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L’EXEMPLE TUNISIEN ET LE CONTRE-EXEMPLE ALGÉRIEN

jeudi 6 février 2014

Ce qui s’est passé en Tunisie et ce qui se passe en Algérie donne deux exemples : d’un côté celui d’une évolution vers une solution démocratique, et, de l’autre côté, la persistance d’une impasse politique grave de conséquences.

Pour combler ce manque de "logiciel" (dont fait état l’article de Saoudi, dans algerieinfos), le plus important pour l’Algérie, plus que jamais, est de s’attacher à construire dans l’ action politique et sociale le "logiciel" autonome des forces vives et populaires du pays.

Dans l’exemple de la Tunisie, on voit comment ce logiciel s’est construit et continue à se construire, depuis de longues années de luttes.

K. Selim remarque dans “Le Quotidien d’Oran” l’exemplarité de la Tunisie, où les chances de réussir un vrai fonctionnement constitutionnel ont été multipliées par le « compromis historique tunisien », fruit d’un processus politique avec ses batailles, ses disputes et, en définitive, ses consensus.

À l’opposé , en Algérie, Kharrouri Habib (“Le Quotidien d’Oran” : « La peste et le choléra sont aussi mortels l’une que l’autre ») dénonce les « faiseurs d’opinions » qui contraignent le peuple algérien désarmé à assister au spectacle désolant de luttes pour le pouvoir de « prédateurs » aux argumentaires insultants pour l’intelligence du peuple algérien.


LES ALGÉRIENS VEULENT CHANGER DE LOGICIEL - par Saoudi Abdelaziz - blog algerieinfos - le 6 février 2013 ;


UN COMPROMIS HISTORIQUE - par K. Selim - “Le Quotidien d’Oran” - le 6 février 2014 ;


LA PESTE ET LE CHOLÉRA SONT AUSSI MORTELS L’UNE QUE L’AUTRE - par Kharroubi Habib - “Le Quotidien d’Oran” - le 6 février 2014 ;


LES ALGÉRIENS VEULENT CHANGER DE LOGICIEL
par Saoudi Abdelaziz
blog algerieinfos
le 6 février 2013

Le constat a été fait de longue date. L’édifice institutionnel officiel de notre pays est "doublé" par un pouvoir réel, exercé de manière oblique à travers un système, qui impose aux Algériens les intérêts contradictoires mais coalisés des clans.

Ce système a-constitutionnel qui commande de manière occulte et oblique les institutions de l’Etat, s’est définitivement affirmé après le décès de Boumediene. Il s’est affermi pendant les mandats du falot Chadli Bendjedid, qui a fait de l’institution qu’il préside la marionnette du nouveau système de pouvoir.

Ce système a ensuite ouvertement pris le pouvoir au cours de la Décennie noire. On l’oublie : "A l’abri" de la fitna et éclairée par le FMI, l’Algérie a été cyniquement soumise à une thérapie du choc, ouvrant la voie au buziness débridé du siècle suivant. Remis en service, Abdelaziz Bouteflika avait joué le jeu : le rôle qui lui a été assigné était de tourner la page, sans bilan, en échange d’un accroissement du poids spécifique de l’institution présidentielle dans la conduite des affaires. De leur côté, les penseurs et experts de l’élite médiatique occupés à penser le nouveau libéralisme à la mode, ont mis le manteau du silence sur les traumatismes économiques et sociaux insensés, imposés aux Algériens, en plus d’une centaine de milliers de morts.

Aujourd’hui, la mode est d’étudier par l’anthropologie le comportement politique de nos concitoyens. On remonte aux siècles obscures du tribalisme ancestral, entre soumission et anarchie, pour décoder les mécanismes d’un phénomène résolument moderne : le carcan antidémocratique, tout à fait universel par lequel la domination des privilégiés veut paralyser les Algériens et fermer la voie de l’accomplissement national.

Ce mode d’exercice a-constitutionnel du pouvoir sert, très visiblement désormais, les intérêt des castes privilégiées, il ne correspond plus aux besoins de la nouvelle Algérie. Infiniment plus complexe que ne le suggèrent les simplifications ethographiques des chroniqueurs médiatiques. Mais aussi, cette communauté nationale du 21ème siècle ne rentre plus dans les moules du prêt à administrer et à contrôler, fabriqués par les officines. Les éléments les plus raisonnables des services secrets avouent l’impuissance du logiciel Boussouf à gérer l’Algérie du 21ème siècle.

