de l’énergie a un mauvais passif, y compris en matière d’énergies renouvelables.
Dans mon pays ou au Brésil, les grand barrages ont terriblement affecté certaines populations.
En outre, quand de grandes compagnies arrivent quelque part et implantent leurs fermes solaires ou leurs parcs éoliens sans le consentement des communautés, alors les communautés s’y opposent. C’est arrivé en Angleterre, aux États-Unis…
Mais cette résistance n’existe pas dans les pays plus attachés à la consultation, par exemple au Danemark, où 40 % de l’énergie vient du vent et est principalement contrôlée par les communautés locales.
On le sait, la COP21 n’aboutira pas à la révolution du système. Faut-il la boycotter comme certains le revendiquent ?
Naomi Klein C’est une question qui se pose sommet après sommet. En fait, elle est sans réelle importance. Je suis plus intéressée par le coup de projecteur qui sera pointé sur Paris en décembre et la façon dont nous pourrons l’utiliser.
Nous pouvons remporter une victoire ou deux dans le cadre de la COP21. Mais ne nous y trompons pas : c’est à l’extérieur que les choses se joueront.
Nous allons disposer d’un réel espace pour faire se rejoindre lutte climatique et lutte contre l’austérité.
Ce mouvement est déjà entamé. Il faut lui donner de la force.
Au Brésil un militant du Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre parmi des milliers à manifester leur solidarité avec la révolution bolivarienne face au décret Obama
Rarement un président états-unien a fait une telle unanimité contre lui.
Après l’UNASUR soit les douze gouvernements sud-américains,
la CELAC qui regroupe les 33 états d’Amérique Latine et des Caraïbes,
l’ALBA,
PetroCaribe,
les 134 pays membres du G-77
+ la Chine…
bref, tout le sud de la planète a rejeté le décret Obama parce qu’”il viole le droit international, la souveraineté et l’indépendance politique du Venezuela”.
En Équateur, le président Correa s’est joint á la campagne
Signataires de l’appel au Nicaragua
Partout dans le monde, des mouvements sociaux soutiennent cet appel qui, au Venezuela, a déjà recueilli 5 millions de signatures.
On peut le signer ici : http://bit.ly/1OyOoNz
Parallèlement à cette mobilisation nationale, il semble que le travail de fond entrepris par le gouvernement Maduro pour contrer la guerre économique commence à porter ses fruits. Une étude de la firme privée Hinterlaces (réalisée du 14 au 18 mars sur base de 1200 interviews dans tout le pays) et portant sur le moral de la population montre que 65 % se disent “optimistes”, soit quatre points de plus qu’en janvier 2015. 34 % se disent “pessimistes” contre 38% en janvier.
On fêtait le 24 mars le 161ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage décidée par le président José Gregorio Monagas dans la foulée des décrets de Simon Bolivar. Une politique qui valut à ce dernier d’être traité par les journaux des grands planteurs esclavagistes du sud des États-Unis et des oligarchies latino-américaines de “César assoiffé de pouvoir”.
Aujourd’hui, c’est en organisant
une “marche des mille tambours”
que le mouvement afrodescendant a exprimé son rejet des campagnes médiatiques et du décret du Président Obama déclarant le Venezuela “menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité et la politique extérieure des États-Unis”. David Abello, du Conseil pour le Développement de la Communauté Afrodescendante, a déclaré: “En cette heure de l’Histoire, alors que nous sommes libres, nous ne permettrons pas qu’une quelconque ingérence cherche à nous recoloniser”.
Avec CiudadCCS et AVN / Photos: AVN (Juan Carlos La Cruz)
Suite à la signature par le président des Etats-Unis d’un décret exécutif déclarant «l’urgence nationale» pour faire face à la situation au Venezuela qui constituerait «une menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des Etats-Unis», le gouvernement vénézuélien a lancé un appel à la solidarité internationale afin qu’elle se joigne à la campagne.
L’objectif de cette campagne est de rappeler au gouvernement des Etats-Unis que non seulement les gouvernements de la région ont dénoncé cette ingérence (voir le communiqué officiel de du 14 mars l’UNASUR : ESP – FR) mais aussi que partout dans le monde les peuples, militants progressistes, collectifs, partis, syndicats, associations, etc. soutiennent le Venezuela contre cette escalade qui s’inscrit dans le cadre d’une stratégie de déstabilisation permanente.
Le Venezuela a reçu des manifestations de solidarité de citoyens et de personnalités provenant des quatre coins du monde…
L’objectif est de réunir 10 millions de signatures avant le 9 avril prochain, veille du Sommet des Amériques qui se tiendra au Panama et auquel participera M. Barack Obama.
Pour participer à cette campagne, vous avez plusieurs possibilités :
1 – SIGNATURE DE LA PÉTITION A L’AMBASSADE DU VENEZUELA, A PARIS
Vous pourrez passer à l’ambassade pour signer la pétition à partir du mercredi 25 mars jusqu’au mardi 7 avril, de 10H à 12H et de 14H à 17H.
2 – SIGNATURE DE LA PÉTITION ET ENVOIE PAR COURRIER OU COURRIEL
Vous trouverez ci-joint la pétition en document .PDF, que vous pouvez télécharger, signer et faire signer, puis nous faire parvenir à ce courriel [ presse1venezuela.fr [chez] gmail.com ] en la scannant ou bien par courrier postal à l’adresse suivante :
Ambassade de la République bolivarienne du Venezuela
PÉTITION CONTRE LE DÉCRET D’OBAMA
11 rue Copernic,
75116 Paris
3 – PARTICIPATION A LA SOIRÉE DE SOLIDARITÉ AVEC LE VENEZUELA, LE 01 AVRIL
Une soirée militante aura lieu à l’ambassade le 01 avril de 18H à 20H ; nous invitons les amis de la Révolution bolivarienne à se joindre à nous afin de signer la pétition lors de cette rencontre.
4 – PARTICIPATION A LA CAMPAGNE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX
Envoyez-nous vos photos avec une pancarte reprenant un des logos de la campagne (voir pièces jointes), ou diffusez-les directement sur :
Twitter : @ObamaDerogaYa ou @EmbavenezParis
FaceBook : ObamaDerogaYA
Con cientos de tambores, el pueblo afrodescendiente rechazó la injerencia (+Fotos)
25 marzo, 2015
Provenientes de varios rincones de la geografía nacional, y con motivo de cumplirse este martes 24 de marzo el 161º aniversario de la abolición de la esclavitud, hombres y mujeres de descendencia afro se movilizaron en la Marcha de los Mil Tambores para manifestar su repudio al decreto injerencista firmado por el Presidente de Estados Unidos, Barack Obama, contra Venezuela. Con banderas tricolor en mano y algunos vestidos de indumentaria originaria fueron llegando los hombres y mujeres afrodescendientes, quienes se congregaron en la plaza Morelos de la ciudad capital y, al ritmo de los tambores de su África ancestral, bailaron, cantaron y celebraron un año más de su declaración como hombres y mujeres libres de las cadenas opresoras.
Texto: CiudadCCS y AVN / Fotos: AVN (Juan Carlos La Cruz)
Por ser individuos en tierra libre se pronunciaron frente a las pretensiones del imperialismo norteamericano de atacar la soberanía nacional.
Francisco Tovar, representante de la red de afodescendientes, resaltó las reivindicaciones de los derechos de los afro desde el inicio de la Revolución Bolivariana, con la creación de políticas inclusivas para esta comunidad, antes discriminada.
Sobre los ataques contra la soberanía nacional, por parte del Gobierno estadounidense, Tovar resaltó: “Es un cinismo esta acción injerencista, ya que dentro de sus fronteras están siendo vulneradas las comunidades más vapuleadas de la historia”, esto en relación con la violación de los derechos de las comunidades afrodescendientes que habitan en Estados Unidos.
En este sentido, Albina Villarroel, oriunda del estado Sucre, comentó: “Allá en Estados Unidos matan a nuestros afro como si no tuvieran ningún significado en el mundo” y ante ello hizo un llamado al Presidente estadounidense: “Basta de la discriminación racial, Obama, porque tú vienes de ahí, esta es tu raza”.
Desde que los afrovenezolanos fueron liberados de la esclavitud impuesta por el imperio español, este pueblo se ha caracterizado por la lucha por su autodeterminación, por ser reivindicador de sus derechos y constructor de un mundo libre de cadenas opresoras.
Al respecto, David Abello, del consejo para el desarrollo de la comunidad afrodescendiente, señaló: “En este momento de la historia, cuando ya somos libres, no vamos a permitir que ninguna acción injerencista pretenda nuevamente colonizarnos”. Por este motivo, exhortó a la ciudadanía a manifestar su rechazo ante esta embestida del Gobierno de Washington, mediante la firma de petición a derogar el decreto imperial, emitida por parte del presidente de la República, Nicolás Maduro.
“El llamado es a todos los que sentimos esta Patria a que nos manifestemos. Hoy es sólo un decreto, pero después vienen cosas peores”, expresó.
Ya cerca del mediodía de este martes, el grupo partió en su caminata hasta la Plaza Bolívar de Caracas, donde los esperaba una tribuna antiimperialista y anti-racista, para estampar sus firmas en rechazo a la injerencia del Gobierno estadounidense y clamar contra los nuevos colonialismos que pretenden apoderarse del mundo.
[ FORUM SOCIAL MONDIAL – TUN IS – ORGANISATEURS ET ASSOCIATIONS AUTONOMES ALGÉRIENNES DÉNONCENT LES AGISSEMENTS
DE GROUPES DE PERTURBATEURS ISSUS DE LA DÉLÉGATION OFFICIELLE ALGÉRIENNE – El Watan – le 29 mars 2015.->#3]
Avec les anti-gaz de schiste au Forum social mondial
QUAND LE SOUFFLE D’IN SALAH ENFLAMME TUNIS
par Mustapha Benfodil
El Watan
le 29 mars 2015;
La participation algérienne au Forum social mondial 2015 à Tunis a suscité un débat houleux sur la question ô combien sensible du gaz de schiste que l’Algérie n’a pas, jusque-là, pu organiser
Il faut être un peu kamikaze ou masochiste pour venir chanter les vertus de l’exploitation du gaz de schiste en plein Forum social mondial dont on sait l’attachement viscéral aux questions environnementales et aux énergies non-polluantes.
Et pourtant, la délégation «officielle» algérienne l’a fait ! La coalition UGTA-Associations a, en effet, organisé ce jeudi une thématique sur les «bienfaits» du gaz de schiste. La petite salle de TD de la faculté des sciences de Tunis qui a accueilli cet atelier a été vite débordée, le sujet ayant drainé du monde, et pas que «tawaâna», en raison, précisément, de son total décalage en regard de la «ligne éditoriale» du Forum. «Quelle drôle d’idée de venir au Forum social pour défendre le gaz de schiste !» lâche un activiste «gaouri».
L’expert en énergies renouvelables, Mahmah Bouziane, chargé de prêcher la bonne parole et faire la promotion de l’hydrocarbure non-conventionnel le plus décrié au Forum, a dû vivre un grand moment de solitude. En tout cas, la salle ne lui était guère acquise, tant s’en faut. Tout débuta dans le calme en cette matinée grise et pluvieuse, l’expert s’appliquant à expliquer doctement, laptop en main, que le gaz de schiste n’était pas si méchant que cela, et qu’en gros c’était la seule alternative «pour assurer une transition énergétique durable et aller vers une énergie à zéro carbone».
