BACHAR AL-ASSAD N’EST PAS L’AVENIR DE LA SYRIE, IL EST L’UN SE SES « PRÉSENTS »

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Huffpostmaghreb

 le 24 novembre & le 19 décembre 2015

Mohamed Saadoune

pdf-3.jpg Bachar Al-Assad ne peut être l’avenir de la Syrie. Le propos, vieux de Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, répété il y a trois jours en Afrique du Sud, sonne creux. Il n’est d’aucune utilité.

Sauf peut-être à essayer de masquer que la France et les autres pays occidentaux ont mené en Syrie une politique d’apprentis-sorciers dont l’effet boomerang se fait sentir et pousse une partie des opinions à se demander pourquoi « est-on allé se fourvoyer dans cette galère ».

Après les attentats de Daech à Paris, on continue à marteler – pour la forme probablement – qu’on ne s’est pas fourvoyé en faisant du « départ » de Bachar Al-Assad un « préalable » à la solution de la crise en Syrie.

C’est pourtant un discours creux. C’est une lapalissade, Bachar Al-Assad, celui qui a si mal compris qu’il pouvait se donner un destin de réformateur au lieu d’être le représentant d’une dictature aveugle, n’est pas l’avenir de la Syrie.

L’histoire l’a déjà condamné. Les Syriens, si leur pays continuera à exister et retrouvera un peu de sérénité, le décideront. Mais si le président syrien n’est pas « l’avenir de la Syrie », il est encore son présent. Cela dépasse largement sa petite personne qui s’est avérée, même en restant dans la logique d’un système autoritaire, particulièrement décevante.

L’histoire est dite

Le « jeune » Assad qui a « succédé » à son paternel n’a fait que du « vieux » et en pire car il n’a pas su percevoir – comme Saddam avant – les retournements des « amis ». Cela est valable pour l’ensemble des systèmes autoritaires arabes: seule une démocratisation sérieuse permettant de souder les liens entre l’Etat et la société pouvait conjurer l’impact des ingérences extérieures.

L’islamisme radical qui ne reconnait pas les « Etats-nations » étant le vecteur idéal des entreprises de déstabilisation grâce aux fonds des pays du Golfe et les fatwas que des cheikhs obscurs et obscurantistes émettent sur commande.

Sur des aspects fondamentaux, pour Bachar Al-Assad, l’histoire est dite. Même en mettant en exergue le rôle des ingérences extérieures, sa responsabilité est tellement lourde qu’il est difficile de croire qu’il puisse encore être un « avenir » de la Syrie. Mais continuer à faire de Bachar Al-Assad un préalable est hors-sujet.

Ce seront les Syriens qui le décideront. Aujourd’hui, Bachar Al-Assad est un des « présents », les autres étant ceux de Daech, d’une partie substantielle de la population syrienne en exil, des jeux des puissances.

Laurent Fabius, les saoudiens, les américains, les turcs ou les qataris, ont fait une erreur d’évaluation grave en tablant sur une chute rapide de Bachar Al-Assad. Dans le monde arabe, beaucoup ne croient pas à une erreur d’évaluation: on savait que Bachar ne tomberait pas mais que la Syrie, elle, pourrait s’effondrer et ouvrir la voie à la création de cantons « ethno-religieux » qui est au cœur du fameux du GMO.

Dans un article publié dans le Quotidien d’Oran (7 janvier 2013) nous relevions que la guerre en Syrie restera indécise jusqu’à ce qu’elle avale le pays morceau par morceau. L’ingérence étrangère sur fond de bataille géopolitique a fixé le pays dans la guerre au nom du « préalable » du départ du Bachar Al-Assad.

Le dépassement du régime dans un « après » démocratique – qui reste le seul horizon possible si tant est que la Syrie puisse un jour renaître dans ses actuelles frontières – est devenu une chimère, la guerre renforçant les positionnements sur des bases ethno-religieuses.

Un préalable inutile

Bachar Al-Assad même s’il voulait démissionner n’aurait pu le faire. Les siens attendaient de lui qu’il dise « non » à ceux qui voulaient son départ. Il a dit non. Il continue aujourd’hui à dire non.

« Il n’y a rien d’imprévisible dans le discours de Bachar Al-Assad d’hier. Ceux qui l’applaudissaient et les « chefs » militaires ont perdu de leur superbe, mais ils attendaient de lui qu’ils disent « non » à ceux qui réclament son départ, qu’ils soient syriens ou étrangers. Non pas par amour pour lui, ni par volonté de se sacrifier pour lui. Juste par conviction (fausse ou vraie cela ne compte pas beaucoup dans ces situations) que son départ serait une défaite qui ouvrirait le champ à des représailles à grande échelle.

Bachar Al Assad est devenu, paradoxalement, au bout de ses terrifiantes erreurs, leur assurance de pouvoir négocier leur statut et leur place dans une autre Syrie. Et plus les opposants et les pays étrangers réclament son départ comme un préalable et plus ils s’y attachent. On est dans le registre de la psychologie. Mais dans une guerre, c’est un aspect qui n’a rien de négligeable. »

Ce constat fait en janvier 2013 reste encore valable aujourd’hui. Mais le «préalable » n’est pas un présent. La Russie et l’Iran viennent de le réaffirmer avec force. La Syrie qui se reconnait pas dans Bachar Al-Assad ne l’acceptera pas non-plus. Bachar n’est pas pour eux l’avenir de la Syrie. Mais il est celui à travers lequel ils négocieront leur propre avenir.

UN ÉTAT DES LIEUX DE LA GAUCHE POLITIQUE EN ISRAËL

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MICHEL WARSCHAWSKI: « SI DEPUIS UN AN JE PARLE DE FASCISME… »

adressé par Michel Peyret

le 20 mai 2015

« Ce qu’on appelle ici la gauche radicale, indique Michel Warschawski, est très modeste, définie essentiellement par son positionnement sur les questions politiques (conflit colonial et guerres), même si en général cette extrême gauche défend par ailleurs une orientation anticapitaliste. Elle n’a pas, dans la population juive, de parti dans lequel elle pourrait se structurer, et c’est dans des collectifs qu’on la trouve, que ce soit sur des questions d’ordre politique (occupation, racisme) ou d’ordre social (refugiés économiques, droits des femmes, logement…) Quand il y a des élections, elle vote par défaut pour un des « partis arabes », en particulier le Parti communiste. Ce dernier se défend d’ailleurs d’être « un parti arabe », même si 85 % de son électorat provient de la population palestinienne d’Israël… »

Reprenons avec Michel Warschawski…

Michel Peyret


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Israël, Juifs et Arabes : la perspective révolutionnaire d’un vivre-ensemble. Europe solidaire sans frontières (Essf)

le 19 mars 2015

http://eric.et.le.pg.over-blog.fr/

Après avoir passé ses premières années à Strasbourg, Michel Warschawski[[Michel Warschawski milite depuis de longues années en Israël. Il a retracé sa biographie dans un de ses ouvrages, Sur la frontière (Stock, 2002).]] a décidé à 16 ans de partir pour Jérusalem où il a entrepris des études talmudiques. Il a rejoint en 1968 l’Organisation socialiste israélienne fondée en 1962 par des exclus du PC israélien et des militants plus anciens influencés par le trotskysme. Le groupe était surtout connu par le nom de son journal, Matzpen (« La boussole » en hébreu). Matzpen était une organisation révolutionnaire qui considérait le sionisme comme un projet colonial et combattait pour une coexistence entre Juifs et Arabes sur la base d’une complète égalité. Dès juin 1967, Matzpen appelait au retrait complet, immédiat et inconditionnel d’Israël de tous les territoires occupés et affirmait son soutien au droit du peuple palestinien à combattre pour sa libération.
Malgré un effectif restreint, les actions et positions de Matzpen ont eu un écho qui en a fait un « ennemi intérieur » dénoncé par les sionistes de droite comme de gauche, et dont les militants étaient fréquemment arrêtés. Bien que formé en majorité de militants juifs, Matzpen s’efforçait à la fois de de mobiliser la jeunesse juive israélienne et de développer des liens avec les Palestiniens d’Israël et les organisations de la gauche palestinienne et de pays arabes.
Dans les années 1970, un débat s’est ouvert au sein de Matzpen sur ses perspectives. Matzpen et des militants de la gauche palestinienne ont décidé de créer en 1984 le Centre d’information alternative (AIC), organisme d’information et de solidarité dont Michel Warschawski est le directeur.
Matzpen a ensuite cessé d’exister comme organisation bien que nombre de ses militants demeurent actifs dans divers mouvements. En 1989, Michel Warschawski a été condamné à plusieurs mois de prison ferme pour« prestations de services à organisations illégales » (il s’agissait de l’impression de tracts).

Sources : L’Anticapitaliste n°61 (janvier 2015)

par Henri Wilno

le 23 février 2015

Henri Wilno : Dans un texte de l’été 2014, tu parles de « fascisation » en Israël. Quelles sont les racines de ce processus ? Est-ce seulement le produit de l’état de guerre ? Peut-on dire que désormais c’est l’extrême droite qui gouverne ?

Michel Warschawski : Je parle d’un processus long qui remonte a la campagne de haine et de délégitimation qui a précédé l’assassinat de Yitzhak Rabin en 1995. Les assassins du Premier ministre ont pris le pouvoir et sont en fait le pouvoir depuis. J’y inclus l’épisode Ehud Barak (1999-2001) qui, certes, a été le candidat des Travaillistes, mais défendait une politique d’extrême droite et a tout fait pour qu’Ariel Sharon devienne Premier ministre et lui son ministre de la Défense.
Vingt ans donc de pouvoir continu de la droite, qui ont changé la donne, pas tant dans le domaine de la politique coloniale envers les Palestiniens, mais dans le régime interne de l’Etat d’Israël.
Le racisme s’est lâché, dans le discours politique, dans la rue et dans la législation qui culmine avec la proposition de modification de la « Loi Fondamentale – Israël, Etat-Nation du peuple Juif ». Une série de lois liberticides et ouvertement discriminatoires contre la minorité palestinienne d’Israël a déjà été votée, d’autres, pires encore, sont en route. La Cour Suprême, qui a été pendant de nombreuses années le garant d’un système qui jonglait entre « Etat juif » et « Etat démocratique », est depuis quelque temps l’objet d’attaques violentes de députés d’extrême droite. Plusieurs projets de loi visent à réduire son pouvoir.
Le gouvernement s’appuie sur un bloc de trois partis d’extrême droite, bloc dans lequel Netanyahou fait figure de modéré !
Si depuis un an je parle de fascisme, c’est parce qu’à tout ce que je viens de mentionner s’ajoute la violence contre les militants et organisations démocratiques, de la part de petits groupes fascistes ou même de passants. Gouvernement d’extrême- droite + lois liberticides + violence qui vise à terroriser toute parole critique = fascisme.

Henri Wilno : Israël est désormais un des Etats où les inégalités sociales sont les plus fortes (y compris parmi les Juifs), les politiques néolibérales démantèlent les acquis sociaux. Et, pourtant, vu de l’extérieur, le débat social et politique dans la partie juive de la population israélienne semble se polariser complètement autour de deux axes : la religion et la « sécurité ». Est-ce exact ? Les questions sociales ont-elles disparu du paysage ?

