LES MIGRATIONS SUBSAHARIENNES ET RÉACTIONS DANS LA PRESSE ALGERIERNNE

Il y a des Algériens que la pauvreté extrême de certains immigrants n'émeut même plus.


SUR LES MIGRATIONS SUBSAHARIENNES – UN ARTICLE D' »ALGÉRIE NEWS » ET DES « EVIDENCES » À INTERROGER Yassin Temlali – «Maghreb Emergent» – le 11 mai 2014 ;


REVEILLEZ L’AFRICAIN QUI DORT EN VOUS!Par Maâmar Farah – Le Soir d’Algérie – le 13 mai 2014 ;


REVEILLEZ L’AFRICAIN QUI DORT EN VOUS!

Par Maâmar Farah

Le Soir d’Algérie

le 13 mai 2014

Une embarcation qui chavire. Des morts. Des disparus. Tous des Noirs.

Venus des fins fonds de l’Afrique, ils ont cru possible le rêve: atteindre le paradis au prix de lourds sacrifices financiers, d’efforts physiques surhumains et d’une folle espérance…

L’océan ne pardonne pas et le rêve devient cauchemar.

C’est au cœur d’un autre océan qu’un groupe venu des mêmes pays a vécu l’enfer.

Pas bleu cette fois-ci, mais blond comme les dunes. Ocre comme les roches sahariennes. Le chemin qui s’égare dans les immensités cendrées, sous un soleil qui vous perce de ses rayons de feu.

La soif. La soif qui vous tue à petit feu…

Encore des morts. Pas de disparus. Tous des Noirs. Venus d’un village de huttes où la vie ressemble à la mort.

Ainsi meurent les enfants des indépendances, dans leur folle tentative de rejoindre les pays de leurs anciens colonisateurs…

Et ça fait mal.

Mais ça fait encore plus mal de voir les Algériennes et les Algériens qu’on dit hospitaliers et non racistes, détourner les yeux à la vue de ces êtres squelettiques qui tendent leurs mains décharnées vers nous.

Et notre indifférence est pire que la mer et le désert.

Elle ne tue pas ces femmes et ces enfants au bas de nos immeubles. Elle nous tue. Elle nous déshumanise et nous accable car il n’y a aucune fierté à tirer d’un comportement qui n’est pas très loin de celui des Européens d’extrême droite, racistes et intolérants, qui ne veulent pas de nous chez eux!

Agissons tous ensemble pour tendre une main fraternelle à ces rescapés de l’enfer afin de leur montrer le chemin d’un autre paradis: celui de nos cœurs fraternels et généreux, qui les persuadera peut-être que l’éden commence et s’arrête ici… En Afrique!

Source: Le Soir d’Algérie

http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2014/05/13/article.php?sid=163419&cid=2

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SUR LES MIGRATIONS SUBSAHARIENNES

UN ARTICLE D' »ALGERIE NEWS »

ET DES « EVIDENCES » A INTERROGER

Yassin Temlali

« Maghreb Emergent »

le 11 mai 2014

Il y a des Algériens que la pauvreté extrême de certains immigrants n'émeut même plus.

Le rédacteur en chef d’ « Algérie News » s’est excusé de la publication dans ce journal, le 7 mai dernier, d’un article intitulé « Alger envahi par les Nigériens ». C’est tout à son honneur mais, malheureusement, ce n’est pas là un malencontreux précédent.

Un déficit de formation des journalistes a répandu dans la presse de fausses évidences sur les migrations subsahariennes en Algérie, qui est loin d’être un éden hospitalier pour les migrants de toutes origines.

Dans un message relayé sur Facebook, le rédacteur en chef d’Algérie News, Massinissa Boudaoud, a assumé « l’entière responsabilité » d’une Une particulièrement agressive envers nos frères nigériens et les ressortissants subsahariens vivant en Algérie, en général (« Alger envahi par les Nigériens », Mohammed Zerrouki, 7 mai 2014).

Il a présenté ses « sincères excuses d’abord à ceux que nous avons offensés, à nos amis et à nos lecteurs » et regretté que « des expressions chargées d’insensibilités » se soient « malencontreusement glissées » dans l’article.

Ce mea culpa est d’autant plus à apprécier qu’il est rare qu’un journal algérien s’excuse auprès de ses lecteurs de les avoir mal informés – et parfois franchement désinformés.

Mais tout courageux qu’il soit, il n’explique pas comment un tel concentré d’idées reçues sur nos voisins du Sud a pu occuper la Une, dont la confection n’est certainement pas du ressort du rédacteur Mohammed Zerrouki ni même de celui du seul rédacteur en chef.

Si cela a été possible, c’est que tout au long de la chaîne menant de l’auteur de l’article à l’imprimerie, un inconscient consensus « anti-subsaharien, pour ainsi dire, a empêché que d’aussi « malencontreuses » erreurs soient relevées et évitées.

Cependant, il ne serait pas juste de faire d’Algérie News la victime expiatoire, de la presse algérienne. Ce même triste consensus régit, dans beaucoup de journaux, l’information sur les migrations subsahariennes, presque toujours abordées sous l’angle de terribles dangers qu’elles feraient peser sur la santé publique, la morale publique et notre civisme congénital.

Hélas, bien hélas, le reportage incriminé est loin de constituer un fâcheux précédent. Une étude portant sur l’image des immigrants subsahariens dans les quotidiens algériens publiée en 2011 montre que cette population est le plus souvent décrite comme un ramassis de faussaires, de faux-monnayeurs, de trafiquants de drogue et d’escrocs spécialistes d' »arnaques à l’africaine ».

Le mal est si général que le silence des médias publics sur les problèmes migratoires, tout pesant qu’il soit, est préférable à ces régulières éruptions de xénophobie.

Le chemin de l’enfer est pavé de (mauvaises) bonnes intentions

Massinissa Boudaoud écrit, dans sa lettre d’excuses, qu’il n’était « nullement dans l’intention du rédacteur de l’article de nuire ou de porter préjudice (aux réfugiés nigériens) ». On a du mal à croire involontaire un pamphlet qui ouvre de larges guillemets à des commerçants se plaignant que des enfants affamés « touchent à la marchandise lorsqu’on ne leur donne rien ». Il est vrai, toutefois, que le chemin de l’enfer est pavé de (mauvaises) bonnes intentions.

En volant au secours de la patrie à leurs yeux menacée par l’autre, l’étranger, beaucoup de journalistes ne se représentent pas les drames, grands et petits, qu’ils peuvent provoquer.

Il serait superflu de souligner que cette insouciance irresponsable ne serait pas aussi largement partagée s’il existait des instances de médiation entre la presse et les lecteurs et, surtout, si les médias s’acquittaient de leurs devoirs envers leur personnel en termes d’encadrement et de formation.

Car le déficit de formation et d’encadrement a contribué à répandre parmi les journalistes qui travaillent sur les questions migratoires beaucoup de fausses évidences, fondées sur des observations parcellaires, de banals faits divers et des rapports volontairement alarmistes des services de sécurité.

Une de ces fausses évidences fait de tous les Subsahariens en Algérie des « victimes de la nature, de la famine, de l’insécurité et de la tyrannie » comme l’écrit Massinissa Boudaoud, dans un élan de compassion, sans doute sincère, qui l’honore.

Or, les migrations nigériennes, maliennes, etc. vers le Sahara existent depuis des siècles sinon des millénaires et sont aujourd’hui, en grande partie, des migrations saisonnières de travail.

Une autre fausse évidence fait de tous les immigrants subsahariens des sans-papiers alors que les Maliens et les Nigériens, par exemple, n’ont tout simplement pas besoin de visa pour entrer en Algérie.

Une autre encore attribue à tous ces immigrants la nationalité de nos deux voisins méridionaux, le Mali et le Niger, Etats « africains » les plus connus des Algériens qui savent vaguement qu’ils sont pauvres, en proie à l’instabilité politique. Or, si défi il y a pour un journaliste, c’est bien celui d’établir la véritable nationalité d’un immigrant sans ressources, surtout s’il est « sans papiers ».

En résumé, rien ne prouve que les ressortissants subsahariens décrits dans l’article d’Algérie News soient tous des réfugiés nigériens en situation irrégulière.

L’UNHCR ne fait, d’ailleurs, nulle mention d’une arrivée massive de réfugiés originaires du Niger en Algérie. Si afflux subsaharien vers le Nord algérien il y avait eu, il aurait été malien, car c’est au nord du Mali que des dizaines de milliers de personnes ont dû quitter leurs villages pour cause de guerre civile et d’intervention militaire française.

Les étrangers représentent moins de 1% de la population

Cependant, la plus grossière fausse évidence qui empêche une juste perception des migrations subsahariennes est celle qui fait de l’Algérie une sorte de Mecque des opprimés.

Selon les prévisions de l’UNHCR à la fin 2014 le nombre des réfugiés y atteindra… 97.000 dont… 90.000 Sahraouis.

Ni l’instabilité politique en Libye ni les conflits et l’intervention française dans le Nord du Mali n’ont provoqué d’importantes vagues migratoires vers notre pays: l’écrasante majorité des réfugiés de guerre maliens, par exemple, se sont installés au Burkina-Faso, en Mauritanie et au Niger.

Réfugiés et demandeurs d’asile subsahariens ne dépasseraient pas quelques centaines de personnes sur tout le territoire algérien.

Pas plus que pour les réfugiés, l’Algérie ne semble être un éden hospitalier pour d’autres catégories de migrants.

Selon le Recensement général de la population et de l’habitat de 2008, les étrangers établis légalement sur son sol (à l’exclusion des réfugiés) ne dépassaient pas 325.000 personnes, auxquels il faudrait ajouter, selon un spécialiste des migrations, Mohamed Saïb Musette, quelque 25.000 immigrants irréguliers, soit, en tout et pour tout, moins de 1% de la population de l’époque.

Ces chiffres n’ont pas dû beaucoup augmenter, les autorités algériennes ayant durci, en juin en 2008, leur politique (anti) migratoire.

Il n’est d’invasion à Alger que celle du chauvinisme ordinaire.

Il fait oublier qu’avant le pétrole, l’Algérie était un grand exportateur de main d’œuvre, que le mouvement pour l’indépendance est né en France, dans les foyers d’émigrés, et, surtout, que 2 millions d’Algériens vivent actuellement à l’étranger dont beaucoup endurent le racisme anti-arabe et l’islamophobie.

Yassin Temlali

le 11 mai 2014

Sources:“Maghreb Emergent”

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LIBYE-MALI: « LES SUPERCHERIES VENDUES À L’OPINION PUBLIQUE OCCIDENTALE »

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AU SAHEL , LE NOUVEAU JIHAD?

Affaires-stratégique

Institut IRIS

le 13 juin 2013

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DR

Samuel Laurent, spécialiste du monde arabe, répond à trois questions au sujet de son livre « Sahélistan, de la Lybie au Mali : au coeur du nouveau jihad ».

  • Pourquoi avez-vous tenu à raconter votre voyage en Libye et les découvertes que vous y avez faites? Qu’entendez-vous par “Sahelistan”?
  • Dans votre ouvrage, vous mettez particulièrement en avant le poids des milices. Quelle est votre opinion sur l’ambition du Congrès général national de les dissoudre d’ici la fin de l’année? Cet objectif vous semble-t-il réalisable ?
  • Vous écrivez que la situation au Mali est une conséquence de l’intervention internationale en Libye. A son tour, quel impact l’intervention française au Mali peut avoir sur la région du Sahel?

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VIDEO 6 minutes

sur le site Affaires-stratégiques.info->http://www.affaires-strategiques.info/]

http://www.dailymotion.com/IRIS-FRANCE#video=x10v3dh

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[ Sources: algerieinfos-saoudi

le 14 Juin 2013
->http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-libye-mali-les-supercheries-vendues-a-l-opinion-publique-occidentale-118485840.html]


autres articles:


[« Sahelistan » : comment la France a ouvert la voie au chaos – « rue 89 » – entretien – le 19 mai 2013

 >http://www.rue89.com/2013/05/19/sahelistan-comment-france-a-ouvert-voie-chaos-242375]


RFI – Invité Afrique

dimanche 09 JUIN 2013


Samuel Laurent, auteur de «Sahelistan» publié aux éditions du Seuil

Écouter (05:10)


UNE VOIX ET UNE ANALYSE PATRIOTIQUE MALIENNE AU CONGRÈS DU PCF

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ÉCOUTEZ LA VOIX DU MALI AU 36ème CONGRÈS DU PCFIntervention de M. le Professeur Issa Ndiaye;


DETTE ET CORRUPTION, PARASITENT LES ROUAGES DE L’ÉCONOMIE POLITIQUECADTM: BULLETIN ELECTRONIQUE n° 54vient de paraître – signalé par un lecteur.


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ÉCOUTEZ LA VOIX DU MALI

AU 36ème CONGRÈS DU PCF

Le Mali était présent au 36e Congrès du PCF.

M. le Professeur Issa Ndiaye, ancien Ministre de “l’Education Nationale” et Responsable du “Mouvement du 22 mars” est intervenu à la tribune. Voici son allocution.

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http://www.bernard-deschamps.net/article-ecoutez-la-voix-du-mali-au-36e-congres-du-pcf-115224436.html

->http://www.dailymotion.com/video/xxe7g7_36e-congres-du-pcf-issa-ndiaye-mouvemement-populaire-du-22-mars_news?start=3#.URjZWx0sDDU]

Sources:

le blog de Bernard Deschamps

le 10 février 2013

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DETTE ET CORRUPTION, PARASITENT LES ROUAGES DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE

CADTM: BULLETIN ELECTRONIQUE n° 54

Ce premier bulletin 2013 montre que dette et corruption, loin de régresser, continuent à envahir tous les rouages de l’économie politique.

Au Sud, la guerre de l’armée française au Mali a été déclenchée par l’appel au secours d’un président fantoche. L’armée malienne était non seulement incapable de reprendre la partie nord envahie par quelques milliers de djihadistes mais tellement désorganisée, et si mal armée, que même la partie sud et sa capitale était menacée. La dette, les plans d’ajustement structurel du FMI et la corruption généralisée de l’appareil politique, administratif et militaire en sont les causes. Elles forment une boucle de rétroactions à l’origine de la faiblesse de ce pays sur un plan militaire et de la pauvreté généralisée de sa population.