M. Mahmah, chercheur au Centre de développement des énergies renouvelables et conseiller auprès du ministère de la Jeunesse, s’est employé à démonter «les informations erronées véhiculées sur le Net» comme il dit, à propos du gaz de schiste. L’expert estime que le sens profond du développement durable «c’est toute démarche de renforcement des capacités» d’une nation. «Même dans notre culture musulmane, l’islam préconise la zakat et non pas la thésaurisation et incite à l’exploitation de l’existant.
Tout ce qui est sous le sol doit être exploité.» Le gaz de schiste serait ainsi une gigantesque nappe d’argent endormie dans ces coffres-forts naturels que sont les roches fossiles et qu’il faut faire «capitalistiquement» travailler au nom de la croissance.
Un potentiel de quelque 19 800 milliards de m3 selon l’orateur, faisant de l’Algérie la troisième réserve mondiale de gaz de schiste. «Mais il faut une évaluation critique des puits», fait-il remarquer. Chiffres à l’appui, l’expert minimise l’impact de la fracturation hydraulique sur les réserves hydriques.
«Entre 2000 et 2014, la quantité d’eau utilisée à travers le monde pour la fracturation varie entre 3700 et 20 000 m3 par puits. C’est ça la réalité», insiste-t-il. «Cela n’a rien à voir avec les 15 millions de m3 avancés par certains». Il ajoute que les réserves d’eau de la nappe albienne en Algérie sont de l’ordre de 60 000 milliards de m3. «Si nous voulons forer 100 000 puits sur 50 ans, à raison de 20 000 m3 par puits, on consommera à peine 0,04% à 0,86% de cette nappe», soutient-il, sûr de ses chiffres. «Je suis moi-même un militant de l’environnement», rassure le spécialiste en soulignant qu’il y a «un manque d’informations fiables sur l’exploitation du gaz de schiste».
Citant les expériences américaines et canadiennes comme des «références mondiales», il reconnaît cependant que «l’expérience américaine comporte des défaillances liées à la culture du libéralisme». «Elle n’est pas transportable, car elle est intimement liée à une atmosphère économique et culturelle proprement américaine». Bouziane Mahmah se dit nettement plus favorable à l’expérience russe. «Les Russes utilisent la fracturation à l’hélium», a-t-il avancé en concédant que «la fracturation hydraulique n’est pas la bonne solution. Il est plus indiqué de recourir à l’hélium». «C’est un gaz rare et cher !» objecte notre activiste français.
«Cher par rapport à quoi ? Moi je parle du cas algérien !» rétorque M. Mahmah. «Pour nous, il n’est pas cher. L’Algérie est le 3e pays producteur d’hélium avec 40 millions de m3/an qui lui rapportent 39 milliards de dollars d’exportation.» Et de marteler : «Pourquoi tout est permis pour les Européens et pas pour les pays de la région MENA, pour les pays arabes, maghrébins, africains ?» s’énerve-t-il. L’orateur termine son exposé en plaidant pour la fracturation à l’hélium «afin d’exploiter cette richesse dans l’intérêt de ma région, mais aussi dans l’intérêt de l’humanité».
Certains pouffent en entendant cela. Et l’expert de s’expliquer : «Oui, dans l’intérêt de l’humanité ! Je vous défie de me proposer une autre approche que le gaz de schiste pour aller vers un carburant à zéro pollution. Vous, votre approche est à zéro croissance !» Le défi est lancé. Et le débat fut extrêmement tendu, chaud comme le vent passionné d’In Salah. Incarné par Kacem, fougueux militant anti-gaz de schiste du bassin d’Ahnet, l’un des tout premiers à avoir sonné la mobilisation dans la région.
«Vous n’êtes pas à l’ENTV !»
«Nous avons commencé à nous mobiliser le 3 juin 2014», détaille-t-il. «On a dépassé le stade des discussions sur l’utilité ou non du gaz de schiste. Nous nous sommes clairement prononcés sur cette question et nous sommes prêts à rester sous les tentes jusqu’à l’été s’il le faut !» Kacem a une pensée pour les femmes de In Salah. «Je salue la résistance de nos femmes. Les femmes courageuses de In Salah.
Elles ont résisté avec cœur et elles continuent. Et nous sommes prêts à affronter les compagnies internationales, quitte à camper devant les puits !» La salle crie d’une seule voix : «Rafidhoune ! Rafidhoune ! El Ghaz assakhri rafidhoune !» (Nous refusons le gaz de schiste).
Entre-temps, les activistes algériens avaient sorti leurs pancartes, gravées de slogans anti-gaz de schiste. Tahar Belabès, du mouvement des chômeurs de Ouargla, a du mal à contenir sa colère. «Non au gaz de schiste !» s’égosille-t-il, le visage cramoisi. Kacem poursuit : «On est sortis dans la rue car le pouvoir a refusé le débat.
On nous a fermé les salles.» Puis il lâche : «El kerche chebaâna wel karama mouhana. Yenâal bou el pétrole !» (Le ventre est plein et la dignité écrasée. Maudit soit le pétrole !) La salle s’écrie : «Nous sommes tous In Salah !» Les contre-expertises citoyennes se succédèrent durant toute la matinée, chacun s’évertuant à apporter, avec force arguments techniques, la contradiction à l’expert «officiel». Ayad Yougourthen, farouche opposant au gaz de schiste, contre-attaque : «Apparemment, vous prenez cette assemblée pour des ignorants», lance-t-il. «Le gaz de schiste est un désastre environnemental, sanitaire et humanitaire.
Et économiquement, il est très coûteux», résume-t-il. «Aux Etats-Unis et au Canada, il est extrait à 80, 86 dollars et n’est rentable qu’à partir de 90 dollars. Quel est le prix du pétrole aujourd’hui ?» Mohamed Benatia, du mouvement anti-gaz de schiste marocain, prend le relais : «C’est un danger pour notre santé ! En Pennsylvanie, 30% des bébés présentent des malformations génétiques.
On va tuer vos bébés, on va tuer votre avenir !» Pour lui, «la fracturation hydraulique est une technologie terroriste. Il faut lui appliquer la loi antiterroriste !» Fateh Titouche, de l’association Action Citoyenne pour l’Algérie, en remet une couche : «Le gaz de schiste a été imposé par le pouvoir algérien.
Mais sachez qu’ici vous n’êtes pas à l’ENTV ! Vous êtes au Forum social mondial. Quand vous dites ‘‘Fakhamatouhou’’, vous êtes un bon expert, sinon vous êtes banni !» Fateh pointe la gouvernance méprisante de «l’oligarchie politico-pétrolière» dans cette affaire : «Comment pouvez-vous rester sur la même position après trois mois de souffrances à In Salah ? Là-bas, ils ont fait du porte-à-porte pour expliquer les dangers du gaz de schiste, tandis que vous vous n’avez fait aucun effort pour expliquer votre démarche. Vous continuez à gérer nos ressources dans l’opacité la plus totale, sauf que cette fois-ci c’est loin d’être gagné !»
Mustapha Benfodil
Sources El Watan
http://www.elwatan.com/une/quand-le-souffle-d-in-salah-enflamme-tunis-28-03-2015-290960_108.php
DE GROUPES DE PERTURBATEURS ISSUS DE LA DÉLÉGATION OFFICIELLE ALGÉRIENNE
El Watan, le 29.mars 2015
Tbahdila !» «Ils nous foutent la honte !» fulmine un militant associatif participant au Forum social mondial (FSM). Des mots d’exaspération que l’on n’a eu de cesse d’entendre depuis notre arrivée à Tunis, agrémentés d’un chapelet de récriminations.
Celles-ci visent la délégation «officielle» algérienne, forte de 1200 membres issus de quelque 650 associations et qui, malheureusement, s’est davantage illustrée par ses écarts de conduite que par sa participation active aux débats qui émaillent le forum. Se baladant, pour la plupart, en casquette floquée du drapeau national, ils se signalent le plus souvent aux cris de «One two three, viva l’Algérie», le drapeau bien mis en évidence.
Et à force de le scander à tout-va, notre slogan fétiche a fini par perdre de sa saveur. Davantage encore lorsqu’il est associé à des comportements indélicats. Dès l’ouverture du forum, lors de l’assemblée générale des femmes, un groupe issu de cette délégation avait perturbé les travaux, une attitude qui reviendra dans nombre d’ateliers, débats et conférences au nom de la défense de la cause sahraouie.
Écarts de conduite
Alors, certes, les membres de la délégation marocaine ne sont pas tous des enfants de chœur, mais le fait est là : la délégation algérienne fait parler d’elle, et en mal. Plusieurs vidéos circulent sur les réseaux sociaux, donnant à voir des gestes aux antipodes de la posture éthique et politique d’un rassemblement altermondialiste.
«Ils ne font que traîner et danser du matin au soir», lâche un activiste antigaz de schiste en pointant un sérieux problème de «casting» dans le choix des participants, surtout quand on connaît la teneur des débats ici, tous plus pointus les uns que les autres. Une militante féministe bien de chez nous regrette, pour sa part, «l’abus de folklore» dont font preuve les «nôtres».
D’ailleurs, l’un des rares domaines où nos compatriotes se seront montrés à leur avantage, à en juger par la curiosité qu’ils suscitent, c’est quand une troupe folklorique aux couleurs nationales a gratifié le public d’une danse aux sons du karkabou. Sauf que, pour une délégation de 1200 personnes, l’une des plus importantes du forum, force est de convenir que c’est assez maigre comme contribution.
Les attitudes survoltées de la délégation algérienne, qui ont été confondues vidéos à l’appui, ont obligé les organisateurs à les rappeler sévèrement à l’ordre dans un point de presse improvisé vendredi à l’hôtel Africa. Le scandale a poussé les associations et collectifs algériens autonomes à se fendre d’un communiqué (dont El Watan a obtenu une copie) pour dénoncer ces mêmes agissements et se démarquer de la délégation officielle.
À noter que pas moins de 17 associations ont signé ce texte, dont RAJ, la LADDH, Tharwa Fadhma N’soumer, Agir pour la démocratie en Algérie, Agora, le Groupe antigaz de schiste d’Oran (GASO), Femmes plurielles, Coordination nationale pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC), Action citoyenne pour l’Algérie (ACA), Comité populaire contre le gaz de schiste en Algérie ou encore le Mouvement culturel amazigh des Aurès.
Table ronde émaillée d’incidents
«De très graves incidents ont marqué la table ronde ‘‘Résolution des conflits pour l’unité du Maghreb’’, qui s’est tenue jeudi dernier, au second jour du Forum social mondial 2015 de Tunis», rapportent les auteurs du communiqué. Des éléments, en force, se réclamant de la «société civile» algérienne, ont eu un comportement violent à l’égard d’intervenants et de participants, empêchant le débat de s’instaurer. A la fin de la table ronde, un membre du comité d’organisation a été violenté et un participant a été agressé physiquement.
Ces éléments, constitués en véritable commando, affublés de drapeaux et de casquettes aux couleurs algériennes, ont entravé en permanence le débat.
Il est fait état, aussi, d’«agissements et d’agressions par ces mêmes éléments lors d’autres rencontres et même contre des stands d’associations algériennes», relève le communiqué.
«Ce comportement est contraire à la charte des Forums sociaux mondiaux et à leur esprit, caractérisé par la liberté d’expression et le refus de la violence et des discours haineux. Ces éléments ne représentent en aucun cas la société civile algérienne et donnent une image détestable de notre pays», déplorent ces associations. «Ces agissements sont d’autant plus condamnables que nous avons constaté une participation importante et remarquable de collectifs algériens à ce Forum social mondial», regrettent-elles encore.
