KARL MARX: « LES HOMMES FONT LEUR PROPRE HISTOIRE »

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ob_ab43f0_karl-marx-a-alger.jpgKarl Marx à Alger, en février 1882

Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé.

La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants.

Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu’ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l’histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté.

La résurrection des morts, dans ces révolutions, servit par conséquent à magnifier les nouvelles luttes, non à parodier les anciennes, à exagérer dans l’imagination la tâche à accomplir, non à se soustraire à leur solution en se réfugiant dans la réalité, à retrouver l’esprit de la révolution et non à évoquer de nouveau son spectre.

C’est ainsi que le débutant qui apprend une nouvelle langue la retraduit toujours en pensée dans sa langue maternelle, mais il ne réussit à s’assimiler l’esprit de cette nouvelle langue et à s’en servir librement que lorsqu’il arrive à la manier sans se rappeler sa langue maternelle, et qu’il parvient même à oublier complètement cette dernière.

Karl Marx. “Le 18 brumaire de Louis Napoléon Bonaparte (1851)”.

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[publié le 21 juin 2015

blog algerie infos – saoudi->http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-les-hommes-font-leur-propre-histoire-89795842.html]

(Mis en ligne le 25 novembre 2011)

PUISSANCES DU COMMUNISME De quoi le communisme est-il le nom ?

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DANIEL BENSAÏD,

NOMMER « L’AUTRE » DE L’IMMONDE CAPITALISME

Pour Daniel Bensaïd, «de toutes les façons de nommer « l’autre », nécessaire et possible, de l’immonde capitalisme, le mot communisme est celui qui conserve le plus de sens historique et de charge programmatique explosive. C’est celui qui évoque le mieux le commun du partage et de l’égalité, la mise en commun du pouvoir, la solidarité opposable au calcul égoïste et à la concurrence généralisée, la défense des biens communs de l’humanité, naturels et culturels, l’extension d’un domaine de gratuité (démarchandisation) des services aux biens de première nécessité, contre la prédation généralisée et la privatisation du monde…»

J’aime beaucoup cet article de Daniel Bensaïd, j’espère que vous le ferez votre également.

Michel Peyret “Avec Marx” le 21 avril 2015

PUISSANCES DU COMMUNISME

Daniel Bensaïd, octobre 2009

De quoi le communisme est-il le nom ?

Dans un article de 1843 sur « les progrès de la réforme sociale sur le continent», le jeune Engels (tout juste vingt ans) voyait le communisme comme « une conclusion nécessaire que l’on est bien obligé de tirer à partir des conditions générales de la civilisation moderne ». Un communisme logique en somme, produit de la révolution de 1830, où les ouvriers « retournèrent aux sources vives et à l’étude de la grande révolution et s’emparèrent vivement du communisme de Babeuf ».

Pour le jeune Marx, en revanche, ce communisme n’était encore qu’«une abstraction dogmatique », une « manifestation originale du principe de l’humanisme ». Le prolétariat naissant s’était « jeté dans les bras des doctrinaires de son émancipation », des « sectes socialistes », et des esprits confus qui « divaguent en humanistes » sur « le millénium de la fraternité universelle » comme « abolition imaginaire des rapports de classe ». Avant 1848, ce communisme spectral, sans programme précis, hantait donc l’air du temps sous les formes « mal dégrossies » de sectes égalitaires ou de rêveries icariennes.

Déjà, le dépassement de l’athéisme abstrait impliquait pourtant un nouveau matérialisme social qui n’était autre que le communisme :

« De même que l’athéisme, en tant que négation de Dieu, est le développement de l’humanisme théorique, de même le communisme, en tant que négation de la propriété privée, est la revendication de la vie humaine véritable. »

Loin de tout anticléricalisme vulgaire, ce communisme était « le développement d’un humanisme pratique », pour lequel il ne s’agissait plus seulement de combattre l’aliénation religieuse, mais l’aliénation et la misère sociales réelles d’où naît le besoin de religion.

De l’expérience fondatrice de 1848 à celle de la Commune, le «mouvement réel » tendant à abolir l’ordre établi prit forme et force, dissipant les «marottes sectaires» et tournant en ridicule «le ton d’oracle de l’infaillibilité scientifique».

Autrement dit, le communisme, qui fut d’abord un état d’esprit ou « un communisme philosophique », trouvait sa forme politique.

En un quart de siècle, il accomplit sa mue : de ses modes d’apparition philosophiques et utopiques, à la forme politique enfin trouvée de l’émancipation.

  • 1. Les mots de l’émancipation ne sont pas sortis indemnes des tourments du siècle passé. On peut en dire, comme des animaux de la fable, qu’ils n’en sont pas tous morts, mais que tous ont été gravement frappés.

    Socialisme, révolution, anarchie même, ne se portent guère mieux que communisme. Le socialisme a trempé dans l’assassinat de Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, dans les guerres coloniales et les collaborations gouvernementales au point de perdre tout contenu à mesure qu’il gagnait en extension.

    Une campagne idéologique méthodique est parvenue à identifier aux yeux de beaucoup la révolution à la violence et à la terreur.

    Mais, de tous les mots hier porteurs de grandes promesses et de rêves vers l’avant, celui de communisme a subi le plus de dommages du fait de sa capture par la raison bureaucratique d’État et de son asservissement à une entreprise totalitaire.

    La question reste cependant de savoir si, de tous ces mots blessés, il en est qui valent la peine d’être réparés et remis en mouvement.
  • 2. Il est nécessaire pour cela de penser ce qu’il est advenu du communisme au XXe siècle. Le mot et la chose ne sauraient rester hors du temps et des épreuves historiques auxquelles ils ont été soumis.

    L’usage massif du titre communiste pour désigner l’État libéral autoritaire chinois pèsera longtemps beaucoup plus lourd, aux yeux du plus grand nombre, que les fragiles repousses théoriques et expérimentales d’une hypothèse communiste.

    La tentation de se soustraire à un inventaire historique critique conduirait à réduire l’idée communiste à des « invariants » atemporels, à en faire un synonyme des idées indéterminées de justice ou d’émancipation, et non la forme spécifique de l’émancipation à l’époque de la domination capitaliste.

    Le mot perd alors en précision politique ce qu’il gagne en extension éthique ou philosophique.

    Une des questions cruciales est de savoir si le despotisme bureaucratique est la continuation légitime de la révolution d’Octobre ou le fruit d’une contre-révolution bureaucratique, attestée non seulement par les procès, les purges, les déportations massives, mais par les bouleversements des années trente dans la société et dans l’appareil d’État soviétique.
  • 3. On n’invente pas un nouveau lexique par décret. Le vocabulaire se forme dans la durée, à travers usages et expériences.

    Céder à l’identification du communisme avec la dictature totalitaire stalinienne, ce serait capituler devant les vainqueurs provisoires, confondre la révolution et la contre-révolution bureaucratique, et forclore ainsi le chapitre des bifurcations seul ouvert à l’espérance.

    Et ce serait commettre une irréparable injustice envers les vaincus, tous ceux et celles, anonymes ou non, qui ont vécu passionnément l’idée communiste et qui l’ont fait vivre contre ses caricatures et ses contrefaçons.

    Honte à ceux qui cessèrent d’être communistes en cessant d’être staliniens et qui ne furent communistes qu’aussi longtemps qu’ils furent staliniens !
  • 4. De toutes les façons de nommer « l’autre », nécessaire et possible, de l’immonde capitalisme, le mot communisme est celui qui conserve le plus de sens historique et de charge programmatique explosive.

    C’est celui qui évoque le mieux le commun du partage et de l’égalité, la mise en commun du pouvoir, la solidarité opposable au calcul égoïste et à la concurrence généralisée, la défense des biens communs de l’humanité, naturels et culturels, l’extension d’un domaine de gratuité (démarchandisation) des services aux biens de première nécessité, contre la prédation généralisée et la privatisation du monde.
  • 5. C’est aussi le nom d’une autre mesure de la richesse sociale que celle de la loi de la valeur et de l’évaluation marchande. La concurrence « libre et non faussée » repose sur « le vol du temps de travail d’autrui ».

    Elle prétend quantifier l’inquantifiable et réduire à sa misérable commune mesure par le temps de travail abstrait l’incommensurable rapport de l’espèce humaine aux conditions naturelles de sa reproduction.

    Le communisme est le nom d’un autre critère de richesse, d’un développement écologique qualitativement différent de la course quantitative à la croissance.

    La logique de l’accumulation du capital exige non seulement la production pour le profit, et non pour les besoins sociaux, mais aussi « la production de nouvelle consommation », l’élargissement constant du cercle de la consommation « par la création de nouveaux besoins et par la création de nouvelles valeurs d’usage»: d’où « l’exploitation de la nature entière » et « l’exploitation de la terre en tous sens ».

    Cette démesure dévastatrice du capital fonde l’actualité d’un éco-communisme radical.
  • 6. La question du communisme, c’est d’abord, dans Le Manifeste communiste, celle de la propriété:

    « Les communistes peuvent résumer leur théorie dans cette formule unique : suppression de la propriété privée » des moyens de production et d’échange, à ne pas confondre avec la propriété individuelle des biens d’usage.
    Dans « tous les mouvements », ils « mettent en avant la question de la propriété, à quelque degré d’évolution qu’elle ait pu arriver, comme la question fondamentale du mouvement ».

    Sur les dix points qui concluent le premier chapitre, sept concernent en effet les formes de propriété :

    • l’expropriation de la propriété foncière et l’affectation de la rente foncière aux dépenses de l’État ;

    • l’instauration d’une fiscalité fortement progressive ;

    • la suppression de l’héritage des moyens de production et d’échange ;

    • la confiscation des biens des émigrés rebelles ;

    • la centralisation du crédit dans une banque publique ;

    • la socialisation des moyens de transport et la mise en place d’une éducation publique et gratuite pour tous ;

    • la création de manufactures nationales et le défrichage des terres incultes.