Michel Warschawski : Effectivement, Israël est, dans le groupe des pays industrialisés, le second dans le fossé qui sépare les riches et les pauvres : une bourgeoisie très riche et beaucoup de très pauvres. Selon les données de la sécurité sociale israélienne, 32 % des enfants israéliens – juifs et arabes – vivent sous le seuil de pauvreté ! Le démantèlement de l’Etat social et de ses acquis s’est fait avec une brutalité et une rapidité qui auraient fait pâlir de jalousie Margareth Thatcher.
Et pourtant les luttes sociales, en particulier les luttes syndicales, restent extrêmement limitées. Il y a trois raisons à cela : la réussite économique d’Israël qui permet de laisser des miettes aux travailleurs, le fait que le taux de chômage est très bas (inférieur à 2 %), l’absence de tradition et d’organisation syndicales dignes de ce nom. 50 ans de pouvoir absolu de la Histadrout, qui n’avait rien a voir avec une organisation syndicale, même de collaboration de classes, ont empêché la formation d’une conscience de classe, aussi primitive fût-elle. S’il y a des luttes, elles restent cantonnées à une entreprise (en général sur des licenciements) ou dans des secteurs plus privilégiés et mieux organisés (infirmières, enseignants).

Henri Wilno : Les classes populaires réagissent-elles aux politiques d’austérité ? Qu’est devenu le mouvement des « Indignés » d’il y a deux ans ? Que représente le syndicat Koach la-Ovdim qui semble se renforcer au détriment de la Histadrout ?

Michel Warschawski : Le mouvement des Indignés a été un feu de paille : une gigantesque mobilisation qui a entraîné des centaines de milliers de personnes pour un retour à l’Etat providence mais n’a enfanté qu’une commission nationale (la Commission Trachtenberg)… dont quasiment toutes les recommandations ont été rejetées par le gouvernement.
Koach la-Ovdim, qui est la première confédération syndicale indépendante de la Histadrout, reste une organisation modeste, comparée à cette dernière, mais a pu animer des grèves et autres luttes revendicatives de certains des secteurs les plus délaissés, entre autre les travailleurs de l’entretien dans certaines grandes administrations ou encore dans une carrière proche de Jérusalem.
Pour la majorité des travailleurs israéliens, les positionnements, y compris les identités, sont d’abord de l’ordre du politique et du « national », et, très loin derrière, de l’appartenance sociale. On demande à quelqu’un ce qu’il est, il répondra : Juif, puis Israélien, puis Tunisien ou Russe d’origine. Ensuite il dira « religieux » ou traditionaliste. Très rarement il dira « ouvrier » ou « employé ».

Henri Wilno : Qu’est devenu le « camp de la paix? » ? Est-il en situation de peser en quoi que ce soit ?

Michel Warschawski : 3000 personnes environ ont manifesté contre l’agression de Gaza. C’est très peu et représente surtout ce qu’en France on appellerait l’extrême gauche. En ce sens, le mouvement de la paix de masse qu’on a connu dans les années 1980 et 1990 ne s’est pas encore remis de sa déroute en août 2000. Cette date est à retenir, car elle marque une cassure, une espèce d’août 1914 du mouvement de la paix : quand Ehud Barak revient des négociations de Camp David (qu’il a sabotées avec la collaboration de l’administration Clinton), celui qui avait été élu sur la base d’une alternative à la politique d’occupation de la droite, réussit a convaincre son propre camp que Yasser Arafat se servait des négociations pour endormir Israël, y créer des lignes de fracture pour finalement jeter les Juifs a la mer (sic !). Il ajoute : la droite avait raison, c’est nous, les pacifistes, qui nous étions trompés.
Le problème est que ce méga-mensonge a été reçu cinq sur cinq par le mouvement de la paix… Et Sharon a été élu avec une large majorité, pour entreprendre la reconquête des territoires gérés par l’Autorité palestinienne et des quelques acquis résultant des négociations entre Israël et l’OLP.
Le mouvement de la paix ne s’est pas remis de cette déroute, et nous sommes encore loin d’une renaissance de ce dernier, comme mouvement de masse capable de peser sur les choix politiques du gouvernement.

Henri Wilno : Tu as expliqué, je crois, que par son ignorance des questions sociales, une partie de la gauche israélienne et du camp de la paix avait rejeté les sépharades dans les bras du Likoud et de l’extrême droite : est-ce définitif ?

Michel Warschawski : Les couches populaires et plus particulièrement les Juifs pauvres originaires des pays arabes (qu’on appelle à tort « sépharades »), ont fait, depuis la fin des années 1970, le choix de la droite, non par identification avec son idéologie du Grand Israël, mais parce qu’elle représentait l’opposition au pouvoir absolu, totalitaire et raciste – envers les Juifs non Européens – de la pseudo-gauche.
La « gauche » n’a aucune chance de regagner l’électorat populaire, car sa réalité et son image sont bourgeoises, et son racisme anti-oriental colle à son identité. L’immigration massive des Russes a d’ailleurs encore renforcé cette ligne de fracture. Pour reprendre pied dans les couches populaires, une nouvelle gauche est à construire, mais ceci est la tâche de la prochaine génération.
Ceci dit, les mariages intercommunautaires sont de plus en plus nombreux, et je pense que l’appartenance ethnique, au sein de la communauté juive-israélienne, tend à perdre petit a petit de sa pertinence.

Henri Wilno : Que représente l’extrême gauche en Israël ? Les Anarchistes contre le mur ? D’autres mouvements ?

Michel Warschawski : Ce qu’on appelle ici la gauche radicale est très modeste, définie essentiellement par son positionnement sur les questions politiques (conflit colonial et guerres), même si en général cette extrême gauche défend par ailleurs une orientation anticapitaliste. Elle n’a pas, dans la population juive, de parti dans lequel elle pourrait se structurer, et c’est dans des collectifs qu’on la trouve, que ce soit sur des questions d’ordre politique (occupation, racisme) ou d’ordre social (refugiés économiques, droits des femmes, logement…) Quand il y a des élections, elle vote par défaut pour un des « partis arabes », en particulier le Parti communiste. Ce dernier se défend d’ailleurs d’être « un parti arabe », même si 85 % de son électorat provient de la population palestinienne d’Israël.
Les Anarchistes contre le Mur, certaines organisations féministes, les divers groupes qui luttent contre l’occupation ou les injustices sociales, ou encore le Centre d’information alternative (AIC), se retrouvent dans des campagnes spécifiques (contre le mur, contre les groupes fascistes, pour les sans-papiers, etc.), mais il n’existe pas de structures pérennes.
Un des problèmes auxquels nous sommes confrontés est ce que j’ai appelé, il y a des années, l’« ONGisation » de la politique, une professionnalisation autour de petites boutiques, souvent bien financées pour leurs activités par des fondations ou des Etats européens. Les ONG font certes un bon travail d’information et de sensibilisation, mais elles ne peuvent en aucun cas être la base d’un mouvement de masse. Certains diront même qu’elles en sont, involontairement, un obstacle.

Henri Wilno : Comment évoluent les discriminations envers les Arabes israéliens ? La sécession entre Juifs et Arabes israéliens est-elle désormais complète ? Ou bien y-a-t-il des espaces communs de coopération et de lutte ?

Michel Warschawski : Depuis 2000 (en octobre 2000, Ehoud Barak ordonnait une répression sanglante des manifestations de solidarité, dans les localités arabes, avec la révolte palestinienne des territoires occupés), nous avons été témoins d’une rupture du front judéo-arabe qui caractérisait le mouvement d’opposition à l’occupation et aux discriminations contre la minorité palestinienne d’Israël (qui fait 20 % de la population). Les Palestiniens ne viennent plus à Tel Aviv pour manifester et ont fait le choix de se mobiliser dans leurs villes et villages. C’est ce qui explique pourquoi les manifestations dans les grandes villes juives sont passées de dizaines de milliers à quelques milliers seulement.
Derrière ce choix, s’exprime aussi une volonté d’autonomie, car dans le « front judéo-arabe », le PC poussait à une hégémonie juive, dont la présence de drapeaux israéliens et la sur-représentation d’orateurs juifs étaient les signes extérieurs.
La minorité arabe est représentée à la Knesset par trois partis de poids plus ou moins égal : le PC (sous la forme du Front pour la paix et l’égalite), le Rassemblement national démocratique (Balad – nationalistes radicaux), et la Liste arabe unifiée, nationaliste conservatrice.
Un amendement à la loi électorale peut pousser les partis arabes à faire à l’avenir liste commune, s’ils veulent avoir des élus, et si cette perspective se réalise, il pourrait y avoir dans la prochaine Knesset un groupe parlementaire arabe d’une quinzaine de députés (sur 120…) A moins que n’aboutissent les tentatives de l’extrême droite d’interdire à certains partis arabes de se présenter. A ce propos, les prochaines semaines seront déterminantes.
Pour que le front judéo-arabe se reconstruise, il est indispensable que les militants juifs acceptent de se débarrasser de leur volonté hégémonique et de devenir une force d’appoint à un mouvement qui est d’abord un mouvement national arabe.

Henri Wilno : Quel est l’écho de l’AIC dans le contexte actuel ?

Michel Warschawski : La spécificité du Centre d’information alternative est d’être, trois décennies après sa constitution, toujours la seule organisation commune israélo-palestinienne. L’AIC regroupe des militants, connus et reconnus, de la gauche palestinienne et des antisionistes israéliens. Si, comme son nom l’indique, elle fait un travail d’information et d’analyse politique et sociale (en particulier sur son site alternativenews.org), son originalité et son importance résident dans son choix d’être une brèche dans le mur qui sépare les deux sociétés, y compris dans le monde militant, et de promouvoir une perspective de coopération et de partenariat entre les mouvements des deux côtés de la « ligne verte ».
Dans un contexte où la séparation est perçue comme une valeur quasi-absolue, la perspective d’un vivre-ensemble est éminemment révolutionnaire, et elle passe par la nécessité d’un combat commun.

Pour en savoir plus :


ÉGYPTE – 16 MAI 2015 : 106 PEINES DE CONDAMNATIONS À MORT

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L’ÉGYPTE A BESOIN D’ENTENDRE AUTRE CHOSE QUE « VIVA LA MUERTE »Saïd Djaafer – directeur éditorial du Huffington Post Algérie – le 17 mai 2015;


MARZOUKI LANCE UNE PÉTITION INTERNATIONALE CONTRE LES JUGEMENTS INJUSTES À LA PEINE DE MORT DE DIZAINES D’ACTIVISTES POLITIQUES ÉGYPTIENSgnet.tn – le 26 Mai 2015;


DES PALESTINIENS DÉJÀ MORTS… CONDAMNÉS À MORT EN EGYPTE AINSI QU’UN DÉTENU DEPUIS 19 ANSMalik Tahir – la 17 mai 2015 – Huffpost Maghreb Algérie;


L’ÉGYPTE A BESOIN D’ENTENDRE AUTRE CHOSE QUE « VIVA LA MUERTE »

Saïd Djaafer

directeur éditorial du Huffington Post Algérie

le 17 mai 2015

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« Accablé ». C’est le mot utilisé par un confrère après l’annonce, samedi, des condamnations à mort de masse prononcées par un juge égyptien contre l’ancien président Mohamed Morsi, les hauts dirigeants de l’organisation des Frères Musulmans et de nombreux palestiniens dont des morts et un homme emprisonné depuis près de 20 ans.

Accablement car cela rappelle l’engrenage des années 90 en Algérie et comment dans l’enchaînement des actions et des réactions un processus démocratique est mort et un pays s’est déchirée. Accablement et frayeur de voir que les expériences ne servent à rien.

L’Égypte n’est pas l’Algérie, certes. Mais cela pourrait être pire que nos années 90 dont nous avons grand peine à sortir politiquement et moralement. Le contexte actuel est en effet encore plus anxiogène et plus critique que nos années 90.

Les conséquences d’une situation où des milliers de Frères Musulmans basculeraient dans la violence, faute d’option politique ou de recours -et ils ont hélas la démonstration que la justice n’en est pas un- seraient calamiteuses.

Les explications de la crise algérienne des années 90 -dont on n’est pas sorti- sont variées, elles épousent les divergences idéologiques et les positionnements politiques. Pourtant, les représentants de toutes les tendances en sont revenus et quand ils ne le clament pas publiquement, ils l’admettent en aparté: ce fut un terrible et gigantesque gâchis.