Par cette position, les auteurs du communiqué ont tenu à condamner «fermement les responsables de ces agissements, dignes des pratiques de ‘‘baltagias’’» tout en se désolant que ces attitudes «viennent entacher une participation algérienne forte et inédite».
Enfin, ces représentants de la société civile s’engagent à poursuivre leur combat «pour que, en Algérie même, ce genre de rencontres, de débats contradictoires, d’espaces d’expression libre, de société civile indépendante et autonome ne soient plus empêchés par les autorités algériennes».
Selon certaines indiscrétions, l’affaire aurait pris des proportions telles que les hautes autorités tunisiennes en auraient été saisies, et une plainte aurait même été déposée contre les auteurs de ces violences.
Le virus altermondialiste a-t-il massivement touché les Algérien(ne)s? C’est la question que l’on peut se poser, avec un brin d’ironie, au vu de la forte augmentation du nombre des participants et associations d’Algérie au Forum social mondial (FSM) 2015 qui se déroule à Tunis du 24 au 28 mars.
L’écart entre la participation au FSM 2013 et celle de cette année est spectaculaire. Il y a deux ans, et au prix parfois d’un véritable parcours du combattant, deux petites centaines d’Algériens seulement s’étaient rendus au rendez-vous altermondialiste à Tunis. Au FSM 2015, la présence algérienne s’élève à quelque 1.500 participant(e)s, ce qui représente sept fois plus de convertis « à un autre monde possible ».
Une chose est certaine – et cela fait une des curiosités politiques de ce Forum social mondial – la délégation « DZ » est l’une des plus importantes de cette 13e édition.
Mais qui sont tous ces altermondialistes? Il y a bien entendu, les habitués des FMS, les oppositionnels, type Ligue algérienne des droits de l’homme (LADDH), Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), SOS Disparus, etc., qui considèrent leur présence comme naturelle. Mais pour ce FSM 2015, il y a aussi les “nouveaux ”, les organisations et associations pro-pouvoir, qui ont décidé d’un déplacement en nombre.
« La participation algérienne se scinde en deux blocs » constate l’envoyé spécial d’El Watan au FSM, Mustapha Benfodil. D’un côté « les associations, collectifs, ONG, s’inscrivant dans le champ de l’opposition » et de l’autre « ce que d’aucuns qualifient de « société civile officielle », identifiable, pour certains, par leur casquette à l’effigie de Bouteflika ».
Mosaïque
Environ 650 associations ont ainsi été dépêchées à Tunis parmi lesquelles l’UGTA, des organisations étudiantes, le réseau Nada pour la défense des droits de l’enfant ou encore l’Association nationale des échanges entre jeunes (ANEJ).
« C’est une mosaïque, et c’est une première », a réagi Ali Sahel, coordinateur de la délégation et président de l’ANEJ, interrogé par l’envoyé spécial d’El Watan à Tunis, Mustapha Benfodil.
« Nous avons plusieurs associations du sud du pays », a-t-il poursuivi. « J’ai même ramené quelques militants du PT. Nous sommes tous Algériens et on est pour la diversité ».
Une diversité telle que l’ANEJ qui œuvre, hors FSM, à la promotion des activités des jeunes en Algérie animera à Tunis des conférences sur le « Droit des Peuples à l’autodétermination (cas du peuple Sahraoui) », « les Ingérences et droit à la souveraineté nationale » ou la « défense du gaz de schiste ».
« Contrairement en 2013 où les autorités algériennes avaient choisi le scénario de la répression en bloquant un bus de militants à la frontière algéro-tunisienne, cette année le pouvoir a décidé d’occuper l’espace en envoyant des participants en masse », analyse le directeur de Maghreb Emergent, Ihsane El Kadi.
La présence de toutes ces associations aidées et soutenues par l’Etat irrite leurs compatriotes indépendantes et souvent véhémentes à l’égard du pouvoir.
« Le pouvoir a créé une société civile parallèle, à la merci de l’administration, et qui soutient le programme présidentiel. Ils ont tous les privilèges, comme en témoignent ceux qu’on voit ici, dans ce Forum, alors qu’ils n’ont absolument rien à voir avec l’esprit de ce Forum », a ainsi confié Fouad Ouicher, secrétaire général du RAJ à El Watan.
La disparité des moyens est aussi pointée du doigt par les participants dans « l’opposition » à l’image de Chafaâ Bouaiche, député du FFS, qui a dénoncé sur Facebook, l’opulence de la caravane officielle.
Le pouvoir algérien a envoyé 1300 participants au Forum Social Mondial qui se tient à Tunis. En plus des frais de…
Le pouvoir algérien a envoyé 1300 participants au Forum Social Mondial qui se tient à Tunis. En plus des frais de mission, une prise en charge est assurée aux participants: transport, restaurant et hébergement à l’hôtel Palace. Avec tout ce beau monde, les participants officiels algériens n’arrivent pas encore à ouvrir un stand spécial Algérie. Pourtant, selon ma source, l’Etat a loué 4 stands à 20.000 euros !
Chafaâ Bouaïche, le 25 mars 2015
Alternative
Chez les habitués, en revanche, comme à chaque fois “on s’est débrouillé avec les moyens du bord ”, déclare au Huffington Post Algérie, Madjid Serrah, membre de l’Observatoire des droits de l’homme de Tizi Ouzou présent à Tunis.
“Nous avons organisé notre déplacement en Tunisie, avec nos propres moyens, en s’associant avec un collectif d’associations pour le transport en bus et le logement en résidence universitaire ”.
Quant aux actions initiées par ces associations au FSM, elles suivent les traditionnelles activités militantes menées en Algérie. L’Observatoire des droits de l’homme de Tizi Ouzou tente ainsi de mobiliser les participants et les différentes associations présentes au Forum sur les deux cas des prisonniers d’opinion en Algérie, explique Madjid Serrah, à savoir le journaliste Abdessami Abdelhai en prison provisoire depuis mars 2014 et le net citoyen Youcef ould dada condamné à deux ans de prison ferme assorti d’une amende pour avoir publié une vidéo montrant des policiers en train de voler un magasin à Ghardaïa.
Le RAJ a, de son côté, organisé plusieurs conférences sur des thèmes qui lui sont chers tels que “le mouvement anti gaz de schiste ”, « Les défis et enjeux des organisations de la société civile algérienne dans le contexte national et régional », “La place et le rôle de la jeunesse et des mouvements sociaux dans le changement démocratique”, etc.
RAJ-Algerie a ajouté 15 nouvelles photos à l’album Activités du RAJ au Forum Social Mondial, Tunis-2015.
26 mars, 19:55 ·
Deuxième conférence sur : «La place et le rôle de la jeunesse et des mouvements sociaux dans le changement démocratique»
مكانة و دور الشباب والحركات الاجتماعية في التغيير الديمقراطي
Tunis : Université Elmanar, jeudi 26 mars 2015 du 11h30-14h
Animée par:
• Mme Fatma Boufnik: Enseignante à l’université d’Oran et membre de l’association FARD
• Mr Tahar Belabas : Représentant du mouvement des chômeurs en Algérie
• Mr Adel Chetti : Représentant du mouvement anti gaz de schiste en Algérie
• Mr Abdelouhab Fersaoui : Président du RAJ
Deuxième conférence sur : «La place et le rôle de la jeunesse et des mouvements sociaux dans le changement…
Tunisie: PORTRAIT DU SYNDICALISTE ADNENE HAJI, futur député
« Le lion des mines », c’est ainsi que Adnène Hajji est désigné par les médias, en référence à son parcours militant historique dans le bassin minier. Aux législatives, le syndicaliste a brigué un siège pour sa liste indépendante, tandis que deux partis (Ennahdha et Nida Tounes) se partageront 154 sièges.
Dans cette conjoncture, retour sur son passé, riche en péripéties, avec le bassin minier, avec Ennahdha et avec Nida Tounes .
5 janvier 2008: de jeunes chômeurs occupent le siège régional de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), à Redeyef. Les résultats du concours d’embauche de la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) avaient été mis en doute.
Adnène Hajji, à l’époque instituteur et syndicaliste de l’enseignement primaire à Redeyef, entre alors en scène.
« Avant 2008, il était actif et connu au sein de l’UGTT mais il n’était pas connu dans toute la région. Il ne sortait pas du lot. Mais pendant et après les événements, il y a eu une unanimité pour le soutenir dans la région », témoigne Lakhdhar Souid, journaliste à Gafsa, au HuffPost Maghreb.
Avec son passé d’opposant et de militant syndicaliste depuis les années 70, il est vite devenu un intermédiaire crédible entre les contestataires et l’Etat à Redeyef. Il se positionne contre la direction générale de l’UGTT et la dure répression policière qui s’abat sur les manifestants.
C’est ainsi qu’il devient rapidement une figure populaire et charismatique de cette révolte considérée par Larbi Chouikha et Eric Gobe, « par certaines de ses dimensions » comme « une anticipation du soulèvement populaire qui a conduit au départ du président Ben Ali ».
Ces événements qui se poursuivront pendant 6 mois, auront fait plusieurs morts, des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations.
Le 7 avril 2008, la police procède à l’arrestation d’Adnène Hajji à Tunis. Il sera torturé, jugé et condamné à 8 ans de prison pour « organisation de manifestation interdite et appartenance à un groupe terroriste ».
Il purge sa peine pendant un an et demi, entre 2009 et 2010 dans les prisons de Kasserine et Mornaguia. Il sera ensuite libéré presque un an avant le déclenchement de la révolution, sous la pression d’organisations de la société civile.
« J’ai été traité comme un criminel, alors que j’ai défendu le droit au travail et la dignité des personnes. Mais en prison, on ne fait aucune différence. La violence est utilisée pour tout le monde », déclare-il en 2012 à Amnesty International.
« Les ennemis de la révolution »
Après la révolution et avec l’accès au pouvoir de la Troïka, les relations entre Hajji et le gouvernement ne s’apaisent pas.
Dans un discours du 8 mai 2012 à Redeyef, il déclare que les « ennemis de la révolution, de la nation et de Redeyef », ceux « qui disent qu’ils craignent Dieu » sont « des gens dépourvus d’humanité qui méritent d’être tués ».
« Ennahdha a fait de moi sa cible. Ils ont commencé à m’attaquer à travers Facebook. Mais aujourd’hui, nous sommes avant tout dans un combat social. Or, qui aujourd’hui peut résoudre les conflits du bassin minier? C’est Ennahdha. Ce sont eux qui gouvernent ».
Hajji et Nida Tounes
« Il a perdu de sa popularité le jour où il s’est montré avec Beji Caïd Essebsi lorsqu’il a fait un meeting à Gafsa en avril 2013. A partir de ce moment, il a fait profil bas dans la région », juge Lakhdhar Souid.
En janvier 2013 l’homme affirmait clairement qu’il ne refusait pas totalement l’idée d’une alliance avec Nida Tounes.
« C’est négociable. Je ne dis pas que Nidaa Tounes est le nouveau Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) ; il y a parmi ses adhérents des militants que je respecte, qui ont toujours lutté contre le régime de Ben Ali. Je ne suis pas d’accord avec les gens qui attaquent Nidaa Tounes, ils ne font qu’aider Ennahdha à éliminer ses ennemis ».
Lorsqu’il s’est présenté aux élections législatives dans la circonscription de Gafsa sous la bannière de liste « Rad il Itibar », il a obtenu 5.238 voix: Malgré sa popularité, il est arrivé 4ième après Nida Tounes, Ennahdha et le Front populaire.
Adnène Hajji est à présent devenu méfiant envers le parti donné vainqueur:
« Nida Tounes nous a déçu car des militants de ce parti nous ont empêché de faire une réunion électorale à Metlaoui, sans que les dirigeant n’interviennent pour les calmer (…) Nida Tounes doit s’excuser », déclare-t-il sur Express FM.