    Ces mesures tendent toutes à établir le contrôle de la démocratie politique sur l’économie, le primat du bien commun sur l’intérêt égoïste, de l’espace public sur l’espace privé.

    Il ne s’agit pas d’abolir toute forme de propriété, mais « la propriété privée d’aujourd’hui, la propriété bourgeoise », « le mode d’appropriation » fondé sur l’exploitation des uns par les autres.
  • 7. Entre deux droits, celui des propriétaires à s’approprier les biens communs, et celui des dépossédés à l’existence, « c’est la force qui tranche », dit Marx.

    Toute l’histoire moderne de la lutte des classes, de la guerre des paysans en Allemagne aux révolutions sociales du siècle dernier, en passant par les révolutions anglaise et française, est l’histoire de ce conflit. Il se résout par l’émergence d’une légitimité opposable à la légalité des dominants.

    Comme « forme politique enfin trouvée de l’émancipation », comme « abolition » du pouvoir d’État, comme accomplissement de la République sociale, la Commune illustre l’émergence de cette légitimité nouvelle. Son expérience a inspiré les formes d’auto-organisation et d’autogestion populaires apparues dans les crises révolutionnaires : conseils ouvriers, soviets, comités de milices, cordons industriels, associations de voisins, communes agraires, qui tendent à déprofessionnaliser la politique, à modifier la division sociale du travail, à créer les conditions du dépérissement de l’État en tant que corps bureaucratique séparé.
  • 8. Sous le règne du capital, tout progrès apparent a sa contrepartie de régression et de destruction. Il ne consiste in fine « qu’à changer la forme de l’asservissement ».

    Le communisme exige une autre idée et d’autres critères que ceux du rendement et de la rentabilité monétaire.

    À commencer par la réduction drastique du temps de travail contraint et le changement de la notion même de travail : il ne saurait y avoir d’épanouissement individuel dans le loisir ou le « temps libre » aussi longtemps que le travailleur reste aliéné et mutilé au travail.

    La perspective communiste exige aussi un changement radical du rapport entre l’homme et la femme : l’expérience du rapport entre les genres est la première expérience de l’altérité, et aussi longtemps que subsistera ce rapport d’oppression ; tout être différent, par sa culture, sa couleur, ou son orientation sexuelle, sera victime de formes de discrimination et de domination.

    Le progrès authentique réside enfin dans le développement et la différenciation de besoins dont la combinaison originale fasse de chacun et chacune un être unique, dont la singularité contribue à l’enrichissement de l’espèce.
  • 9. Le Manifeste conçoit le communisme comme « une association où le libre développement de chacun est la condition du libre développement de tous ».

    Il apparaît ainsi comme la maxime d’un libre épanouissement individuel qu’on ne saurait confondre, ni avec les mirages d’un individualisme sans individualité soumis au conformisme publicitaire, ni avec l’égalitarisme grossier d’un socialisme de caserne.

    Le développement des besoins et des capacités singuliers de chacun et de chacune contribue au développement universel de l’espèce humaine. _ Réciproquement, le libre développement de chacun et de chacune implique le libre développement de tous, car l’émancipation n’est pas un plaisir solitaire.
  • 10. Le communisme n’est pas une idée pure, ni un modèle doctrinaire de société.

    Il n’est pas le nom d’un régime étatique, ni celui d’un nouveau mode de production.

    Il est celui du mouvement qui, en permanence, dépasse/supprime l’ordre établi. _ Mais il est aussi le but qui, surgi de ce mouvement, l’oriente et permet, à l’encontre des politiques sans principe, des actions sans suites, des improvisations au jour le jour, de déterminer ce qui rapproche du but et ce qui en éloigne.


    À ce titre, il est, non pas une connaissance scientifique du but et du chemin, mais une hypothèse stratégique régulatrice.

    Il nomme, indissociablement, le rêve irréductible d’un autre monde de justice, d’égalité et de solidarité ; le mouvement permanent qui vise à renverser l’ordre existant à l’époque du capitalisme ; et l’hypothèse qui oriente ce mouvement vers un changement radical des rapports de propriété et de pouvoir, à distance des accommodements avec un moindre mal qui serait le plus court chemin vers le pire.
  • 11. La crise, sociale, économique, écologique, et morale d’un capitalisme qui ne repousse plus ses propres limites qu’au prix d’une démesure et d’une déraison croissantes, menaçant à la fois l’espèce et la planète, remet à l’ordre du jour « l’actualité d’un communisme radical » qu’invoqua Benjamin face la montée des périls de l’entre-deux-guerres.

Daniel BenSaïd

Contretemps n° 4 (nouvelle série),

octobre 2009

MARX, LE MANIFESTE, LA BOURGEOISIE, LE CAPITALISME, LES PROLÉTAIRES…

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« Moins le travail exige d’habileté et de force, écrit Marx, c’est-à-dire plus l’industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d’âge et de sexe n’ont plus d’importance sociale pour la classe ouvrière. Il n’y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l’âge et le sexe. Une fois que l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’on lui a compté son salaire, il devient la proie d’autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc. Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l’échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d’une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d’employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d’autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population… »

Lisons, relisons…

Michel Peyret
Marx, Le Manifeste, la bourgeoisie, le capitalisme, les prolétaires…

Avec Marx
23 avril 2015


1848

LE MANIFESTE DU PARTI COMMUNISTE[[« Cet ouvrage expose avec une clarté et une vigueur remarquables la nouvelle conception du monde, le matérialisme conséquent étendu à la vie sociale, la dialectique, science la plus vaste et la plus profonde de l’évolution, la théorie de la lutte des classes et du rôle révolutionnaire dévolu dans l’histoire mondiale au prolétariat, créateur d’une société nouvelle, la société communiste.

 » Lénine]]

Un spectre hante l’Europe : le spectre du communisme. Toutes les puissances de la vieille Europe se sont unies en une Sainte-Alliance pour traquer ce spectre : le pape et le tsar, Metternich et Guizot[[Pie IX, élu pape en 1846, passait pour « un libéral », mais il n’était pas moins hostile au socialisme que le tsar Nicolas I° qui, dès avant la révolution de 1848, joua en Europe le rôle de gendarme. ]]Juste à ce moment-là, il y eut lieu un rapprochement entre Metternich, chancelier de l’Empire autrichien et chef reconnu de toute la réaction européenne, et Guizot, historien éminent et ministre français idéologue de la grande bourgeoisie financière et industrielle et ennemi intransigeant du prolétariat. A la demande du gouvernement prussien, Guizot expulsa Marx de Paris. La police allemande persécutait les communistes non seulement en Allemagne mais aussi en France, en Belgique et même en Suisse, s’efforçant par tous les moyens d’entraver leur propagande. (N.R.) ]], les radicaux de France et les policiers d’Allemagne.
Quelle est l’opposition qui n’a pas été accusée de communisme par ses adversaires au pouvoir ? Quelle est l’opposition qui, à son tour, n’a pas renvoyé à ses adversaires de droite ou de gauche l’épithète infamante de communiste ?
Il en résulte un double enseignement.
Déjà le communisme est reconnu comme une puissance par toutes les puissances d’Europe.
Il est grand temps que les communistes exposent à la face du monde entier, leurs conceptions, leurs buts et leurs tendances; qu’ils opposent au conte du spectre communiste un manifeste du Parti lui-même.
C’est à cette fin que des communistes de diverses nationalités se sont réunis à Londres et ont rédigé le Manifeste suivant, qui est publié en anglais, français, allemand, italien, flamand et danois.

I. Bourgeois et prolétaires [[On entend par bourgeoisie la classe des capitalistes modernes, propriétaires des moyens de production sociale et qui emploient le travail salarié. On entend par prolétariat la classe des ouvriers salariés modernes qui, privés de leurs propres moyens de production, sont obligés pour subsister, de vendre leur force de travail. (Note d’Engels pour l’édition anglaise en 1888).
]]

L’histoire de toute société jusqu’à nos jours[[Ou plus exactement l’histoire écrite. En 1847, l’histoire de l’organisation sociale qui a précédé toute l’histoire écrite, la préhistoire, était à peu près inconnue. Depuis Haxthausen a découvert en Russie la propriété commune de la terre. Maurer a démontré qu’elle est la base sociale d’où sortent historiquement toutes les tribus allemandes et on a découvert, petit à petit, que la commune rurale, avec possession collective de la terre, a été la forme primitive de la société depuis les Indes jusqu’à l’Irlande. Enfin, la structure de cette société communiste primitive a été mise à nu dans ce qu’elle a de typique par la découverte de Morgan qui a fait connaître la nature véritable de la gens et sa place dans la tribu. Avec la dissolution de ces communautés primitives commence la division de la société en classes distinctes, et finalement opposées. J’ai essayé d’analyser ce procès de dissolution dans l’ouvrage l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, 2° édition, Stuttgart 1886. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888).
Haxthausen, August (1792-1866), baron prussien. Le tsar Nicolas Ier l’autorisa à visiter la Russie pour y étudier le régime agricole et la vie des paysans (1843-1844). Haxthausen écrit un ouvrage consacré à la description des vestiges du régime communautaire dans les rapports terriens de la Russie. (N.R.)
Maurer, Georg Ludwig (1790-1872), historien allemand; il étudia le régime de la Germanie et de l’Allemagne du moyen âge et fit un apport important à l’étude de la marche du moyen âge. (N.R.)
Morgan, Lewis Henry (1818-1881), ethnographe, archéologue et historien américain. Grâce aux nombreuses données ethnographiques accumulées au cours de son étude du régime social et de la vie des Indiens de l’Amérique, Morgan fonda sa doctrine sur l’évolution de la gens en tant que la forme principale de la société primitive. C’est à lui également qu’appartient la tentative de diviser en périodes l’histoire de la société primitive sans classes. Marx et Engels appréciaient beaucoup l’œuvre de Morgan. Marx fit un résumé de son ouvrage la Société ancienne (1877). Dans son ouvrage l’Origine de la famille, de la propriété privée et de l’Etat, Engels cite les données de fait fournies par Morgan. (N.R.)]] n’a été que l’histoire de luttes de classes.

Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf, maître de jurande[[Maître de jurande, c’est-à-dire membre de plein droit d’une corporation, maître du corps de métier et non juré. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)]] et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée, une guerre qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de la société tout entière, soit par la destruction des deux classes en lutte.

Dans les premières époques historiques, nous constatons presque partout une organisation complète de la société en classes distinctes, une échelle graduée de conditions sociales. Dans la Rome antique, nous trouvons des patriciens, des chevaliers, des plébéiens, des esclaves; au moyen âge, des seigneurs, des vassaux, des maîtres de corporation, des compagnons, des serfs et, de plus, dans chacune de ces classes, une hiérarchie particulière.

La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d’autrefois.
Cependant, le caractère distinctif de notre époque, de l’époque de la bourgeoisie, est d’avoir simplifié les antagonismes de classes. La société se divise de plus en deux vastes camps ennemis, en deux grandes classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat.

Des serfs du moyen âge naquirent les bourgeois des premières agglomérations urbaines; de cette population municipale sortirent les premiers éléments de la bourgeoisie.

La découverte de l’Amérique, la circumnavigation de l’Afrique offrirent à la bourgeoisie naissante un nouveau champ d’action. Les marchés des Indes Orientales et de la Chine, la colonisation de l’Amérique, le commerce colonial, la multiplication des moyens d’échange et, en général, des marchandises donnèrent un essor jusqu’alors inconnu au négoce, à la navigation, à l’industrie et assurèrent, en conséquence, un développement rapide à l’élément révolutionnaire de la société féodale en dissolution.

L’ancien mode d’exploitation féodal ou corporatif de l’industrie ne suffisait plus aux besoins qui croissaient sans cesse à mesure que s’ouvraient de nouveaux marchés.
La manufacture prit sa place.
La moyenne bourgeoisie industrielle supplanta les maîtres de jurande; la division du travail entre les différentes corporations céda la place à la division du travail au sein de l’atelier même.

Mais les marchés s’agrandissaient sans cesse : la demande croissait toujours. La manufacture, à son tour, devint insuffisante.
Alors, la vapeur et la machine révolutionnèrent la production industrielle.
La grande industrie moderne supplanta la manufacture; la moyenne bourgeoisie industrielle céda la place aux millionnaires de l’industrie, aux chefs de véritables armées industrielles, aux bourgeois modernes.

La grande industrie a créé le marché mondial, préparé par la découverte de l’Amérique.
Le marché mondial accéléra prodigieusement le développement du commerce, de la navigation, des voies de communication. Ce développement réagit à son tour sur l’extension de l’industrie; et, au fur et à mesure que l’industrie, le commerce, la navigation, les chemins de fer se développaient, la bourgeoisie grandissait, décuplant ses capitaux et refoulant à l’arrière-plan les classes léguées par le moyen âge.

La bourgeoisie, nous le voyons, est elle-même le produit d’un long développement, d’une série de révolutions dans le mode de production et les moyens de communication.

À chaque étape de l’évolution que parcourait la bourgeoisie correspondait pour elle un progrès politique .
Classe opprimée par le despotisme féodal, association armée s’administrant elle-même dans la commune[[On désignait sous le nom de communes les villes qui surgissaient en France avant même qu’elles eussent conquis sur leurs seigneurs et maîtres féodaux l’autonomie locale et les droits politiques du « tiers état ». D’une façon générale, l’Angleterre apparaît ici en tant que pays type du développement économique de la bourgeoisie; la France en tant que pays type de son développement politique. (Note d’Engels pour l’édition anglaise de 1888.)
C’est ainsi que les habitants des villes, en Italie et en France appelaient leur communauté urbaine, une fois achetés ou arrachés à leurs seigneurs féodaux leurs premiers droits à une administration autonome. (Note d’Engels pour l’édition allemande de 1890.)]], ici, république urbaine indépendante; là, tiers état taillable et corvéable de la monarchie, puis, durant la période manufacturière. Contrepoids de la noblesse dans la monarchie féodale ou absolue, pierre angulaire des grandes monarchies, la bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l’Etat représentatif moderne. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.

La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à ses « supérieurs naturels », elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt, les dures exigences du « paiement au comptant ».
Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste.
Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce.
En un mot, à la place de l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.

La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.

La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n’être que de simples rapports d’argent.

La bourgeoisie a révélé comment la brutale manifestation de la force au moyen âge, si admirée de la réaction, trouva son complément naturel dans la paresse la plus crasse. C’est elle qui, la première, a fait voir ce dont est capable l’activité humaine. Elle a créé de tout autres merveilles que les pyramides d’Egypte, les aqueducs romains, les cathédrales gothiques; elle a mené à bien de tout autres expéditions que les invasions et les croisades[[Expéditions militaires et colonisatrices entreprises en Orient par les gros féodaux et chevaliers de l’Europe de l’Ouest aux XI°-XIII° siècles sous le couvert du mot d’ordre religieux de libération de Jérusalem et de la Terre sainte du joug musulman. (N.R.).]]

La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux.
Le maintien sans changement de l’ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence.
Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes.
Tous les rapports sociaux, figés et couverts de rouille, avec leur cortège de conceptions et d’idées antiques et vénérables, se dissolvent; ceux qui les remplacent vieillissent avant d’avoir pu s’ossifier. Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés.

Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.

Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays.
Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour.
Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe.
À la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains.
À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations.
Et ce qui est vrai de la production matérielle ne l’est pas moins des productions de l’esprit Les œuvres intellectuelles d’une nation deviennent la propriété commune de toutes. L’étroitesse et l’exclusivisme nationaux deviennent de jour en jour plus impossibles et de la multiplicité des littératures nationales et locales naît une littérature universelle.

Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l’amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers.
Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image.

La bourgeoisie a soumis la campagne à la ville . Elle a créé d’énormes cités; elle a prodigieusement augmenté la population des villes par rapport à celles des campagnes, et par là, elle a arraché une grande partie de la population à l’abrutissement de la vie des champs. De même qu’elle a soumis la campagne à la ville, les pays barbares ou demi-barbares aux pays civilisés, elle a subordonné les peuples de paysans aux peuples de bourgeois, l’Orient à l’Occident.

La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population .
Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains.
La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique .
Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier.

La bourgeoisie, au cours de sa domination de classe à peine séculaire, a créé des forces productives plus nombreuses; et plus colossales que l’avaient fait toutes les générations passées prises ensemble.
La domestication des forces de la nature, les machines, l’application de la chimie à l’industrie et à l’agriculture, la navigation à vapeur, les chemins de fer, les télégraphes électriques, le défrichement de continents entiers, la régularisation des fleuves, des populations entières jaillies du sol – quel siècle antérieur aurait soupçonné que de pareilles forces productives dorment au sein du travail social ?

Voici donc ce que nous avons vu : les moyens de production et d’échange, sur la base desquels s’est édifiée la bourgeoise, furent créés à l’intérieur de la société féodale.
À un certain degré du développement de ces moyens de production et d’échange, les conditions dans lesquelles la société féodale produisait et échangeait, l’organisation féodale de l’agriculture et de la manufacture, en un mot le régime féodal de propriété, cessèrent de correspondre aux forces productives en plein développement. Ils entravaient la production au lieu de la faire progresser. Ils se transformèrent en autant de chaînes. Il fallait les briser. Et on les brisa.

A sa place s’éleva la libre concurrence, avec une constitution sociale et politique appropriée, avec la suprématie économique et politique de la classe bourgeoise.

Nous assistons aujourd’hui à un processus analogue. Les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne, qui a fait surgir de si puissants moyens de production et d’échange, ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées.

Depuis des dizaines d’années, l’histoire de l’industrie et du commerce n’est autre chose que l’histoire de la révolte des forces productives modernes contre les rapports modernes de production, contre le régime de propriété qui conditionnent l’existence de la bourgeoisie et sa domination.

Il suffit de mentionner les crises commerciales qui, par leur retour périodique, menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise. Chaque crise détruit régulièrement non seulement une masse de produits déjà créés, mais encore une grande partie des forces productives déjà existantes elles-mêmes.
Une épidémie qui, à toute autre époque, eût semblé une absurdité, s’abat sur la société, – l’épidémie de la surproduction.
La société se trouve subitement ramenée à un état de barbarie momentanée; on dirait qu’une famine, une guerre d’extermination lui ont coupé tous ses moyens de subsistance; l’industrie et le commerce semblent anéantis.
Et pourquoi ?
Parce que la société a trop de civilisation, trop de moyens de subsistance, trop d’industrie, trop de commerce.
Les forces productives dont elle dispose ne favorisent plus le régime de la propriété bourgeoise; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ce régime qui alors leur fait obstacle; et toutes les fois que les forces productives sociales triomphent de cet obstacle, elles précipitent dans le désordre la société bourgeoise tout entière et menacent l’existence de la propriété bourgeoise.
Le système bourgeois est devenu trop étroit pour contenir les richesses créées dans son sein. –
Comment la bourgeoisie surmonte-t-elle ces crises ?
D’un côté, en détruisant par la violence une masse de forces productives; de l’autre, en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus à fond les anciens.

À quoi cela aboutit-il ?
À préparer des crises plus générales et plus formidables et à diminuer les moyens de les prévenir. Les armes dont la bourgeoisie s’est servie pour abattre la féodalité se retournent aujourd’hui contre la bourgeoisie elle-même.

Mais la bourgeoisie n’a pas seulement forgé les armes qui la mettront à mort; elle a produit aussi les hommes qui manieront ces armes, les ouvriers modernes, les prolétaires.