Au Nord, la croissance de la dette publique est instrumentalisée depuis une trentaine d’années par les gouvernements successifs, dans le but d’affaiblir les services publics de l’État. Les détenteurs de capitaux ne supportent plus que l’énorme budget de la Sécurité sociale et les profits qu’ils pourraient en tirer, leur échappent. Avec 480 milliards d’euros, il dépasse de 75% celui de l’ensemble des administrations publiques françaises. Alors pour faire face aux cotisations patronales non versées, la Sécurité sociale publique s’endette sur les marchés privés. Ce pourrissement organisé n’est-il pas aussi une forme de corruption passive de ce magnifique système de sécurité sociale publique imaginé par le Conseil national de la résistance. Le crash social des pays du sud de l’Europe sont eux aussi le résultat du couple dette et corruption qui touche en premier et très violemment les femmes.

Résister pour exister est un chemin étroit. La progression de la prise de conscience des asservissements pourra l’élargir. Un jour, un boulevard…

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MALI: ACTUALITÉS – DÉBATS FÉVRIER 2013

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[ MALI: LE REGARD DE BOUBACAR BORIS DIOPPosted by Candide
– 2 février 2013
Propos recueillis par Souleymane Ndiayendarinfo.com – tunisitri.wordpress.com;->#5]


MALI – RÉSOUDRE LES PROBLÈMES ESSENTIELS…extraits de l’introduction de Jacques Fath – Lettre des Relations Internatoinales (LRI) – Janvier 2013;


GÉNÉRAL YALA: QUELLE INSERTION MONDIALE ET RÉGIONALE?article El Watan – 5 février 2013 – repris sur algerieinfos;


VAINE STRATÉGIE FRANÇAISE AU MALIpar Olivier Roy, directeur d’études à l’EHESS – Le Monde – le 04 février 2013;


POURQUOI LE MALI PERD LE NORD ET L’ ALGÉRIE RISQUE DE PERDRE LE SUD?Kamal Daoud – Le Quotidien d’Oran – le 4 février 2013.


SAMIR AMIN RÉPOND SUR LE MALI – 4 février 2013 – site du MPEP;


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[

MALI: LE REGARD DE BOUBACAR BORIS DIOP

2 février 2013

Propos recueillis par Souleymane Ndiaye

Le pays au quotidien

->http://tunisitri.wordpress.com/2013/02/02/mali-le-regard-de-boubacar-boris-diop/]

Il était prévu avec Boubacar Boris Diop, écrivain et enseignant soucieux de l’Afrique, un entretien portant sur divers sujets, mais rattrapé par l’actualité brûlante, nous avons choisi de nous arrêter sur le Mali. Car ce qui s’y passe est grave…

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Peut-on dire que le Nord-Mali, c’est encore la Françafrique dans ses œuvres?

Oui et non. Au Mali, la France est certes dans son pré-carré et, à l’exception du Nigeria, les pays engagés avec elle sur le terrain font partie de son ancien empire colonial mais dans le fond on est plutôt ici dans une logique de guerre globale.

Le modèle serait plutôt l’invasion américaine en Irak. En outre, les interventions françaises en Afrique ont toujours été faites avec une certaine désinvolture, presque sans y penser, alors que celle-ci, ponctuée de conseils de guerre à l’Élysée, a été conçue comme un grand spectacle médiatique. Elle fait l’objet de sondages réguliers et deux ministres, ceux de la Défense et des Affaires étrangères, n’ont jamais été aussi bavards.

Comment expliquez-vous ce changement d’attitude?

Quelques jours après le début des combats, tous les hebdos français ont titré: «Hollande en chef de guerre».

Le Nord-Mali, ça a été l’occasion pour un président jugé terne, mou et indécis de se donner à peu de frais l’image d’un dirigeant volontaire et capable de préserver le rang de son pays dans le monde.

Le contraste n’en est pas moins frappant avec la précipitation peu glorieuse de Paris à se retirer d’Afghanistan suite à des attaques mortelles des Talibans contre un certain nombre de ses soldats.

Mais les problèmes d’image de Hollande ne peuvent pas à eux seuls expliquer une intervention aussi coûteuse…

C’est évident, mais il ne pouvait pas rater la si belle occasion de se refaire une santé. L’objectif déclaré de cette guerre, c’est d’aider le Mali à recouvrer son intégrité territoriale mais sans la prise de Konna par les islamistes, rien ne se serait sans doute passé.

La chute de Konna, c’est le moment où Paris, qui ne perd jamais de vue ses otages et l’uranium d’Areva, comprend que ses intérêts économiques et sa position dans la région sont gravement menacés.

Et à partir de là, les acteurs ne sont plus les mêmes.

Cette guerre est suivie de près par des pays comme l’Algérie, la Mauritanie, le Nigeria, sans parler des autres puissances occidentales et du Qatar, cette monarchie du Golfe qui se livre ici comme en Syrie et partout ailleurs à un drôle de jeu.

Vous savez aussi que depuis l’attaque d’In Amenas, Américains et Anglais se sentent bien plus concernés et que le Japon, important partenaire économique du Mali et dont dix ressortissants sont morts lors de la prise d’otages, a accordé une contribution de 120 millions de dollars en soutien à la Misma, lors de la conférence des donateurs que vient d’organiser l’Union africaine à Addis.

Etes-vous d’accord avec l’ambassadeur de France à Dakar quand il déclare que si son pays n’était pas intervenu personne d’autre ne l’aurait fait?

On peut le lui concéder et c’est en fait cela le coup de génie de Paris dans cette histoire où la France peut se présenter comme l’ennemi des «méchants». J’utilise ce dernier mot à dessein, car la politique internationale me fait très souvent penser à un film hollywoodien, le tout étant de savoir être du côté des bons.

Lorsque vous apprenez par exemple que des narco-terroristes occupent les deux tiers du Mali et qu’ils détruisent les mosquées et les tombeaux de saints, mettent le feu à la bibliothèque Ahmed Baba et coupent les mains des gens, votre premier mouvement est d’approuver ceux qui essaient de les mettre hors d’état de nuire.

Et lorsqu’on écoute ces jours-ci les prises de position des uns et des autres sur le Mali, on se rend compte de notre difficulté à penser cette énième intervention française en Afrique.

J’ai vu l’autre soir sur la 2STV Massaer Diallo l’approuver sans ambages et deux jours plus tard Gadio et Samir Amin en ont fait de même.

N’est-ce pas troublant?

Après tout, il s’agit là, quand on en vient à l’analyse des dérives criminelles de ­la Françafrique, de trois intellectuels au-dessus de tout soupçon…­

Est-ce à dire que vous êtes d’accord avec eux?

Ah non ! Certainement pas. Je les comprends, je n’ai aucun doute quant à leur sincérité mais je ne partage pas leur point de vue.

Le danger, à mon humble avis, c’est d’analyser cette guerre comme un fait isolé.

Tout le monde la relie à l’agression contre la Libye, mais pas avec autant d’insistance qu’il faudrait.

Il ne suffit pas de dire que l’agression contre la Libye est en train de déstabiliser la bande sahélienne et toute l’Afrique de l’Ouest.

Il faut la placer, de même que le «printemps arabe», au cœur de la réflexion sur le Nord-Mali.

Nous devons peut-être même aller plus loin et nous demander si nous n’aurions pas dû hausser la voix dès le jour où des chars de combat français ont forcé les grilles du palais de Gbagbo. Il était possible, sans forcément soutenir Laurent Gbagbo, de bien faire savoir à Paris qu’une ligne rouge venait d’être franchie.

Mais nous avons trop bien appris notre leçon sur la démocratie, on a inventé exprès pour nous des termes comme «bonne gouvernance» – qui donc a jamais entendu parler de la «bonne gouvernance» en Belgique? – et nous en sommes venus à perdre tout sens des nuances et surtout la capacité d’inscrire des évènements politiques particuliers dans une logique globale.

Dans cette affaire, quels reproches très précis peut-on formuler aujourd‘hui contre la France?

Ici aussi, il suffit de remonter le fil des évènements. Après avoir assassiné Kadhafi dans les conditions scandaleuses que l’on sait, L’Etat français a cru le moment venu de confier la sous-traitance de la guerre contre Aqmi et le Mujao à la rébellion touarègue.

Comme vient de le rappeler Ibrahima Sène dans une réponse à Samir Amin, Paris et Washington décident alors d’aider les Touareg présents en Libye à rentrer lourdement armés au Mali mais, détail important, pas au Niger où on ne veut prendre aucun risque à cause d’Areva.

Les Touareg sont ravis de pouvoir concrétiser enfin leur vieux rêve d’indépendance à travers un nouvel Etat de l’Azawad, allié de l’Occident.

Certains medias français se sont alors chargés de «vendre» le projet de ces «hommes bleus du désert» qui se préparent pourtant tout simplement à entrer en guerre contre le Mali.

Il suffit de faire un tour dans les archives de France 24 et de RFI pour voir que le MNLA en particulier a été créé de toutes pièces par les services de Sarkozy. Ces stratèges savaient très bien que cela allait se traduire par l’effondrement de l’Etat malien et la partition de son territoire. Ça ne les a pourtant pas fait hésiter une seconde.

Juppé s’est ainsi permis de minimiser l’égorgement collectif par les Touareg d’une centaine de soldats et officiers maliens le 24 janvier 2012 à Aguelhok et suggéré la possibilité d’un Azawad souverain au nord.

Mais au bout du compte, le MNLA qui n’a pas été à la hauteur des attentes de ses commanditaires face aux jihadistes, s’est pratiquement sabordé, ce qui est d’ailleurs sans doute une première dans l’histoire des mouvements de libération.

Dans cette affaire, la France est clairement dans le rôle du pompier pyromane. Tout laisse croire qu’elle va défaire les jihadistes, mais sa victoire coûtera aux Maliens leur Etat et leur honneur.

Qu’entendez-vous par là ?

Je veux juste dire que c’en est fini pour longtemps de l’indépendance du Mali et de sa relative homogénéité territoriale.

Il faudrait être bien naïf pour s’imaginer qu’après s’être donné tant de mal pour libérer le Nord, la France va remettre les clefs du pays à Dioncounda Traoré et Maliens et se contenter de grandes effusions d’adieu.

Non, le monde ne marche pas ainsi.

La France s’est mise en bonne position dans la course aux prodigieuses richesses naturelles du Sahara et on la voit mal laisser tomber la rébellion touarègue qui reste entre ses mains une carte précieuse.

Un épisode de cette guerre est passé inaperçu, qui mérite pourtant réflexion: la prise de Kidal. On en a d’abord concédé la «prise» à un MNLA qui n’a plus aucune existence militaire et quelques jours plus tard, le 29 janvier, les soldats français sont entrés seuls dans la ville, n’autorisant pas les forces maliennes à les y accompagner. Iyad Ag Ghali, patron d’“Ansar Dine”, discrédité par ses accointances avec “AQMI” et le “MUJAO”, est presque déjà hors jeu et son rival «modéré» Alghabasse Ag Intalla, chef du “MIA”, est dans les meilleures dispositions pour trouver un terrain d’entente avec Paris.

En somme, les indépendantistes Touareg vont avoir après leur débâcle militaire un contrôle politique sur le nord qu’ils n’ont jamais eu. C’est un formidable paradoxe, mais l’intérêt de l’Occident, c’est un Etat central malien sans prise sur la partie septentrionale du pays.

Les pressions ont commencé pour obliger Dioncounda Traoré à négocier avec des Touareg modérés sortis de la manche de Paris et on ne voit pas un président aussi affaibli que Dioncounda Traoré résister à Hollande.

Que cela nous plaise ou non, le «printemps arabe» est en train de détacher définitivement l’Afrique du Nord du reste du continent et la «nouvelle frontière» c’est en quelque sorte le Nord-Mali.

Cela correspond à un projet stratégique très clair, très cohérent, de l’Occident et il est en train de le mettre en œuvre.

Qu’avez-vous pensé en voyant ces jeunes Maliens brandissant des drapeaux français?

Certains disent que c’est un montage. Je ne suis pas du tout de cet avis.

Ces images disent au contraire l’immense soulagement des Maliens.

Ce sont des images particulièrement perturbantes et c’est pour cela que nous devons oser les affronter.

La vraie question c’est moins ce qu’il faut penser de l’Etat Français que de nous-mêmes, je veux dire de nous les intellectuels et les politiciens africains.

Comment se fait-il que nos populations soient laissées dans un tel état d’abandon?

Ce qui doit nous interpeller tous, ce sont ces images-là: les troupes françaises qui ont occupé ce pays voisin, le Mali, pendant des siècles d’une colonisation barbare, y reviennent cinquante ans après l’indépendance et sont accueillis comme des libérateurs.

N’est-ce pas là un sérieux motif de perplexité? Que pouvait bien valoir, finalement, l’indépendance du Mali?

Qu’a-t-il fait de l’héritage de Modibo Keita?

La question qui se pose en définitive à nous tous, et sans doute avec une force particulière aux anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne, c’est celle de notre souveraineté nationale.

Certains retournements historiques sont durs à avaler et nous y avons tous une part de responsabilité. Mais il m’arrive d’en vouloir surtout à nos historiens; j’ai parfois l’impression que la plupart de ces brillants esprits ne mettent pas leur connaissance intime de notre passé au service de la compréhension des enjeux du présent.

Beaucoup d’entre eux ont pour ainsi dire le nez dans le guidon tandis que d’autres répètent les mêmes phrases depuis des décennies sans paraître se rendre compte des mutations qui n’en finissent pas d’intervenir.

Quelles sont les autres images qui vous ont frappé dans cette guerre?

Une en particulier : celle de ces gamins maliens au bord des routes, regardant passer les militaires Toubab un peu comme ils le faisaient à l’occasion du Paris-Dakar. Je me suis plusieurs fois demandé ce que ça doit faire dans la tête d’un enfant de voir ça.