Les Algériens savent désormais que l’inefficacité des institutions de l’Etat, à tous les niveaux, est la conséquence de cette utilisation du système par les "privilèges indus", permise par leur influence oblique sur les agents de la puissance publique. Le pays n’est plus conduit rationnellement. En haut et en bas, nul n’est comptable des affaires publiques.

Exprimé dans des formes multiples, en dépit de l’absence d’une agora reconnue, cette prise de conscience est aujourd’hui le phénomène politique majeur dans notre pays. Elle signe l’urgence d’un changement de trajectoire. Et donc d’une nouvelle entente des forces vives nationales pour changer de logiciel.

http://www.algerieinfos-saoudi.com/article-les-algeriens-veulent-changer-de-logiciel-122427735.html

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TUNISIE - ALGÉRIE

UN COMPROMIS HISTORIQUE
par K. Selim
“Le Quotidien d’Oran”
le 6 février 2014

À Tunis, mardi, une opération antiterroriste dans la banlieue de Tunis a entraîné la mort de sept djihadistes dont l’assassin présumé de Chokri Belaïd. L’assassinat de ce dernier, il y a un an, avait été le début d’une forte déstabilisation du processus de transition. La montée des tensions politiques faisait craindre une évolution à l’égyptienne, voire pire… Cela n’a pas été le cas. Et l’action antiterroriste menée aujourd’hui par les services de sécurité tunisiens se fait dans un climat politique beaucoup plus apaisé. Cela mérite d’être relevé et mis au compte de la réussite de la transition politique tunisienne.

Tout n’est pas rose dans ce pays, il est vrai. A commencer par l’économie, la Tunisie étant, de fait, sous supervision du FMI qui a débloqué récemment un prêt de 506 millions de dollars dans le cadre du plan d’aide de 1,7 milliard de dollars accordé en juin au pays pour accompagner sa transition politique. Il y a également le terrorisme qui reste une menace pour le pays. Mais à Tunis la sérénité semble être revenue avec le déblocage politique et l’adoption d’une Constitution, fruit d’un consensus que l’on peut, sans excès, qualifier d’« historique ». La transition tunisienne a été retardée par des blocages, parfois purement politiciens, mais elle n’a pas dérivé vers le chaos. Aujourd’hui, tous les acteurs politiques, y compris ceux qui faisaient dans l’obstruction, défendent leur « rôle » dans la confection de la Constitution. « Leur » Constitution ! C’est un sentiment positif. Et sans doute largement justifié pour un texte âprement discuté et débattu, jusqu’aux détails.

C’est cette remarquable capacité à réaliser un « compromis » qui maintient le processus démocratique tunisien sur les rails. Un observateur tunisien avisé fait remarquer qu’en soi, la nouvelle Constitution tunisienne n’est pas plus révolutionnaire que d’autres textes fondamentaux promulgués dans le passé. Il rappelle d’ailleurs que le 7 novembre 1987, en prenant le pouvoir, Ben Ali avait fait une belle déclaration dans laquelle il affirmait que l’époque ne pouvait plus « souffrir ni présidence à vie, ni succession automatique à la tête de l’Etat desquelles le peuple se trouve exclu » et que la Tunisie était « digne d’une vie politique évoluée et institutionnalisée, fondée réellement sur le multipartisme et la pluralité des organisations de masse ». On sait ce qu’il en est advenu. Pourquoi il n’en serait pas autrement de la nouvelle Constitution ? Parce que justement elle n’est pas octroyée par le haut, elle est fruit d’une bataille politique et d’une négociation dure et difficile. Où les islamistes d’Ennahda ont tenu compte du principe de réalité et de l’évolution dramatique de la transition égyptienne.