À mesure que grandit la bourgeoisie, c’est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital.
Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.

Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l’ouvrier tout caractère d’autonomie, lui ont fait perdre tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine, on n’exige de lui que l’opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise.
Par conséquent, ce que coûte l’ouvrier se réduit, à peu de chose près, au coût de ce qu’il lui faut pour s’entretenir et perpétuer sa descendance.
Or, le prix du travail [[Dans les écrits postérieurs, Marx et Engels remplacent les expressions « valeur du travail » et « prix du travail » par les termes plus exacts « valeur de la force de travail » et « prix de la force du travail » introduits par Marx. (N.R.)]], comme celui de toute marchandise, est égal à son coût de production. Donc, plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent.
Bien plus, la somme de labeur s’accroît avec le développement du machinisme et de la division du travail, soit par l’augmentation des heures ouvrables, soit par l’augmentation du travail exigé dans un temps donné, l’accélération du mouvement des machines, etc.

L’industrie moderne a fait du petit atelier du maître artisan patriarcal la grande fabrique du capitalisme industriel.
Des masses d’ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement.
Simples soldats de l’industrie, ils sont placés sous la surveillance d’une hiérarchie complète de sous-officiers et d’officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, de l’Etat bourgeois, mais encore, chaque jour, à chaque heure, les esclaves de la machine, du contremaître et surtout du bourgeois fabricant lui-même.
Plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux, exaspérant.

Moins le travail exige d’habileté et de force, c’est-à-dire plus l’industrie moderne progresse, et plus le travail des hommes est supplanté par celui des femmes et des enfants. Les distinctions d’âge et de sexe n’ont plus d’importance sociale pour la classe ouvrière.
Il n’y a plus que des instruments de travail, dont le coût varie suivant l’âge et le sexe.

Une fois que l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’on lui a compté son salaire, il devient la proie d’autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc.

Petits industriels, marchands et rentiers, artisans et paysans, tout l’échelon inférieur des classes moyennes de jadis, tombent dans le prolétariat; d’une part, parce que leurs faibles capitaux ne leur permettant pas d’employer les procédés de la grande industrie, ils succombent dans leur concurrence avec les grands capitalistes; d’autre part, parce que leur habileté technique est dépréciée par les méthodes nouvelles de production. De sorte que le prolétariat se recrute dans toutes les classes de la population.

Le prolétariat passe par différentes phases d’évolution. Sa lutte contre la bourgeoisie commence avec son existence même.

La lutte est engagée d’abord par des ouvriers isolés, ensuite par les ouvriers d’une même fabrique, enfin par les ouvriers d’une même branche d’industrie, dans une même localité, contre le bourgeois qui les exploite directement.
Ils ne dirigent pas seulement leurs attaques contre les rapports bourgeois de production : ils les dirigent contre les instruments de production eux-mêmes; ils détruisent les marchandises étrangères qui leur font concurrence, brisent les machines, brûlent les fabriques et s’efforcent de reconquérir la position perdue de l’artisan du moyen âge.

À ce stade, le prolétariat forme une masse disséminée à travers le pays et émiettée par la concurrence.
S’il arrive que les ouvriers se soutiennent par l’action de masse, ce n’est pas encore là le résultat de leur propre union, mais de celle de la bourgeoisie qui, pour atteindre ses fins politiques propres, doit mettre en branle le prolétariat tout entier, et qui possède encore provisoirement le pouvoir de le faire.
Durant cette phase, les prolétaires ne combattent donc pas leurs propres ennemis, mais les ennemis de leurs ennemis, c’est-à-dire les vestiges de la monarchie absolue, propriétaires fonciers, bourgeois non industriels, petits bourgeois.
Tout le mouvement historique est de la sorte concentré entre les mains de la bourgeoisie; toute victoire remportée dans ces conditions est une victoire bourgeoise.

Or, le développement de l’industrie, non seulement accroît le nombre des prolétaires, mais les concentre en masses plus considérables; la force des prolétaires augmente et ils en prennent mieux conscience .
Les intérêts, les conditions d’existence au sein du prolétariat, s’égalisent de plus en plus, à mesure que la machine efface toute différence dans le travail et réduit presque partout le salaire à un niveau également bas.
Par suite de la concurrence croissante des bourgeois entre eux et des crises commerciales qui en résultent, les salaires deviennent de plus en plus instables; le perfectionnement constant et toujours plus rapide de la machine rend la condition de l’ouvrier de plus en plus précaire; les collisions individuelles entre l’ouvrier et le bourgeois prennent de plus en plus le caractère de collisions entre deux classes.
Les ouvriers commencent par former des coalitions contre les bourgeois pour la défense de leurs salaires. Ils vont jusqu’à constituer des associations permanentes pour être prêts en vue de rébellions éventuelles. Çà et là, la lutte éclate en émeute.

Parfois, les ouvriers triomphent; mais c’est un triomphe éphémère. Le résultat véritable de leurs luttes est moins le succès immédiat que l’union grandissante des travailleurs
Cette union est facilitée par l’accroissement des moyens de communication qui sont créés par une grande industrie et qui permettent aux ouvriers de localités différentes de prendre contact.
Or, il suffit de cette prise de contact pour centraliser les nombreuses luttes locales, qui partout revêtent le même caractère, en une lutte nationale, en une lutte de classes.
Mais toute lutte de classes est une lutte politique, et l’union que les bourgeois du moyen âge mettaient des siècles à établir avec leurs chemins vicinaux, les prolétaires modernes la réalisent en quelques années grâce aux chemins de fer.

Cette organisation du prolétariat en classe, et donc en parti politique, est sans cesse détruite de nouveau par la concurrence que se font les ouvriers entre eux. Mais elle renaît toujours, et toujours plus forte, plus ferme, plus puissante.
Elle profite des dissensions intestines de la bourgeoisie pour l’obliger à reconnaître, sous forme de loi, certains intérêts de la classe ouvrière : par exemple le bill de dix heures en Angleterre.
En général, les collisions qui se produisent dans la vieille société favorisent de diverses manières le développement du prolétariat.
La bourgeoisie vit dans un état de guerre perpétuel; d’abord contre l’aristocratie, puis contre ces fractions de la bourgeoisie même dont les intérêts entrent en conflit avec le progrès de l’industrie, et toujours, enfin, contre la bourgeoisie de tous les pays étrangers.
Dans toutes ces luttes, elle se voit obligée de faire appel au prolétariat, de revendiquer son aide et de l’entraîner ainsi dans le mouvement politique. Si bien que la bourgeoisie fournit aux prolétaires les éléments de sa propre éducation, c’est-à-dire des armes contre elle-même.

De plus, ainsi que nous venons de le voir, des fractions entières de la classe dominante sont, par le progrès de l’industrie, précipitées dans le prolétariat, ou sont menacées, tout au moins, dans leurs conditions d’existence. Elles aussi apportent au prolétariat une foule d’éléments d’éducation.

Enfin, au moment où la lutte des classes approche de l’heure décisive, le processus de décomposition de la classe dominante, de la vieille société tout entière, prend un caractère si violent et si âpre qu’une petite fraction de la classe dominante se détache de celle-ci et se rallie à la classe révolutionnaire, à la classe qui porte en elle l’avenir. De même que, jadis, une partie de la noblesse passa à la bourgeoisie, de nos jours une partie de la bourgeoisie passe au prolétariat, et, notamment, cette partie des idéologues bourgeois qui se sont haussés jusqu’à la compréhension théorique de l’ensemble du mouvement historique.

De toutes les classes qui, à l’heure présente, s’opposent à la bourgeoisie, le prolétariat seul est une classe vraiment révolutionnaire.

Les autres classes périclitent et périssent avec la grande industrie; le prolétariat, au contraire, en est le produit le plus authentique.

Les classes moyennes, petits fabricants, détaillants, artisans, paysans, tous combattent la bourgeoisie parce qu’elle est une menace pour leur existence en tant que classes moyennes. Elles ne sont donc pas révolutionnaires, mais conservatrices; bien plus, elles sont réactionnaires : elles cherchent à faire tourner à l’envers la roue de l’histoire. Si elles sont révolutionnaires, c’est en considération de leur passage imminent au prolétariat : elles défendent alors leurs intérêts futurs et non leurs intérêts actuels; elles abandonnent leur propre point de vue pour se placer à celui du prolétariat.

Quant au lumpenprolétariat [[Le lumpenprolétariat (terme emprunté de l’allemand où le mot « Lumpen » veut dire « haillons »), éléments déclassés, voyous, mendiants, voleurs, etc. Le lumpenprolétariat est incapable de mener une lutte politique organisée; son instabilité morale, son penchant pour l’aventure permettent à la bourgeoisie d’utiliser ses représentants comme briseurs de grève, membres des bandes de pogrom, etc. (N.R.)]], ce produit passif de la pourriture des couches inférieures de la vieille société, il peut se trouver, çà et là, entraîné dans le mouvement par une révolution prolétarienne; cependant, ses conditions de vie le disposeront plutôt à se vendre à la réaction.

Les conditions d’existence de la vieille société sont déjà détruites dans les conditions d’existence du prolétariat.
Le prolétaire est sans propriété; ses relations avec sa femme et ses enfants n’ont plus rien de commun avec celles de la famille bourgeoise; le travail industriel moderne, l’asservissement de l’ouvrier au capital, aussi bien en Angleterre qu’en France, en Amérique qu’en Allemagne, dépouillent le prolétaire de tout caractère national. Les lois, la morale, la religion sont à ses yeux autant de préjugés bourgeois derrière lesquels se cachent autant d’intérêts bourgeois.