On a rarement vu une population à ce point ébahie par ce qui se passe chez elle et ne comprenant rien à ce qui est pourtant censé être sa propre guerre. On a parfois le sentiment qu’ils ne savent pas si ce qu’ils ont sous les yeux, et qui est si fou, c’est de la réalité ou juste de la télé.

L’opération Serval ne va-t-elle pas, malgré tout, redorer le blason de la France en Afrique?

Ce n’est pas impossible mais cela m’étonnerait. Les transports amoureux en direction des soldats français viennent du cœur, mais ils sont passagers.

Les véritables objectifs de cette guerre vont être de plus en plus clairs pour les Maliens et, pour eux, le réveil risque d’être douloureux.

Ça n’existe nulle part, des forces étrangères sympa.

Les medias français peuvent toujours se bercer d’illusions, mais à leur place, je me dirais que la mariée est quand même trop belle!

Et puis, vous savez, l’opération Serval a lieu au moment même où la presse parisienne révèle chaque jour des faits de plus en plus précis prouvant le rôle actif des services français dans l’attentat du 6 avril 1994 qui a déclenché le génocide des Tutsi du Rwanda.

L’implication résolue de la France dans le dernier génocide du vingtième siècle est une tâche indélébile sur son honneur, les vivats momentanés de Gao et Tombouctou ne vont pas l’effacer.

Quelles leçons le Mali peut-il tirer de ce conflit?

Tout d’abord, cela doit être extrêmement dur ces temps-ci d’être un militaire malien. Voici une armée nationale se battant dans son propre pays et dont les morts ne comptent même pas, à l’inverse de celle du pilote français d’hélicoptère, Damien Boiteux, abattu au premier jour des combats.

Ce que toutes ces humiliations doivent montrer au Mali, c’est ce qu’une certaine comédie démocratique, destinée surtout à plaire à des parrains étrangers, peut avoir de dérisoire.

Le Mali est un cas d’école : cité partout en exemple, il a suffi d’un rien pour qu’il s’effondre. Et on y voit déjà à l’œuvre des mécanismes d’exclusion qui peuvent devenir de plus en plus meurtriers: tout Touareg ou Arabe risque d’être désormais perçu comme un complice des groupes jihadistes ou de la rébellion touarègue.

Conscients de ce danger, des intellectuels maliens comme Aminata Dramane Traoré n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme au cours des derniers mois, mais personne n’a voulu les écouter.

Les relations entre les différentes communautés du Mali ont toujours été fragiles et la menace d’affrontements raciaux n’a jamais été aussi sérieuse.

C’est le moment de dépasser les vieilles rancœurs.

Peu de temps après le carnage d’Aguelhok, j’ai eu l’occasion de parler dans un lycée de Bamako. Il y avait des jeunes Touareg dans l’assistance et ils avaient manifestement peur de ce qui pourrait leur arriver un jour ou l’autre.

Rien, justement, ne doit leur arriver. Ils n’ont pas à payer pour les crimes de quelques politiciens ambitieux, qui sont d’ailleurs surtout laquais de Paris.

Il se dit partout que la lenteur de la réaction africaine a ouvert un boulevard à la France et l’a même légitimée. Comment peut-on éviter qu’une telle situation ne se reproduise?

Oui, on a beaucoup critiqué, à juste titre, les atermoiements des Etats africains, mais il faut tout de même comprendre qu’il est suicidaire de s’engager à mains nues dans une guerre aussi complexe.

C’est toutefois précisément le reproche qu’on peut faire à nos pays: de ne s’être pas dotés des moyens de se défendre, individuellement ou collectivement.

Et ici, on en revient à ce que Cheikh Anta Diop a toujours dit: «La sécurité précède le développement et l’intégration politique précède l’intégration économique.»

Son parti, le RND, vient d’ailleurs de le rappeler dans une déclaration sur la guerre au Mali.

Sa vie durant, Cheikh Anta Diop a insisté sur la nécessité d’une armée continentale forte.

Sa création ne peut évidemment pas être une affaire simple, mais en voyant tous ces soldats ouest africains redevenus des «tirailleurs sénégalais», on a un peu honte et on se dit que sur cette question aussi Cheikh Anta Diop avait vu juste avant tout le monde. Je pense qu’il n’est pas trop tard pour méditer ses propos.

Et, soit dit en passant, le président Sall ferait bien de s’en souvenir au moment où il semble vouloir donner une seconde vie au NEPAD.

Cet entretien devait être exclusivement consacré à la situation au Mali, mais je ne peux m’empêcher, en conclusion, de vous demander votre avis sur les audits et la CREI…

Pour moi, c’est tout simple: des milliards ont atterri dans des comptes privés et l’Etat se doit de les réinjecter dans notre économie, quitte à négocier avec les détourneurs mais en se montrant résolu à contraindre les récalcitrants à rendre gorge, par des voies légales, bien entendu.

Même Wade devrait être invité à répondre en justice de sa gestion.

J’admets que son âge pourrait poser problème par rapport à notre manière de voir les choses au Sénégal, mais on ne doit pas non plus oublier que cela ne l’a pas empêché de vouloir continuer à occuper les lourdes charges de président il y a moins d’un an.

Cela dit, on ne développe pas un pays en récupérant de l’argent détourné, on développe un pays en empêchant que l’argent public soit impunément détourné.

Or il faut être aveugle pour ne pas voir que la gangrène de la corruption continue à ronger notre société. Tout est monnayé de l’aube au crépuscule. Pourquoi n’en parle-t-on jamais? Le racket quotidien en pleine rue, au vu et au su de tous, ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Je suis convaincu que la plupart des membres du nouveau gouvernement sont des gens honnêtes, mais, dans ce domaine, on ne peut pas s’en remettre à la bonne volonté des personnes.

Si le système n’est pas repensé, si le consensus social au sujet de la corruption n’est pas brisé, dans cinq ou dix ans le nouveau pouvoir va dépenser des milliards mais aussi beaucoup d’énergie pour récupérer d’autres milliards détournés par quelques-uns des ministres ou responsables nationaux aujourd’hui en activité.

C’est absurde et il est urgent de se dégager de ce cercle vicieux.

Propos recueillis par Souleymane Ndiaye

Le pays au quotidien

Sources:

  • http://www.ndarinfo.com/Mali-Le-regard-de-Boubacar-Boris-Diop_a4693.html
  • http://tunisitri.wordpress.com/2013/02/02/mali-le-regard-de-boubacar-boris-diop/#respond

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MALI

RÉSOUDRE LES PROBLÈMES ESSENTIELS…

Lettre des Relations Internatoinales (LRI)

extraits de l’introduction de Jacques Fath

Janvier 2013

…/… L’intervention militaire française, elle-même, traduit l’impasse dans laquelle
se trouvent les puissances capitalistes dominantes – dont la France – pour
surmonter les conséquences, au Sud, de leurs propres politiques, pour pouvoir
maintenir leur domination et garantir une stabilité minimum conforme
à leurs intérêts (AREVA au Niger par exemple).

On sait que la guerre déroule ses propres processus qui peuvent devenir
non maîtrisables.

On sait aussi que sans réponses crédibles aux enjeux du
développement humain dans toutes ses dimensions, aux attentes sociales et
démocratiques populaires, rien de durable ne peut advenir.

En fait, la question
est la (re)construction de l’État malien, du consensus politique national
nécessaire pour une nécessité aussi existentielle.

La crise malienne est probablement l’exemple même des problématiques
fondamentales de ce début du XXIème siècle.

Saura-t-on, voudra-t-on, résoudre
les problèmes du Sud et du monde?

La France, l’Union européenne
auront-elles la volonté et la capacité – au moins – d’y contribuer?

Cela
dépendra largement de notre propre engagement, de la qualité de notre
intervention sur cet enjeu colossal mais incontournable de coopérations
dans le respect mutuel et l’intérêt réciproque, l’enjeu d’un nouvel ordre
international.

Jacques Fath

[ Sources:

Lettre des Relations Internatoinales (LRI)

Janvier 2013
->doc3262]

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GÉNÉRAL YALA:

QUELLE INSERTION MONDIALE ET RÉGIONALE?

[

article El Watan

5 février 2013

repris sur algerieinfos

->http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-general-yala-quelle-insertion-mondiale-et-regionale-115067183.html]

Une intervention publique conçue comme rappel de ses propositions d’avril 2012. C’est l’impression qui vient à la lecture de la contribution de l’ancien général, commandant des forces navales. Inscrivant cette nouvelle contribution dans le consensus national qui s’est manifesté à l’occasion de Tiguentourine, il conclut en appelant à «un projet de relance nationale, par un Etat de citoyenneté et une Algérie résolument tournée vers l’avenir et le long terme». Mohand-Tahar Yala précise: «Il s’agit là d’un projet d’insertion mondiale et régionale qui aura à tenir compte des axes civilisationnels, géo-économiques, géostratégiques et géopolitiques».

Quelle insertion ?

Point de vue:

L’ APRÈS -TIGUENTOUNINE, L’AFFAIRE DE TOUS!

par Mohand Tahar Yala,

ancien général commandant des forces navales

L’attaque de Tiguentourine vient de prouver à tous les citoyens que c’est «l’Algérie avant tout» qui est ciblée. L’Algérie, donc avec ses immenses ressources et potentialités, dont notre population, propriétaire souveraine, est la première concernée. Mais en a-t-elle seulement conscience ?
Aussi, je soumets ma contribution aux quatre questionnements suivants, actuellement récurrents au sein de notre opinion publique et des médias:

1 – L’image de l’Algérie a-t-elle été dégradée par l’opération de l’ANP à In Amenas?

Non ! Absolument pas. Bien au contraire, car je considère que ce qui compte le plus et qu’il faut préserver en toute situation, c’est l’image de l’Algérie dans le cœur des Algériens. La riposte, menée à In Amenas, est une véritable leçon donnée à ceux qui, à l’extérieur et à l’intérieur du pays, pensaient que la souveraineté et la sécurité de l’Algérie pouvaient être négociables. Et il n’est pas du tout exclu de penser qu’au-delà de son très haut niveau de résonance médiatique, la véritable intention de ces terroristes relevait d’une projection de plus large contagion stratégique, par l’ouverture d’une brèche, afin de s’y installer durablement et faire de ce site gazier une tête de pont protégée, sachant qu’en plus du bouclier humain que constituent les centaines d’otages, pour la plupart algériens, son bombardement est a priori non envisageable compte tenu de la forte concentration de matériaux inflammables. Il fallait donc réagir très vite et très fort, sans aucune hésitation. Aussi, je fais partie de cette majorité des compatriotes qui sont fiers de l’intervention de nos forces et je rends hommage aux hommes sur le terrain qui ont exécuté une des missions les plus compliquées qui soient avec détermination et compétence.

Pour ce qui est de notre image à l’extérieur, cet événement et la réaction de notre armée ont suscité un regain de respect pour notre pays, même de la part de ceux qui nous sont traditionnellement hostiles. Aujourd’hui, après cette opération de prise d’otages massive et sans précédent au niveau planétaire, tous les experts reconnaissent à nos forces de sécurité leur niveau d’efficacité. Et tout le monde sait également que cette opération porte de bout en bout la signature de l’armée: prise de décision sans ambiguïté, résolution, rapidité de réaction, prise de posture offensive.

Telle aurait dû être l’attitude du pouvoir en 2012, dès l’enlèvement de nos diplomates au sein même de notre enceinte consulaire à Gao. À ce jour, certains sont encore détenus en otages et nous ne pouvons pas les oublier.

Pour rappel, la veille de la prise de notre consulat à Gao, le 5 avril 2012, j’avais préconisé les règles de comportement d’une Algérie forte, dans l’interview parue dans “El Watan.”

2 – Quelles suites réserver aux éventuelles défaillances exploitées par le groupe terroriste pour attenter à ce site, prétendu «hautement sécurisé»?

Beaucoup d’enseignements devront être tirés pour la mise en place d’un véritable dispositif de sûreté et d’intervention adapté à l’immensité du Sud et à même de contrer une menace de type «diluée».

Et je préconise même d’instaurer, en coordination avec les Etats frontaliers, des mécanismes d’action sur leur territoire en cas de nécessité de traiter une menace avérée sur l’Algérie. Pour être tout à fait efficace, ce dispositif doit, d’une part, s’apparenter à ce qui est mis en place par les puissances dans les espaces maritimes et, d’autre part, intégrer tous les potentiels disponibles, y compris les populations locales. La sécurité de l’Algérie concerne tous les Algériens, ils doivent donc y être activement associés. Dans l’appel paru dans l’édition d’“El Watan” du 22 octobre 2012, j’avais souligné la nécessité d’installer le citoyen au centre de la sécurité nationale.

3-La communication a-t-elle été à la hauteur des événements, des enjeux et des intérêts supérieurs de la nation?

Encore une fois: non! Faire pire, cela aurait été difficile. Elle semblait clairement provenir de sources discordantes.

S’agissant d’opérations de cette nature et de cette envergure, un plan d’opération militaire est mis en place, qui normalement doit intégrer son plan de communication, parfaitement cohérent, tous communicants (institutions, chancelleries, réseaux…) et médias confondus. La communication est un acte opérationnel en cas de crise ou de guerre. Alors que l’Algérie a toujours affirmé que le terrorisme est transnational, force est de déplorer que la communication la plus dommageable aura été celle qui a ciblé la population locale, comme composant le groupe terroriste. Je crains que cette affirmation ne laisse des stigmates et rajoute à la déstabilisation des enfants de la région, dont les parents ou les grands-parents ont, un certain mois de février 1962, à la veille des Accords d’Evian, affronté la mort pour s’opposer à la partition du pays et imposer l’intégrité du territoire algérien.

4-Le problème de l’islamisme a-t-il été réglé?