Il a en outre déclaré que le Front populaire était la formation politique la plus proche de ses positions. « Je ne vais pas à l’Assemblée pour m’allier avec le gouvernement. Je le fais pour m’allier avec le peuple », a-t-il ajouté à propos d’une éventuelle alliance avec le parti de Béji Caïd Essebsi.
Six ans après les événements de Redeyef, la situation de la Compagnie de phosphate n’a pas changé. Aucun gouvernement n’a su trouver une solution aux problèmes économiques, sociaux et environnementaux auxquels sont confrontés les habitants de la région.
« Je me suis porté candidat en réaction aux politiques de l’autruche adoptées par les gouvernements successifs concernant la région de Gafsa. Je poursuivrai mon combat pacifiquement mais j’utiliserai aussi toutes les autres formes de militantisme pour faire pression sur le prochain gouvernement », promet le futur député.
Documentary Film written and directed by: Sami Tlili
Production: Nomadis Images and Cinetelefims/
Best Film from the Arab World , Abu Dhabi Film Festival 2012
Communiqué du comité d’organisation du Forum social mondial Tunis 2015
Suite à la lâche attaque terroriste survenue aujourd’hui à midi (mercredi 18/03/2015) au musée du Bardo jouxtant le siège de l’assemblée des représentants du peuple, le comité d’organisation du FSM Tunis 2015 déclare que le Forum et l’ensemble de ses activités sont maintenus.
Par cette attaque, les groupes terroristes extrémistes visent à mettre à mal l’expérience de la transition démocratique en Tunisie et dans la région ainsi qu’à créer un climat de peur au sein des citoyens qui aspirent à la liberté, la démocratie et à la participation pacifique à la construction démocratique.
La rapide riposte du mouvement social, civil et des acteurs politiques en Tunisie opposés au terrorisme et appelant à l’unité pour le combattre prouve s’il en était besoin, l’attachement des tunisiens à leur nouvelle expérience démocratique. Le mouvement social et civil en Tunisie et dans la région compte plus que jamais sur le soutien des forces démocratiques dans le monde entier pour s’opposer à la violence et au terrorisme.
Plus que jamais, la large participation au FSM 2015 (Tunis 24-28 mars 2015) sera la réponse appropriée de toutes les forces de paix et de démocratie qui militent au sein du mouvement altermondialiste pour un monde meilleur, de justice, de liberté et de coexistence pacifique.
Le comité d’organisation du FSM appelle toutes les composantes du Forum social mondial à intensifier leurs efforts en vue de la mobilisation pour le succès de la prochaine session du FSM afin d’assurer la victoire de la lutte civile et pacifique contre le terrorisme et le fanatisme religieux qui menacent la démocratie, la liberté, la tolérance et le vivre ensemble.
Le 18 mars 2015
Pour le comité d’organisation du FSM Tunis 2015
Le coordinateur Abderrahmane Hedhili
Dans la longue contribution parue en deux parties dans El Watan sous le titre « LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ ALGERIE ». Abderrahmane Hadj-Nacer présente « les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé« la mondialisation », de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. » .
Ancien gouverneur de la Banque centrale d’Algérie dans le gouvernement Hamrouche, il a ensuite collaboré, après l’éviction du groupe des réformateurs, dans plusieurs banques d’affaires européennes, maghrébines, et participe aux réflexions prospectives. On peut donc supposer qu’il sait de quoi il parle lorsqu’il analyse le paradigme financier de la géopolitique mondiale.
la conclusion consacrée à l’Algérie
400 milliards ou « la mondialisation des dupes»
La « force »en devises de l’Algérie généralement affichée est ces réserves légales d’environ 200 milliards de dollars dont il est publiquement fait état. Ces réserves sont pourtant en réalité le double, soit environ 400 milliards de dollars une fois comptabilisés les avoirs de l’ensemble des citoyens et des entreprises d’algériens.
Cela inclut les fruits du travail honnête et des malversations mais pas les accélérations de l’«Argent Brutal» observées récemment. Toutefois, et quelque en soit le montant, cet argent peut disparaitre, le plus légalement du monde, s’il n’est pas dépensé intelligemment.
En fait, appartient-il encore à l’Algérie lorsque, par exemple, une loi américaine stipule qu’en cas de crise, tous les avoirs disponibles aux Etats Unis doivent servir le peuple américain.
Les hommes des strapontins, les postulants oligarques d’origine algérienne peuvent certes entretenir cette double illusion d’être, pour services rendus, promus dans le micro-cercle intouchable de l’oligarchie mondiale et, pour le moins, de jouir à vie et de transmettre en héritage la part du butin qui leur revient sur leurs rapines, déloyautés et trahisons pour certains. Ils ne comprennent pas, malgré les précédents célèbres, du Shah d’Iran, Marcos, Ben Ali mais aussi les Khalifa, Berezovski et consorts qu’ils n’ont ni la patine généalogique, ni les strates d’accumulations, ni les codes pour accéder au Gotha, qu’ils sont des «parvenus» en mission porteurs d’une tare indélébile: leur argent sent trop fortement, trop fraichement l’illégitimité, l’illégalité. Les admettre à sa table serait pour l’oligarchie mondiale, pour les notabilités internationales qui tant ont œuvré à en effacer les traces, être renvoyés à ses propres origines, à l’origine de sa richesse et pouvoir sur les autres hommes.
Par tous les moyens de captation possibles, du recours à la Justice à l’utilisation de produits financiers sophistiqués, en passant par les crises et les saisies brutales, l’argent des élites illégitimes reviendra aux établissements et pays qui l’hébergent.
Il disparaitra, ne reviendra jamais aux nations et peuples spoliés ou peut être quelques miettes et beaucoup d’effet d’annonce, en réponse à de vrais pressions d’un peuple en révolte, comme ces broutilles rendues à la Tunisie ou à la Lybie ou encore à l’Egypte alors que les sommes détournées et en recel dans des banques étrangères se chiffrent à plusieurs centaines de Milliards .
Lorsque l’on réfléchit sur ces thèmes cruciaux qui conditionnent non pas le flou de l’avenir mais notre futur très immédiat, on se rend compte que «notre ventre mou», c’est d’avoir une élite dirigeante consentante ou défaitiste, soumise aux desiderata des autres.
Cette soumission est-elle la résultante d’opérations délibérées d’états impérialistes et néocoloniaux classiques ; est-elle à mettre en rapport avec une sorte d’attraction qui, par oligarques nationaux interposés, fait miroiter la possibilité d’intégrer la gouvernance du nouvel ordre mondial en gestation?
Rien n’est à exclure, et surtout pas le rôle d’une sorte de comportement magico-superstitieux qui consiste à croire en l’existence d’un plan d’action, d’une machinerie, d’un deus ex-machina qui nous sauvera, d’un «mektoub» qui nous vaincra, de quelque chose qui dans tous les cas nous dépasse et agit sur tout, qu’il s’agisse de guerre ou de changement politique; alors qu’en réalité ce que l’on apprend aujourd’hui, c’est que, malgré l’autonomisation de l’Etat profond, aucun pouvoir n’est homogène, que les contradictions internes et conflits internationaux existent et, en conséquence, ouvrent aux pays comme le nôtre un espace même réduit de choix, une possibilité de jeu qui lui soit favorable.
Au lieu et place de cette soumission magico-superstitieuse infantile qu’on retrouve chez tous nos dirigeants, sur le mode optimiste du: «Ils ne vont pas nous laisser tomber», ou l’inverse.
Plus que les interventions étrangères qui ont bien sûr leurs impacts et effets, le grand drame de la gouvernance de notre pays, l’origine de ses effondrements et impasses est le formatage dans la soumission des élites dirigeantes.
Permettre à tous et chacun d’accéder aux richesses, importations et chantiers de ce pays, sous le seul critère des rétro-commissions, alimentent en plus des comptes en banque l’illusion d’un modus vivendi avec tous et chacun, français, américains, chinois… Dangereuse euphorie, surdité profonde qui ne voit ni n’entend à quel point tous et chacun se gaussent des largesses et de la malléabilité des dirigeants.
L’Algérie est tout à fait en mesure et a un sens suffisant de ses responsabilités pour proposer à son peuple et au monde un accommodement raisonnable qui tienne compte de l’ensemble des intérêts (…)
autres extraits
« Nous avons d’une part une monnaie mondiale dominante, le Dollar sans réalité économique puisque déconnecté de toute base matérielle ou de tout actif tangible, et des monnaies régionales à l’image de l’Euro et du Renminbi ancrés à l’économie réelle.
La mondialisation serait elle le lieu de lutte ultime entre une monnaie qui joue sa survie, entre l’«axe du mal» que représentent le poids de l’endettement américain et la crise du dollar et d’autres monnaies qui visent à la remplacer collectivement, ou entre l’économie financiarisée spéculative et virtuelle et l’économie réelle (…)
Depuis 1971, l’état américain s’est octroyé l’exclusivité du privilège d’émettre sans contre partie du papier monnaie. Cela parce qu’il est la première puissance mondiale et qu’il ne s’agit pas d’une économie sous développée mais de l’Empire, du centre de l’Empire. Et il est même possible pour l’Empire d’envisager de ne jamais rembourser parce qu’il peut, pour ce faire, recourir à la guerre, ce que nous constatons aujourd’hui.
Toutes ces guerres actuelles et tentatives d’en créer répondent à un besoin de survie. L’Amérique, pour garder son niveau de puissance, ne peut pas rembourser ses dettes et doit être en position de faire payer le reste du monde.
Si l’on passe en revue les hypothèses de sortie de crise pour cette puissance, que constatons-nous? Depuis une dizaine d’années, les USA ont essayé de faire fonctionner la planche à billets afin de générer l’inflation, c’est-à-dire une hausse des prix vertigineuse non seulement à l’intérieur des Etats Unis mais dans le monde entier. Du point de vue factuel, dans le contexte de la crise financière, l’erreur fondamentale des Etats Unis a été de pratiquer le« quantative easing », de fabriquer l’inflation alors que le niveau atteint par l’endettement rendait son absorption impossible (…)
À cet égard, la crise de 2008 dite des «sub-primes» est édifiante. Les citoyens américains les plus pauvres ont été mis en situation d’emprunter, par des manipulations des taux d’intérêt vers la baisse puis vers la hausse, les faisant ainsi passer de taux symboliques à 24%!
Dans une telle situation, il existe deux façons de faire : soit faire payer la population, soit faire payer partiellement ceux qui ont prêté l’argent.
Les États Unis ont choisi de faire payer non seulement les emprunteurs mais aussi le reste du Monde, pour sauver les banques.
Lorsque vous choisissez de sauver les banques et non de sauver les citoyens, cela veut dire que vous optez en réalité pour un schéma politique ou une organisation sociale qui va influer sur tout le devenir du monde, dans l’immédiat.
Vous optez en dernière analyse en faveur d’une concentration des fortunes aux mains d’une extrême minorité; vous consentez à appauvrir de façon mécanique la majeure partie de la population par le chômage, la faillite et l’impôt. Cela signifie aussi que cette étape de la crise sert à précariser la population, à la rendre fragile afin de faire d’elle ce que l’on veut, ce dont on a besoin. Et cela est devenu tellement efficace que les Etats Unis utilisent des instruments de chantage non seulement à l’égard de leur population mais aussi du reste du monde (…)
Ainsi lorsque les Américains subventionnent l’exploitation du soit disant miracle que serait le gaz de schiste pour en baisser le prix, ce qu’ils font en réalité, à travers ce miroir aux alouettes, c’est affaiblir les producteurs directs d’hydrocarbures, vendre les intrants d’une technologie qui leur appartient, diminuer en somme la capacité de résistance de leurs rivaux, le temps nécessaire à la restructuration du monde.