Toutes les classes qui, dans le passé, se sont emparées du pouvoir essayaient de consolider leur situation acquise en soumettant la société aux conditions qui leur assuraient leurs revenus propres.
Les prolétaires ne peuvent se rendre maîtres des forces productives sociales qu’en abolissant leur propre mode d’appropriation d’aujourd’hui et, par suite, tout le mode d’appropriation en vigueur jusqu’à nos jours.
Les prolétaires n’ont rien à sauvegarder qui leur appartienne, ils ont à détruire toute garantie privée, toute sécurité privée antérieure.

Tous les mouvements historiques ont été, jusqu’ici, accomplis par des minorités ou au profit des minorités. Le mouvement prolétarien est le mouvement spontané de l’immense majorité au profit de l’immense majorité. Le prolétariat, couche inférieure de la société actuelle, ne peut se soulever, se redresser, sans faire sauter toute la superstructure des couches qui constituent la société officielle.

La lutte du prolétariat contre la bourgeoisie, bien qu’elle ne soit pas, quant au fond, une lutte nationale, en revêt cependant tout d’abord la forme.
Il va sans dire que le prolétariat de chaque pays doit en finir, avant tout, avec sa propre bourgeoisie.

En esquissant à grands traits les phases du développement du prolétariat, nous avons retracé l’histoire de la guerre civile, plus ou moins larvée, qui travaille la société actuelle jusqu’à l’heure où cette guerre éclate en révolution ouverte, et où le prolétariat fonde sa domination par le renversement violent de la bourgeoisie.

Toutes les sociétés antérieures, nous l’avons vu, ont reposé sur l’antagonisme de classes oppressives et de classes opprimées. Mais, pour opprimer une classe, il faut pouvoir lui garantir des conditions d’existence qui lui permettent, au moins, de vivre dans la servitude.
Le serf, en plein servage, est parvenu à devenir membre d’une commune, de même que le petit-bourgeois s’est élevé au rang de bourgeois, sous le joug de l’absolutisme féodal.
L’ouvrier moderne au contraire, loin de s’élever avec le progrès de l’industrie, descend toujours plus bas, au-dessous même des conditions de vie de sa propre classe. Le travailleur devient un pauvre, et le paupérisme s’accroît plus rapidement encore que la population et la richesse.

Il est donc manifeste que la bourgeoisie est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d’imposer à la société, comme loi régulatrice, les conditions d’existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec celle de la société.

L’existence et la domination de la classe bourgeoise ont pour condition essentielle l’accumulation de la richesse aux mains des particuliers, la formation et l’accroissement du Capital; la condition d’existence du capital, c’est le salariat.

Le salariat repose exclusivement sur la concurrence des ouvriers entre eux.

Le progrès de l’industrie, dont la bourgeoisie est l’agent sans volonté propre et sans résistance, substitue à l’isolement des ouvriers résultant de leur concurrence, leur union révolutionnaire par l’association.

Ainsi, le développement de la grande industrie sape, sous les pieds de la bourgeoisie, le terrain même sur lequel elle a établi son système de production et d’appropriation.

Avant tout, la bourgeoisie produit ses propres fossoyeurs.

Sa chute et la victoire du prolétariat sont également inévitables.

adressé par Michel Peyret

remis en ligne socialgerie – avril 2015

L’HÉRITAGE THÉORIQUE DE ERNEST MANDEL

adressé par Michel Peyret

Avec Marx

19 mai 2015

Daniel Bensaïd, pourquoi Ernest Mandel était-il méconnu en France ?

«Les réponses proposées par Ernest Mandel, constate Daniel Bensaïd, ne sont jamais simplificatrices ou monocausales : les facteurs politiques (guerres, révolutions, bureaucratie) y jouent un rôle clef, sans dispenser d’une étude rigoureuse des tendances économiques lourdes. On peut ainsi considérer qu’une part essentielle de l’œuvre d’Ernest depuis près d’un demi-siècle, du «Traité d’économie marxiste» (1962) aux essais sur «la Crise» (1977), en passant par les «Ondes longues du développement capitaliste» (1980, publication inédite en français) et «Le Troisième Âge du Capitalisme» (1975) est consacrée à l’analyse des mécanismes et des contradictions du capitalisme contemporain. Le second volet complémentaire de cette recherche concerne la bureaucratie et ses énigmes : «De la bureaucratie», «Où va l’URSS de Gorbatchev?» (1989), «Power and money» (1991)…»
Parcourons avec Daniel Bensaïd cet héritage…

Michel Peyret

le 29 mai 2015


L’HÉRITAGE THÉORIQUE DE ERNEST MANDEL

BENSAÏD Daniel

1er septembre 1995

Ernest Mandel était peut-être l’une des dernières figures symboliques de la grande tradition culturelle du mouvement ouvrier moderne, né au début du siècle, à la charnière entre l’héritage des Lumières et le mouvement socialiste naissant. De par son envergure internationaliste, ses engagements militants et sa production théorique abondante, il a occupé une place originale et créatrice dans l’histoire des marxismes contemporains.
Lisant et parlant couramment l’allemand, Ernest Mandel s’est nourri, dès ses années de formation, aux controverses fondamentales du début du siècle: la bibliothèque de la maison familiale était abondamment garnie par la collection reliée de la «Neue Zeit».

L’œuvre théorique de Mandel est ainsi irréductible à son opposition infatigable au stalinisme. Elle représente un trait d’union et un lien de mémoire avec les expressions plurielles et cosmopolites d’un mouvement social vivant et créatif.

Fils conducteurs

Ces conditions de formation intellectuelle permettent de mieux comprendre la place originale de Mandel dans l’histoire des marxismes contemporains. Alors que la marxologie française dominante des années soixantes ignorait largement des apports décisifs, comme celui des Grundrisse de Marx, ou les écrits de Roubine, Rosdolovsky, Parvus, Korsch, Kondratief, Ernest Mandel en était nourri grâce à sa pratique des langues et à l’ampleur internationaliste de sa vision militante.

C’est ce qu’illustre bien son livre de 1968 sur «La Formation de la pensée économique de Marx», à contre-courant de l’académisme structuraliste alors à la mode dans l’Hexagone.

Sa production théorique, abondante et variée, est orientée autour d’un thème conducteur. Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les articles d’Ernest Mandel sont hantés par deux questions cruciales (voir «La Longue Marche de la révolution»: pourquoi, contrairement aux pronostics optimistes de l’Opposition de gauche, le dénouement de cette guerre, malgré le développement des révolutions chinoise et yougoslave, ne s’est pas traduit par la renaissance d’un mouvement révolutionnaire de masse, mais par une mainmise renforcée des bureaucraties réformiste et stalinienne sur les organisations ouvrières? Et comment expliquer le dynamisme retrouvé du « néocapitalisme » des Trente Glorieuses?

Les réponses proposées par Ernest Mandel ne sont jamais simplificatrices ou monocausales: les facteurs politiques (guerres, révolutions, bureaucratie) y jouent un rôle clef, sans dispenser d’une étude rigoureuse des tendances économiques lourdes. On peut ainsi considérer qu’une part essentielle de l’œuvre d’Ernest depuis près d’un demi-siècle, du «Traité d’économie marxiste» (1962) aux essais sur «la Crise» (1977), en passant par les «Ondes longues du développement capitaliste» (1980, publication inédite en français) et «Le Troisième Âge du Capitalisme» (1975) est consacrée à l’analyse des mécanismes et des contradictions du capitalisme contemporain. Le second volet complémentaire de cette recherche concerne la bureaucratie et ses énigmes : «De la bureaucratie», «Où va l’URSS de Gorbatchev?» (1989), «Power and money» (1991).

Questions questionnantes

À une époque où la pensée économique universitaire, grisée par les années de croissance, croyait à l’expansion éternelle, Mandel a maintenu l’hypothèse des cycles économiques et des ondes longues, était, cependant, conscient des questions non résolues par cette théorie.
Si la tendance à la chute du taux de profit, rythmée par les mutations technologiques (renouvellement long du capital fixe) et les transformations de l’organisation du travail, permet de rendre compte de la périodicité approximative des ondes et de leur retournement à la baisse, aucune «loi» économique n’explique les retournements à la hausse vers une nouvelle onde expansive. Il faut, selon Mandel, faire intervenir des facteurs politiques «exogènes» à la sphère économique et, pour une large part, aléatoires.

Mais si les conditions d’une telle inflexion sont aussi incertaines, comment comprendre la régularité relative des rythmes économiques sur une séquence (certes limitée) de deux siècles, bien mises en évidence par le livre de Dockès et Rosier?
Les dernières années de sa vie, Mandel cherchait une réponse à ces questions obsédantes dans l’articulation entre rythmes économiques et rythmes spécifiques des luttes et mouvements sociaux. Nous n’aurons probablement, hélas, que des fragments de cette recherche interrompue.

Les éditions La Brèche ont en préparation une édition française de «Power and money» (Le pouvoir et l’argent).

Malheureusement, une part importante des travaux de Mandel, qui écrivait indifféremment en anglais, allemand ou français, demeure inaccessible au lecteur français, en particulier «Thé Long Waves of Capitalist Development» (son texte le plus synthétique sur le sujet, qu’il comptait actualiser pour une édition française), «El Capital : cien anos de Controversias en tomo a la Obra de marx» (qui reprend en un volume les introductions aux trois livres du Capital rédigées pour l’édition anglaise Vintage Books en 1981), «The Meaning of the Second World War», ou «Revolutionnary Marxism Today».

Au-delà des livres, Ernest Mandel laisse d’innombrables articles de presse ou de revue sur la planification et l’autogestion, construction européenne, les événements révolutionnaires du siècle, les formations sociales latino-américaines, la révolution culturelle chinoise, ainsi qu’une production pédagogique de qualité ( «Initiation à l’économie marxiste» , «Introduction au marxisme.» « La Place du marxisme dans l’histoire »).

Reste, dans les limites de cet article synthétique, à souligner un paradoxe: alors que ses livres sont largement diffusés, leur rayonnement reconnu et son prestige considérable, aussi bien en Allemagne qu’en Amérique latine ou dans les pays anglo-saxons, c’est en France (et en Belgique, NDLR) que l’œuvre théorique d’Ernest Mandel reste sous-estimée.