LIRE AUSSI: Égypte: la condamnation à mort de Mohamed Morsi indigne la toile.

Le bannissement de la politique

L’ancien président tunisien et toujours militant des droits de l’Homme, Moncef Marzouki, notre voisin, connait parfaitement cet engrenage où la politique disparaît totalement et donc de la possibilité de négocier et de recréer des consensus. Ce bannissement du politique corollaire d’un choix d’exclusion ne laisse de place qu’au rapport de forces violent et dévastateur.

Marzouki a réagi rapidement au verdict sidérant en condamnant un « jugement politique et injuste ». Au-delà de la solidarité affichée à l’égard de Mohamed Morsi et des condamnés à mort, l’ancien président tunisien met surtout en garde les responsables égyptiens dans cette dérive grave où la justice cesse d’être un recours, un arbitre, pour se transformer en machine de guerre, en instrument à éliminer.

Il n’est pas certains que les responsables égyptiens entendent son « appel à la raison » dans le climat cynisme politico-médiatique qui règne en Égypte et où les faiseurs de propagande ont tendance à s’auto-intoxiquer.

Mais cela n’enlève rien à la justesse de l’appel aux dirigeants égyptiens à « ne pas continuer dans des choix qui ne peuvent apporter que des calamités à l’Égypte que nous aimons et dont nous sommes soucieux de la stabilité ».

Moncef Marzouki appelle à ne pas commettre l’irréparable -l’exécution des peines de morts- et à engager une « politique de réconciliation nationale pour préserver la paix sociale et la vraie sécurité ».

L’ancien président tunisien en a profité pour affirmer en direction de l’ensemble des peuples, des partis et « notamment islamistes » de l’impératif de « bannir la peine de mort de nos pays ».

LIRE AUSSI: Égypte: l’ex-président islamiste Mohamed Morsi condamné à mort.

Une justice à télécommande

« Ces nouveaux drames confirment que la peine capitale est justifiée par le besoin de punir les crimes » mais que son « but principal était et reste la vengeance politique, de classe » et une volonté de « terroriser les peuples pour maintenir l’oppression ».

Les dégâts de la peine de mort « sont énormes » alors que ses résultats contre le crime sont négligeables, a-t-il affirmée, appelant à rejoindre rapidement le « club des États démocratiques et des peuples civilisés qui ont banni la peine de mort ».
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Moncef Marzouki n’est pas un islamiste, c’est un vieux militant des droits de l’Homme. Sa parole est précieuse à un moment où les politiques menées en Égypte sont entrain de miner profondément et dangereusement le tissu social.

Il est également salutaire de voir que des égyptiens marqués à gauche se positionnent avec force contre ce verdict.

C’est le cas des « Socialistes révolutionnaires » égyptiens qui soulignent dans un communiqué que leurs divergences avec les Frères Musulmans ne les empêcheront pas de dénoncer des condamnations de masses sans « précédent dans l’Histoire de l’Égypte contemporaine ». C’est « un verdict catastrophique » qui montre que la justice est « gérée par la télécommande ».

Il n’est jamais trop tard pour stopper un enchaînement d’actions et des réactions qui finissent par créer leurs propres dynamiques destructrices. Il est bon que des hommes comme Marzouki et des militants de gauche le disent. L’Égypte a besoin d’entendre autre chose que les sinistres « Viva La Muerte ».

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LIRE AUSSI SUR LES BLOGS: Les pays nord-africains sont-ils condamnés à vivre sous la dictature?

Sources: Huffpost Maghreb Algérie

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MARZOUKI LANCE UNE PÉTITION INTERNATIONALE CONTRE LES JUGEMENTS INJUSTES À LA PEINE DE MORT DE DIZAINES D’ACTIVISTES POLITIQUES ÉGYPTIENS

gnet.tn
publié le Mardi 26 Mai 2015

Des politiciens, hommes de culture, activistes de la société civile, universitaires, journalistes, syndicalistes et acteurs sociaux lancent une pétition internationale suite aux jugements injustes à la peine de mort contre des dizaines d’activistes politiques égyptiens, à leur tête l’ancien président, Mohamed Morsi, jugé en violation des dispositions prévues dans la constitution.

Les signataires dénoncent dans cette pétition parue sur la page officielle, de l’ancien président, Moncef Marzouki, les jugements à la peine capitale et tous les procès politiques en Egypte, et condamnent l’exécution de six jeunes sans avoir bénéficié d’un jugement équitable.

Ils appellent les autorités égyptiennes à surseoir aux jugements et à mettre un terme à la répression contre les activistes politiques.

Ils mettent en garde contre la violence et l’escalade pouvant découler de ces jugements, ce qui prépare le terrain à une guerre civile, dont seuls les ennemis de la démocratie et de la stabilité profiteront.

Ils appellent l’ensemble des forces vives en Egypte à se rassembler autour d’un dénominateur commun national et fédérateur, et à unifier les efforts pour sauver l’Egypte, et baliser le terrain à la reprise du processus de transition démocratique.

Ils appellent les sages de la nation, les amis du peuple égyptien parmi les libres de ce monde défenseurs de la démocratie, des droits de l’Homme, et du droit des peuples à choisir leur régime et dirigeants, à une action rapide, forte et efficiente pour suspendre ces jugements, aider le peuple égyptien à la transition démocratique et lui épargner les affres de la guerre civile.

Pour signer cette pétition, il convient d’envoyer un mail à l’adresse suivante petition.masr@gmail.com , en indiquant le nom complet, la qualité, l’organisme et le pays.
Gnet

Ci-après le texte de la pétition dans sa version originale :

عريضة دولية

على اثر الأحكام الظالمة بالإعدام على العشرات من الناشطين السياسيين المصريين وعلى رأسهم الدكتور محمد مرسي أول رئيس منتخب ديمقراطيا والمحاكم اليوم دون احترام للإجراءات المنصوص عليها في الدستور، وما يمكن أن ينجرّ عن هذه الأحكام من انزلاق نحو العنف والاحتراب الأهلي في مصر في سياق وضع اجتماعي شديد الاحتقان، فإنّنا نحن السياسيين والمثقفين ونشطاء المجتمع المدني والمجال العام حقوقيين وجامعيين وإعلاميين ونقابيين وفاعلين اجتماعين، نعبّر عن:

تنديدنا بأحكام الإعدام وشجبنا لكل المحاكمات السياسيّة في مصر، واستنكارنا الشديد لتنفيذ أحكام الإعدام في حق 6 من الشباب لم يحظوا بمحاكمة عادلة،

دعوة السلطات المصريّة إلى إيقاف الأحكام وما يتعرّض له الناشطون السياسيون من قمع وسجن وتشريد بسبب تمسكهم باستحقاقات ثورة 25 ينايرفي الحريٌة والكرامة.

تحذيرنا ممّا يمكن أن ينجرّ عن هذه الأحكام من تصعيد للعنف يمهّد لحرب أهليّة لن يستفيد منها إلاّ أعداء الديمقراطيّة والاستقرار.

دعوة كلّ قوى المجتمع المصري من أحزاب سياسيّة وقوى مدنية وروابط شبابيّة ومراجع فكريّة وثقافيّة وأخلاقيّة إلى الالتقاء حول مشترك وطني جامع وتوحيد الجهود لإنقاذ مصر ومنع الانزلاق نحو العنف والانتقام والتمهيد لاستئناف مسار الانتقال الديمقراطي.

دعوة العقلاء في الأمّة وكلّ أصدقاء الشعب المصري من أحرار العالم المدافعين عن الديمقراطيّة وحقوق الإنسان وحق الشعوب في اختيار حكّامها وأنظمتها إلى التحرّك السريع والقويّ والفعّال لإيقاف هذه الأحكام ومساعدة الشعب المصري على الانتقال إلى الديمقراطيّة وتجنيبه ويلات الحرب الأهليّة
***********************
التوقيع
الرجاء توقيع العريضة عبر إرسال رسالة الى البريد الالكتروني التالي:
petition.masr@gmail.com
فيها المعطيات التالية:
الاسم الكامل – الصفة – الهيكل – الدولة.

Sources:

PALESTINE- 15 MAI 1948: LA NAKBA

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PALESTINE LE 15 MAI 1948: LA NAKBAVidéo de Youssef Boussumah – mai 2014 – YouTube


L’ESPOIR DU RETOUR EN PALESTINE: LES RÉFUGIÉS D’AL-JALIL TRACENT LE CHEMINAssawra – Fadwa Nassr – le 14 mai 2015;


VIDÉO
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par Youssef Boussoumah

SOURCES:

  • YouTube le 15 mai 2014

    https://www.youtube.com/watch?v=R9ppmSJGb2Y
  • blog algerieinfos-saoudi:

    http://www.algerieinfos-saoudi.com/2015/05/15-mai-1948-la-nakba.html

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L’ESPOIR DU RETOUR EN PALESTINE:
LES RÉFUGIÉS D’AL-JALIL TRACENT LE CHEMIN

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« Dix jours après le départ forcé de la population d’al-Nahr, la Haganah a attaqué ce joli village. Elle n’y a trouvé que 16 vieillards âgés entre 80 et 90 ans, et deux hommes handicapés.. Mohamad Akr et Mohammad Raghib. Elle les a tous rassemblés dans un lieu et a tiré sur eux, et les a laissés noyés dans leur sang…

Ce témoignage fut rapporté par Tawfiq Raghib Salim, qui s’était caché dans les vergers aux alentours, et qui est entré au village après qu’ils (les sionistes) se soient retirés. Il a enseveli les morts.. Cet homme est resté pendant deux mois, vivant dans les vergers pendant la journée et dormant au village la nuit. Puis, n’ayant plus d’espoir de rester, il prit la route, de nuit, vers Tarshiha puis au Liban, où sa famille l’avait devancée.

Puis les sionistes ont fait exploser toutes les maisons du village et détourné l’eau des sources du village vers un lieu inconnu. Le village et ses vergers sont restés sans eau. Ceci est un clair exemple de ce qui s’est passé dans la région de Akka et de ce qu’a commis la Haganah ».

D’autres témoignages récemment publiés rapportent que les Palestiniens ont d’abord fui leurs villages, lorsque ces derniers étaient attaqués par les sionistes et l’armée britannique, mais sans quitter le pays, où ils sont restés des mois parfois à le parcourir, vivant dans les vergers des villages non encore attaqués, dans l’espoir de retourner chez eux.

Certains villageois sont même retournés chez eux, au cours de ces mois de 1948, où ils ont cueilli les olives et les autres fruits, bravant les groupes sionistes qui encerclaient les villages, avant de les envahir. Certains villageois ont même été tués, parce qu’ils avaient refusé de se soumettre aux ordres et ont continué à travailler dans leurs terres.

Ce genre de témoignages doit être multiplié par mille, concernant seulement les réfugiés de la région d’al-Jalil, situé au nord de la Palestine.

L’encyclopédie « Pour ne pas oublier » (Kay lâ Nansa) publiée il y a presque deux décennies cite 416 villages palestiniens entièrement détruits par les hordes sionistes.

Dans al-Jalil, les régions de Safad et de Tabaraya furent entièrement vidées de leur populations : outre les deux villes, Safad et Tabaraya dont les pittoresques maisons furent prises d’assaut par les colons, 77 villages de la région de Safad et 25 villages de la région de Tabaraya disparurent de la carte sioniste. A leur place, s’installèrent des colons venus d’ailleurs.

Ces villages étaient non seulement habités, mais en expansion et développement, avant l’occupation britannique puis la colonisation sioniste. Les centaines de témoignages des réfugiés sur la vie quotidienne, les relations sociales, économiques, culturelles et politiques, de la population palestinienne d’al-Jalil indiquent l’ampleur du crime perpétré par les hordes sionistes et la communauté internationale d’alors, les puissances occidentales et leurs valets dans le monde, à l’encontre du peuple palestinien.