« La Tunisie, aux termes de la Constitution existante ratifiée en 1959, est un Etat indépendant - l’Islam est sa religion, l’arabe est sa langue. Cela nous suffit… Nous ne voulons pas d’une théocratie au-dessus du Parlement. Certains ont tenté d’ajouter la charia à la nouvelle Constitution, et nous avons rejeté ces appels. Les gens ne sont pas d’accord sur la charia, nous devrions donc la laisser de côté ». C’est ce qu’a écrit Rached Ghannouchi, leader d’Ennahda, un parti qui a réussi à quitter le gouvernement sans donner l’impression de partir sur une défaite ou un échec. Le compromis historique tunisien a des chances de réussir car il n’a pas été une « sadaka » d’un « leader ». Il est le fruit d’un vrai processus politique avec ses batailles, ses disputes et, en définitive, ses consensus. Aujourd’hui, on peut le dire : la plupart des pays arabes ont des Constitutions, mais le seul pays arabe en mesure de vivre dans un vrai fonctionnement constitutionnel, c’est la Tunisie. C’est bien en cela que notre voisin est exemplaire. Et le sera encore… même si rien n’est rose !

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5193846

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ALGÉRIE

LA PESTE ET LE CHOLERA SONT AUSSI MORTELS L’UNE QUE L’AUTRE
par Kharroubi Habib
Le Quotidien d’Oran
le 6 février 2014

Le clan présidentiel qui veut à tout prix imposer au pays la reconduction d’un Bouteflika malade et à l’évidence dans l’incapacité d’assumer la charge présidentielle est effectivement un conglomérat de groupes d’intérêts qui ne reculera devant rien pour conserver le pouvoir faute de quoi ses composantes se trouveront exposées à des exigences de reddition de comptes qui les terrifient. Mais celui qui s’agite en s’abritant sous l’ombre de la casquette du général Mediene réunit-il des acteurs plus « clean » et mus par de plus nobles ambitions que ceux du clan présidentiel qu’ils combattent ? Les Algériens ne sont pas dupes des mobiles de l’un et de l’autre conglomérat. C’est pourquoi ils les englobent dans un même rejet et se refusent à croire que la victoire de l’un ou de l’autre apporterait quelque chose de positif pour le pays.

Les alliances qui se nouent et se dénouent en Algérie à l’intérieur du pouvoir se limitent à produire un seul changement : le remplacement de prédateurs par d’autres, et le seul sens de cette alternance à l’algérienne est la mangeoire. En cette fin de règne sordide de Bouteflika, la bataille est féroce entre ceux qui veulent conserver l’accès à cette mangeoire et ceux qui cherchent à les en priver en les remplaçant. Bien entendu, ni le clan présidentiel ni ses compétiteurs au sein du pouvoir ne présentent leur guerre comme ayant pour objectif la mangeoire.

Le premier martèle qu’il n’a de but que la continuité d’une gouvernance ayant apporté la paix, la stabilité et la mise sur rail d’un développement économique et social qui ne peuvent être maintenus et amplifiés que dans la durée qu’apporterait un quatrième mandat pour Bouteflika même handicapé par sa maladie. L’argumentaire d’en face est tout aussi insultant pour l’intelligence des Algériens. Qu’il soit la compilation de griefs en phase avec la vérité et d’accusations impossibles à récuser par le clan présidentiel, il n’en demeure pas moins entaché de discrédit car développé par des groupes ayant à un moment ou à un autre participé eux aussi à la prédation et dont le but ultime est de s’y adonner à nouveau.

Que Bouteflika par conséquent l’emporte sur le général Toufik ou l’inverse, ce qui changera peut-être c’est uniquement l’identité de celui qui présidera à la grande prédation. Pas même ceux qui seront appelés à y prendre part tant l’opportunisme de ceux qui y aspirent leur rend aisé le basculement quand il faut du camp du perdant vers celui du gagnant. Ce spectacle les Algériens y assisteront écœurés dans les semaines à venir quand la décantation se produira au niveau du rapport de force au sommet du pouvoir. C’est pourquoi il est proprement abject que des « faiseurs d’opinions » prétendument militants pour la rupture avec les fausses alternances qui découlent systématiquement des guerres de clans du pouvoir, suggèrent aux Algériens ou les somment carrément à soutenir l’un ou l’autre camp.

http://www.lequotidien-oran.com/?news=5193847

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