La vision oligarchique de la gestion du Monde a des adeptes dans tous les pays. L’apparition de l’ «Argent Brutal» dans notre pays correspond à ce rêve insensé de faire partie du Gotha. Par argent brutal, j’entends l’argent acquis hors système de régulation, par les «coups de force» contre les institutions, les lois et les impôts ; amnistié en même temps que les maquis etc. Sa logique est la destruction de l’Etat par l’accaparement directe des leviers de l’économie et du pouvoir politique (…)
Le commerce de la drogue est une constituante principale de la gestion du monde. Certains économistes affirment même qu’il n’est pas possible de financer des services secrets sans trouver de sources de financement parallèle, ce qui inclut la drogue mais aussi le commerce des armes comme la traite des êtres humains.
Comment expliquer que des quantités colossales de ces produits traversent les frontières et les océans, si les trafiquants ne bénéficiaient pas de complicités auprès des organes de surveillance terrestres, aériens et maritimes (…).
Dans ce monde occulte ultralibéral, à la concurrence exacerbée, la lutte pour le leadership est sans fin et particulièrement meurtrière. Dans ce milieu aussi la terreur est le seul mode de gouvernance.
Avec l’argent de la drogue, on achète d’abord les politiciens et les fonctionnaires et ensuite on recycle discrètement dans les banques. Eléphants blancs, surfacturations et recel généralisé dans les banques occidentales permettent de recycler en permanence et de fluidifier les marchés financiers.
Il est possible de faire un parallèle avec l’Algérie où l’économie informelle représente 50% de l’économie globale. On a affaire à la même logique: on n’est plus dans la régularité, plus dans la loi mais hors la loi, à la porte du crime organisé… Et si l’on ajoute à cela ces actions qui ne peuvent être officialisées par leurs inscriptions dans des budgets de l’Etat, en principe soumis à la représentation populaire, aux regards publics, on aboutit alors à cette autre phase de la logique où services spéciaux se finançant par des fonds parallèles, vont enfanter des services parallèles et être enclins à créer leurs armées, le tout sans aucune reddition de comptes, ni aux institutions ni aux opinions (…).
Les services spéciaux, en se dédoublant, s’autonomisent et prennent en charge la gestion du monde. En se déconnectant de toute forme de contrôle, ils créent leur propre pouvoir d’intervention et de décision: «L’Etat profond» est, à l’échelle du monde, cette conjonction entre capacités de renseignement, capacités militaires et argent hors contrôle (…).
Nous voyons qu’à propos de l’Ukraine, les Etats Unis font pression sur l’Europe pour qu’elle se réarme, et, simultanément, nous observons l’Allemagne qui elle tient ferme sur l’interdit de dépasser le plafond de déficit budgétaire.
Le réarmement massif européen est donc rendu impossible. Il s’agit, en somme, d’une résistance extraordinairement intelligente à l’Empire américain, organisée par l’Allemagne et non par la Russie ni par la Chine.
On peut donc souligner que le plus grand opposant aux desseins des Etats Unis c’est l’Allemagne, qui a une vision multipolaire. Et c’est précisément ce qu’exprime la guerre des monnaies. (…)
Un évènement incroyable s’est déroulé récemment: l’Or Allemand stocké aux USA a disparu. Attention, est en question l’Allemagne, la troisième puissance mondiale : son or, physiquement, n’est plus où l’Allemagne l’a mis. A- t- il été gagé par les USA auprès de créanciers souverains comme s’il s’agissait de leurs biens, ou s’agit-il d’autre chose? Cela pourrait effectivement signifier que les Etats Unis font pression, font du chantage sur l’Allemagne, lui intimant de se soumettre.
Nous même, et pour que l’histoire ne l’oublie, nous avions en 1990/91 commencé à déplacer l’or de la Banque d’Algérie qui était stocké à Fort Knox, aux Etats Unis, au même endroit que l’Allemagne. À l’époque, les attaques furent féroces. Nous avons été accusés d’avoir détourné le stock d’or de l’Algérie, alors qu’il s’agissait de le déplacer pour diversifier les risques géographiques et politiques pour notre pays. Cette opération a été interrompue, et si le scandale fut grand, nous n’avons pu hélas sauver qu’une petite partie du stock d’or. Il ne s’agit pas d’en tirer gloriole mais de réitérer la conviction que la guerre a des formes dont on ne se doute jamais. Une Europe germanisée serait-elle plus proche du combat des BRICS qu’il n’y paraît? (…)
Texte intégral:
LA LENTE AGONIE DU DOLLAR, LES MONDIALISATIONS ET L’ALGÉRIE
Pour ceux qui ne l’auraient pas lu, voici le long article de Abderrahmane Hadj Nacer, ex-gouverneur de la Banque d’Algérie, le 29 novembre 2014, sur El-Watan. Le contenu de l’article est tonnant pour un auteur comme lui qui nous avait habitué à l’expression de points de vue moins radicaux. Mais l’analyse ne manque, selon moi, ni de justesse théorique, ni de pertinence politique. Quelques accents de « complotite » (comme diraient certains) ne devraient pas gêner une lecture intelligente du texte.
Bonne lecture! Repris et diffusé par Omar Lardjane, adressé par un lecteur à socialgerie le 30 novembre 2014.
La lente agonie du dollar, les mondialisations et l’Algérie (partie1)
Ce texte est la reprise écrite de thèmes abordés le 6 septembre 2014, à l’occasion de l’Université d’été du RAJ. Il s’agissait de sélectionner des chiffres et faits significatifs permettant de caractériser les logiques en œuvre dans ce qui est couramment appelé «la mondialisation», de les analyser, d’avancer quelques hypothèses sur ce qu’il pourrait advenir car ce que ne devrait pas masquer l’actuelle dynamique dominante, c’est l’existence de contradictions et de conflits qui, en quelque sorte, indiquent que les jeux ne sont pas fait. Ainsi, l’observation attentive de l’évolution relative des monnaies est pleine d’enseignements.
« GOOGLE NOUS ESPIONNE ET EN INFORME LES ÉTATS-UNIS»
Par IGNACIO RAMONET
le 4 décembre 2014
sources: mémoires des luttes
remis en ligne par bolg algerieinfos de Saoudi Abdelaziz
Depuis trente mois, Julian Assange, héros de la lutte pour une information libre, vit à Londres, refugié dans les locaux de l’Ambassade de l’Equateur. Ce pays latino-américain a eu le courage de lui offrir l’asile diplomatique quand le fondateur de WikiLeaks était persécuté par les gouvernements des Etats-Unis et de plusieurs de ses alliés (Royaume-Uni, Suède). Le seul crime de Julian Assange est d’avoir dit la vérité et d’avoir divulgué, via WikiLeaks, des révélations sur les sinistres réalités cachées des guerres d’Iraq et d’Afghanistan, et sur les manigances de la diplomatie américaine.
Julian Assange, au même titre qu’Edward Snowden, Chelsea Manning et Glenn Greenwald, fait partie d’un nouveau groupe de dissidents qui, pour avoir révélé des vérités, sont désormais traqués et pourchassés non pas par des régimes autoritaires, mais par des Etats qui prétendent être des « démocraties exemplaires ».
Dans son nouveau livre, « Quand Google rencontra WikiLeaks» (Clave intelectual, Madrid, 2014) dont l’édition espagnole est en librairie depuis le 1er décembre[[L’ouvrage n’est pas encore traduit en français.]], Julian Assange va plus loin dans ses révélations, comme toujours formidablement documentées. Tout part d’une longue conversation d’Assange avec Eric Schmidt, le président exécutif de Google, en juin 2011. Ce dernier était venu interviewer le créateur de WikiLeaks pour un essai qu’il préparait alors sur l’avenir de l’âge numérique.
Lorsque ce livre, intitulé «The New Digital Era » (2013), fut publié, Assange constata que ses déclarations avaient été changées et que les thèses soutenues par Schmidt étaient passablement délirantes et mégalomaniaques. Le nouvel ouvrage du créateur de WikiLeaks est donc sa réponse aux élucubrations du patron de Google.
Parmi d’autres révélations, Assange raconte ici comment Google — et Facebook, Amazon, etc., — nous espionnent, nous surveillent et comment ces firmes transmettent ces informations aux agences d’espionnage des Etats-Unis. Il montre aussi comment la principale entreprise de technologie numérique est étroitement liée, de façon presque structurelle, au Département d’Etat. Assange affirme aussi que les grandes entreprises de la galaxie numérique nous surveillent et nous contrôlent bien plus que les Etats eux-mêmes.
«Quand Google rencontra WikiLeaks » est une œuvre intelligente, stimulante et nécessaire. Un régal pour l’esprit. Le livre nous ouvre les yeux sur nos propres pratiques de communication quotidiennes, quand nous nous servons d’un téléphone intelligent (« smartphone »), d’une tablette, d’un ordinateur ou tout simplement quand nous naviguons sur Internet avec la candeur de celui qui se croit plus libre que jamais. Attention !, nous dit Assange, Comme le Petit Poucet, vous laissez derrière vous des traces de votre vie privée que certaines firmes, comme Google, recueillent avec le plus grand soin et archivent secrètement. Un jour, elles s’en serviront contre vous…
Pour nous entretenir de tout cela et de bien d’autres sujets, nous avons rencontré Julian Assange, lucide et fatigué, à Londres, le 24 octobre dernier, dans un petit salon accueillant de l’Ambassade de l’Equateur. Il est arrivé, pâle et souriant, avec une barbe blonde de plusieurs jours, avec sa tête d’ange préraphaélite, de longs cheveux, des traits fins, des yeux clairs… Il est grand et mince ; parle d’une voix basse et lente. Ce qu’il dit est profond et pensé, on sent que cela lui vient du fond de lui-même. Il a quelque chose d’un gourou… Nous avions prévu parler une demi-heure, pour ne pas le fatiguer, mais la conversation devenant de plus en plus intéressante, nous avons finalement conversé pendant plus de deux heures et demie…
Ignacio Ramonet ancien directeur du Monde diplomatique
IR : Le cœur de ton nouveau livre — « Quand Google rencontra WikiLeaks » — est ta rencontre, en juin 2011, avec Eric Schmidt, le président exécutif de Google. A un certain moment tu dis : « Google est la société la plus influente du monde ». Qu’entends-tu par « la plus influente » ?
JA : Ce que j’essaie de dire est que le monde vit actuellement un changement très profond, et que Google est l’entité qui a le plus d’influence sur l’essence de ce changement et peut-être aussi sur sa vitesse. Nous pouvons même nous demander si Google n’est pas, en termes absolus, l’entreprise la plus influente. Je n’en suis pas sûr. Il y a plusieurs méga-entreprises qui pourraient occuper cette position, celle d’être la plus influente en termes absolus.
Mais au moins parmi les entreprises de communication, oui, Google est, absolument, la plus influente. Il y en a d’autres qui peuvent avoir aussi une très grande influence, comme General Electric, ou Raytheon, ou Booz Allen Hamilton, ou ExxonMobil, ou Chevron, mais elles répondent toutes plus ou moins à un modèle d’affaires stabilisé et le genre d’influence qu’elles peuvent exercer n’est pas si évident. Elles sont très grandes, c’est sûr, mais elles sont statiques. Google, en revanche, est en constante évolution ; elle a doublé sa valeur en Bourse entre 2011 et aujourd’hui, passant de 200 milliards de dollars à 400 milliards… Et sa pénétration dans la société globale, en termes d’interaction avec les individus, a augmenté plus que toute autre entreprise de même envergure.