Les villages de Loubié et Shajara, dans la région de Tabaraya, les villages de Taytaba, Naamé ou Khalissa, dans la région de Safad, les villages de Bassa, Kweikat, Shaab dans la région de Akka, n’existent plus sur la carte sioniste, mais existent toujours et de plus en plus intensément, dans la mémoire de leur population, réfugiée dans les camps du Liban et de Syrie, ou parmi les « réfugiés internes » vivant en Palestine occupée.

Après avoir commis des centaines de massacres, et notamment dans les villages d’al-Jalil (al-Jish, Safsaf, Majd al-Koroum, Salha) et expulsé les Palestiniens, l’entité coloniale sioniste a changé les noms des lieux, transformé le paysage (en plantant parfois des forêts), rasé tout ce qui pouvait en rappeler la vie, sans cependant gagner la bataille car pour les réfugiés, ce qui existe aujourd’hui, c’est ce qui existait avant 1948 : al-Jalil et ses villages, les colonies implantées n’étant que des décors passagers d’une tragédie qui doit prendre fin.

Si les témoignages rassemblés au cours de ces dernières années restent ceux des Palestiniens ayant vécu en Palestine avant l’exil, même pour quelques années, c’est-à-dire aujourd’hui des vieux et des vieilles qui ont pris le chemin de l’exil, pourchassés par les hordes coloniales, il n’en demeure pas moins que leur mémoire a été transmise, et que leurs descendants savent qu’ils appartiennent à ces lieux et à cette région, et à la Palestine.

Et ils savent surtout qu’ils y retourneront, et que ni les sionistes, ni les puissances occidentales, ni la communauté internationale, ne les en empêcheront.

Car la Palestine vers laquelle ils tendent et celle pour laquelle ils luttent, n’est pas celle de l’Autorité Palestinienne, où al-Jalil et d’autres régions en sont exclues. Elle n’est pas non plus celle « d’un seul Etat » où les colons partageraient à égalité le pays et ses ressources avec les Palestiniens. Elle sera celle issue de la résistance et de la libération, celle d’une Palestine retournée à son environnement arabo-islamique, où le terme même « d’Israël » disparaîtra. Même un siècle de colonisation ne peut effacer la civilisation et l’histoire d’al-Jalil et des autres régions de la Palestine occupée, d’autant plus que la tentative de les remplacer par des mythes juifs inventés de toutes pièces a échoué.

L’éclat apparent de l’entité coloniale, les colonies implantées en Palestine, le nombre des colons qui y vivent, l’armée sophistiquée qui mène les guerres destructrices, l’industrie de pointe qui gagne des marchés dans le monde, tout cela ne peut cacher ni faire oublier que l’entité coloniale, soutenue et encouragée par les puissances impériales dans le monde, est bâtie sur des massacres, qui se poursuivent jusqu’à présent, sur des expulsions, des crimes, des pillages de terres et de propriétés et sur une terrible répression militaire de toute une société, sans oublier la nature raciste de l’idéologie sioniste, fondatrice de l’entité, ni sa nature expansionniste visant à dominer la région. Pendant combien de temps une telle entité peut-être survivre dans un environnement hostile ? Ou plutôt, sa survie ne dépend-elle pas de la destruction de cet environnement arabo-musulman ? Ce qui veut dire que la lutte entre l’entité coloniale sioniste et son environnement n’est pas une simple guerre de frontières à dessiner, mais une lutte pour que le monde arabo-musulman soit libéré des chaînes de son assujettissement.

C’est en cela que la Palestine, et al-Jalil par-dessus tout pour les réfugiés, restent au cœur de notre libération. Et c’est parce que al-Jalil vit encore et toujours dans nos cœurs que nous avons espoir de la libérer.

Fadwa Nassar

Jeudi, 14 mai 2015

Sources: Assawra

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JÉRUSALEM : DU MYTHE AU NETTOYAGE ETHNIQUE

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Pierre Stambul

Assawra

le 17 avril 2015

Le 7 juin 1967, l’armée israélienne s’emparait de Jérusalem Est. Cette conquête fut sanglante. Les lieux où, par centaines, les soldats jordaniens sont tombés, ont été nettoyés et leur mémoire a été oubliée.

Les sionistes fêtent le 7 juin, niant plus que jamais l’histoire, la dignité et la mémoire du peuple palestiniens. C’est ainsi qu’aura lieu le 7 juin 2015 à Montpellier la 39e journée de Jérusalem. Ces festivités négationnistes sont indignes.

Dans son livre «Comment la terre d’Israël fut inventée», l’historien israélien Shlomo Sand, qui faisait son service militaire, décrit le messianisme dévoyé qui s’empare de l’armée et de la population israéliennes au moment de la conquête.

L’annexion

Par milliers, croyants ou pas, les Israéliens affluent au Mur des Lamentations, qui est le vestige du mur de soutènement (dit mur occidental) du deuxième temple détruit par Titus en 70 après Jésus-Christ. Pourtant, il semble bien que ce mur ait été construit très peu de temps auparavant, alors que la Judée avait déjà été totalement soumise par les Romains, ce qui rend peu compréhensible sa valeur symbolique.

Dès la prise de Jérusalem Est, la chanson « Yéroushalayim shel zahav » (= Jérusalem d’or) de Naomi Shemer, devient un « tube » mondial. Le dernier couplet célèbre « la réunification » de Jérusalem.

Très vite, la ville est annexée par un vote de la Knesset (le Parlement israélien) et Jérusalem devient par ce texte la « capitale indivisible » de l’Etat d’Israël (statut qui ne sera pas reconnu par la grande majorité des pays). La propagande présentera désormais Jérusalem comme le symbole exclusif du judaïsme. La partie annexée est 10 fois plus grande que la Jérusalem jordanienne : elle va de Ramallah à Bethléem et coupe en deux la Cisjordanie rendant impossible tout « Etat palestinien » sur le reste des territoires occupés. Ce « grand Jérusalem » annonce déjà la colonisation.

Du mythe à la réalité

Les fondateurs du sionisme, dans leur majorité, n’étaient pas croyants. Mais ils ont utilisé la Bible comme un livre de conquête coloniale. Ils ont considéré que les faits décrits dans la Bible étaient des événements historiques qui justifiaient leur « retour » après un long exil. On sait aujourd’hui que cette théorie de l’exil et du retour est une fiction.

En ce qui concerne Jérusalem, les faits décrits dans la Bible concernant le «royaume unifié» de David et Salomon sont tout à fait légendaires. L’archéologie est têtue : à l’époque présumée de ce royaume, Jérusalem était un village de l’âge de fer d’au plus quelques centaines d’habitants. Le grand temple, la reine de Saba, c’est une belle histoire, mais c’est une légende. S’il y a eu un roi David, c’était tout au plus un conducteur de troupeaux. Pourtant aujourd’hui, dans le quartier palestinien de Silwan, on détruit des maisons, on expulse par milliers les habitants, on arrête les résistants au nom du roi David. L’occupant a déclaré que ce grand roi avait vécu là. Alors on construit la maison du roi David, le parc du roi David, le musée du roi David et on « judaïse » ce quartier à coup de bulldozers et d’expéditions policières punitives.

Pour essayer de «prouver» que les archéologues et les historiens ont tort de nier l’historicité du récit biblique, le gouvernement israélien multiplie les provocations en creusant des tunnels sous l’esplanade des mosquées. Tout ce qui est découvert est très antérieur ou très postérieur à la période mythique.

Jérusalem et les Juifs

Après l’écrasement de la dernière grande révolte juive (Bar-Kokhba, 135 après Jésus-Christ), la ville a été rasée et interdite aux Juifs. La population de la région s’est en majorité convertie au christianisme, puis, après la conquête arabe du VIIe siècle en majorité à l’islam. Après la prise de la ville par les Arabes en 637 après Jésus-Christ, le calife Omar a autorisé les Juifs, jusque là bannis par les Byzantins, à revenir à Jérusalem.

Deux mosquées (al-Aqsa et le Dôme du Rocher) ont été construites sur la colline où se trouvait le temple détruit et la ville est devenue un lieu saint de l’islam.
Le christianisme a fait de Jérusalem un symbole. Les pèlerinages chrétiens se sont multipliés et la « délivrance du Saint-Sépulcre » a servi de prétexte aux Croisades.

Pour les Juifs, rien de semblable. Quasiment aucun pèlerinage. La religion juive est une religion messianique de l’exil. Pour les Juifs orthodoxes (harédis), le retour à Jérusalem avant l’arrivée du Messie est interdit. « L’an prochain à Jérusalem », ça ne veut pas dire « ôte-toi de là que je m’y mette, je vais construire un Etat à Jérusalem », ça exprime simplement le souhait de l’arrivée prochaine du Messie.

Après 1492, quand les Juifs chassés d’Espagne sont accueillis par l’empire ottoman, leurs principales destinations seront Salonique, Smyrne, Sarajevo.
Certains s’installeront en Galilée (à Safed) mais pas à Jérusalem qui est une conquête récente ottomane.

C’est vers 1800 que quelques Juifs venus principalement de Pologne ou du Maroc s’installent à Jérusalem. Ils sont très religieux et se regroupent dans le quartier de Méa Sharim.

La propagande sioniste essaie aujourd’hui de dire à coup de pseudo recensements, que les Juifs sont majoritaires à Jérusalem depuis 200 ans. Double invention. La mère de Leila Shahid, Sirine Husseini (décédée en 2008) décrit la municipalité de Jérusalem que dirigeait son père où musulmans, chrétiens et juifs cohabitaient en bonne intelligence au conseil municipal. Les Juifs palestiniens n’étaient pas sionistes, ils craignaient que cette idéologie n’affecte les bons rapports qu’ils avaient avec les musulmans et les chrétiens.

D’un nettoyage ethnique à l’autre

Le plan de partage de 1947 avait prévu que Jérusalem serait internationalisé (au milieu de l’Etat palestinien) et serait la ville sainte des 3 grandes religions monothéistes. Depuis les années 30, il y avait un accord secret de partage de la Palestine entre les sionistes et la dynastie hachémite (le roi de Jordanie, lire à ce sujet La guerre de 1948 en Palestine d’Ilan Pappé). C’est parce que la future armée israélienne violait cet accord en attaquant un à un tous les villages palestiniens entre Tel-aviv et Jérusalem que la légion arabe jordanienne est entrée en guerre. Le 9 avril 1948, les milices fascistes de l’Irgoun (dirigée par Menachem Begin) et du groupe Stern (dirigé par Yitzhak Shamir) ont massacré la population civile du village de Deir Yassin situé à 5 Km du centre de Jérusalem. Le but était de provoquer l’exode de la population palestinienne. Quand la guerre a éclaté officiellement le 15 mai 1948, la quasi-totalité des Palestiniens habitant l’Etat donné par l’ONU aux Juifs avaient déjà été contraints à l’exil.

Deir Yassin fait partie des centaines de villages palestiniens rayés de la carte. C’est en face de là que les Israéliens ont construit le musée du génocide nazi Yad Vashem. Sur le territoire de Deir Yassin, il y a aujourd’hui le « nouveau quartier » de Givat Shaul. Le tunnel routier qui passe en dessous s’appelle Menachem Begin (du nom de l’assassin). Et les victimes de l’attentat antisémite de la Porte de Vincennes ont été enterrées au cimetière de Givat Shaul. Quel symbole !

Pour avoir les mains libres à Jérusalem, les terroristes du groupe Stern assassinent le 17 septembre 1948 le représentant de l’ONU Bernadotte et son adjoint, le colonel Sérot. Les assassins parfaitement identifiés seront intégrés dans le premier gouvernement israélien d’union nationale.

Jérusalem Ouest, agrandi avec les « nouveaux quartiers », est vidée de toute présence palestinienne. Des nouveaux immigrants s’y installent.