J’aurais à m’exprimer très prochainement sur cette délicate question d’islamisme et d’islam, dans sa dimension mondiale. Mais, aujourd’hui, je reste concentré sur les préoccupations immédiates. En Algérie, nous gérons encore des actions violentes: le problème n’est donc pas réglé. Pour preuve, l’attaque de Tinguentourine vient à peine d’être solutionnée que déjà une toute récente opération terroriste armée a tenté de saboter un gazoduc à Bouira. À l’évidence, nous ne pouvons pas exclure que d’autres actions d’envergure soient programmées contre chacune de nos installations stratégiques, plus particulièrement dans le Sud, du fait des troubles et de l’instabilité dans nos pays frontaliers et de la facilité de mouvement de groupes fortement armés.

C’est pourquoi, à mon avis, le problème ne trouvera sa solution, comme tous nos autres problèmes d’ailleurs, que dans un projet de relance nationale, par un Etat de citoyenneté et une Algérie résolument tournée vers l’avenir et le long terme. Il s’agit là d’un projet d’insertion mondiale et régionale qui aura à tenir compte des axes civilisationnels, géo-économiques, géostratégiques et géopolitiques.

Je terminerai en rendant hommage au jeune Lamine Lahmar, ainsi qu’à toutes les victimes innocentes de la prise d’otages de Tiguentourine.

Mohand-Tahar Yala,

ex-commandant des forces navales.

El Watan, 5 février 2013

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VAINE STRATÉGIE FRANÇAISE AU MALI

par Olivier Roy, directeur d’études à l’EHESS

Le Monde

le 04 fécrier 2013

repris sur algerieinfos

DR-Olivier Roy : « Al-Qaida est une nuisance,
mais pas une menace stratégique. Pour lui ôter
une grande part de sa puissance, il suffit de
faire en sorte que les forces locales que le
mouvement veut parasiter n’aient plus
aucune bonne raison de les protéger ».

Les buts de guerre officiels de la France au Mali sont de combattre le « terrorisme islamique » et rétablir l’intégrité territoriale du Mali. Le problème est de savoir quel est le rapport entre les deux: l’intégrité du Mali est-elle menacée par le « terrorisme islamique »?

Cela dépend bien sûr de ce que l’on appelle « terrorisme islamique », et l’on voit ici que l’on n’est pas sorti de la confusion sémantique et politique introduite par l’administration Bush lorsqu’elle a lancé le slogan de la « guerre contre le terrorisme » après le 11-Septembre.

Sous le vocable de terrorisme islamique on met à peu près n’importe quoi : Al-Qaida bien sûr, mais aussi des partis qui sont avant tout nationalistes, comme le Hamas palestinien, des mouvements locaux voulant établir la charia, comme les talibans afghans ou l’Ansar Eddine malien, voire n’importe quelle communauté religieuse parlant de charia islamique.

L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE DU MALI EST MISE EN CAUSE

Or cette confusion interdit de définir une stratégie claire et de long terme, car elle ne permet pas de distinguer entre des acteurs légitimes, avec qui on peut et doit négocier, même s’ils s’opposent à l’Occident, et des terroristes dont le seul objectif est la confrontation, et qui n’ont aucune base sociale.

L’intégrité territoriale du Mali est mise en cause d’abord et avant tout par les mouvements touareg du nord du pays, qui considèrent, à tort ou à raison, ne pas être assez pris en compte par les gouvernements maliens, avant tout tenus par les Africains noirs du sud.

Il s’agit ici d’une vieille revendication de plus de trente ans, conséquence du partage colonial entre l’Afrique du Nord, tenue par des Etats avant tout arabes, et l’Afrique centrale, tenue par des Africains noirs.

Les Touareg, peu nombreux mais présents sur un territoire immense aux confins de ces deux ensembles, ont été les perdants de ce partage et se manifestent au Tchad, au Mali, au Niger, voire en Algérie et en Libye depuis des décennies.

Exclus du pouvoir, ils ont trouvé dans la contrebande transfrontalière de nouvelles ressources économiques ; de tradition guerrière, ils ont profité des conflits régionaux (dont la révolution libyenne) pour trouver les moyens de s’armer ; enfin, la référence récente à l’islam permet à certains d’apparaître comme porteurs d’un message universel, au-delà de leur identité tribale, et de trouver des alliés dans les populations africaines.

Mais la question touareg relève de tensions ethno-nationales, et pas de l’islamisme. Ce problème ne peut être résolu que par une négociation politique visant à un partage plus équitable du pouvoir.

De plus, pour rétablir l’intégralité territoriale du Mali, il faudrait qu’il y ait un Etat malien central stable, solide et reconnu, ce qui n’est pas (ou plus) le cas. Le risque est qu’au lieu de rétablir un Etat pour tous, l’intervention française redonne le pouvoir à une faction, peu soucieuse de le partager, et aggrave donc les tensions ethniques.

Un second problème, qui va bien au-delà du Mali, est la radicalisation religieuse de mouvements qui sont avant tout ethnonationalistes. Les mouvements touareg étaient représentés par des groupes plutôt séculiers – comme l’est le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), à l’origine de la révolte –, mais ils se font doubler par des mouvements salafistes, qui sont aussi touareg, comme Ansar Eddine, qui mettent en avant la mise en œuvre de la charia et la construction d’un émirat islamique, qui comme par hasard occupe de fait les zones revendiquées par les mouvements nationalistes.

ISLAMISATION D’UNE REVENDICATION NATIONALISTE OU RÉGIONALISTE

C’est un phénomène récurrent dans le monde musulman depuis les années 1980: les moudjahidine afghans, suivis par les talibans, le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, par exemple, incarnent cette islamisation d’une revendication nationaliste ou régionaliste.

Curieusement, c’est dans les zones tribales – Afghanistan, Pakistan, Yémen, Mali – que la mutation de mouvements régionalistes en mouvements religieux salafistes est la plus forte. La revendication autonomiste ou ethnique se double d’une volonté de créer des « émirats islamiques »; le sud de l’Afghanistan est un bon exemple d’une société tribale (les Pachtouns) qui se donne comme expression de son identité ethnique un mouvement religieux, les talibans.

Sans doute est-ce parce que seule la référence à la charia permet de dépasser les clivages tribaux, sans pour autant abolir le système tribal. C’est un phénomène ancien dans la mobilisation des tribus – que l’on pense au Mahdi soudanais des années 1880 ou à la guerre du Rif de 1920 à 1925. Mettre ces mouvements dans la case « terrorisme islamique » est absurde et dangereux.

La récente scission d’Ansar Eddine au Mali entre la tendance salafiste et celle qui se revendique d’abord de l’identité touareg (Mouvement islamique de l’Azawad), scission annoncée le 24 janvier 2013, est une claire indication que ce triple niveau (charia, coalition tribale, revendication ethnico-nationale) peut se recomposer de manière variable autour d’un des trois éléments.

RIEN DE NOUVEAU DANS LES VA-ET-VIENT D’AQMI, DU MUJAO

Que vient faire Al-Qaida là-dedans ? Il n’y a rien de nouveau dans les va-et-vient d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), du Mujao ou de n’importe quel petit groupe de djihadistes internationalistes qui évoluent à leur guise dans le Sahel. Les groupes liés à Al-Qaida sont par excellence des nomades, mais qui nomadisent d’abord dans l’espace global : ils ne sont pas réellement ancrés dans les sociétés où ils opèrent et rassemblent plutôt des « déracinés » souvent d’origine étrangère et par définition très mobiles, d’autant plus qu’ils sont peu nombreux.

Le schéma est le même depuis une vingtaine d’années : Al-Qaida est composée de djihadistes internationaux et n’exprime jamais un mouvement social ou politique local. C’est ce qu’illustre la composition du groupe ayant attaqué le complexe gazier d’In Amenas en Algérie : des gens de toutes origines, de toutes races et incluant des convertis.

AQMI n’a pas d’ancrage sociologique dans le Sahel, mais s’implante grâce à son alliance avec des forces locales, en général salafistes, mais aussi avec des éléments délinquants.

Ce fut le cas en Afghanistan et au Pakistan. Al-Qaida agit essentiellement dans les périphéries du monde musulman – Bosnie, Tchétchénie, Afghanistan, Yémen, Sahel – et rarement au coeur du Moyen-Orient (à part l’épisode bref d’Abou Moussab Al-Zarkaoui en Irak).

AL-QAIDA PARASITE DES CONFLITS LOCAUX

Al-Qaida n’est pas un mouvement politique qui cherche à établir de vrais émirats islamiques locaux : son objectif, c’est avant tout l’Occident, comme le montre l’attaque contre le complexe gazier algérien, où seuls les expatriés non musulmans furent ciblés.

La stratégie d’Al-Qaida est globale et déterritorialisée : il s’agit de multiplier les confrontations, mais toujours en visant l’Occident.

En un mot, Al-Qaida parasite des conflits locaux, qui ont leur logique propre, pour les radicaliser dans un sens anti-occidental et pour attirer l’Occident dans le piège de l’intervention.

L’administration Bush n’avait pas compris cette dimension déterritorialisée d’Al-Qaida et a cherché à réduire les sanctuaires potentiels en contrôlant du territoire par le déploiement de troupes au sol (intervention en Afghanistan en 2001, sans parler de l’Irak en 2003).

Or cette stratégie est vaine : pour occuper du territoire, il faut des centaines de milliers de soldats, et, quand ils sont en place, Al-Qaida est déjà partie (comme en 2001 en Afghanistan, et ce sera le cas au Mali). En ce sens, la stratégie antiterroriste d’Obama – ne pas engager l’armée, mais utiliser les drones, le renseignement et les forces spéciales -, quelles que soient les réticences qu’on peut avoir par rapport à sa légalité ou plus encore à sa moralité, est plus efficace et moins coûteuse, car elle est adaptée à la nature d’Al-Qaida.

Si la France espère mettre fin à la sanctuarisation d’Al-Qaida au Maghreb par une occupation d’un territoire, c’est absurde : le groupe ira se reconstituer un peu plus loin.

Et si le but est la destruction de ces groupes, c’est tout aussi absurde: vu le faible nombre de combattants qu’ils comprennent (quelques centaines), vu leur recrutement international, rien de plus facile pour eux que de bouger, passer les frontières, ou revenir en jean et sans barbe à Toronto ou à Londres.

Al-Qaida est une nuisance, mais pas une menace stratégique. Pour lui ôter une grande part de sa puissance, il suffit de faire en sorte que les forces locales que le mouvement veut parasiter n’aient plus aucune bonne raison de les protéger.

C’est ce qui n’est pas arrivé en Afghanistan en 2001, quand le mollah Omar, contre l’avis de ses conseillers, a refusé d’extrader Ben Laden ; c’est ce qui est arrivé en Bosnie et en Irak, où les combattants locaux ont eux-mêmes fini par chasser les djihadistes étrangers ; c’est ce qui peut arriver au Yémen et en Syrie, c’est ce qui devrait arriver au Mali si on négocie avec les forces locales.

Mais pour cela, il ne faut pas leur coller l’étiquette « terroristes avec qui on ne discute pas ». Or rien n’a été dit à leur adresse ; on peut seulement espérer qu’en coulisses, les canaux de communication fonctionnent.

Derrière la rhétorique de la guerre contre le terrorisme, ce qu’il faut, c’est une approche politique de la situation.

Olivier Roy,

directeur d’études à l’EHESS


Olivier Roy, professeur agrégé de philosophie et diplômé de l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco); directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et de recherche au CNRS; spécialiste de l’islam politique.

Depuis 2009, il dirige le Programme méditerranéen à l’Institut universitaire européen de Florence (Italie). Auteur de nombreux ouvrages, dont « L’Asie centrale contemporaine » (PUF, 2010), « La Laïcité face à l’islam » (Stock, 2005).


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Lire aussi l’éclairage : “Les raisons de l’engagement de la France au Mali”, par Olivier Roy


Sources: Le Monde et algérieinfos


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SAMIR AMIN RÉPOND SUR LE MALI

Un nouveau texte de Samir Amin, diffusé par les soins du site du M’PEP, suite aux réactions suscitées par son texte précédent.

Il alimente opportunément le débat nécessaire et utile autour de l’intervention unilatérale française au Mali.

Ci-dessous le texte en date du 4 février:

Bref commentaire concernant les critiques

adressées à mon article «Mali janvier 2013»

Toutes les critiques qui me sont adressées disent la même chose: que la France de Hollande est une puissance impérialiste, ex-coloniale, qu’elle défend ses intérêts impérialistes, qu’elle n’a jamais renoncé à exercer son emprise sur des États clients en Afrique, etc. Le lecteur de mon article constatera que je ne dis pas autre chose et que j’en tire la conclusion: la France, telle qu’elle est, ne peut pas contribuer à la reconstruction du Mali. À moins d’un miracle auquel je ne crois pas: qu’elle abandonne les concepts «libéraux» du «développement».

Ceux qui me critiquent font dériver directement de leurs prémices une conclusion et une seule: la condamnation de l’intervention française. Sans proposer d’alternative autre que rhétorique et générale: il appartient aux Maliens et aux Africains de régler seuls ce problème, sans dire comment. Ceux qui me critiquent ne disent rien du projet de pouvoir dit «islamique» établi au Nord Mali. Quels intérêts se profilent derrière ce projet?

De facto, donc, leur attitude permet aux sécessionnistes du Nord d’établir leur Etat, voire de conquérir le Sud malien et d’établir un ou deux Etats «islamiques». Ce résultat correspond précisément à l’objectif poursuivi par les Etats-Unis et, dans leur sillage, l’Europe. Ce projet avait d’ailleurs été entériné par Sarkozy.

Les peuples africains et maliens tireront-ils un avantage de cette solution? Ces Etats dits «islamiques» constitueront-ils un rempart contre l’impérialisme? Ceux qui me critiquent ne disent rien sur ces questions décisives. Ce que je dis par contre, c’est que cette solution répond parfaitement à la poursuite du contrôle de la région par l’impérialisme, qu’elle n’affaiblirait pas ce contrôle mais au contraire le renforcerait.

La preuve en est donnée chaque jour: les Etats-Unis et l’Europe ne «suivent» pas Hollande. Les positions prises par de nombreuses ONGs dont certaines sont connues pour leur inspiration directe par la CIA se joignent au chœur. Certes la diplomatie française s’emploie à cacher ces faits en prétendant que les Etats-Unis et l’Europe sont engagés avec la France, ce qui n’est tout simplement pas vrai.