IR :Plus que les firmes financières… ?
JA : Oui, sans aucun doute.
IR : Tu écris que « le progrès de la technologie de l’information, incarnée par Google, annonce la mort de la vie privée pour la plupart des personnes et ramène le monde vers l’autoritarisme ». N’es-tu pas trop pessimiste ?
JA : Je ne crois pas que l’on puisse regarder le monde et décider si nous voulons des faits optimistes ou pessimistes. Les faits sont ce qu’ils sont. D’autres phénomènes sont en cours et nous pouvons considérer qu’ils sont optimistes, mais pas ce que Google est en train de faire. Il s’agit d’autres processus en cours.
IR : Nous en parlerons plus tard. Maintenant je voudrais te demander : sur quoi te fondes-tu pour affirmer que « les technologies de la Silicon Valley sont un instrument au service de la politique étrangère des Etats-Unis ? ».
JA : Sur plusieurs données que je décris dans le livre. En premier lieu, la longue histoire de collaboration entre le complexe militaro-industriel des Forces Armées des Etats-Unis et la Silicon Valley. Toute personne ayant fait des recherches sur la Silicon Valley le sait. Noam Chomsky a dénoncé avec force ce qui s’y est passé dans les décennies de 1970 et 1980[ Lire l’entretien avec Noam Chomsky (réalisé le 15 août 2012 par Jegan Vincent de Paul), [« Noam Chomsky on Government, Silicon Valley and the Internet ».]]. En fait, si nous regardons en arrière et songeons à la conception que l’on avait à l’époque des ordinateurs, c’étaient des machines énormes que les militaires mettaient au service des grandes entreprises américaines. L’idée que les gens se faisaient du superpouvoir des ordinateurs se reflète dans des films comme, par exemple, Colossus[[ Colossus :The Forbin Project (Colossus : le projet Forbin), 1970, Dir : Joseph Sargent. Film de science fiction qui raconte comment le gouvernement des Etats-Unis cède la défense du pays à un super-ordinateur qui contacte le super-ordinateur des soviétiques, appelé Guardian, pour former un hyper-ordinateur qui prenant conscience de son pouvoir, prend le contrôle de la planète.]]. En tout cas, à l’époque c’étaient les militaires qui pilotaient le développement de l’Etat : en aidant à aller sur la Lune, à construire des armes atomiques, à dessiner des missiles ICBM[[Missile Balistique Intercontinental.]], à accélérer la vitesse des sous-marins nucléaires, en aidant le Service des Impôts à surveiller la fiscalité de chaque personne… Tout cela a changé dans les années 1990, quand la Silicon Valley a commencé à développer un marché de consommation, à mettre les progrès de la technologie informatique à la portée du grand public. C’est à ce moment là que commença à se créer ce qu’on pourrait appeler une « bulle de perception » qui présentait les entreprises de la Silicon Valley comme « amies » des gens, « amies » des consommateurs. Apple, Google, Amazon et plus récemment Facebook, ont encouragé cette vision et en ont profité. Et tout cela a créé une illusion… qui a permis d’oblitérer la vision précédente, négative, celle que la plupart des universitaires avaient de la Silicon Valley, une Sillicon Valey qui collaborait avec les militaires.
En deuxième lieu, ces nouvelles sociétés, comme Google, que je décris dans mon livre, ont établi des liens étroits avec l’appareil d’Etat, à Washington, en particulier avec les responsables de la politique étrangère. Cette relation est devenue une évidence. C’est celle des dirigeants de Google, Eric Schmidt[[Après avoir été de 2001 à avril 2011, directeur exécutif (conseiller délégué) de Google, Eric Schmidt est, depuis le 4 avril 2011, président exécutif du Conseil d’administration de Google.]], Jared Cohen [[Jared Cohen est le directeur de Google Ideas, un think tank sponsorisé par Google dans le but d’« identifier les défis globaux et de définir les solutions technologiques qui pourraient y répondre ». Il a été conseiller de Condoleeza Rice et de Hillary Clinton, Secrétaires d’Etat (ministres des affaires étrangères) de George W. Bush et de Barack Obama, respectivement]]… Ils ont les mêmes idées politiques et partagent une vision du monde identique. Et, au bout du compte, les liens étroits et la vision du monde commune de Google et de l’Administration américaine sont au service des objectifs de la politique étrangère des Etats-Unis.
IR : Précisément, sur ce même sujet, tu écris que quand Eric Schmidt a visité la Chine, la Corée du Nord et la Birmanie en 2013, il était clair qu’il menait une opération de « diplomatie occulte » pour Washington. En as-tu des preuves ?
JA : Je me fonde sur mon expérience. Nous avons pu prouver que quand il y avait un flux d’information entre Eric Schmidt et moi, cette information arrivait immédiatement au plus haut niveau du Département d’Etat[[Ministère des affaires étrangères des Etats-Unis.]]. Et quand Eric Schmidt me contactait à travers Lisa Shields [[Lisa Shields, directrice des communications du Council on Foreign Relations (Conseil des affaires étrangères), le plus important think tank de relations extérieures, lié aux démocrates du Département d’Etat ; fiancée d’Eric Schmidt.]], le flux d’information se produisait auparavant, dans le sens contraire, du Département d’Etat à Eric Schmidt… En ce qui concerne la diplomatie occulte avec la Corée du Nord et autres pays avec lesquels Washington ne veut pas que l’on sache qu’il communique directement, ce n’est pas moi qui l’affirme, je me limite à répéter et à reproduire les affirmations d’autres personnes expertes. Mais comme je viens de te le dire, j’ai eu l’expérience concrète du rôle d’Eric Schmidt d’informateur du Département d’Etat ; d’autres experts ont su également évaluer ce que Schmidt a fait en Corée du Nord et dans d’autres pays.
IR : Il y a quelques mois, Eric Schmidt a visité Cuba
Dans le contexte de la crise Ebola, Bertrand Livinec et Simon Kaboré focalisent l’éclairage sur le problème des ressources humaines en santé en Afrique, et mettent en situation de responsabilité les politiques migratoires de certains pays du Nord dans cette situation qui pratiquent un brain drain très préjudiciable à l’Afrique depuis de nombreuses années.
Par Bertrand Livinec et Simon Kabore
Publié le 23 Sep, 2014
Avec plus de 2800 morts et des risques de progressions alarmants pouvant atteindre 20 000 cas d’ici novembre, l’épidémie de fièvre Ebola met en lumière l’échec généralisé des politiques de santé menées depuis des décennies dans les pays africains.
Impulsées le plus souvent par les organisations internationales, les stratégies lancées par ces Etats dans le domaine de la santé n’ont en rien permis de pallier le manque de moyens et de personnel médical dont souffre le secteur. Au contraire, l’exode des professionnels de santé africains vers les pays du Nord incapables de former suffisamment de personnels de santé continue de peser lourdement sur les effectifs. Une pénurie de médecins qui a particulièrement favorisé la propagation d’Ebola.
Fin septembre 2014, la crise Ebola qui secoue plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest n’est toujours pas sous contrôle. Récemment, lors d’un discours aux Nations Unies, la Présidente de Médecins Sans Frontières a avoué que le monde était en train de perdre la bataille contre Ebola.
Plus de 2600 personnes sont décédées selon les chiffres de l’Organisation Mondial de la Santé, les professionnels de santé ayant déjà payé un lourd tribut.
Une crise sans précédent
Cette crise Ebola est, de loin, celle qui aura eu les conséquences les plus graves depuis la découverte de ce virus en 1976. Les précédentes avaient été maîtrisées en quelques mois et n’avaient jamais pris une telle ampleur. Auparavant, le nombre maximum de cas avait été constaté en Ouganda en 2000 avec près de 425 cas. Jusqu’à la crise actuelle, le pic de décès du à Ebola avait quant à lui été observé au Zaïre en 1976 avec près de 260 cas.
Contrairement à ce qui s’était passé lors des précédentes crises localisées en Afrique Centrale, les principales organisations internationales impliquées craignent, six mois après l’apparition des premières victimes, une très forte augmentation des cas à venir. L’OMS évoque même le risque d’atteindre 20,000 cas dans les prochains mois si la tendance continue. L’organisation MSF a quant à elle récemment déclaré l’épidémie hors de contrôle.
Il est important à ce stade de tenter de comprendre pourquoi cette crise Ebola s’étend aussi rapidement et semble si difficile à freiner. Au moins sur les trois pays les plus touchés: Guinée, Libéria et Sierra Leone.
La santé, un secteur sinistré
Il est difficile d’établir un comparatif avec les crises précédentes concernant la réactivité des autorités locales ou nationales, celle des organisations internationales, ou la qualité des systèmes de soins nationaux. Que ce soit en Afrique Centrale ou en Afrique de l’Ouest, on peut surtout mettre en évidence des points communs sur les problèmes de gouvernance et de performance des systèmes de soins.
Ainsi, malgré des progrès, les systèmes de soins en Afrique sub-sahariennes restent assez souvent défaillants, en particulier pour les soins dits primaires, c’est à dire qui concernent les soins élémentaires pour la majorité des populations. On le sait déjà, les Objectifs du Millénaire pour le Développement définis par les pays membres des nations unies en 2000 ne seront pas atteints dans la plupart des pays d’Afrique Sub-Saharienne à la date butoir de 2015. En grande partie en raison de la défaillance des systèmes de santé.
Les causes des faiblesses de ce secteur sont pourtant bien connues. Après l’impact négatif des Programmes d’Ajustement Structurel (PAS) prônés par les institutions financières internationales, les systèmes de santé en Afrique souffrent aujourd’hui d’un manque d’investissements financiers des Etats dans le secteur de la santé. Les financements viennent en effet principalement de bailleurs extérieurs qui privilégient des programmes centrés sur quelques maladies seulement et imposent des priorités souvent en déphasage avec les besoins réels et les systèmes en place. Ces programmes se caractérisent par ailleurs par une mauvaise gouvernance des ressources mobilisées et une incapacité à impliquer les communautés dans la construction des systèmes de santé. Les chiffres montrent des dépenses de santé très variables selon les pays affectés par la crise Ebola : le Libéria et la Sierra Leone qui ont connu la guerre il y a près de 10 ans ont des dépenses de santé plus élevées (soit 15,5% du PIB pour le Libéria et 15,1% pour la Sierra Leone en 2012) que la Guinée dont les dépenses sont très faibles (6,3% du PIB en 2012).
Par ailleurs, il convient de pointer les problèmes de gouvernance auxquels sont confrontés ces pays minés par la corruption. L’indice de perception de la corruption de Transparency International suggère les scores suivants pour ces pays : la Guinée est classée au 150ème rang sur 177 pays notés tandis que la Sierra Leone et le Libéria occupent respectivement la 119ème et 83ème place[[plus la place est loin dans le classement, plus le sentiment de corruption est élevé.]]. La Guinée est très mal classée sur le plan de la corruption, le Libéria ayant semble-t-il fait des efforts plus importants.
L’impact des inégalités
Par ailleurs, les niveaux d’inégalités, qui ont un impact considérable sur le domaine de la santé, sont élevés dans ces pays. Les coefficients de Gini – une unité servant à évaluer le degré des inégalités – en Guinée, en Sierra Leone et au Libéria s’élèvent respectivement à 39,35 ; 42,52 et 38,16. Ils sont donc largement supérieurs à la France (32,74), et pour deux d’entre eux supérieurs à celui des USA (40,81). Or, les inégalités de revenus ont un impact très significatif sur l’état de santé des populations, laissant une frange significative de la population hors des systèmes éducatifs et de santé publique.