Au moment de l’armistice de 1949, la partie Est de Jérusalem échappe aux Israéliens. Elle contient la vieille ville et quelques quartiers autour. Jérusalem-Est est annexée par la Jordanie. Il n’y a qu’un seul point de passage (surtout pour les pèlerins) entre les deux parties de la ville, c’est la porte Mandelbaum. Et pour accéder à Jérusalem Ouest, malgré les nombreux villages rasés, les Israéliens doivent contourner l’enclave de Latrun restée jordanienne.

En 1949, Ben Gourion avait été accusé par la « droite sioniste » de ne pas avoir conquis toute la Palestine mandataire. Il s’était justifié en expliquant que ce n’était que partie remise. En juin 1967, les sionistes sont maîtres de toute la Palestine. Environ 250000 Palestinien-ne-s sont expulsé-e-s, s’ajoutant aux millions de réfugié-e-s. Et à Jérusalem Est, le nettoyage commence.

Effacer la présence et la mémoire palestiniennes

Dès la conquête, la vieille ville est séparée en quatre « quartiers » : chrétien, arménien, musulman et juif. Dans le quartier juif, toute la population palestinienne est expulsée. Elle est remplacée par des riches venus d’Israël ou des Etats-Unis.

On trouve dans ce quartier juif qui jouxte le Mur des Lamentations un musée sur les gens expulsés en 1948 et leur martyr. Il ne s’agit pas des 800000 Palestinien-ne-s chassé-e-s au moment de la Nakba, mais des quelques centaines de Juifs qui vivaient dans la partie de la Palestine qui a été jordanienne entre 1948 et 1967. La manipulation de la mémoire est en marche.

Très vite, les Israéliens vont réquisitionner des terres qu’ils affirment « vacantes » pour construire des « nouveaux quartiers ». Ils ont pour nom Ramot, Atarot, Gilo, Pisgat Zeev et, plus loin du centre, Gush Etzion et Maale Adoumim.

Har Homa était une splendide forêt entre Bethléem et Jérusalem. Elle a mystérieusement brûlé le premier jour des discussions entre Yasser Arafat et Ehud Barak. C’est aujourd’hui une colonie en pleine extension, prévue pour 30000 habitants et qui sépare totalement Bethléem de Jérusalem.

La judaïsation de Jérusalem Est recevra une aide extérieure : ce sont des capitalistes français (Alstom et Véolia) qui construiront le tramway reliant Pisgat Zeev au centre ville. Ce sont les Chrétiens sionistes américains (d’authentiques antisémites) qui financeront la construction de Maale Adoumim. Cette luxueuse colonie de 40000 habitants domine le désert de Judée, coupe en deux la Cisjordanie en rendant impossible tout Etat palestinien viable et pille l’eau de la région. Elle servira aussi de prétexte à l’expulsion des Bédouins qui ont toujours vécu le long de la route qui descend à Jéricho et à la confiscation de leurs terres.
Avec les accords d’Oslo, la « Maison d’orient » dirigée par Fayçal Husseini (décédé en 2001) était censée défendre les droits des Palestiniens de Jérusalem.

Ceux-ci ont « bénéficié » d’un statut à part après 1967 : ni citoyens, ni étrangers mais « résidents ». Ils bénéficient de la plaque orange sur les voitures qui leur permet de se déplacer plus facilement. Ils disposent du droit de vote aux élections municipales (ils ne s’en servent pas car ils ne reconnaissent pas l’annexion) mais pas aux élections nationales. Tout est fait (notamment le prix des loyers et l’impossibilité pour eux de construire des logements) pour les pousser à quitter Jérusalem et donc à perdre leur statut de résident.

Ariel Sharon avait compris l’enjeu que représente Jérusalem. Il avait acquis une maison en plein « quartier musulman » de la vieille ville avec plein de drapeaux israéliens et la présence pesante de nombreux soldats. C’est à Jérusalem, sur l’esplanade des mosquées le 28 septembre 2000, qu’il a fait la provocation qui a déclenché la deuxième Intifada et l’a mené au pouvoir.

En 2001, la maison d’Orient a été fermée.

Dans toutes les négociations (qui étaient en fait des demandes de capitulation) entre Israéliens et Palestiniens, les premiers sont restés « inflexibles ». Même les travaillistes ont signifié que tous les « nouveaux quartiers » resteraient israéliens et ils ont proposé qu’Abu Dis (petite ville palestinienne incluse dans le grand Jérusalem et séparée de la ville par le tracé du mur) devienne la capitale de l’Etat palestinien.

Jérusalem, ville de résistance

Aujourd’hui il y a un peu moins de 300000 habitants à Jérusalem-Ouest et un peu plus de 500000 à l’Est. Les Palestinien-ne-s sont à peine majoritaires dans ce qui aurait dû être en théorie la capitale de leur Etat.

Les attaques sont incessantes dans les quartiers palestiniens et on parle d’une troisième Intifada qui commencerait à Jérusalem. La tension est extrême dans tous les quartiers :

  • Silwan où, depuis 1991, des centaines de colons intégristes sont installés, provoquant la bunkerisation du quartier et une répression permanente contre la population. À plusieurs reprises des enfants ont été arrêtés.
  • Cheikh Jarrah, quartier envahi par des colons depuis 2000 et bien sûr la cour suprême leur a donné raison. Dans ces deux quartiers, des comités de citadins organisent la résistance
  • La vieille ville. Depuis longtemps, une secte intégriste menace de dynamiter l’esplanade des mosquées pour reconstruire le Temple. Jusque-là, ils ne pouvaient pas accéder à l’esplanade. En les laissant parader et revendiquer le droit pour les Juifs de venir prier au mont du Temple, Nétanyahou les utilise pour provoquer des violences quand il le décide.
  • C’est dans le quartier palestinien de Chouafat qu’un jeune Palestinien de 16 ans, Mohamed Abou Khdeir a été brûlé vif par des colons quelques jours avant le début de l’attaque contre Gaza en juillet 2014.
  • C’est à Jérusalem qu’une école mixte pour Juifs et Arabes a été incendiée et couverte de slogans racistes : «mort aux Arabes, stop à l’assimilation ».

Alors non. Jérusalem n’est pas la « capitale indivisible » d’un Etat juif qui opprime les non-Juifs. Cette ville appartient à tout le monde, croyants de toutes les religions ou non-croyants. C’est à Jérusalem que doit être imposée la seule solution raisonnable à cette guerre séculaire : l’égalité totale des droits et le vivre ensemble.

Pierre Stambul,
Avril 2015


LES OCCIDENTAUX NE COMPLOTENT PAS, ILS « EXPÉRIMENTENT »

DR

Le grand boulevard ouvert aux «djihadistes» par les Américains en 2003 a continué de s’élargir, au vu et au su de tous. Daech n’est pas une surprise mais une conséquence logique, peut-être «non souhaitée», d’une démarche politique vicieuse dont la finalité semble bien être le démantèlement de l’Irak.

Cela se fait, aussi, pour la Syrie où les Occidentaux font mine d’être surpris que la «bonne opposition» est débordée. Et on ne sort d’ailleurs pas de ces schémas. A la situation, épouvantable, dans laquelle se trouve la Syrie où le Daech a sa direction, que propose le Pentagone? Il nous faut 12.000 à 15.000 «rebelles syriens» pour combattre le Daech? On fait mine d’oublier que le Daech ou le Front Al-Nosra sont constitués de ces rebelles «soutenus» hier et qui sont devenus les «ennemis» d’aujourd’hui. On mène une politique qui fabrique le Daech et on œuvre à fabriquer un traitement qui peut, lui aussi, muter en un autre Daech.


« La destruction de l’Etat irakien par les Etats-Unis était l’acte de naissance futur du Daech. La « reconstruction » menée sous l’égide des Américains s’est fondée, délibérément, sur une démarche qui a alimenté le sectarisme et les divisions ».

[

M. Saadoune

Le Quotidien d’Oran – éditorial

le 28 septembre 2014

->http://www.lequotidien-oran.com/?news=5203896]

[

repris sur le blog algerieinfos-saoudi

le 28 septembre 2014

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/2014/09/les-occidentaux-ne-complotent-pas-ils-experimentent.html]

Les Occidentaux ont l’art, d’une efficacité de moins en moins probante, de faire des choses qui provoquent des dégâts et d’en rendre les autres responsables. Et on est réellement fatigués de devoir expliquer à chaque fois que souligner leur très grande responsabilité ne relève pas du déni des «Daech» qui sont en nous ou d’une théorie de la conspiration.

Le monde arabe est travaillé par des dynamiques contradictoires et celle de la régression, sans être irrésistible, est puissante. Cette régression est soutenue par nos dictatures et nos autoritarismes qui ne cultivent pas l’ouverture mais l’enfermement même si les castes dirigeantes vivent, physiquement, dans les pays occidentaux. Il y a chez les élites au pouvoir dans le monde arabe un mélange de mépris, de violence et d’incapacité à prévoir qui ne peut qu’annoncer les catastrophes. Et ces élites, parce qu’elles ne sont pas comptables devant des peuples-électeurs souverains, n’ont pas de vrais agendas nationaux. Leur responsabilité est grande dans les dégâts qui se commettent avec des pays qui se défont et se détruisent. On doit le souligner avec force. Mais cela n’est pas une raison d’occulter la part, décisive, des Occidentaux dans ce qui arrive dans le monde arabe.

Les Occidentaux sont en train de vendre l’idée que le Daech est une menace «nouvelle», à nulle autre pareille, et qu’elle exige une mobilisation mondiale contre lui. Barack Obama n’a pas repris le slogan bushien qui «n’est pas avec nous est contre nous», mais c’est tout comme. On est dans un jeu où plus l’assertion est énorme et plus on croit qu’elle passe. Il n’y a pas à contester que les gens du Daech sont des personnages sinistres et abjects. Et qu’ils sont, au fond, l’aboutissement d’un abrutissement orchestré depuis des décennies par les grands moyens de l’Arabie Saoudite et des monarchies du Golfe.

Mais ces constats généraux, justes, ne dispensent pas de rappeler, de manière factuelle, que la destruction de l’Etat irakien par les Etats-Unis était l’acte de naissance futur du Daech. La «reconstruction» menée sous l’égide des Américains s’est fondée, délibérément, sur une démarche qui a alimenté le sectarisme et les divisions. Cela fait dix ans que dans ces colonnes, on fait les constats d’une entreprise systématique de destruction de l’Irak par l’injection du poison sectaire. Les Saoudiens et les autres monarchies l’ont fait au nom de l’impératif de s’opposer à «l’arc chiite». Al-Maliki, appuyé par l’Iran, a également joué un rôle d’accélérateur.

Le grand boulevard ouvert aux «djihadistes» par les Américains en 2003 a continué de s’élargir, au vu et au su de tous. Daech n’est pas une surprise mais une conséquence logique, peut-être «non souhaitée», d’une démarche politique vicieuse dont la finalité semble bien être le démantèlement de l’Irak.

Cela se fait, aussi, pour la Syrie où les Occidentaux font mine d’être surpris que la «bonne opposition» est débordée. Et on ne sort d’ailleurs pas de ces schémas. A la situation, épouvantable, dans laquelle se trouve la Syrie où le Daech a sa direction, que propose le Pentagone? Il nous faut 12.000 à 15.000 «rebelles syriens» pour combattre le Daech? On fait mine d’oublier que le Daech ou le Front Al-Nosra sont constitués de ces rebelles «soutenus» hier et qui sont devenus les «ennemis» d’aujourd’hui. On mène une politique qui fabrique le Daech et on œuvre à fabriquer un traitement qui peut, lui aussi, muter en un autre Daech.