Il y a probablement à cela plusieurs raisons.

Tout d’abord le débat marxologique en France a été marqué, comme toute la vie Intellectuelle, par une hypertrophie philosophique et idéologique, et les rigueurs de la recherche économique ont été longtemps dévaluées.

Dans son précieux petit livre sur «Le marxisme occidental», Perry Anderson insiste sur cette singularité: « Contrairement à la plupart des théoriciens de sa génération, Trotsky lui-même n ’avait pas écrit de grand ouvrage d’économie. Rosdolsky. qui n ’était pas lui-même un économiste de formation, entreprit son travail par sens du devoir envers les générations futures. Son espoir ne fut pas vain. Quarante ans plus tard, Ernest Mandel publiait en Allemagne une longue étude du troisième âge du capitalisme, dédiée à Rosdolvsky, qui constitue la première analyse théorique du développement global du mode de production capitaliste depuis la Deuxième Guerre mondiale. La tradition découlant de Trotsky était donc aux antipodes, pour l’essentiel, de celle du marxisme occidental, elle était centrée sur la politique et l’économie plutôt que sur la philosophie (aujourd’hui, cet héritage politico-théorique fournit l’un des éléments vitaux de toute renaissance du marxisme révolutionnaire à l’échelle de internationale. («Considérations of Western Marxism», Londres 1976, traduction française aux éditions François Maspéro, 1977, p. 138).

La seconde raison de cette méconnaissance de Mandel en France tient probablement aux effets combinés du poids du Parti communiste et de sa vulgate orthodoxe d’une part, et du protectionnisme conceptuel passablement provinciaux des lobbies universitaires, pour lesquels le «marxisme de Mandel» présentait «l’inconvénient» Impardonnable de rester profondément militant de l’autre.

Dans la grande tradition de Marx, de Lénine, de Rosa, de Trotsky, il n’a jamais dissocié la recherche théorique de l’engagement pratique, à une époque où l’écart entre les deux tendait à la déchirure.

Jusqu’à la fin de sa vie, Mandel, ce n’est pas le moindre de ses mérites, a toujours consacré une large part de son énergie, au demeurant considérable, aux questions pratiques, matérielles, organisationnelles de la lutte quotidienne.

BENSAÏD Daniel

* Paru dans « La Gauche », n°15/16, 1er septembre 1995.

Mis en ligne le 10 juin 2006
Posté par Michel Peyret


sur sodialgerie de Daniel Bensaïd, voir aussi

LUTTES DES CLASSES AUJOURD’HUI. ET POURTANT, ELLES LUTTENT.« Daniel Bensaïd confronte la définition de la « lutte des classes », donnée par Marx et Engels, aux critiques de penseurs réputés « post-modernes », (…)

CAMARADE FIDEL: NOTRE DROIT À ÊTRE MARXISTES-LÉNINISTES

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Socialgerie, comme les millions de citoyens, de militants et combattants à travers le monde, s’associe chaleureusement à ce message d’espoir et de vigilance tourné vers les présentes et futures luttes vitales du genre humain pour sa survie, ses libertés et son bonheur.

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À l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire de la Grande guerre Patrie, le leader de la Révolution a exprimé sa profonde admiration pour l’héroïque peuple soviétique qui a rendu un service colossal à l’Humanité
Auteur: Fidel Castro Ruz | internet@granma.cu
8 mai 2015 10:05:21
Après-demain 9 mai, nous commémorerons le 70e anniversaire de la Grande guerre patrie. Étant donné le décalage horaire, au moment où j’écris ces lignes les soldats et officiers de l’Armée de la Fédération de Russie, pleins de fierté, effectueront leur répétition sur la Place Rouge de Moscou, du pas rapide et martial qui les caractérise.
Lénine fut un génial stratège révolutionnaire qui n’hésita pas à assumer les idées de Marx et de les mettre en pratique dans un pays immense et en partie industrialisé, dont le parti prolétaire devint le plus radical et le plus audacieux de la planète à la suite de la plus grande tuerie que le capitalisme avait perpétrée dans le monde où, pour la première fois les tanks, les armes automatiques, l’aviation et les gaz asphyxiants firent leur apparition dans les guerres, et un célèbre canon capable de lancer un lourd projectile à plus de 100 kilomètres fut même employé dans ce conflit sanglant.
De ce massacre émergea la Ligue des Nations, une institution qui était censée préserver la paix et qui ne parvint même pas à éviter la progression accélérée du colonialisme en Afrique, dans une grande partie de l’Asie, l’Océanie, la Caraïbe, le Canada, et d’un néocolonialisme grossier en Amérique latine.
À peine 20 ans plus tard, une autre épouvantable guerre mondiale éclata en Europe, avec comme prélude la Guerre civile espagnole, commencée en 1936. Après la défaite écrasante des troupes nazies, les pays ont placé leurs espoirs dans l’Organisation des Nations Unies, qui s’efforce de construire la coopération qui mettra fin aux agressions et aux guerres, où les pays pourront préserver la paix, le développement et la coopération pacifique de tous les États, grands et petits, riches ou pauvres de la planète.
Des millions de scientifiques pourraient, entre autres missions, augmenter les possibilités de survie de l’espère humaine, déjà menacée par la pénurie d’eau et d’aliments pour des milliards de personnes dans un bref laps de temps. Nous sommes déjà 7,3 milliards d’habitants sur la planète. En 1800, nous n’étions que 978 millions ; ce chiffre s’est élevé à 6,07 milliards en l’an 2000, et en 2050, selon des calculs conservateurs, la population mondiale atteindra les 10 milliards d’habitants.
Bien entendu, c’est à peine si l’on parle des bateaux bondés d’immigrants, contraints d’emprunter n’importe quel objet flottant, un fleuve d’immigrants africains, en provenance du continent colonisé par les Européens pendant des centaines d’années. Il y a 23 ans, lors d’une Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, j’ai affirmé : « Une importante espèce biologique court le risque de disparaître à cause de la liquidation progressive et rapide de ses conditions de vie naturelles : l’Homme. » J’ignorais à l’époque combien nous étions près de ce moment.
À l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire de la Grande guerre Patrie, j’aimerais exprimer ma profonde admiration pour l’héroïque peuple soviétique qui a rendu un service colossal à l’Humanité.
Aujourd’hui, l’alliance solide entre les peuples de la Fédération de Russie et l’État au développement économique le plus rapide du monde est possible : la République populaire de Chine. Grâce à leur étroite coopération, à leur science avancée et à leurs puissantes armées et leurs soldats valeureux, ces deux pays constituent un puissant bouclier de la paix et de la sécurité mondiale pour que la vie de notre espèce puisse être préservée.
La santé physique et mentale, et l’esprit de solidarité sont des normes qui doivent prévaloir. Autrement, le destin de l’être humain, tel que nous le connaissons, se perdra pour toujours. Les 27 millions de Soviétiques, morts dans la Grande guerre Patrie, ont aussi donné leur vie pour l’Humanité et pour le droit à penser et à être socialistes, à être marxistes-léninistes, à être communistes et à sortir de la préhistoire.

Fidel Castro Ruz
7 mai 2015 22h 14

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FSM-FORUM SOCIAL MONDIAL DE TUNIS

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Parmi les activités et débats à signaler
au Forum Social Mondial de Tunis

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transform! Activités au FSM à Tunis du 24 au 28 mars
transform! activities at the WSF in Tunis 24-28 March

Espace Nomad


Programme du 25 Mars 2015

15:00 -17:30

Tente transform!

Reconstruction productive en Europe, nouveau modèle de développement et nouveau paradigme coopératif Euro-méditerranéen

Productive reconstruction in Europe, new development model and a new Euro-Mediterranean cooperative paradigm

Speakers: Christian Pilichowski (transform!europe), Guylaine Laigle (FTM CGT), Stefano Maruca (FIOM CGIL, à confirmer) Boutayeb Bouchkhachakh (CDT, Maroc), la FGTME UGTT avec la participation de syndicalistes européens, syndicalistes du Maroc, de Tunisie, d’Afrique du Sud et de Corée du Sud., Espaces Marx, Nikos Poulantzas Institute

Anglais, arabe, français


Programme du 26 Mars 2015

Tente transform! Espace Nomad

Séminaire en 3 parties / Seminar in 3 parts:

Comment appréhender la question du pouvoir politique ? Gauche et mouvements sociaux internationaux à l’épreuve de la crise systémique du capitalisme : quelles faiblesses ? Quels points d’appuis ? Quel projet ?

How to deal with the issue of political power; the Left and international social movements coping with the systemic crisis of capitalism: weak points and leverage points, which is our project?

  • 1ère partie / 1st part: 8:30 – 11:00

    Etat des lieux dans le monde: entre flux et reflux / State of affairs in the world: between high and low tide

    Co-organisé: Institute Nikos Poulantzas, Fondation Rosa Luxemburg, Mémoire des Luttes, transform!Italia, Espaces Marx

    Speakers: Christophe Ventura (Mémoire des Luttes), Walter Baier (transform!europe), Anne Sabourin (PGE), Teivo Teivainen (University Helsinki), Dragan Nikcevic (Institute of Labour Studies Slovénie), Roberto Morea (transform!Italia), un membre de Podemos, un membre du Front Populaire Tunisien,Matyas Benyik(Attac Hongrie),Christos Giovanopoulos(Solidarity for all)

  • 2ème partie / 2nd part: 11:00-14:00

    Changer l´Europe avec la Grèce: la dernière chance?

    Changing Europe with Greece: Last chance?