Notons que la crise Ebola touche aussi bien des campagnes que des grandes villes, où les systèmes de soins ne sont pas forcément très bons, surtout dans les quartiers défavorisés.
Médecins en fuite
Par ailleurs, les pays les plus touchés par Ebola sont en proie à une pénurie de personnel médical. Le ratio observé du nombre de personnes pour un médecin y est en effet très faible. Soit 1 médecin et moins de 0,5 infirmiers et sages-femmes pour 10 000 habitants en Guinée. Moins de 0,5 médecins et environ 2 infirmiers et sages-femmes pour 10 000 habitants en Sierra Leone. Et moins de 0,5 médecins et 3 infirmiers et sages femmes pour 10 000 habitants au Libéria.
Sur le terrain, les professionnels de santé disponibles sont souvent surchargés et doivent de plus faire face à des populations souvent surinfectées par de nombreuses maladies. Ils sont souvent très mal payés et découragés par leur tâche, un bon nombre d’ailleurs cherchant à s’exiler pour fuir des situations particulièrement difficiles. Au Libéria par exemple, en décembre 2013 et donc avant la crise Ebola, des grèves d’infirmières ont eu lieu dans la capitale pour revendiquer des améliorations salariales. L’exode des professionnels de santé africains vers l’Amérique du Nord ou l’Europe reste un grave problème et les pays occidentaux ne peuvent pas d’un côté déplorer le manque de professionnels en Afrique et d’un autre côté laisser le brain drain s’opérer librement.
Ainsi, les Etats Unis actuellement très présents dans la lutte contre Ebola (on rappellera que leur aide publique au développement en % de leur PIB est l’une des plus faibles du monde occidental), oublient de dire qu’ils sont l’un des principaux responsables de cet exode de professionnels de santé africains. La crise Ebola est en effet aussi la conséquence de cette hémorragie des ressources rares et compétentes du Sud vers le Nord, du fait de l’incapacité des pays du Nord à former suffisamment de personnels de santé. C’est ainsi qu’aux Etats Unis, on estimait en 2008 que 26% des médecins en exercice ont été formés à l’étranger!
Ce rapport de l’OCDE et de l’OMS de 2008 pointait déjà du doigt cette hémorragie, dont les conséquences sont extrêmement graves dans les pays d’Afrique Sub-saharienne, citant notamment la Sierra Leone et le Libéria parmi les pays les plus impactés.
«La situation est toutefois fort différente dans le cas de certains pays dont plusieurs africains. Parmi les pays où le taux d’expatriation des médecins est supérieur à 50 % (ce qui signifie que les médecins nés dans ces pays sont aussi nombreux à travailler dans les pays de l’OCDE qu’à travailler dans leur propre pays) on trouve de petits États insulaires des Caraïbes et du Pacifique, ainsi que cinq pays africains – Mozambique, Angola, Sierra Leone, République Unie de Tanzanie et Liberia. Plusieurs pays africains francophones ont aussi des taux d’expatriation élevés, supérieurs à 40 %.»
La crise Ebola dans ces pays, a entrainé un surplus de travail considérable pour ces professionnels de la médecine, bien souvent incapables d’y faire face. Leur équipement dans les centres de santé souvent insuffisants, pour ne pas dire dans de nombreux cas dérisoires. Même en situation normale, il manque souvent le nécessaire pour garantir l’hygiène ou même la protection des professionnels face aux malades. Des grèves à l’hôpital de Monrovia au Libéria ont montré la détresse de ces professionnels. En Guinée, des patients ont préféré déserter les centres de santé, compte tenu des risques de contamination qu’ils considèrent élevés dans le principal hôpital du pays.
Il semble que le point le plus critique dans la crise Ebola soit le manque de personnels de santé. A ce titre, l’annonce récente par les autorités cubaines d’envoyer 165 médecins en Sierra Leone est plutôt un geste à saluer.
Une action internationale inadaptée
Les stratégies de santé en Afrique Sub-saharienne sont très influencées voire directement pilotées par les organisations internationales. Même s’il est vrai que la mobilisation autour de certaines pathologies dites prioritaires (VIH/Sida, paludisme, tuberculose) sont des opportunités de mobilisation des ressources, les interventions à financer devraient pourtant se baser sur une approche holistique et systémique sur le terrain. Malheureusement, nous constatons que les ressources mobilisées pour ces pathologies ont engendré la création de structures et des circuits exceptionnels parallèles aux systèmes classiques. C’est ainsi que les systèmes d’information sanitaire, d’approvisionnement en médicaments et autres réactifs, de coordination des agents communautaires ont été perturbés dans la plupart des pays Africains. En outre tout laisse croire que les priorités dans les pays sont en réalité fortement influencées par les lobbies qui mobilisent et orientent l’utilisation des ressources internationales.
Par ailleurs, l’absence de réflexion sur les déterminants sociaux, comme les inégalités sociales et les pesanteurs socioculturelles ne permet pas d’agir de manière optimale sur le fonctionnement de la société en amont pour diminuer les infections, alléger le poids du travail des professionnels de santé surchargés. Les systèmes de santé en Afrique ont une approche trop médicalisée où la priorité et les énergies sont investies essentiellement sur le curatif. La promotion de la santé, susceptible d’éviter de nombreux cas de maladies et qui est moins couteux que le curatif est négligée dans la plupart des pays. L’adage qui dit que « Mieux vaut prévenir que guérir » n’a pas encore été adopté par la grande majorité des autorités sanitaires africaines. Potentiellement, l’Afrique Sub-saharienne avec sa forte charge de morbidité et une vision curative des systèmes de santé au détriment de la prévention représente une terre d’avenir pour les laboratoires pharmaceutiques.
La crise Ebola vient rappeler que les mesures d’hygiène les plus élémentaires sont souvent les plus efficaces pour combattre un grand nombre de maladies. Un grand nombre de résolutions dans le domaine de la santé sont adoptées chaque année, mais restent juste souvent des vœux pieux, faute de volonté politique pour les mettre en œuvre. Par ailleurs, on peut se demander si les néolibéraux, qui ont une forte capacité d’influence dans les instances internationales, ne cherchent pas à saboter les politiques de santé publique à caractère systémique, en préférant privilégier le développement des initiatives privées dans la santé.
Alarmisme ambiant
L’opinion publique internationale reçoit chaque jour un nombre très important d’articles sur la crise Ebola. Ils témoignent d’une dégradation de la situation sur trois pays (Guinée, Libéria, Sierra Leone) ce qui est parfaitement exact, mais regorgent également d’articles établissant des prévisions catastrophiques à l’avenir en Afrique. Or, sur ce deuxième point, on peut parfois se demander sur quelles bases sont formulées ces prévisions et à quel dessein.
Générer de la panique inutilement ne servira pas à stopper rapidement l’épidémie d’Ebola sur les trois pays les plus touchés. Ces rumeurs et paniques peuvent éventuellement pousser certaines autorités, en particulier internationales, à mettre sur pied dans l’urgence un fonds international avec en ligne de mire l’accès aux traitements via les laboratoires pharmaceutiques qui sont déjà sur les rangs.
La Banque Mondiale elle même, ne cesse d’envoyer des communiqués alarmistes indiquant que la peur pourrait faire chuter massivement le PIB des pays impactés. Si la Banque Mondiale souhaite réellement que les rumeurs et la peur cessent, elle ferait alors bien de changer de stratégie de communication. On pourrait également s’interroger sur le rôle de la Banque Mondiale dans le financement du renforcement des soins primaires en Afrique ces dernières années, l’OMS émettant depuis de nombreuses années les mêmes recommandations sur l’amélioration indispensable de l’hygiène, alors que leur défaillance est mise en évidence dans cette crise. La Banque Mondiale et le FMI auraient plus de crédibilité dans l’opinion publique s’ils tiraient régulièrement la sonnette d’alarme sur les risques pesés par les inégalités sociales en Afrique et les mauvaises conditions d’exercice des professionnels de santé.
Il serait aussi judicieux d’étudier le rôle des media dans la crise Ebola. Ont-ils préféré diffuser de manière systématique les messages les plus catastrophiques dans une forme de surenchère augmentant par cette approche les rumeurs ou les peurs, ou bien ont-ils cherché à enquêter de manière approfondie sur les tenants de la crise et les lacunes structurelles de ces pays ? Là aussi, la responsabilité des media devrait être de se baser sur des faits et de connaître précisément dans quelles conditions vivent les populations concernées et l’action réelle des institutions chargées normalement de répondre à leurs besoins de base.
Or l’urgence, c’est d’agir concrètement sur le terrain en apportant des ressources complémentaires, notamment en personnels de santé, aux pays qui en manquent.
Il est nécessaire de noter par ailleurs que pour le moment, l’épidémie d’Ebola reste globalement confinée à trois pays (Guinée, Libéria, Sierra Leone), quelques cas ayant été détectés au Nigéria. Sur les autres pays limitrophes (Sénégal, Mali, Côte d’Ivoire, Guinée Bissau), il semble que la situation soit à ce jour maîtrisée. Rien n’indique pour le moment, que l’épidémie d’Ebola va forcément se déployer en dehors de ces trois pays.
Echec d’anticipation
Ces derniers subissent sont durement touchés, nous l’avons vu, du fait de l’incapacité des soignants à délivrer correctement les autres prestations de santé aux populations. La faiblesse des systèmes de soins de ces pays est clairement mise à nue. Le manque de ressources en santé reste un problème récurrent et les pays africains ne sont souvent pas à même de surmonter de graves crises sanitaires par eux-mêmes.
Les Nations Unies viennent de demander un milliard de dollars pour lutter contre Ebola, somme très importante dont on aimerait connaître la destination et la stratégie envisagée. On peut regretter que les dirigeants des Nations Unies ne soient pas capables d’anticiper de telles crises, ni sanitaires ni de guerres civiles d’ailleurs. La santé des populations les plus pauvres est-elle une priorité ou bien seulement quand celle des populations riches est menacée ? Le silence des Nations Unies sur les inégalités sociales très élevées en Afrique sub-saharienne montre bien que le bien-être des populations africaines n’est pas encore au cœur des préoccupations internationales, ni même nationales lorsqu’on voit la faiblesse des budgets nationaux de santé.
Les pays africains vont-ils rester encore longtemps dépendants des stratégies extérieures ? Ils ont les moyens de proposer à toutes leurs populations des soins primaires de qualité, notamment par une bonne gouvernance et en diminuant les inégalités sociales. Cherche-t-on réellement à ce que l’Afrique soit en bonne santé, où veut-on juste la maintenir dans un état végétatif pour continuer à s’enrichir sur les coûts de ses soins?
Enfin, il devient crucial que les pays du Nord cessent de se servir dans le vivier déjà faible des professionnels de santé africains. Cette crise Ebola, où tout le monde a pu constater l’insuffisance de praticiens, montre aussi la responsabilité de pays du Nord qui faute d’investissements en formation de santé dans leurs propres pays n’ont aucun état d’âme à récupérer des professionnels déjà formés issus de pays pauvres. A ce titre, les politiques migratoires de certains pays (en particulier Etats Unis, Canada, Royaume Uni) devraient être revisitées en étudiant de manière directe et indirecte les dommages causés sur les systèmes de santé en Afrique. Il est également de la responsabilité des dirigeants africains, s’ils considèrent la santé comme une priorité, de dénoncer cette situation. En parallèle ils se doivent de mettre en place des conditions de rémunération correctes pour leurs professionnels de santé qui jouent un rôle essentiel dans le développement de leurs pays.