DR
Parlant de la Libye, l’écrivain et ancien ambassadeur français, Jean-Christophe Rufin, a noté qu’il était dangereux de penser «qu’il faut faire quelque chose sans réfléchir à ce que l’on fera après. On l’a fait ces dernières années en Libye et un peu partout. On fait tomber un dictateur, et on laisse le chaos derrière nous. Cela n’a pas de sens». En réalité, c’est bien la démarche. On lance les choses et on ne se soucie pas de ce qui peut arriver, sachant -et cela est historiquement prouvé- que les seules dynamiques vertueuses sont celles qui viennent des sociétés elles-mêmes. Une révolution, une démocratie ne s’exportent pas. Cela ne relève que de la manipulation et de la violence.

Les Occidentaux ne complotent jamais -ces termes sont réservés aux Russes et aux autres Chinois- mais ils «expérimentent». Et quand ils fabriquent un monstre, ils laissent croire que c’est de la génération spontanée. Après tout, ceux qui souffrent de ces expérimentations, ce ne sont que des femmes, des enfants et des hommes de lointaines contrées.

Source: Le Quotidien d’Oran

ECLAIRAGE SUR GAZA… SANS COMMENTAIRE

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L’ALGÉRIE, LE GAZ ET ISRAËL

Rabha Attaf رابحة عطاف

À première vue, l’information a de quoi surprendre. Mais elle émane du très sérieux Observatoire italien, « La lettre confidentielle de l’Adriatique et de la Baltique ». Autant dire une source sûre, car ce genre de publication économique -dont l’abonnement ou le prix à l’article est conséquent- est avant tout destiné aux experts et aux investisseurs. Les informations qui y sont publiées relèvent en effet de «l’intelligence économique» et, à ce titre, sont passées au crible de la vérification avant d’être diffusées.

De quoi s’agit-il donc? D’après un article publié le 31 juillet dernier par l’Observatoire italien, l’Algérie commencerait à livrer du gaz à Israël à compter du 1er août. Bien sûr, pas directement, mais via l’Égypte dont les gazoducs d’Al-Arish, dans le nord-Sinaï, alimentent Israël. Le contrat prévoit l’importation par l’Égypte d’environ 500 millions de m3 de gaz algérien par jour, grâce à un financement des Émirats Arabes Unis.

Le gazoduc sous-marin d'El Arish à Ashqelon récupère au passage le gaz volé par Israël aux Gazaouis

Après la visite éclair du maréchal Al-Sissi à Alger, le 25 juin dernier, des fuites concernant ce contrat gazier à des prix préférentiels -la moitié du prix du marché- avaient commencé à circuler. Auparavant, début mai, une source haut placée au ministère égyptien de l’Énergie avait indiqué que l’Algérie avait accepté d’envoyer en urgence six livraisons de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’Égypte et qu’un accord entre l’Egyptian Natural Gas Holding Company serait signé avec le groupe public algérien Sonatrach. L’Égypte, dont les relations avec le Qatar sont au plus bas, doit importer 400 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour pour faire fonctionner ses centrales électriques durant la délicate période estivale. Le surplus de gaz algérien serait donc livré à Israël, selon différentes sources rapportées par le journal égyptien Al-Osbou’ et le quotidien algérien Al-Chorouk.

Mais pour comprendre la nature réelle de ce contrat, il est nécessaire de se plonger dans les réseaux de corruption qui ont la mainmise sur les contrats gaziers entre l’Égypte et Israël.

La convention de livraison de gaz à Israël par l’Égypte remonte à 2005, et avait été suspendue par le président Mohamed Morsi, peu après son élection, dans le cadre d’un programme de lutte contre la corruption.

Ce contrat, unique en son genre, portait sur la livraison de 1,7 milliards de m3 de gaz naturel pendant 20 ans. Et à un prix défiant toute concurrence! À savoir entre 70 cents et 1,5 dollar par million de BTU (l’unité anglaise de mesure de la quantité de l’élévation de la température de un degré Fahrenheit à pression atmosphérique constante); et pour un prix de revient pour la compagnie israélienne de 2,5 dollars exemptés d’impôts de la part de l’Égypte.

C’est le contrat de corruption le plus important d’Égypte, le prix le plus bas du marché tournant autour de 8 à 10 dollars le million de BTU! Avec un manque à gagner pour l’Égypte estimé entre 500 million et 1,8 milliards de dollars, selon des experts internationaux.

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Il existait d’ailleurs un précédent à ce type de contrat. En 2000, la société israélienne Egyptian Mediterranean Gas (EMG) avait été créée spécialement, par Hussein Salem et Yossi Maiman, le magnat israélien de l’énergie. Tous deux sont des ex-agents secrets de leurs pays respectifs! Ce contrat, d’une durée de 25 ans, avait été signé sous la supervision de Sameh Fahmy, ministre égyptien du Pétrole entre 1999 et 2011. Arrêté pour son rôle dans l’affaire peu de temps après le soulèvement de janvier 2011, l’ex-ministre a été condamné à 15 ans de prison en juin 2012 tandis que son comparse égyptien, Hussein Salem, l’a été à la même peine mais par contumace, et n’a jamais été extradé. Ils ont été laissés en liberté et leur procès est actuellement en révision.

Après le coup d’État du maréchal Al-Sissi, en juillet 2013 , et son élection à la présidence de la République un an après, il semblerait donc que les autorités égyptiennes aient décidé de reprendre les livraisons de gaz naturel en direction d’Israël.

Mais elles se sont retrouvées confrontée à un problème de taille: l’insuffisance de la production de gaz égyptien, doublée de l’arrêt des livraisons du Qatar pour cause de cessation de paiement, a plongé l’Égypte dans la pénurie énergétique. Résultat : de graves difficultés à approvisionner son marché interne. Depuis 2011, les Égyptiens sont en effet quotidiennement plongés dans le noir. Et cette année, les entreprises de production se voient même dans l’obligation de stopper une fois par jour leurs machines durant cinq heures. C’est dire l’urgence!

Autre difficulté de taille: des plaintes ont été déposées contre l’Égypte devant la Banque Mondiale et des tribunaux internationaux pour rupture de contrat. EMG réclame 8 milliards de dollars et le géant espagnol de l’énergie, Union Fenosa demande 6 milliards de dollars.

Par-dessus le marché, l’Égypte s’est déjà endettée à hauteur de 6 milliards pour le gaz qu’elle a acheté à des compagnies pour son usage intérieur.

Au total, la dette et les engagements de l’Égypte pourraient se monter à 20 milliards de dollars. Ce qui pourrait potentiellement entraîner la banqueroute de l’Égypte, selon l’analyste des énergies Mika Minio-Paluello.

Bref, une sérieuse épée de Damoclès qui explique pourquoi l’Égypte cherche aujourd’hui à se tirer de ce «mauvais pas» en tentant de poursuivre ses livraisons.

Précisons qu’à l’époque de sa signature, ce contrat avait été supervisé par les USA qui le considèrent comme une garantie de l’arrimage de l’Égypte à Israël. Interviewé par Al-Jazeera, Edward Walker, l’ex-ambassadeur US en Égypte, expliquait: «C’est le genre d’accord qui aidait à cimenter le traité [de paix] israélo-égyptien et c’est pourquoi nous avons toujours été très positifs à son sujet sans entrer dans le côté corruption de la chose». Et d’ajouter, concernant justement l’aspect corruption du contrat: «Cela se ramène toujours à ceci: est-ce que ça suffit au bénéficiaire pour arroser tout le monde? Et je pense que la réponse est oui, et c’est pour cela que tout a commencé et qu’on a pu surmonter les problèmes politiques».

En clair, cela signifie que ce sont les réseaux de corruption présents au sein des États – appelés «l’État profond»– qui déterminent l’orientation politique et économique de ces derniers. En l’occurrence, la nature de leurs relations avec Israël. Il ne faut donc pas s’étonner du manque de fermeté de la plupart des pays arabes concernant l’agression israélienne de Gaza!

Dès lors, même si l’Algérie officielle se défend de livrer du gaz à Israël, il n’est pas exclu que des «hommes de l’ombre» activent pour une normalisation des relations économiques entre les deux pays, à défaut d’une normalisation diplomatique au grand jour. Avec, évidemment, la bénédiction du nouvel allié régional, à savoir les USA!

Fraternellement réunis à la 166ème session du Comité militaire de l'OTAN à Bruxelles, des généraux algériens, égyptiens et israéliens côte à côte (janvier 2012)


Merci à med-in-marseille

Source: http://www.med-in-marseille.info/spip.php?article2363

Date de parution de l’article original: 11/08/2014

URL de cette page: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=13033


PERQUISITIONS

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Merci au visiteur de socialgerie de nous avoir adressé ce texte de juin 2006 de Mohamed Chouieb

texte de nouveau et terriblement en pleine actualité

socialgerie, le 11 août 2014


mardi 4 juillet 2006

par Mohamed Chouieb

www.reseauxcitoyens-st-etienne.org

Collectif Liberté Justice Palestine

Jeudi 29 juin 2006 : sur un ton détaché, une voix, je dis une voix car je ne sais même pas s’il y a un être humain derrière elle, évoquait sur France Info l’agression israélienne contre la population de Ghaza. Visiblement déçue de ne pas pouvoir annoncer que des dizaines de cadavres de Palestiniens sont en train de joncher le sol de cette cité martyre, la voix expliquait que Tsahal (l’armée israélienne d’agression et d’occupation pour ce qui ne la connaissent pas par son petit nom) était en train d’effectuer « seulement » des perquisitions.

Quelle banalité et quelle légèreté pour évoquer une chose dont seuls ceux qui ont pu la subir peuvent connaître la terrible violence!

Seulement des perquisitions…

Je me revois enfant pendant la guerre d’Algérie dans ma petite ville de Djidjelli, aujourd’hui Jijel, Petite Kabylie de Babors, un jour d’attentat.
Hurlements de sirènes, fuite éperdue des gens, chacun en direction de son domicile avant que les portes des trois lignes de barbelées entourant la ville ne se referment les unes après les autres. Gare à ceux qui seront pris dans la nasse! Ils sont passibles de tout, responsables de tout! Le tabassage, la prison, la torture et parfois, la mort.

En quelques minutes, il n’y plus personne dans les rues ni dans aucun quartier.

Un silence de mort s’abat sur la ville. Le jour devient nuit, la nuit devient cauchemar. Quelques dizaines de minutes ou des heures peuvent passer, et qui nous semblent une éternité, avant que les bruits de moteurs de camions, des chenilles des engins blindés, les aboiements des chiens policiers et les vociférations de la troupe ne prennent possession de la rue. Et soudain, les martèlements des crosses des fusils contre les portes des maisons et les cris des gens.

Terrés, chacun dans son coin, nous attendions notre tour sans jamais savoir, jusqu’à la fin de la guerre qu’est-ce qu’il fallait faire : verrouiller ou déverrouiller la porte? Si on la verrouille, gare à celui qui ira ouvrir, car Il recevra les coups de crosse des assaillants. Si on la déverrouille, c’est parfois pire, cela veut dire qu’on a laissé la porte ouverte pour pouvoir accueillir facilement les fuyards.

Tout d’un coup, c’est chez nous que ça cogne! un adulte va ouvrir (on habitait toujours à plusieurs familles dans la même maison): irruption d’une demi-douzaine de soldats, bousculant, frappant la personne qui ouvre, vociférations, insultes, fouille. Les petits qui pleurent avec les mamans qui tentent de les calmer .

La perquisition dure quelques minutes et se termine systématiquement par la rafle des adultes, emmenés pour des « vérifications » qui s’effectuent généralement dans le stade municipal où tous les hommes de 16 à 70 ans se retrouvent parqués et confrontés à des indicateurs encagoulés avec des sacs de jute.

Mon père, mon oncle, les voisins arrêtés, nous faisons le point des dégâts.