    Co-organisé avec fondation Nikos Poulantzas, fondation Rosa Luxemburg, Mémoire des Luttes, transform!Italia, Espaces Marx,Solidarity for All
    Speakers: Bernard Cassen (Mémoire des Luttes), Walter Baier (transform!europe), Maité Mola (PGE), Dragan Nikcevic (Institute of Labour Studies Slovénie), Natassa Theodorakopoulou (Syriza), Raffaella Bolini (ARCI), un membre de Podemos, un membre du Front Populaire Tunisien, Solidarity for All ,Teppo Eskelinen (philosophe, Finlande)

    Anglais, arabe, français

  • 3ème partie / 3rd part: 15:00 – 17:00

    Quelle Méditerranée entre Europe et Afrique, quels défis géopolitiques, quelles constructions internationales, quelle alternative à la théorie «du choc de civilisation» ?

    Which Mediterranean between Europe and Africa ; which geopolitical challenges ; which international structures, which alternative interpretation to the theory of the « clash of civilisations »
    ?

    Co-organisé avec Institut Nikos Poulantzas, fondation Rosa Luxemburg, Mémoire des Luttes, transform!Italia, Espaces Marx

    Speakers: Maité Mola (PGE), Christine Mendelsohn (PCF), Dragan Nikcevic (Institute of Lobour Studies Slovénie), Eleonora Forenza (eurodéputée GUE/NGL), Xatzilamprou Vasilis(Deputy of Syriza), un membre de Podemos, un membre du Front Populaire Tunisien, Tonino Perna (SEM, sinistra euromediterraneen)

    Anglais, arabe, français


Programme du 26 Mars 2015

Amphi MIA MI

11 :30 – 14 :00

En quoi le féminisme est une force pour une société de réelle égalité dans tous les domaines et un rempart contre tous les extrémismes?

Why and how feminism is a force for real equality in all fields of society and a bulwark against all sorts of extremism?

Speakers: Solange Cidreira (FAE,feministe pour une autre Europe France), Nicoletta Pirotta(FAE,Italie), Naila Al Wardi CCS(Collectif citoyen de Sousse), Inger Johansen (European Left), marches mondiale des femmes (jeunes),Casa Africa

Anglais, arabe, français


Programme du 27 Mars 2015

SP 19

8:30 – 11:00:

Les voies de l´éco-socialisme

Paths of eco-socialism


Co-organisé avec Association pour l’Autogestion, Facultad Abierta (Argentina), workers control.net, transform!Italia, Espaces Marx, Nikos Poulantzas Institute, Action Aid India, Solidarity for All

Speakers: Teppo Eskelinen (Left Forum, Finland), Rikard Warlenius (Sweden), Andreas Malm (transformation écosocialiste), Mirek Prokes (Friends of the Nature, Czech Republic), Réseau écosocialiste

Anglais, arabe, français


Programme du 27 Mars 2015

Tente transform! Espace Nomad

  • 11:30 – 14:00:

    Assemblée Carrefour sur Communs, Coopératives et Entreprises autogérées

    Convergence Assembly on commons, cooperatives and self-managed enterprises


    Speakers: Chantal Delmas (Espaces Marx), Benoit Borrits (Association Autogestion), Richard Neuville (Association Autogestion), Andres Ruggeri (facultad Abierta), Roberto Morea (transform!Italia), Teivo Teivainen (University of Helsinki), Sandeep Chachra (Action Aid India), Mpekridaki Georgia(Solidarity for All), Elisabetta Cangelosi (chercheuse).

  • 15:00 – 17:30:

    Comment toutes les expériences de Communs et de reprises d’entreprises en autogestion peuvent aider à créer un projet alternatif au capitalisme? / How Commons and company takeovers by workers can help designing an alternative project to capitalism?

    Co-organisé avec association pour l’Autogestion, Facultad Abierta (Argentine), Workers Control.net, transform!Italia, Espaces Marx, Global Social Justice, Action Aid India, Nikos Poulantzas Institute, fondation Rosa Luxemburg

    Speakers: Chantal Delmas (Espaces Marx), Benoit Borrits (Association Autogestion), Richard Neuville (Association Autogestion), Andres Ruggeri (facultad Abierta), Roberto Musacchio (transform!Italia), Francine Mestrum (Global Social Justice), François Houtart (Forum des Alternatives), Teivo Teivainen (University of Helsinki), Sylvie Mayer (PCF), Birgit Daiber ,Chondros Georgios(Syriza)

    Anglais, arabe, français


Programme du 28 Mars 2015

Espace Nomad Tente transform!

8:30 – 11:00

Assemblée de Convergences sur Communs, Autogestion et Alternatives pour la création d’un réseau international / Convergence assembly: Commons, self-managment and alternatives for the construction of an international network


Séminaires co-organisés par transform!Europe

Seminars co-organised by transform!

Programme du 26 et 27 Mars 2015:


Amphi 3

11:30 – 14:00:

Forum Mondial Sciences et Démocratie

Sciences, technologies et crise climatique : éviter les « fausses solutions » (géo-ingénierie, gaz de schiste, agro-carburants…)

Science, technology and climate crisis : How to avoid « wrong solutions » (geo-engeneering, shale-gase, bio-fuel)? Modérateur: Fabien Piasecki (PhD, Fondation Sciences citoyennes)

Speakers: présentation du GIEC (Chantal Pacteau, SNCS-FSU), recherche industrielle (Christian Pilichowski, Espaces Marx), recherche publique sur le climat ? (SNESUP-FSU), limites de la technocratie (M. Reinsborough, Université de Belfast), fausses solutions pour lutter contre le changement climatique : géo-ingénierie (ETC Group) et gaz de schiste (les Amis de la Terre)


Atelier 1

11h30 – 14:00

SalleSE4A

quartier de l’ égalité et de la Dignité et des droits :

Liberté de circulation et d’installation: Changer de paradigme, changer d’imaginaire / Freedom of movement and establishment : changing the paradigm, changing the imaginary

___

Atelier 2

8:30 – 11:00

salle TD9,

Espace quartier d’Outre- frontière:

Liberté de circulation et d’installation : actions, mobilisations, campagnes, convergences / Freedom of movement and establishment – actions, mobilisations, campaigns and convergences


transform! Italia

Vers une communauté méditerranéenne / Towards a Mediterranean community

Forum Italo Tunisino Per la Cittadinanza Mediterranea, Altramente, ARCI, CIME (Consiglio Italiano Movimento Europeo), FIOM, SEM (Sinistra euromediterranea), transform !Italia

Programme du 26 Mars 2015:

  • 11:00 – 14:00:

    Pour une citoyenneté méditerranéenne. Lutter contre les causes structurelles de l’appauvrissement

    For a Mediterranean citizenship. Fighting the structural causes of impoverishment


    Coordinateur: Roberto Musacchio (Altramente, Italia)

    Programme :

    La problématique de l’atelier, par Riccardo Petrella, Promoteur de l’Initiative Internationale (DIP, Dichiariamo Illegale la Povertà) est une société mondiale en miettes ; L’humanité en lutte contre elle-même.

    Intervention :

    Quelle(s) citoyenneté(s) face aux inégalités et aux exclusions croissantes ? par Gazi Gherairiri Giurista, tunisienne

    Quelle Méditerranée ? par Piero Bevilacqua (universitè Roma La Sapienza)

    Propositions pour la citoyenneté méditerranéenne par Anton Auer (Ecolnet), Filippo Miraglia (ARCI), une Tunisienne, un/une Marocain(ne), un/une Algérien(ne)

    Débat : Francesco Piobbichi (Mediterranean Hope, Lampedusa) ; Graziella Mascia (Altramente, Italia)

  • 11h30-14h :

    Learning with the South: Conversations on Global Pedagogies of Power and Transformation

    S. de Lecture 2

    Vasemmistofoorumi (Left Forum Finland)

  • 15:00 – 17:30 :

    Construire une communauté méditerranéenne. Partir de l’eau et de l’agriculture. Le projet OASI

    Building a Mediterranean community. Based on water and agriculture. The OASI project


    Coordinateur: Mimmo Rizzuti (Forum Italo Tunisino – SEM)

    Programme :

    Présentation de la problématique et du projet, par Riccardo Petrella (IERPE/DIP)

    Interventions: d’un et d’un agronome tunisien spécialisé dans le demain de l’eau Nourreddine Tarauni (Association Taisir Citoyennetè & developpement), économiste agraire tunisien ou Mahijoub Raouf Mohamed, agronome tunisien,
    Tonino Perna (president SEM, prof. Université Messina), Rosario Lembo (UBC), Leila Ghanem (rédactrice en chef de Bad EL Libano – SEM), Van Ermen (Belgio), Gianfranco Laccone (Ministero politiche Agricole e Alimentari, Italia),

    Conclusions: Vers la réalisation du projet. Les prochaines étapes par Riccardo Petrella


Programme du 27 Mars 2015:

11:30 – 14:00:

Vers une communauté méditerranéenne entre Europe-Asie-Afrique dans le cataclysme se déroulant dans les territoires de l´ancien Empire Ottoman autour de la Méditerranée

Towards a Mediterranean community between Europe, Asia and Africa in the cataclysme in the area of the former Ottoman empire around the Mediterranean basin

Coordinateur: Roberto Morea (transform!Italia)

Présentation de la problématique et du projet, par Pier Virgilio Dastoli (Président du Consiglio Italiano Movimento Europeo – CIME),

Que reste-t-il du Printemps arabe ? (Manoubia Ben Ghedahem, Université Cartagène, Tunis),

Qu’estce qui se passe et pourquoi dans les pays méditerranéens mais aussi au Sahel et dans la péninsule Arabique et au Moyen-Orient ? (rédactrice en chef de Bad EL Libano – SEM),

Signification et premières étapes institutionnelles d’une communauté méditerranéenne : la culture, la démocratie, les droits, la citoyenneté (Erik Van Ermen, Belgium), Labour Rights (Stefano Maruca – FIOM, Raffaella Bolini – ARCI),