Il y a une fissure qui s’est dessinée entre la France et ses alliés majeurs, qui restent ses alliés en Syrie et ailleurs. Face à ce fait, que ceux qui me critiquent paraissent ignorer, que faire? Soutenir de facto le projet de Washington et de ses alliés européens, accepter le démantèlement du Mali et l’installation de régimes dits islamiques? Je dis que c’est la pire solution. Les critiques en question font comme si les Etats-Unis et l’Europe étaient «moins impérialistes» que la France. Ils prennent position de facto comme si le soutien des Etats-Unis «contre» la France pouvait servir les intérêts des peuples africains. Quelle erreur tragique! Ceux qui me critiquent font comme si on pouvait ignorer que la «conquête» du Nord du Mali n’a pas été le produit d’un mouvement populaire. Pas du tout, cette conquête a été le fait de groupes armés dont les motivations restent douteuses, pour le moins qu’on puisse dire: imposer par la violence leur pouvoir, piller et organiser leurs réseaux de trafics en tout genre. La base militaire des «djihadistes» établie dans la région vise directement l’Algérie. Ses émirs poursuivent l’objectif d’en détacher le Sahara algérien, à défaut de pouvoir prendre le pouvoir à Alger. Une perspective qui n’est pas pour déplaire forcément aux États-Unis. L’incursion d’In Amenas, préparée longtemps avant l’intervention française au Mali, en donne une preuve lisible.

Que la minorité touareg du Nord Mali ait en grande partie soutenu ces groupes «djihadistes», en réponse aux politiques inacceptables de Bamako à l’endroit de leurs revendications légitimes est tragiquement malheureux; et dans l’avenir Bamako doit changer d’attitude à leur égard. Mais dans la situation créée par l’intervention des groupes armés prétendus «islamiques» il fallait accepter les risques que comporte l’intervention française.

La France est mal placée pour contribuer au redressement économique du Mali. Car la reconstruction du Mali passe par le rejet pur et simple des «solutions» libérales qui sont à l’origine de tous ses problèmes. Or sur ce point fondamental les concepts de Paris demeurent ceux qui ont cours à Washington, Londres et Berlin. Les concepts «d’aide au développement» de Paris ne sortent pas des litanies libérales dominantes. Au plan politique la France, avec les pays de la CDEAO, préconise l’organisation rapide d’élections. Cela n’est certainement pas le moyen de reconstruire le pays et la société; c’est même le moyen le plus certain pour ne pas y parvenir, comme toutes les expériences, du monde arabe par exemple, le démontrent. Et de quel droit la France, ou même la prétendue «communauté internationale» (cad les États-Unis, leurs alliés subalternes européens, et les acolytes du Golfe), peuvent se prévaloir à ce titre? Il appartient au peuple malien de s’organiser pour définir les moyens de sa reconstruction. Travailler avec les forces progressistes maliennes et africaines pour que le Mali parvienne à imposer sa solution juste à son problème: reconstruire l’unité du pays, de sa société et de l’Etat, dans le respect démocratique de la diversité de ses composantes.

Sources:

http://www.m-pep.org/spip.php?article3191

Texte inédit de Samir Amin diffusé par le M’PEP avec l’autorisation de l’auteur. Économiste franco-égyptien, Samir Amin est directeur du Forum du Tiers-Monde.

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INTERVENTION FRANCAISE AU MALI: UN DÉBAT NÉCESSAIRE

Certains auront trouvé l’éditorial de M. Saadoune du Samedi 26 janvier trop rugueux, d’autres pas assez, envers le positionnement de Samir Amin sur l’intervention unilatérale française au Mali. Il est certain que le texte de l’économiste de renom a étonné nombre de ses lecteurs, par ce qu’ils considèrent comme des écarts injustifiés entre tactique et stratégie, inhabituels chez l’auteur aux analyses fines, pénétrantes et sans concession sur les méfaits de l’ultralibéralisme globalisé et ses implications néocolonialistes.

A ce titre, le mérite de l’éditorial du Quotidien d’Oran, en plus de sa précision dans la critique et sa vue d’ensemble, est d’inciter à débattre pour mettre les choses au point.

Il marque des repères salutaires pour une partie de l’opinion qui risque d’être vulnérable aux arguties opportunistes et penchants atlantiques des sociaux démocrates français ou de quelques courants d’opinion algériens perplexes ou dévoyés.

Au total, l’ensemble des chroniques de presse et des analyses, à l’instar de celle de Mohd Tahar Bensaada publiée dans Oumma.com [ [pdf_img2353right-doc2352-4.jpg [“Après l’opération d’In Amenas, les premières leçons”
Par Mohamed Tahar Bensaada – le 25 janvier, 2013->http://oumma.com/15578/apres-loperation-din-amenas-premieres-lecons?utm_source=Oumma+Media&utm_campaign=259c8d0e30-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email] ]] à propos de l’environnement régional et mondial menaçant pour l’indépendance algérienne, réactualisent le débat sur la nécessité et les modalités de la lutte contre le terrorisme, avec l’avantage que le contexte actuel et l’expérience acquise par les Algériens favorisent les clarifications.

En ce qui concerne les appréciations positives portées par l’éditorial sur mes positionnements passés ou actuels, je voudrais souligner que ces derniers expriment surtout, non pas des engagements personnels et conjoncturels, mais des convictions ancrées, partagées et intériorisées avec plus ou moins de bonheur par un large corps social et politique, par des acteurs engagés instruits par des expériences historiques heureuses ou malheureuses sous le régime colonial ou dans les facettes successives de l’Algérie indépendante.

Ces convictions de base, confirmées, remodelées et enrichies par les expériences collectives, je me suis souvent efforcé au fur et à mesure de les soumettre aux échanges, que ce soit avec mes compagnons de lutte nationalistes ou communistes partageant le même idéal ou avec l’éventail plus large de mes compatriotes de progrès dans leur diversité idéologique. Mon article au Soir d’Algérie d’il y a cinq ans à propos du militaire et du politique (L’ARMEE, LA DEMOCRATIE POLITIQUE ET LA SOCIETE), remis en ligne aujourd’hui, est un des jalons qui me parait avoir de fortes résonances avec les préoccupations actuelles liées à la vaste opération d’encerclement et de remise en cause de tous les acquis des luttes mémorables du peuple algérien depuis près de deux siècles.

Ce qui a été à mon avis le fil conducteur des prises de conscience les plus bénéfiques depuis les années quarante du siècle dernier, même si pour des raisons multiples elles sont restées en deçà de leur prise en charge massive par les générations militantes, c’est l’exigence suivante, toujours renaissante: le besoin permanent, comme une respiration irrépressible, de démocratie pour le mouvement de libération nationale, politique, économique, sociale et culturelle. Comme le soulignait la brochure collective « L’Algérie libre vivra » en 1949, la Démocratie sociale et politique est à la fois le moyen (levier puissant d’union et de mobilisation) et le but suprême de l’émancipation nationale et humaine. Proclamer ce besoin n’est que le début du long chemin pour le promouvoir et le défendre dans immédiat et le plus long terme. C’est la pierre de touche de tout projet et entreprise: voila qui nous remet en plein dans la grave conjoncture algéro-méditerranéenne et saharo-sahélienne.

HS, 27 janvier 2013


À GAUCHE, TOUT LE MONDE N’A PAS PERDU LA TÊTE!

par M. Saadoune

le 26 Janvier 2013

Le Quotidien d’Oran

éditorial

Samir Amin, économiste marxiste, a publié un texte alambiqué où l’on comprend que les islamistes, toutes tendances confondues, seraient une création des Occidentaux… et il aboutit à la conclusion qu’il faut soutenir l’intervention occidentale et donc française au Mali. Des présupposés à la hauteur de la conclusion! Et comme il faut bien quelques précautions de style, le ci-devant chantre du tiers-monde précise que cette intervention n’apportera pas la «réponse qu’il faut à la dégradation continue des conditions politiques, sociales et économiques non seulement du Mali mais de l’ensemble des pays de la région».

Cette prise de position, à laquelle rien n’obligeait en apparence l’économiste basé à Dakar, est bien entendu applaudie en Occident par les néoconservateurs de tous bords et les anti-islamistes sans nuances. De la droite extrême à la social-démocratie coloniale en passant par le communisme anti-arabe.

La posture procède directement du référentiel idéologique de la laïcité à la française, celle de l’anti-islamisme primaire.

Quand on schématise des réalités complexes et que l’on semble admettre que la contradiction principale au Mali opposerait la démocratie incarnée par le régime de Bamako à un mouvement théologique représenté par les mouvements touaregs et les organisations islamistes, on prend la responsabilité de souscrire à un processus de recolonisation.

S’il n’est pas question d’occulter les menaces posées par des groupes djihadistes – qui n’ont pas de cause réelle mais servent objectivement des drapeaux multiples -, il convient de s’interroger sur les enjeux réels du désastre malien, un État gravement déstabilisé depuis des années et méthodiquement placé dans une impasse empoisonnée.

L’appui apporté par Samir Amin à cette entreprise laisse d’autant plus perplexe qu’en France même, hors un unanimisme de façade, il ne manque pas d’hommes politiques et de penseurs pour contester l’argumentaire bateau que l’économiste franco-égyptien reprend avec un zèle étonnant.

Qu’un intellectuel se réclamant de l’héritage de Fanon puisse se sentir obligé de se mettre publiquement dans la même tranchée que des forces étrangères dont le rôle sur le continent est éloquent ne manque pas de surprendre. Mais confirme la stérilisation de la pensée et la perte de sens de nombreux intellectuels africains et arabes «matérialistes» dépassés par les évolutions de leurs sociétés.

Le hasard – agréable – a voulu qu’au moment même de la sortie de l’étrange épître de Samir Amin, l’Algérien Sadek Hadjeres, militant de gauche au long cours, livre une analyse (sur le site électronique de La Nation) d’une remarquable limpidité qui se nourrit d’une trajectoire militante, concrète.

Un regard qui puise sa force dans l’expérience réelle et historique des luttes anticoloniales et sociales des Algériens.

Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’on retrouve entre Sadek Hadjeres et Samir Amin la même distance que celle qui sépare l’ancien secrétaire général du PAGS des idéologues de l’éradication responsables de l’annihilation de l’organisation communiste algérienne.

Face à ce qu’il faut bien appeler une guerre civile malienne, entretenue de l’extérieur, Sadek Hadjeres pose un regard réfléchi formé par l’expérience concrète des luttes anticoloniales.

On sort ainsi des contorsions théoriques aussi abstraites qu’inconsistantes pour confronter le réel…

Non à gauche, tout le monde n’a pas perdu la tête !


MALI – IN AMENAS et LES RELATIONS ALGÉRO – FRANÇAISES

MALI – IN AMENAS

et LES RELATIONS ALGÉRO – FRANÇAISES:

Les peuples des deux rives pourront-ils, à l’encontre des aventures néocoloniales et djihadistes, faire prévaloir des solutions pacifiques dans l’intérêt mutuel de tous?

Au-delà des controverses touchant aux aspects tactiques et épisodiques de la grave conjoncture enclenchée au Mali et en Algérie, plus largement encore autour de la Méditerranée et du Sahel Africain, une question de fond ancrée dans les décennies précédentes interpelle l’ensemble des peuples, Etats et acteurs protagonistes de ces vastes régions.

Dans les rapports inévitables entre le militaire et le politique, quelle est la combinaison la plus favorable aux solutions de paix, de liberté, de justice sociale, de relations viables et vivables entre peuples et citoyens ? Plus exactement, quel impact sur les solutions selon que domine unilatéralement et arbitrairement l’une ou l’autre de ces options, sans égard aux conditions historiques et géopolitiques concrètes et aux légitimes aspirations des peuples et des citoyens ?Ce thème est abordé partiellement à l’occasion d’une activité associative à laquelle j’étais invité. Je n’ai malheureusement pu y participer directement pour raisons météorologiques et de santé, mais le débat est largement et pour longtemps présent dans l’opinion.

Sadek Hadjerès,

le 22 janvier 2013


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Je remercie d’abord l’association « Agir pour la Paix » de nous donner l’occasion de ce débat. Il est à la fois important en lui-même dans l’imbroglio de la conjoncture présente et il satisfera en même temps, par ce biais de l’actualité, votre intérêt à mieux connaître plusieurs problèmes vécus par l’Algérie avant, pendant et après l’indépendance.

Votre association sait à quel point sont complexes et difficiles les efforts et les luttes pour instaurer et défendre les solutions pacifiques sur la voie de la liberté et de la justice sociale.

Cela se confirme une fois de plus au moment où l’Algérie, peuple et gouvernants, s’efforce de sauvegarder sa souveraineté nationale sur son territoire, son indépendance de décision et ses richesses vitales. En un mot un ensemble de conquêtes arrachées dans la douleur, constamment menacées et remises en cause depuis l’indépendance, et qui lui ont permis de survivre en dépit de sérieuses faiblesses et régressions politiques et sociales internes. Aujourd’hui, le peuple algérien est à nouveau confronté à de graves atteintes et menaces régionales dans lesquelles se conjuguent les visées néocoloniales sur le Sahel africain, les assauts des formations djihadistes aux accointances multiples, et des stratégies mondiales ultralibérales exacerbées par le tourbillon d’une crise financière et économique structurelle.

Mali et In Amenas

Les réactions à la désinformation

L’analyse nécessaire

Pendant le déclenchement de l’intervention française au Mali et la prise terroriste d’otages à In Amenas, on a vu dominer dans la communication et les débats publics, les réactions de caractère émotif ainsi que les motivations subjectives ou exclusivement idéologiques, partisanes, sans le recul et le complément nécessaire d’une analyse sérieuse.

Que ce genre de réactions et proclamations spontanées se produisent chez des gens et des milieux soumis à désinformation, face à des dangers vrais ou supposés, cela se comprend. On comprend aussi qu’elles soient sciemment exploitées et amplifiées par les ennemis des droits de l’Homme et des solutions politiques pacifiques.