L’absence de mobilier faisait que les militaires s’acharnaient sur les seuls bien que nous possédions : les jarres de graines de couscous, d’huile d’olive et de viande séchée ainsi que les matelas et couvertures. Combien de couscous perdu parce que mélangé avec l’huile qui s’est renversée, est-ce que les matelas se sont déchirés, est-ce que le pétrole qui s’est échappé de la lampe quand elle a été cassée a souillé la semoule?

Lorsque la perquisition s’est déroulée de jour, il faudra attendre les coups de sirène annonçant la levée du couvre-feu pour pouvoir sortir prendre des nouvelles des autres maisonnées. Si c’est la nuit, il faudra attendre jusqu’au matin dans l’angoisse d’un retour des militaires.

Pendant ce temps, les vérifications et les interrogatoires continuent dans le stade et peuvent durer deux journées entières, sans nourriture et sans eau pour les prisonniers. Et puis, on les voit rentrer un à un, hagards, épuisés physiquement, humiliés et vidés moralement par ce qu’ils ont subi et par la peine qu’ils ont pour ceux qui ne sont pas revenus. Car il y a toujours dans ces cas-là, dix à vingt personnes qui sont transférées à la DOP pour interrogatoire poussé, appelé plus communément torture et dont certains, comme deux de nos voisins, ne reviendront jamais.

J’ai lu des articles de journaux décrivant les perquisitions et les rafles en Palestine. Mon Dieu! Quelle similitude avec les méthodes de la guerre d’Algérie! On voit bien que la France ne s’est pas seulement contentée de vendre la technologie de la bombe atomique ou des Mirages à Israël!

J’ai su qu’Israël utilise une méthode qui n’a été mise au point que pendant les trois dernières années de la guerre d’Algérie: au lieu de rafler les hommes directement dans les maisons, les militaires se sont mis à sillonner la ville avec des voitures munies de haut-parleurs en demandant à tous les hommes de 16 à 70 ans de se rendre le plus vite possible au stade municipal. Et la perquisition ne venait qu’après.

Avantages de cette méthode :

  • moins de véhicules et de soldats pour transporter les hommes vers le lieu de détention,
  • efficacité de la perquisition avec des familles ne comportant que des femmes, des enfants et des vieillards,
  • et surtout, culpabilité et donc souvent la mort, pour toute personne qui n’a pas exécuté l’ordre de rassemblement et qui a tenté de se cacher.

Cette manière de procéder nous a fait beaucoup de mal et s’est révélée être d’une efficacité et d’une brutalité redoutables car elle exonérait les militaires de tout cas de conscience au nom de la logique suivante : qui veut se soustraire à la rafle est forcément coupable.

C’est comme ça que se déroule une simple perquisition effectuée par un oppresseur face à un peuple désarmé qui se bat pour sa liberté.

La voix de France Info peut bien en parler sur un ton détaché. Ce n’est qu’une perquisition…

Mohamed Chouieb.

Sources www.reseauxcitoyens-st-etienne.org/


PALESTINE ET SIONISME: UN PROBLEME HISTORIQUE MONDIAL

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QUI EST L’ENNEMI?

par Thierry Meyssan

voltairenet.org

Chacun a son opinion pour expliquer les massacres commis par l’État d’Israël à Gaza. Alors que dans les années 70 et 80, on y voyait une manifestation de l’impérialisme anglo-saxon, beaucoup l’interprètent aujourd’hui comme un conflit entre juifs et arabes. Revenant sur la longue période —quatre siècles d’Histoire—, Thierry Meyssan, consultant auprès de plusieurs gouvernements, analyse l’origine du sionisme, ses véritables ambitions, et détermine qui est l’ennemi.

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La guerre, qui se poursuit sans interruption depuis 66 ans en Palestine, a connu un nouveau rebondissement avec les opérations israéliennes «Gardiens de nos frères», suivie de «Roc inébranlable» (traduit étrangement dans la presse occidentale en «Bordure protectrice»).

À l’évidence, Tel-Aviv —qui avait choisi d’instrumenter la disparition de trois jeunes Israéliens pour lancer ces opérations et «déraciner le Hamas» afin d’exploiter le gaz de Gaza, conformément au plan énoncé en 2007 par l’actuel ministre de la Défense[ [«Extension de la guerre du gaz au Levant», par Thierry Meyssan, Al-Watan/Réseau Voltaire, 21 juillet 2014.]]— a été dépassé par la réaction de la Résistance. Le Jihad islamique a répondu par l’envoi de roquettes à moyenne portée très difficiles à intercepter, qui se sont ajoutées à celles lancées par le Hamas.

La violence des événements, qui ont déjà coûté la vie à plus de 1500 Palestiniens et 62 Israéliens (mais les chiffres israéliens sont soumis à la censure militaire et sont probablement minorés), a soulevé une vague de protestation dans le monde entier. En plus de ses 15 membres, le Conseil de sécurité, réuni le 22 juillet, a donné la parole à 40 autres États qui entendaient exprimer leur indignation devant le comportement de Tel-Aviv et sa «culture de l’impunité». La séance, au lieu de durer les 2 heures habituelles, en a duré 9[ [«Réunion du Conseil de sécurité sur le Proche-Orient et l’offensive israélienne à Gaza», Réseau Voltaire, 22 juillet 2014.]].

Symboliquement, la Bolivie a déclaré Israël «État terroriste» et a abrogé l’accord de libre-circulation le concernant. Mais d’une manière générale, les déclarations de protestation ne sont pas suivies d’une aide militaire, à l’exception de celles de l’Iran et symboliquement de la Syrie. Tous deux soutiennent la population palestinienne via le Jihad islamique, la branche militaire du Hamas (mais pas sa branche politique, membre des Frères musulmans) et le FPLP-CG.

Contrairement aux précédents (opérations «Plomb durci» en 2008 et «Colonne de nuée» en 2012), les deux États qui protègent Israël au Conseil (les États-Unis et le Royaume-Uni), ont facilité l’élaboration d’une déclaration du président du Conseil de sécurité soulignant les obligations humanitaires d’Israël[ [«Déclaration du Président du Conseil de sécurité sur la situation à Gaza», Réseau Voltaire, 28 juillet 2014.]]. De fait, au-delà de la question fondamentale d’un conflit qui dure depuis 1948, on assiste à un consensus pour condamner au minimum le recours d’Israël à un emploi disproportionné de la force.

Cependant, cet apparent consensus masque des analyses très différentes: certains auteurs interprètent le conflit comme une guerre de religion entre juifs et musulmans ; d’autres y voient au contraire une guerre politique selon un schéma colonial classique. Que faut-il en penser ?

Qu’est ce que le sionisme ?

Au milieu du XVIIe, les calvinistes britanniques se regroupèrent autour d’Oliver Cromwell et remirent en cause la foi et la hiérarchie du régime. Après avoir renversé la monarchie anglicane, le «Lord protecteur» prétendit permettre au peuple anglais de réaliser la pureté morale nécessaire pour traverser une tribulation de 7 ans, accueillir le retour du Christ et vivre paisiblement avec lui durant 1 000 ans (le «Millenium»). Pour ce faire, selon son interprétation de La Bible, les juifs devaient être dispersés aux confins de la terre, puis regroupés en Palestine et y reconstruire le temple de Salomon. Sur cette base, il instaura un régime puritain, leva en 1656 l’interdiction qui était faite aux juifs de s’installer en Angleterre et annonça que son pays s’engageait à créer en Palestine l’État d’Israël [Sur l’histoire du sionisme, on se reportera au chapitre correspondant («Israël et les Anglo-Saxons») de mon livre [“L’Effroyable imposture 2, Manipulations et désinformations”, Edition Alphée, 2007. Les lecteurs y trouveront de nombreuses références bibliographiques.]]

La secte de Cromwell ayant été à son tour renversée à la fin de la «Première Guerre civile anglaise», ses partisans tués ou exilés, et la monarchie anglicane ayant été rétablie, le sionisme (c’est-à-dire le projet de création d’un État pour les juifs) fut abandonné.

Il ressurgit au XVIIIe siècle avec la «Seconde Guerre civile anglaise» (selon la dénomination des manuels d’Histoire du secondaire au Royaume-Uni) que le reste du monde connaît comme la «guerre d’indépendance des États-Unis» (1775-83). Contrairement à une idée reçue, celle-ci ne fut pas entreprise au nom de l’idéal des Lumières qui anima quelques années plus tard la Révolution française, mais financée par le roi de France et conduite pour des motifs religieux au cri de «Notre Roi, c’est Jésus!».

George Washington, Thomas Jefferson et Benjamin Franklin, pour ne citer qu’eux, se sont présentés comme les successeurs des partisans exilés d’Oliver Cromwell. Les États-Unis ont donc logiquement repris son projet sioniste.

En 1868, en Angleterre, la reine Victoria désigna comme Premier ministre, le juif Benjamin Disraéli. Celui-ci proposa de concéder une part de démocratie aux descendants des partisans de Cromwell de manière à pouvoir s’appuyer sur tout le peuple pour étendre le pouvoir de la Couronne dans le monde. Surtout, il proposa de s’allier à la diaspora juive pour conduire une politique impérialiste dont elle serait l’avant-garde. En 1878, il fit inscrire « la restauration d’Israël » à l’ordre du jour du Congrès de Berlin sur le nouveau partage du monde.

C’est sur cette base sioniste que le Royaume-Uni rétablit ses bonnes relations avec ses anciennes colonies devenues États-Unis à l’issue de la « Troisième Guerre civile anglaise » —connue aux États-Unis comme la «guerre civile américaine» et en Europe continentale comme la «guerre de Sécession» (1861-65)— qui vit la victoire des successeurs des partisans de Cromwell, les WASP (White Anglo-Saxon Puritans) [[“The Cousins’ Wars : Religion, Politics, Civil Warfare and the Triumph of Anglo-America”, par Kevin Phillips, Basic Books (1999).]]. Là encore, c’est tout à fait à tort que l’on présente ce conflit comme une lutte contre l’esclavage alors que 5 États du Nord le pratiquaient encore.

Jusqu’à la presque fin du XIXe siècle, le sionisme est donc exclusivement un projet puritain anglo-saxon auquel seule une élite juive adhère. Il est fermement condamné par les rabbins qui interprètent la Torah comme une allégorie et non pas comme un plan politique.
Parmi les conséquences actuelles de ces faits historiques, on doit admettre que si le sionisme vise à la création d’un État pour les juifs, il est aussi le fondement des États-Unis. Dès lors, la question de savoir si les décisions politiques de l’ensemble sont prises à Washington ou à Tel-Aviv n’a plus qu’un intérêt relatif. C’est la même idéologie qui est au pouvoir dans les deux pays. En outre, le sionisme ayant permis la réconciliation entre Londres et Washington, le remettre en cause, c’est s’attaquer à cette alliance, la plus puissante au monde.

L’adhésion du peuple juif

au sionisme anglo-saxon

Dans l’Histoire officielle actuelle, il est d’usage d’ignorer la période XVIIe-XIXe siècle et de présenter Theodor Herzl comme le fondateur du sionisme. Or, selon les publications internes de l’Organisation sioniste mondiale, ce point est également faux.

Le vrai fondateur du sionisme contemporain n’était pas juif, mais chrétien dispensationaliste. Le révérend William E. Blackstone était un prêcheur états-unien pour qui les vrais chrétiens n’auraient pas à participer aux épreuves de la fin des temps. Il enseignait que ceux-ci seraient enlevés au ciel durant la bataille finale (le «ravissement de l’Église», en anglais «the rapture»). À ses yeux, les juifs livreraient cette bataille et en sortiraient à la fois convertis au Christ et victorieux.

C’est la théologie du révérend Blackstone qui a servi de base au soutien sans faille de Washington à la création d’Israël. Et ceci bien avant que l’AIPAC (le lobby pro-Israélien) soit créé et prenne le contrôle du Congrès. En réalité, le pouvoir du lobby ne vient pas tant de son argent et de sa capacité à financer des campagnes électorales que de cette idéologie toujours présente aux USA [6].