Initiative Averroès un programme d’échange culturel méditerranéen et la formation: principal antidote à la radicalisation et aux affrontements entre civilisations et entre
religions
(Nedra Belkir, Forum Italo Tunisienne),

Le rôle stratégique de la Tunisie post révolution et de l’Italie dans cette
voie et processus (Parlementaires européens, italiens et tunisiens)


Premières interventions : Anna Maria Rivera (journalist, writer, Università Bari), ManoubiaBen Ghedahem (Université Cartagène, Tunis, Forum Italo Tunisienne), Tarek Chabouni


Vous pouvez dès à présent acheter notre Yearbook disponible en français, en anglais, en grec ou allemand

ou le commander sur notre site internet

www.transform-network.net

To order our yearbook which is available in English, French, Greek, and German please refer to the transform web site :

www.transform-network.net

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14 MARS 2015 – PARIS SORBONNE- MARX AU XXIè SIECLE: L’IRONIE MARXISTE – LEFEBVRE, POLITZER ET LES AUTRES

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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

CENTRE D’HISTOIRE DES SYSTEMES DE PENSEE MODERNE

Marx au XXIe siècle, l’esprit & la lettre

http://www.univ-paris1.fr/centres-de-recherche/chspm/activites/seminaire-marx/seminaire-marx/marx-2014-2015-s2/

Séminaire hebdomadaire,

avec le soutien du CERPHI (École normale supérieure de Lyon)

et du Cercle universitaire d’études marxistes (CUEM)

ANNÉE 2014-2015

samedi 14 MARS 2015,
de 14h à 16h

Hugues LETHIERRY

Essayiste
et Michel POLITZER

Artiste

L’Ironie marxiste :

Lefebvre, Politzer et les autres

Sorbonne

amphithéâtre Lefebvre

entrée : 14, rue Cujas,

Galerie Jean-Baptiste Dumas, escalier R, 1er étage


PARIS-SORBONNE- 17 FÉVRIER 2015 -SOIRÉE DÉBATS: « ITINÉRAIRES COMMUNISTES »

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Aujourd’hui
MARDI 17 FÉVRIER 2015,
à 17h30,
à la Sorbonne
amphithéâtre Lefebvre
Galerie Jean-Baptiste Dumas, escalier R

Soirée-débat
‘ITINÉRAIRES COMMUNISTES’

À l’occasion
de la parution de l’ouvrage
de Jean SALEM

“RÉSISTANCES.
Entretiens avec Aymeric Monville”,
Paris, Éditions Delga, 2015

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Résistances

Jean Salem

entretiens avec Aymeric Monville

éditions Delga

Dans ces libres entretiens, Jean Salem revient, tout d’abord, sur une enfance dont le cours fut déterminé par les combats de ses parents, Henri et Gilberte Alleg. Combats pour l’indépendance de l’Algérie, pour la justice sociale et la victoire de l’idéal communiste, combats pour la cause de la paix, de la fraternité, de la liberté.
Il évoque ses propres passions intyellectuelles, son parcours académique, ainsi que le grand ttravail de conviction, de résistance aussi, qui fut nécessaire pour faire revivre à la Sorbonne, après trente années de plomb, l’étude de l’oeuvre et de la pensée de Marx.
En tirant, enfin, les enseignements des nombreux voyages qu’il effectue autour du monde en tant que militant et en tant qu’universitaire, il livre ici ses réflexions sur la crise actuelle, sur la dégénérescence des gauches en Occident, et sur l’aggravations des tensions internationales.

Jean SALEM, philosophe, est professeur à la Sorbonne. Il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, qui portent sur le matérialisme antique (Démocrite, Epicure, Lucrèce) et moderne (libertins du XVIIè siècle, Feuerbach, etc.), sur l’œuvre de Marx, sur celle de Lénine. Outre des livres consacrés au bonheur, à Maupassant, à l’art italien de la Renaissance, il a également publié plusieurs essais tels que «Rideau de fer sur le Boul’Mich», «Formatage et désinformation dans le monde libre» (rééd. Delga, 2009), ou «Élections, pièges à cons?» (Flammarion, 2012).

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BON DE COMMANDE

Les éditions Delga viennent de publier Résistances. Entretiens avec Aymeric Monville de Jean SALEM.

Vous pouvez vous procurer le livre soit en le commandant chez votre libraire,
soit en envoyant ce bon de commande rempli,
accompagné d’un chèque de 20 euros à l’ordre des Editions Delga, à l’adresse :

Editions Delga, 38 rue Dunois, 75013 Paris.

Les Editions Delga se chargeront de vous le faire parvenir sans frais de port à l’adresse :
Adresse de livraison : …………………………………………………………..
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….
…………………………………………………………………………………………….

VIDÉO DE LA CONFÉRENCE DONNÉE PAR ALLISON DREW ET PAR ALAIN RUSCIO À LA SORBONNE LE 25 JANVIER 2015: « LUTTE ANTICOLONIALE EN ALGÉRIE & MOUVEMENT OUVRIER ET DÉMOCRATIQUE FRANÇAIS »

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Pour accéder à la vidéo

cliquer sur l’illustration

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http://vimeo.com/118005178?email_id=Y2xpcF90cmFuc2NvZGVkfDkxNmFjYjY2ZmRlOGU5M2U2OTdlNDc5OTFkMzA1ODAzNTEwfDQ4Njg2MzF8MTQyMjQ0NTg2Mnw3NzAx&utm_campaign=7701&utm_medium=clip-transcode_complete-finished-20120100&utm_source=email#share


NOTE

MARX AU XXIe siècle, L’ESPRIT & LA LETTRE

L’équipe du séminaire nous informe
qu’il est possible de consulter
les vidéos
des différentes conférences

soit sur le site de l’Université Paris 1 (Archives du séminaire ‘Marx au XXIe siècle’) :

http://seminaire-marx.univ-paris1.fr

_____

soit sur le site de nos amis vidéastes :

http://www.lesfilmsdelan2.org/lesfilmsdelan2/Marx_au_21_eme_siecle.html


PARIS – 24 JANVIER 2015 : MARXISME ET LA LUTTE ANTICOLONIALE EN ALGÉRIE

rappel – socialgerie – brève 889

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

CENTRE D’HISTOIRE DES SYSTÈMES DE PENSÉE MODERNE

Marx au XXIe siècle, l’esprit & la lettre

http://www.univ-paris1.fr/centres-de-recherche/chspm/activites/seminaire-marx/seminaire-marx/marx-2014-2015-s2/

Séminaire hebdomadaire,

avec le soutien du CERPHI (École normale supérieure de Lyon)

et du Cercle universitaire d’études marxistes (CUEM)


ANNÉE 2014-2015


samedi 24 JANVIER 2015,
de 14h à 16h

  • Allison DREW

    Professeur de Sciences politiques à l’Université de York (Grande-Bretagne)

Marxisme et lutte anticoloniale en Algérie


  • Alain RUSCIO

    Historien

Le Mouvement ouvrier et démocratique français
face à la question coloniale,
de la Commune à la décolonisation


Sorbonne
amphithéâtre Lefebvre
entrée : 14, rue Cujas,
Galerie Jean-Baptiste Dumas, escalier R, 1er étage

PARIS- 16 & 17 JANVIER 2015: COLLOQUE INTERNATIONAL NICOS POULANTZAS, UN MARXISME POUR LE XXIè SIÈCLE

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NICOS POULANTZAS,
UN MARXISME POUR LE XXIe SIECLE

Colloque international consacré à l’œuvre de
Nicos Poulantzas
organisé par Marxismes au XXIe siècle

Voir l’argumentaire en ligne, ainsi que les pages Facebook et Twitter du colloque.

Vendredi 16 et samedi 17 janvier 2015
Université de Paris-Sorbonne
Maison de la recherche de Paris IV,

28 rue Serpente, 75006 Paris (Amphi 035)

Programme

• Vendredi 16 janvier,
9h-12h30

Introduction : Alexis Cukier, Jean-Numa Ducange, Razmig Keucheyan
Alvaro Garcia Linera, vice-président de l’État plurinational de Bolivie (sous réserve)

Cédric Durand et Tristan Auvray, université Paris 13, Un capitalisme européen? Retour théorique et empirique sur le débat Ernest Mandel/Nicos Poulantzas, 40 ans après

Ludivine Bantigny, université de Rouen, Poulantzas et les gauches révolutionnaires : réceptions, discussions

Costis Hadjimichalis, université Harokopio (Athènes), Geographies of the state : Nicos Poulantzas and contemporary approaches to space

• Vendredi 16 janvier,
14h30-18h

Marco Di Maggio, université La Sapienza (Rome), L’eurocommunisme des intellectuels. Poulantzas et la troisième voie vers le socialisme

Stathis Kouvelakis, King’s College (Londres), Une théorie de l’É(é)tat d’exception : Poulantzas face au fascisme

Alex Demirovic, Goethe Universität (Francfort), The capitalist state as a social relation and democratic transformation to socialism

• Samedi 17 janvier,
9h30-13h

James Martin, Goldsmiths College (Londres), Poulantzas: from law to the state

Guillaume Sibertin-Blanc, université de Toulouse Jean-Jaurès, Marxisme, Etat, pratique politique : Retour sur le débat croisé de Poulantzas avec Althusser et Balibar

Isabelle Garo, lycée Chaptal (Paris), Théorie de l’État et stratégie politique


Sont partenaires du colloqu: Fondation Gabriel Péri, Espaces-Marx, revue Actuel Marx, revue Contretemps.


La participation au colloque est libre et gratuite.


Pour suivre les activités de Marxismes au XXIe siècle, voir le site et le blog du séminaire.


Pour toute information écrire à : contact@marxau21.fr


Infos-espaces-marx mailing list
Infos-espaces-marx@espaces-marx.org
http://popu.pcf.fr/cgi-bin/mailman/listinfo/infos-espaces-marx-espaces-marx.org