Mais aujourd’hui, une fois dépassés les moments de stress collectifs et de confusion les plus aigus, il devient plus facile de concentrer l’attention sur la substance et la racine des évènements, leur contenu économique, social et géopolitique. En un mot les enjeux objectifs véritables, qui éclairent les comportements des acteurs bien mieux que leurs proclamations médiatiques.

Ainsi, il est plus facile de dépasser les illusions, les généralités, les amalgames faciles et procès d’intention, les slogans dont abusent ceux dont l’intention est de faire le contraire de ce qu’ils cherchent à faire croire.

Ils parleront de lutte contre le terrorisme en général en le réduisant aux actes visibles, en eux-mêmes inacceptables et devant être fermement et promptement neutralisés par les services de protection concernés.

Mais ils se gardent de définir et analyser les dessous de ces actes, de s’interroger sur leurs commanditaires maffieux, financiers ou étatiques, les raisons économiques, sociales et politiques du développement et des instrumentalisations de ce phénomène terroriste, les intérêts qu’il sert objectivement ou inconsciemment, la meilleure façon de le combattre, l’isoler et l’extirper comme mode de règlement des problèmes posés aux sociétés et aux Etats.

Au lieu de combattre vigoureusement et intelligemment des agissements terroristes concrets et bien identifiés, on verse en connaissance de cause dans des amalgames idéologiques terrifiants à propos du grand diable vert de l’islam, comme on le faisait avec le grand diable rouge du communisme, l’essentiel étant de maintenir la lourde chape de l’oppression et de l’exploitation.

Ce qui, entre parenthèses, n’empêche pas les croisés islamophobes de mendier les milliards de pétrodollars et de pactiser avec les potentats et fourriers saoudiens et qataris du fondamentalisme intégriste, leur précieux allié chargé de déstabiliser tour à tour les contrées du Maghreb et du Machreq, afin d’y établir des contrefeux à toute avancée possible des processus démocratiques.

Instruit par le passé

Je vous parle d’expérience: quel combattant anticolonialiste pourra-t-il oublier comment nous algériens indépendantistes étions diabolisés par les gouvernants socialistes ou droitiers français qui nous traitaient de fellagas, musulmans fanatiques et terroristes, passibles de la torture et de la guillotine.

Ils avaient comme aujourd’hui plein la bouche et les colonnes de journaux du grand idéal de Démocratie, de la mission dévolue à la France de nous démocratiser et civiliser alors que depuis plus d’un siècle et pas plus tard que les années précédant l’insurrection, ils avaient fourni à l’opinion mondiale l’exemple devenu proverbial des «élections à la Naegelen», du nom du gouverneur général qui avait falsifié massivement, par une répression sanglante et sans vergogne les élections à l’Assemblée algérienne de 1948, ce qui a définitivement fermé aux yeux d’une majorité d’algériens la voie des réformes pacifiques.

Ces gouvernants prétendus de gauche aimaient parler de paix en général, la leur, celle fondée sur le sous-développement et les inégalités sociales et civiques, les prisons et les cimetières, tandis qu’au nom de la «pacification» ils alimentaient les feux de la guerre.

Ainsi procéda Guy Mollet en 1956, lorsqu’élu sur la vague d’un programme électoral de paix en Algérie et disposant d’une bonne majorité parlementaire, il intensifia deux mois plus tard le branle-bas de guerre après avoir cédé aux pressions des militaires revenus du Viet Nam et des colons ultracolonialistes qui venaient de le chahuter à coups de tomates à Alger.

Comme vous le voyez, la confusion, les méfiances et les contentieux à déblayer restent encore lourds dans les opinions, même lorsqu’elles sont de bonne foi et de bonne volonté des deux côtés de la Méditerranée.

C’est pourquoi entre autres, à propos du Mali et d’In Amenas, les voix ont été nombreuses à tenter de culpabiliser l’Algérie pour les propositions constructives de ses gouvernants visant depuis des mois à régler progressivement la grave crise malienne.

On voudrait la punir pour le sage refus de sa diplomatie de s’associer aux solutions guerrières et aventuristes dans lesquelles on a cherché à l’entraîner, y compris en utilisant les prétextes suspects du «Terrorisme», dont la nouvelle flambée à point nommé sur une partie ultrasensible des territoires du Sud algérien mérite plus ample investigation.

Comme dans la fable des animaux malades de la peste, l’Algérie qui dérange avec sa politique extérieure de pacifisme africain (pourtant parfois flottante) est désignée comme la responsable de tous les maux.

On ne peut s’empêcher de penser aux incitations suggérées par de bonnes âmes à propos de la situation actuelle en Grèce: le porte parole du Fonds Monétaire International décrète sans rire que la grave crise grecque est provoquée par le mouvement Syriza, coupable de refuser et cautionner la politique d’austérité menée par les instances internationales et la troïka intérieure des partis de Grèce soumis aux diktats ravageurs.

Il ne s’agit pas évidemment de rester braqué sur le passé comme si ce dernier devait fatalement se répéter. Mais instruits par ce passé, quel regard objectif et critique pouvons-nous porter sur les derniers évènements, nous algériens et français aspirant à la paix, à la liberté et au progrès social, travailleurs et autres couches sociales des deux pays qui gagnerions à défendre ensemble les intérêts mutuels légitimes de nos peuples et de nos États?

Assurément, ces évènements reflètent un concentré des problèmes multiples hérités des décennies d’Histoire écoulées, tout en étant un creuset aux conséquences futures importantes autour de la Méditerranée, avec les particularités inhérentes à chacune des deux rives.

Du côté sud, nous avons les peuples du monde arabe qui ont été secoués par les tempêtes récentes (terme que je préfère à celui approximatif et trompeur de printemps), ainsi que ceux d’une Afrique noire à l’économie précaire et ballotée par l’instabilité politique.

Du côté nord, c’est l’Europe et plus généralement le monde dit occidental où l’onde de choc de la crise capitaliste mondiale et les politiques d’austérité exercent leurs ravages et accroissent les angoisses. En fait, si on en croit les données et indicateurs d’analystes fiables tels que ceux du GEAB 20, le tableau pour tous les continents est dominé par l’imminence de remous géopolitique sans précédent à partir de ce printemps 2013.

Sur cette toile de fond, que nous disent quelques traits récents significatifs de la partie dangereuse et hasardeuse qui se joue autour du Mali et dans la région sahélo-saharienne?

Durant de longues semaines, la diplomatie française

s’efforçait de cacher les plans d’intervention militaire à très brève échéance en faisant mine de souscrire aux recommandations algériennes qui ont reçu l’aval des instances de l’ONU. Celles-ci consistaient à poursuivre et soutenir les efforts en vue de solutions pacifiques et négociées entre tous les acteurs de terrain au Mali et dans la région, sans exclure en cas d’échec une intervention soumise à conditions et contrôle collectif.

Nul n’ignore que malgré cela, les tentatives françaises au grand jour ou souterraines se sont intensifiées auprès de la CEDEAO et des acteurs maliens visant à les dissuader d’appliquer cette orientation et à se tourner vers l’option militaire comme la seule possible.

Sur cette lancée dans la tradition de la Françafrique, l’avancée de formations djihadistes vers le Sud malien dont les instigateurs et les dessous restent à éclaircir, a été une tentative de légitimer et précipiter une intervention militaire unilatérale déjà longuement préparée, avec l’espoir que ce fait accompli consacre au leadership français un soutien international assez large.

Cette manœuvre a des similitudes frappantes avec celle pilotée par Sarkozy en Libye, qui avait exploité les stupides menaces de Qadafi sur les habitants de la ville contestataire de Benghazi, pour contourner les instances de l’ONU et transgresser l’esprit et la lettre des résolutions du Conseil de Sécurité.

En fait, comme en Libye, la menace des groupes djihadistes maliens pouvait être bloquée sans menace réelle sur le sud du pays en attendant des mesures régionales et internationales plus consensuelles. Mais cela ne correspondait pas aux projets français réels tels qu’ils ont été rapidement confirmés par de multiples déclarations de la présidence et d’autres commentaires autorisés, à savoir la conquête et le contrôle de tout le territoire malien.

Le flou et les manipulations secrètes continuent à être, à cela rien d’étonnant, l’arme privilégiée des entreprises néocolonialistes, au mépris des usages et du droit international.

L’étape suivante pour sortir de l’isolement international auquel se heurtait dès le début l’entreprise guerrière, ce fut – par coïncidence bizarre ou planification synchronisée – la tentative par le biais de commandos terroristes, d’internationaliser le harcèlement et l’encerclement d’une Algérie récalcitrante à se joindre au brigandage.

Ce rôle fut dévolu à l’incursion à point nommé à In Amenas du groupe djihadiste de Belmolkhtar, au sujet duquel les opinions de tous pays sont dans l’attente d’informations sur les dessous encore opaques d’une affaire qui a probablement peu de secrets pour les services spéciaux des pays les mieux outillés en ce domaine.

En fait, de nombreux secteurs des opinions tant en Algérie qu’en France, travaillés par les rumeurs, les accents propagandistes et la désinformation, ont raison d’être perplexes sur les mobiles, les raisons de certains comportements à leurs yeux déroutants tant du côté des autorités françaises qu’algériennes.

Du côté français, il est assez vite apparu, que les raisons d’urgence sécuritaire initialement invoquées visaient de façon préméditée l’objectif de «reconquête totale du Mali». Il s’agissait surtout en fait de prendre de vitesse les partenaires européens et occidentaux dans l’UE et l’OTAN, à la fois comparses et rivaux qui furent tenus le moins informés possible de la décision française. On comprend leur mauvaise humeur et leurs réticences à s’aligner sur l’aventure pilotée par Hollande en posture de chef de guerre.

Ces calculs nous ramènent aux compétitions féroces sur le terrain et dans les chancelleries qui opposaient au cours du XIXème siècle les puissances européennes pour le dépeçage colonial de l’Afrique aboutissant au pacte de brigandage du “Congrès de Berlin de 1895” de triste mémoire. Cela fait penser aussi, une vingtaine d’années plus tard, au démantèlement au siècle suivant du Proche et Moyen Orient arabes, jusque là sous administration ottomane – à partir des accords anglo-français “Sykes Picot.”

Les mœurs coloniales ont survécu avec les mêmes oripeaux de mission civilisatrice, les mêmes arguties et artifices de langage qui furent ceux des gouvernants de la France royaliste ou républicaine, toujours pressés d’évacuer et compenser leur discrédit intérieur et les mécontentements sociaux et populaires par des fuites en avant extérieures.

Aujourd’hui François Hollande prolonge au Mali les coups de force aventuristes de Sarkozy en Côte d’Ivoire, Libye et Syrie pour des raisons à la fois internes et de stratégie internationale.

En perte de vitesse dans l’opinion par sa politique d’austérité envers les couches les plus vulnérables, il souhaiterait compenser la fragilité de l’économie française par un pillage accru et pérennisé des ressources africaines.

Prétendant que la France n’a pas de visées économiques sur un Mali soi-disant pauvre mais pourvu notoirement d’un sous-sol fabuleux encore peu exploité, il vise en fait un positionnement stratégique malien qui garantirait la sécurité de l’exploitation des gisements sahéliens tels que ceux d’uranium du Niger que le monopole de Areva, selon diverses sources, paye au quart de son prix mondial, cependant qu’une part infime est allouée aux couches bureaucratiques nigériennes inféodées, le reste de la population, notamment touarègue, livré à une misère et une pollution radioactive massives.

Cette stratégie n’hésite pas à attiser les divisions ethniques africaines, autant que la désinformation et la passivité d’une grande partie de l’opinion française anesthésiée par des décennies de rente coloniale et les préjugés du «racisme ordinaire».

Venons-en maintenant aux questionnements du côté algérien.

Comment comprendre que les projets et déplacements d’une organisation terroriste, dont l’existence et nombre d’activités sont en principe bien connues ou prévisibles, ait échappé à la vigilance des services concernés dans une période et sur un territoire aussi sensibles avec les menaces multiformes surgies depuis le Mali.

Dans le même ordre d’idées, que signifie exactement l’accord donné au survol de l’espace aérien algérien? N’aurait-il pas été mieux compris si les autorités algériennes, au lieu d’être enfermées dans un silence ressenti comme un outrage par les citoyens qui l’ont appris de la bouche des gouvernants français – l’avaient publiquement soumis à conditions en exigeant des objectifs limités de l’opération malienne, sans accepter que cet accord soit illimité et par conséquent prisonnier des plans néocolonialistes comme le prétendent les sources françaises?

Étonnant de la part d’un des pays qui restent parmi les plus attachés de la région au principe de souveraineté, au moins par les déclarations et par certaines positions qui tranchent avec l’alignement et la soumission poussée de nombreux régimes arabes aux plans atlantiques du «Grand Moyen Orient» ou de «l’Africom».

Ces inquiétantes zones d’ombre ne seraient-elles pas, sous réserve d’informations souhaitables, seulement la partie émergente de l’énorme iceberg constitué par certains lourds problèmes intérieurs algériens préoccupants?

On connaissait déjà, sur des questions stratégiques importantes, quelques exemples révélateurs des méfaits de l’autoritarisme antidémocratique et de la corruption massive engendrée par un système compradore.

Ainsi il y a quelques années, au temps du ministre Chekib Khellil approuvé par le président Bouteflika, les Algériens découvraient la mise en danger stupéfiante des acquis de la nationalisation des hydrocarbures, si grave qu’elle fut en partie désavouée au moins temporairement. Tout récemment encore, la nouvelle expression de ces reculs dans l’accord donné en catimini à l’exploration et l’exploitation des gaz de schiste sahariens, au sujet duquel on attend toujours des informations claires et convaincantes.

Autant de signes de la méconnaissance et du mépris affichés envers la participation démocratique de la société, alors que cette participation, réprimée de toutes parts, est le facteur décisif pour la cohésion et l’efficacité nationales, face aux chantages des ennemis d’une solide souveraineté algérienne.