La théologie du ravissement pour aussi stupide qu’elle puisse paraître est aujourd’hui très puissante aux États-Unis. Elle représente un phénomène en librairie et au cinéma (voir le film “Left Behind”, avec Nicolas Cage, à paraître en octobre).

Theodor Herzl était un admirateur du diamantaire Cecil Rhodes, le théoricien de l’impérialisme britannique et fondateur de l’Afrique du Sud, de la Rhodésie (auquel il donna son nom) et de la Zambie (ex-Rhodésie du Nord). Herzl était juif, mais pas israélite et n’avait pas circoncis son fils. Athée comme beaucoup de bourgeois européens de son époque, il préconisa d’abord d’assimiler les juifs en les convertissant au christianisme. Cependant, reprenant la théorie de Benjamin Disraéli, il arriva à la conclusion qu’une meilleure solution était de les faire participer au colonialisme britannique en créant un État juif, dans l’actuel Ouganda ou en Argentine. Il suivit l’exemple de Rhodes dans la manière d’acheter des terres et de créer l’Agence juive.

Blackstone parvint à convaincre Herzl de joindre les préoccupations des dispentionnalistes à celles des colonialistes. Il suffisait pour cela d’envisager de créer Israël en Palestine et de multiplier les références bibliques. Grâce à cette idée assez simple, ils parvinrent à faire adhérer la majorité des juifs européens à leur projet. Aujourd’hui Herzl est enterré en Israël (sur le Mont Herzl) et l’État a placé dans son cercueil La Bible annotée que Blackstone lui avait offerte.

Le sionisme n’a donc jamais eu comme objectif de «sauver le peuple juif en lui donnant une patrie», mais de faire triompher l’impérialisme anglo-saxon en y associant les juifs. En outre, non seulement le sionisme n’est pas un produit de la culture juive, mais la majorité des sionistes n’a jamais été juive, tandis que la majorité des juifs sionistes ne sont pas israélites. Les références bibliques, omniprésentes dans le discours officiel israélien, ne reflètent la pensée que de la partie croyante du pays et sont avant tout destinées à convaincre la population états-unienne.

C’est à cette période que l’on créa le mythe du peuple juif. Jusque-là, les juifs se considéraient comme appartenant à une religion et admettaient que leurs membres européens n’étaient pas des descendants des juifs de Palestine, mais de populations converties au cours de l’Histoire[Une synthèse des travaux historiques sur ce sujet: [“Comment le peuple juif fut inventé”, par Shlomo Sand, Fayard, 2008.]].

Blackstone et Herzl ont artificiellement fabriqué l’idée selon laquelle tous les juifs du monde seraient des descendants des juifs antiques de Palestine. Dès lors, le mot juif s’applique non seulement à la religion israélite, mais désigne aussi une ethnie. En se fondant sur une lecture littérale de La Bible, ils sont devenus les bénéficiaires d’une promesse divine sur la terre palestinienne.

Le pacte anglo-saxon

pour la création d’Israël en Palestine

La décision de créer un État juif en Palestine a été prise conjointement par les gouvernements britannique et états-unien. Elle a été négociée par le premier juge juif à la Cour suprême des États-Unis, Louis Brandeis, sous les auspices du révérend Blackstone et fut approuvée aussi bien par le président Woodrow Wilson que par le Premier ministre David Llyod George, dans le sillage des accords franco-britanniques Sykes-Picot de partage du «Proche-Orient». Cet accord fut progressivement rendu public.

Le futur secrétaire d’État pour les Colonies, Leo Amery, fut chargé d’encadrer les anciens du «Corps des muletiers de Sion» pour créer, avec deux agents britanniques Ze’ev Jabotinsky et Chaim Weizmann, la «Légion juive», au sein de l’armée britannique.

Le ministre des Affaires étrangères Lord Balfour adressa une lettre ouverte à Lord Walter Rotschild pour s’engager à créer un «foyer national juif» en Palestine (2 novembre 1917). Le président Wilson inclut parmi ses buts de guerre officiels (le n°12 des 14 points présentés au Congrès le 8 janvier 1918) la création d’Israël 8][[La formulation du point 12 est particulièrement sibylline. Ainsi, lors de la conférence de paix de Paris, en 1919, l’émir Fayçal l’évoqua pour revendiquer le droit des peuples anciennement sous le joug ottoman à disposer d’eux-mêmes. Il s’entendit répondre qu’il avait le choix entre une Syrie placée sous un ou sous plusieurs mandats. La délégation sioniste fit valoir que Wilson s’y était engagé à soutenir le Commonwealth juif à la grande surprise de la délégation états-unienne. En définitive, Wilson confirma par écrit qu’il fallait entendre le point 12 comme un engagement de Washington pour la création d’Israël et la restauration de l’Arménie. [«Les quatorze points du président Wilson», Réseau Voltaire, 8 janvier 1918.]].

Par conséquent, la décision de créer Israël n’a aucun rapport avec la destruction des juifs d’Europe survenue deux décennies plus tard, durant la Seconde Guerre mondiale.

Durant la conférence de paix de Paris, l’émir Fayçal (fils du chérif de La Mecque et futur roi d’Irak britannique) signa, le 3 janvier 1919, un accord avec l’Organisation sioniste, s’engageant à soutenir la décision anglo-saxonne.

La création de l’État d’Israël, qui s’est faite contre la population de Palestine, s’est donc aussi faite avec l’accord des monarques arabes qui furent les premiers leaders sionistes musulmans. En outre, à l’époque, le chérif de La Mecque, Hussein ben Ali, n’interprétait pas le Coran à la manière du Hamas. Il ne pensait pas qu’« une terre musulmane ne peut être gouvernée par des non-musulmans ».

La création juridique de l’État d’Israël

En mai 1942, les organisations sionistes tinrent leur congrès à l’hôtel Biltmore de New York. Les participants décidèrent de transformer le «foyer national juif» de Palestine en «Commonwealth juif» (référence au Commonwealth par lequel Cromwell remplaça brièvement la monarchie britannique) et d’autoriser l’immigration massive des juifs vers la Palestine. Dans un document secret, trois objectifs étaient précisés:

  1. «l’État juif embrasserait la totalité de la Palestine et probablement la Transjordanie;
  2. le déplacement des populations arabes en Irak
  3. et la prise en main par les juifs des secteurs du développement et du contrôle de l’économie dans tout le Moyen-Orient».

La presque totalité des participants ignoraient alors que la «solution finale de la question juive» (die Endlösung der Judenfrage) venait juste de débuter secrètement en Europe.

En définitive, alors que les Britanniques ne savaient plus comment satisfaire à la fois les juifs et les arabes, les Nations unies (qui ne comptaient alors que 46 États membres) proposèrent un plan de partage de la Palestine à partir des indications que les Britanniques lui fournirent. Un État binational devait être créé comprenant un État juif, un État arabe et une zone « sous régime international particulier » pour administrer les lieux saints (Jérusalem et Bethléem). Ce projet fut adopté par la Résolution 181 de l’Assemblée générale[« [Résolution 181 de l’Assemblée générale de l’Onu », Réseau Voltaire, 29 novembre 1947.]].

Sans attendre la suite des négociations, le président de l’Agence juive, David Ben Gourion, proclama unilatéralement l’État d’Israël, immédiatement reconnu par les États-Unis. Les arabes du territoire israélien furent placés sous la loi martiale, leurs déplacements furent limités et leurs passeports confisqués. Les pays arabes nouvellement indépendants intervinrent. Mais sans armées encore constituées, ils furent rapidement battus. Au cours de cette guerre, Israël procéda à un nettoyage ethnique et contraint au moins 700 000 arabes à fuir.

L’Onu envoya comme médiateur, le comte Folke Bernadotte, un diplomate suédois qui sauva des milliers de juifs durant la guerre. Il constata que les données démographiques transmises par les autorités britanniques étaient fausses et exigea la pleine application du plan de partage de la Palestine. Or, la Résolution 181 implique le retour des 700 000 arabes expulsés, la création d’un État arabe et l’internationalisation de Jérusalem.

L’envoyé spécial de l’Onu fut assassiné, le 17 septembre 1948, sur ordre du futur Premier ministre, Yitzhak Shamir.

Furieuse, l’Assemblée générale des Nations unies adopta la Résolution 194 qui réaffirme les principes de la Résolution 181 et, en outre, proclame le droit inaliénable des Palestiniens à retourner chez eux et à être indemnisés des préjudices qu’ils viennent de subir [« [Résolution 194 de l’Assemblée générale de l’ONU », Réseau Voltaire, 11 décembre 1948.]].

Cependant, Israël ayant arrêté les assassins de Bernadotte, les ayant jugés et condamnés, fut accepté au sein de l’Onu sur la promesse d’en honorer les résolutions. Or tout cela n’était que mensonges. Immédiatement après les assassins furent amnistiés et le tireur devint le garde du corps personnel du Premier ministre David Ben Gourion.

Depuis son adhésion à l’Onu, Israël n’a cessé d’en violer les résolutions qui se sont accumulées à l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité. Ses liens organiques avec deux membres du Conseil disposant du droit de veto l’ont placé en dehors du droit international. C’est devenu un État off shore permettant aux États-Unis et au Royaume-Uni de feindre respecter eux-mêmes le droit international alors qu’ils le violent depuis ce pseudo-État.

Il est absolument erroné de croire que le problème posé par Israël ne concerne que le Proche-Orient. Aujourd’hui, Israël agit partout militairement dans le monde en couverture de l’impérialisme anglo-saxon. En Amérique latine, ce sont des agents israéliens qui ont organisé la répression durant le coup d’État contre Hugo Chavez (2002) ou le renversement de Manuel Zelaya (2009). En Afrique, ils étaient partout présents durant la guerre des Grands lacs et ont organisé l’arrestation de Mouamar el-Kadhafi. En Asie, ils ont dirigé l’assaut et le massacre des Tigres tamouls (2009), etc. Chaque fois, Londres et Washington jurent n’y être pour rien. En outre, Israël contrôle de nombreuses institutions médiatiques et financières (telle que la Réserve fédérale états-unienne).

La lutte contre l’impérialisme

Jusqu’à la dissolution de l’URSS, il était évident pour tous que la question israélienne ressort de la lutte contre l’impérialisme. Les Palestiniens étaient soutenus par tous les anti-impérialistes du monde —jusqu’aux membres de l’Armée rouge japonaise— qui venaient se battre à leurs côtés.

Aujourd’hui, la globalisation de la société de consommation et la perte des valeurs qui s’en est suivie ont fait perdre conscience du caractère colonial de l’État hébreu. Seuls les arabes et les musulmans se sentent concernés. Ils font preuve d’empathie pour le sort des Palestiniens, mais ignorent les crimes israéliens dans le reste du monde et ne réagissent pas aux autres crimes impérialistes.

Pourtant, en 1979, l’ayatollah Rouhollah Khomeini expliquait à ses fidèles iraniens qu’Israël n’était qu’une poupée dans les mains des impérialistes et que le seul vrai ennemi était l’alliance des États-Unis et du Royaume-Uni. Pour avoir énoncé cette simple vérité, Khomeini fut caricaturé en Occident et les chiites furent présentés comme hérétiques en Orient. Aujourd’hui l’Iran est le seul État au monde à envoyer massivement des armes et des conseillers aider la Résistance palestinienne, tandis que des leaders sionistes musulmans débattent aimablement par vidéo-conférence avec le président israélien durant les réunions du Conseil de sécurité du Golfe [ [« Shimon Peres s’est exprimé devant le Conseil de sécurité du Golfe, fin novembre», Réseau Voltaire, 3 décembre 2013.]].

Thierry Meyssan


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Source : « Qui est l’ennemi ? », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 4 août 2014, www.voltairenet.org/article184968.html