Betrand Livinec est membre de l’association Développement et Santé
Simon Kabore est Directeur exécutif du RAME (Réseau d’Accès aux Médicaments Essentiels, Burkina Faso).
« Ces dogmes sont marché autorégulé, libre concurrence, croissance infinie, justesse scientifique d’enrichissement illimité des riches (surhumains leaders, héros, génies, qui le méritent).
Ils sont produits de temples: facultés d’économie néolibérale, écoles de business, instituts, avec leurs lieux sacrés : Harvard, Sloan, Wall-Street.
En pleine connivence avec les milieux d’affaires (sauf rares exceptions tels des Musk ou Cascades)
ces temples fournissent les savoirs et les élites (nouveaux clercs) dont nos «États» (en fait comités de gestion des intérêts des dominants) se gavent: hauts commis, consultants, conseillers, éminences grises.
Les milieux finance-busines téléguident lois et décisions étatiques. »
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Par Omar Aktouf[[Omar Aktouf, Ph.D., professeur titulaire HEC Montréal
Devant tant de bruit entourant le débat sur la laïcité et les valeurs au Québec, la montée, un peu partout dans le monde, d’idées communautaristes et xénophobes, revenons sur les origines des idées dites laïques et de laïcité, qui ont, historiquement, bien plus à voir d’abord, avec des révoltes contre l’exploitation des peuples, les inégalités et les injustices, que le seul retrait, stricto sensu, du religieux par rapport au politique.
Origines:
cesser l’exploitation concertée des peuples
(laïkos en grec ancien)
Depuis des temps immémoriaux ceux parmi les humains qui désiraient détenir et conserver des pouvoirs et privilèges réservés devaient s’appuyer sur des complices chargés (par la prétention de détention de savoirs spéciaux: cosmogonies, théologies, idéologies…) de faire accepter aux peuples la légitimité de ce désir.
Ce sont ceux que l’on peut désigner par le terme clercs (qui a donné clergé), c’est-à-dire «ceux qui savent». C’est ainsi que sorciers, chamans, prêtres…, se sont alliés, d’abord, à ceux qui avaient l’usage du plus ancien instrument de pouvoir: les armes (chasseurs, guerriers, noblesses de souche militaire).
Ces clercs élaborèrent les savoirs devant servir à la légitimation de l’accaparement exclusif du pouvoir par un groupe social donné, en échange de quoi ils obtenaient des privilèges garantis.
Ce furent, de tous temps (les études ethnologiques le montrent) des justifications invoquant des raisons transcendantales (transcendant la condition humaine) conférant un statut spécial, hors du commun, aux accapareurs du pouvoir.
Cette collusion clergés-politiques, sans doute née à des époques très reculées, a toujours constitué une farouche défense d’intérêts réciproques, défense indispensablement construite sur l’exploitation et la subordination de ceux qui deviendront sujets, puis simples citoyens.
Ces derniers constituaient la chair à canon des guerres royales et seigneuriales, les sources de fort nombreuses taxes telles que tailles, cens, banalités, gabelles, champarts au bénéfice des seigneurs; et dîmes, corvées, dons, indulgences à celui des clergés.
Voilà pourquoi, pour ne parler que de l’Occident, le roi français devint de «droit divin», le royaume d’Espagne «très catholique», le souverain anglais «doté de corps immortel», l’Empire romain-germanique «saint».
En échange de cette sacralisation du politique et de ses privilèges, l’Église pouvait exploiter de son côté populaces et paysans, jusqu’aux excès culminant avec l’affaire des indulgences sous le pape Léon X, excès qui menèrent au schisme déclenché par Luther au 16e siècle. Schisme survenu précisément en des temps dits de «Renaissance» (avec ses nouvelles idées plus humanistes, plus scientifiques et rationnelles…), un terreau fertile qui enfantera plus ou moins directement ceux qu’on dénommera plus tard libres penseurs et rationalistes: les Rousseau (Discours sur l’inégalité…), Montesquieu, Voltaire, Diderot.
Il est de première importance de rappeler que leurs hérétiques idées furent d’abord dénonciation de l’exploitation concertée du peuple par le couple Monarchie/noblesse-Église.
Le tout trouvera un épilogue, notamment, avec la Révolution de 1789, mettant à bas le pouvoir église-noblesse au profit du tiers-état, mais ouvrant la voie à une nouvelle classe de privilégiés: la bourgeoisie manufacturière, qui aura bientôt son clergé.
Nouveau clergé moderne :
la finance-business et ses «écoles»
À ce qui précède, on comprendra qu’il est fallacieux de réduire l’idée de laïcité à la seule séparation entre religion et politique. La lutte contre les injustices et inégalités sociales y est aussi importante sinon prépondérante.
Est-ce fortuit si l’encyclique Rerum Novarum (sorte de réponse aux Conditions de la classe laborieuse en Angleterre en 1844 de F. Engels) sacralisant propriété privée et droits de gérance parut à l’apogée de la Révolution industrielle?
Est-ce aussi fortuit si, en toute fin du 19e et débuts du 20e apparurent les premiers gourous de l’économie-management moderne, Fayol et Taylor? Ils furent les premiers «clercs» du nouvel ordre bourgeois-manufacturier qui domine aujourd’hui à l’échelle de la planète. Ils en engendreront d’innombrables autres.
Ce nouveau clergé dédié aux intérêts des faiseurs d’argent (money making), fabriquera deux grandes idéologies présentées comme sciences: l’économie néoclassique-néolibérale et le management. S’entre-alimentant sans cesse à tour de rôle, ils ne sont qu’auto-renforcement tautologique de pseudo savoirs: des techniques, habiletés et théories du «comment faire plus d’argent» présentées comme des connaissances.
Ce clergé a ses gourous: Drucker, Simon, Porter… ses messes: congrès, colloques, ses prédicateurs: animateurs-vedettes et experts des médias (propriétés de membres du clergé), ses fanatiques, intégristes, et dogmes… (J. Stiglitz, “La grande désillusion”, 2000) auxquels il faut croire (les journaux rapportent en ce moment que la BCE européenne ne croit pas ce que croit le FMI, qu’au Forum de Davos on croit autre chose).
Ces dogmes sont marché autorégulé, libre concurrence, croissance infinie, justesse scientifique d’enrichissement illimité des riches (surhumains leaders, héros, génies, qui le méritent).
Ils sont produits de temples: facultés d’économie néolibérale, écoles de business, instituts, avec leurs lieux sacrés : Harvard, Sloan, Wall-Street. En pleine connivence avec les milieux d’affaires (sauf rares exceptions tels des Musk ou Cascades)
ces temples fournissent les savoirs et les élites (nouveaux clercs) dont nos «États» (en fait comités de gestion des intérêts des dominants) se gavent : hauts commis, consultants, conseillers, éminences grises.
Les milieux finance-busines téléguident lois et décisions étatiques. Il faut toujours davantage socialiser les coûts et privatiser profits et privilèges (James O’connor, “The Fiscal Crisis of the State”, 1973) pour maintenir richesses des uns et pouvoir des autres.
Laïcité ? Séparez l’argent de l’État
Napoléon disait qu’un État qui dépend des banques (il dirait aujourd’hui finance-business) n’est maître ni de ses décisions ni des intérêts qu’il défend.
L’ampleur grandissante des inégalités sociales (“Inequality for All” de R. Reich; inquiétude n° 1 de l’actuel Forum de Davos; le site https://www.youtube.com/watch?v=QPKKQnijnsM…) due à cette collusion business-État, impose des politiques (dites économiques) d’enrichissement infini des riches qui, forcément, se fait au détriment de la nature, du salariat et des services publics (Oxfam 2014 : la fortune des top 85 mondiaux équivaut à l’avoir de 50% des habitants de la planète; une journée de nos 100 tops PDG égale le revenu familial moyen annuel canadien).
Quand un tel milieu qui prétend détenir le savoir bénéfique à tous (un clergé) s’acoquine, pour des intérêts égoïstes, aussi étroitement avec le milieu des décideurs publics (managers du privé devenant ministres et vice et versa… comme jadis cardinaux et chanceliers; révélations de la Commission Charbonneau…) il n’y a ni démocratie ni laïcité.
La frustration populaire monte et exige des boucs émissaires.
On peut aisément l’abreuver de démagogie, de coupables tout désignés, de diversions de basse politique. Mais demeure le problème de fond: des richesses communes scandaleusement accaparées par des minorités arrogantes.
Donc : la laïcité, bien sûr, mais d’abord la vraie, celle qui sépare tout clergé, quel qu’il soit, de l’État.
Les kippas, kirpans, croix et tchadors… ne sont qu’artéfacts secondaires et viennent bien après.
Au rythme actuel, le monde va épuiser en 30 ans son «budget carbone», c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qu’il peut émettre avant d’entrer dans la zone de danger »
Par Sophie Chapelle,
le 28 novembre 2013
Deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre accumulées dans l’atmosphère depuis le début de la révolution industrielle ont été émises par seulement… 90 entreprises ! Les recherches menées par Richard Heede viennent d’être publiées par la revue scientifique Climatic Change.
Cette étude évalue les quantités de CO2 et de méthane rejetées par les plus grands producteurs privés et publics de pétrole brut, de gaz naturel, de charbon et de ciment. «90 sociétés sur la liste des principaux émetteurs ont produit 63 % des émissions mondiales cumulées de méthane et de dioxyde de carbone entre 1751 et 2010, soit environ 914 milliards de tonnes d’émissions de CO2», relèveThe Guardian, qui a répertorié ces 90 entités sur une infographie interactive. À l’exception de sept entreprises productrices de ciment, ce sont toutes des compagnies énergétiques produisant du charbon, du pétrole et du gaz.
Les cinq premières entreprises privées sont les géants pétroliers américains Chevron (3,5 % des émissions) et ExxonMobil (3,2 %), la britannique BP (2,4 %), la néerlandaise Shell (2,1 %) et l’entreprise américaine ConocoPhillips (1,1 %). Elles représentent à elles seules 12,5 % des émissions!
Les entreprises françaises ne sont pas en reste : Total arrive au 7ème rang des plus gros pollueurs du secteur privé avec 0,8 % des émissions. Du côté des cimentiers, on compte le groupe français Lafarge.
Quelles sont les compagnies qui provoquent le réchauffement climatique?
Infographie du Guardian (cliquer sur l’image)
L’étude rappelle également que la moitié des émissions de ces 90 « gros émetteurs » ont été rejetées depuis 1986, ce qui montre à quel point l’utilisation des combustibles fossiles s’est accélérée ces trois dernières décennies. Selon Greenpeace, «les analyses de R. Heede permettent d’identifier qui sont les pollueurs qui doivent réduire leurs émissions et s’engager à ne pas extraire les ressources jusqu’ici non exploitée».
Au rythme actuel, le monde va épuiser en 30 ans son «budget carbone», c’est-à-dire la quantité de dioxyde de carbone qu’il peut émettre avant d’entrer dans la zone de danger des 2°C de réchauffement, a prévenu le “Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat” (GIEC) en septembre dernier. «Il sera bientôt trop tard,estime le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon. Nos modes de consommation sont incompatibles avec la santé de la planète».
Laisser les hydrocarbures dans le sol pour éviter le chaos climatique n’était pourtant pas à l’ordre du jour des dernières négociations climat qui se sont achevées à Varsovie le 23 novembre. «Tout ce qu’on a, ce sont des cacahuètes», a lâché le négociateur du Bangladesh.