Aucun doute que si les autorités du pays s’étaient appuyées sur une volonté et une vigilance populaires démocratiquement et massivement exprimées, les plans de déstabilisation et d’isolement de l’Algérie auraient eu de bien moindres chances de réussir.

On peut tout aussi bien affirmer que les carences de la vie associative et des organisations dans la société et le champ politique, en partie à cause des entraves et de la répression officielles, n’ont pas permis à la base populaire et citoyenne de se mobiliser pour jouer un rôle bénéfique capable de peser sur les orientations de politique générale et internationale du pays.

Trop souvent, les faiblesses du consensus national et de la démocratisation sont imputées aux seuls pouvoirs, qui en assument effectivement la plus grande responsabilité.

Mais les acteurs sociaux et politiques présents au sein de la société ont eux aussi les yeux trop souvent rivés sur les jeux de pouvoir, les illusions quant aux changements par le seul « sommet». Ils s’interrogent et se mobilisent peu sur les moyens à mettre en œuvre pour élever les capacités d’influencer, participer et prendre en mains la part la plus grande qui leur revient démocratiquement dans les processus d’orientation, de décision et de contrôle.

Pourtant, et c’est un bon signe par rapport aux régressions constatées, la société et les organisations sociales font preuve d’élans mobilisateurs de plus en plus conscients contre l’austérité et les injustices sociales, pour des solutions bénéfiques aussi bien aux populations qu’à l’intérêt national.

La réaction dominante de la part des pouvoirs est la répression ou des mesures démagogiques sans impact profond sur les problèmes posés.

Voila ce qui rend plus impératifs des efforts plus grands de la part des forces politiques progressistes de toutes obédiences et plus encore celles qui se déterminent sur des bases de classe claires, pour accompagner et soutenir les luttes sociales en cours dans leur contenu revendicatif et de propositions constructives. Seule façon aussi de mettre en échec les entreprises de corruption ou de division et d’aiguisement des conflits ethnicistes et communautaristes jusqu’ leur militarisation artificielle.

On se trouve en vérité face au problème crucial de l’Algérie depuis les débuts tourmentés de l’indépendance avec la grave crise de l’été 1962. Cet évènement fondateur malheureux marqua le début effectif du détournement de la perspective démocratique et sociale, celle proclamée par l’insurrection nationale de novembre 1954. L’objectif formel, l’indépendance du pays par rapport au joug colonial dans ses formes les plus brutales, avait été réalisé sans le contenu de citoyenneté qui aurait pu lui donner son plein sens. La république démocratique et populaire, inscrite au fronton des bâtiments et sur les documents officiels n’a connu, dans son contenu politique et social, une existence tendancielle, fragile et sabotée que durant une courte période, avant de subir sa plus grande régression dans la décennie noire des années 90. Celle-ci a accéléré l’expansion de l’autoritarisme et de la corruption devenant systémiques.

Le rapport entre le militaire et le politique

La question est posée: à quelles conditions se fera une convalescence digne des grands espoirs et de l’héroïsme collectif naguère déployés contre l’esclavage colonial.

L’une des conditions primordiales est que la société algérienne, ses institutions et ses forces politiques prennent en charge positivement les rapports entre le militaire et le politique. Ce problème crucial a traversé les étapes historiques successives de l’Algérie. Le rapport entre le militaire et le politique a été vécu et géré tantôt de façon synergique et constructive, tantôt antagonique et contre-productive.

En illustrer les diverses manifestations successives, depuis la conquête française au 19ème siècle, était le thème que j’assignais à mon intervention avant que surviennent les évènements récents liés au Mali. Je vous en exposerai les éléments déjà préparés, soit dans le débat, soit ultérieurement.

Sadek Hadjerès

22 janvier 2013


L’INVASION DU MALI UNE OPÉRATION POUR LA RECOLONISATION DE L’AFRIQUE

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Auteur: Alexander Mězjajev

Source: fondsk.ru

Jeudi 17 janvier 2013

Depuis le 11 janvier 2013 une intervention méthodique de l’impérialisme occidental se déroule dans une autre partie de l’Afrique. Cette fois-ci, à nouveau en utilisant le Conseil de Sécurité de l’ONU trompé. La conquête du Soudan a été réalisée en séparant la petite partie sud riche en pétrole du reste pauvre du pays. Le contrôle des régions pétrolières du Nigeria a été décidé par la Cour internationale de Justice . Celui de la Libye et de la Côte d’Ivoire a été assuré par une intervention militaire directe sur la base des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Les méthodes différent mais l’objectif est le même – la recolonisation de l’Afrique, la conquête de ses ressources naturelles et de ses marchés et l’arrêt de sa coopération avec la République populaire de Chine.

Lors de l’intervention au Mali, la communauté impérialiste, dans son entreprise de justification des interventions visant à contrôler l’opinion publique mondiale, s’efforce d’éviter toutes les erreurs commises dans les agressions contre d’autres pays d’Asie et d’Afrique. La guerre de l’information qui accompagne les campagnes de guerre de l’impérialisme lui a permis d’asseoir l’idée que l’impérialisme s’est levé pour défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du Mali. Ce n’est pas du tout ça. Il existe toute une série de facteurs qui confirment que cette intervention ne diffère pas des précédentes.

Les groupes terroristes dans le nord du Mali ne sont pas nés ces deux dernières années. Ils ont été crées au su et au vu des services secrets des puissances impérialistes et avec leur soutien, des décennies durant.

La situation n’est devenue explosive que lors de l’intervention contre la Libye, et surtout après son achèvement et le renversement de Mouammar Kadhafi. Les armes ne sont pas parvenues au Nord du Mali, par hasard. Il existe de nombreuses preuves que les transferts d’armes ont été effectués avec l’aide de la France.

L’analyse de l’évolution des événements en 2012 suggère que l’ensemble du processus a été une action parfaitement préparée, axée sur l’acceptation par l’opinion publique de l ‘«inévitabilité d’une intervention militaire. »

Ce fut d’abord le vol soigneusement préparé puis exécuté des armes libyennes et leur livraison aux tribus touaregs dans le but ensuite de les pousser à commencer les actions militaires. Cependant les Touareg se sont vite rendu compte qu’ils ont été manipulés et ont commencé à se distancer progressivement de l’indépendance précédemment déclarée.

Le Mouvement national pour la libération de l’Azavad (NHOA) a déclaré que «la Déclaration d’Indépendance de l’Azavad était simplement une tentative pour susciter l’intérêt de la communauté internationale sur le sort de la population dans le nord du pays » et a exprimé sa volonté d’agir. Après, les forces d’Al Qaida et ses organisations « AQMI » (Al – Qaïda Maghreb islamique) et « MUJAO » (Mouvement pour l’Unité et le Jihad en Afrique de l’Ouest), ont attaqué le MNL Azawad c’est une véritable provocation des organisateurs. Par ailleurs, même l’organisation islamiste Ansar Dine (Défenseurs de la Foi) avait annoncé sa volonté d’agir.

Lors de la réunion à Ouagadougou, au Burkina Faso, Ansar Dine a abandonné «la violence, l’extrémisme et le terrorisme », et s’est engagé à lutter contre la violence aux frontières Cet engagement a été qualifié de trahison par les deux groupes islamistes Aqmi et Mujao qui ont commencé à le combattre.

En Novembre 2012, Aqmi et le Mujao ont engagé des combats contre le MNLA. À la fin du mois de Novembre, les forces de Ansar Dine sont entrées dans la bataille contre le Mujao au sud-ouest de Tombouctou. Je mentionne cette description détaillée afin qu’on puisse comprendre la complexité de l’organisation de la stratégie des services secrets occidentaux, dont le but était de déstabiliser le Mali et de créer des prétextes pour une intervention armée.

Les médias occidentaux s’efforcent maintenant d’imposer à l’opinion publique l’idée que les groupes terroristes sont concentrés dans le nord du Mali, pour rejoindre les formations armées , ce qui est vrai, s’est jointe à eux, même la tristement célèbre « Boko Haram », nigériane, mais ils évitent de dévoiler la nature de ce regain de combats, utilisés comme prétextes pour une intervention militaire.

Selon le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, plus d’un demi-million de réfugiés ont quitté l’espace des combats. La catastrophe humanitaire a frappé non seulement le Mali, mais aussi les pays voisins. En c’est précisément ce qui était visé et qui devait être atteint. Pour souligner plus fortement l’effet, des mosquées ont été détruites à Tombouctou et dans d’autres centres historiques du Sahara. Tout s’est déroulé dans un seul but : choquer la communauté internationale et obtenir un soutien pour une intervention militaire.

Après le coup d’état, rapidement a commencé à se propager l’idée d’une intervention militaire. Les représentants du nouveau gouvernement ont demandé l’intervention militaire des Nations Unies et ont déposé une plainte auprès du Tribunal pénal international. Pendant ce temps, au niveau de la direction du Mali, des conflits se manifestaient au sujet de la conception de l’intervention militaire. S’opposaient propositions d’aide de l’Occident et missions purement militaires des Etats africains. En particulier, ces conflits sont devenus la cause de l’échec de la tentative de coup d’Etat d’Avril puis celle de Décembre dernier, lorsque l’armée a renversé le Premier ministre Cheikh Modibo Diarra. Ce n’est pas un hasard si le Conseil de sécurité a fermement condamné « l’ingérence continue de l’armée et de la sécurité dans les activités du gouvernement malien de transition et a souligné qu’il était prêt à imposer des sanctions contre ceux qui troublent l’ordre constitutionnel.

Tout particulièrement, dans ce contexte, il est nécessaire d’évaluer le coup d’Etat au Mali de Mars 2012. A l’époque, quelques jours avant les élections présidentielles, le président Amadou Toumani Touré, connu sous le sigle ATT était renversé. L’absurdité de ce coup d’Etat est que ATT n’était pas candidat pour un autre mandat, mais il était un adversaire de l’intervention militaire de l’Occident.

Le Conseil de sécurité ne s’est pas dressé contre les terroristes islamistes d’Al-Qaïda, mais contre l’armée et la sécurité du Mali.

À la fin, le 20 décembre 2012, le conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2085, qui a approuvé l’intervention militaire au Mali. La Résolution a autorisé l’envoi d’une mission militaire- Mission d’appui international au Mali, dirigée par des Africains qui sera composée de 5.000 membres de l’armée malienne et de 3.000 membres des Etats de l’Organisation des Nations Unies.

La conception de l’opération a été développée par le Gouvernement du Mali et les partenaires et a été approuvée par l’Union africaine et la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest).

Qui sont les partenaires au Mali ? Etats-Unis, la France, l’Allemagne, le Canada, l’Algérie, la Mauritanie et le Niger.

Le début Janvier a été marqué par une démarche apparemment « illogique » d’Al-Qaïda, dont les forces ont commencé à marcher sur le Sud et ont occupé le 7 janvier la ville de Kona. Kona se trouve exactement sur la frontière entre le nord et le sud du Mali. Cela marque le début d’un engagement contre une région où vit la plus grande partie de la population du Mali.

Si cette opération devait avoir pour le leadership d’Al-Qaïda un sens, elle aurait du se réaliser à l’adoption de la résolution 2085, par exemple, après une série de réunions à Bamako ou à un autre moment approprié pour l’AQMI.

Or, les opérations offensives ont commencé immédiatement après l’adoption de la résolution de l’ONU autorisant une action militaire. Cela confirme qu’il s’agit d’une provocation préméditée qui devait précipiter l’envoi immédiat de troupes. Dés le soir du 10 janvier Dionkunda Traoré qui exerce les fonctions de Président du Mali, proclamait la mobilisation et l’état d’urgence et dès le 11 janvier, les troupes françaises débarquaient au Mali. Les médias occidentaux ont essayé de camoufler cette démarche en mettant en exergue la participation des armées du Sénégal et du Niger, dont les troupes ont également débarqué, mais celui qui joue le rôle de premier plan est tout à fait évident, indépendamment du fait que c’était déjà clair le jour de l’adoption de la Résolution 2085, quand le ministre des Affaires étrangères du Mali a remercié tous les membres du Conseil de sécurité et en particulier les représentants de la France.

Cependant que la décision de la CEDEAO d’engager immédiatement les opérations de la mission n’a été rendue publique qu’après l’annonce que la mission militaire française a déjà commencé les opérations au Mali. Les Français ont donc commencé l’intervention militaire quand les troupes des Etats africains n’étaient pas physiquement présentes au Mali.

Une excellente opération d’information

« L’intervention militaire internationale au Mali » n’a qu’un seul défaut – il manque une explication compréhensible cohérente de l’activité d’Al-Qaïda – Aqmi dans les pays du Maghreb islamique. Les Médias imposent les affirmations quant aux tentatives d’Al-Qaïda de déployer ses forces dans le nord du Mali et d’y créer une base permanente. Il est connu depuis longtemps qu’Al-Qaïda y était implantée durant toute la dernière décennie et tout le dispositif mondial de lutte contre le terrorisme a laissé ce groupe terroriste inaperçu (au moment où tous les satellites militaires du monde sont en mesure d’enregistrer un objet au sol de dimensions plus petites qu’un pistolet). Le fait qu’Aqmi n’a commencé ses opérations que maintenant, confirme qu’il s’agit d’une provocation planifiée qui devait être utilisée pour une intervention militaire immédiate au Mali.

Le début de l’année 2013 est ainsi marqué par une nouvelle opération spéciale pour la recolonisation de l’Afrique. Ses principaux acteurs sont les Etats-Unis et la France qui tentent par la force militaire brute d’empêcher l’expansion économique de la République populaire de Chine. Le Mali, comme la plupart des pays africains, fait partie des pays riches en matières premières alors que sa puissance politique et militaire est négligeable.)

Mais il est nécessaire de reconnaitre que l’impérialisme s’est, cette fois-ci, épargné les erreurs commises dans la guerre de l’information lors de l’intervention en Libye et en Côte-d’Ivoire en arguant qu’il s’agissait d’une intervention préventive pour prévenir les catastrophes humanitaires et promouvoir la liberté et les droits de l’homme. Aujourd’hui, il est difficile que quelqu’un s’oppose à l’affirmation que l’opération militaire des forces des Nations Unies est inévitable.

Le pays a été confronté à un choix difficile: les islamistes ou impérialisme? L’intervention internationale le Mali va la payer avec sa souveraineté et ses colossales ressources naturelles. Selon les dires du «socialiste» F. Hollande, les troupes resteront au Mali aussi longtemps que nécessaire.

Ce n’est pas par hasard que le président renversé Amadou Toumani Touré, disait que: « Paris est plus dangereux que Tombouctou »

L’Afrique a toujours été et demeure un polygone d’expérimentation des scénarios militaires et politiques les plus divers. C’est pour cela que, non seulement l’Afrique, mais aussi la Russie devraient accorder une attention au scénario de mise en œuvre réussi ( jusqu’à maintenant) de l’intervention militaire dans un pays dans lequel avait été, auparavant, artificiellement paralysé le pouvoir politique dans le but de le « libérer des islamistes. « Compte tenu des efforts de l’Occident visant à discréditer les dirigeants actuels de la Russie et de soutenir la construction de groupes terroristes islamistes opérant dans le Caucase du Nord et la région de la Volga, il est nécessaire d’accorder une attention particulière à cette démarche.

Auteur: Alexander Mězjajev

Source: fondsk.ru


SAHARA – AFRIQUE : NOUVEL EL-DORADO? POUR QUI et à QUEL PRIX ?

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SAHARA – AFRIQUE :

NOUVEL EL-DORADO

POUR QUI

et à QUEL PRIX ?

Il ne s’agit ici que d’une ébauche de liste de documents et vidéos, qui mettent en relief les eldorados sahariens imaginés de loin par les «nantis» et la réalité de la dégradation des conditions de vie des peuples sur place…

Actuellement les pillages monstrueux (uranium, or, pétrole…) des richesses du Sahara et de l’Afrique, agressent trop souvent les populations entraînées dans un déni de soi et dans la misère.

Du temps de l’Afrique coloniale, et même après, les expérimentations anciennes menées au Sahara (armes chimiques, essais nucléaires…) sont une caricature de l’agression dont ont été victimes les peuples sahariens…

Tous ces documents sont très facilement accessibles sur le Web, et il est plus difficile à tout un chacun d’ignorer ces faits…

M&S-R


MALI: L’OR – “L’or nègre” Livre de Camille de Vitry (avec les ressortissant-e-s de Sadiolaédition tahin-party.org.


NIGER: L’URANIUM “Niger, la bataille de l’uranium” – vidéo documentaire sur le lien entre la rébellion au nord, l’Etat du Niger et AREVA – le 30 octobre 2012.


NIGERIA: LE PÉTROLE “Le sang du Nigéria” spécial Pétrole Africain – Vidéo documentaire – Thalassa – 31 mai 2011.


ANNÉES 1935 à 1978 – B2-Namous – ALGÉRIE: base militaire française «secrète» – ESSAIS D’ARMES CHIMIQUES: Vidéo documentaire de 13′ 13, mis en ligne le 21 mai 2012; «Quand la France testait des armes chimiques en Algérie »article de Vincent Jauvert, des 23-24 octobre 1997 – Le Nouvel Observateur; ESSAIS CHIMIQUES DE OUED NAMOUS (BÉCHAR)Les victimes oubliées d’une raison d’état El Watan, 14 juin 2009 …


ANNÉES 1958 à 1962: REGGANE – base militaire française – ESSAIS NUCLÉAIRES EN ALGÉRIEvidéo documentaire : “Vent de sable, le Sahara des essais nucléaires”


MALI

L’OR

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[

L’or nègre

Livre

de Camille de Vitry

avec les ressortissant-e-s de Sadiola

http://tahin-party.org/de-vitry.html

->http://tahin-party.org/de-vitry.html]

“En 2002 et 2003, Camille de Vitry avait recueilli le témoignage des habitants de Sadiola au Mali…

Ses films ont révélé un mode inimaginable d’exploitation de l’or, responsable de graves problèmes sanitaires et qui repose sur des conditions de travail insupportables…”

Dans son livre elle rappelle que son attention avait été attirée par le fait que les femmes qui restaient au Mali dans des zones proches de la mine d’or de Sadiola étaient devenues stériles et victimes de plusieurs maladies dont des fausses couches à répétition, alors que les animaux mourraient autour du bassin des boues.[[Plusieurs témoignages font en effet état de maladies, dont la cause exacte reste inconnue de nous à ce jour, mais qui pourraient s’assimiler à des intoxications au cyanure, à l’arsenic et à des métaux lourds.]]

Le livre raconte l’enquête de Camille de Vitry, aidée par François-Xavier Verschave, et de nombreuses associations: Association
des ressortissants de Sadiola en France (ARSF), Survie, Sherpa, etc. et les différentes démarches entreprises notamment par les associations locales de Sadiola, qui finalement pourront se faire entendre, et obtenir des mesures environnementales plus correctes, et viables.

http://tahin-party.org/textes/l-or-negre.pdf

pour commander le livre en ligne (5 euros)

cliquer sur le lien
http://tahin-party.org/commander.html

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NIGER

L’URANIUM

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[

Niger, la bataille de l’uranium

imédiaGroup Niger•

Publié le 30 oct. 2012

Documentaire sur le lien entre la rébellion au nord, l’Etat du Niger et AREVA.

http://www.youtube.com/watch?v=HpxzaGgGsvo

->http://www.youtube.com/watch?v=HpxzaGgGsvo]

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NIGERIA

LE PÉTROLE

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[

Le sang du Nigéria

Spécial Pétrole Africain

Thalassa

http://www.youtube.com/watch?v=_KBzfoHx7JI

->http://www.youtube.com/watch?v=_KBzfoHx7JI]

Le sang du Nigéria

Spécial Pétrole Africain
Thalassa

Publié le 31 mai 2011

Documentaire sur l’exploitation des richesses de l’Afrique.

Une plongée dans l’enfer du Delta du Niger.

Emission de Thalassa, enquête de Philippe Lespinasse

Une production Grand Angle Productions

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ANNEES 1935 à 1978

B2-Namous

base militaire française « secrète »

essais d’armes chimiques

extrait de la vidéo : … Le centre B2 à Namous … nécessite des recherches approfondies et des investigations … une page d’histoire on ne peut plus douloureuse et amère vécue par le peuple durant le colonialisme français qui n’a eu pitié ni des gens, ni de la terre, encore moins de la faune et de la flore…

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[

B2-Namous

MuzikDz

http://www.youtube.com/watch?v=uKJyDxz5AN8

->http://www.youtube.com/watch?v=uKJyDxz5AN8]

Publié le 21 mai 2012

durée : 13’ 13

B2-Namous est une ancienne base militaire secrète de l’armée française située dans le Sahara et qui a été utilisée du temps de l’Algérie française (1830-1962), mais également du temps de la République algérienne (jusqu’en 1978).

B2-Namous est la dernière base militaire, connue, à avoir été utilisée par la France après l’indépendance de l’Algérie.

La présence de cette base a été publiquement divulguée en 1997, soit vingt ans après la fin du premier bail renouvelable accordé à la France par les Accords d’Évian de 1962.

Fin du secret militaire
La divulgation de ce secret militaire et diplomatique est le fait du journaliste français Vincent Jauvert du magazine Le Nouvel Observateur qui en a fait la une de son nº 1720 d’octobre 1997 « Exclusif: Quand la France testait des armes chimiques en Algérie ». Le 21 octobre 1997…

http://fr.wikipedia.org/wiki/B2-Namous

[ESSAIS CHIMIQUES DE OUED NAMOUS (BÉCHAR) – Les victimes oubliées d’une raison d’état – El Watan, 14 juin 2009

http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/nucleaire/victimes_oubliees.htm->http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/nucleaire/victimes_oubliees.htm]

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[« Quand la France testait des armes chimiques en Algérie»article de Vincent Jauvert, des 23-24 octobre 1997 – Le Nouvel Observateur
(document parvenu à socialgerie, pdf téléchargeable)->doc3196]

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[article repris dans INFO – AROPACBulletin Janvier 2011 – n°23

http://www.aropac.ch/documents/Info%20AROPAC%20No%2025%20Janvier%202011.pdf

 >http://www.aropac.ch/documents/Info%20AROPAC%20No%2025%20Janvier%202011.pdf]

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ANNEES 1958 à 1962

REGGANE

base militaire française

essais nucléaires en Algérie

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[

Vent de sable, le Sahara des essais nucléaires

http://www.youtube.com/watch?v=HKm6MXasgVo

->http://www.youtube.com/watch?v=HKm6MXasgVo]

Essais nucléaires français : les Algériens réclament justice

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La levée du secret défense réclamée 50 ans après les premières explosions

http://www.algerie-dz.com/forums//showthread.php?p=2617217

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FRANCE-El DJAZAÏR: ANALYSE DE L’INTERVENTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MALI

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L’INTERVENTION MILITAIRE DE LA FRANCE AU MALI

Après l’intervention militaire en Libye qui a déstabilisé la région, la France vient d’engager ses forces armées au Mali.

L’Algérie était pourtant parvenue à convaincre le MNLA et Ançar Dine, deux groupes touaregs de la rébellion, de déposer les armes et d’engager des négociations avec Bamako.

Les tergiversations du Président par intérim du Mali, soutenu par la CEDEAO présidée par Alassane Ouatara, ont fait échouer celles-ci.

Cette intervention de la France s’apparente à une expédition de type néocoloniale pour maintenir sous son influence un pays qui recèle des réserves importantes d’or, de pétrole, de phosphate, de bauxite et d’uranium.

Une intervention armée ne résoudra pas les problèmes engendrés par le sous-développement du Mali et des pays du Sahel, ni les revendications des Touaregs; elle ne peut que déstabiliser davantage la région, alimenter les rancœurs contre l’Occident et favoriser le développement du terrorisme.

En raison des 1 400 km de frontière commune avec le Mali, en plein désert, donc difficile à sécuriser, l’Algérie qui a déjà terriblement souffert du terrorisme est directement menacée par les conséquences de cette intervention armée.

France-El Djazaïr condamne le terrorisme, assure de sa solidarité celles et ceux qui, au Mali et dans la région œuvrent en faveur d’une issue pacifique et s’incline avec douleur devant la mémoire des victimes innocentes de l’horrible prise d’otage du site gazier algérien, d’In Amenas.

Le Conseil d’administration de France-El Djazaïr

23 janvier 2013.

GUERRE AU MALI: UNE LUCIDE ANALYSE DE MOHAMED TAHAR BENSAADA

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L’ ALGÉRIE PREMIÈRE VICTIME COLLATÉRALE DE LA GUERRE FRANÇAISE AU MALI

Mohamed Tahar Bensaada

19 janvier 2013

Oumma.com

repris que algerieinfos

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-guerre-au-mali-une-lucide-analyse-de-mohamed-tahar-bensaada-114595638.html

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extrait:

…/…

Nul doute que les pressions internationales vont se multiplier sur l’Algérie pour lui faire endosser le rôle de gendarme dans la région du Sahel. Dans une mouvance islamiste sujette aux infiltrations les plus diverses, il y aura toujours des « idiots utiles » pour faire le jeu des puissances à la recherche du moindre prétexte pour intervenir dans une région riche en pétrole et en minerais précieux. Mais est-ce un argument suffisant pour justifier l’injustifiable collaboration avec une France qui a le culot de se présenter en pompier alors qu’elle est le véritable pyromane du brasier parti de Libye pour consumer aujourd’hui le Mali et qui menace d’atteindre d’autres pays de la région ?

Si l’Algérie serait mal avisée de se mettre à dos toute une « communauté franco-africaine » soutenue logistiquement par l’Otan et diplomatiquement par ses partenaires stratégiques russe et chinois, il n’est pas dit qu’elle ne dispose pas de ressources pour tenir jusqu’au moment, qui ne saurait tarder, où le pompier-pyromane français et ses larbins africains vont s’embourber dans le désert sahélo-saharien et dévoiler la véritable nature de leur guerre dont les premières exactions commises par l’armée malienne, qui ont commencé par inquiéter les organisations humanitaires internationales, ne sont que le signe précurseur de ce qui attend le Mali : massacres collectifs et retournements géopolitiques en perspective. Les alliés d’aujourd’hui risquent de devenir les adversaires de demain. Les larbins qui applaudissent aujourd’hui l’intervention française contre leurs frères du nord apprendront à leur dépens, plus vite qu’ils ne le pensent, que la France n’est pas venue pour les libérer des groupes djihadistes, quand elle leur imposera son projet d’une large « autonomie » de l’Azawad pour mieux exploiter le pétrole et l’uranium du nord Mali.

L’Algérie qui a tout intérêt à rester à l’écart de ce conflit et défendre sa sécurité en envoyant des messages forts comme celui qu’elle vient d’envoyer de In Amenas ne doit pas oublier son devoir de solidarité avec les populations du nord Mali qui risquent de vivre des lendemains terribles entre les mains d’une soldatesque africaine indisciplinée et excitée dont il est permis de redouter dès maintenant des crimes de guerre effroyables sous le regard complaisant de ses maîtres français qui n’en sont pas à leur premier forfait en Afrique comme le rappelle tristement le génocide rwandais. En tant qu’Etat, l’Algérie a une marge de manœuvre très étroite face à la politique belliciste de la France et de ses alliés au Mali. Mais la France et ses alliés occidentaux n’ignorent pas que, si elle est acculée, l’Algérie a néanmoins assez de ressources pour jouer au trouble-fête dans une région où les facteurs de résistance au système de la Françafrique sont plus nombreux qu’on le croit.

Mohamed Tahar Bensaada

19 janvier 2013

Oumma.com: “L’Algérie première victime collatérale de la guerre française au Mali?”


[Pour lire l’article en entier: “Guerre au Mali-Une lucide analyse de Mohamed Tahar Bensaada”

cliquer sur le lien (…)->http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-guerre-au-mali-une-lucide-analyse-de-mohamed-tahar-bensaada-114595638.html]